la maison de bois Marie Antoinette
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Les maisons de bois pour les bals
de
la reine Marie-Antoinette
, 1784 - 1787
C’était le roi qui les donnait à la reine les mercredis de chaque semaine, depuis le commencement de l’année jusqu’au carême. Dans la partie du château située à gauche de la cour royale, était une ancienne salle de spectacle que ses étroites dimensions avaient fait abandonner. C’était là que se donnait la fête. On y ajoutait plusieurs de ces pavillons de bois conservés à l’hôtel des Menus-Plaisirs, et qui, dressés en peu d’instants, décorés en quelques heures, formaient des palais ambulants. La distribution changeait souvent, et la salle de 1786 se fit surtout remarquer par son élégance
. On entrait d’abord dans un bosquet de verdure garni de statues et de buissons de roses, et terminé par un temple ouvert où était le billard. La verdure un peu sombre du bosquet rendait plus éclatante l’illumination du billard. À droite, de petites allées conduisaient dans la salle de danse et dans celle du jeu ; et pour conserver aux joueurs le tableau de la danse sans laisser évaporer la chaleur de ce beau salon, on avait clos une des portes par une énorme glace sans tain, transparente au point qu’il fallait y placer un suisse en sentinelle pour empêcher quelques maladroits de vouloir passer à travers. La salle du bal était un carré long dans lequel on descendait par quelques marches. Tout autour régnait une galerie qui laissait la liberté de circuler sans nuire à la danse, qu’on pouvait examiner entre les colonnes ; c’était même de là que les personnes non présentées et admises dans les loges qui entouraient la salle en avaient la vue, et les pages avaient soin de leur y faire porter des rafraîchissements.
À l’autre extrémité de la salle de danse était le buffet, qui terminait la perspective de la salle de jeu. Il était placé dans une demi-rotonde. D’énormes corbeilles de fruits et de pâtisseries séparaient de grandes urnes antiques remplies de liqueurs, dont les couleurs s’apercevaient au reflet des lumières. Quatre coquilles de marbre contenaient des jets d’eau, qui jaillissaient toute la nuit et répandaient une douce fraîcheur dans la salle de danse, tandis que de nombreux tuyaux de calorifères échauffaient les autres appartements. Rien n’était oublié.
« Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI »
Félix comte de France d’Hézecques