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Pontagnac, le " dragueur " malheureux, sera finalement le dindon de la farce. C'est d'ailleurs un brave garçon, qui ne trompe jamais sa femme sans la plaindre. Et qui ne perd jamais la tête : il suit les dames dans la rue, mais s'il pénètre derrière elles dans les pâtisseries, il les attend sagement à la porte des bijouteries.
Quant à Vatelin, le mari de Lucienne, il risque de payer fort cher une vieille entorse à la fidélité conjugale, laquelle entorse refait brusquement surface en la personne de Maggy, une joyeuse fofolle anglaise... Un troisième larron, rival de Pontagnac, vient encore compliquer la situation. Et voilà la mécanique en marche, " sans que s'affole un seul rouage, sans que saute un seul ressort ", comme dit Jean Richepin.
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RÉDILLON : Une femme qui trompe son mari n'a pas l'habitude de lui envoyer des cartes d'invitation. (...) Si elle le fait, c'est qu'elle a une raison ! celle d'exaspérer la jalousie de son mari. (...) Ne voyez-vous pas là la comédie d'une femme outragée qui se venge ! (...)
VATELIN : Oui !
RÉDILLON : Enfin, j'en sais quelque chose, puisque c'est à moi qu'elle est venue proposer le rôle... que j'ai refusé (À part) et pour cause !...
VATELIN : Ah ! mon ami ! mon ami !
RÉDILLON : Et vous avez donné dans le panneau... Ah ! vous n'êtes guère tacticien !
VATELIN : Je suis avoué.
RÉDILLON : Voilà !
VATELIN : Ah ! que je suis content !... (Sanglotant) que je suis con... on... tent ! Ah ! là ! là !... Ah ! là ! là !
RÉDILLON : La joie fait peur !
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LUCIENNE : Vous regarderiez comme une indélicatesse d'écorner moindrement la fortune de votre femme, et quand il s'agit de cet autre bien qui lui appartient, qui lui est dû, qui fait partie du fonds social, la fidélité conjugale, ah ! vous en faites bon marché ! " Qui est-ce qui veut en détourner un morceau, allons là, la première venue ? Avancez ! il en restera toujours assez ! " Et vous gaspillez ! vous gaspillez ! Qu'est-ce que ça vous fait ! C'est votre femme qui paye ! Et vous trouvez ça honnête ? (...) Vous n'avez pas le droit de disposer d'un capital que vous avez aliéné.
PONTAGNAC : Mais permettez, le capital, je n'y touche pas ! le voilà ! il est intact ! Vous me permettrez bien de toucher un peu aux rentes. Notez que, par contrat, j'ai la gestion des biens ! Eh bien ! pourvu que j'aie la plus grande partie en fonds d’État, vous ne pouvez pas trouver mauvais que je fasse quelques placements en valeurs étrangères.
LUCIENNE : Quand on est marié, on ne doit faire que des placements de père de famille !
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Acte I, scène 2
LUCIENNE: Allez, vous êtes tous les mêmes, vous autres célibataires.
VATELIN: Célibataire, lui! mais il est marié.
LUCIENNE: Non!
VATELIN: Si!
LUCIENNE: Marié! vous êtes marié!...
PONTAGNAC (embarrassé): Oui... un peu!..
LUCIENNE: Mais c'est affreux!
VATELIN: Vous trouvez?
LUCIENNE: Mais c'est épouvantable!... Comment se fait-il...
PONTAGNAC: Oh! bien! vous savez ce que c'est!... un beau jour, on se rencontre chez le Maire... on ne sait comment, par la force des choses... Il vous fait des questions... on répond "oui" comme ça, parce qu'il y a du monde, puis quand tout le monde est parti, on s'aperçoit qu'on est marié. C'est pour la vie.
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Acte II, scène 5
PINCHARD: Alors, comme ça, t'as des clous, toi!
VICTOR: Oui, monsieur le Major. Oh! c'est pas grand-chose!
PINCHARD: C'est bien, je connais ça! Médecin-major dans la cavalerie, j'en vois plus souvent qu'à mon tour!... Fais voir!
VICTOR: Oui, monsieur! j'ai attrapé ça!...
PINCHARD: Je ne te demande pas de boniments! Déculotte-toi.
VICTOR: Monsieur le Major?
PINCHARD: Tu ne comprends pas le français? Je te dis: déculotte-toi!
VICTOR (interloqué): Mais monsieur le Major...
PINCHARD: Quoi! C'est ma femme qui te gêne? Fais pas attention, elle est sourde!
VICTOR: Ah! bon!
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MAGGY : Quand je souis arrivée cet matin, j'ai tout de suite écrivé à vous... et pouis et pouis... j'ai pas envoyé la lettre... je mé souis disé il répondra peut-être pas à moâ... j'ai jeté mon lettre à la panier... et j'ai pris un hansom... comment vous dis... un sapin pour venir... Aoh ! comme il est difficult... la rue de vous trouvéi... Je sais pas, le cocher comprenait pas le francéi... il voulait pas mé conduire. (...) Je loui diséi " Cocher, allez roue Thremol. " Il répondéi : connais pas...
VATELIN : Rue Thremol ! oui oui... Maintenant, croyez-vous que si vous lui aviez dit simplement, rue la Trémoille...
MAGGY : Eh bien, je dis : " rue Thremol ".