la Plume du jour
- Par frederique Roustant
- Le 08/03/2024
- 0 commentaire
Aujourd'hui 8 Fevrier
nom de Plume d 'Aurore Dupin |
---|
Le Château des Désertes roman de 1853, George Sand a romancé le théâtre de Nohant dans sa notice.
« Durant plusieurs hivers consécutifs, étant retirée à la campagne avec mes enfants et quelques amis de leur âge, nous avions imaginé de jouer la comédie sur scénario et sans spectateurs, non pour nous instruire en quoique ce soit, mais pour nous amuser. Cet amusement devint une passion pour les enfants, et peu à peu une sorte d’exercice littéraire qui ne fut point inutile au développement intellectuel de plusieurs d’entre eux. Une sorte de mystère que nous ne cherchions pas, mais qui résultait naturellement de ce petit vacarme prolongé assez avant dans les nuits, au milieu d’une campagne déserte, lorsque la neige ou le brouillard nous enveloppaient au dehors, et que nos serviteurs même, n’aidant ni à nos changements de décor, ni à nos soupers, quittaient de bonne heure la maison où nous restions seuls ; le tonnerre, les coups de pistolet, les roulements du tambour, les cris du drame et la musique du ballet, tout cela avait quelque chose de fantastique, et les rares passants qui en saisirent de loin quelque chose n’hésitèrent pas à nous croire fous ou ensorcelés ».
George Sand, extrait de la notice du roman Le château des Désertes de l'édition Calmann Lévy, 1877.
Petite anecdote rapportée par Edmond Plauchut sur le théâtre de Nohant vue ou plutôt entendu par les paysans des alentours...
« Des paysans, qui à l'heure de minuit passaient non loin des haies et qui s'en revenaient un peu ivres d'une foire des environs, prétendaient que le château et le bois étaient hantés par des esprits et que "ça y revenait". Il s'en échappait à "nuitée", disaient-ils, des cris furieux et des plaintes, des voix qui riaient, qui chantaient, puis des coups de feu, le son d'un tambour battant la charge, des bruits de batailles et des instruments de musique jouant, le diable seul savait pour qui. Les paysans de ce temps-là ne savaient pas encore ce qu'était un théâtre ; ils ignoraient que tous les soirs, ou plutôt chaque nuit, on jouait la comédie ou le drame au château, et que c'étaient des voix d'artistes, des soli de piano ou de violon qui, par les fenêtres ouvertes, se répandaient dans la campagne silencieuse.
Illustrations : Théâtre de Nohant dans les années 1990 (collection privée) et de nos jours (Maison de GS), invitation au théâtre de Nohant manuscrite par George Sand (Collection privée), George Sand par Nadar (Collection privée).
Ajouter un commentaire