Bernardin de Saint-Pierre,Paul et virginie
Bernardin de Saint-Pierre, né au Havre en 1737, fut l’un des rares auteurs français du XVIIIe siècle à s’opposer frontalement et sans ambiguïté à l’esclavage et au racisme, au nom de la fraternité entre tous les hommes.
Rêvant de voyages, ayant lu très tôt Robinson Crusoë, il était né dans un port négrier de Normandie et il eut l’occasion de faire un voyage à la Martinique à l’âge de 12 ans avec son oncle, capitaine de navire. Un voyage qui le dégoûta à jamais de faire carrière dans la marine, et qui lui fit sans doute découvrir toute l’horreur de l’esclavage, l’enfant ayant probablement compris – même si c’était un aller-retour en « droiture » sans passer par l’Afrique – à quoi servaient les bateaux de sa ville natale.
Ayant poursuivi ses études à Caen, il entra à l’École des Ponts et Chaussées. Mais sa carrière d’ingénieur du roi tournera court, du fait de sa difficulté à se plier aux hiérarchies.
Après un séjour décevant à Paris en 1760, il voyage, à la recherche d’un emploi stable auprès des cours européennes. Il revient déçu et pauvre et s’enferme pour écrire à Ville d’Avray en 1766.
En 1768, il obtient un emploi de capitaine-ingénieur à l’Île de France (île Maurice), alors colonie française esclavagiste.
Ce séjour, qui lui permettra également de se rendre à l’île Bourbon (La Réunion), sera décisif pour sa carrière littéraire et son engagement humaniste.
De retour à Paris en 1771, il fréquente les milieux littéraires de l’Encyclopédie et se lie avec Rousseau.
En 1773, à l’apogée de l’esclavage et de la traite française, Bernardin de Saint-Pierre publie, sous forme de lettres, son Voyage à l’Île de France, à l’Île Bourbon, au cap de Bonne-Espérance, par un officier du roi, un texte qu’il a rédigé sur place, en 1769.
La Lettre XII est un virulent réquisitoire contre l’esclavage et le colonialisme. Elle contient un paragraphe qui lave l’honneur de tout un siècle en fustigeant, sans les nommer, les contemporains de Bernardin de Saint-Pierre : Montesquieu, Voltaire et Rousseau.
« Je suis fâché que des philosophes qui combattent les abus avec tant de courage n’aient guère parlé de l’esclavage des noirs que pour en plaisanter. Ils se détournent au loin ; ils parlent de la Saint-Barthélemy, du massacre des Mexicains par les Espagnols, comme si ce crime n’était pas celui de nos jours, et auquel la moitié de l’Europe prend part. Y a-t-il plus de mal à tuer d’un coup des gens qui n’ont pas nos opinions, qu’à faire le tourment d’une nation à qui nous devons nos délices ? Ces belles couleurs de rose et de feu dont s’habillent nos dames ; le coton dont elles ouatent leurs jupes ; le sucre, le café, le chocolat de leurs déjeuners, le rouge dont elles relèvent leur blancheur : la main des malheureux noirs a préparé tout cela pour elles. Femmes sensibles, vous pleurez aux tragédies, et ce qui sert à vos plaisirs est mouillé de pleurs et teint du sang des hommes.»
La gloire littéraire de Bernardin de Saint-Pierre lui viendra au moment de son célèbre roman Paul et Virginie (1787).
Mais l’oeuvre la plus intéressante de Bernardin de Saint-Pierre n’a pas été publiée de son vivant.
Il s’agit d’Empsaël et Zoraïde, une pièce de théâtre dévastatrice, où il a eu l’idée d’inverser la situation qui prévalait à son époque : les Africains sont les maîtres, les Européens les esclaves.
Ce qui donne des tirades de ce genre :
« Je connais les blancs : dès qu’il y a quelque amitié entre deux esclaves blancs, il y a complot contre leur maître. Pour les gouverner, souvenez-vous de cette maxime : séparez ceux qui s’aiment et mettez ensemble ceux qui se haïssent. »
Ou bien :
« C’est le meilleur homme que je connaisse. Il aime les noirs et il a toujours quelque chose à leur donner. Il ne manque à ce blanc, pour être parfait, que d’être noir. »
« La couleur noire est la couleur naturelle de l’homme et de la femme. C’est le soleil qui la donne et elle ne s’efface jamais. La couleur blanche au contraire est une couleur malade qui ne se conserve qu’à l’ombre. Tous ces blancs d’Europe ont des visages efféminés. »
Autre exemple de dialogue :
Annibal :
-Nous avons en tout l’avantage sur les blancs. Nous montons à cheval sans selle et sans étriers; nous sommes plus légers à la course, plus forts à la lutte, plus agiles à la nage, plus adroits à la chasse et à la pêche… Est-ce qu’il y a quelque pays dans le monde où les noirs sont esclaves des blancs ?
