le Conte du Jour
- Par frederique Roustant
- Le 12/08/2024
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Bonjour
Nous sommes le 12 Janvier
Dès juin 1764, les montagnes austères et sauvages du Gévaudan furent plongées dans une terreur indicible. Ce vaste territoire, où l'horizon se perdait dans un enchevêtrement de forêts sombres et de collines escarpées, abritait des secrets aussi anciens que les hommes qui osaient y vivre.
Mais cet été-là, un nouveau malheur vint s'ajouter aux craintes séculaires des habitants : une série d'attaques sauages et inexplicables, laissant derrière elles des carcasses déchiquetées et des cadavres mutilés.
Les premiers signes du fléau apparurent dans les bois, là où les bûcherons, autrefois sûrs de leur force et de leur hache, commencèrent à ressentir une présence malveillante. Un berger fut retrouvé, la gorge arrachée, son visage figé dans une expression de terreur qui glaçait le sang.
Les loups, ces compagnons de toujours dans les contes d'épouvante des villageois, furent d'abord accusés. Mais les blessures infligées étaient trop horribles, trop systématiques, pour être l'œuvre d'une simple meute affamée.
Bientôt, d'autres victimes s'ajoutèrent à cette funeste liste. Des femmes, des enfants, parfois même des hommes robustes, furent attaqués dans la clarté du jour. Leurs cris résonnaient dans les vallées, se mêlant au sifflement du vent et aux hurlements des bêtes nocturnes.
L’imagination des habitants, déjà marquée par les superstitions, s’enflamma. On parlait d’une créature, mi-loup, mi-démon, dotée d’une force prodigieuse et d’une soif de sang inextinguible. Les récits se répandirent, nourris de peurs ancestrales, et bientôt la Bête du Gévaudan devint le cauchemar incarné.
Le temps passant, la panique gagna les bourgs et les villages. Le Gévaudan tout entier se trouvait plongé dans l'effroi. La Bête semblait se jouer des hommes, surgissant là où on ne l’attendait pas, disparaissant sans laisser de traces.
Les forêts, autrefois refuge, étaient désormais perçues comme des abîmes de mort. Les portes se fermaient plus tôt, les feux brûlaient plus fort, mais rien ne semblait pouvoir protéger les innocents de cette présence maléfique. Les prêtres prêchaient la prudence, mais imploraient aussi le ciel, pensant que cette créature n’était rien de moins qu’un châtiment divin.
Face à l'ampleur des massacres, le Roi Louis XV, bien que loin de ces montagnes inhospitalières, ne pouvait ignorer les appels désespérés de ses sujets. Il décréta alors une traque acharnée.
Des chasseurs, des soldats, et même des nobles se mirent en route vers le Gévaudan, bien décidés à mettre fin à ce règne de terreur. Mais la Bête, toujours plus insaisissable, déjouait les embuscades et échappait aux pièges tendus par des hommes qui commençaient eux-mêmes à douter de leur succès.
Les récits se multipliaient, chacun plus terrifiant que le précédent. On prêtait à la Bête une intelligence maléfique, une vitesse surnaturelle, et une capacité à se fondre dans les ombres. Le moindre bruit dans les bois, la moindre silhouette aperçue dans la pénombre, et c’était l’effroi qui s’emparait des cœurs.
Enfin, après des mois de terreur, la traque aboutit. Un chasseur du nom de Jean Chastel, homme d’une foi inébranlable, se porta volontaire pour affronter la créature. Il confectionna lui-même des balles d’argent, bénies par un prêtre, certain que seule une arme sacrée pourrait mettre fin aux exactions de cette bête démoniaque. Le 19 juin 1767, dans une clairière isolée, il fit face à la créature. Le face-à-face fut bref mais intense, et d’un coup de feu, il abattit la Bête.
Le Gévaudan fut enfin libéré de cette menace qui pesait sur lui depuis trois longues années. On exposa le corps de la Bête dans tout le royaume, comme pour prouver que le mal avait été vaincu. Mais les esprits, marqués par tant de récits d'horreur, restaient troublés.
Certains prétendirent que ce n’était pas la véritable Bête, que d’autres monstres rôdaient encore dans l’obscurité. D'autres encore affirmaient que la créature, malgré sa mort, hantait toujours ces montagnes. Et si les attaques cessèrent, les cauchemars, eux, continuèrent de hanter les nuits des habitants.
Au total, on prêta à la Bête d’avoir dévoré 83 individus. Aujourd’hui encore, les forêts du Gévaudan gardent le souvenir de cette époque sombre, et ceux qui s’aventurent trop loin dans ces bois disent parfois sentir une présence étrange, une ombre fugace dans l’épaisseur des arbres.
Comme si la Bête n’avait jamais vraiment disparu, rôdant toujours, attendant son heure pour semer de nouveau la terreur parmi les hommes.
M.L.Q. ® : https://www.youtube.com/@Mythes-et-Legendes-en-Question
Narcisse était un beau jeune homme qui chaque jour allait contempler sa propre beauté dans l’eau d’un lac. Il était si fasciné par son image, qu’un jour, il tomba dans le lac et s’y noya. A l’endroit où il était tombé, naquit une fleur qui fut appelée ''Narcisse''.
Mais Oscar Wilde terminait l’histoire différemment. Il disait qu’à la mort de Narcisse, les Oréades, divinités des bois, étaient venues au bord de ce lac d’eau douce et l’avaient trouvé transformé en urne de larmes amères.
« Pourquoi pleures-tu ? » demandèrent les Oréades.
– Je pleure pour Narcisse, répondit le lac.
– Voilà qui ne nous étonne guère, dirent-elles alors. Nous avions beau être toutes constamment à sa poursuite dans les bois, tu étais le seul à pouvoir contempler de près sa beauté.
– Narcisse était donc beau ? demanda le lac.
– Qui, mieux que toi, pouvait le savoir ? répliquèrent les Oréades, surprises. C’était bien sur tes rives, tout de même, qu’il se penchait chaque jour ! »
Le lac resta un moment sans rien dire. Puis :
– Je pleure pour Narcisse, mais je ne m’étais jamais aperçu que Narcisse était beau.
Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu’il se penchait sur mes rives, je pouvais voir,
au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté. »
« Voilà une bien belle histoire ! » dit l’Alchimiste. Paulo Coelho
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