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1904 en litterature

 

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Vperiod (??????!, En avant en russe) est le nom de plusieurs publications qui ont existé en Russie. Ce nom est l'équivalent russe de VörwartsAvantiForward...

L'émigré Piotr Lavrovpopuliste russe, publia un journal nommé Vperiod.[1] Il est d'abord publié à Zurich en 1873 et ensuite à Londres de 1874 à 1877. La rédaction incluait Aaron Lieberman, qui écrivait et s'occupait de l'impression.

Il rendit compte, par exemple, des grèves des travailleurs juifs de l'industrie du tabac à Vilnius, notamment par un article (publié anonymement en raison de la répression) écrit par Zundelevitch, un jeune ami de Lieberman.

L'Iskra (1900-1903) fut fondée notamment par LénineMartov et Plekhanov pour être l'organe central du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) en cours de formation.

Suite au Second congrès du POSDR, l'Iskra passe aux mains des menchéviks.

Deux ans plus tard, Lénine et ses partisans (les bolchéviks) décident de doter leur fraction de leur propre journal, nommé Vperiod. Cela se fait sous l'impulsion de Bogdanov. Le premier numéro paraît à Genève le 4 janvier 1905 et comprend notamment un article intitulé Il faut en finir, où Lénine affirme : « Le moment est venu d’annoncer ouvertement et de confirmer par des actes que le Parti cesse tous les rapports avec ces messieurs [les mencheviks] »

À la veille de la sortie du troisième numéro, Lénine (à Genève) apprend de la bouche de Lounatcharski les nouvelles des événements révolutionnaires en Russie. Il rédige un appel révolutionnaire en toute hâte :

« La classe ouvrière, qui pendant longtemps, semblait se tenir à l’écart du mouvement de la bourgeoisie dirigé contre le gouvernement, vient de faire entendre sa voix. Les grandes masses laborieuses ont atteint avec une rapidité foudroyante le niveau de leurs camarades social-démocrates conscients. Le mouvement ouvrier à Pétersbourg a marché ces jours-ci à pas de géant. Les revendications économiques ont cédé la place aux revendications politiques. La grève devient général et aboutit à une manifestation colossale dont l’ampleur dépasse toute imagination. Le prestige du tsar est détruit à jamais. L’insurrection commence. Force contre force. La bataille des rues fait rage, les barricades se dressent, la fusillade crépite, le canon tonne. Des ruisseaux de sans coulent, la guerre civile pour la liberté s’allume. Moscou et le Midi, le Caucase et la Pologne sont prêts à se joindre au prolétariat de Pétersbourg. La liberté ou la mort, telle est désormais la devise des ouvriers. […] Chacun doit se tenir prêt à remplir son devoir de révolutionnaire et de social-démocrate. Vive la Révolution ! Vive le prolétariat insurgé ! »

Au total 18 numéros de Vperiod furent publiés.

A dater de mai 1905, Vperiod est remplacé par le Prolétari, au Troisième congrès du POSDR.

La fraction de Bogdanov (1909)

En 1909, Alexandre Bogdanov dirige un groupe influent au sein des bolchéviks, qui se revendique du vrai bolchévisme et critique la ligne de Lénine.[2] Il reprend le nom de Vperiod. Ce groupe comprenait GorkiLounatcharskiPokrovskiAlexinskiVolski, et Liadov.

Un premier désaccord émerge autour de 1908, lorsque Bogdanov reproche à la direction de ne pas assez mener de travail intellectuel pour former les ouvriers du parti. Bogdanov s'appuie sur le Que faire ? de Lénine, qui selon lui donne un grand rôle aux intellectuels.  Bogdanov propose notamment de lancer des universités prolétariennes.

Dans une réunion de la rédaction du Proletarii de fin juin 1908, Lénine obtient une majorité pour l'exclusion de Bogdanov de la rédaction et de la conférence élargie de la rédaction, prévue en juin 1909 à Paris. Bogdanov créé alors sa propre fraction.[3] Il écrit en juillet 1909 que Lénine a dévié du marxisme révolutionnaire et de la centralité de la classe ouvrière dans la révolution démocratique à venir.[4] Bogdanov et Krassine dénoncent le fait que le Proletarii n'ait pas produit un seul pamphlet en 18 mois, et accusent le parti d'avoir abandonné le travail de propagande pour le socialisme.

Le groupe Vperiod organisa une université prolétarienne expérimentale sur l'île de Capri, d'août à décembre 1909, dans la maison de Gorki. Une suivante fut organisée à Bologne de novembre 1910 à mars 1911. Lénine accusa les partisans de Bogdanov d'avoir dépensé 80 000 roubles du parti dans l'affaire, et défendit leur exclusion du POSDR.

Un autre désaccord portait sur la participation électorale à la Douma. La gauche des bolchéviks considérait que Lénine était opportuniste et défendait le « parlementarisme à tout prix ». Dans cette période de reflux qui fait suite à la révolution de 1905, les grèves ouvrières et a fortiori les possibilités insurrectionnelles reculent, face au libéralisme bourgeois. Lénine considérait que la participation aux élections, malgré toutes leurs limites, permettait de garder le lien avec les masses (plusieurs députés socialistes sont élus malgré la répression du régime). A l'inverse, les « otzovistes » voulaient rappeler les députés social-démocrates qui avaient été élus. Cependant Bogdanov gardait un peu de distance avec les otzovistes les plus radicaux, considérant que le rappel des députés était impraticable.

Par ailleurs, Bogdanov et beaucoup d'autres à ce moment-là défendent aussi une conception philosophique idéaliste, l'empiriocriticisme., qui conduit Lénine à écrire Matérialisme et empiriocriticisme.

Le groupe se scinde en deux principales branches :

  • celle de Bogdanov et de Lounatcharski s'éloigne de la politique, et se centre sur « la culture et la science prolétarienne ».
  • celle d'AlexinskiPokrovski et Menjinski, met l'accent sur la tradition de militantisme illégal du bolchévisme, et parvient momentanément à gagner une majorité au sein du Proletarii.

Le groupe Vperiod s'essoufle et disparaît en 1912.

sources:Wikirouge

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Klioutchevski : Histoire de la Russie. Cours (russe)

Vassili Ossipovitch Klioutchevski (1841-1911), titulaire de la chaire d'histoire de la Russie à l'université de Moscou, est un des plus grands historiens russes du XIXe siècle. Observateur de la Russie profonde, avocat de l'Empire russe, il est resté un grand classique.

 Né le 16 janvier 1841 dans la province de Penza dans la famille d'un prêtre. Il a étudié à l'école spirituelle de Penza et au séminaire théologique de Penza. En 1861, ayant surmonté des circonstances matérielles difficiles, il entra dans la faculté historico-philologique de l'Université de Moscou, où il écouta N.M. Leontief, F.M. Buslaeva, K.N. Pobedonostseva, BN Chicherina, S.M. Solovyov. Sous l'influence notamment des deux derniers scientifiques, les intérêts scientifiques de Klioutchevski furent déterminés. La thèse de candidat Klyuchevsky a été appelé "Légendes des étrangers sur l'état de Moscou". Laissé à l'université, Kliuchevsky a choisi pour une étude scientifique spéciale un vaste matériel manuscrit de la vie des saints de l'ancienne Russie, dans lequel il espérait trouver " 
Les thèses de maîtrise ont impliqué Klyuchevsky dans une variété de sujets sur l'histoire de l'église et de la pensée religieuse russe, et un certain nombre d'articles indépendants et de critiques sont apparus sur ces sujets. En 1871, Klioutchevski fut élu président de l'histoire russe à l'Académie théologique de Moscou, qu'il conserva jusqu'en 1906; l'année suivante, il a commencé à enseigner à l'école militaire Aleksandrovskoye et aux cours supérieurs des femmes. En septembre 1879, il a été élu professeur adjoint de l'Université de Moscou, en 1885, il est devenu un professeur ordinaire. En 1901, il a été élu académicien ordinaire, en 1908 - un académicien honoraire de la catégorie de la littérature de l'Académie des sciences. En 1882, la thèse de doctorat de Kliuchevsky, la fameuse «Douma Boyar de l'ancienne Russie» publiée en premier dans la «Pensée russe», fut publiée séparément. En 1904 Klyuchevsky a commencé à publier un cours complet de ses conférences sur l'histoire russe. Au total, 4 volumes ont été publiés, portés à l'époque de Catherine II.

Cette publication publie des cours spéciaux lus par l'historien russe Vasiliy Osipovich Klyuchevsky à l'université de Moscou dans les années 1880 et 1890. Le scientifique a considéré le but de son cours comme le rangement des observations historiques générales et le développement d'une méthode pour étudier l'histoire russe. Selon lui, « le but de l'étude historique est la connaissance de l'origine, les progrès, les conditions, la forme et la nature de la société humaine » et « objets concrets d'études historiques sont les syndicats qui composent la forme du dortoir. »

 

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librairie Slavika

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Lénine

Un pas en avant, deux pas en arrière

(Réponse de N. Lénine

à

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Rosa Luxemburg)