Balabou :
-Oui, mon fils.
Annibal :
-Et comment se fait-il que les blancs puissent résister aux noirs ?
Balabou :
-C’est que les blancs emploient des arts magiques.
Annibal :
-Est-il possible ?
Balabou :
-Oui, ils ont commerce avec le diable.
Bernardin aurait eu l’idée de cette pièce dès 1771 et il aurait commencé à l’écrire vers 1775.
Mais le propos en était si ravageur, qu’il n’était question ni de la faire jouer, ni de la publier. Il y songera bien en 1797, mais dut vite y renoncer après la prise de pouvoir par Bonaparte.
On sait que la pièce circula et qu’il y eut des lectures en privé. La pièce ne fut éditée qu’en 1904 et, naturellement, jamais jouée, jamais rééditée non plus.
Bien entendu, Bernardin n’est pas considéré, dans les manuels de littérature française, comme l’auteur majeur de son siècle, mais plutôt comme un marginal trop sensible, et pour tout dire, un peu fou.
sources: Une Autre Histoire
Bernardin de Saint-Pierre naquit au Havre en 1737.
Élève de l’École des Ponts et Chaussées, dès son premier emploi, il se fait destituer pour son insubordination et sa susceptibilité. Il va servir à Malte, puis en Russie, d’où il passe en Pologne, manque d’aller en Sibérie, revient en France assiéger le ministère de sollicitations. Toute sorte de plans politiques l’occupent, il envoie mémoires sur mémoires aux ministères, sans oublier les mémoires de ses services et de ses droits, se fâche des gratifications pécuniaires qu’on lui accorde, et les empoche après s’être fâché.
La misère le décide à écrire : son Voyage à l’île de France (1773) et ses Études de la nature (1784) le font célèbre, et Louis XVI le nomme Intendant du Jardin des Plantes. La Révolution lui enlève ses places et ses pensions : elle en fait un professeur à l’École Normale. Napoléon et le roi Joseph lui rendent plus qu’il n’a perdu.
Marié deux fois, père d’un Paul et d’une Virginie, il jouit de sa gloire aussi paisiblement que son caractère quinteux le lui permet. Il meurt en 1814, à Éragny-sur-Oise où il avait sa campagne.
L’originalité de Bernardin de Saint-Pierre
Ceux qui se figurent Bernardin de Saint-Pierre d’après ses œuvres, se le représentent comme un suave bonhomme, au sourire angélique, à l’œil humide, les mains toujours ouvertes pour bénir ; c'était un nerveux, inquiet, chagrin, pétri de fierté et d'amour-propre, ambitieux, aventureux, toujours mécontent du présent, et toujours ravi dans l'avenir qui le dégoûtait en se réalisant, un solliciteur aigre, que le bienfait n'a jamais satisfait, mais a souvent humilié, un égoïste sentimental, qui aimait la nature, les oiseaux, les fleurs, et qui a sacrifié à ses aises, à ses goûts, les vies entières des deux honnêtes et douces femmes qu'il épousa successivement ; il accepta ces dévouements béatement, sereinement, comme choses dues, sans un mouvement de reconnaissance, sans même les apercevoir. Jamais caractère d'écrivain ne fut plus en contradiction avec son œuvre.
Caractère et philosophie :
causes finales et sentimentalité philanthropique
Et cependant cette œuvre s'explique par son caractère. La société le froisse ; il se rejette vers la nature. Il la regarde et l'interprète selon le besoin de son cœur; il y réalise son rêve d'ordre, d'harmonie, de bonté universelle, que la société avait trompé. Le malheur, c'est que le pauvre homme veut expliquer la nature sans être savant, et en se passant de la science. À chaque page des Études de la nature, son ineptie scientifique éclate ; il n'y a que lui qui à cette date puisse douter de la puissance des méthodes. II n'y a que lui aussi qui puisse trouver des arguments en faveur du mouvement du soleil autour de la terre. Il est désolant de suffisance sentimentale, quand il rejette sans la comprendre la théorie du renflement de la terre vers l'équateur, et rend compte du flux et du reflux, ou du déluge, par la fonte des glaces polaires. Compagnon des dernières promenades de Rousseau, il répète les leçons de son maître comme un élève inintelligent.
