Patrimoine culturel Charente
Littérature
La Renaissance littéraire (milieu du XVIe - début du XVIIe). Un grand dynamisme culturel animait les provinces de Poitou, Angoumois, Saintonge et Aunis dans les années 1550-1620. A cette époque, la vie intellectuelle n'avait pas encore fait de Paris sa capitale. Poitiers, ville ouverte aux idées nouvelles (humanisme, Réforme), connaissait alors une grande activité littéraire.
Les dames des Roches. Dans toute l'Europe, à partir de 1570, le salon littéraire des dames des Roches connut une grande renommée. Madeleine Neveu (née en 1520) et sa fille Catherine Fradonnet (née en 1542) accueillaient chez elles, à Poitiers, les grands esprits de l'époque, qu'ils fussent poètes ou savants. Scévole de Sainte-Marthe, en particulier, était un habitué de ce salon brillant et réputé. Une anecdote rapporte que l'avocat parisien Etienne Pasquier, lors d'une visite en 1579, vit une puce sur le sein de Catherine... S'ensuivirent moult plaisanteries et la composition de nombreux poèmes. Ainsi naquit le recueil intitulé La Puce de Madame des Roches, qui regroupe tous les vers (en français, grec et latin !) écrits sur ce sujet. Madeleine et Catherine furent elles-mêmes auteurs : oeuvres, secondes oeuvres, missives. Elles moururent toutes les deux en 1587, le même jour.
La poésie à Poitiers. C'est en Poitou que la poésie du XVIe siècle s'est originellement épanouie. Poitiers, cité universitaire au grand foisonnement intellectuel, a contribué largement à l'essor de la langue française. La ville a attiré de grands noms comme du Bellay (en 1545-1547), Baïf (en 1553-1554) et Peletier du Mans (en 1549-1552), en même temps que s'est intensifiée l'activité des imprimeurs locaux Marnefz et Bouchet (ce dernier était par ailleurs un grand ami de Rabelais). Salmon Macrin (1504-1557), originaire de Loudun, était considéré comme le plus grand poète latin de son temps. L'illustre Joachim du Bellay reprendra ses idées dans son ouvrage Deffence et illustration de la langue françoyse (1549). Un autre Loudunais, Scévole de Sainte-Marthe (1536-1623), dirigeait un groupe de poètes. Dans cette " Pléiade poitevine ", on trouvait Jean Vauquelin de La Fresnaye, Charles Toutain ou encore Roger Maisonnier. Leurs oeuvres imitaient celles des Anciens (poètes romains et grecs). Parmi elles, il faut citer la Médée écrite par Jean Bastier de La Péruse, auteur considéré comme le second poète tragique français par Pierre Ronsard lui-même. L'emblématique Scévole de Sainte-Marthe s'essaya à tous les genres poétiques à la mode, en français ou en latin : des sonnets, des odes, des élégies, des épigrammes. Il fut également l'auteur dePoedotrophia, traité de puériculture en vers latins qui laissa Ronsard béat d'admiration. Parmi les nombreux auteurs de la région, n'oublions pas les initiateurs du baroque français : Jacques de Charrans (1547-1621) et le très célèbre Agrippa d'Aubigné (1552-1630). Le baroque à la française se caractérise par le mouvement et l'effet de style, l'exubérance de l'écriture (esthétique liée à la mort, métaphores marquantes, symboliques effrayantes...), le thème de la solitude à fleur de peau, l'évocation de la violence et du sang, etc.
