Encyclopédie Diderot Lettre A
Diderot ouvre son Encyclopédie
avec
la
Lettre
A
On dit e le A en tant que son ne vient que de la conformation des organes de la parole et le caractère ou figure dont nous nous servons pour représenter ce son
nous vient de Valphades Grecs. Les Latins et les autres Peuples de l'Europe ont imité les Grecs dans la forme qu'ils ont donnée cctte lettre. Selon le Grammaires Hébraïques, et la Grammaire générale de P. R. p. i x. l'aleph ne sert (aujourd'hui ) que pour l'ecritureet n'a aucun son que celui de la voyelle qui lui est jointe. Cela fait voir que la prononciation des lettres est sujette à variation dans les Langues mortes comme elle l'est dans les Langues vivantes. Car il est constant selon M. Mascles et le P. Houbigan que l'aleph se prononçait autrefois comme notre a; ce qu'ils prouvent surtout par le partage d'Eusebe, Prep. Er. L. X. c. vj. ou ce P. soutient que les Grecs ont pris leurs lettres des Hébreux, Id ex Graecâ fingulorum elementorum appelatione quivis intelligit.Quid ellim aleph ab alpha magnopere differt?Qui autem vel betha a beth etc.
Quelques auteurs( Covaruvias) disent que lorsque les enfants viennent au monde pour la première fois ils souflent l'air des poumons les mâles font entendre le son de différentes voyelles selon qu'ils ouvrent plus ou moins la bouche. On dit un grand .A un petit I'a: ainsi a est du genre masculin comme les autres voyelles.de notre Al-phabet.
Le son de l'a avait bien que celui d est long en certains mots,et bref en d'autres a est long dans grand et bref dans placé. Ilsft long dans tâche quand ce mot signifie un ouvrage qu'on donne à faire; et il est bref dans tache macula et souillure. Il est long dans matin gros chien si bref dans matin premierë partie du jour. Voyezl'excellent Traité de la Profodie de M. l'Abbé d'Olivet.
Les Romains pour marquer le "a" long, l'écrivirent d'abord double Aala pour Ala c'est ainsi qu'on trouve dans nos anciens Auteurs Français aage et c.
Ensuite ils insérèrent un h entre les deux a Ahala. « Enfin ils mettaient quelquefois le signe de la syllabe longue,ala.
On met aujourd'hui un. accent circonflexe sur le "a" long, au lieu du s qu'on écrivait autrefois après cet "a" ainsi au lieu d'écrire mafiinj blafme, afne et. on écrit matin, blâme âne.Mais il ne faut pas croire avec la plupart des Grammairiens que nos Pères n'ecrivaient cette S après l'a,ou après toute autre voyelle, que pour marquer que cette voyelle était longue ils écrivaient cette S, parce qu'ils la prononçaient et cette prononciation est encore en usage dans nos Provinces méridionales où l'on prononce maftin,tefto,befti.
On ne met point d'accent sur le "a" bref ou commun. L'a, chez les Romains était appellè lettre salutaire_: lltura salutaris. Cic. Attic. ix. 7. parce que lorsqu'il s'agissait d'absoudre e,ou de condamner un acusè les juges avaient deux tablettes sur l'une desquelles ils écrivaient le "à" qui est la première lettre d' absolvo et sur l'autre ils écrivaient le c première lettre de condamné.Voyez A signe d'absolution ou de condamnation;et l'accusé était absout ou condamné.selon que le nombre de l'une de ces lettres,l'emportait sur le nombre de l'autre.
On a fait quelques usages de cette lettre qu'il est utile d'observer....
Revenons à notre leçon de Diderot......
Le A chez les Grecs était une lettre numérale .
Parmis nous les villes où l'on bat monnaie ont chacune pour marque une lettre de l'Alphabet,cette lettre se voit au revers de la pièce de monnaie au dessous des armes du roi. A est la marque de la monnaie de Paris.
Diderot s'intéresse à présent a la lettre A en tant que verbe ....voici ce qu'il nous dit :
Comme chacun sait:le A est la troisieme personne du présent de l'indicatif du verbe avoir:exemples:il a de l'argent;il a peur;à l'imitation des Latins:habeo perfuafum.
Nos pères écrivaient cet "a" avec un h:(il ha ;d'habet).
Diderot nous rappelle que l'on ne met jamais d'accent sur le "a" verbe.
Suite de notre leçon demain