Carnet Régional Nouvelle Aquitaine

 


La Nouvelle-Aquitaine réunit des territoires comme l'Aquitaine, le Limousin et le Poitou-Charentes tout en possèdant 720 km de littoral. Cette vaste région emblématique de la France a des paysages exceptionnels : les belles journées de découvertes ou d'activités seront nombreuses lors de votre séjour

. Ce pays aux mille facettes offre des paysages de toute beauté entre la pointe Grave jusqu'aux Pyrénées, en passant par le Parc naturel du Marais poitevin, le plateau de Millevaches ou encore le Parc naturel du bassin d'Arcachon. Il est vrai que la douceur de son climat océanique attire bon nombre de touristes été comme hiver sur les plages de la côte atlantique. La montagne avec les Pyrénées toutes proches et la forêt des Landes permettent de se rafraîchir sous une végétation de pins,

 

La tradition et le patrimoine sur la Côte Aquitaine sont étroitement liés à la vocation viticole et à la gastronomie. La musique traditionnelle, la tauromachie, les fêtes reflètent un folklore toujours d'actualité. Le basque est encore une langue bien vivante, notamment dans les milieux ruraux.

Patrimoine culturel

Opéra de Bordeaux, chants basques, chansons populaires du XXIe siècle, la Côte Aquitaine a abrité et abrite encore de célèbres créateurs et romanciers. La Côte Aquitaine a vu naître et passer entre autres le penseur, philosophe et écrivain des Lumières Montesquieu (le 18 janvier 1689 à La Brède) ou encore les écrivains et dramaturges Jean Anouilh (le 23 juin 1910 à Bordeaux) et Edmond Rostand.

De grands noms de la littérature ont fait la fierté de la Côte Aquitaine : Charles Louis de Secondat de Montesquieu, Michel de Montaigne, François Mauriac, Pierre Benoit, Jean Anouilh, Philippe Solers...

Peinture

Arts rupestres et préhistoriques. La remontée au coeur de cette nuit des temps peut être effectuée en Gironde par la visite de la grotte de Pair-Non-Pair à Prignac-et-Marcamps. Il s'agit-là de l'une des plus anciennes grottes ornées au monde. Découverte en 1881, elle constitue l'un des plus formidables témoignages de l'époque préhistorique grâce aux nombreux vestiges (outils, ossements d'animaux). La grotte de Pair-Non-Pair, classée au titre des monuments historiques, est encore au programme de recherches scientifiques préhistoriques et paléontologiques.

Dans les Landes, n'hésitez pas à aller visiter le musée de la Préhistoire à Brassempouy, qui renferme des richesses archéologiques découvertes lors de fouilles dans la grotte du Pape. C'est dans cette grotte qu'a été découverte la plus importante collection de statuettes préhistoriques à la fin du XIXe siècle. Du côté du Pays Basque, enfin, nous vous conseillons la grotte d'Isturitz qui a figé en son sein un troupeau de rennes gravé sur un pilier stalagmitique.

Patrimoine architectural

Façades basques - Aihnoa

Façades basques - Aihnoa

VINCENT FORMICA

Le patrimoine architectural est saisissant avec ses milliers d'édifices protégés au titre des Monuments historiques tant en ce qui concerne l'architecture religieuse que civile. Par pur chauvinisme, nous aurions bien envie de dire que tous les villages girondins, landais ou basques, sont remarquables, mais il existe un classement officiel pour cela nommé Les Plus Beaux Villages de France. Saint-Jean-Pied-de-Port, Ainhoa, La Bastide-Clairence, dans le Pays Basque en font partie. Notez que Bordeaux et son Port de la Lune ainsi que la juridiction de Saint-Emilion sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Villes et villages

Mémoire du vin et architecture. Depuis 800 ans, la viticulture et son négoce participent à la richesse de l'économie régionale et sont des moteurs essentiels du commerce extérieur français. Figée dans la pierre des façades ou le bronze des statues, la ville de Bordeaux, qui donna son nom aux plus grands crus, en porte tout particulièrement les traces.

Encouragée par l'invasion romaine, ce n'est véritablement qu'au milieu du XVIIIe siècle que la ville de Bordeaux s'affirme comme la cité du négoce du vin  : elle va alors s'illustrer par l'essor de son commerce et l'éclat de son architecture. Grâce aux intendants, représentants de l'autorité royale (Claude Boucher, le marquis Louis de Tourny et Nicolas Dupré de Saint-Maur) et des architectes (Gabriel, père et fils, et Victor Louis), la cité médiévale devient une cité classique, et la ville fermée, une ville ouverte, stimulant sa vocation maritime et la présence de commerçants étrangers. On édifie alors la Bourse et les palais de la douane puis les portes d'Aquitaine et Dijeaux...

C'est l'âge d'or de Bordeaux qui s'enrichit et s'embellit  ! Des années après la fin du règne des intendants et les changements apportés par la Révolution en 1815, c'est la bourgeoisie bordelaise elle-même qui reprend l'initiative  : construction du pont de pierre, destruction du château Trompette, création des Quinconces, des allées et des places, alignements

. Afin d'afficher leur raison sociale, les négociants enrichis se firent construire de magnifiques demeures ornées de grappes de raisin et des figures de Bacchus. Au total, entre le quartier des Chartrons et le faubourg Saint-Jean, Bordeaux se dote de 5 000 immeubles de grand style. De plus, son dynamisme portuaire, véritable carrefour de cultures, influença les styles architecturaux assez éclectiques.

Le style néoclassique dominant se mêle au style Old England des jardins, au style batave, Renaissance espagnole, oriental... A Bordeaux, la " mémoire du vin " prospère depuis plus d'un millénaire. Au coeur de ses 108 000 ha, " la Belle Endormie " a retrouvé sa vitalité d'antan.

Châteaux

Cha?teau Abbadia.

Cha?teau Abbadia.

OT Hendaye - P. Laplace

Les châteaux et les forteresses de la Nouvelle-Aquitaine sont les grands témoins des différentes époques historiques qu'ils ont traversé. Outre leur architecture formidable, c'est parfois le propriétaire qui attire la curiosité plus que les pierres. C'est le cas du Château de La Brède où Montesquieu y écrira une partie de son ouvrage De l'Esprit des Lois. Toujours en Gironde, le Château Mongenan, planté dans les vignes à Portets, vous ouvre ses portes et vous plonge dans une autre époque le temps d'une visite. Vous y découvrirez notamment son Musée du XVIII° siècle, son Temple Maçonnique et ses jardins classés " Jardins Remarquables " et vous vous laisserez très certainement tenter par une dégustation d'un vin d'appellation Graves du domaine. A Preignac, le Château de Malle se dresse fièrement le long de ses deux ailes, entouré de jardins à l'italienne somptueux. Construit au XVIIe siècle, ce Château classé Monument historique a souffert d'un abandon jusqu'en 1950, année lors de laquelle Pierre de Bournazel entreprend des travaux de rénovation, donnant ainsi à ces pierres un second souffle pour en faire un prestigieux domaine viticole. Du côté du Pays Basque, les paysages qui entourent le château d'Abbadia à Hendaye construit par Violet-le-Duc, nous laissent rêveurs. N'oublions pas le château de Roquetaillade ou celui de Langoiran, tout aussi remarquables.

Architecture religieuse

Roman et gothique néo-aquitains. C'est, affirment les spécialistes, parce qu'elle voit converger sur ses terres quatre voies importantes des chemins de Saint-Jacques, que la Côte Aquitaine est si riche d'ouvrages romans et gothiques. La voie littorale parcourt le territoire du nord au sud et traverse la Gironde et les Landes jusqu'au Pays basque. Parmi les étapes essentielles en Gironde, la superbe abbaye de la Sauve-Majeure était un point de ralliement pour tous les pèlerins du Nord. La voie du Puy relie Puy-en-Velay aux montagnes pyrénéennes et traverse le célèbre village basque d'Ostabat à la confluence des routes de Tours, Vézelay et du Puy.

Un tourbillon roman emmène ainsi le promeneur de la vaste Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres à Soulac ou au portail de Petit-Palais en Gironde. Il l'envoie admirer le chapiteau de Saint-Paul-lès-Dax, la commanderie de Saint-Jacques-de-l'Epée-Rouge à Bessau ou la superbe abbatiale de Saint-Sever, dans les Landes. Religieux (le plus souvent), militaires (parfois) ou civils (plus rarement), les monuments romans ponctuent toute la région en se resserrant un peu plus dans un entre-deux-mers riche de choses à voir. Côté gothique, c'est le foisonnement. Touchant d'abord les pays de vignobles (Bordeaux...) son développement s'étend ensuite aux villes de fleuves  comme La Réole. L'adoption de la croisée d'ogives donne naissance à des édifices originaux à la fin du XIIe siècle. Le siècle suivant sent les influences du gothique de l'Ile-de-France ou de la Champagne, d'une part et du gothique méridional, d'autre part. Des expressions dont on peut mesurer les nuances à travers les nombreux monuments qui demeurent à ce jour. Citons, évidemment, les cathédrales Saint-André de Bordeaux (33) • Saint-Jean-Baptiste de Bazas (33) • Sainte-Marie de Bayonne (64) • Saint-Vincent de Dax (40) • d'Uzeste (33) • les églises, innombrables encore, qui courent toute la région de Fronsac (33) • en passant par Geaune (40).

Traditions et modes de vie

Folklore basque.

Folklore basque.

Laiotz

 

Bastides

Ces villes nouvelles du Moyen Âge ont fleuri, grosso modo, entre Bordeaux et Toulouse.
Aux XIIIe et XIVe siècles, l'Aquitaine était partagée entre le royaume d'Angleterre et le comté de Toulouse. En 1360, à la signature de la paix de Brétigny, près du quart du royaume de France revient aux Anglais ! Les seigneurs anglais et français s'opposent, se disputant le terrain, notamment par places fortes interposées.
La bastide est en partie née de l'idée qu'il était nécessaire de structurer l'arrière-pays et d'organiser l'occupation du sol en campagne tout en regroupant des populations très éparses.

Ces bastides sont aujourd’hui de superbes témoins du passé médiéval, des musées à ciel ouvert où l’on se balade avec délice. Allez flâner sous les arcades de leur place, abritant des commerces de toutes sortes. Sachez qu’on ne visite pas une bastide comme un château ou une abbaye. Ici, la beauté, parfois cachée, se mérite.

Bref, toutes différentes, les bastides vous dévoileront bien des charmes du Sud-Ouest.

Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle

Les différents chemins de Compostelle convergent vers la côte galicienne espagnole et la cathédrale Saint-Jacques où sont conservées les reliques d’un des plus importants apôtres de Jésus, Jacques, mort en martyr vers l’an 35.

C’est en 800 qu’un ermite, guidé en songe par une étoile, retrouve le tombeau du saint. Le nom de Compostelle proviendrait d’ailleurs de campus stellae : champ de l’étoile... Dès le Xe siècle, des pèlerins en provenance de toute l’Europe viennent se recueillir sur ses reliques.

Au fil des ans, aux pèlerins se joignent amateurs d’art roman et férus de randonnées et aujourd’hui, les chemins se remplissent en période de pèlerinage et pendant les vacances. Il faut dire que les chemins de Compostelle, cadre de ressourcement spirituel, sont aussi d’une beauté et d’un intérêt historique qui valent le détour : les échanges culturels et religieux et la nécessité d’héberger un grand nombre de pèlerins ont favorisé dès le Moyen Âge le développement des villes et des monuments étapes sur le chemin.

Balisés en 1970 par la Fédération de randonnée pédestre, les 4 sentiers français commencent respectivement à Vézelay, au Puy-en-Velay, à Arles et à Tours. Depuis 1998, le parcours est classé au Patrimoine mondial de l’humanité.
Que vous partiez à pied, à cheval ou à VTT, que vous marchiez tout le long de la route ou sur les derniers kilomètres uniquement, ouvrez grands les yeux pour ne pas rater les beautés croisées sur le chemin : une aubergiste super accueillante, une église romane perdue dans la campagne, les champs à perte de vue, et souvent de bien belles rencontres...

Langues régionales

L'Aquitaine appartient au vaste domaine historique des langues d'oc. Petit rappel : au Moyen Âge, la zone d'oc rassemble les parlers proches du latin, alors que la zone d'oïl se caractérise par une évolution plus poussée sous l'influence des langues germaniques. En gros, la Garonne définit une frontière : le gascon à l'ouest (Gironde, Landes), le limousin au nord-est (correspondant globalement à la Dordogne). Le béarnais, variante du gascon, est évidemment parlé dans le Béarn, tandis que le guyennais, plutôt rattaché au languedocien, domine dans le Lot-et-Garonne. Le nord de la Gironde, à l'est de l'estuaire, relève historiquement du domaine occitan, mais, aujourd'hui, c'est le saintongeais, appartenant aux langues d'oïl, qui s'est implanté.

Truffe (diamant noir) du Périgord

C’est aujourd’hui le chien qui cherche le fameux champignon, pour le plaisir (et la bonne fortune) de son maître. Les « diamants noirs » sont devenus si rares et  si chers qu'il vaut mieux ne pas se tromper. Le Périgord est un des centres truffiers les plus riches de France avec le comtat Venaissin (et le Quercy, of course !).

La période de ramassage s'étend de décembre à fin février. La reine des truffes, la Tuber melanosporum, la mélano pour les intimes, est d'ailleurs appelée communément « truffe du Périgord ». Pas moins de 11 confréries hautes en couleur veillent à la transmission des savoir-faire et au respect des produits authentiques.

La lecture du génome de la truffe noire par l’INRA devrait par ailleurs limiter les fraudes à la truffe noire, les marqueurs génétiques permettant désormais de déterminer l’origine géographique !

 

Légendes de la destination

Bordeaux :

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Le château de la Reine des Fées

 

 

 

Gustave Doré - Rising of the bones

En contemplant les restes de l'effondrement d'un dolmen, à Saint-Ciers-de-Canesse, non loin de Blaye, vous serez loin de vous imaginer l'histoire qu'abrite cette ruine; vous vous trouverez, en réalité, devant  ce qui fut, jusqu'au XIXème siècle, l'entrée du château des Fées.

