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Le Dindon Georges Feydeau

Le Dindon par Feydeau

LIRE UN EXTRAIT

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Pontagnac, le " dragueur " malheureux, sera finalement le dindon de la farce. C'est d'ailleurs un brave garçon, qui ne trompe jamais sa femme sans la plaindre. Et qui ne perd jamais la tête : il suit les dames dans la rue, mais s'il pénètre derrière elles dans les pâtisseries, il les attend sagement à la porte des bijouteries.

Quant à Vatelin, le mari de Lucienne, il risque de payer fort cher une vieille entorse à la fidélité conjugale, laquelle entorse refait brusquement surface en la personne de Maggy, une joyeuse fofolle anglaise... Un troisième larron, rival de Pontagnac, vient encore compliquer la situation. Et voilà la mécanique en marche, " sans que s'affole un seul rouage, sans que saute un seul ressort ", comme dit Jean Richepin.

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RÉDILLON : Une femme qui trompe son mari n'a pas l'habitude de lui envoyer des cartes d'invitation. (...) Si elle le fait, c'est qu'elle a une raison ! celle d'exaspérer la jalousie de son mari. (...) Ne voyez-vous pas là la comédie d'une femme outragée qui se venge ! (...)
VATELIN : Oui !
RÉDILLON : Enfin, j'en sais quelque chose, puisque c'est à moi qu'elle est venue proposer le rôle... que j'ai refusé (À part) et pour cause !...
VATELIN : Ah ! mon ami ! mon ami !
RÉDILLON : Et vous avez donné dans le panneau... Ah ! vous n'êtes guère tacticien !
VATELIN : Je suis avoué.
RÉDILLON : Voilà !
VATELIN : Ah ! que je suis content !... (Sanglotant) que je suis con... on... tent ! Ah ! là ! là !... Ah ! là ! là !
RÉDILLON : La joie fait peur !

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LUCIENNE : Vous regarderiez comme une indélicatesse d'écorner moindrement la fortune de votre femme, et quand il s'agit de cet autre bien qui lui appartient, qui lui est dû, qui fait partie du fonds social, la fidélité conjugale, ah ! vous en faites bon marché ! " Qui est-ce qui veut en détourner un morceau, allons là, la première venue ? Avancez ! il en restera toujours assez ! " Et vous gaspillez ! vous gaspillez ! Qu'est-ce que ça vous fait ! C'est votre femme qui paye ! Et vous trouvez ça honnête ? (...) Vous n'avez pas le droit de disposer d'un capital que vous avez aliéné.
PONTAGNAC : Mais permettez, le capital, je n'y touche pas ! le voilà ! il est intact ! Vous me permettrez bien de toucher un peu aux rentes. Notez que, par contrat, j'ai la gestion des biens ! Eh bien ! pourvu que j'aie la plus grande partie en fonds d’État, vous ne pouvez pas trouver mauvais que je fasse quelques placements en valeurs étrangères.
LUCIENNE : Quand on est marié, on ne doit faire que des placements de père de famille !

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Acte I, scène 2

LUCIENNE: Allez, vous êtes tous les mêmes, vous autres célibataires.
VATELIN: Célibataire, lui! mais il est marié.
LUCIENNE: Non!
VATELIN: Si!
LUCIENNE: Marié! vous êtes marié!...
PONTAGNAC (embarrassé): Oui... un peu!..
LUCIENNE: Mais c'est affreux!
VATELIN: Vous trouvez?
LUCIENNE: Mais c'est épouvantable!... Comment se fait-il...
PONTAGNAC: Oh! bien! vous savez ce que c'est!... un beau jour, on se rencontre chez le Maire... on ne sait comment, par la force des choses... Il vous fait des questions... on répond "oui" comme ça, parce qu'il y a du monde, puis quand tout le monde est parti, on s'aperçoit qu'on est marié. C'est pour la vie.