Cette haute doctrine de la Providence que Rousseau avait relevée, Bernardin de Saint-Pierre la compromet dans de ridicules applications, dans des raisonnements niais. Tout l'univers est une machine artistement montée par la Providence pour procurer le bien-être de l'homme ; ce ne sont qu'harmonies, concerts, convenances, consonances, prévoyantes, sans parler des compensations qui sont encore des convenances, et des contrastes qui sont des harmonies. Savez-vous pourquoi la Providence a mis les volcans au bord des mers ? « Si la nature n'avait allumé ces vastes fourneaux sur les rivages de l'Océan, ses eaux seraient couvertes d'huiles végétales et animales... La nature purge les eaux par les feux des volcans... Elle brûle sur les rivages les immondices de la mer. » Savez-vous pourquoi « la vache a quatre mamelles quoiqu'elle ne porte qu'un veau et bien rarement deux » ? Non ? le voici ; « Parce que ces deux mamelles superflues étaient destinées à être les nourrices du genre humain. » Vous doutiez-vous que « la nature oppose sur la mer l'écume blanche des flots à la couleur noire des rochers, pour annoncer de loin aux matelots le danger des écueils » ? Ceci est exquis ; « Les insectes qui attaquent nos personnes mêmes, quelque petits qu'ils soient, se distinguent par des oppositions tranchées de couleur avec celle des fonds où ils vivent ! » Louange au Seigneur qui fait vivre la puce noire sur la peau blanche, pour être plus aisément attrapée !
« Il n'y a pas moins de convenance dans les formes et les grosseurs des fruits.
Il y en a beaucoup qui sont taillés pour la bouche de l'homme, comme les cerises et les prunes ; d'autres pour sa main, comme les poires et les pommes ; d'autres beaucoup plus gros, comme les melons, sont divisés par côtes, et semblent destinés à être mangés en famille : il y en a même aux Indes, comme le jacq, et chez nous la citrouille, qu'on pourroit partager avec ses voisins. La nature paroît avoir suivi les mêmes proportions dans les diverses grosseurs des fruits destinés à nourrir l'homme, que dans la grandeur des feuilles qui devoient lui donner de l'ombre dans les pays chauds; car elle y en a taillé pour abriter une seule personne, une famille entière, et tous les habitans du même hameau. »
[Études de la Nature, 11]
À Rousseau encore, Bernardin de Saint Pierre a pris sa philosophie sociale, dont les effusions, mêlées sans cesse aux descriptions de la nature, font des Études un étonnant chaos. Mais là, encore l'essentielle imbécillité de ce disciple apparait ; c'est un Rousseau affadi, radotant, affecté d'une sécrétion surabondante des glandes lacrymales. Pour lui, athées, riches, savants, ces trois termes se tiennent; et c'est l'égoïsme des privilégiés qui a inventé les idées impies de force centripète ou centrifuge. La clef de la méthode scientifique, c'est la maxime ; faites fortune. Jamais la haine de l’inégalité sociale, du luxe, de l'aristocratie, l'amour de l'humanité, des humbles, de la simplicité, l'enthousiasme de la vertu n'ont revêtu des formes plus faussement, plus béatement, plus niaisement attendries ; dès qu'on regarde la pensée de ce pauvre homme, hélas ! le mot niais est celui qui revient toujours à nos lèvres. Le malheureux ! il est responsable en grande partie du cours qu'a pris pendant vingt ou trente ans la religiosité excitée puissamment par Rousseau.
C'est lui qui a créé les symboles de la religion philosophique, le culte laïque des grands hommes et des bons hommes, dont un Élysée national rassemblerait les cendres, les bustes, les monuments à côté des bienfaiteurs du genre humain, y seraient reçus de laborieux pêcheur et le charbonnier vertueux. C'est lui qui a placé au milieu d'une pelouse, dans une ile, agréable, un temple en forme de rotonde, entouré de colonnes dédié à l'amour du genre humain, et tout enguirlandé d'inscriptions morales. Soyons juste pourtant ; il a demandé des arbres sur nos boulevards, et de la musique pour les aliénés.
À travers l'incohérence et la puérilité des Études de la nature, on y découvre la matière d'un chef-d'œuvre, qui s'est fait : Le Génie du christianisme.