On prétend que nul homme ne s'y serait aventuré sans y perdre la vie... Nul homme, en dehors d'un pasteur. Fuyant la tyrannie de son maître, il se serait réfugié dans le repaire et  y aurait alors découvert une grotte faites d'ossements humains ! La cavité étaitégalement empruntée par de mauvais génies, dont Timer, le plus redoutable d'entre eux, était le chef. A peine eut-il pris conscience de l'horreur du spectacle, que le jeune pasteur fut transporté dans une salle magnifique, brillant de mille éclats: il se trouvait alors dans la demeure des Fées. Leur reine, Fréa, vint à lui pour lui annoncer son sort: il serait offert en tribut à Timer, qui le dévorerait vivant.

Et Nul ne saurait espérer un autre sort, à moins de prendre possession de l'œuf des serpents - dont le contact serait fatal au génie.  Troublée par le courage du pasteur, qui jura d'accomplir la mission, Fréa lui fit don d'une bague qui le rendrait invisible aux yeux des reptiles. Grâce à ce talisman, il put retourner dans la caverne s'emparer de l'œuf des serpents.

Après avoir vaincu Timer en le touchant avec l'œuf, le pasteur l'enchaîna pour l'éternité, et vécut une longue et heureuse vie avec la reine des Fées.


Légendes de la destination Vassivière -

Plateau de Millevaches :

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La Dame de Montlaur

Sur l'un des angles de la façade de l'église de Crocq, du côté du cimetière, on voit une petite tourelle à toit conique qui a l'air d'une lanterne suspendue au-dessus des trépassés, comme pour honorer leur mémoire. Voici la légende qui s'y rattache : Le seigneur de Crocq était un homme dur et avare, sa femme, au contraire, la dame de Montlaur était douce et compatissante ; son plus grand plaisir, aussitôt que son mari avait quitté le château, était d'aller porter ses consolations aux malheureux.

Un jour que la bonne dame croyait le baron parti pour la chasse, elle s'empressa de garnir son tablier de pains pour quelques familles pauvres, mais un malheureux hasard voulût que le vilain noble rentrât plus tôt que de coutume, et rencontrât sur la place sa femme avec sa charge bienfaisante. " Que portez-vous là ? lui dit- il brusquement.. Monseigneur, ce sont des fleurs pour la Sainte Vierge "répondit en tremblant la charitable châtelaine. Le baron voyant à l'air embarrassé de sa femme qu'elle pouvait bien se servir d'un mensonge pieux pour cacher une bonne œuvre, rabattit le tablier qui causait ses soupçons et…à la grande surprise de la bonne dame, il s'en échappa des fleurs.

La vertueuse baronne ne pouvait mentir et la mère de notre sauveur était venue à son aide. A quelque temps de là, les pauvres de Crocq eurent à pleurer la perte de leur bienfaitrice ; cependant elle ne les a pas abandonnés totalement : à l'approche d'un orage menaçant, lorsque le ciel est en courroux, on voit une petite flamme bleue qui vacille sur le toit pointu d'un petit clocheton. C'est l'âme de la bonne châtelaine qui vient veiller sur les habitants de Crocq.

Sources : http://foretdimages.com

La Dame de Montlaur

 

Sur l'un des angles de la façade de l'église de Crocq, du côté du cimetière, on voit une petite tourelle à toit conique qui a l'air d'une lanterne suspendue au-dessus des trépassés, comme pour honorer leur mémoire. Voici la légende qui s'y rattache : Le seigneur de Crocq était un homme dur et avare, sa femme, au contraire, la dame de Montlaur était douce et compatissante ; son plus grand plaisir, aussitôt que son mari avait quitté le château, était d'aller porter ses consolations aux malheureux. Un jour que la bonne dame croyait le baron parti pour la chasse, elle s'empressa de garnir son tablier de pains pour quelques familles pauvres, mais un malheureux hasard voulût que le vilain noble rentrât plus tôt que de coutume, et rencontrât sur la place sa femme avec sa charge bienfaisante. " Que portez-vous là ? lui dit- il brusquement.. Monseigneur, ce sont des fleurs pour la Sainte Vierge "répondit en tremblant la charitable châtelaine. Le baron voyant à l'air embarrassé de sa femme qu'elle pouvait bien se servir d'un mensonge pieux pour cacher une bonne œuvre, rabattit le tablier qui causait ses soupçons et…à la grande surprise de la bonne dame, il s'en échappa des fleurs. La vertueuse baronne ne pouvait mentir et la mère de notre sauveur était venue à son aide. A quelque temps de là, les pauvres de Crocq eurent à pleurer la perte de leur bienfaitrice ; cependant elle ne les a pas abandonnés totalement : à l'approche d'un orage menaçant, lorsque le ciel est en courroux, on voit une petite flamme bleue qui vacille sur le toit pointu d'un petit clocheton. C'est l'âme de la bonne châtelaine qui vient veiller sur les habitants de Crocq.

Sources : http://foretdimages.com

La Dame de Montlaur

 

Sur l'un des angles de la façade de l'église de Crocq, du côté du cimetière, on voit une petite tourelle à toit conique qui a l'air d'une lanterne suspendue au-dessus des trépassés, comme pour honorer leur mémoire. Voici la légende qui s'y rattache : Le seigneur de Crocq était un homme dur et avare, sa femme, au contraire, la dame de Montlaur était douce et compatissante ; son plus grand plaisir, aussitôt que son mari avait quitté le château, était d'aller porter ses consolations aux malheureux. Un jour que la bonne dame croyait le baron parti pour la chasse, elle s'empressa de garnir son tablier de pains pour quelques familles pauvres, mais un malheureux hasard voulût que le vilain noble rentrât plus tôt que de coutume, et rencontrât sur la place sa femme avec sa charge bienfaisante. " Que portez-vous là ? lui dit- il brusquement.. Monseigneur, ce sont des fleurs pour la Sainte Vierge "répondit en tremblant la charitable châtelaine. Le baron voyant à l'air embarrassé de sa femme qu'elle pouvait bien se servir d'un mensonge pieux pour cacher une bonne œuvre, rabattit le tablier qui causait ses soupçons et…à la grande surprise de la bonne dame, il s'en échappa des fleurs. La vertueuse baronne ne pouvait mentir et la mère de notre sauveur était venue à son aide. A quelque temps de là, les pauvres de Crocq eurent à pleurer la perte de leur bienfaitrice ; cependant elle ne les a pas abandonnés totalement : à l'approche d'un orage menaçant, lorsque le ciel est en courroux, on voit une petite flamme bleue qui vacille sur le toit pointu d'un petit clocheton. C'est l'âme de la bonne châtelaine qui vient veiller sur les habitants de Crocq.

Sources : http://foretdimages.com

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Légende de St-Germain-Lavolps

Au XVIIème siècle les Labarre et Lafeuillade possèdaient le château de St Germain. Parmi les membres de cette ancienne famille se trouvait une jeune fille qui adorait monter à cheval.
 
Un beau matin alors qu’elle chevauchait au nord du domaine, une rivière lui apparut : la Diège. Le cheval piaffe et la jeune fille sûre d’elle pense qu’elle peut faire sauter le cours d’eau à son fier destrier. Elle s’éloigne et lance sa monture au galop, le puissant cheval s’élance au-dessus des flots mais soudain la jeune fille voit avec horreur la berge se rapprocher , dans un ultime réflexe la cavalière éperonne l’animal, mais le saut est trop court pour une réception correcte et le cheval s’effondre sur la berge meurtrière tel un pantin désarticulé se retournant sur lui-même et écrasant sa cavalière. Tous les deux sont morts sur le coup...

Pourquoi cette rivière a-t-elle surgit de nulle part pour faire obstacle à la cavalière qui se riait de tous les dangers ? Peut-être pour inciter les gens à la traverser par le pont un peu plus loin et à ne plus la défier. Les éléments détestant la prétention des humains...

Sources : http://www.saint-setiers.com


Légendes de la destination

Limoges :

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Le moulin au diable d'Ambazac

  

Il y avait , autrefois , tout près d'Ambazac, un joli moulin dont le meunier était aussi riche qu'ambitieux. Il rêvait de faire de sa fille unique , fort gentille, d'ailleurs , pour une petite paysanne des bords du Beuvret, une grande dame qui possèderait un beau château et roulerait carrosse , ni plus ni moins qu'une reine. Et comme ce meunier unissait à ses autres qualités ou défauts une forte dose d'originalité, il s'était mis dans la tête - et il avait la tête dure- que son gendre devrait avoir des dents en or. C'est donc en vain que les prétendants se présentaient en foule au moulin : ils étaient tous éconduits par l 'étrange meunier qui s'obstinait dans ses exigences. La malheureuse se demandait déjà , non sans inquiétude, si elle ne serait pas condamnée, par suite de l'originalité paternelle, à rester vieille fille, quoiqu'elle ne se sentit pas le moindre attrait pour cette vocation.

Or , voici que par un beau matin de juin, où les oiseaux lançaient leurs plus joyeuses chansons dans l'air tout parfumé des senteur du foin coupé, un jeune homme fort élégant se présenta à la porte du moulinet , sans perdre de temps , après les salutations d'usage, demanda au meunier la main de sa fille. " Vous connaissez, lui dit celui ci, les conditions exigées pour devenir mon gendre. Il faut être très fort…
- Je le suis autant et plus que tout autre. - Et avoir des dents en or… "
Le meunier n'avait pas fini de parler que le jeune homme avait ouvert la bouche pour lui montrer une double rangée de dents étincelantes. Séance tenante et sans même prendre l'avis de la jeune fille, le marché fut conclu.
- " Et maintenant que j'ai vu vos dents , reprit le meunier , vous allez me montrer votre force, et pour cela , il faut que demain matin , avant le chant du coq, vous ayez amené juste au dessus de la roue de mon moulin le ruisseau qui coule là -bas, derrière ces rochers , et dont je n'ai que le trop-plein.

-" Beau -père , s'écria le jeune homme , vous serez obéi. " Et il disparut pendant que le meunier courait conter à ses voisins qu'il avait enfin trouvé le gendre depuis si longtemps rêvé. Mais les braves gens du village n'eurent pas de peine à comprendre que cela n'était pas naturel et ils n'eurent qu'une voix pour crier au meunier :" Mais, malheureux , c'est au Diable lui-même que tu vas donner ta fille ! " On ne tarda pas longtemps à en avoir la preuve ; au douzième coup de minuit , dans le petit vallon d'ordinaire si tranquille où coule le Beuvret, un bruit formidable s'éleva soudain., pareil au mugissement des vagues de la mer soulevée par la tempête, pendant que du milieu des rochers de la rive partaient de sinistres craquements. 

On eût dit que la terre allait s'entr'ouvrir et livrer passage aux flammes de l'enfer. C'étaient les eaux du Beuvret qui, poussées par le souffle impétueux du démon , couraient droit au moulin à travers les rochers et les broussailles. Le meunier , plus mort que vif , maudissait déjà son odieux marché ; mais il ne savait où donner de la tête. Tout le village était sur pied et, pendant qu'on se demandait avec angoisse ce qui allait arriver, quelqu'un cria qu'il fallait faire perdre au Diable son pari. " Sans doute , balbutia le meunier , mais comment m'y prendre ?"
-" Monte vite dans le poulailler , reprit l'autre , et réveille les poules pour que le coq chante avant que le Diable ait fini. " Sitôt dit , sitôt fait, et à peine le coq eut-il chanté que le Diable, furieux de n'avoir pu réussir dans son entreprise, s'enfuit en grinçant des dents. Cependant , les eaux du Beuvret , que ne poussait plus le souffle de l'enfer , reprirent aussitôt leur cours naturel. Et c'est depuis ce temps que l'on peut voir, un peu au dessus du Moulin du Diable , un coude brusque formé par le ruisseau au point précis où le Diable fut surpris par le chant du coq.

Source : http://www.saint-setiers.com


Légendes des destinations

Angoulême et Cognac :

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Les Fées ! Lorsqu’on prononce ces mots merveilleux devant les petits enfants, ils évoquent les belles dames des contes. La marraine de Cendrillon à la baguette magique, celle de Peau d’âne, celles qui se penchèrent sur le berceau de la Belle-au-bois-dormant, d’autres encore, belles et bonnes, parfois laides et méchantes. Tour d’horizon de celles, nombreuses et insaisissables, qui hantèrent l’Angoumois et la Saintonge...

Les contes dont les fées sont l’objet constituent une concrétisation vraie dans l’analyse des éternels sentiments humains. En un mot, c’est en soi l’expression imagée de l’action du Bien et du Mal. Le célèbre folkloriste Paul-Yves Sébillot écrit : « Les théologiens du Moyen Age admettaient l’existence des fées, et beaucoup de gens, jusqu’à la fin du XIXe siècle, affirmaient en avoir vues. » Il prétend qu’elles étaient la survivance des druidesses. L’écrivain Jacques Collin de Plancy mort en 1881, est plus catégorique dans son Dictionnaire infernal : « Nos fées ou fades (fatidicae) sont assurément les druidesses de nos pères ».

Quelle que soit leur origine ces créations légendaires semblent liées au folklore préhistorique et mégalithique. Chez nous, comme en d’autres lieux, elles gardent des trésors enfouis dans des cavernes ou sous des mégalithes. « Les fées sont au nombre de trois comme les mères, les parques, etc. ; on les dépeint souvent comme ces dernières, tenant le fuseau et la quenouille, d’où leur est venu le nom de filandières, parmi le peuple de Saintonge ; elles sont vieilles comme elles, et jettent aussi des sorts ; on leur donne le nom de bonnes, mais on le donnait également aux Euménides ; ne serait-ce pas dans le même sens, et, peut-être pour les désarmer et se les rendre favorables, ainsi que l’on flatte les tyrans et les mauvais princes », écrit l’archéologue Jean Chaudruc de Crazannes (1782-1862) dans ses Antiquités de la ville de Saintes et du département de la Charente-Inférieure.

Grottes de Roche-Courbon à Saint-Porchaire (Charente-Maritime)
Grottes de Roche-Courbon à Saint-Porchaire (Charente-Maritime)
© Crédit photo : Bernard Chollet-Ricard (http://www.panoramio.com/user/490330)

Elles sortent surtout la nuit et s’évanouissent, souvent, aux premières lueurs de l’aube. Parfois elles recherchent, telle la Mélusine, l’amour des hommes. Des fonts qu’elles hantèrent portent les noms de Dames, de Demoiselles, de Vierges ou de Saintes. Leurs eaux ont des pouvoirs bénéfiques. Elles continuent à être l’objet d’un culte. Mais elles, les « Bonnes-Dames », ne quittent plus leurs demeures souterraines. L’âme paysanne garde innés le respect et la crainte des premiers âges de l’humanité envers ses divinités, mais l’influence du christianisme qui condamne comme sataniques toutes les manifestations des anciens cultes les fait considérer, parfois, comme maléfiques d’où la confusion des fées avec les sorcières, ou même, avec de simples revenants et les noms méprisants donnés à quelques-unes d’entre elles.