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Acte II, scène 5

PINCHARD: Alors, comme ça, t'as des clous, toi!
VICTOR: Oui, monsieur le Major. Oh! c'est pas grand-chose!
PINCHARD: C'est bien, je connais ça! Médecin-major dans la cavalerie, j'en vois plus souvent qu'à mon tour!... Fais voir!
VICTOR: Oui, monsieur! j'ai attrapé ça!...
PINCHARD: Je ne te demande pas de boniments! Déculotte-toi.
VICTOR: Monsieur le Major?
PINCHARD: Tu ne comprends pas le français? Je te dis: déculotte-toi!
VICTOR (interloqué): Mais monsieur le Major...
PINCHARD: Quoi! C'est ma femme qui te gêne? Fais pas attention, elle est sourde!
VICTOR: Ah! bon!

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MAGGY : Quand je souis arrivée cet matin, j'ai tout de suite écrivé à vous... et pouis et pouis... j'ai pas envoyé la lettre... je mé souis disé il répondra peut-être pas à moâ... j'ai jeté mon lettre à la panier... et j'ai pris un hansom... comment vous dis... un sapin pour venir... Aoh ! comme il est difficult... la rue de vous trouvéi... Je sais pas, le cocher comprenait pas le francéi... il voulait pas mé conduire. (...) Je loui diséi " Cocher, allez roue Thremol. " Il répondéi : connais pas...
VATELIN : Rue Thremol ! oui oui... Maintenant, croyez-vous que si vous lui aviez dit simplement, rue la Trémoille...
MAGGY : Eh bien, je dis : " rue Thremol ".

 

Le Dindon de Georges Feydeau - Libre Théâtre

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Le Dindon de Feydeau

Comédie en trois actes et en prose de Georges Feydeau créée le 8 février 1896, sur la scène du théâtre du Palais-Royal. Très grand succès : 275 représentations.
Distribution : 11 hommes et 6 femmes
Téléchargement de la pièce en texte intégral gratuitement sur libretheatre.fr
Lien vers la notice sur data.libretheatre.fr

L’argument

Vatelin et sa femme Lucienne s’aiment. Rédillon, un ami du couple, courtise Lucienne depuis des années. Pontagnac, coureur de jupons notoire, a poursuivi Lucienne jusque chez elle et découvre que son mari n’est autre de son ami Vatelin, qui prend la situation avec humour. Tout se gâte quand revient Maggy, une ancienne maîtresse anglaise de Vatelin, qui menace de se suicider s’il lui refuse un rendez-vous. Lucienne a toujours juré qu’elle prendrait un amant sitôt prouvée l’infidélité de son mari. La mécanique est en place : qui sera le dindon de la farce ?…

Programme des représentations au Théâtre du Palais Royal

Gallica offre une série de documents relatifs aux premières représentations de cette pièce au théâtre du Palais Royal en 1896 : des programmes, des photogrammes… (Source : BnF/Gallica)

Le Dindon

Premier acte

2ème acte : double flagrant-délit

2ème acte : double flagrant-délit

3ème acte

3ème acte

 


On regardera avec amusement les publicités thématiques qui entourent la distribution : émail d’albâtre pour avoir les dents blanches, poudre de riz qui fait disparaître les rougeurs et les rides et préservatif antiseptique indispensable pour l’usage intime…

Programme du Dindon
Programme du Dindon, Théâtre du Palais Royal, 1896. Source BnF/Gallica

Quelques mises en scène…

Le Dindon est entré au Répertoire de la Comédie Française en 1951. L’INA propose deux représentations de la pièce de Feydeau par la Comédie Française :

  • la transmission télévisée dans le cadre de l’émission Au théâtre ce soir le 18 avril 1969 sur le site de l’INA

Philippe Adrien a mis en scène cette pièce en 2010. Le dossier pédagogique autour de ce montage est en ligne sur le site du Grand R, la scène nationale de La Roche-sur-Yon.


Le Dindon de Georges Feydeau - Libre Théâtre

L’usage du vin de coca se développe à la fin du XIXème siècle favorisé par de nombreuses campagnes publicitaires.

