Nathan Hill les fantômes du vieux pays
Le nouveau prodige du roman
On le compare déjà à John Irving et Charles Dickens. Dans son premier roman “Les Fantômes du vieux pays”, qu’il a mis douze ans à écrire, Nathan Hill observe la dislocation de la société américaine à travers les yeux d’un trentenaire qui enquête sur sa mère disparue. Où l’acuité du regard se teinte de vitriol.
A lire
Les Fantômes du vieux pays, de Nathan Hill, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Mathilde Bach, éd. Gallimard, 720 p., 25 €.
C’était le lundi 30 août 2004. Au Madison Square Garden de New York s’ouvrait la convention républicaine qui allait désigner le ticket candidat à la présidentielle de novembre – ce sera le duo George Bush Jr/Dick Cheney, choisi pour briguer un second mandat. La veille, dans les rues de Manhattan, des centaines de milliers de manifestants clamaient leur opposition à l’engagement militaire américain en Irak, dénonçant la « guerre injuste » du président Bush aux cris de « Renvoyez-le au Texas ». Voilà pour la grande histoire. La biographie de Nathan Hill retiendra, elle, que le jeune homme d’alors 27 ans, né et grandi dans une famille de la classe moyenne du Middle West, arrivait à New York précisément ces jours-là. Pour s’y installer, mû par l’ambition de s’y faire un nom d’écrivain, le plus flamboyant possible. « Ces manifestations étaient l’un des tout premiers spectacles que m’offrait la ville. Sur les chaînes républicaines, des commentateurs s’inquiétaient de voir survenir des violences comparables à celles qui avaient entouré, en 1968, la convention démocrate de Chicago. J’avais déjà écrit alors quelques nouvelles, publiées dans des revues, et je me suis dit que ces événements constitueraient un bon point de départ pour une fiction courte : 1968, 2004, Chicago, New York, une mère, un fils, vingt-cinq ans plus tard… » Mais le texte qu’il entreprit d’éc...
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Tout sur ma mère
Avec son premier roman, Nathan Hill frappe fort en un mixage de vérités et mensonges, politique et affaires intimes. Un gouverneur candidat aux élections présidentielles est agressé par une femme. Les médias s’emparent de l’histoire. Une vidéo virale fait le tour du pays. L’assaillante est surnommée « Calamity Packer » du nom de sa victime plus ou moins douteuse. Le fils de la première est loin de se douter de ce qui se passe trop occupé à passer son temps à jouer en ligne via le Net. Sa mère l‘a d’ailleurs abandonné depuis longtemps et il ne s’en soucie plus jusqu’à ce que l’éditeur de son roman — qui lui a payé une forte avance — le poursuive en justice eu égard à l’action maternelle.
Pour sauver les meubles, le jeune homme propose à l’éditeur un projet croustillant : son « tout sur ma mère ». Mais ne sachant rien sur elle il commence son enquête. L’objectif original a pour but de la dégommer. Mais la reconstitution entraîne un lot de surprises et de révisions. De la Norvège des années quarante au Middle West des années soixante, des émeutes de Chicago en 1968 au New York post-11-Septembre et jusqu’à l’Amérique d’aujourd’hui et de ses démons, l’auteur crée une fresque à la Irving mixée de Roth. Mais la « pastorale américaine » épique prend l’odeur de bitume et de souffre.
La prose de Hill est bourrée de verve. Et le héros qui voulait achever une mère taxée de hippie radicale et d’enseignante prostituée ne va pouvoir embrayer sur la vindicte populaire en dépit du rejet compréhensible qu’il caresse envers la si peu maternante. Il va réviser ses poncifs et prédicats. Cela permet à l’auteur de dresser un portrait cruel de son pays. Le livre devient une photographie en mouvement du « bon » (vivre) en Amérique à travers la génération de la mère et du fils.
Par le choix de ses mots, le sens de la scansion (forcément difficile à transmettre en version française), l’auteur laboure les apparences, soulève certaines profondeurs. Tout est intelligent et drôle. Passionnant aussi de bout en bout entre grande et petite histoire. La vérité de principe ou l’apparence présupposée en cache bien d’autres et l’auteur montre comment tout ce qui s’écrit revient à légender le réel selon des choix qui répondent le plus souvent à ce que le monde veut voir ou entendre.
