Passion des mots Russes
- Par frederique Roustant
- Le 13/12/2024
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Aujourd'hui 11 Novembre
Война и мир
Лев Толстой
Oui, Napoléon est grand parce qu’il s’est placé au-dessus de la Révolution, qu’il en a écrasé les abus en conservant tout ce qu’elle avait de bon, l’égalité des citoyens, la liberté de la presse et de la parole, et c’est par là qu’il a conquis le pouvoir. — S’il avait rendu ce pouvoir au roi légitime, sans en profiter pour commettre un meurtre, je l’aurais appelé un grand homme, dit le vicomte. — Cela lui était impossible. La nation ne lui avait donné la puissance que pour qu’il la débarrassât des Bourbons ; elle avait reconnu en lui un homme supérieur. La Révolution a été une grande œuvre, continua Pierre, qui témoignait de son extrême jeunesse, en essayant d’expliquer ses opinions et en émettant des idées avancées et irritantes. — La Révolution et le régicide une grande œuvre ! Après cela,… Mais ne voulez-vous pas passer à l’autre table ? répéta Anna Pavlovna. — Le Contrat social ! repartit le vicomte avec un sourire de résignation. — Je ne parle pas du régicide, je parle de l’idée. — Oui, l’idée du pillage, du meurtre et du régicide, dit en l’interrompant une voix ironique. — Il est certain que ce sont là les extrêmes ; mais le fond véritable de l’idée, c’est l’émancipation des préjugés, l’égalité des citoyens, et tout cela a été conservé par Napoléon dans son intégrité. — La liberté ! l’égalité ! dit avec mépris le vicomte, qui était décidé à démontrer au jeune homme toute l’absurdité de son raisonnement… Ces mots si ronflants ont déjà perdu leur valeur. Qui donc n’aimerait la liberté et l’égalité ? Le Sauveur nous les a prêchées ! Sommes-nous devenus plus heureux après la Révolution ? Au contraire ! Nous voulions la liberté, et Bonaparte l’a confisquée
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1805 à Moscou, en ces temps de paix fragile, les Bolkonsky, les Rostov et les Bézoukhov constituent les personnages principaux d'une chronique familiale. Une fresque sociale où l'aristocratie, de Moscou à Saint-Pétersbourg, entre grandeur et misérabilisme, se prend au jeu de l'ambition sociale, des mesquineries, des premiers émois. 1812, la guerre éclate et peu à peu les personnages imaginaires évoluent au sein même des événements historiques. le conte social, dépassant les ressorts de l'intrigue psychologique, prend une dimension d'épopée historique et se change en récit d'une époque. La "Guerre" selon Tolstoï, c'est celle menée contre Napoléon par l'armée d'Alexandre, c'est la bataille d'Austerlitz, l'invasion de la Russie, l'incendie de Moscou, puis la retraite des armées napoléoniennes. Entre les deux romans de sa fresque, le portrait d'une classe sociale et le récit historique, Tolstoï tend une passerelle, livrant une réflexion philosophique sur le décalage de la volonté humaine aliénée à l'inéluctable marche de l'Histoire ou lorsque le destin façonne les hommes malgré eux.
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