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L'article de la camarade Rosa Luxemburg dans les nos 42 et 43 de la Neue Zeit est une analyse critique de mon livre russe sur la crise dans notre Parti. Je ne peux manquer d'exprimer ma reconnaissance aux camarades allemands pour leur attention envers les publications de notre Parti, pour leurs efforts de familiariser avec cette littérature la social-démocratie allemande, mais je dois dire que l'article de Rosa Luxemburg dans la Neue Zeit familiarise les lecteurs non avec mon livre, mais avec quelque chose d'autre. Cela ressort des exemples suivants. La camarade Luxemburg dit, par exemple, que dans mon livre s'est dessinée nettement et fortement la tendance vers « un centralisme ne tenant compte de rien » . La camarade Luxemburg présume, de cette façon, que je défends un certain système d'organisation contre un certain autre. Mais la réalité est différente. Tout au long du livre, de la première à la dernière page, je défends les principes élémentaires de tout système d'organisation du Parti quel qu'il soit. Mon livre analyse non la différence entre tel ou tel système d'organisation, mais la façon dont il faut soutenir, critiquer et corriger tout système, sans contrevenir aux principes du Parti. Rosa Luxemburg dit plus loin que « conformément à sa conception (de Lénine), les pleins pouvoirs sont donnés au Comité central d'organiser tous les comités locaux du Parti ». En réalité, ce n'est pas exact. Mon opinion sur cette question peut être prouvée, pièces à l'appui, par le projet de statuts d'organisation du Parti que j'ai proposé. Dans ce projet, il n'y a pas un mot sur le droit d'organiser les comités locaux. La commission élue au congrès du Parti pour élaborer les statuts du Parti y a inclus ce droit, et le congrès a confirmé le projet de la commission. On a élu à la commission trois représentants de la minorité du congrès, à part moi et un autre partisan de la majorité ; par conséquent, dans cette commission qui a conféré au Comité central le droit d'organiser les comités locaux, c'est justement trois de mes adversaires qui l'ont emporté. La camarade R. Luxemburg a confondu deux faits distincts. D'abord, elle a confondu mon projet d'organisation avec le projet modifié par la commission, d'une part et, d'autre part, avec les statuts d'organisation adoptés par le congrès du Parti ; deuxièmement, elle a confondu la défense d'une revendication déterminée touchant un paragraphe déterminé des statuts (il est absolument faux que dans cette défense je n'aie tenu compte de rien, puisque à l'assemblée plénière je n'ai pas protesté contre l'amendement déposé par la commission) avec la défense de la thèse (authentiquement « ultra-centraliste », n'est-ce pas ?) suivant laquelle les statuts adoptés par le congrès du Parti doivent être appliqués jusqu'à ce que le prochain congrès les modifie. Cette thèse (« purement blanquiste », comme le lecteur peut facilement le remarquer), je l'ai réellement soutenue dans mon livre « sans tenir compte de rien ». La camarade Luxemburg dit que selon moi « le Comité central est le seul centre actif du Parti ». En réalité, ce n'est pas exact. Je n'ai jamais soutenu cette opinion. Au contraire, mes contradicteurs (la minorité du IIeCongrès du Parti) m'accusaient dans leurs écrits de ne pas suffisamment défendre l'indépendance, l'initiative du Comité central et de trop le subordonner à la rédaction de l'organe central à l'étranger et au Conseil du Parti. J'ai répondu, à cette accusation, dans mon livre, que lorsque la majorité du Parti était prépondérante au Conseil du Parti, elle n'a jamais tenté de limiter l'indépendance du Comité central ; mais cela s'est produit aussitôt que le Conseil est devenu un instrument de lutte entre les mains de la minorité. La camarade Rosa Luxemburg dit que dans la social-démocratie de Russie il n'existe aucun doute quant à la nécessité d'un parti unique et que toute la discussion se concentre sur la question d'une plus ou moins grande centralisation. En réalité, ce n'est pas exact. Si la camarade Luxemburg voulait bien prendre connaissance des résolutions des nombreux comités locaux du Parti qui forment la majorité, elle comprendrait facilement (cela ressort particulièrement de mon livre) que la discussion a surtout porté chez nous sur le fait de savoir si le Comité central et l'organe central devaient représenter l'orientation de la majorité du congrès ou non. L'estimée camarade ne dit mot de cette exigence « purement blanquiste » et « ultra-centraliste », elle préfère déclamer contre la subordination mécanique de la partie au tout, contre la soumission servile, contre l'obéissance aveugle et d'autres horreurs de ce genre. Je suis très reconnaissant à la camarade Luxemburg d'expliquer cette profonde idée que la soumission servile est fatale pour le Parti, mais je voudrais savoir si la camarade trouve normal, si elle peut admettre, si elle a vu dans un parti quelconque que dans les organismes centraux, qui s'intitulent organismes du Parti, la minorité du congrès du Parti prédominât ? La camarade R. Luxemburg m'attribue la pensée qu'en Russie existent déjà toutes les prémisses pour l'organisation d'un grand parti ouvrier fortement centralisé. De nouveau, c'est une inexactitude de fait. Nulle part dans mon livre, non seulement je n'ai soutenu cette idée, mais je ne l'ai même pas exprimée. La thèse que j'ai proposée exprimait et exprime quelque chose de différent. Plus précisément, je soulignais qu'il y avait déjà toutes les prémisses pour que les décisions du congrès du Parti soient respectées, et que le temps où l'on pouvait remplacer un collège du Parti par un cercle privé est révolu depuis longtemps. J'ai prouvé que certains oracles de notre Parti ont révélé leur inconséquence et leur instabilité, et qu'ils n'ont aucun droit de rendre le prolétaire russe responsable de leur manque de discipline. Les ouvriers russes se sont prononcés plus d'une fois déjà, dans diverses circonstances, pour le respect des décisions du congrès du Parti. C'est vraiment ridicule quand la camarade Luxemburg qualifie une telle opinion d'« optimiste » (ne faut-il pas plutôt dire « pessimiste ») sans souffler mot du fond réel de ma thèse. La camarade Luxemburg soutient que j'exalte la valeur éducative de la fabrique. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas moi mais mon adversaire qui affirmait que je me représente le Parti comme une fabrique ; je me suis bien moqué de lui, en démontrant par ses propres expressions qu'il confond deux aspects différents de la discipline à la fabrique, ce qui, malheureusement est arrivé aussi à la camarade Rosa Luxemburg.

La camarade Luxemburg dit que par ma définition du social-démocrate révolutionnaire comme jacobin lié à une organisation d'ouvriers socialement conscients, j'ai peut-être caractérisé mon point de vue avec plus d'esprit que n'aurait pu le faire aucun de mes adversaires. Encore une fois, il y a erreur de fait. Ce n'est pas moi, mais P. Axelrod qui a parlé le premier de jacobinisme. Le premier, Axelrod a comparé les groupements de notre parti à ceux du temps de la Révolution française. J'ai seulement fait remarquer que cette comparaison n'est admissible que pour autant que la division de la social-démocratie contemporaine en révolutionnaire et opportuniste correspond, dans une certaine mesure, à la division en montagnards et girondins. L'ancienne Iskra, reconnue par le congrès du Parti, faisait souvent cette comparaison. En admettant justement une telle division, l'ancienne Iskra combattait l'aile opportuniste de notre Parti, l'orientation du Rabotchéié Diélo. Rosa Luxemburg confond ici la corrélation entre les deux courants révolutionnaires du XVIIIe et du XXe siècle avec l'identification de ces courants eux-mêmes. Par exemple, si je dis que le Petit Scheidegg par rapport à la Jungfrau, c'est la même chose qu'une maison de deux étages par rapport à une maison de quatre étages, cela ne veut pas encore dire que j'identifie une maison de quatre étages et la Jungfrau. La camarade Luxemburg a laissé échapper entièrement l'analyse concrète des divers courants dans notre Parti. Or, je consacre la majeure partie de mon livre à cette analyse qui se fonde sur les procès-verbaux du congrès de notre Parti, et dans l'introduction je le souligne expressément. Rosa Luxemburg désire parler de la situation actuelle dans notre Parti tout en méconnaissant totalement notre congrès qui, à proprement parler, a posé les fondations réelles de notre Parti. On doit avouer que c'est une entreprise risquée ! D'autant plus risquée que, comme je l'ai indiqué des centaines de fois dans mon livre, mes adversaires méconnaissent le congrès, et c'est justement pourquoi toutes leurs affirmations sont privées de toute base concrète.

C'est précisément cette erreur fondamentale que commet aussi la camarade Rosa Luxemburg. Elle ne fait que répéter des phrases, tout bonnement, sans se donner la peine de démêler leur signification concrète. Elle menace de diverses horreurs, sans avoir étudié le fond réel de la controverse. Elle m'attribue des lieux communs, des principes et des propos rebattus, des vérités absolues, et s'évertue à passer sous silence les vérités relatives, basées sur des faits très précis, et que j'applique exclusivement. Et elle se plaint encore de poncifs, et en appelle à la dialectique de Marx. Or, justement, l'article de l'estimée camarade contient uniquement des poncifs imaginaires, justement son article contredit l'abc de la dialectique. Cet abc enseigne qu'il n'y a aucune vérité abstraite, la vérité est toujours concrète. La camarade Rosa Luxemburg méconnaît superbement les faits concrets de la lutte dans notre Parti et déclame d'un air condescendant à propos de questions qu'on ne peut discuter sérieusement. Je prendrai un dernier exemple dans le deuxième article de la camarade Luxemburg. Elle cite mes paroles suivant lesquelles telle ou telle rédaction des statuts d'organisation peut servir d'arme plus ou moins aiguisée dans la lutte contre l'opportunisme Rosa Luxemburg ne dit absolument pas de quelles formulations je parlais dans mon livre et nous parlions tous au congrès du Parti. La camarade n'effleure absolument pas la question de savoir quelle polémique je menais au congrès, contre qui j'avançais mes arguments. Au lieu de cela, elle condescend à me faire toute une conférence sur l'opportunisme... dans les pays à régime parlementaire ! ! Mais, dans son article, nous ne trouvons pas un mot sur toutes les variétés particulières, spécifiques de l'opportunisme, sur les nuances qu'il a prises chez nous en Russie, et dont il est question dans mon livre. La conclusion de tous ces raisonnements hautement ingénieux est la suivante : « Les statuts du Parti ne doivent pas être en eux-mêmes ( ? ? comprends qui peut) une arme contre l'opportunisme mais seulement un moyen extérieur puissant pour imposer l'influence dirigeante de la majorité révolutionnaire et prolétarienne du Parti, qui existe en réalité. » Tout à fait exact. Mais R. Luxemburg passe sous silence la façon dont s'est formée la majorité qui existe en réalité ; or, c'est justement de cela que je parle dans mon livre. Elle ne dit pas non plus quelle influence Plékhanov et moi nous défendions à l'aide de ce puissant moyen extérieur Je peux seulement ajouter que jamais et nulle part je n'ai prononcé pareille absurdité, à savoir que les statuts du Parti sont une arme « en eux-mêmes ».

La réponse la plus juste à une telle interprétation de mes vues serait l'exposé des faits concrets de la lutte dans notre Parti. Alors chacun comprendra clairement à quel point les faits concrets contredisent les lieux communs et les abstractions banales de la camarade Luxemburg.