Lisez dans l'Étude onzième une page sur les migrations des animaux ; vous verrez où Chateaubriand a pris la méthode et l'idée de son livre. Parcourez ces titres ; du Merveilleux – Plaisir du mystère – du Sentiment de la mélancolie – Plaisir de la ruine - Plaisir des tombeaux – Plaisir de la solitude; vous vous demanderez ce que Chateaubriand a trouvé. Il n'a eu à trouver que l'idée très simple, l'idée de génie par laquelle la niaiserie philosophique est devenue efficace et profonde.
Harmonies pittoresques et rapports de tons :
Bernardin de Saint-Pierre coloriste.
Bernardin de Saint-Pierre a encore ceci de commun avec Chateaubriand, que sa puissance de retenir et de renvoyer les images dépasse infiniment sa capacité de comprendre et de rendre les idées. Ce piteux philosophe est un grand peintre. Si on ne lit ses Études de la nature que pour y chercher de pures notations d'impressions sensibles, des images de sons, de couleurs, de mouvements, on sera souvent charmé. Il explique ridiculement la création ; mais il a bien regardé les créatures. Et il nous habitue à les regarder. Prises comme enseignement d'art, ces études sont étonnantes par la justesse des indications qu'elles donnent sur les formes que l'univers offre pour matière à l'artiste. Ses descriptions ont cette précision serrée des détails qui en révèle l'origine ; elles s'appuient sur une sensation première, qui se réveille sans être affaiblie ni déformée. II a dans l'oreille les forêts agitées par les vents, dans l'œil les nuages colorés des tropiques. Ses tempêtes sont d'un rendu étonnant ; tel sifflement du vent, tel craquement du mât, tel aspect, telle hauteur, telle écume des vagues, telles formations ou fuites de nuages, telle rougeur ou noirceur du ciel, tout est relevé, évalué, déterminé. Le bonhomme a disparu, avec son optimisme, son humanité et sa Providence ; il n'y a plus qu'un artiste en face de la nature.
Sans y penser il nous achemine vers une révolution du langage ; car il lui faut des mots propres, des mots techniques, les seuls équivalents à ses sensations et significatifs de leurs objets. Il n'hésitera pas à nommer les convolvulus, les scolopendres, les champignons, les francolins, les oies sauvages, les palétuviers, les cocotiers, les calebassiers, les êtres les plus humbles et les plus vulgaires, les plus étranges et les plus inconnus du monde végétal et du monde minéral.
Aux épithètes littéraires qui qualifient, il substituera l'épithète pittoresque qui montre ; il nous fait voir l'ouara rouge et noir au milieu du « feuillage glauque des palétuviers », le savia jaune et gris perché sur le poivrier aux fleurs ternes, dont il mange les graines. La langue des couleurs est très riche chez lui ; il ne nous donne pas simplement du rouge, comme la plupart des écrivains avaient fait avant lui; mais il a toute une gamme de rouges ; incarnat, ponceau, carmin, pourpre, vermillon, corail. Il a plusieurs jaunes aussi ; jaune soufre, jaune citron, jaune d'œuf, orangé, safran, or, etc. Lisez le chapitre des couleurs ; il y décrit des positions et des rapports de tons dans un lever ou un coucher de soleil, des colorations de nuages, blanc sur blanc, ombres sur ombres, avec une exactitude qu'envierait un peintre. J.-J. Rousseau voyait le ciel bleu, comme tout le monde ; Bernardin de Saint-Pierre y a trouvé du vert, même « sur l'horizon de Paris », par une « belle soirée de l'été ».
Voilà les vraies découvertes qu'il a faites, et pour lesquelles la littérature lui est redevable. Du sentiment de la nature introduit par Rousseau, il nous fait passer à la sensation de la nature, à la pure sensation sans mélange d'idées ni même de sentiment. De la poésie il nous mène à la peinture, et il tente une hardie transposition d'art ; il rend avec les moyens de la littérature, avec des mots, des effets qui semblaient exiger la couleur.
Gustave Lanson, Histoire de la littérature française, 1894
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Wikipedia propose une biographie de Bernardin de Saint-Pierre. Le texte intégral de Paul et Virginie est consultable sur Wikisource.
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Paul et Virginie
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http://Paul et Virginie, version audio
est un roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, publié en 1788. Exemple du roman de la fin du xviiie siècle, il connut un immense succès qui dépassa les frontières.
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Paul et Virginie
décrit avec force les sentiments amoureux et la nostalgie du paradis perdu. L'auteur fut inspiré par ses amours déçues avec Françoise Robin. Au-delà du cadre exotique et de la description d'une société idyllique, Bernardin de Saint-Pierre expose dans ce roman sa vision pessimiste de l'existence. Ce roman est d'un registre pathétique.
