Seize Juin 1970, S+Arnoult-en-Yvelines : Mort d'Elsa Triolet (N Ella Yourevna Kagan, Douze Septembre 1896, Moscou), l'égérie de Louis Aragon. Elle fut la première femme à obtenir le Prix Goncourt, en 1945 au titre de l'année précédente : "Le premier accroc coûte 200 francs" (phrase codée qui annonçait le débarquement de Provence). Triolet était le nom de son premier mari, un officier français en poste à Moscou qu'elle rencontre en 1918 et épouse à Paris l'année suivante. Ils vivront ensemble à Tahiti pendant un an et se quitteront en 1921. Elsa apprit le français très tôt et commença son journal en français en 1909. Elle rencontre Louis Aragon en 1928, à Paris, au café "La Coupole". Ils se marieront le 28 Février 1939. Ils entreront ensemble dans la Résistance. Elle critiquera le stalinisme dans "Le Monument" et en 1963, aidera à faire traduire et paraître en France "Une journée d'Ivan Denissovitch" de Soljénitsyne. En 1966, Agnès Varda réalise un court-métrage documentaire : "Elsa la rose" sur sa vie avec Aragon. Elle repose aux côtés de son mari dans un parc de six hectares entourant le Moulin de Villeneuve où ils habitaient.
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De son vrai nom Ella Kagan (puis Triolet de son premier mari, nom qu'elle gardera toute sa vie), elle est fille de Elena Yourevna Berman (pianiste de grand talent, sans être musicienne professionnelle) et de l'avocat juif Youri Alexandrovitch Kagan qui s'était spécialisé dans des contrats d'artistes et d'écrivains. Elle a pour sœur aînée Lili, dont elle est très jalouse, mais qu'elle admire en même temps. Elle écrira plus tard à partir de ses souvenirs d'enfance son premier roman en russe : Fraise des bois (Ziemlienika, un surnom qu'on lui donnait quand elle était enfant, livre publié en 1926), largement empreint du sentiment d'avoir été mal-aimée par ses parents.
Lili rejoint en 1905 la Révolution russe et c'est notamment par elle qu'Elsa et Louis Aragon auront des contacts communistes en URSS, car tout naturellement durant leurs séjours en URSS, le couple Elsa-Aragon était hébergé chez Lili. Elsa est l’amie d'enfance du linguisteRoman Jakobson qui tomba amoureux d'elle. Elle apprend le français très tôt — elle commence son journal en français en 1909. En 1915, elle rencontre le poètefuturisteVladimir Maïakovski qui deviendra ensuite le compagnon de sa sœur.
Elsa se découvre une passion pour la poésie qui lui fait fréquenter assidûment les cafés le soir, après ses cours à l'école d'architecture, dans un cercle littéraire autour de la figure charismatique de Maïakovski. Elle y rencontre notamment Victor Chklovski, linguiste et écrivain qui tombe éperdument amoureux d'elle, sans réciprocité, mais avec lequel elle nourrit un échange épistolaire que Chklovski publie en 1923 sous le titre de Zoo, lettres qui ne parlent pas d'amour ou la Troisième Héloïse. Ce recueil de lettres sera lu par Maxime Gorki, le pape de la littérature révolutionnaire qui, ayant particulièrement goûté aux lettres d'Elsa demande à la voir et durant leur entrevue, Gorki encourage la jeune femme à se consacrer à l'écriture.
En 1918, Elsa rencontre André Triolet, un officier français en poste à Moscou, quitte la Russie avec lui et l'épouse à Paris en 1919. Elle part ensuite avec lui à Tahiti pendant un an, séjour qui lui inspirera son deuxième roman en russe : À Tahiti (publié en 1925). Elle qui brûlait de quitter la Russie de la Révolution dont elle embrassait certes les idées, mais détestait les conséquences sur les conditions de vie : guerre civile, misère, famine, etc., se morfond dans l'indolence d'une île où elle cultive la nostalgie de son cher cercle littéraire de Moscou. Elle quitte son mari en 1921. C'est dans cette période qu'elle connaît un temps d'errance en allant à Londres, à Berlin, avec séjours ponctuels à Moscou, puis Paris où elle écrit son troisième roman en russe Camouflage (1928), sur la thématique de deux femmes en errance. Elsa exprime souvent dans ses romans une impression de solitude, bien qu'elle ait été très aimée et toujours très entourée. « Je vous présente donc cet […] inspecteur des ruines, comme quelqu'un qui a été un autre moi-même. Vous lirez, si vous le voulez bien, l'histoire de sa solitude. La solitude est un fléau qui ronge les hommes, un à un »1.
Elle rencontre Louis Aragon en 1928 à Paris2, au café La Coupole, fréquenté par beaucoup d'artistes. Il devient l'homme de sa vie, celui par qui elle peut enfin s'enraciner dans la société française. Elle devient sa muse. En 1929-1930, Elsa crée des colliers pour la haute couture pour subvenir à ses besoins et écrit des reportages pour des journaux russes ; elle traduit également des auteurs russes et français. Elle commence à écrire un premier roman en français, Bonsoir Thérèse, en 1938. Elle collabore, par de nombreux textes3, au quotidien Ce soir, dirigé par Louis Aragon et Jean-Richard Bloch.
La période de la guerre lui inspire le roman L’Inspecteur des ruines, puis la menace atomique, au temps de la guerre froide, Le Cheval roux. Appartenant au comité directeur du Comité national des écrivains (CNE), elle s’attache à promouvoir la lecture et la vente de livres dans les années cinquante et participe activement à un mouvement lancé par le Parti communiste français en 1950-52 : « Les Batailles du Livre »5. Elle voyage beaucoup dans les pays socialistes avec Aragon, mais, si elle a conscience de l’antisémitisme qui atteint sa sœur et des crimes qui sont commis en Union soviétique (le compagnon de Lili Brik, le général Vitaliy Primakov, est exécuté par le régime stalinien), elle ne fait aucune déclaration publique sur ces événements[réf. nécessaire]. Elle exprime sa critique du stalinisme en 1957 dans Le Monument. Elle démissionne la même année du comité directeur du CNE, puis écrit les trois romans du cycle L’Âge de Nylon. Elle intervient activement en 1963 pour faire traduire et paraître en France le roman d’Alexandre SoljénitsyneUne journée d'Ivan Denissovitch. La façon dont la biographie de Vladimir Maïakovski était falsifiée en Union soviétique est une des raisons qui l’entraîne à écrire les romans Le Grand Jamais (1965) et Écoutez-voir (1968).
Après avoir publié La Mise en mots (collection Les Sentiers de la Création, éditions Skira, 1969) et Le rossignol se tait à l'aube (1970), Elsa Triolet meurt d'un malaise cardiaque le dans la propriété qu'elle possède avec Aragon, le Moulin de Villeneuve, à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Elle repose aux côtés d’Aragon, dans le parc de six hectares entourant ce vieux moulin. Sur leurs tombes, on peut lire cette phrase d’Elsa Triolet : « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA »
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