Peuvent aussi se lire sous la fiction et ses personnages des êtres réels — célèbres comme le vice président Hubert Humphrey ou anonymes. Ils donnent de l’Amérique une image aussi quasi tragique que drôle dans des passages de franc burlesque où les aigrefins sont pléthoriques. Et dont l’acmé se trouve lors de la rencontre de la mère et de son fils.
Le romancier fait passer du rire à la colère sans jamais désarmer. En bon postmoderne, il peut changer de genre, de facture sans problème pour décrire les rouages de la société. En même temps , il crée sa propre « Montagne magique ».Il ne cherche pas la tradition du nouveau mais une rupture avec une veine oubliée. Il existe chez lui de l’impressionnisme et du réalisme.
Mais ce qui tranche reste la qualité d’ « exécution ». Elle prouve que le roman n’est pas fait pour théoriser mais pour fomenter des incartades plus violentes que celle que la bonne société condamne. Jamais anodin, le roman est passionnant. Plus que le réel lui-même. Ce qui n ‘est pas toujours vrai.
jean-paul gavard-perret
Nathan Hill,
Les fantômes du vieux pays
(The Nix), traduction de l’anglais (USA) par Mathilde Bach, Gallimard, Paris, 2017
Aux Etats-Unis, le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, est agressé en public par une femme d'âge mûr, Faye Andresen-Anderson. Les médias s'emparent de son histoire et la surnomment Calamity Packer. Seul Samuel Anderson, professeur d'anglais à l'université de Chicago, passe à côté du fait divers, trop occupé à jouer en ligne. Pourtant, Calamity Packer n'est autre que sa mère !
Les fantômes du vieux pays Format Kindle
de Nathan Hill (Auteur), Mathilde Bach (Traduction)
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CRITIQUES, ANALYSES & AVIS (20) Voir plusAJOUTER UNE CRITIQUE
Année 2011. Samuel Anderson apprend par l'avocat de sa mère que celle-ci a agressé, par jet de petits cailloux, un candidat à la présidentielle, le gouverneur Packer. Grand étonnement pour lui car celle-ci a quitté le domicile familial quand il avait onze ans. le roman commence à partir de ces faits, ces disparitions et agression. Il alterne passé et présent, remontant les différentes branches de cet arbre inversé. le présent montre le consumérisme américain, les réseaux sociaux envahissants, le monde sans-pitié des éditeurs… L'auteur remonte jusqu'aux évènements de 68 avec le mouvement des hippies et la répression de Chicago. |
Voici un livre très réussi. |
Fabuleux ! Voilà un riche et puissant roman américain comme je les aime, qui immerge profondément dans une fiction crédible, prend le temps de développer son propos et ses personnages tout en questionnant finement l'Amérique dans son époque et dans son histoire récente. |
Premier -gros-roman de Nathan Hill et très attendu parmi les parutions de la rentrée 2017! |
Tout d'abord un grand merci à Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Les fantômes du vieux pays. Une vraie merveille. |
LES CRITIQUES PRESSE (1)
LaLibreBelgique29 août 2017
Stigmatisant l’Amérique en ses vils travers, il captive et enchante avec une fresque humaine d’une subtilité et d’une intelligence réjouissantes. LIRE LA CRITIQUE SUR LE SITE : LALIBREBELGIQUE |
CITATIONS & EXTRAITS (14) Voir plusAJOUTER UNE CITATION
alainmartinez28 août 2017
« Tout le monde aime les prodiges, dit sa mère, elle aussi debout, applaudissant. Les prodiges nous permettent d’échapper à l’ordinaire de nos vies. Nous pouvons nous dire que si nous n’avons rien d’exceptionnel, c’est de naissance, et c’est la meilleure des excuses. |
nanoucz27 août 2017
Pwnage avait dit à Samuel que chaque personne qui nous entoure représente un ennemi, un obstacle, une énigme ou un piège. Pour Samuel comme pour Faye, dans le courant de l’été 2011, le monde entier était un ennemi. La seule chose qu’ils espéraient encore de la vie, c’était qu’on les laisse tranquilles. Mais le monde n’est pas supportable pour qui y est seul, et plus Samuel a plongé dans l’écriture, plus il a compris à quel point il se trompait. Car en ne voyant les gens que comme des ennemis, des obstacles ou des pièges, on ne baisse jamais les armes ni devant les autres ni devant soi. Alors qu’en choisissant de voir les autres comme des énigmes, de se voir soi comme une énigme, on s’expose à un émerveillement constant : en creusant, en regardant au-delà des apparences, on trouve toujours quelque chose de familier. |