Notre Parti fut fondé au printemps 1898 en Russie au congrès des représentants de quelques organisations russes. Le Parti reçut le nom de Parti ouvrier social-démocrate de Russie. La Rabotchaïa Gazéta fut proclamée organe central du Parti ; l'« Union des social-démocrates russes à l'étranger » représentait le Parti à l'étranger. Peu après le congrès, le Comité central du Parti fut arrêté. La Rabotchaïa Gazéta cessa de paraître après le deuxième numéro. Tout le Parti se transforma en un conglomérat amorphe d'organisations locales (appelées comités). Le seul lien unissant ces comités locaux était un lien idéologique, purement intellectuel. Il devait fatalement arriver une période de divergences, de flottements, de scissions. Les intellectuels, qui constituaient un pourcentage beaucoup plus important dans notre Parti que dans les partis d'Europe occidentale, se sont passionnés pour le marxisme, mode nouvelle. Cet engouement a très rapidement fait place d'une part, à une admiration servile de la critique bourgeoise de Marx et, d'autre part, à un mouvement ouvrier purement professionnel (grévisme, économisme). La divergence entre la tendance opportuniste intellectuelle et la tendance révolutionnaire prolétarienne a amené la scission de l'« Union » à l'étranger. Le journal Rabotchaïa Myslet la revue Rabotchéié Diélo éditée à l'étranger (cette dernière un peu moins) étaient les porte-parole de l'économisme, minimisaient l'importance de la lutte politique, niaient les éléments de démocratie bourgeoise en Russie. Les critiques « légaux » de Marx, messieurs Strouvé, Tougan-Baranovski, Boulgakov, Berdiaïev, etc., ont carrément tourné à droite. Nous ne découvrirons nul endroit en Europe où le bernsteinisme soit arrivé si vite à sa fin logique, la formation d'une fraction libérale, comme cela s'est passé chez nous en Russie. Chez nous, M. Strouvé a commencé par la « critique », au nom du bernsteinisme, et a terminé par l'organisation de la revue libérale Osvobojdiénié, libérale dans le sens européen de ce mot. Plékhanov et ses amis qui ont quitté l'Union à l'étranger étaient soutenus par les fondateurs de l'Iskra et de la Zaria. Ces deux revues (dont a entendu parler même la camarade Rosa Luxemburg) ont mené une « brillante campagne de trois ans » contre l'aile opportuniste du Parti, une campagne de la « Montagne » social-démocrate contre la « Gironde » social-démocrate (c'est une expression de l'ancienne Iskra), une campagne contre le Rabotchéié Diélo (les camarades Kritchevski, Akimov, Martynov, etc.), contre le Bund juif, contre les organisations de Russie qui s'étaient inspirées de cette orientation (en premier lieu contre l'organisation de Pétersbourg dénommée « organisation ouvrière » et le comité de Voronèje). Il devenait de plus en plus évident qu'un lien purement idéologique entre les comités était insuffisant. On ressentait de plus en plus le besoin d'un Parti vraiment uni, c'est-à-dire l'accomplissement de ce qu'on avait seulement prévu en 1898. Enfin, fin 1902 s'est formé un Comité d'organisation, qui s'était donné pour tâche de convoquer le IIe Congrès du Parti. De ce Comité, composé surtout par l'organisation russe de l'Iskra, faisait également partie un représentant du Bund juif. En automne 1903 s'est tenu, enfin, le IIe Congrès qui s'est terminé, d'une part par l'unification formelle du Parti, d'autre part par sa scission en « majorité » et « minorité ». Cette division n'existait pas avant le congrès du Parti. Seule une analyse approfondie de la lutte qui s'est déroulée au congrès peut expliquer cette division. Malheureusement, les partisans de la minorité (y compris la camarade Luxemburg) évitent prudemment cette analyse.

Dans mon livre, que la camarade Luxemburg présente d'une manière si originale aux lecteurs allemands, je consacre plus de cent pages à une analyse détaillée des procès-verbaux du congrès (qui forment un volume de près de 400 pages). Cette analyse m'a amené à diviser les délégués ou mieux les voix (certains délégués avaient une ou deux voix) en quatre groupes fondamentaux : 1) les iskristes de la majorité (partisans de la tendance de l'ancienne Iskra) -24 voix, 2) les iskristes de la minorité — 9 voix, 3) le centre (appelé aussi par dérision le « marais ») — 10 voix et enfin 4) les anti-iskristes — 8 voix, soit au total 51 voix. J'analyse la participation de ces groupes à tous les votes qui ont eu lieu au congrès et démontre qu'à propos de toutes les questions (programme, tactique et organisation) le congrès a été l'arène de la lutte des iskristes contre les anti-iskristes, le « marais » ayant oscillé dans différents sens. Quiconque connaît un tant soit peu l'histoire de notre Parti doit comprendre clairement qu'il ne pouvait en être autrement. Mais tous les partisans de la minorité (y compris Rosa Luxemburg) ferment modestement les yeux sur cette lutte. Pourquoi ? C'est justement cette lutte qui rend évidente toute la fausseté de l'actuelle position politique de la minorité. Pendant toute cette bataille au congrès du Parti, à l'occasion de dizaines de questions, de dizaines de votes, les iskristes ont combattu les anti-iskristes et le « marais » qui s'alignait d'autant plus résolument aux côtés des anti-iskristes que la question discutée était plus concrète, qu'elle définissait d'une manière plus positive le sens fondamental du travail social-démocrate, qu'elle visait à mettre en pratique plus concrètement les plans inébranlables de l'ancienne Iskra. Les anti-iskristes (surtout le camarade Akimov et le délégué toujours d'accord avec lui, de l'« Organisation ouvrière » de Pétersbourg, le camarade Brucker, presque toujours le camarade Martynov et 5 délégués du Bund juif) étaient contre la reconnaissance de l'orientation de l'ancienne Iskra. Ils défendaient les anciennes organisations privées, votaient contre leur soumission au Parti, contre leur fusion avec le Parti (incident du Comité d'organisation, dissolution du groupe « loujny Rabotchi », le plus important du « marais », etc.). Ils combattaient les statuts d'organisation, rédigés dans l'esprit du centralisme (14e séance du congrès) et accusaient alors tous les iskristes de vouloir introduire « la suspicion organisée », « la loi d'exception » et autres horreurs. Tous les iskristes sans exception en riaient alors ; il est remarquable que la camarade Rosa Luxemburg prenne toutes ces fantaisies pour quelque chose de sérieux. Dans la grande majorité des questions, les iskristes l'ont emporté ; ils prédominaient au congrès, ce qui ressort clairement des chiffres que j'ai rappelés. Mais dans la deuxième période du congrès, quand on tranchait des questions touchant moins aux principes, les anti-iskristes ont gagné : certains iskristes avaient voté avec eux. C'est ce qui est arrivé, par exemple, à propos de l'égalité des langues dans notre programme ; sur cette question, les anti-iskristes ont presque réussi à battre la commission du programme et à imposer leur formulation. C'est ce qui est arrivé aussi pour le paragraphe 1 des statuts, lorsque les anti-iskristes de concert avec le « marais » ont imposé la formulation de Martov. Conformément à cette rédaction, sont considérés comme membres du Parti non seulement les membres d'une organisation du Parti (c'est la formulation que j'ai défendue avec Plékhanov), mais aussi toutes les personnes qui militent sous le contrôle d'une organisation du Parti

La même chose s'est produite à propos des élections du Comité central et de la rédaction de l'organe central. 24 iskristes ont formé une majorité compacte ; ils ont fait adopter un plan conçu depuis longtemps de renouvellement de la rédaction : on a élu trois des six anciens rédacteurs ; 9 iskristes, 10 membres du centre et 1 anti-iskriste (les autres : 7 anti-iskristes, les représentants du Bund juif et du Rabotchéié Diéloavaient quitté le congrès auparavant) formaient la minorité. Cette minorité était si mécontente des élections qu'elle a décidé de ne pas participer aux autres élections. Le camarade Kautsky avait parfaitement raison de voir dans le renouvellement de la rédaction la cause principale de la lutte qui suivit. Mais son opinion suivant laquelle c'est moi (sic !) qui aurais « exclu » trois camarades de la rédaction s'explique seulement par sa complète ignorance de notre congrès. D'abord, la non-élection n'est absolument pas une exclusion, et je n'avais naturellement pas le droit au congrès d'exclure qui que ce soit ; d'autre part, le camarade Kautsky ne soupçonne même pas, il me semble, que la coalition des anti-iskristes, du centre et d'une petite partie des partisans de l'Iskra avait aussi une signification politique et ne pouvait manquer d'exercer une influence sur le résultat des élections. Quiconque se refuse à fermer les yeux sur ce qui s'est passé à notre congrès doit comprendre que notre nouvelle division en minorité et majorité est seulement une variante de l'ancienne division en aile prolétarienne, révolutionnaire et en aile intellectuelle, opportuniste de notre Parti. Ce fait, on ne peut l'écarter par aucune interprétation, aucune dérision.

Malheureusement, après le congrès, la signification de principe de cette scission a été obscurcie par les chicanes à propos de la cooptation. Plus précisément, la minorité refusait de travailler sous le contrôle des organismes centraux, si les trois anciens rédacteurs n'étaient pas cooptés à nouveau. Cette lutte a duré deux mois. Les moyens d'action utilisés étaient le boycottage et la désorganisation du Parti. 12 comités (des 14 qui se sont prononcés sur cette question) ont sévèrement condamné ces moyens. La minorité a même refusé d'accepter notre proposition (dont Plékhanov et moi avons été les promoteurs) et d'exprimer leur point de vue dans les colonnes de l'Iskra. Au congrès de la Ligue à l'étranger, on en est arrivé à couvrir les membres des organismes centraux d'injures et d'outrages (autocrates, bureaucrates, gendarmes, menteurs, etc.). On les accusait d'étouffer les initiatives personnelles et de vouloir imposer la soumission inconditionnelle, l'obéissance aveugle, etc. Les tentatives faites par Plékhanov de qualifier d'anarchiste un tel moyen de lutte de la minorité, ne pouvaient atteindre leur but. Après ce congrès, Plékhanov publia un article, qui a fait date, et qui était dirigé contre moi : « Ce qu'il ne faut pas faire » (Iskra, n° 52). Dans cet article, il disait que la lutte contre le révisionnisme ne doit pas signifier nécessairement lutte contre les révisionnistes ; il était clair pour tous qu'il sous-entendait notre minorité. Plus loin, il dit que parfois il ne faut pas combattre l'anarchisme individualiste, si solidement ancré dans l'esprit du révolutionnaire russe ; certaines concessions sont quelquefois le meilleur moyen pour le maîtriser et éviter la scission. J'ai quitté la rédaction, car je ne pouvais partager un tel point de vue, et les rédacteurs de la minorité ont été cooptés. Puis il y a eu la lutte pour la cooptation au Comité central. Ma proposition de conclure la paix à condition que l'organe central reste à la minorité et le Comité central à la majorité a été rejetée. La bataille a continué, on combattait « au nom des principes » le bureaucratisme, l'ultracentralisme, le formalisme, le jacobinisme, le schweitzerisme (c'est moi qu'on appelait le Schweitzer russe) et autres choses horribles. Je me suis moqué de toutes ces accusations dans mon livre, et j'ai souligné que c'était soit une simple chicanerie de cooptation soit (si l'on convient d'y voir « des principes ») rien d'autre que des phrases opportunistes, girondistes. La minorité actuelle répète seulement ce que le camarade Akimov et d'autres opportunistes avérés ont dit à notre congrès contre le centralisme que défendaient tous les partisans de l'ancienne Iskra.

