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- Par frederique Roustant
- Le 08/03/2024
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Aujourd'hui 5 Avril
Dernière balle
Je me trouvais là, en plein mois d’octobre, dissimulé sous ma capuche, muni d’un fusil équipé d’un silencieux, attendant que ma cible apparaisse. Je me présente, mon nom est Lucifer, tueur à gage, cela fait vingt ans que je suis rémunéré pour ôter la vie. Je n’ai qu’une règle, je ne m’attaque pas aux mineurs. Un enfant, quelque ses erreurs, a besoin d’adultes pour le recadrer et lui montrer la voie à suivre, car s’il a commis des actes graves et irréversibles, ce n’est pas uniquement lui qu’il faut juger mais aussi son entourage.
La personne que je dois assassiner aujourd’hui est une belle jeune femme à la chevelure rousse, dans la fleur de l’âge, élancée, à l’allure sportive, un sourire franc et massif, selon les photos en ma possession. En planque depuis huit heures du matin dans le bâtiment en construction situé en face du bureau dans lequel travaillait ma cible avec pour seule compagnie, un paquet de cigarettes et mon arme. Mon histoire avec le tabac avait débuté en même temps que mes premiers contrats, et la nicotine a toujours était mon seul et unique amour.
La raison de ce contrat était banale, son mari avait fait appel à moi pour la faire taire définitivement, elle et son côté volage. Pourtant, mon client m’avait expliqué qu’au départ leur mariage était idyllique, leur romance avait débuté il y a quinze ans, ils s’étaient rencontrés lors d’une fête foraine, et ce qui n’était qu’un rendez-vous arrangé au début s’était vite transformé en coup de foudre. Ils riaient des mêmes blagues et leur complicité avait grandi rapidement au fur et mesure de la soirée. Le jour suivant, le jeune homme avait proposé à la demoiselle d’aller au cinéma, voir une comédie romantique, c’est d’ailleurs là que leurs lèvres s’étaient connues pour la première fois. Une année plus tard, un enfant, nommé Esteban voyait le jour, et moins d’un an après, une autre tête blonde nommée Laura, était venue agrandir la famille. Mais peu à peu, l’érosion du quotidien eut raison de leur passion, à table le soir, ils n’échangeaient plus que des banalités jusqu’à ce qu’un jour, le mari sente le parfum d’un autre homme dans le cou de sa bien-aimée.
C’est à ce moment-là que j’avais été mandaté pour mettre fin à cette histoire. Malgré les années, je ne m’habituais jamais aux couples qui se déchiraient de la sorte, pourquoi ne pas simplement divorcer, au lieu d’en arriver à de telles extrémités ? Quand j’avais posé la question au mari trompé, il m’avait répondu avoir besoin que ce soit irréversible, malgré la peine que cela causerait à ses deux chérubins. Mais, lui, avait déjà l’impression d’être mort à l’intérieur, donc il voulait mettre un terme à sa souffrance et il se refusait catégoriquement de payer la moindre pension alimentaire à sa pécheresse de femme. Voilà comment nous en étions arrivés là.
Il ne me restait plus qu’à attendre qu’elle sorte de son travail pour sa pause déjeuner, qu’elle allait sans doute partager avec son amant, et comme mon client ne supportait pas l’idée de les imaginer batifoler dans l’au-delà, il avait donc décidé que, seule elle mourrait. Peu après midi j’aperçus enfin ma cible sortir du bâtiment avec une des collègues, arborant le même sourire que sur les clichés que son mari m’avait fournis.
Elle ne se doutait pas que, dans quelques secondes, son expression serait figée jamais. Mon doigt se dirigeait lentement vers la détente alors que le canon de mon fusil pointait dans sa direction, et je pris une longue inspiration avant de tirer.
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