Au sein du Bulletin de la Société de mythologie française, Aurore Lamontellerie écrit en 1957 : « Après la christianisation les divinités païennes ont côtoyé dans l’âme populaire la Vierge-mère et les Saintes. On les a appelées Dames, Fées ou Fades, ce dernier terme en usage en Saintonge qui fut pays de langue d’oc. Nos fées et nos saintes, filles ennemies d’une même mère, selon le mot de Jullian, sont comme elle créatrices, protectrices des vivants et des morts, liées aux pierres, aux astres, à l’eau, aux éminences, à la végétation. Tous caractères reçus des religions anciennes ». Rappelons que l’épigraphiste et historien Camille Jullian, créateur de la chaire des Antiquités nationales au Collège de France, écrivait aussi, dans son Histoire de la Gaule : « Les Gaulois confiaient plus volontiers leur vie de chaque jour à des déesses qu’à des dieux, à des fées qu’à des lutins ». Rien d’étonnant que leur croyance se soit maintenue dans l’imagination populaire.

En Saintonge, nous apprend encore Chaudruc de Crazannes, « les bonnes gens de village les ont vues souvent filant leur quenouille et vêtues de robes d’une éclatante blancheur, particulièrement sur les bords de la Charente, près des grottes de La Roche-Courbon, de Saint-Savinien, des Arciveaux, etc. » Et, nous ajouterons : à Bagnolet, au pays de Cognac, où une méchante fée mécontente des bateliers qui refusaient de lui payer tribut détacha de la falaise située au confluent du Solençon et de la Charente le « Gros Roc » qu’elle se proposait de jeter à la rivière en un endroit où il aurait bloqué la navigation ; mais une bonne fée sauva les bateliers de la ruine. Avec ses ciseaux d’or elle trancha les galons du tablier dans lequel allait être transporté le rocher qui tomba sur le sol là où on le voit aujourd’hui. Furieuse la méchante fée se précipita dans la rivière où elle se noya.

A Saint-Simeux dans l’île d’Alliège où les femmes allaient demander leur délivrance aux fées, avant de la demander à Notre-Dame d’Alliège. A Chebrac où dans les coteaux boisés on trouve la « grotte des Fées ». Dans les prés de Villognon au « creux des Fades ». A Fontenille où non loin des lieux dits « La croix de la Dame » et « Les croix des Dames » l’on trouve « Le roc des Fades » et « Les Perrottes », deux beaux dolmens celtiques au sujet desquels on contait de curieuses légendes dans lesquelles les fées jouaient un grand rôle. Dans les prairies d’Aunac et de Bayers à la « grotte du Cluzeau » dite aussi « Trou des fadets » où se réfugiaient les fées malignes qui venaient rendre visite aux lavandières attardées l’hiver aux nombreuses fontaines qui coulent des coteaux, rapporte Favraud lors du Congrès préhistorique de France en 1912.

Ces habitants surnaturels ne sont que d’anciens génies topiques dépossédés du culte qu’on leur rendait naguère, affirme Auguste-François Lièvre dans Restes du culte des divinités topiques dans la Charente en 1882. On les retrouve plus en amont à Ambernac, dans la vallée de la Tardoire, à Montbron, à Vilhonneur à la « grotte des fadets », dans la vallée du Né, au « gouffre de la combe des Demoiselles » dans celle du Bandiat. Les fées erraient à Saint-Cybardeaux près des ruines romaines du bois des Bouchauds surnommées « Le château des Fées ».

Elles hantaient la forêt de Braconne où elles habitaient le « Trou Dufaix » (Dus Fées), véritable caverne souterraine comprenant plusieurs chambres et d’où, le matin, on voyait fumer un petit orifice ; c’étaient les fées qui faisaient du feu. Elles, les Dames mystérieuses, on les apercevait rarement. Pourtant elles sortaient par les nuits claires, se répandaient sous les grands chênes, dans leur robe de rayons de lune. Elles dansaient des rondes, des farandoles, mais n’aimaient pas être vues. Elles étaient belles, avaient de longs cheveux, portaient des diadèmes de perles. Mais si elles se fussent aperçues que vous les eussiez vues elles vous auraient entraînés avec elles et plus jamais vous n’auriez revu la lumière.

Elles fréquentaient les bois de Quatre-Vaux, de Bel-Air, les forêts de Ruffec, d’Horte, celle de la Boixe où les dolmens les « Pierres des Fades » les abritaient. Non loin de Pougné, près de Nanteuil-en-Vallée, les fées des environs se réunissaient à « La grotte des Fades » pour préparer leurs poisons. Leur supérieure avait une longue baguette d’ivoire, avec laquelle elle commandait à l’Argent-Or (un ruisseau local), ou de se répandre sur les prés, ou de tarir immédiatement. À 500 mètres de Pougné, sur la route de Nanteuil-en-Vallée, se trouve une autre « Grotte des Fades », où les Fées donnaient leurs festins, rapporte encore Favraud.

Ruines gallo-romaines de Saint-Cybardeaux au XIXe siècle
Ruines gallo-romaines de Saint-Cybardeaux au XIXe siècle

À Saint-Gourson, près du village de Puyrifaud, sur le flanc d’un petit coteau appelé l’Essart, incliné du Nord au Sud, se trouvent quelques blocs calcaires, qui laissent entre eux d’étroites ouvertures, connues sous le nom de « Trou des Fades ». Suivant les légendes locales, les Fades en gardent l’entrée et retiennent à de merveilleuses profondeurs un peuple de sauvages, condamnés à forger sans relâche des métaux éternellement résistants, et à ne quitter des ateliers ténébreux qu’une seule fois chaque année, par une nuit sombre de l’hiver, au bruit des mugissements du vent et de la pluie.

Si certains dolmens, menhirs et tumulus étaient demeures de fées, il ne faut pas oublier les fontaines. Il faudrait, écrit le Dr Bachelier en 1959 dans le Bulletin de la Société de mythologie française, citer les légendes qui entourent les fontaines pour en comprendre la signification profonde : « Vierges trouvées, Vierges fécondes ou Vierges de la délivrance, très souvent confondues, Vierges récalcitrantes. Tous les thèmes qui nous rappellent l’antique sacralisation des sources s’y retrouvent. Bien avant le christianisme la Vierge-mère immaculée était vénérée près des fontaines où se miraient les fées et ce sont encore les fées que l’on vénère souvent sous le nom de la Vierge-mère. »

Fées des fontaines ou Vierges, c’est tout un. A quelques kilomètres de Sers, à deux mètres de la chapelle de l’ancien ermitage connu sous le vocable de Notre-Dame, une fontaine sourd. Elle a la propriété de procurer du lait aux nourrices stériles et de guérir les enfants malades. On s’y rend pour obtenir de la pluie, affirme Favraud en 1898 dans Fontaines religieuses. A Birac, au pied de l’église consacrée à Notre-Dame des Combes, naît aussi une fontaine « La font des Putes » dont l’eau guérissait les plaies. Celle de la « Fontaine de la Vierge » à Laplaud, Aubeterre, guérissait des crampes et celle de « La font des Demoiselles » à Montigné, conjurait le mauvais oeil. Celle de « la Font des Dames » à Roussines guérissait de la migraine et celle de la font du même nom, à Touzac, l’épilepsie. Celle de « la Fontaine des Fées » à Saint-Yrieix guérissait le mal caduc et celle de « la Font des Demoiselles » d’Aussac, le goître, rapporte L. Bertrand dans le Bulletin de la Charente en 1947.

Lièvre avait déjà signalé quelques-unes de ces fontaines avec « la Font de la Dame » dans Rouzède, « la Font des Dames » dans Torsac, « la Font Put » dans Loubert, « la Font Putée » dans Brie de Chalais et « la Font des Putes » dans Voulgézac, lesquelles, dit-il, sont vraisemblablement autant de sources vénérées que leurs génies féminins, maudits, ont continué à hanter au Moyen Age.

De nombreux lieux-dits de la contrée semblent attester l’apparition de ces êtres mythologiques. Considérons-les cependant avec circonspection car le « moulin des Dames » et le « bois des Dames » à Angoulême auraient appartenu à des personnes bien vivantes quoique retirées du monde, les religieuses de Saint-Ausone. Cependant, un autre « bois des Dames », à Ronsenac, où existe un dolmen, semble propre à être retenu. Peut-être aussi ceux de Combiers, de Lamérac, de Cognac. Les « champs des Dames » à Aussac. Le « champ des Dames » à Sireuil.

Sur la trace des fées, par Sieskja
Sur la trace des fées. © Crédit illustration : Jessica Albert (Sieskja)
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Que faut-il penser du « jardin des Dames » de Cognac, de la « Rivière des Dames » à Sainte-Sévère, de la « combe des Dames » à Asnières, de celles situées à Chateaubernard, à Couture ? Des « coteaux des Dames » à Torsac, de « l’île des Dames » à Cognac ? Du « plantier des Dames » à Champniers, du « buisson des Dames » à Saint-Séverin, de « l’enclos des Dames » à Villebois-la-Valette, des « Prés des Dames » à Saint-Mary, de la « pointe des Dames » à Jurignac et de la « pointe des Demoiselles » à Condéon, du « champ des Demoiselles » à La Chèvrerie, à Réparsac, à Saint-Angeau, à Saint-Ciers ?

Le « champ de la vieille » à Saint-Amand-de-Bonnieure pourrait être, écrit Aurore Lamontellerie, celui où l’on vit apparaître une vieille méchante fée analogue à celle des puits dont on menaçait les enfants. On relève plus sûrement : « le creux des Fadets » à Moutonneau, la « croix des Fadets » à Mainxe, les « Pierres Fades » à Lessac, « La Faderie » au Bouchage. Des lieux-dits : bois Marie, rivière de Marie, chemin de Sainte-Marie, à Saint-Aulaye-la-Chapelle-Conzac, Longré, Souvigné, on ne sait que trop penser. Il y a aussi celui appelé « Les Vierges de la font » à Dirac.

Il est difficile de classer les Fées par ordre d’importance. Tant de choses échappent à notre esprit d’hommes et de femmes du XXe siècle qui se veulent et se croient affranchis de ces croyances. On ne connaît plus leurs noms. Si l’on connaît la puissante Mélusine, la fée Braconne citée par Henry Pannéel dans ses Contes et légendes des Charentes (1946) qui dut connaître une certaine notoriété : « C’était une très belle dame vêtue comme une reine ». Elle se présente en ces termes à un brave paysan des Bassats : « Je suis la fée Braconne, qui règne sur cette forêt ». Elle était bonne et désireuse de réparer le mal causé par les mauvais génies, hélas nombreux. La fée du coteau de Magnerit, sur le territoire d’Aunac, qui apparut vers 1641 par un jour de Noël froid mais sec et ensoleillé, aux deux enfants de Jean-François de Volluyres, seigneur de Mortagne, au « creux des Fades », sa demeure, qu’elle partageait avec de nombreuses autres fées, à l’intérieur orné de rideaux de nuages bleu argent et de mosaïques roses. Avec sa robe rouge pailletée d’or, à la main une baguette magique, plus belle que le jour et dont la vie se passait à réparer le mal que faisaient les méchants et à avertir les hommes des dangers qui les menaçaient.

Une autre bonne fée c’était celle que l’on surnomma « la fée aux monghettes » et dont l’histoire fut contée par Marcelle Nadaud. Toutes les autres sont restées anonymes. On nous dit que les unes étaient belles, majestueuses. Que d’autres, les Fadettes, n’étaient que de petits êtres légers. Ce pouvaient être aussi les épouses des Fadets. Toutes les fées ne furent pas belles. Certaines étaient même très laides si l’on en croit le récit intitulé « Les Fadets » que rapporte dans Vieilles choses d’Angoumois Mathilde Mir en 1947, professeur de lettres. Les fées avaient souvent des occupations d’humbles mortelles. Elles faisaient le ménage de leur demeure et leur cuisine.

Cependant tout ce que contient de poésie le coeur humain a embelli leur domaine. Il y eut les filandières et les tisseuses qui tissaient gaze et dentelles fines, les lavandières qui lavaient si blanc, celles qui guérissaient aux fontaines, celles qui bâtissaient. On retrouve ces dernières dans les légendes se rapportant à la construction des dolmens. Mais, comme aux berges des fontaines, elles sont devenues Vierges ou Saintes.

Le dolmen de « La Pierre Blanche » entre le bourg de Bessé, Tusson et Charmé, au delà des grands bois de Bessé, aurait, disaient les grands-mères, été édifié, il y a bien longtemps, par la bonne Vierge qui descendit du ciel cette grosse pierre sur la tête, les plus petites dans son tablier de mousseline et qui la déposa en ce lieu. Autrefois une chandelle y brûlait toute la nuit. Un veau d’or est caché dessous rapportait Jacques Duquerroy, cultivateur, qui le tenait de sa grand-mère, née en 1810. C’est encore la Sainte-Vierge qui apporta l’énorme table du dolmen de Saint-Fort-sur-le-Né, sur sa tête, portant en même temps les quatre piliers dans son tablier, mais elle en laissa tomber un dans la mare de Saint-Fort en traversant le Né. En conséquence il n’en reste plus que trois. C’est encore elle qui aurait élevé le dolmen qui se trouve près du Pont des Bons Enfants au point où le ruisseau de la Font-du-Pouzon se jette dans le Né. Apportant la table sur sa tête et les piliers dans son tablier, elle en laissa tomber un au bord du Né en traversant cette rivière. C’est sur cette table que la Vierge vient repasser sa coiffe.

Dolmen de la Pierre Blanche, à Bessé (Charente)
Dolmen de la Pierre Blanche, à Bessé (Charente)

Parmi les fées on trouve encore celles qui exauçaient les souhaits, celles qui gardaient les trésors, celles aussi qui donnaient les maux et jetaient de mauvais sorts, celles qui les conjuraient. Au domaine de chez Vinaigre, en Ronsenac, on pouvait recueillir au XIXe siècle cette jolie légende :

A la venue du Christ, les Fées, dont le règne était fini, demandèrent une grâce au Seigneur avant de mourir. Dieu leur promit que leur dernier souhait serait accompli. « Nous désirons, dirent-elles, que nos dépouilles reposent sous des tombes de diamant ». Ainsi fut fait. Mais, comme la cupidité humaine alléchée par cette précieuse matière venait profaner ces sépultures, Dieu changea les tombes de diamant en pierre. Ce sont les menhirs et les dolmens.

