A la Une de la littérature classique
- Par frederique Roustant
- Le 12/08/2024
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Littéraire classique
Aujourd'hui 17 Août
Suite de mon propos d'hier. Extrait du "Chat Noir", des 24 août 1889 et 24 mai 1890, de Paul Verlaine. Seront édités ensuite dans le recueil Dédicaces. Voici un trio infernal : Germain, Arthur et Rodolphe. Trio, une image
« Un été chez Colette » / Cinéma en plein air / 22, 23 et 24 août à 21h30 - http://eepurl.com/iXcwQg
Atelier de création radiophonique - Marcher, danser, passer, parler, partir, Marguerite Duras
1H 58 à écouter (et en premier commentaire) : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/atelier-de-creation-radiophonique-marcher-danser-passer-parler-partir-marguerite-duras-9109938
Photo : Marguerite Duras à Paris en janvier 1988 - © Pascal Baril / Abacapress / Alamy
Une grande partie des notes et études non publiées de l'écrivaine britannique Virginia Woolf sont désormais accessibles en ligne grâce au projet britannique WoolfNotes. https://www.livreshebdo.fr/.../les-recherches-de-virginia...
Dans un petit essai paru en 1993, le philosophe André Grimaldi, grand lecteur de La recherche, dresse une phénoménologie de la jalousie dans l’imaginaire proustien.
Il organise son propos en 4 « théorèmes » où il voit la structure d’une théorie générale de l’amour selon Marcel.
1- « Le premier consiste à observer l'insignifiance de la personne aimée par rapport à notre amour même. » Comment serait-elle pour quelque chose à notre amour, puisqu'en elle-même elle n’est fournit que l’occasion?
2- Le deuxième théorème, Grimaldi le trouve plus Pascalien que Pascal lui-même : « Alors que selon Pascal, ecrit-Il, on n'aime jamais personne mais seulement des qualités, chez Proust (…) personne n'est jamais aimé qu'en dépit de ses qualités mêmes. »
3- Cela s’explique par un troisième théorème, qui condense l’esthétique générale de La recherche : « on aime d'une femme cela même qu'une œuvre d'art annonce et qui la constitue: un autre monde. »
4- « Mais, dit le quatrième théorème, « par rapport à l'art qui ne prétend pas tenir les promesses qu'il ne nous fait pas, l'amour est d'autant plus décevant qu'il ne peut jamais tenir les promesses qu'il ne pourrait exister sans nous faire. »
5- Enfin, le cinquième théorème donne la clef de cette vision infernale de l’amour que rien n’apaise, même la possession ou la séquestration de l’être aimé : « l'angoisse de l'absence est le tout de l'amour ».
Malédiction, torture permanente et irrationnelle, angoisse dévorante, la passion amoureuse chez Proust est donc essentiellement malheureuse. Mais ce n’est pas parce qu’elle serait corrompue par la jalousie qu’elle engendrerait : ce poison de la jalousie est consubstantiel au désir amoureux lui-même et s’efface avec lui, laissant le sujet amoureux désenchanté et effaré, comme Swann qui ne comprendra jamais qu’il ait pu vouloir mourir pour une femme qui n’était pas son genre.
Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette théorie : Swann et Odette, Albertine ou Gilberte et le narrateur, Charles et Morel, Saint-Loup et Rachel, etc.
En soixante pages, denses mais lumineuses, Nicola Grimaldi nous donne les clefs de cette énigme mathématique de la passion amoureuse-et-jalouse.
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