Myriam318 août 2017
"Chaque fois que j'étais coincée dans les bouchons, j'imaginais le gaz carbonique sortant de toutes ces voitures, envahissant l'air, et sauvant ma maison. c'était très pervers." |
morin18 août 2017
Bref, ta mère a eu une sorte de coup de foudre pour moi. Et ça a été la même chose pour moi. Elle était super. Douce, intelligente, compatissante, totalement indifférente au regard des autres, ce qui était très original dans mon cercle à l'époque, même les vêtements de mes amis proclamaient tous le même message : regardez-moi ! Faye était tout le contraire, c'était rafraîchissant. |
Shan_Ze16 août 2017
Faye avait raison : jamais Samuel n'avait vu un adulte [l'avocat]avec d'aussi petits pieds. |
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The Amazon Book Review: Nathan Hill
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Fabuleux ! Voilà un riche et puissant roman américain comme je les aime, qui immerge profondément dans une fiction crédible, prend le temps de développer son propos et ses personnages tout en questionnant finement l'Amérique dans son époque et dans son histoire récente. |
Premier -gros-roman de Nathan Hill et très attendu parmi les parutions de la rentrée 2017! |
Tout d'abord un grand merci à Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Les fantômes du vieux pays. Une vraie merveille. |
LES CRITIQUES PRESSE (1)
LaLibreBelgique29 août 2017
Stigmatisant l’Amérique en ses vils travers, il captive et enchante avec une fresque humaine d’une subtilité et d’une intelligence réjouissantes. LIRE LA CRITIQUE SUR LE SITE : LALIBREBELGIQUE |
CITATIONS & EXTRAITS (14) Voir plusAJOUTER UNE CITATION
alainmartinez28 août 2017
« Tout le monde aime les prodiges, dit sa mère, elle aussi debout, applaudissant. Les prodiges nous permettent d’échapper à l’ordinaire de nos vies. Nous pouvons nous dire que si nous n’avons rien d’exceptionnel, c’est de naissance, et c’est la meilleure des excuses. |
nanoucz27 août 2017
Pwnage avait dit à Samuel que chaque personne qui nous entoure représente un ennemi, un obstacle, une énigme ou un piège. Pour Samuel comme pour Faye, dans le courant de l’été 2011, le monde entier était un ennemi. La seule chose qu’ils espéraient encore de la vie, c’était qu’on les laisse tranquilles. Mais le monde n’est pas supportable pour qui y est seul, et plus Samuel a plongé dans l’écriture, plus il a compris à quel point il se trompait. Car en ne voyant les gens que comme des ennemis, des obstacles ou des pièges, on ne baisse jamais les armes ni devant les autres ni devant soi. Alors qu’en choisissant de voir les autres comme des énigmes, de se voir soi comme une énigme, on s’expose à un émerveillement constant : en creusant, en regardant au-delà des apparences, on trouve toujours quelque chose de familier. |
Myriam318 août 2017
"Chaque fois que j'étais coincée dans les bouchons, j'imaginais le gaz carbonique sortant de toutes ces voitures, envahissant l'air, et sauvant ma maison. c'était très pervers." |
morin18 août 2017
Bref, ta mère a eu une sorte de coup de foudre pour moi. Et ça a été la même chose pour moi. Elle était super. Douce, intelligente, compatissante, totalement indifférente au regard des autres, ce qui était très original dans mon cercle à l'époque, même les vêtements de mes amis proclamaient tous le même message : regardez-moi ! Faye était tout le contraire, c'était rafraîchissant. |
Shan_Ze16 août 2017
Faye avait raison : jamais Samuel n'avait vu un adulte [l'avocat]avec d'aussi petits pieds. |
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