Le temps a passé, les lourdes tables des dolmens sont grises et gris leurs piliers. Légende chrétienne, légende païenne on ne sait plus laquelle est la plus belle. Les fées ont toutes disparu. Partout on les cherche en vain. On ne les voit plus, seul leur souvenir persiste, tenace, aux abords de leurs demeures. Les pierres et les bois demeurent, les eaux reflètent toujours le ciel, mais les légendes, hélas, ne fleurissent plus. Qui rendra la vie à ces étranges apparitions, à ces créatures de rêve qui peuplaient nos clairières et nos combes profondes, qui dispensaient beauté, fortune, charme, magie, bien et mal, vie et mort ?


Légendes de la destination

Vallées du Lot et de La Garonne :

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 LÉGENDES ET MYSTÈRES

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L'esprit du Pays d'Albret

L'Albret est une terre d'histoire. De son passé, découvrez les richesses de ce territoire à travers ses légendes, contes et mystères !

 Voici quelques sites et monuments incontournables :

IMG 20190930 093759LE CROMLECH DE RÉAUP MEYLAN

Dans la Lande sauvage couverte de pins et de bruyères, se cache le site d’un ancien Cromlech néolithique (-5000 – 3000 ans), un cercle de pierres nommé « Las Naou Peyros » - Les Neuf pierres ou encore les pierres du Diable ou les pierres maudites. La légende raconte que ces pierres sont toujours été magiques. Toujours est-il qu’il s’agit d’un lieu où se réunissait les Druides pour invoquer les Dieux, l’Univers et pratiquer leurs rites et sacrifices. A cette époque, l’Europe était couverte de mégalithes. A l’image de Stonehenge, qui reste le lieu le plus parlant des cercles de pierres, ces derniers étaient occupés à diverses dates de l’année, aux solstices d’été, aux solstices d’hiver, lors de rassemblement des « élus », ou même, comme un lieu de sacrifices et de funérailles.

Le sabbat est l’assemblée nocturne des sorcières en compagnie des démons et cette croyance est fort ancienne en Gascogne. Un texte du XIIIe siècle qualifie les sorciers/sorcières en Armagnac « d’ensabatads » et de « pousouès ».

Au Moyen Age, les pouvoirs surnaturels des sorciers et des sorcières faisaient peur. Leurs prétendues relations avec le diable les faisaient condamner par l’opinion publique. Toutefois, c’est surtout dans la seconde moitié du XVIe siècle et début XVIIe siècle que les procédures de sorcellerie deviennent fréquentes. Les crimes de sorcellerie étaient du ressort des hauts-justiciers. Malheureusement, les accusations pouvaient être sur de simples soupçons, une allégation malveillante, une marque sur le corps ou sur le visage, pour être présumé coupable.

Non loin d’ici dans le Gers à Mouchan, au XVIIe siècle, ce sont douze sorciers/sorcières qui sont emprisonnés après avoir été accusés et interpellés.

Il y a plusieurs légendes concernant ce cercle de pierres de Réaup Meylan :

  • La première raconte qu’un serpent géant gardait l’enceinte de pierre et qu’un trésor était caché en son centre et en était son défenseur. La forêt environnante était une forêt emplie de sorcières dit-on et on chuchote encore qu’elles venaient tous les soirs de pleine lune danser nues à l’intérieur du cercle.
  • Au XVIIIème siècle, un jeune berger de Sos qui avait l’habitude de faire pacager ses brebis dans cette lande isolée et inhabitée, se cacha derrière un gros chêne proche du cercle. Il était certainement plus hardi et courageux que les autres mais incontestablement plus inconscient. Il attendit la nuit que le sabbat s’achève. Mais les fines sorcières sentirent sa présence et devinèrent que quelqu’un était caché dans l’ombre. Soudain, sans faire de bruit, elles se jetèrent sur lui et lui firent boire une « méchante potion ». Suite à cela, elles abusèrent de lui jusqu’à ce qu’il meure d’épuisement. Au matin, un autre petit berger qui était parti à sa recherche, le trouva mort. Son visage était plus ridé que s’il avait vieilli de 60 ans en une seule nuit. Depuis, même lors des solstices, plus personne ne s’approche du cromlech des pierres du Diable. Mais les sorcières y rodent encore. Toutefois, comme il s’agit d’une légende, vous pouvez toujours tenter votre chance !
  • Alfred Bartalès dans son ouvrage sur les origines Sotiates indique que « les Druides offraient en sacrifice, un taureau blanc et une génisse chaque sixième jour de la lune ». Et que le Gui était coupé par eux par une serpe d’or et récolté dans un linge blanc.

DPP Pierre Longo AlbretTourisme02

De ce cercle de pierre, il ne reste plus aujourd’hui qu’une seule pierre d’origine appelée la pierre « Chioulante », c’est à dire la pierre qui siffle car elle dispose d’un gros trou en son centre et lorsque le vent s’engouffre dedans, elle chante et siffle. Un prêtre avait fait détruire le cercle afin que les rites païens cessent une bonne fois pour toute. Une gravure du cercle d’origine se trouve encore dans le livre de l’abbé Barrère. Le cercle fut reconstitué plus tard et le lieu est restée dans la mémoire des locaux comme celui du cercle de pierres magique.

Non loin de là à Luquestrany, mais dans l’espace clôturé auquel nous ne pouvons plus accéder se trouve la « Peyre Soule », la pierre seule qui était un menhir réputé magique, que les femmes en mal d’enfant venaient toucher pour être exaucée de leur vœux d’être mère et que les femmes célibataires y venaient aussi pour être exaucées de trouver un époux. Luquestrany vient de « Luquestrang : Lucus Taranis – le bois sacré du Dieu redouté ». Nul doute que cela ne pouvait qu’effrayer les âmes sensibles à l’époque.

De l’autre côté de la route de Mézin Reaup, des sources limpides sortent de la roche et s’enfoncent dans la rivière. L’eau était dite magique.

Charles Bastard, un écrivain local du XIXe siècle précise que « pendant longtemps, les habitants des environs ne s’approchaient pas des lieux du cromlech et du Lac sans fond, par superstition et par peur du mauvais sort ».

Les légendes locales sont très fortes et elles furent longtemps empreintes de grandes crainte. Cette forêt hostile était réputée pour être le repère des sorcières, des loups, des loups-garous et autres bêtes effrayantes...

 

 

IMG 20190930 095126 

LE LAC SANS FOND

Non loin de là se trouve le Lac dit sans fond. Comme son nom l’indique, ce lac n’aurait pas de fond.

La légende raconte que le lac occupe aujourd’hui l’emplacement d’une église engloutie. Le prêtre de l’époque, alors grand chasseur disait la messe à ses paroissiens lorsqu’il entendit des chiens aboyer à la poursuite d’un lièvre. Il ne put s’empêcher de dire que si l’un de ses chiens était de la chasse, alors le lièvre serait pris à coup sûr. Ce prêtre orgueilleux et sûr de lui fut puni et l’église et les fidèles disparurent sous les eaux. Si l’on tend bien l’oreille, les soirs de pleine lune, on entend des gémissements sortir du lac.

Un chevalier aux yeux rouges aurait également été vu sortir du lac les nuits de pleine lune.

Une autre légende rapporte que pour sonder le fond du lac, une corde qui avait entouré douze fois le château de Saint-Pau qui se trouve non loin et qui est immense, ne fut pas assez longe pour atteindre le fond du lac.

En réalité, ce lac a bien un fond environ à 6 mètres de distance du bord. C’est un grand trou aux parois abruptes en forme de puits qui était probablement une mine de fer datant de la Préhistoire et de l’Antiquité. Il faut comprendre que pour les gens de l’époque qui ne savaient pas nager, ce grand trou d’eau était très impressionnant et les légendes tenaces.

DPP Pierre Longo AlbretTourisme06LA CHAPELLE DE SAINT-PAU

Elle se situe  sur la commune de Meylan. A l’époque dans la Vicomté de Bologne qui appartenait aux Albret à la Renaissance.

Cette chapelle date du XIIe siècle et elle est dédiée à Saint-Paul et à Saint-Roch. Elle était fortifiée à l’origine comme toutes les églises de la Haute-Landes. La légende nous raconte que Saint-Pau était un village Templiers dont il ne reste plus rien.

Elle présente un clocher-mur et un chevet plat. Comme il s’agissait d’une église fortifiée, il y a très peu d’ouvertures en façade. L’entée se faisait sous un auvent et le portail en arc d’ogive est surmonté d’un écu de trois fleurs de lys, dont on aperçoit les vestiges.

Une salle haute existait au-dessus de l’église. Le chœur présente des vestiges de fresques datant de 1823 avec des motifs floraux, végétaux et des personnes (St Paul et St Roch ?) ainsi qu’une colombe.

A noter, vous passerez devant le château de Saint-Pau. Le château existait dès l’époque médiévale et fut modifié au cours des siècles mais dans cette vaste lande désolée, il était connu pour le repère des fées qui y avaient leurs habitations. Sous l’avant-cour se trouvent des petites grottes, exposées plein Sud, appelées « les chambres des fées ».

La légende raconte que ces chambres sont appelés par la tradition populaire la « demeure des Hades ou des Hadettes », c’est-à-dire des Fées ou des petites Fées. C’était donc « Las Carambes de las hadettes – les chambres des fées ».

La légende raconte également qu’une domestique qui travaillait au château témoignait de la présence constante des « hadettes ». Selon elle, les fées faisaient sécher leur linge à la lumière de la pleine lune. Les fées étaient craintes et respectées. Elles étaient les cousines de la grande fée Mélusine.

 

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L’EGLISE DE MEYLAN

L’église Saint Jean-Baptiste de Meylan est une église médiévale fortifiée de la Haute-Lande avec son clocher fortifié flanqué de deux tours, d’une salle haute pour la défense et pour l’accueil de la population en cas d’attaque ou d’invasion. Elle date du XIIe et XIIIe siècle.

On accède à l’intérieur de l’église sous un auvent, par un portail en arc brisé.

Les murs du cimetière sont percés de canonnières

LE LAC DE LA LAGÜE

Lagüe FranckFouillet"C'était dans les temps anciens où les vertes collines gasconnes voisinaient avec l'immense étendue des landes désertiques. A l'orée des sables et des marécages, au pied des coteaux de Xaintrailles vivaient à Tirelauze, de riches propriétaires, Ronald et sa femme Babet, au milieu de vignes généreuses et de beaux champs de blé.

Un soir de septembre, valets et servantes accroupis au pied des sarments, achevaient la vendange. Un homme apparut au bout du chemin, vêtu d'un lourd manteau, appuyé sur un bâton noueux et, s'approchant de Ronald, lui demanda une grappe de raisin pour apaiser sa soif. Celui-ci le chassa rudement. Le voyageur vit alors avec horreur que le visage des vendangeurs étaient recouverts d'une muselière ! Il reprit son chemin, prévenant de son prochain passage.

Il revient en effet le soir de Noël ! Toutes les cloches des paroisses voisines, de Pompiey, de Fargues, de Xaintrailles, appellent les fidèles à la veillée rituelle. Valets et servantes de Tirelauze, emmitouflés dans leurs pauvres haillons s'apprêtent à la fête quand apparaît, dans la nuit, une ombre troublante. C'est le voyageur qui, à l'automne, a annoncé son retour. "Donnez-moi s'il vous plaît un verre de vin, dit-il à Ronald et Babet, ma route a été longue et j'ai très soif". Ronald s'écrit "Passe ton chemin..." Babet lève son bâton et les chiens aboient férocement. Le pèlerin alors recule, reprend sa route, lève les bras vers le ciel brillant d'étoiles. Du sol qui s'effondre dans un grand bruit jaillit une eau bouillonnante, engloutissant Tirelauze, ses prés et ses champs, ses vignes et ses bêtes.

A la place de la terre maudite s'étend depuis lors un lac paisible et mystérieux : la Laguë. On dit qu'en son milieu "un gouffre bout et mêle les larmes de Ronald et Babet repentants". On dit aussi que la nuit de Noël, le chant d'un coq se fait entendre du fond du lac quand les cloches carillonnent alentour."

 

 

Louve ton pierre Vianne LA LOUVE DE VIANNE

Sur le mur extérieur de l’abside de l'église de Vianne, on observe l’étrange gravure d’une louve.

On pourrait penser qu’il s’agit d’un graffiti récent, mais son existence et son message sont portés par la tradition orale depuis des siècles. On dit même qu’il y en aurait une seconde, que l’on cherche encore, et que, à elles deux, elles indiqueraient le cheminement d’un souterrain reliant Vianne au château de Montgaillard. Celui-ci hébergeait effectivement une garnison, dont les soldats auraient ainsi pu venir prêter main forte aux Viannais, au cours des nombreuses attaques qu’ils ont subies…

La position en hauteur de ce dessin, le fait de tirer la langue, la disposition des pattes correspondant à des éléments codifiés en héraldique.


 

 

 

 

 

 


 

 

 

Les contes et légendes de Nouvelle-Aquitaine

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Légendes de la destination Poitiers –

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Les mystères et les mythes sont nombreux en Nouvelle-Aquitaine. Depuis le moyen-âge, ils se racontent au coin de l'âtre, à la lumière de la bougie. faites une plongée 100% régionale dans le monde merveilleux de la magie et du fantastique !

La transmission orale a toujours été une façon de préserver et de faire perdurer contes et légendes génération après génération. Cette tradition orale était autrefois très présente en Nouvelle-Aquitaine.

Elle revient au goût du jour, grâce aux conteurs et conteuses professionels qui parcourent notre territoire et qui offrent au travers de spectacles ou de balades, de faire vivre ou revivre ces récits fantastiques peuplés de fées, de farfadets et autres créatures imaginaires.

Il était une fois, des contes et légendes néo-aquitains : vous avez 11 questions pour tester ou parfaire vos connaissances et peut-être découvrir une ou deux histoires qui se sont passées près de chez vous.