En 1863, un jeune chimiste corse du nom de Angelo Mariani commercialise un médicament breveté qu’il baptisa Vin Tonique Mariani à la Coca du Pérou. Composé d’une infusion de 3 variétés de feuilles de coca dans du vin de Bordeaux, le Vin Tonique Mariani fut immédiatement salué comme un stimulant idéal de l’estomac, un analgésique des voies respiratoires et des cordes vocales, un coupe-faim, un anti-dépresseur, et comme traitement de l’anémie. La dose recommandée était de deux ou trois verres de vin par jour à boire 30 minutes avant ou juste après le repas. Chaque verre de 30ml de vin Mariani contenait 6 milligrammes de principe actif, la cocaïne.

Le Dindon de Georges Feydeau - Libre ThéâtreUntitled

 

Quiproquos à gogo, jeux de mots ou de sonorités, situations rocambolesques, absurdités, grivoiseries... Il faut bien avouer qu'il a pas mal de munitions dans sa cartouchière ce Georges Feydeau.
Et il faut bien avouer également que j'imagine difficilement un lecteur qui ne serait pas pris d'un seul rire (un seul sourire si l'on souhaite rester modeste) à la lecture de ce succulent Dindon.
C'est vraiment drôle, sans se prendre au sérieux, pas de haute philosophie, un théâtre qui se veut volontairement divertissant et sans grand-chose en plus, mais qui, dans ce registre, est vraiment bien fait.
D'un point de vue scénique, c'est presque comparable à une BD de Goscinny, notamment quant aux différents types de comique employés, avec une mise en position privilégiée du spectateur, en sorte de voyeur indiscret, qui en sait toujours un peu plus que chacun des personnages et qui de ce fait, avec un coup d'avance, sent tout le décalage qui existe entre ce que croit le protagoniste et ce qui est effectivement.
Imaginez une écriture qui rappellerait parfois les gauloiseries d'un Maupassant mais qui, prise d'un élan comique inaccoutumé, voudrait se mettre à faire du Molière à la Belle Époque du XIXème finissant. le Dindon est cela.
Les maris adultères du Paris huppé pullulent et sont prêts à sauter sur tout ce qui bouge en étant vaguement féminin, toutes les aventures possibles ou impossibles, tandis que les épouses, courtisées, soudoyées, s'évertuent à rester fidèles, sauf, attention ! SAUF ! si on leur apporte la preuve de l'inconséquence de leur époux, auquel cas, elles se montrent capables d'une frénésie sexuelle réparatrice digne de faire pâlir n'importe quelle érotomane accomplie.
Prudence, donc, avis aux arroseurs, de faire bien attention à ne point se faire arroser, car dans tout cela, qui sera le dindon de la farce ?
C'est ce que je me permets de ne point vous révéler.
Une pièce qui gagne (comme toutes les pièces, me direz-vous, mais ce n'est pas toujours clair) à être vue sur scène plutôt que lue quoiqu'elle constitue un fort agréable moment de lecture que je vous recommande bien volontiers.
Néanmoins, vous avez appris à connaître ma petite ritournelle, qui vous enjoint à ne considérer cet avis que pour ce qu'il est, à savoir, pas grand-chose.