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Paul et Virginie sont élevés comme frère et sœur par deux mères monoparentales dans la splendeur naturelle des paysages tropicaux d'une île et dans l'isolement du reste du monde. Ils mènent une vie idyllique baignant dans la vertu, la simplicité et l'altruisme, vivant du travail de leurs mains et de ce que leur prodigue la nature.
Lorsque pointe l'adolescence, Virginie sent naître en elle un sentiment amoureux qu'elle ne sait encore nommer. Les deux mères s'entendent pour marier leurs enfants qui, de tout temps, se sont si bien entendus, mais jugent qu'il serait encore trop tôt pour ce faire. Sur l'entrefaite, la tante de Madame de la Tour, mère de Virginie, propose à celle-ci d'envoyer sa fille en France, où elle pourra bénéficier de son riche héritage. Or Madame de la Tour s'était justement coupée de sa famille parce qu'elle avait été rejetée par celle-ci en raison de sa relation hors mariage avec le père de Virginie (mort depuis longtemps).
Après une longue hésitation, et songeant à l'utilité de séparer Paul et Virginie un certain temps avant leur union définitive, Madame de la Tour se laisse convaincre par sa tante, par le gouverneur et par l'évêque de l'île, pour persuader Virginie de faire le voyage. Celle-ci se soumet par pure obéissance, la mort dans l'âme.
Pendant l'absence de Virginie, qui durera un peu plus de deux ans, Paul meurt d'ennui et d'inquiétude quant aux sentiments de Virginie à son endroit.
Lorsque Virginie, après une expérience malheureuse, revient finalement, le navire qui la ramène de France est pris dans une tempête et échoue sur les rochers sous les yeux de Paul qui tente vainement de la sauver des flots. Paul ne tardera pas à succomber à la douleur de la perte de sa bien-aimée.
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Personnages
- Paul,
Habitant de l'Île de France,
il est, avec Virginie, le héros et protagoniste de l'histoire.
L'auteur le décrit comme « semblable à Adam,
ayant la taille d'un homme avec la simplicité d'un enfant »
. Il a été incarné, entre autres, par Pierre-François Pistorio
dans le feuilleton télévisé Paul et Virginie et par
Emmanuel Curtil dans la comédie musicale Paul et Virginie.
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- Virginie,
- L'auteur la décrit comme « douce,
- modeste, confiante comme Ève »
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- Madame de la Tour,
- mère de Virginie
- Habitante de l'Île de France,
- elle est la mère de Virginie, héroïne et protagoniste de l'histoire
- aux côtés de Paul. Le narrateur dit d'elle
- qu'elle avait « une grandeur d'âme incroyable ».
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- Marguerite,
- mère de Paul
- Habitante de l'Île de France,
- elle est la mère de Paul, héros
- et protagoniste de l'histoire aux côtés de Virginie
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- Domingue,
- esclave
- Marie, esclave et compagne de Domingue
- Fidèle, chien
- Esclave noir wolof de l'Île de France,
- il est un constant soutien de Paul et Virginie,
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- Le vieillard anonyme, le narrateur au début du livre
- Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais,
- gouverneur
- Le jeune homme, qui interroge le vieillard sur l'histoire des « "deux cabanes abandonnées »
Extraits
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- « Il y avait planté encore des pépins et des noyaux de badamiers, de manguiers, d'avocats, de goyaviers, de jacqs et de jamroses. La plupart de ces arbres donnaient déjà à leur jeune maître de l'ombrage et des fruits. Sa main laborieuse avait répandu la fécondité jusque dans les lieux les plus stériles de cet enclos. Diverses espèces d'aloès, la raquette chargée de fleurs jaunes fouettées de rouge, les cierges épineux, s'élevaient sur les têtes noires des rochers, et semblaient vouloir atteindre aux longues lianes, chargées de fleurs bleues ou écarlates, qui pendaient ça et là le long des escarpements de la montagne. »