Fascinante Mélusine ou « Mère Lusigne » (la mère des Lusignans). La fée à queue de serpent est un personnage emblématique qui remonte à la fin du XIVe siècle dans le Poitou

LA LÉGENDE DE MÉLUSINE

ELINAS, ROI D’ALBANIE FAILLIT À SA PROMESSE DE NE PAS VOIR SA FEMME PRESSINE EN GÉSINE*. OFFENSÉE, ELLE SE RETIRA IMMÉDIATEMENT SUR L’ÎLE D’AVALON AVEC SES TROIS FILLES, PALESTINE, MÉLIOR ET MÉLUSINE. (*en couche)

Devenues grandes, elles décidèrent de punir leur père de sa mauvaise conduite et l’enfermèrent dans la haute montagne de Brumbloremlion. La reine Pressine mécontente de l’attitude de ses filles décida à son tour de les punir et chacune devint l’objet d’un mauvais sort. Ainsi, tous les samedis, Mélusine prit l’aspect d’une serpente du » nombril en aval « pour l’éternité.

Néanmoins, si un homme, un mortel venait à l’épouser sans chercher à découvrir son secret, elle pourrait vivre humainement et mourir chrétiennement.

SOUS LE COUP DE LA MALÉDICTION MATERNELLE, MÉLUSINE SE RÉFUGIA DANS LA FORÊT DE COULOMBIERS.

OR, DANS CETTE FORÊT GIBOYEUSE, LE COMTE AIMERY DE POITIERS CHASSAIT SOUVENT.

Legende 1b

Au cours d’une de ces chasses, le comte et son neveu, Raymondin de Forez s’éloignèrent des autres chevaliers et rencontrèrent à la tombée de la nuit un énorme et féroce sanglier.

 

Le comte mit pied à terre et l ’attaqua avec son épée mais il manqua son coup et tomba à la merci du solitaire

Raymondin lança alors son épieu et transperça par méprise son oncle. Le comte expira sur le champ.

Legende 2aa

Fou de douleur d’avoir occis son oncle, Raymondin remonta sur son palefroi et erra dans la forêt jusqu’à la nuit noire.

IL ARRIVA PRÈS D’UNE FONTAINE OÙ SE TENAIT UNE GENTE DAME, DU NOM DE MÉLUSINE.

Legende 3b

Celle-ci connaissait la vérité, le consola et lui conseilla de retourner à Poitiers pour assister aux funérailles de son oncle, en taisant les circonstances de l’accident.

AINSI FIT-IL.

De retour à la fontaine de « la Soif Jolie », Raymondin demanda à Mélusine de l’épouser, elle accepta mais posa une condition:

RAYMONDIN DUT JURER QUE JAMAIS LE SAMEDI IL NE CHERCHERAIT À LA VOIR.

Rendant visite à Bertrand, le jeune comte de Poitiers, Raymondin lui annonça son mariage et son intention de se fixer en Poitou. Le comte lui offrit une terre.Legende 4a

Raymondin ne requit qu’un petit coin de terre pouvant tenir une peau de cerf étendue.

La demande accordée, la peau d’un dix cors fut découpée en une fine lanière pour délimiter un vaste espace autour de la fontaine de la Soif Jolie, futur domaine de Raymondin et de Mélusine où fut élevée une puissante forteresse.

Legende 5a

Au fil des ans, Raymondin devint l’un des plus riches seigneurs du Poitou et le père de dix fils portant tous une marque de féerie à l’exception des deux derniers Thierry et Raymonet.

Au cours des ans, crurent honneur et prospérité dans la maison des Lusignan dont la puissance s’étendit dans tout le Poitou.

Ce fut en trois nuits, avec les pierres qu’elle transporta dans sa dorne* que Mélusine bâtit moult constructions Vouvant, Mervent, Melle, Parthenay

Un samedi, Renaud de Forez rendit visite à son frère Raymondin. Il s’étonna avec des sous-entendus de l’absence de Mélusine.

Furieux, Raymondin voulut en avoir le cœur net.

De la pointe de son épée, il perça l’huis* de la chambre où son épouse se retirait chaque samedi et aperçut, ravissante dans une vasque de marbre, sa femme qui se coiffait.

Legende 6a

Horrifié, il découvrit, de la taille jusqu’aux pieds, en place de son corps, une énorme queue de serpent.

 

Raymondin se refugia alors dans les appartements où son frère l’attendait. Outré de chagrin et de colère, il chassa celui qui le fit se parjurer.

Ni Mélusine, ni Raymondin ne se parlèrent de l’événement et la vie reprit son cours tandis que les aînés de leurs fils s’illustraient dans de lointains pays.

Legende 7a

Trois ans plus tard, Mélusine et Raymondin se trouvant dans leur château apprirent que leur fils Geoffroy venait d’incendier l’Abbaye de Maillezais où le moine Froidmont, son frère, fut brûlé vif avec cent autres moines. Raymondin rentra alors dans une grande colère et se déchaîna contre Mélusine, la traitant en public d « infâme serpente ».

Legende 8a

A ces mots, elle tomba pâmée et quand elle revint à la vie, elle dit à Raymondin qu’il ne la reverrait plus « en semblance » de femme et lui annonça la ruine progressive des domaines des Lusignan.

Legende 9a

 

 

 

 

Raymondin eut beau la supplier et crier son désespoir, on la vit s’élever dans les airs: femme pour le haut du corps et pour le reste, serpente de quinze pieds de long avec deux énormes ailes de chauve-souris. Elle vola trois fois autour de la forteresse en poussant de grands cris.

Elle revint, en cachette, allaiter ses deux derniers fils. On raconte encore qu’elle apparaît dans le ciel de Lusignan lorsque l’un de ses descendants se meurt.

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Dans notre région on dit souvent d'une personne qui parle beaucoup, à tort et à travers, qu'il à une grande goule ! (expression la plus sympa) qui pourrait peut-être venir d'une de nos  légendes ?
D’après la légende, une bestiole hideuse vivait au bord du Clain, la rivière qui passe à Poitiers pour se jeter dans la Vienne.
Cette horrible bête ailée, couverte d’écailles ressemblait à un dragon avec une queue de scorpion. Elle passait son temps à enlever des poitevins et les emmenait dans son antre pour les dévorer d’un coup.
Quand Sainte-Foy-lès-Lyon fit construire le couvent Sainte Croix, la bête trouva refuge dans les souterrains et continuait à dévorer d’une seule bouchée, les nonnes qui se risquaient dans les entrailles du couvent.
Au point que l’affaire fit grand bruit et que la bête fut surnommée la «grand’goule».
Ce fut après plusieurs jours de prières et de jeûne que Sainte-Radegonde descendit affronter la Grand goule en lui jetant du pain béni, que la bestiole avala, ce qui la fit mourir.Dans notre région on dit souvent d'une personne qui parle beaucoup, à tort et à travers, qu'il à une grande goule ! (expression la plus sympa) qui pourrait peut-être venir d'une de nos  légendes ?
D’après la légende, une bestiole hideuse vivait au bord du Clain, la rivière qui passe à Poitiers pour se jeter dans la Vienne.
Cette horrible bête ailée, couverte d’écailles ressemblait à un dragon avec une queue de scorpion. Elle passait son temps à enlever des poitevins et les emmenait dans son antre pour les dévorer d’un coup.
Quand Sainte-Foy-lès-Lyon fit construire le couvent Sainte Croix, la bête trouva refuge dans les souterrains et continuait à dévorer d’une seule bouchée, les nonnes qui se risquaient dans les entrailles du couvent.
Au point que l’affaire fit grand bruit et que la bête fut surnommée la «grand’goule».
Ce fut après plusieurs jours de prières et de jeûne que Sainte-Radegonde descendit affronter la Grand goule en lui jetant du pain béni, que la bestiole avala, ce qui la fit mourir.

Depuis lors, afin de célébrer la victoire du bien sur le mal, la grand’ goule était promenée dans les rues de la ville de Poitiers.
En un premier temps, il semble que la grand’goule était représentée sur une bannière peinte à son effigie, et qu’il fallut attendre le XIVe siècle pour voir une sculpture de la bête qui avait été créée par un certain Gargot en 1677, et dont l’œuvre est aujourd’hui au Musée de la ville de Poitiers.
Lors de ces processions, les poitevins, recréaient la légende en jetant, à la bête, des morceaux de gâteaux appelés «casse-museaux»
Cette procession continua jusqu’à la révolution française, où elle fut interdite.
Mais la grand’ goule était devenue un symbole 
poitevin. De la peur qu’elle représentait aux enfants qui n’étaient pas sages, elle devint le titre d’un bulletin parut dans les années 30.
Elle est arborée aujourd’hui par les maillots de l’équipe de foot de la ville, une confrérie gastronomique a prit son nom ainsi qu’une discothèque.N’est-ce pas une belle ascension sociale pour une vulgaire bestiole qui vivait dans les 
recoins d’une grotte et d'un souterrains?

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Légendes de la destination Pau

- Pyrénées :

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Le Serpent des Pyrénées

 

Une légende gasconne affirme qu’il y avait autrefois, dans la Montagne (les Pyrénées), un Serpent long de cent toises, plus gros que les troncs des vieux chênes, avec des yeux rouges, et une langue en forme de grande épée. Ce Serpent comprenait et parlait les langues de tous les pays ; et il raisonnait mieux que nul chrétien n’était en état de le faire. Mais il était plus méchant que tous les diables de l’enfer, et si goulu que rien ne pouvait le rassasier.

Nuit et jour, le Serpent vivait au haut d’un rocher, la bouche grande ouverte comme une porte d’église. Par la force de ses yeux et de son haleine, les troupeaux, les chiens et les pâtres, étaient enlevés de terre comme des plumes, et venaient plonger dans sa gueule. Cela fut au point que nul n’osait aller garder son bétail à moins de trois lieues de la demeure du Serpent. Alors, les gens du pays s’assemblèrent, et firent tambouriner dans tous les villages : « Ran tan plan, ran tan plan, ran tan plan. Celui qui tuera le Serpent, sera libre de toucher, pour rien, sur la Montagne, cent vaches avec leurs veaux, cent juments avec leurs poulains, cinq cents brebis et cinq cents chèvres. » 

En ce temps-là vivait un jeune forgeron, fort et hardi comme Samson, avisé comme pas un. « C’est moi, dit-il, qui me charge de tuer le Serpent, et de gagner la récompense promise. » Sans être vu du Serpent, il installa sa forge dans une grotte, juste au-dessous du rocher où demeurait la male bête. Cela fait, il se lia, par la ceinture, avec une longue chaîne de fer, et plomba solidement l’autre bout dans la pierre de la grotte. « Maintenant, dit-il, nous allons rire. »

Alors, le forgeron plongea dans le feu sept barres de fer grosses comme la cuisse, et souffla ferme. Quand elles furent rouges, il les jeta dehors. Par la force des yeux et de l’haleine du Serpent, les sept barres de fer rouges s’enlevèrent de terre comme des plumes et vinrent plonger dans sa gueule. Mais le forgeron fut retenu par sa chaîne, et il rentra dans la grotte. Une heure après, sept autres barres de fer rouge, grosses comme la cuisse, s’enlevèrent de terre comme des plumes et vinrent plonger dans la gueule du Serpent. Mais le forgeron fut retenu par sa chaîne, et il rentra dans la grotte.

Ce travail dura sept ans. Les barres de fer rouge avaient mis le feu dans les tripes du Serpent. Pour éteindre sa soif, il avalait la neige par charretées ; il mettait à sec les fontaines et les gaves. Mais le feu reprenait dans ses tripes, chaque fois qu’il avalait sept nouvelles barres de fer rouge. Enfin, la male bête creva. De l’eau qu’elle vomit en mourant, il se forma un grand lac. Alors, les gens du pays s’assemblèrent, et dirent au forgeron : « Ce qui est promis sera fait. Tu es libre de toucher, pour rien, sur la Montagne, cent vaches avec leurs veaux, cent juments avec leurs poulains, cinq cents brebis et cinq cents chèvres. »

Un an plus tard, il ne restait plus que les os du Serpent sur le rocher dont il avait fait sa demeure. Avec ces os, les gens du pays firent bâtir une église. Mais l’église n’était pas encore couverte, que la contrée fut éprouvée, bien souvent, par des tempêtes et des grêles comme on n’en avait jamais vu. Alors, les gens comprirent que le Bon Dieu n’était pas content de ce qu’ils avaient fait, et ils mirent le feu à l’église. (D’après « Les Légendes des Hautes-Pyrénées » paru en 1855).

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Légende : Le Tartaro des Pyrénées (Béarn)

 

Le Tartaro est un personnage légendaire de la mythologie basque. Il s’agit dans de nombreux contes d’un cyclope souvent maléfique. D’où le dicton être « méchant comme Tartari », autre nom donné au géant de la montagne.

 

 

Il appartient à la grande famille des cyclopes, descendant direct de ses célèbres ancêtres grecs. D’abord, il a hérité de la force de ses aïeux vainqueurs de Cronos au côté de Zeus : Argès « l’éclair », Stéropês « la foudre », Brontês « le tonnerre » ou des forgerons réputés d’Héphaïstos : Pyracmon « l’enclume » et Acamas « l’infatigable ». C’est depuis l’Odyssée d’Homère que la lignée des cyclopes perd en prestige. Quand Ulysse et son équipage arrive sur leur île, les cyclopes sont des bergers primitifs anthropophages. Et Tartaro, comme vous le verrez, a bien des ressemblances avec son ancêtre Polyphème. En France, il partage sa mauvaise réputation avec Bécut (un frère basque) et Ulhart (un cousin alpin). Le personnage de Tartaro est au départ un ogre effrayant, mais au fil de ses aventures, il devient dans les contes populaires une victime de son manque d’intelligence et parfois même attachant.

 

Tartaro occupe ses journées à élever des moutons sur les hauteurs des Pyrénées, à dormir dans sa caverne et à capturer ses proies pour se nourrir (des hommes de préférence).

 

 

Dans ses aventures, le géant rencontre souvent Martin Ttipi ou Martin Chirula, un jeune homme qui le bat tout le temps par la ruse (comme David et Goliath). Martin pour contrer la force du Tartaro, lui lance des paris. Mais un jour, las d’être ridiculisé par le petit humain, le fier géant provoque Martin en duel pour prouver sa force. Arrachant un énorme rocher, Tartaro le lança à des centaines de mètres, et il demanda au jeune homme de faire mieux que lui. Martin prit alors un oiseau qu’il dissimula au cyclope et le lança aussi vite qu’il le put. Naturellement l’oiseau affolé s’envola au loin pour ne jamais se poser…

Dans un autre conte « Le Tartaro fidèle », le cyclope est capturé par un roi. Celui-ci pour flatter sa vanité organise un somptueux banquet pour montrer à ses convives sa merveilleuse prise. Le plus jeune des fils du souverain libère le Tartaro qui lui promet son aide en cas de besoin. Le jeune prince fuit le palais pour échapper à la colère de son père. Comme promis le Tartaro            l’aidera  à combattre le Herensuge (un serpent à 7 têtes), à être reconnu  dans un nouveau royaume et à épouser une jeune princesse.