Peinture
La peinture trouve dès l'Antiquité sa pleine expression sur les fresques décorant les grandes villas gallo-romaines. Des traces ont été retrouvées par exemple lors des fouilles de la villa des Châteliers à Embourie en Charente. Cette pratique murale poursuit son essor au Moyen Age sur les murs et les plafonds des églises romanes. Le chef-d'oeuvre pictural de l'époque romane est en Poitou-Charentes, classé au patrimoine mondial de l'Humanité, ce sont les magnifiques fresques de l'abbaye de Saint-Savin. Mais il faut attendre le XVIIIe siècle et le XIXe siècle pour mieux connaître individuellement les peintres de Poitou-Charentes et les voir se développer en se libérant des thèmes événementiels et religieux. Il n'y a pas d'Ingres ou de Delacroix nés dans la région mais nombre de talents ont quand même proliféré, bénéficiant des enseignements des plus grands. En Charente, on pourra citer l'élan donné par Edouard May fondateur en 1850 de l'école de dessin d'Angoulême puis Jules Balmette, Léonard Jarraud, René Hérisson, Armand Vergeaud, Gaston Boucard ou Louis Suire qui, en général, ont trouvé leur voie en rendant hommage aux paysages ruraux et lumineux mais aussi en témoignant de la vie quotidienne. La mer, la lumière de Charente-Maritime ont attiré nombre de grands peintres tels Signac ou Redon et inspiré les peintres locaux parmi lesquels Gaston Balande, Eugène Fromentin, William Barbotin ou encore Julien Viaud dit Pierre Loti qui était un excellent dessinateur. A Poitiers, toujours pas de grands révolutionnaires de la peinture, et une tendance forte à préférer l'histoire à la géographie. Se détachent des autres artistes des noms comme Alfred de Curzon, Henri Doucet ou Pierre Duclos de la Haille et André Brouillet. Et comment expliquer que les Deux-Sèvres aient vu la naissance de plus de peintres en deux siècles que dans tous les autres départements ? D'après Christian Gendron, conservateur des musées de Niort, ce serait dû à l'éducation artistique prodiguée très tôt par des personnes de talent comme Bernard d'Agesci. Les peintres niortais étaient souvent enseignants tels que Louis-Alphonse Combe-Velluet. On peut noter aussi Julien Thibaudeau, Louis Ribouleau, Antonin Proust.
Cinéma
Le Charentes-Poitou est une terre de cinéma. De nombreux acteurs et réalisateurs sont nés dans la région : le Rochelais Bernard Giraudeau, le Charentais Christophe Malavoy, les Niortais Catherine Breillat et Henri-Georges Clouzot, le Pictavien Jules Berry, etc., ont participé ou participent encore à la belle et riche histoire du 7e art français. En outre, les paysages et le patrimoine locaux ont souvent été des sources d'inspiration pour les cinéastes. Vents de galerne, par exemple, tourné en 1989 par Bernard Favre, évoque le thème des guerres de Vendée. D'autres films connus ont été tournés dans la région : Pleure pas la bouche pleine (1973) de Pascal Thomas (à Moncontour, dans la Vienne et au Café des Arts de Thouars) ; La Révolte des enfants (1991), avec Michel Aumont (île d'Yeu) ; Aux yeux du monde (1991) d'Eric Rochant (Vivonne, Fleuré et Jaunay-Clan) ; L'Arbre, le Maire et la Médiathèque (1993) d'Eric Rohmer, avec Fabrice Luchini (à Saint-Juire-Champgillon). Sans oublier certaines scènes d'intérieur de la Jeanne d'Arc de Luc Besson (dans la superbe salle des Pas Perdus de Poitiers) ou encore Un Long Dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, (tourné à Montmorillon). La Charente est devenue également une terre de tournages, pour des séries télévisées notamment mais aussi pour le cinéma avec Les Destinées sentimentales d'Olivier Assayas, (2000). La cinéphilie picto-charentaise se traduit tous les ans par de nombreux rendez-vous spécialisés tels que le Festival du film policier de Cognac, les Rencontres internationales Henri-Langlois de Poitiers, le Festival international du film de La Rochelle ou les Cinésites Poitou-Charentes de Thenac. Dans un autre registre, le Futuroscope, près de Poitiers, contribue lui aussi à promouvoir la création audiovisuelle dans toutes ses dimensions.