collection Marie Antoinette christie's
Paris
– Le 3 novembre 2015 Christie’s France a présenté aux enchères la Collection Marie-Antoinette
L’ensemble de tableaux, dessins, livres et objets d’art du XVIIIème siècle, animaient le quotidien de la célèbre épouse de Louis XVI, la Reine Marie-Antoinette. Si certaines œuvres sont issues du génie des artistes les plus prestigieux de l’époque, tels Vigée-Lebrun, Quentin de La Tour,
Thomire ou Richard Mique et Claude-Louis du Châtelet qui exécutèrent tous deux les plans du Petit Trianon, d’autres sont anecdotiques, à l’instar du panier de vannerie qu’utilisait la Reine lors de sa détention à la Conciergerie ou du carton d’invitation au bal de mariage du Dauphin avec Joséphine de Saxe.
Chaque objet témoigne cependant de l’histoire du couple royal et retrace les événements qui ont marqué l’Histoire de France. La plupart des quelques 120 lots, estimés entre €650.000 et €1M, seront proposés pour la première fois aux enchères depuis plusieurs décennies.
Parmi les chefs d’œuvre de la collection, l’album des plans du Petit Trianon est la piècemaîtresse, tant par son importance historique que par ses qualités d’exécution. Il s’agit de l’exemplaire, resté inconnu jusqu’ici, de Marie-Antoinette, composé de 19 planches reliées en maroquin rouge à ses armes avec en pied le chiffre doré CT couronné (Château de Trianon). Le précieux in-folio est estimé entre 200.000 et 300.000 euros. L’album, datable de 1781, a été réalisé sous la direction de l’architecte Richard Mique, auteur des « fabriques » (théâtre, Belvédère et Temple de l'Amour) venues compléter le château primitif érigé pour Louis XV par Ange-Jacques Gabriel et offert par Louis XVI à son épouse.
Il est composé de plans, de vues aquarellées du théâtre (dont une mise en scène qui reste à identifier et le très beau plafond de Lagrenée) et de cinq délicates grandes aquarelles de Claude-Louis Châtelet représentant les principales attractions du petit Trianon (le jeu de bague chinois, les fabriques de Mique, la grotte où se réfugiait la Reine). Un autre ouvrage compte parmi les lots notables de la vacation
. Il s’agit du Manon Lescaut de l’abbé Prévost, édition de 1756, deux volumes reliés en veau aux armes de Marie-Antoinette et au chiffre CT de Trianon, estimés entre 25.000 et 35.000 euros. La présence du Manon Lescaut dans la bibliothèque de la Reine à Trianon est attestée par les inventaires anciens. Le savoir-faire des meilleurs artisans du XVIIIème siècle s’exprime également à travers les meubles et objets restés auprès de la Reine
. Ainsi, deux appliques seront proposées, estimées entre 60.000 et 100.000 euros. L’une d’elles a été exécutée vers 1788, très probablement par Pierre-Philippe Thomire pour la pièce des bains de la reine Marie-Antoinette au château de Versailles. Avant d’être exposé au château de Versailles de mai à novembre 1955 au sein de l’exposition Marie-Antoinette, Archiduchesse, Dauphine et Reine, ce médaillon d’époque Louis XVI était mentionné comme provenant du cabinet de la reine à Versailles lors de l’exposition Petit Trianon en 1867. Signé par Pierre-Joseph Lorthior (1733-1813), il est daté de 1781 et inscrit « MARIE-ANTOINETTE D’AUTRICHE REINE DE FRANCE 1774 », le revers porte l’inscription Grand sceau de la Chancellerie de la Reine, gravé par Lorthior graveur des médailles du Roy, 1781. Le très bel objet et son cadre en bronze doré émaillé dans le goût de Coteau sont estimés entre 20.000 et 30.000 euros.
Un nécessaire de voyage, estimé entre 40.000 et 60.000 euros sera également proposé ; il avait été présenté lors de la même exposition à Versailles en 1955 comme celui ayant servi lors de la fuite de la famille royale à Varenne. Cependant, aucune certitude n’atteste cette provenance, mais il est en revanche avéré qu’il s’agit d’un cadeau de la reine à sa femme de chambre Madame Augiè de Lascans comme l'indique la plaque sur le couvercle du nécessaire. Cette dernière est la sœur de madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette dont les mémoires sont un témoignage émouvant des derniers instants de la famille royale. Un important Portrait présumé de Berthélémy Augustin Blondel d’Azincourt signé Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783) et daté 1765 est estimé entre 50.000 et 70.000 euros
. Berthélémy Blondel d’Azincourt (1719-1794) était le fils d’Augustin Blondel de Gagny, grand amateur d’art qui constitua une collection importante de peintures et de sculptures. Cette collection fut dispersée lors d’une série de ventes aux enchères organisées après sa mort, en 1783. Nombre des œuvres furent acquises par des musées, dont une toile de Poussin maintenant conservée au Louvre. Berthélémy devint Intendant des Menus Plaisirs du Roi en 1784 avant de devenir Garde des pierres de la Couronne, et acquis plusieurs œuvres de la collection de son père en 1783. La section des dessins anciens s’ouvre sur un pastel attribué à Maurice Quentin de La Tour (1704-1788, à la provenance prestigieuse, représentant le Maréchal de Saxe (1696- 1750). Il a appartenu à Marie Justine Benoîte Duronceray (1727-1772), danseuse, actrice et dramaturge, maîtresse du maréchal de Saxe et femme de Charles-Simon Favart
. Le pastel restera dans la famille Favart jusqu’en 1887. Référencé dans de nombreux ouvrages sur La Tour dès le début du XIXe siècle, ce portrait a récemment été prêté lors de l’exposition Splendeur de la cour de Saxe, Dresde à Versailles, au château de Versailles en 2006. Il est estimé entre 50.000-70.000 euros. Enfin, une miniature ovale sur ivoire représentant La comtesse d’Artois (1756-1805) exécutée en 1777 par Francois Dumont (1751-1831) sera proposée entre 10.000 et 15.000 euros.
Le roi Umberto II d’Italie (1904-1983) comptait la miniature parmi les œuvres de sa collection. Elle fut d’ailleurs exposée en 1933 à Turin, au musée Il Faro, au sein de l’exposition Mostra di miniature avant d’être confiée pour vente après son décès par l’un de ses héritiers à la maison « Aux Menus Plaisirs » puis de réapparaitre en 1984 à la Biennale des Antiquaires à Paris.