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Critique du Dindon (pièce courte en un acte)
Personnages : Relax, Madame
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(Relax est assis dans le fauteuil du salon, en train de lire. Madame entre discrètement dans son dos et jette un oeil au livre)
Madame (fort) : J'en étais sûre !
Relax (tellement surpris qu'il en tombe du fauteuil) : Qu'est-ce qui te prend ? Tu m'as fait peur.
M : Oh, inutile de faire l'innocent, hein !
R (se relevant) : Mais de quoi diable parles-tu ?
M : Tu te prépares à me tromper !
R : Pardon ?
M (passant à droite de la scène, lui tournant le dos) : Je vois bien ton manège !
R : Mais… mais… tu as bu ou bien ? Je suis là tranquillement en train de lire et tu débarques come une sorcière qui croit que je lui ai volé son balais.
M (se rapprochant de R.) : Suffit ! Tu lisais oui, mais quoi ? Hein ?... Aha ! Tu n'oses pas le dire n'est-ce pas ?
R : Mais pas du tout, c'est « le Dindon » de Feydeau. Tu sais, la pièce de théâtre…
M : Oui, oui… je sais. J'ai regardé « Au théâtre ce soir » moi aussi figure-toi ! Et de quoi est-ce que ça parle, hein ?
R : Eh bien c'est du vaudeville. Une femme de notable se fait poursuivre par un homme qui n'a que l'envie de l'entreprendre plus avant. Il la suit jusque chez elle et…
M : Ah !
R : Quoi « ah ! »
M : Tu vois, ça parles d'adultère ! D'un homme qui souhaite avoir une maîtresse.
R : Eh bien oui, même plusieurs hommes dans ce cas en fait. Cela entraîne des imbroglios et…
M : de mieux en mieux ! (elle se retourne et jette un coussin à la tête de R.)
R : Mais ça va vraiment pas !
M : J'ai tout compris ! Tu es en train de t'inspirer de ce Feydeau pour faire pareil : pour me tromper ! Avoue !
R : (à part) Là je crois que Kafka s'est égaré dans la Quatrième Dimension. (à M.) Mais tu élucubres !
M : Pas du tout ! Feydeau est un expert. (elle agite ses bras en tous sens) Comment faire sa cour élégamment. Comment réserver la chambre dans le bon hôtel. Comment préparer un baratin pour le mari ou pour moi en cas de rencontre fortuite…
R : Alors d'abord, les « amants » potentiel du Dindon sont plutôt de gros maladroits et en plus ils ne sont pas aidés par le destin qui les met dans des situations inextricables.
M :Mff ! Dans ce cas tu apprends tout ce qu'il ne faut pas faire ; ça revient au même.
R : Mais tu es terrible ! Ceci dit c'est vrai qu'ils sont très forts en improvisation.
M : Quand je pense à ce que les pauvres personnages féminins sont obligés de subir.
R : Oh, mais elles savent se défendre. Il y a deux épouses qui n'hésitent pas à appliquer la loi du Talion.
M (se rapprochant) : Quoi ?
R : Eh bien oui ! Dès qu'elles ont la certitude que leurs maris les trompent, elles se donnent à leurs amants (à art) Bon, à un amant potentiel qui se trouve face aux deux en même temps et est bien embarrassé pour choisir.
(Madame s'est encore doucement rapprochée et essaie de s'emparer du livre)
R : Mais qu'est-ce que tu fais maintenant ?
M : Donne-moi ça !
R : Pourquoi ?
M : Donne ! Ça m'intéresse de savoir comment on trompe son mari. (elle lui court après).
R : Tiens donc ! Non, tu ne l'auras pas !
M : Je le veux !
R : Non, je te dis. de toute façon tu serais déçue car Feydeau ne va pas jusqu'au bout. Tout s'arrange bien pour tout le monde et personne ne souffre
M : Bon, et bien dans ce cas tu n'as pas à t'inquiéter. Donne !
R : Non ! Je ne veux pas que ces idées te donnent des idées.
M : Ah ! C'est moins rigolo quand on est le dindon soi-même hein ?
R : Oh et puis zut ! Tiens, prend-le. Tout ce que tu vas attraper, c'est une crise de rire.
M : Merci… (elle se rapproche) Bon. Je me suis peut-être emportée.
R : (à part) Peut-être ? (à M) J'ai peut-être été un peu jaloux aussi.
M : Et si on faisait semblant d'être des amants hein, histoire de mettre un peu de piment. Tu réserves une chambre d'hôtel et…
R : Bonne idée… La même que d'habitude ?
M : Oui, l'aventure d'accord, mais en hôtel trois étoiles pas moins.
R (s'éloignant vers le fond) : J'y vais. Au fait, tu savais que Feydeau et Raimu s'étaient connus ? Marrant, en lisant ça j'ai eu l'impression qu'on avait trouvé assez de terre pour combler un abîme de temps et… (il sort)
M : Bla bla bla ! Je vous jure ! Ce qu'il ne faut pas faire pour le sortir de ses bouquins à celui-là. (elle sort)
Challenge Théâtre 2017-201

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Le Dindon par Feydeau

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