Aujourd’hui à Iraty, un lieu porte le nom du cyclope la « Forêt du géant Tartaro ».


Légendes de la destination Niort-

Marais Poitevin 

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Les rochers de Pyraume

 

Les superbes rochers de quartz blanc de Pyraume s'entassent au sommet d'un coteau assez élevé, dominant le bourg de Moulins (Deux-Sèvres). Le massif principal se trouve cependant sur le territoire de la Chapelle-Largeau, près d'un moulin à vent, au milieu d'une lande argileuse couverte de bruyères, de genêts, d'ajoncs et de buissons de houx. Du haut des rochers, la vue s'étend sur les bois et le château de la Blandinière, sur Châtillon-sur-Sèvre et les localités avoisinantes.

Dans les légendes populaires, les rochers ou « chirons » de Pyraume servent de refuge à toute la gent diabolique de la contrée : loups-garous, lutins, farfadets. Les enfants se montrent avec effroi la cheminée du diable, sa table, son fauteuil et son lit gigantesque. Malheur aux imprudents qui osent regarder par les fissures et sonder les mystères de l'antre infernal ! Afin d'en chasser le démon, femmes et jeunes filles de Moulins organisèrent jadis une procession « sans parler », procédé infaillible, paraît-il, s'il était réalisable. La première femme qui arriva à Pyraume crut voir la silhouette du diable. Prise de frayeur, elle s'écria : « Le voilà ! le voilà ! » Aussitôt elle fut saisie, emportée, et jamais plus on ne la revit. 


On voit encore, près des rochers de Pyraume, la fontaine des farfadets. Ces vilains petits bonshommes étaient des maraudeurs incorrigibles et de francs polissons. A la nuit tombante, ils montaient souvent sur la maison voisine de Nérette, dont la toiture se trouve presque au niveau du sol. Perchés sur le tuyau de la cheminée, ils laissaient tomber dans la poêle des flocons de suie et autres incongruités. Ils se plaisaient à taquiner la fermière, à lui voler ses pommes. En son absence, ils s'installaient au coin du foyer, sur les sièges les plus bas, qu'ils ne quittaient jamais sans les avoir souillés.

Fatiguée de leur sans-gêne et de leurs déprédations, la fermière rangea un jour, tout autour de la cheminée, des trépieds chauffés à blanc, des « marmottes (chaufferettes en terre cuite) pleines de braise, recouvertes de barreaux de fer rougis au feu. Les farfadets, sans défiance, s'assirent sur les sièges mis à leur portée, mais ils se redressèrent bien vite, hurlant de douleur, et criant dans leur fuite : « C... brûlé ! c... brûlé ! »
On raconte également que les farfadets gardent un trésor caché sous un énorme bloc, qui se soulève à minuit sonnant, la veille de Noël. A ce moment, l'or est offert aux libres convoitises de ceux qui consentent à céder « leur part de paradis ». Un poète local, Célestin Normandin, a consacré aux farfadets de Pyraume les vers suivants :
Dans les Avents, par les nuits sombres,
A Pyraume on entend souvent
Des cris plaintifs ; l'on voit des ombres
Errer lorsque mugit le vent.
Puis, quand vient l'heure solennelle,
Pendant la messe de minuit,
Un farfadet fait sentinelle
Et disparaît quand le jour luit.
Il garde, nous dit la légende,
De l'or dans ce maigre pâtis,
Et cet or, il faut qu'il le vende
Pour quelques « parts de Paradis ».

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http://vyrl.deviantart.comOn voyait autrefois sur la rive gauche du Thoué, à peu de distance de la ville de Thouars, un château en ruines dont les sombres murailles contrastaient singulièrement avec le riant paysage qui les entourait. Ses tours éventrées, asile des corbeaux et des oiseaux de nuit, ses fossés fangeux, où les reptiles grouillaient en paix au milieu des ronces, lui donnaient un aspect des plus sinistres. Ce vieux logis féodal s'appelait le château de Marsais. A la fin du XIIIe siècle, il était habité par un seigneur cruel et batailleur, redouté de tous ses voisins. On comptait par centaines les victimes qu'il avait tuées en combat singulier. Il s'appelait Geoffroi mais le peuple avait ajouté à ce nom une épithète bien méritée : partout on le nommait Geoffroi le Mauvais. 

Personne n'osait s'aventurer sur la terre de ce farouche châtelain. Un soir d'hiver il arriva quelque chose d'insolite à Marsais. Geoffroi sommeillait depuis quelques minutes au coin de son feu, lorsqu'un bruyant son de trompe se fit entendre à la porte du château. La nuit était proche. L'arrivée d'un visiteur, à pareille heure surtout, était quelque chose de si étrange que le seigneur réveillé en sursaut s'élança d'un bond, pour donner l'ordre de courir sus à l'insolent qui venait troubler son repos. Au moment où il arrivait à la fenêtre, un spectacle singulier frappa ses regards : le pont s'abaissait de lui-même et la herse se relevait devant un chevalier qui arrivait monté sur une mule noire. Les serviteurs, accourus pour barrer le passage à l'inconnu, restaient cloués sur place et s'inclinaient sans oser lever la tête.

L'apparition du personnage avait en effet quelque chose d'effrayant. Revêtu d'une armure aussi sombre que la nuit, il s'avançait lentement en étendant le bras comme pour commander le silence. Sous la visière de son casque, on voyait, à l'endroit où devaient se trouver les yeux deux lueurs éclairant d'une façon sinistre la vaste cour du château. Les yeux de la mule lançaient aussi des sortes de flammes. Parvenu en face du seigneur, l'inconnu s'arrêta et lui adressa la parole en ces termes :

« Geoffroi, je viens de bien loin pour t'offrir le combat. Jusqu'à présent tu as toujours été heureux, mais le destin se lasse de t'être favorable. Il faut enfin que tu sois vaincu ». Le seigneur lui répondit : « Je n'ai pas l'habitude de me battre avec ceux que je ne connais pas. Qui es-tu ? Montre-moi ta figure ». Et l'étranger de lui rétorquer : « Je te croyais brave : je me trompais. Si tu veux voir mes traits, viens à minuit dans la forêt, au carrefour des Trépassés. Je suis le chevalier maudit. Oseras-tu croiser le fer avec moi ? ». Geoffroi lui répondit : « Il suffit. Tu ne saurais m'effrayer. Je me battrais avec le diable même, si je me trouvais en face de lui. A minuit, chevalier de la sombre figure, je t'enverrai rejoindre le roi des ténèbres, qui est sans doute un de tes proches ». L'inconnu se contenta de lui dire : « En attendant, tu peux faire préparer ta fosse ». A ces mots, le chevalier maudit disparut en laissant derrière lui un sillon de fumée. Malgré sa grande bravoure, Geoffroi le Mauvais n'était pas sans inquiétude. Ce sombre personnage, pensait-il, est sans doute Satan lui-même. Comment faire pour le battre ? Tout à coup une pensée lui vint : « Je le vaincrai », s'écria-t-il !

Le seigneur de Marsais croyait beaucoup au diable et fort peu à Dieu. Il avait cependant conservé, dans son château, une petite chapelle dans laquelle on célébrait quelquefois le service divin. Il se dirigea de ce coté et courut au bénitier. Il tressaillit de joie en voyant qu'il était encore à moitié plein. L'eau bénite versée dans le fourreau de son épée devait lui assurer la victoire. A minuit il arrivait au carrefour des Trépassés. L'inconnu s'y trouvait déjà. Debout à côté de sa mule, il attendait son adversaire. Suivant sa promesse, il avait le visage découvert. L'horrible expression de ses traits ne pouvait laisser aucun doute dans l'esprit : c'était bien le souverain de l'enfer. Geoffroi se plaça en face de lui et tira précipitamment son épée. Aussitôt le diable poussa un cri de douleur ; l'eau bénite venait de frapper sa figure. Couvert de brûlures, aveuglé, il était hors d'état de se défendre.

« Je suis vaincu », s'écria-t-il avec rage. « Comme preuve de ta victoire je te laisse ma mule. Prends-la sans crainte, elle te rendra de grands services. C'est une bête précieuse ; elle ne se lasse jamais et n'a pas besoin de nourriture ; il ne faut pas même lui donner à boire » Sans attendre la réponse de Geoffroi, le démon disparut. La mule était restée à la même place. Le seigneur de Marsais ne savait trop s'il devait accepter ce singulier cadeau. Il finit cependant par se décider à l'emmener.

http://jasonengle.deviantart.comLe diable avait dit vrai ; sa monture était infatigable. Geoffroi s'en servit pour la reconstruction de son vieux château. Elle fut employée au transport des matériaux. Les ouvriers ne pouvaient suffire à mettre en œuvre les pierres qu'elle apportait sans trêve ni repos, le jour et la nuit. L'édifice s'élevait comme par enchantement â la grande satisfaction de Geoffroi, mais au grand effroi des paysans de la contrée. En voyant monter si vite les hautes tours du château, ces derniers se signaient et disaient tout bas que c'était une œuvre infernale. Comme pour donner raison â leurs propos, le seigneur acheva sa construction sans relever la chapelle qu'il avait démolie. Le travail se termina pourtant sans accident et Geoffroi put s'installer dans sa nouvelle demeure. Il l'habitait depuis quelques jours, lorsqu'un soir un valet d'écurie croyant bien faire donna de l'avoine à la mule. Celle-ci, mise aussitôt en fureur, lança contre la muraille une si terrible ruade que le château s' écroula tout entier, en ensevelissant sous ses ruines le seigneur et ses gens. 

Le chevalier maudit apparut, dit-on, alors au milieu des ruines. « Je suis vengé », s'écria-t-il. Il s'élança ensuite sur sa mule, qui prit en galopant le chemin de Maranzais. On voit encore, sur le piédestal de la croix Mathon une trace de son passage. C'est l'empreinte du fer de la monture de Satan. La mule avait voulu renverser la croix en passant, mais elle n'avait réussi qu'à entamer légèrement la pierre. (D'après « Revue de l'Aunis » paru en 1869)

Sources : http://www.ombres-et-lumieres-du-moyen-age.net.


Légendes de la destination La Rochelle

Ile de Ré 

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une belle légende de dragon à La Rochelle

LA BÊTE RO

            A Angoulins, non loin du pont de la Pierre, vivait un être fantastique avec un corps de forme reptilienne, et une intelligence presque humaine.

Il faisait sa nourriture des pècheurs et marins de la région, auxquels il tendait des pièges. Ce monstre marin : la bête Rô, répandait la terreur sur la côte et nul n'osait s'attaquer à lui.

 il trouvait d'ailleurs de sûres retraites dans les cavernes creusées en forme de puits au milieu des rochers de la côte.

Le port naissant de La Rochelle était comme en état de siège et toutes ses activités de commerce étaient immobilisées.

1voilier

 Nul ne sait par quel miracle les flots amènent un jour une nef toute blanche, montée par sept chevaliers vêtus d'armures étincelantes.

 A leur vue la bête sentit le péril, et frémit de rage et d'effroi. Mais rompue aux dangers et les méprisant, elle veut faire face à la mort. Reculant toujours ainsi en regardant ses adversaires, elle se trouve acculée au pont de la Pierre.

Là sept flèches l'atteignent. Deux lui percent les yeux, deux autres les oreilles, deux se logent dans les narines. La septième vient clouer la gorge de la bête qui, rendue furieuse par son impuissance, pousse d'effroyables hurlements.

  En même temps, on entendit gronder le tonnerre et un bloc de roche énorme    tomba du ciel et se brisa en sept morceaux autour d’un gouffre profond.

Les sept justiciers traînèrent la bête Rô jusqu’au trou et l’y précipitèrent.

Depuis, le monstre y est captif condamné par eux à demeurer là jusqu'à la fin des temps.

Et depuis, on l’y entend gronder les jours de tempête.

On voyait encore, il y a un certain nombre d'années, sur la pointe du Chai, ces sept pierres de granit dispo­sées en cercle autour du gouffre bien rond, dont personne ne connaît pas la profondeur.

Voici une belle légende sur le pays d’Aunis, dont la plus ancienne version serait celle de l’abbé Mongis ; c’est la version de R.Colle et celle de D et P Jacquin que nous avons pris pour la retranscrire.

Maintenant, quels symboles trouvons nous dans ce texte évocateur ?

1 D’abord le dragon qui terrorise toute une région :

C’est un monstre marin reptilien, très intelligent, qui se cache dans les profondeurs des cavernes.

2 Ensuite un vaisseau qui se porte au secours des habitants de la région : c’est une nef blanche

3 puis sept chevaliers avec la particularité suivante : ils ont des armures étincelantes

4 sept flèches immobilisent le dragon en fixant chaque sens

5 la chute d’un météorite qui se brise en sept morceaux

6 le dragon lié par ses sens, est jeté au fond d’un trou

Voyons ensemble le sens de l’histoire :

La signification du dragon « 1 » est claire : se sont les forces du subconscient ou sur-moi selon Jung qui s’exercent sans mesure.

Une force brute plus ancienne de la nature, celle profondément enfouie au fond des entrailles de l’homme.

Il ne s'agit pas ici de l’égo car l’égo est désir avant toutes choses, cette force brutale et obscure, totalement indomptable, c’est le sur-moi, force que les ésotéristes appelle l’être aural : le maître des forces de la personnalité humaine, celui qui mène à la folie.

Les forces ou capacités de la nature « 2 », symbolisées par le chiffre sept « 3 et 4 » vont combattre ce sur-moi.

Quel est cette nature ? : un vaisseau blanc, c’est à dire un réceptacle de forces nobles et justes. Un bateau est l’image parfaite d’une idée commune allant vers un but commun ; une parfaite école initiatique. Le blanc est une non-couleur symbole de pureté.

C’est le potentiel de cette énergie symbolisé par le sept ( les sept forces de manifestation : couleur – sons – etc..) qui va se démontrer, s’imposer.

Le réceptacle-vaisseau est pur : « la blancheur » et les forces en actions : « les sept chevaliers »  sont étincelantes, c’est à dire pleine d’énergies solaire. Le soleil ou l’or signifie la puissance liée au divin.