- « Depuis le moment où le Saint-Géran aperçut que nous étions à portée de le secourir, il ne cessa de tirer du canon de trois minutes en trois minutes. M. de la Bourdonnais fit allumer de grands feux de distance en distance sur la grève, et envoya chez tous les habitants du voisinage chercher des vivres, des planches, des câbles, et des tonneaux vides. On en vit arriver bientôt une foule, accompagnés de leurs noirs chargés de provisions et d'agrès, qui venaient des habitations de la Poudre-d'Or, du quartier de Flaque et de la rivière du Rempart. Un des plus anciens des habitants s'approcha du gouverneur, et lui dit : « Monsieur, on a entendu toute la nuit des bruits sourds dans la montagne. Dans les bois, les feuilles des arbres remuent sans qu'il fasse de vent. Les oiseaux de marine se réfugient à terre : certainement tous ces signes annoncent un ouragan. — Eh bien! mes amis, répondit le gouverneur, nous y sommes préparés, et sûrement le vaisseau l'est aussi. »
- (Le vieillard, à Paul) « Pour vous, en rentrant en vous-même, vous n'avez rien à vous reprocher; vous avez été fidèle à votre foi. Vous avez eu, à la fleur de la jeunesse, la prudence d'un sage, en ne vous écartant pas du sentiment de la nature. Vos vues seules étaient légitimes, parce qu'elles étaient pures, simples, désintéressées, et que vous aviez sur Virginie des droits sacrés qu'aucune fortune ne pouvait balancer. Vous l'avez perdue; et ce n'est ni votre imprudence, ni votre avarice, ni votre fausse sagesse, qui vous l'ont fait perdre, mais Dieu même, qui a employé les passions d'autrui pour vous ôter l'objet de votre amour : Dieu, de qui vous tenez tout, qui voit tout ce qui vous convient, et dont la sagesse ne vous laisse aucun lieu au repentir et au désespoir qui marchent à la suite des maux dont nous avons été la cause. »
Influences
Les adaptations artistiques telles que des gravures ou des peintures étaient très en vogue aux xviiie et xixe siècles tant le succès de Paul et Virginie était immense.
Romans?
- Sacatove
- (1846),
- de
- Leconte de Lisle,
- commence par un hommage au roman et à son auteur.
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- Dans Un cœur simple
- (1877)
- Gustave Flaubert
- prénomme Paul et Virginie les deux enfants de madame
- Aubain, maîtresse de Félicité. Dans Madame Bovary
- (1856),
- le roman de Bernardin de Saint-Pierre est cité parmi les lectures d'Emma au couvent.
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- Guy de Maupassant
- y fait une référence dans Bel-Ami et L'Ami Patience.
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- Honoré de Balzac
- cite le roman, sans en préciser l'auteur dans un premier temps, dans Le curé de village :
- « l'un des plus touchants livres de la langue française [...] par la main du Génie »,
- écrit-il. Le romancier sera nommé plus loin : « [...]
- que le livre de Bernardin de Saint-Pierre lui avait fait concevoir de l'amour. »
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- Alphonse de Lamartine
- y rend hommage dans son roman Graziella
- (1849),
- où la lecture du récit de Paul et Virginie occupe une place centrale.
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- Des références à Paul et Virginie figurent
- dans le roman
- de J.M.G. Le Clézio, Le Chercheur d'or
- (1985).
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- Des références à Paul et Virginie figurent dans
- les romans
- de Georges Sand
- Indiana et Consuelo.
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Drame lyrique
- La musique n'est pas en reste :
- dès janvier 1794, au plus fort de la Révolution française,
- le compositeur Jean-François Le Sueur
- donna au Théâtre Feydeau
- un opéra intitulé
- Paul et Virginie,
- ou
- Le Triomphe de la vertu, drame lyrique en 3 actes,
- qui obtint un grand succès
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1 projet de contrat entre Victor Massé et Albert Vizentini,
directeur du théâtre de la Gaîté,
pour la représentation de l'opéra "Paul et Virginie",
14 septembre 1875
Description matérielle :
1 contrat (2 f.) : 29x22,5 cm
Description :
Note
: Le contrat concerne les droits d'exclusivité des représentations (art. 1),
a distribution des rôles (art. 2), les décors et costumes (art. 3),
la composition de l'orchestre (art. 4), le nombre minimum de représentations (art. 5)
Auteur de lettres : Albert Vizentini (1841-1906)
Destinataire de lettres : Victor Massé (1822-1884)
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[Bouhy]. Lyrique.
"Paul et Virginie"
[photographie, tirage de démonstration]
Description matérielle :
1 photogr. pos. sur papier albuminé :
d'après nég.
sur verre au gélatinobromure d'argent ; 14,5 x 10,5 cm
Description :
Technique de l'image :
photographie positive. - papier albuminé. - verre
Note :
Tirage figurant dans les albums de référence
de
l'atelier Nadar,