En Russie, les comités étaient indignés de la transformation de l'organe central en un organe d'un cercle privé, celui des chamailleries de cooptation et des ragots du Parti. On a voté plusieurs résolutions qui exprimaient la plus sévère condamnation. Seule la soi-disant « Organisation ouvrière » de Pétersbourg, dont nous avons déjà parlé, et le comité de Voronèje (partisans de la tendance du camarade Akimov) ont exprimé leur satisfaction de principe, de l'orientation de la nouvelle Iskra. Les voix, réclamant la convocation du IIIe Congrès, devenaient de plus en plus nombreuses,

Le lecteur qui se donnera la peine d'étudier les origines de la lutte dans notre Parti comprendra facilement que les propos de la camarade Rosa Luxemburg sur « l'ultra-centralisme », sur la nécessité d'une centralisation progressive, etc., sont concrètement et sur le plan pratique une dérision à l'égard de notre congrès ; abstraitement et sur le plan théorique (si l'on peut ici parler de la théorie), c'est un avilissement manifeste du marxisme, une altération de la véritable dialectique de Marx, etc.

La dernière phase de la lutte a été caractérisée par le fait que les membres de la majorité ont été en partie exclus du Comité central, en partie neutralisés, réduits à néant. (Cela s'est produit à cause des remaniements du Comité central etc.) Le Conseil du Parti (qui après la cooptation des anciens rédacteurs est également tombé aux mains de la minorité) et le Comité central actuel ont condamné toute agitation en faveur du IIIe Congrès, et passent à des accords et des pourparlers privés avec certains membres de la minorité. Les organisations, comme par exemple le collège de représentants (mandataires) du Comité central, qui se sont permis de commettre un crime tel que l'agitation pour la convocation d'un congrès, ont été dissoutes La lutte du Conseil du Parti et du nouveau Comité central contre la convocation du IIIe Congrès a été déclarée sur toute la ligne. La majorité y a répondu par le mot d'ordre : « A bas le bonapartisme ! » (c'était le titre de la brochure du camarade Galerka qui parle au nom de la majorité). Le nombre des résolutions, dans lesquelles les institutions du Parti qui s'opposent à la convocation du congrès sont proclamées antiparti et bonapartistes, grandit. A quel point tous les discours de la minorité contre l'ultra-centralisme et en faveur de l'autonomie étaient hypocrites, c'est ce qui ressort clairement du fait que la nouvelle maison d'éditions de la majorité, que j'ai fondée avec un camarade (où ont été publiées la brochure mentionnée ci-dessus du camarade Galerka et quelques autres), a été déclarée hors-parti. Les nouvelles éditions donnent à la majorité la seule possibilité de répandre ses vues, puisque les pages de l'Iskra lui sont à peu près interdites. Malgré cela, ou plutôt, justement à cause de cela, le Conseil du Parti a pris la décision, dont je viens de parler, sous le prétexte purement formel que nos éditions ne sont habilitées par aucune organisation du Parti.

A peine est-il besoin de parler de l'abandon dans lequel se trouve le travail positif, de la chute brutale du prestige de la social-démocratie, de dire à quel point tout le Parti est démoralisé parce que toutes les résolutions, toutes les élections du IIe Congrès ont été réduites à néant, et par suite de cette lutte contre la convocation du IIIe Congrès que mènent les organismes du Parti, responsables devant le Parti.

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Marcel Proust n’a jamais foulé le sol de l’Angleterre, pas plus qu’il ne parlait un mot d’anglais. L’écrivain s’est même opposé de son vivant à la traduction de son œuvre qui, selon lui, en aurait été déformée. Homme de toutes les contradictions, Marcel Proust s’est pourtant lancé dans une entreprise surprenante : la traduction depuis l’anglais des écrits esthétiques de John Ruskin alors même qu’il maîtrisait mal la langue. En cela il fut aidé par sa mère et quelques amis. Par ailleurs, la préface que Proust consacre à « La Bible d’Amiens »  éclaire non seulement la pensée de Ruskin, mais aussi sa propre pensée et sa conception de l’art. Au fil de la lecture s’esquisse les préoccupations de Proust sur l’esthétique et la place qu’il donnera à l’art dans ses ouvrages. John Ruskin se mue en révélateur de la pensée proustienne et son influence marque incontestablement « La Recherche du temps perdu ». Voyons comment.

 

Tout d’abord cette influence ne se fera qu’à travers les œuvres de John Ruskin puisque Proust ne le rencontrera jamais. Celui-ci naît à Londres en 1819 et mourra à Brantwood en 1900 d’un père négociant en alcools et d’une mère sans profession. Il est fils unique et quittera très vite le foyer familial pour voyager. Il est fasciné par la beauté des Alpes, l’architecture gothique, Venise et, en esprit éclectique, s’intéresse à des choses très diverses : les oiseaux, les plantes, l’art de Turner, l’économie sociale, l’éducation des ouvriers, les pré-raphaéliques … Critique d’art et soucieux de sociabilité, il va beaucoup écrire et cherchera toujours à rendre l’art accessible aux plus humbles. En effet, il condamnait  les tâches qui ôtaient à l’homme son libre arbitre. Il s’intéressera même à la pollution industrielle en précurseur, et à la nécessaire prudence qui doit guider toute opération de restauration des bâtiments patrimoniaux. Proust, quant à lui, ne manquera pas de souligner combien la « restauration » de la mémoire involontaire  peut elle aussi engendrer des risques en trahissant ou en modifiant le réel ou encore en l’aménageant autrement.


Ruskin visitera Amiens à maintes reprises, en 1844, 1849, 1854, 1856, 1868 et 1880. Sa première visite le déçoit. On pourrait  comparer sa déception à celle de Swann vis-à-vis d’Odette qui n’est pas son genre de femme. Il est vrai qu’Amiens, au premier abord, n’est pas le genre de cathédrale qu’aime John Ruskin, il la trouve un peu mièvre, cédant trop au … joli. Mais en 1854  son avis  est plus enthousiaste et il reconnait que cet ouvrage, célébré dans toute l’Europe, mérite sa réputation. Il rédigera « La Bible d’Amiens » de 1880 à 1882. En réalité, il souhaitait écrire une histoire de la chrétienté à l’usage des garçons et filles qui avaient été tenus sur les fonts baptismaux. Malheureusement, il ne parviendra à rédiger qu’un seul volume, alors qu’il envisageait de parler également de Vérone, de Pise, de Rome, de Chartres, de Rouen. « Travaillez quand vous avez encore la lumière », précepte de l’Evangile selon Saint Jean qui figure dans la préface que Proust a consacré à « Sésame et les lys ». Comme Ruskin, Marcel Proust redoutera de ne pas pouvoir achever son œuvre.

 

La cathédrale.

La cathédrale.

Ruskin raconte dans « La Bible d’Amiens » les origines de la cathédrale, l’installation des Francs à Amiens et l’évangélisation de la ville, Chilpéric, le père de Clovis, puis Clovis, bien que celui-ci n’ait pas été baptisé à Amiens, cheminement des transgressions que s’autorisera l’auteur. Et puisque la cathédrale a été conçue et bâtie par les descendants des Francs, Ruskin évoque plus longuement, dans le chapitre II, l’histoire de ce peuple et son arrivée en France en provenance de l’Allemagne.  Dans la troisième partie de l’ouvrage, il évoque la propagation des écritures saintes, le rôle que tient saint Jérôme, premier traducteur de la Bible qui donne son nom à ce chapitre III.

 

Le IVe chapitre est sans doute le plus beau parce qu’il parle vraiment de la cathédrale. Ruskin y détaille certains aspects du monument, principalement les sculptures des porches. Puis il évoque les stalles du XVIe siècle, ce qu’il faut voir en priorité : «  sous la main du sculpteur, le bois semble s’être modelé comme de l’argile, s’être plié comme de la soie, avoir poussé comme des branches vivantes, avoir jailli comme de la flamme vivante… » Curieusement, il n’apprécie guère la Vierge dorée à laquelle il trouve de la joliesse et un gai sourire de soubrette, madone nourrice raphaélique, peintre qu’il n’aime guère car il considère qu’il a représenté la Vierge de façon trop humaine, pas assez divine. La madone de la façade ouest lui plaît davantage, madone franque, normande, madone reine, calme, pleine de puissance. Pour Ruskin, la cathédrale est comme l’envers d’une étoffe qui nous aide à comprendre les fils qui produisent le dessin tissé ou brodé du dessus. A ce sujet, et on ne peut manquer de le relever, l’œuvre de Proust sera envisagée comme une cathédrale et également comme une robe : « car épinglant de ci delà un feuillet supplémentaire, je bâtirai mon livre, je n’ose pas dire ambitieusement comme une cathédrale, mais tout simplement comme une robe. » - écrira Marcel Proust. Le livre de Ruskin reste toutefois assez confus avec des phrases alambiquées, souligne  Jérôme Bastianelli car celui-ci est atteint, à l’époque où il le rédige, de « fièvres cérébrales » susceptibles d’altérer son jugement. Alors pour quelle raison, Proust choisit-il de traduire cet ouvrage, alors qu’il maîtrise mal l’anglais et y consacre-t-il tant d’années de sa vie, soit de 1889 à 1906 ? Certainement pour plusieurs. Tout d’abord le prestige dont jouit John Ruskin, son immense culture, et parce qu’à cette époque il est bien vu d’être traducteur. Baudelaire, Mallarmé, Robert d’Humières le seront. Il y a également une mode en vogue, celle des cathédrales : Monet les peint, Huysmans les évoque, Debussy s’en inspire. Proust tente aussi d’effacer le côté un peu décadent de son unique ouvrage « Les plaisirs et les jours » que certains critiques ont comparé à « une serre chaude ».  Et puis la cathédrale d’Amiens parle de la France, ce qui plaît à Proust. Par ailleurs, le choix d’un sujet chrétien rassurera les salons aristocratiques et mondains qu’il fréquente assidûment en pleine affaire Dreyfus et au moment où se discute le projet de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

 

 

La vierge dorée et la madone franque.La vierge dorée et la madone franque.