C’est cette puissance noble qui va immobiliser le pouvoir forcené du sur-moi, mais sans le tuer car la force de la nature divine ne peut détruire ce qu’elle a elle-même mis au monde. Les forces de la Nature ne peuvent que couper les sens permettant à cette puissance effrénée « 6 » de s’exprimer, d’être.

 La puissance destructrice de l’homme doit être éduquée par l’expérience de la vie et se mettre au service de la Nature. La véritable Nature de l’homme qui connaît le sens intime de son existence et qui vit par cela en équilibre avec chaque vie, chaque parcelle de « matière » en mouvement sur cette terre.

Quand la force du moi aveugle de l’homme est maîtrisé, alors survient un signe du ciel « 5 » le sceau qui scellera l’action menée a bien.

Ainsi, l’équilibre est revenu et la grande expérience de la vie peut de nouveau suivre son cours.

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Pêche du Diable près du port d’Ars-en-Ré

 
Une légende affirme qu’un vieux loup de mer, « qui avait traîné sa bosse dans les cinq parties du monde », fit un jour, non loin du port d’Ars en Ré, une effrayante rencontre : un étrange pêcheur, aux yeux de braises fascinants, au rictus grimaçant, et qui lui représenta le terme de son existence en nombre de poissons venant d’être pêchés...

En ce matin de septembre lumineux et tout rose, le chantier de construction de navires du petit port d’Ars, s’animait d’une activité inaccoutumée.

Au milieu du pêle-mêle des fragments d’épaves, des pièces de bois mal dégrossies jetées le long des ateliers et magasins, de l’enchevêtrement pittoresque des tréteaux, cabestans, outils épars qui envahissaient la grande cale, du va et vient joyeux des ouvriers préludant à leur tâche ; le patron constructeur Rémy, court et râblé, le geste énergique, organisait le carénage de la Marie-Hortense, une méchante barquasse qui ne valait pas deux sous.

Les ordres donnés, charpentiers et calfats furent bientôt à la besogne. Vêtus de leurs plus mauvaises loques, affairés, ils brandissaient au bout de longues fourches des bottes de genêts qu’ils appliquaient tout enflammées et crépitantes sur le flanc le plus découvert du bateau incliné. Alors, le vieux coaltar brûlait : une fumée noire, épaisse, tourbillonnante, embrumait le pays et salissait le bleu du ciel. Chemises dégrafées, bras nus, ruisselants, dans des poses tragiques, léchés par les flammes pétillantes et rougeâtres des multiples foyers, les calfats ressemblaient à de véritables démons.

Port d'Ars-en-Ré
Port d’Ars-en-Ré

Le père Mathieu, un vieux loup de mer qui avait traîné sa bosse dans les cinq parties du monde, suivait l’opération d’un air entendu : « Eh les enfants ! dit-il à deux vétérans, ses camarades, qui, comme lui s’étaient assis sur le bord de la cale et considéraient les travailleurs, quand nous serons de l’autre côté, d’où on ne revient jamais, c’est comme ça qu’on nous fera rôtir ». Il mâchonnait un bout de chique en attendant la réponse. « Bah ! je n’ai pas peur, j’ai la conscience tranquille, répliqua Babiaud, le brûle-gueule au coin de sa bouche édentée. — Ni moi non plus, dit le bonhomme Prillaud très tranquillement. » L’échine redressée, le béret en arrière et le ton railleur, il ajouta : « L’enfer, c’est de la blague et le diable avec ».

Le visage du père Mathieu se rembrunit. Avant de parler, et, fixant son interlocuteur : « C’est ce qui te trompe. Le Diable existe ». Ses compagnons se prirent à rire et à le plaisanter. Les yeux bleus du vieux matelot prirent tout à coup, sous la broussaille rousse des sourcils, une expression étrange, et, d’un geste affirmatif, il s’écria : « Oui, oui, le diable existe. Aussi vrai que je m’appelle Mathieu, je l’ai vu comme je vous vois tous les deux ». Il leur fit alors le récit suivant que racontait souvent le petit-fils du père Prillaud.

Le matelot Mathieu, un des meilleurs marins du pays, faisait le bornage avec La Rochelle. C’était un gaillard solide qui en avait vu de rudes au service puis au long cours. Il avait bourlingué sur toutes les mers et n’avait pas froid aux yeux. Quand les vents étaient contraires, que le temps était mauvais, ou que la Jeune Bénigne, le chasse-marée qu’il commandait, avait besoin de réparations, il cultivait les quelques champs et vignes que sa femme Geneviève lui avait apportés en mariage.

Il exploitait aussi une des écluses de Nouron, pêcheries demi-circulaires entourées d’épaisses murailles de pierres sèches que la Marine permet de construire sur les grèves. Mathieu y avait droit de pêche tous les quatre jours pour le tiers du produit. A la saison des vendanges, quand les meuilles sont gras et abondants, souvent il en apportait sa pleine gourbeuille.

Or, une journée d’un commencement d’octobre, sa vinée rentrée, ses champs sarclés, le patron de la Jeune Bénigne reçut l’ordre de charger du sel pour La Rochelle. Mais au moment de laisser la baie du Fiers, malgré le faible tirant d’eau du chasse-marée, comme on entrait en morte-eau, la barque échoua. Mathieu et son matelot poussèrent bien à la gaffe de bâbord et de tribord tant qu’ils purent : pas moyen de se dégager. Ils prirent alors le canot attaché au service de leur bateau, en armèrent les avirons, et, au coucher du soleil, avant la basse-mer, ils étaient rentrés chez eux.

Mathieu ne fut pas autrement contrarié de cette mésaventure fréquente dans ces parages ; en homme débrouillard et pratique, il sut la mettre à profit. Bien que la marée ne se présentât pas de façon favorable, néanmoins pour se distraire et parce qu’il aimait la pêche, après le souper, il alluma une pipe, la fuma paisiblement pendant que Geneviève desservait la table et vers dix-onze heures, il prit ses ustensiles de pêche, les chargea sur l’épaule, saisit son fanal d’écluse et partit pour le Nouron. Le ciel était couvert, la nuit très sombre ; le vent de sud-est avait molli au déclin du soleil et il faisait très calme. En tournant le coin de la venelle des Bonnes-femmes pour prendre le chemin de la côte, Mathieu heurta un brancard de charrette qui sortait d’un portail entrouvert.

Les marins, d’ordinaire, sont superstitieux : mauvais présage, pensa-t-il ; mais sans s’émouvoir davantage, il bourra une pipe et poursuivit sa route par le chemin sablonneux de Mouétroune. Pieds nus, il marchait lentement, d’une allure balancée, souvent s’arrêtait, se tenait aux écoutes, espérant percevoir quelque bruit qui décelât la rencontre prochaine de pêcheurs comme lui. Dans le morne silence de cette nuit noire, un frôlement de tamaris, un cri lointain d’oiseau de mer, les formes étranges d’arbustes que les rayons du vieux phare faisaient surgir de l’ombre le trompaient sans cesse ; aucun pêcheur ne parut.

Port d'Ars-en-Ré
Port d’Ars-en-Ré

Il se résigna et vit bien qu’il serait seul à faire la pêche. « Toutefois, se dit-il, on ne sait pas », et, quand il eut grimpé la dune, il s’y assit et attendit encore quelques instants... Personne. Il alluma son fanal, reprit ses ustensiles de pêche et descendit sur la plage par une trouée de sable mouvant. Les écluses découvraient complètement et on entendait les grondements sourds des brisants d’Antioche. Mathieu n’avait plus qu’une centaine de mètres à parcourir sur le sable ferme pour atteindre l’entrée de l’écluse du Nouron ; il y fut bientôt. Là, il était chez lui ; le platin de cette pêcherie lui était familier. A grandes enjambées, il le traversa en profondeur, sans souci des pierres qui trébuchaient sous ses pieds, des flaques d’eau et des longs varechs glissants.

Mais, arrivé tout près de la partie de la muraille la plus élevée, malgré l’obscurité profonde de la nuit, ses yeux de marins aperçurent, dressé devant la balise qui marque de pleine mer la place de la muraille, la silhouette immobile presque gigantesque d’un individu qu’il ne sut identifier à aucun partenaire, ami ou connaissance et, il s’en émut. Etait-ce Bernicard, Chauvet, Tardy qui aime à jouer de si bons tours, non, il les aurait bien reconnus. Inutilement, il s’était servi de son fanal afin de mieux dévisager le mystérieux personnage : à chaque tentative pour y parvenir le fanal s’éteignait et se rallumait après.

Ce singulier phénomène qu’il ne s’expliquait pas, l’impassibilité, le mutisme obstiné de l’inconnu, l’isolement en pleine nuit sur cette grève désolée achevèrent de troubler le Patron de la Jeune Bénigne, jusqu’à lui faire passer le frisson : cependant, il fit effort pour dissimuler sa peur, reprit un peu d’aplomb et incontinent il dit à l’homme : « Pourquoi n’as-tu pas allumé ton fanal. » Une voix grave, aux sonorités métalliques lui répond : « Que dis-tu ? Regarde-moi. »

Et Mathieu voit les yeux de l’étrange pêcheur briller soudain comme deux braises. Fasciné par ce regard de feu, effrayé par le rictus grimaçant qu’il accuse, ses jambes se dérobent, une sueur froide l’inonde, puis sans qu’il ait le temps de se reconnaître, il se sent brusquement saisir par le bras. « Viens, dit le Diable, car c’était Lui, n’aie pas peur, ami, éteins ton fanal et suis moi. »

A ce moment il devient tout lumineux, des lueurs rouge-sang rayonnent de sa personne et se reflètent dans le courant d’eau où il a conduit le pauvre Mathieu et où doit se faire la pêche. « Tes partenaires ne viendront pas aujourd’hui, dit le Diable dont la voix sonne comme un cuivre. Tu seras seul à faire la pêche avec moi. Allons au travail ». Des poissons de toute espèce, meuilles et bars surtout, accourent en grand nombre attirés par la vive lumière qu’émettait le Diable. Ils frétillaient à fleur d’eau dans un éblouissement de tons nacrés où rutilaient toutes les pierres précieuses. A cette vue les instincts de notre pêcheur se réveillent, et le sabre à la main il en fait un grand carnage.

Les poissons en tas énormes, s’accumulaient encore grouillants sur le platin couvert de varechs. « Compte-les maintenant, dit le Diable, en faisant entendre un strident éclat de rire. Le nombre que tu trouveras, représentera le terme désormais assigné à ta frêle existence ». Mathieu, accroupi sur la grève en compta quatre-vingt neuf. Puis tout à coup, entendant un effroyable bouillonnement comme celui que produirait du métal en fusion au contact de l’eau, sentant le sol trembler sous ses pieds, il se redressa brusquement, regarda autour de lui et se trouva seul devant l’immensité enténébrée et profonde.

Le vieux matelot, dit-on, aimait à raconter cette fructueuse pêche qu’il assurait avoir faite avec l’aide du Malin, et jusqu’à ce qu’il rendit pieusement son âme à Dieu — ce qui lui advint en effet à l’âge de quatre-vingt-neuf ans il renvoyait à tous les Diables tous ceux qui lui contestaient la véracité de son extraordinaire aventure.


Légendes de la destination Landes -

Armagnac :

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Le vieil orme de Biscarosse

Le vieil orme de Biscarosse

 

Dans les Landes à Biscarosse, se trouve un orme près de l’église du village; remarquable par son âge avec ses 600 ans; remarquable aussi car c’est un survivant de la graphiose, terrible maladie fongique apparue au début du 20e siècle qui décima une grande partie de la population d’ormes.
Cet arbre est légendaire dans tout le pays en raison d’un étrange phénomène: une couronne de fleurs apparait sur le tronc au même endroit tous les ans. Il est mort en 2010.
La légende :

Vers 1450, une jeune bergère, Adeline, fut injustement accusée d’avoir trompé son fiancé Pierre avec un officier anglais dont elle avait repoussé les avances. Pour ménager l’occupant, le conseil des anciens la condamna a être exposée nue, pendant une journée, sous l’arbre de la justice. Au coucher du soleil, elle mourut de honte et de chagrin. Le lendemain, on vit fleurir, sur le tronc de l’orme, à l’endroit où la malheureuse avait la tête, une couronne de fleurs blanches semblable à celle des jeunes mariées. Depuis, tous les ans au printemps, une couronne blanche fleurit au même endroit.

 

Documentaire vidéo :                                                                               Photos de l'orme par Emmanuelle Doaré :

Le vieil orme de Biscarosse                                                                                 Photo par Emmanuelle Doaré, sur le site http://krapooarboricole.wordpress.com Photo par Emmanuelle Doaré, sur le site http://krapooarboricole.wordpress.com Photo par Emmanuelle Doaré, sur le site http://krapooarboricole.wordpress.com

 

Chanson :

L'orme de Biscarosse

A Biscarosse jadis, il se raconte
Qu'une loi édictée par un mari jaloux
Condamnait aveuglément à la honte
Les femmes infidèles à leur époux
Point besoin de procès ni d'autre contrainte
Si un petit soupçon pesait sur l'épousée
D'avoir goûté d'un autre homme l'étreinte
Sans répit elle était châtiée

Refrain :

Encore heureux qu'on n'ait pas puni les hommes
Complices notoires de ces soi-disant péchés
En les attachant au pied d'un grand orme
Les arbres nous auraient manqué

On promenait à travers tout le village
L'épouse volage complètement dévêtue
Qu'elle soit jeune et belle ou laideron hors d'âge
Pour lui enseigner un peu mieux la vertu
Puis on l'exposait aux lazzis populaires
Liée au tronc d'un orme majestueux
Où les âmes hypocrites condamnaient l'adultère
Par des cris irrespectueux

Refrain

Or un jour il advint qu'on conduisit de force
Une jeune épousée fidèle à son mari
Et qu'on lia son corps nu à même l'écorce
Sous les rires injustes et les moqueries
Mais à l'instant où l'on attachait la belle
Le feuillage de l'orme où on l'avait liée
Devint tout aussi blanc qu'une tourterelle
Innocentant la mariée

Refrain

Et c'est depuis ce jour que les feuilles de cet orme
Portent un manteau de velours blanc
[Et c'est depuis toujours, qu'un peu partout les hommes
Jettent la pierre aux femmes dont ils sont les amants]2

Paroles : André Gruffaz
Musique : André Lachenal

Pour écouter la chanson, cliquez --> ICI <--

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La messe de Saint-Sécaire

La messe de Saint-Sécaire. 

