Du corps humain auquel il rend hommage, Verlaine fait jaillir une céleste musique. Corps de femmes, corps de garçons rêvés, aimés, dont chaque versant, chaque pli désigne un chemin à explorer, un paysage à parcourir.
Avec la grâce d’une rivière paresseuse ou la rage d’un torrent tumultueux, le désir coule entre les lignes, invitant au voyage de la sensualité et du plaisir. Ces poèmes furent écrits et publiés clandestinement à différents moments de la vie de Verlaine, de 1868 à 1890. Illustration de couverture :
Les Amies est une plaquette de poèmes de Paul Verlaine publiée clandestinement sous le pseudonyme de Pablo de Herlagnez en décembre 1867. Elle rassemble six sonnets, la plupart érotiques, consacrés à l'homosexualité féminine. C'est le deuxième recueil publié par Verlaine après Poèmes saturniens paru en 1866..
Après la parution des Poèmes saturniens, Verlaine se consacre à plusieurs projets simultanément. Tout en composant les poèmes de son futur recueil Fêtes galantes, il compose plusieurs poèmes dans d'autres genres, et il collabore au journal littéraire et satirique Le Hanneton, dirigé par Eugène Vermersch, où il publie le un sonnet intitulé « Sappho », à propos de la poétesse grecque antique de ce nom1.
Le recueil est imprimé en Belgique par l'éditeur bruxellois Auguste Poulet-Malassis, connu pour publier des écrits alors considérés comme licencieux, comme Les Fleurs du mal de Baudelaire. La plaquette est tirée à cinquante exemplaires dont huit, destinés à l'auteur, ne parviennent pas immédiatement à Verlaine, ayant été saisis par la douane à la frontière qu'ils devaient passer dans une expédition de contrebande ;
Verlaine les récupère un peu plus tard au cours d'un voyage en Belgique2. Le recueil est condamné à la destruction par le tribunal correctionnel de Lille le , en même temps qu'une cinquantaine d'ouvrages dont Les Épaves de Baudelaire, pour « outrages à la morale publique et religieuse ainsi qu'aux bonnes mœurs ».
Poulet-Malassis lui-même n'est pas poursuivi en justice, mais le libraire bruxellois chargé de vendre le livre en France, Charles Sacré-Duquesne, est condamné par la justice à un an d'emprisonnement et à 2000 francs d'amende, tandis que son épouse est condamnée à quatre mois d'emprisonnement et 500 francs d'amende, le tout pour « colportage sans autorisation2 ». Un second tirage est malgré tout imprimé début 1869 avec de très légères corrections. En 1870, une deuxième édition puis une troisième édition paraissent, mais ce sont des contrefaçons auxquelles Verlaine n'a pas collaboré.
En 1872-1873, Verlaine pense à nouveau au recueil et demande à son éditeur et ami Lepelletier de les lui envoyer à Londres où il voyage avec Rimbaud ; mais son altercation avec le poète et sa condamnation à la prison l'empêchent de mener à bien ce qui était peut-être un projet de réédition.
Un projet de réédition est lancé par son ami Léo d'Orfer en 1883, mais n'aboutit pas. Le recueil est finalement publié à nouveau en 1884, dans La Revue indépendante du mois d'octobre. Verlaine décide ensuite de regrouper les poèmes des Amies dans son recueil Jadis et naguère, mais ils n'y sont pas insérés, peut-être en raison des réticences de l'éditeur Vanier ; c'est dans Parallèlement qu'elles sont finalement rééditées en 1889
Les Amies se compose de six sonnets : « Sur le balcon », « Pensionnaires », « Per amica silentia », « Printemps », « Été » et « Sappho ».
es Amies relève de la poésie érotique féminine, sujet que Verlaine traite à nouveau par la suite avec les poèmes groupés sous le titre « Filles » dans Parallèlement en 1889 puis le recueil Femmes paru sous le manteau en 1890 qui est franchement pornographique. À l'époque où Verlaine publie Les Amies,
la poésie érotique, notamment le thème du lesbianisme, n'est pas une nouveauté : des poèmes érotiques paraissent dans des recueils comme le Parnasse satyrique du xixe siècle et le Nouveau Parnasse satyrique du xixe siècle en 1864 et 1866
Le Sommeil, aussi intitulé Les Deux Amies et Paresse et Luxure, est un tableau peint par Gustave Courbet. Cette œuvre représentant deux femmes se reposant a été réalisée en 1866 et est maintenant conservée au Petit Palais de Paris
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a noter
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Commande du diplomate ottoman Khalil-Bey à Courbet, le tableau est vendu avec l'Origine du monde en 1866. En 1868 à la suite de la vente de la collection Khalil-Bey, l'œuvre devient jusqu'en 1882, la propriété de Jean-Baptiste Faure chanteur d'opéra et amateur d'art, qui possédait aussi le Déjeuner sur l'herbe d'Édouard Manet. Après 1882, le tableau passe en possession d'Auguste Reverdin, chirurgien suisse, qui l'a acquis par l'intermédiaire de Léon Massol. En 1953 il entre dans les collections du Petit Palais après acquisition à la galerie Paul Valloton (ancienne galerie Bernheim-Jeune).
Les deux amies Anciennes appartenances : Comtesse A. de Toulouse-Lautrec
La fascination pour l’éternel féminin poussée jusqu’à l’extrême, jusqu’à l’univers de la maison close, Toulouse-Lautrec l'observe avec curiosité et la livre avec pudeur dans des œuvres fortes, comme le “Salon de la rue des Moulins”, “Les deux amies”, “Au lit”, ou “Femme qui tire son bas”.