La vierge dorée et la madone franque.

Les stalles d'Amiens.

Les stalles d'Amiens.

Néanmoins, malgré son souci d’excellence, Proust commet bien des erreurs de traduction assez drôles et inattendues. Mais qu’importe ! Comme Ruskin, il considère que l’essentiel est de donner à penser aux lecteurs, de solliciter leur imagination, de les inciter à mettre leurs pas dans ceux de l’auteur et de partir à la découverte de ce magnifique monument. En quelque sorte de servir l’art qui est la part la plus haute de l’homme. Ruskin lui insuffle le goût de l’architecture et Proust ne manquera pas de concevoir son œuvre comme un monument que l’on bâtit pierre à pierre ou mot à mot. Cette traduction lui conférera un matériau littéraire indéniable. S’il juge que Ruskin a parfois cédé à l’idolâtrie, ce qui signifie qu’il a apprécié certaines choses pour des raisons qui leur sont étrangères et qu’il a placé en elles des valeurs qu’elles n’expriment pas, lui-même n’échappera pas à cette idolâtrie en souhaitant que figure, à la porte de la cathédrale d’Amiens, Ruskin en personne comme le cinquième prophète, suscitant la moquerie inévitable de quelques lecteurs. Par la suite, il partira sur les traces de Ruskin à Venise en avril 1900 avec sa mère, Reynaldo Hahn et Marie Nordlinger, voyage que l’on retrouvera réinterprété et magnifié dans La Recherche. Ce qui confirme que Ruskin fut bien pour Marcel Proust un initiateur.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique DOSSIER MARCEL PROUST, cliquer  ICI

Et pour prendre connaissance de l'article que j'ai consacré à Ruskin, cliquer  sur son titre :  

John Ruskin ou le culte de la beauté

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Être poète russe, voulait dire encore il y a peu en Russie et sans doute encore, être un voyant.

Alexandre Blok fut cela, et, autant que Pouchkine, il aura marqué les lettres russes. Il aura été sans le vouloir à la jonction des mondes qui s'opposaient, et dans le passage fiévreux d’espoir de l'un à l’autre. Il pressentait qu’il lui faudrait vivre dans un autre temps. Il le désirait : il en fut terrassé de déceptions.

Et il se laissa quasiment mourir de désolation pour sa « patrie malade ». Alexandre Blok sera victime d'une sorte de non-désir de vivre : «  Le poète meurt parce qu'il ne peut plus respirer. La vie a perdu son sens », a-t-il écrit. Comme ses amis poètes - Nicolas Goumilev, Serge Essénine, Maïakovski, Marina Tsvétaéva, Ossip Mandelstam...- il sera fauché avant que les blés ne soient mûrs. À 41 ans, le 7 août 1921, il disparaît, laissant dans la glaciation qui s’étend, une Russie figée où n’émergent qu’Anna Akhmatova et Pasternak réduits au silence et à l’effroi.

Guetteur de lumière, éveilleur d’aubes, il sera pris dans la tempête du « Monde Terrible », ces « années terribles » où s’étend la famine. Ces quelques années qui suivent 1917, années des dernières convulsions de la guerre civile et de prise totale de pouvoir bolchevique, début d'une nouvelle dictature en temps de paix qui tue les espoirs naissants.

 

Alexandre Blok vient de l’autre Russie, celle de toujours, mais il ne s’apitoie pas sur une nostalgie du passé à la Tchekhov, il ne regrette pas le passé et il fait basculer tout son lyrisme dans le désir absolu de révolution en redoutant ce qui va advenir.

« L’ancien monde est déjà disparu, le nouveau monde n'est pas encore là, et dans cet entre-deux les monstres apparaissent » disait Gramsci.

Mais en Russie les monstres étaient présents à la fois dans le vieux monde et dans le nouveau. Angoisse et désarroi vont succéder à la poésie élégiaque de Blok, pur moment de musique, où l’ombre de Verlaine chante et bruit. Des « Vers à la belle Dame » aux « Douze » c’est la trajectoire d’un homme qui tente de continuer à vivre ses valeurs et son profond mysticisme dans une modernité qui se révélera barbare. Un homme qui en fait n'entend que ses chants intérieurs qui clament en lui au risque de recouvrir les bruits du monde, et il va leur rester fidèle avec ferveur. Digne et beau. « Blok a été merveilleusement beau en tant que poète et personnalité. D'une beauté enviable » (Maxime Gorki).

Cette course brisée amenant une sorte d’aristocrate des lettres russes traversé de pressentiments mystiques et romantiques, totalement immergé de culture millénaire et classique, à devenir l’ardent thuriféraire des défenseurs du monde nouveau, les soldats de la Garde Rouge.

Cette trajectoire était l’aboutissement et l'impasse de sa quête mystique. Le poids de son chaos intérieur cherchant rédemption.

 

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VERS DE LA BELLE DAME
(1901-1902)

Préambule

Tout repos est vain. Le chemin est ardu.
Le soir est splendeur. Je frappe au portail.

Inflexible et sourde à mes coups répétés,
Tu répands des perles tout autour de toi.

La maison est haute, et le soir s’est figé.
L’énigme rouge sur le seuil s’est couchée.

Qui au crépuscule incendie les maisons,
Des mains de la Princesse Elle-Même élevées?

Chaque feston de bois ouvragé
Jette vers toi une flamme vermeille.

La coupole s’élance dans l’azur infini.
Les fenêtres bleues ont du rouge à leurs joues.

Dans tous les clochers, les cloches bourdonnent.
De printemps éternel ta robe est baignée.

Est-ce toi qui m’attends chaque soir au couchant?
Qui a mis le feu? Et ouvert le portail?

(Alexandre Blok)

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La chute de l’enfant du siècle

 

« Taisez-vous livres maudits, je ne vous ai jamais écrits ! »

 

Alexandre Alexandrovitch Blok est né le 16 novembre 1880 à Saint–Petersbourg, sur les bords de la Neva. Sa trajectoire l’aura amené d’une enfance protégée, choyée, en une vie d’abord éclatante et célébrée puis enfin dans la tragédie noire et désespérée. Cet homme grand, aux gestes lents, aux paroles rares semblera toujours hors du temps. Somnambule de ce côté-ci du réel, il marchait à l’intérieur de lui-même. Fragile passant de l’enthousiasme à la dépression, cet aristocrate cherchera la rédemption et la fuite en avant par la mystique, et donc par la Révolution. Il avait un lien charnel avec la mère-patrie, la Russie éternelle. Il sera l’enfant de Chakhmatovo, la résidence familiale secondaire près de Moscou, qu’il aimait tant et où il venait chaque été.

La poésie ouvrira toutes les résonances de ses lieux et des puits enfouis en lui. On a peine à se souvenir de ce poète de 24 ans aux longs cheveux blonds bouclés, au magnétisme absolu qui mettait la Russie à genoux dans son adoration. Il était le contemporain exact de Rilke et d'Apollinaire, le pur produit d'un milieu bourgeois et intellectuel, le nouveau Pouchkine. Il était un phare et tous se tournaient vers lui. Il ira de succès en succès, et écrira en 1906 « La baraque de foire » aujourd'hui considérée comme la première pièce du théâtre moderne russe. La gloire le bordera toute sa vie.

L’étonnante relation avec Liouba Dmitrievna Mendéléeva qui jamais ne le quittera sera ses lumières et ses ténèbres : « Je n’ai eu que seulement deux femmes : la première est Liouba, la deuxième, toutes les autres ». Cet amour fou proche de Laure et Pétrarque, de Béatrice et Dante, donnera la belle floraison du recueil « Vers pour la belle dame » (1904). Amour exalté, intellectuel qui se traduira par un mariage le 17 août 1903. Liouba sera « le lieu saint » où s’arrimer, où respirer. Il l’aima comme un refuge, comme une divinité. Liouba ne partageait sans doute pas cet amour de noyé. L’unique, la Vierge, d’azur, la Belle-Dame apparue durant l’été 1901 sera son aurore, son éternel féminin. Cette fusion ne voudra pas connaître la chair.

Les drames viendront assez vite, entre la déesse qui finit par ressembler à une statue froide, et par l’apparition du meilleur « ami-ennemi », André Biely, fou amoureux de Liouba et de la poésie de Blok et confondant les deux. Amour et haine seront les liens ambigus entre les deux plus grands poètes symbolistes russes.

 

blok

Les années 1900-1917 sont les années glorieuses de la poésie russe, « l’Âge d’argent »,grande floraison artistique en peinture, littérature et musique, succédant aux années Pouchkine, l’âge d’or du début du XIXè siècle. Cette effervescence fut une renaissance des lettres russe. Mais ce flot se brisera sur le couperet d’Octobre 1917. Blok participe, comme en passant, aux salons, aux cénacles et il lit ses vers éblouissant les gens par sa beauté romantique, par la mélancolie de ses vers. Il était un Dieu vivant. Le cycle « L’inconnue » d’avril 1906 le rend célèbre. Vin, et débauche marchent maintenant avec lui pour supporter la ville, de plus en plus maudite. Les Tziganes le fascinent et pourtant « on ne peut aimer les rêves tziganes, on ne peut qu’être que consumé par eux ». Chaque nuit Blok va se perdre ainsi. Il veut trouver son destin. Monde de tumulte pour une âme qui souffre et il y recherche la femme-démon sous les traits angéliques. Blok cherche le chaos, les ruptures et la nuit. Celle des bouges, celle des oublis.
 « Ce soir j'ai erré, erré. Une nuit blanche et des femmes... Où cours-tu ainsi, oh, la vie? » (lettre du 15 mai 1917). Dans le gouffre de sa vie il se perd dans le gouffre des sexes. Celle des « prostituées vermeilles », tant la peur de la sexualité avec des femmes belles le terrorisait :

Fut-ce derrière ton épaule, ô ma compagne`

Quelqu’un, des yeux, me guette (1913).

Des années de crise, des amours hallucinés pour des actrices ou des cantatrices, des voyages à l’étranger, Italie, France, Allemagne..., qui l’ennuient, tout cela n’apaise pas son désarroi profond. « L’étranger m’est nuisible ».