 

La messe de Saint Sécaire, en Gascogne, était l'objet d'une croyance selon laquelle de « mauvais prêtres » pouvaient dire une messe noire destinée à jeter un mauvais sort sur une personne déterminée. Les prêtres qui étaient censés la connaître encouraient l'excommunication en raison de son caractère satanique.

La messe de saint Sécaire, comme toutes les messes noires, est une parodie de la messe traditionnelle, où chaque élément du rituel est inversé ou perverti.

     - La messe de Saint Sécaire doit être dite dans une église en ruine ou abandonnée.
     - L'officiant doit être accompagné d'une de ses maitresses qui lui sert de clerc.
     - Au premier coup de onze heures, la messe est dite à l'envers et doit se terminer au douzième coup de minuit.
     - L'hostie qu'il bénit est noire et triangulaire (« à trois pointes »).
     - Il ne consacre pas le vin, mais boit à la place une eau venant d'un puits où l'on a jeté le corps d'un enfant non baptisé.
     - Il fait le signe de croix sur le sol avec son pied gauche.

La conséquence de cette messe était un dépérissement jusqu'à la mort de la personne visée, les docteurs ne pouvaient rien y faire. Sécaire n'est pas un saint du calendrier : ce nom signifie en gascon « sécheur », car la personne visée était supposée « sécher » et mourir. Sorciers, sorcières et jeteurs de sorts avaient fréquemment, croyait-on, le pouvoir de faire « sécher » un bras, ou le bétail, de leur victime.
Selon certains auteurs, il existait une contre-messe qui avait pour effet de faire « sécher » le célébrant et les gens qui l'avaient payé.

--> Lire la version parue dans la« Revue de l’Agenais » paru en 1882. <


Légendes de la destination

Côte Atlantique 

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La légende d’Anchoine

Alors qu’Oleron tenait encore au continent par une large bande de rochers, allant d’Ors à la pointe du Chapus, la Seudre se déversait dans une baie dont les eaux calmes baignaient l’île d’Armotte. L’aspect de la côte saintongeaise, à cette époque lointaine, était bien différent de celui qu’elle présente aujourd’hui.

La « baie d’Anchoine » - ainsi s’appelait le rivage qui est devenu le pertuis de Maumusson - était un vaste lac, communiquant vers l’ouest avec l’Océan. Ce n’est que beaucoup plus tard, quand furent emportés les rochers du Chapus par les courants, que le passage de Maumusson s’élargit, que l’île d’Arvert, ou d’Allevert, se forma au sud de celle d’Armotte disparue.

César et les légions romaines

Quand les peuples d’Orient envahirent la Gaule, plusieurs tribus descendirent le cours de la Garonne jusqu’à l’Océan. Ce sont des Phéniciens qui, voyant une baie profonde, à l’abri d’un promontoire, firent voile vers l’île d’Armotte. On sait qu’ils étaient des navigateurs hardis, les véritables princes des mers.

En abordant sur le littoral, en entrant dans un golfe que les marées ne paraissaient pas agiter, ils comprirent que c’était là un point propice aux trafics maritimes. L’île d’Armotte était presque entièrement couverte de bois, ne présentant aucune difficulté d’approche, son sol paraissait fertile, il serait aisé de créer, sur cette terre isolée, un petit port de pêche et d’y vivre en toute tranquillité.

La tribu en prit possession et, après quelques années, une ville modeste y était construite qui s’appela successivement, Sanchoniate, du nom du chef de la tribu, puis, Anchoniate, Anchoine.

L’île d’Armotte se peupla peu à peu, mais, après deux siècles d’occupation, les Phéniciens en furent chassés par les peuples migrateurs qui se ruaient sur l’Occident. Anchoine vit venir des Celtes, des Ibères, sans que son importance maritime eût trop à en souffrir. Le pays était salubre, les pêcheries productives, il n’en fallait pas davantage pour retenir les nouveaux venus. Plusieurs tribus celtiques prirent possession des îles de la rive gauche de la Seudre, cependant que les Ibères traversaient la mer pour se diriger vers les Pyrénées. Une immense forêt couvrait le plateau séparant le cours de la Seudre des eaux du golfe. Cette forêt, qui existait encore au Moyen Age sous le nom de forêt de Satiste, se continuait sur le territoire d’Armotte. A la pointe ouest de cette île, Anchoine abritait des familles gauloises, jalouses de leurs traditions, de leurs croyances, de leurs moeurs. Ce sont elles qu’on trouve à la base de l’arbre généalogique des Santons.

  Assemblée des druides

Les druides, les prêtresses, entretenaient chez les Santons le fanatisme et les superstitions. Ils développaient en eux les sentiments de vie libre et d’attachement à la terre natale, pour lesquels ils devaient lutter pendant des siècles. Conserver leur indépendance, s’insurger contre toute oppression, s’opposer par la force brutale des armes à l’affaiblissement de leur petite patrie, les ont portés, dès la plus haute Antiquité, à des actes de désespoir. La conquête des Gaules par César jeta le plus grand trouble parmi les peuples santons. A mesure que s’avançaient vers l’ouest les légions romaines, tout le pays de Saintonge tressaillit d’épouvante et s’affola. Les hommes, les femmes, eurent le pressentiment qu’une calamité publique les menaçait. Eux, qui ne connaissaient pas la peur, frémirent, non de crainte, mais d’indignation.

Dans l’ancienne Gaule, chaque peuplade avait sa « fada », sorte de sorcière à laquelle tout le monde accordait une confiance aveugle. On voyait en elle une fée sacrée, envoyée sur la terre par le dieu Teutatès. Elle participait aux cérémonies religieuses des druides, à la tête des prêtresses. Myrghèle, la fada des Santons, s’était retirée dans l’île d’Armotte à l’approche des soldats de César, et se cachait à Anchoine, où elle jetait des sorts et mettait le trouble dans les esprits. Une secte de druides et de druidesses s’y trouvait déjà depuis longtemps. Dans la partie la plus sauvage de l’île, sous les grands chênes, dont les feuilles se mêlaient aux boules blanches du gui, existait un cercle de hautes pierres levées entourant un dolmen. C’est là que se célébrait, de temps immémorial, le culte païen des Gaulois. 

Ce dolmen, masse de pierre informe, bloc monstrueux élevé, à hauteur d’homme, sur quatre piliers de pierres frustes, avait quelque chose de sinistre. Au milieu de la table apparaissait un trou rond, et assez large pour permettre de voir un coin du ciel. C’est par ce trou que s’écoulait le sang des victimes quand se faisaient les sacrifices humains.

L’île d’Armotte, presque inconnue dans l’intérieur des terres, devait, avant de disparaître, être témoin des horreurs barbares du paganisme. Ses habitants, quelques centaines, s’adonnant à la pêche, à la chasse, à la culture des céréales, vivant dans le calme et la solitude devant une mer apaisée, abrités par une épaisse forêt, voulurent, avant de préparer la résistance contre l’envahisseur qui s’approchait, consulter leurs prêtres, leur demander aide et protection. Druides et druidesses jugèrent que c’est à la fada qu’il fallait s’adresser.

Myrghèle, cachée dans sa petite cabane d’Anchoine, était amoureuse. Celui qu’elle aimait restait insensible à ses avances et lui avoua qu’il s’était fiancé à Sylvane, la fille d’un pêcheur, dont l’amour était égal au sien. Ils devaient s’épouser bientôt. La fada voua, dès lors, à Sylvane, une haine farouche en se jurant d’empêcher le mariage. Comment ? Elle ne savait pas encore.

C’est à ce moment que se tint une assemblée de druides dans la clairière du dolmen pour répondre au désir des habitants de l’île. Myrghèle était au milieu d’eux, enveloppée dans une cape gauloise d’une blancheur éclatante. Neuf druidesses, toutes vêtues de blanc, l’entouraient. Rangés en cercle, le front couronné de gui, tenant à la main une faucille d’or, les prêtres attendaient religieusement la décision de la fada sacrée. L’expression sévère de sa physionomie, la fixité de son regard d’hallucinée, la hardiesse de sa parole, allaient produire sur l’assistance une véritable fascination.

C’était le soir. Les dernières lueurs du crépuscule s’éteignaient sur la mer, la lune montait lentement dans le ciel. Il y avait quelque chose de si étrange, de si impressionnant dans ce groupe de robes blanches, immobiles sous les chênes, qu’on pouvait croire que c’étaient les ombres de la nuit, vêtues en fantômes, qui se trouvaient à un rendez-vous mystérieux dans ce coin de forêt sauvage. Montée sur une pierre grossière, près du dolmen, dominant l’assemblée, les cheveux en désordre, sa cape tombée à ses pieds, la poitrine demi-nue, Myrghèle clamait avec exaltation l’oracle des dieux. Un rayon de lune, filtrant à travers les branches, éclairait son visage transfiguré, donnait à cette femme l’aspect d’un spectre hideux.

Druidesse

« Ecoutez, criait l’ignoble sorcière, écoutez la voix de Teutatès qui vibre en moi. Je suis l’envoyée des dieux pour vous guider, pour vous sauver à l’heure du danger. Redressez-vous, prêtres qui m’écoutez, allez dire au peuple que Teutatès ne l’abandonnera pas, mais qu’il exige du sang, du sang pur de vierge ! Allez, et amenez ici la plus belle des vierges de l’île d’Armotte. Vous la connaissez, c’est Sylvane. Le Maître nous écoute, il faut que cette nuit même elle soit immolée sur l’autel sacré des ancêtres. Obéissez, pour conjurer les menaces du destin ! » 

La voix terrible se tut, brisée par un effort surhumain, par une surexcitation de folie et de haine. A cet appel farouche succéda un effroyable silence, comme si un souffle de mort venait de passer sur les bois endormis, et l’on ne perçut plus que le frôlement des robes des prêtres et des druidesses disparaissant dans les ténèbres. La fada, l’ignoble fée, restée seule au pied du dolmen, la face crispée par un rictus satanique, attendait l’heure prochaine de sa vengeance.

Minuit. La lune est maintenant voilée de gros nuages noirs. Là-bas, vers l’ouest, un grondement sourd monte du large banc de sable qui barre l’entrée de la baie d’Anchoine. Ce bruit lointain, inaccoutumé, se rapproche sous la poussée des vents du large, semble l’annonciateur d’une tempête. Dans l’obscurité, les druides rentrent sous bois, un à un, se faufilent entre les chênes, viennent ranger autour du monument celtique. Ce sont bien des fantômes, des fantômes de mort, qui marchent dans les ténèbres. Et le grondement de l’Océan se fait plus lugubre, roule vers la clairière avec une force croissante, comme si quelque ouragan, venant d’un monde inconnu, chassait devant lui des flots soulevés jusque dans leur profondeur.

Le moment tragique était arrivé. Quatre hommes, vêtus de peaux de bêtes, les cheveux incultes tombant sur leurs épaules, surgirent dans la nuit, portant une femme à demi morte, dont les gémissements auraient ému des êtres moins sauvages. La tempête faisait rage, les arbres, secoués d’un étrange frémissement, semblaient se serrer les uns contre les autres, comme pour faire plus grande la clairière maudite où le dolmen, aux contours noyés d’ombre, s’allongeait, pareil à une pierre tombale posée au-dessus de la fosse d’un géant.

Trois druidesses, drapées dans leurs robes flottantes, s’avancèrent pour saisir la victime, pendant que les prêtres chantaient un psaume mystique, dont les notes se perdaient dans la nuit. Myrghèle, mue par une force supérieure, escalada le dolmen et les trois druidesses jetèrent Sylvane sur la table de granit. Avec des gestes brusques et saccadés, la fada, horrible à voir, les traits décomposés, la figure grimaçante, dévêtit brutalement la victime et, tirant un stylet de sa ceinture, s’agenouilla pour lui percer le coeur.

A la minute même où Sylvane allait être immolée, un éclair déchira le ciel, un cataclysme effroyable bouleversa l’île d’Armotte. La terre trembla, un abîme immense, monstrueux, s’ouvrit brusquement, où le dolmen et tous ceux qui l’entouraient disparurent. Les arbres s’abattirent les uns sur les autres et tombèrent dans le gouffre. La mer déchaînée montait, montait toujours, avec une violence croissante, submergeait, d’un raz de marée dévastateur, l’île entière.

Au soleil levant, Anchoine n’existait plus, tous ses habitants avaient été noyés. La foudre, la tempête, l’Océan en furie s’unirent en ce temps-là pour modifier profondément la configuration du rivage. Armotte disparue, les flots eurent, par la suite, toute facilité pour aller saper, déchiqueter, et enfin abattre les rochers du Chapus.

La baie d’Anchoine allait devenir, au cours des siècles, le pertuis de Maumusson, et le territoire d’Oléron, l’île qu’ont trouvée les proconsuls romains au début de l’ère chrétienne. On voit aujourd’hui les ruines d’un dolmen à la pointe du rocher d’Ors, sur la côte d’Oléron, à une faible distance de la situation présumée de l’île d’Armotte. Si on pense aux perturbations géologiques qui ont apporté tant de changements à cette partie du littoral, il est permis de supposer que le dolmen d’Anchoine, après avoir été roulé par les flots dans les profondeurs sous-marines, s’est trouvé à la pointe d’Ors quand le niveau des eaux a baissé. N’a-t-on pas la preuve de cet abaissement dans la position actuelle des grottes de Meschers ?
 
Les grottes de Meschers (image trouvée sur www.france-pittoresque.com)

Les légendes s’inscrivent en marge de l’histoire, mais elles sont, bien souvent, l’écho de traditions millénaires, ayant trouvé leur origine dans des événements ou des faits qui ne sauraient être purement imaginaires. L’existence d’Anchoine ne peut être mise en doute, non plus que celle de l’île d’Armotte et des autres îles du pays d’Arvert, devenues continentales.

Au Moyen Age, des marins ont affirmé, alors qu’ils naviguaient près de l’embouchure de la Seudre, avoir vu, par mer calme et limpide, des toitures, des crêtes de murailles presque à fleur d’eau. Ils avaient l’impression de passer au-dessus d’une petite ville immergée, tant étaient nombreuses les ruines de constructions.

Encore une légende, dira-t-on ? Peut-être. Ce qui n’en est pas une, c’est l’existence actuelle du « fond d’Anchoine », près de Ronce-les-Bains, et du petit écueil de Barat, à l’embouchure de la Seudre, reste d’un îlot qui a tenu à la terre ferme et était cultivé au XIVe siècle. (Extrait de « Devant Cordouan. Royan et la presqu’île d’Arvert », paru en 1934)

Sources : http://www.france-pittoresque.com


 

 

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