La mauvaise Herbe
La mauvaise herbe
Éditeur : AUTO ÉDITION (05/12/2020)
Restée seule au milieu du jardin, la petite fille s’est relevée. Il ne lui reste plus qu’un ou deux mètres de terrain à travailler. Elle se rappelle les paroles de son père : «les mauvaises herbes, il faut les déraciner. Une fois que tu as bien supprimé les racines, la plante ne repousse plus, elle est morte à jamais».
Elle ne se doute pas que dans son cœur commence à germer une graine de mauvaise herbe; elle ne sait pas à ce moment précis qu’elle aussi, un jour, elle sera déracinée.
D'Alger à la banlieue lyonnaise, ce roman raconte le destin tragique d’une jeune femme algérienne, qui petite fille rêvait d’indépendance et de liberté et qui va se retrouver emprisonnée par le poids des traditions et de la religion.
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Ce roman est un de ceux qui m'ont le plus marqués cette année. Lisez-le et vous comprendrez alors pourquoi je ressens encore tant d'émotions en vous le présentant. Un récit poignant qui nous bouleverse et s'inscrit en nous.
« Ce livre est le cri de toutes les femmes bafouées, violentées jusqu’à en perdre la vie » nous explique l'auteur.
Alors que nous lisons les pages de ce livre, des femmes vivent à l’instant la même histoire qu’Amira, le personnage principal. Et cela fait quelque chose, cela remue, cela nous fait mal parce que le roman raconte une vie difficile, et que cette vie là se joue à quelques centaines de kilomètres du lecteur, en Algérie.
« Les mauvaises herbes, il faut les déraciner. Une fois que tu as bien supprimé les racines, la plante ne repousse plus, elle est morte à jamais » expliquait le père d’Amira à sa fille, lorsque tous deux entretenaient le jardin familial. Pouvait-on penser alors que quelques années plus tard, cette enfant deviendrait elle-même une mauvaise herbe ?
Son crime ? Vouloir exister, simplement exister ! Mais au nom d’un Dieu et de croyances culturelles archaïques, elle n’a pas le droit. Alors, pour la soumettre au bon désir de la société patriarcale dans laquelle elle évolue, on arrache un à un ses désirs simplement parce qu’ils font offense à ce que l’on attend du sexe féminin : enfanter, obéir, baisser la tête.
Amira résiste, mais à quel prix ?
Le récit est découpé en quatre parties désignées par les noms des saisons qui sont comme des tranches de vie pour notre héroïne. Nous la suivons tout au fil des pages, de l'enfance à l'âge adulte.
Nous vivons avec elle les jours d' insouciance où tous les rêves sont permis, où les amitiés naissent, où tante Nour, Loubna, Sofia ensoleillent son quotidien. Mais nous apprenons aussi avec elle que, sortie du paradis de l'enfance, une femme doit se plier à la loi des hommes ou mourir si elle n'abdique pas. Amira doit-elle alors s'exiler et se déraciner de son pays qu'elle aime tant? Plus tard, nous nous réjouissons de son mariage qui porte en lui de si belles espérances, celles de lui rendre son indépendance, d'exercer son métier de professeur et de chérir son fils Wahid, ainsi que son époux Driss le lui a promis. Mais la réalité est autre et la fin de l’histoire percutante.