Il attend confusément un tremblement de terre intérieur, cloîtré à Saint – Petersbourg, l'immense désert pour lui. Les orages désirés n'arrivent pas, il doute.

« Quand est-ce que je serai enfin libre de me tuer ! » (carnets 21 mars 1914)

Il était prêt à tous les séismes et celui-ci survint avec la révolution de 1917. Blok va vers les tourbillons de neige de cette révolution qui se lève. Il s’y lance à corps perdu, exalté, mystique. Pris dans l’action il devient acteur et non plus poète sauf l’éruption des Douze et des Scythes. La suite est connue.

Le temps de l’innocence au bord de la Neva du début des années 90 laissa la place aux années terribles, au monde terrible. Il va bravement se lancer dans la bataille et engager la poésie au service de la Cause. Mais il ne peut oublier ce qui est derrière, ce qui est perdu, ce qui est enfui à jamais. Fragile équilibriste entre ses abîmes, il en sortira broyé. Fasciné par l’ouragan révolutionnaire, anéanti par la cruauté et la bêtise meurtrière, il va se laisser glisser dans la déréliction.

À sa mort, il était méconnaissable.

Le très beau jeune homme, n’était plus qu’un vieillard chauve et hurlant de douleur. Son passeport pour l’étranger arriva la veille de sa mort. La terreur était là, sa fin était bien la fin d’un monde. Alexandre Blok, le protégé des muses, qui se prenait parfois pour Hamlet, a fini par tutoyer et éprouver l’horreur et les gouffres. Mort de chagrin, il aura vu s’écrouler tout ce qui pour lui était beau.

« Il avait renoncé à la civilisation qui avait précédé la révolution. Une nouvelle civilisation ne se forma pas à la place de l’autre. Déjà les nouveaux officiers se promenaient la cravache à la main, comme leurs prédécesseurs. Ensuite tout alla comme auparavant. Le coup avait raté. Blok mourut de désespoir ». (Victor Chklovsky, Voyage sentimental, Gallimard, 1963

Le témoin des autres mondes

« L'art, c'est le pressentiment de la vérité » (Blok lettre 1903).

Dans ses poèmes de 1901 à la fin de 1921, se dévoile la période la plus chaotique de l’histoire de la Russie, prise dans les convulsions de l’accouchement dramatique d’un nouvel ordre. Tous les orages semblaient crever à la fois sur cette terre endormie : les tragiques événements de la révolution de 1905, la fin de la boucherie de la première guerre mondiale, la montée du bolchevisme, la répression des années 1920. Le doux, le tendre Alexandre Blok se fit le témoin de l’Apocalypse qu’il avait depuis si longtemps pressenti. Dans ses années de fusion et d’éruption que furent principalement les quinze premières années du XXe siècle, tout bouillonnait. Mais tout sera emporté par la guerre et la révolution de 1917.

L’élégiaque poète de Saint-Pétersbourg devint celui qui au travers des incertaines convulsions voyait se profiler la terreur. Il passa des grelots des traîneaux au tocsin annonciateur. Il voudra autant servir le Christ blanc de la foi russe, qu’il ne partageait d’ailleurs pas, et le Christ rouge de la révolution, et ce avec la même mystique enthousiaste. Fou d’espoir pour un monde nouveau où l’art et le peuple pourraient être réconciliés. Son ode de 1918 sur les « Douze » reste considérée comme le poème absolu de la révolution d'octobre, et sera placardée partout. Trotski l’admirera. Mais récupéré par le bolchevisme, détesté par ses amis, il n’était pas un poète engagé, il était le passeur du monde invisible. Utopiste intransigeant il ne pouvait envisager le monde qu'au travers de ce prisme.

Il semblait un guetteur d’apparitions, placé comme une sentinelle entre les mondes. Une vigie de l'infini.

J'ai simplement vu, en rêve et dans la réalité, certaines choses que les autres ne voient pas. (Journal de Blok, 14 novembre 1911).

 

On saisit mal Alexandre Blok encore maintenant. Soit on le cantonne aux « Vers pour la belle dame », et une image séraphique, diaphane et outrageusement symboliste ne demeure que de lui. Soit on ne veut connaître que les deux derniers poèmes « révolutionnaires », pour bien le récupérer, et on n’a rien compris à sa profondeur, à son immensité.

« Je n’aime que l’art, les enfants et la mort ». Pour comprendre cette phrase terrible de Blok, il faut admettre qu'il ne pouvait vraiment s’attacher à nos contingences : « Le naufrage du Titanic m'a réjoui hier profondément : il y a donc encore l'océan ! » (journal 5 avril 1912). Tout entier pris dans ce délire de rendre tangible toutes ses musiques intérieures, il était profondément ailleurs, dans des amours transcendés, dans son retour aux forces éternelles.

Ouvre mes livres : là est dit tout ce qui doit arriver.

Oui je suis un prophète.  (Le monde terrible février 1914)

Blok était un capteur hypersensible, un sourcier des orages. Les guerres et les incendies s’imprimaient en lui avant d’advenir.

Je vois, au-dessus de la Russie, au loin,

Un vaste et silencieux incendie. (Sur le champ de Koulikovo, juillet 1908). 
Cette Russie en gésine et en sanglots « qui sera grande un jour. Mais qu'il faut attendre longtemps, et qu'il est dur d'attendre », (lettre du 22 avril 1917)

Cette tradition des fous visionnaires est russe jusqu’à la moelle. Mais Blok ne prenait pas seulement appui sur les malheurs de la Russie, mais aussi depuis le haut des mondes invisibles. Il était regard, il était vision. Il se défendait de toute représentation personnelle, non, c’est une réalité plus haute et plus lointaine qu’il décrivait en poète.

Pris entre ses rêves utopistes et ses tempêtes intérieures il ne pouvait vivre qu'écartelé: « Non, il ne faut pas rêver d'un âge d'or. Il faut serrer les lèvres et me retirer à nouveau dans mes rêves démoniaques », (lettre du 20 mai 1917).

Blok est un témoin, un artiste. « Mais la démocratie a-t-elle besoin d’un artiste ? » se demande-t-il ?

 

Son rapport avec la religion est complexe : Ses élans ne sont pas la poussée christique d’un croyant, Il n’aimait pas le Christ, pour lui « fantôme efféminé », mais le Christ en tant qu’attribut de la Russie, en tant qu’être humain en souffrance, il le chantera. Solidarité des crucifiés ! Il n’était pas vraiment chrétien, mais il avait en lui les élans messianiques et le sacré l'immergeait. Cette religion de l'enfance ne le satisfaisait pas, mais lui rappelait une époque et pouvait en annoncer une autre. Il était aussi croyant par utopie et par sa quête de « l'homme intérieur ». Il fut purement russe, à la fois exalté, pieux et rebelle. Mystique et non religieux, il devinait les signes de l’enfantement messianique de la terre russe. Son poème « La patrie » dénonce les hypocrisies de la religion mais aussi l'acceptation de cet héritage.

Pécher sans pudeur, sans éveil

perdre le compte des nuits et des jours,

Et d'une tête par l'ivresse alourdie

Se faufiler dans le temple de Dieu...

...

Et sur les plumes de ses couettes,

Dans un lourd sommeil se vautrer...

Oui, même telle, ma Russie,

C'est toi qu'entre toutes je chéris !

( Traduction Sophie Laffitte).

Le véritable amour de Blok aura été la Russie. Il l’aime et la hait voyant ce mélange étroit de porcin et de divin, de vulgaire et de sublime. « Cet amour qui hait » sera le pivot de son œuvre et de sa vie. C’est vers cette terre que convergent les autres mondes. Terre sacrée, terre maudite, « sa vie, sa femme ». Terre mystique donc, déifiée, réinventée.

Ce mysticisme romantique le poussera naturellement vers la révolution dont il ne perçoit au début que l’irruption d’un autre monde rédempteur : « je vois derrière les épaules de chaque soldat rouge des ailes d’ange ». Cette ivresse d’une révolution culturelle l’emportera dans le délire extraordinaire du poème « les Douze » écrit d’une seule coulée entre le 8 et le 28 janvier 1918. Un cyclone de vers répondait à un cyclone révolutionnaire. Blok était un médium entre les autres mondes. Celui de la révolution en était un monde possible. Mais Blok croyait surtout en une révolution cosmique du monde, en des chocs de l’âme. Le miracle attendu de l’irruption d’autres mondes, n’eut pas lieu.

L’amertume ne pouvait que l’enfermer dans son drame. Il n’élèvera pas la voix, il fera silence et solitude, il s’éteindra au milieu des jours noirs, loin des mondes infinis. Mais ses mots étouffés dans sa gorge sont un terrible témoignage.

 

Nous mourons tous, mais l’art reste.

 

L’effacement de Blok

Déliquescent, il sera devenu nuage. Indifférent et ayant presque cessé en d’exister.

Il tombe malade dès 1918 et semble partir en lambeaux. « L’air est muet ; tout devient terriblement silencieux ». En fait l’air que le poète n’arrive plus à respirer est cette musique intérieure qui le nourrissait, passage entre les mondes. L’entre-deux est muet, il ne peut plus qu’errer. L’angoisse gonfle, gonfle en lui. Le vide lui fait un mal atroce. Il entre dans les « châtiments ».

Je n’ai plus ni corps ni âme. Je suis malade comme je ne l’ai jamais été.

La petite mère Russie l’a bien dévorée et les poèmes altiers des Douze et des Scythes, de 1918 n’auront pas été des chants de gloire mais des chants d’adieu à la Russie. D’ailleurs il n’écrira quasiment plus un seul vers après ceux-là. Il mourra moins de maladie, réelle toutefois, mais de profonde détresse morale. L’arrivée des petits fonctionnaires censeurs qui veulent mettre l’art au pas le blesse profondément. Il se laisse aller comme une épave, maigre, les cheveux blancs, mal habillé, souffrant de troubles mentaux. Pour lui il n’y a plus de Russie. Il n’a plus le poète Blok, dissout dans le néant qui s’avance comme une marée.

« Et quand on nous prend la paix et la liberté... La paix de l’âme nécessaire pour créer… La liberté de créer, la liberté secrète. Et voici que le poète meurt, parce qu’il ne peut plus respirer ; la vie pour lui a perdu son sens » (Discours de Blok pour l’anniversaire de la mort de Pouchkine à la Maison des Écrivains en février 1921)

 

Six mois plus tard Blok est mort. « Le manque d’air tue les poètes » ! Il aura donné un ultime récital de poésie avec ses textes préférés : La muse, Le champ de Koulikovo, des textes des Vers à la Belle dame.

« Je deviens sourd, je deviens sourd ! » seront ses mots répétitifs car la musique s’est éteinte à jamais.

Et après les deux éruptions des épopées des Douze, le 28 janvier 1918, et des Scythes, le 30 janvier 1918, le surlendemain, Blok n’écrira pratiquement plus un seul vers pendant trois ans. Trois ans de silence, de sons étranglés en lui de 1918 à 1921. Peut-on imaginer l’étendue de son désespoir pour en arriver à être un fantôme, un mort-vivant, trois ans avant sa mort physique ? Abandonné par l’espérance, rendu sourd aux vibrations, il se laissera glisser dans le silence. Pressentir la vérité à quoi bon ? La vérité était morte, l’art devait aussi mourir et ainsi du poète. Il pressentait l’abîme, l’abîme était vivant, le monde en douleurs. À quoi bon les vers, quand on meurt de faim ou d’une balle dans la tête tout alentour ? Il aura été ce Christ « irressuscité », martyr de cet effondrement de civilisation. Le paradis terrestre si proche d’après les nouveaux maîtres n’est que famine. « Cadavre parmi les hommes », sa mort réelle survint avant sa mort physique. Elle arriva après bien des jours de hurlements, le 7 Août 1921.

Il sera parti un matin « pour abattre le lilas, le bois de bouleaux et le ravin ». (prose de « Ni rêve, ni réalité »)

La fin de Blok sera la fin d’un monde.

Attends ami et prends patience

il n’y a en plus pour très longtemps,

Peu importe car tout passera,

Car personne ne comprendra,

ni qui tu es, ni qui je suis

Ni ce que chante le vent

Pour nous en sonnant...

(Octobre 1913-août 1914, Traduction Pierre Léon)

 

La poésie d’Alexandre Blok

 

« L ‘univers de Blok est un univers visionnaire dont l’essence est musique : sous un voile de couleurs changeantes, il ne peut être profondément perçu qu’en sons. Cet univers visionnaire est pour Blok le seul réel...Jusqu’à la dernière minute de sa vie il a cru à la réalité des autres mondes et à la possibilité de les percevoir, de les entendre, de les voir ; et cela non dans de rares exceptions, mais partout, toujours » (Sophie Laffite, Seghers 1958)

 

Il était l’homme des sons et des visions, des paroles fulgurantes portées par la science de la musique de la langue russe. Il savait faire chanter le vent et les sentiments.

Je ne distingue pas la vie du rêve ni de la mort, ni ce monde-ci des autres mondes.

Il écrivait comme un médium, comme l’un des rares à avoir tendu son oreille sur le ventre de la mère-patrie. Lui qui ne connaissait rien à la musique était pourtant celui sachant transcrire le moindre tressaillement des rides du monde. Il était habité par les rythmes, les mille bruits de la vie et les craquements de la mort. Homme des sons, il les liaient, les faisaient chanter, et savait entendre le bruit obscur de la chute du vieux monde et les clameurs de la révolution.

La tragédie de Blok fut sa fermeture aux sons : « Tous les sons se sont tus. Est-ce que vous n’entendez pas qu’il n’y a plus de sons » dira-il à la fin de sa vie.

Quand la source souterraine se tarira, Blok deviendra muet.

 

Enfermer Blok dans l’enclos du symbolisme russe n’explique pas grand-chose. Il est ailleurs. Il détestait les écoles, les théories, la technique poétique. Tout coule naturellement dans ses vers. Tout est aérien et suspendu. La forme l’indiffère. Mais il est musique et sons : « Un poète, c’est un porteur de rythmes ».

Sa poésie a passé les lignes de démarcation entre les mots.

Toute l’œuvre de Blok tient en trois volumes et deux ou trois autres poèmes.

« Tous mes vers écrits depuis 1897 peuvent être considérés comme un journal intime »

Elle porte en sa chair sa passion pour la poésie de la terre russe, la beauté de l’Inconnue, celle aussi de la Belle Dame. Et aussi son éthique, sa quête qui se brisera.

Ce lyrisme, cette quête de la musique intérieure et de la musique des mondes, poussés à une telle pureté ne se retrouve que chez Rilke. Le même reproche de préciosité dans les poésies du début peut leur être adressé. La même lumière infinie de la maturité leur est commune.

La poésie de Blok est étrange, obscure souvent. Il faut tendre l’oreille pour que ce flou qui coule dans ses vers vienne à vous. Tout est insaisissable, léger, car cela vient d’ailleurs, du fond de territoires d’autres mondes, d’étranges visions, de musiques irréelles. Orphée qui ne serait pas allé chercher Eurydice, mais la musique d’au-delà des fleuves noirs. L’homme « aux yeux si clairs » est le poète de l’indécis : reflets, brume, nuit, étranges sommeils, rêves en lambeaux donnent à ses vers cet entre-deux mystérieux. Le réel n’est qu’un lointain nuage. Un vent froid, des nuits en velours dangereux, des brouillards passent dans ses vers. La poésie de Blok est à mi-chemin entre les ténèbres et les douceurs de l'infini.

Les mots de Blok semblent parfois des corbeaux sur la neige. Une transcription d’une attente qui nous est inconnue. Ce sont des « hymnes oubliés » qui veulent nourrir le monde.

« Toute poésie est un voile étendu sur la pointe de quelques mots. Ces mots-là brillent comme des étoiles. C'est à cause d'eux qu'une poésie existe... » (Lettre de Blok du 21 décembre 1906)

Les traducteurs de Blok parlent de sa langue à la fois très simple et très obscure, de son attachement aux traditions et à sa radicale nouveauté. Et sa musique ne peut être entendue qu’en langue russe : Ce voile flou qui monte comme brume de sa poésie est une fumée vers le ciel. Blok est avant tout mystique. Il écrivait des vers qui lui échappaient, car il ne semblait être que le transcripteur de forces qui le dépassaient. Il lui revenait de mettre tout son génie des sonorités, des rythmes, des mètres pour s’acquitter d’une sorte de mission sacrée. Il est un arc tendu vers l’obscur.

« Parvenue à sa limite la poésie se noiera probablement dans la musique » (Blok, Carnets)

La poésie de Blok est allée à ses limites, c’est nous qui coulons dans son fleuve.

 

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e Loup des mers (titre original : The Sea-Wolf) est un roman de l'écrivain américain Jack London publié aux États-Unis en 1904. En France, il a paru pour la première fois en 1926.

En 1893, Jack London embarque pour une campagne de chasse au phoque dans le Pacifique Nord à bord de la goélette Sophia Sutherland. À partir de cette expérience, London écrira son premier récit: « Histoire d'un typhon au large des côtes du Japon », pour un journal de San Francisco. Ce voyage servira aussi de trame à son roman « Le Loup des mers ». Pour le personnage principal, Loup Larsen, il s'inspirera de la vie aventureuse d'Alexander McLean, « connu pour avoir eu un passé de brute et, pour ce qui était de la violence physique, personne n'allait plus loin que lui dans le monde des chasseurs de phoques 

La Raison du plus fort : voilà la devise de Loup Larsen, capitaine de la goélette Le Fantôme. Violent, brutal, meurtrier, ne vivant que pour vaincre et dompter les autres, Loup, à la force de titan, terrorise son équipage fruste de matelots et de chasseurs de phoques. Secouru à la suite d'un naufrage, Humphrey Van Weyden, homme de lettres distingué, est contraint d'intégrer l'équipage de la goélette pour « apprendre à marcher avec ses deux jambes ».

Délicat, croyant à l'immortalité de l'âme, Humphrey est confronté au matérialisme cynique de Larsen. Il découvre peu à peu un monde sans règles apparentes. Commençant au poste de mousse, il assiste le cuisiner du Fantôme dans la préparation des repas, il devient par la suite le second de Larsen. Le périple est notamment rythmé par les échanges philosophiques entre les deux hommes. Deux membres de l'équipage, George Leach et Jonhson, montent une partie de l'équipage contre Larsen et tentent de l'assassiner. Après l'échec de leur tentative, ils fuient le navire sur un canot en direction du Japon. Ils seront rattrapés par Loup Larsen qui les laissera mourir noyés. Le même jour, une jeune femme Maud Brewster, poétesse célèbre et ses 4 compagnons, tous rescapés d'un naufrage, sont récupérés par Le Fantôme et enrôlés à leur tour dans l'équipage. Humphrey s'éprend de la jeune femme, mais le sinistre Loup la convoite.

Profitant des migraines terribles qui clouent momentanément Loup Larsen dans sa cabine, le couple s'enfuit une nuit en direction du Japon, ils dérivent pendant de nombreux jours et finissent par débarquer sur une île remplie de phoques, inhospitalière et peu fréquentée des voies navigables. Ils organisent tant bien que mal leur survie sur l'île se résignant à y passer l'hiver. Un matin, Humphrey Van Weyden découvre Le Fantôme échoué sur les rivages de l'île. Seul Loup Larsen est à bord, l'ensemble de l'équipage a péri. Celui-ci a perdu la vue, mais trouve encore l'énergie de saboter la réparation de la goélette entreprise par le couple et essaye de tuer Humphrey. Il échoue et finit par mourir. Humphrey et Maud peuvent enfin remettre le Fantôme à flots et quitter l'île

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Un drame en Livonie est un roman policier de Jules Verne, paru en 1904.Le roman paraît d'abord en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation du 1er janvier au 15 juin 1904, puis en volume à partir du 7 juillet de la même année chez Hetzel En 1876, un innocent est accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis en Livonie (actuelle Estonie et Lettonie) ; en toile de fond, il y a l'hostilité entre, d'un côté, les Russes d'origine slave, pauvres, et, de l'autre, les Russes d'origine allemande, riches (bourgeois ou nobles).

Ce roman a été initialement prévu pour être édité sous forme de feuilleton, aussi de nombreux chapitres se terminent-ils par un coup de théâtre, plus exactement par un effet de cliffhanger.

En Livonie, l'employé de banque Poch qui transportait de l'argent est assassiné dans l'auberge de la Croix-Rompue (chapitre VI). Il était sur le point de se marier, ce qui émeut d'autant plus l'opinion publique. Le principal suspect est le professeur Dimitri Nicolef. Il était la seule personne présente, en dehors de l'aubergiste allemand Kroff, dans l'auberge. Le professeur est aussi le représentant des Slaves lors des prochaines élections municipales dans la ville de Riga, il doit de plus beaucoup d'argent (chapitre III) aux banquiers Johausen qui représentent les Allemands aux prochaines élections.

Ilka, la fille du professeur et son fils soutiennent leur père. Le fiancé d'Ilka, l'avocat Wladimir Yanof, est un prisonnier politique qui s'était enfui des mines de Sibérie. Il prend le risque de venir prouver l'innocence du professeur (chapitre XI) ; le tsar a la générosité d'amnistier le prisonnier en fuite (chapitre XII), au grand désarroi des bourgeois et nobles allemands. Le gendre Yanof fait une deuxième intervention pleine de générosité, mais qui s'avère désastreuse et semble prouver la culpabilité du professeur. Ce dernier s'enfuit et est retrouvé mort, semblant s'être suicidé (chapitre XIV). Sa fille elle-même est convaincue de sa culpabilité et refuse d'épouser l'avocat, se jugeant indigne de lui. Un deus ex machina résout le problème à la fin : le vrai assassin, l'aubergiste Kroff, sur le point de mourir d'une congestionpulmonaire, se confesse auprès d'un pope et révèle ce qu'il a fait pour que toutes les preuves s'accumulent contre le professeur.

Le terme de constatations médico-légales existait déjà à l'époque (chapitre VI). Les traces du couteau ayant provoqué la mort de l'employé de banque sont relevées : il s'agit d'un couteau avec une virole à ressort (chapitre VII). Dans un précédent roman de Jules Verne (Les Frères Kip), la virole d'un kriss avait déjà servi à identifier avec précision l'arme de l'assassinat.

Le docteur Hamine, qui fait l'analyse médico-légale, est un ami de la famille. Il a beaucoup d'estime pour le professeur.Contrairement à beaucoup de livres de Jules Verne, il y a très peu d'humour dans ce livre ; une seule fois, il fait preuve d'ironie (chapitre VI) : le domestique Trankel fait une erreur, le banquier se montre paternaliste, puis d'une façon très cérémonieuse lui indique d'aller se faire donner 25 coups de verges par un policier.

sources Wilkipèdia

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Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray) est un roman d'Oscar Wilde, publié en 1890 (révisé en 1891) et écrit dans le contexte de l'époque victorienne. L'auteur y inclut des thèmes relevant de l'esthétique tels que l'art, la beauté, la jeunesse, la morale et l'hédonisme. Le roman est fantastique, mais aussi philosophique, et met en lumière la personnalité équivoque du dandy irlandais ainsi que le courant décadentiste, ce qui suscite de virulents échanges de lettres entre Wilde et plusieurs journaux très critiques jugeant l'œuvre « répugnante »1.

Principal représentant du courant de l'esthétisme anglais, Oscar Wilde profite de son roman pour faire part des grands concepts ainsi que pour les interroger. On peut voir en Lord Henry l'auteur lui-même, dandy hédoniste, amoureux de mots et des turpitudes de la langue, connu pour ses mœurs légères.

L'influence de La Peau de chagrin de Balzac sur Le Portrait de Dorian Gray est souvent évoquée. On peut voir un certain rapport entre les deux romans à travers la notion de décadence physique2. Ou bien mettre en doute cette hypothèse :

« Un unique roman, Le Portrait de Dorian Gray, très souvent associé à La Peau de Chagrin à travers le mythe de Faust, mais qui avoue peu ses références balzaciennes. Peut-on considérer que les trois premières comédies de salon de Wilde sont des chapitres anglais de La Comédie humaine ? Cela reste à démontrer. Le monde de Wilde, même quand il décrit les mêmes milieux sociaux de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie, semble très éloigné de celui de Balzac. »

Le Portrait de Dorian Gray traite du rôle des influences dans le destin d'un homme. Tout commence en effet avec les mots de Lord Henry, qui font prendre conscience à Dorian à la fois de sa beauté, et du caractère éphémère de celle-ci. C'est ce qui déclenche son vœu insensé. Sans l'influence des mots de Lord Henry, pas de roman. Or si les influences ont leur importance pour la trame du roman, elles en ont également beaucoup dans l'écriture d'Oscar Wilde.

On retrouve notamment une grande figure de la décadence romaine, Pétrone, auteur du Satyricon. Pour les auteurs un héros décadent, par son comportement, sa recherche de plaisirs toujours plus raffinés et pervers, son mal-être typique de cette fin de siècle, incapable de trouver plus qu'une jouissance éphémère dans la dépravation de son âme.

Il fait également référence à Théophile Gautier, avec qui il partage une conception de l'art comme puisant sa beauté de son inutilité : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. » (Préface de Mademoiselle de Maupin)

On retrouve dans le roman l'influence de Walter Pater, qui fut le maître de Wilde à Oxford, et qui a contribué à définir l'esthétisme. Son œuvre La Renaissance fut très controversée par sa défense de l'hédonisme et une certaine amoralité. On peut retrouver une illustration du courant de l'esthétisme dans les propos de Lord Henry : « Nous ne savons plus donner de jolis noms aux choses et pourtant les noms sont tout. C'est pourquoi je déteste le réalisme vulgaire en littérature. L'homme qui appelle une bêche une bêche devrait être condamné à en tenir une toute sa vie. Il n'est bon qu'à cela. »

Cependant, l'influence la plus marquante dans ce livre est sans nul doute celle de Joris-Karl Huysmans et de son œuvre À Rebours. C'est le livre jaune donné par Lord Henry qui ensorcelle tant Dorian, et de nombreuses références implicites y sont faites, notamment dans tout le chapitre sur les objets que Dorian Gray collectionne (pierreries, tapisseries, parfums…) qui est une reprise plutôt fidèle de plusieurs chapitres de À Rebours. « Il composa ainsi le bouquet de ses fleurs : les feuilles furent serties de pierreries d'un vert accentué et précis : de chrysobéryls vert asperge ; de péridots vert poireau ; d'olivines vert olive ; et elles se détachèrent de branches en almadine et en ouwarovite d'un rouge violacé, jetant des paillettes d'un éclat sec de même que ces micas de tartre qui luisent dans l'intérieur des futailles. » La façon dont Des Esseintes séduit et influence un jeune garçon dans À Rebours est assez semblable à l'influence exercée par Lord Henry sur Dorian au début du livre.

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« Toute la Russie est notre cerisaie. La terre est vaste et belle, il y a beaucoup d'endroits splendides.
[Pause]
Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez de dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »

— Anton TchekhovLa Cerisaie (tirade de Trofimov, à la fin de l'acte II)

La Cerisaie est une pièce de théâtre d'Anton Tchekhov créée en 1904.

Commencée en 1901, la pièce – une comédie en quatre actes est achevée en septembre 1903. La première a lieu au Théâtre d'art de Moscou le , puis la pièce est représentée en avril à Saint-Pétersbourg, où elle connaît un succès plus vif encore. Tchekhov a écrit en partie sa pièce à la Datcha Blanche et dans le domaine de Constantin Stanislavski à l'été 1902, Lioubimovka, dont il s'inspire aussi pour sa pièce.

La pièce s'ouvre aux premières heures d'une journée fraîche du mois de mai dans la pépinière du domaine ancestral de Lyubov Andreyevna Ranevskaya, quelque part dans les provinces de Russie juste après le début du 20ème siècle. Ranevskaya vit avec un amant anonyme en France depuis cinq ans, depuis que son jeune fils s'est noyé. Après avoir appris qu'elle avait tenté de se suicider, la fille de Ranevskaya, Anya, âgée de 17 ans, et la gouvernante d'Anya, Charlotta Ivanovna, sont allées la chercher et l'ont ramenée en Russie. Ils sont accompagnés par Yasha, le valet de Ranevskaya qui était avec elle en France. Au retour, le groupe est accueilli par Lopakhin, Dunyasha, Varya (qui a supervisé le domaine en l'absence de Ranevskaya), Leonid Andreyevich Gayev, Boris Borisovich Simeonov-Pishchik, Semyon Yepikhodov et Firs.

Lopakhin est venu pour rappeler à Ranevskaya et Gayev que leur domaine, y compris le verger de cerisier, devrait être mis aux enchères en août pour rembourser les dettes de la famille. Il propose de sauver le domaine en en permettant le développement en chalets d'été; Cependant, cela nécessiterait la destruction de leur célèbre verger de cerisiers, connu au niveau national pour sa taille.

Ranevskaya profite de la vue sur le verger pendant la journée quand elle est surprise par Peter Trofimov, un jeune étudiant et ancien précepteur du fils de Ranevskaya, Grisha, dont la mort a poussé Ranevskaya à quitter la Russie il y a cinq ans. A la consternation de Varya, Trofimov avait insisté pour voir Ranevskaïa à son retour, et elle était affligée par le rappel de cette tragédie.

Après le départ de Ranevskaya pour la soirée, Anya avoue à Varya que leur mère est lourdement endettée. Ils vont tous au lit avec un espoir renouvelé que le domaine sera sauvé et le verger de cerises préservé. Trofimov regarde après le départ d'Anya et marmonne "Mon soleil, mon printemps" en adoration.

Acte II se déroule en plein air au milieu de l'été sur le domaine familial, à proximité du verger de cerisiers. L'acte commence avec Yepikhodov et Yasha essayant de l'affection de Dunyasha, en chantant et en jouant de la guitare, tandis que Charlotta soliloque sur sa vie comme elle nettoie un fusil. Dans l'acte I, il a été révélé que Yepikhodov proposé à Dunyasha autour de Pâques; Cependant, elle s'est amourachée du Yasha plus «cultivé». Charlotta part pour que Dunyasha et Yasha puissent avoir du temps seuls, mais cela est interrompu quand ils entendent leur employeur venir. Yasha fuit Dunyasha pour éviter d'être pris, et Ranevskaya, Gayev et Lopakhin apparaissent, discutant une fois de plus du destin incertain du cerisier. Peu de temps, Anya, Varya et Trofimov arrivent aussi. Lopakhin taquine Trofimov pour être un étudiant perpétuel, et Trofimov épouse sa philosophie de travail et de but utile, à la joie et l'humour de tout le monde. Au cours de leurs conversations, un vagabond ivre et échevelé passe et demande de l'argent; Ranevskaya lui donne tout son argent sans réfléchir, malgré les protestations de Varya. Secoué par la perturbation, 

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En Bref.....

dans

le monde littèraire

en

1904

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Prix littèraires 

et 

Rècompenses

en

1904

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