Le Château de Guillaumes Patrimoine
Ce château-donjon, dont la silhouette majestueuse donne un cachet si pittoresque au paysage, incarne toute l’histoire de Guillaumes.
Attribuée au roi René, l’édification de ce château, dit » de la reine Jeanne « , domine avec fierté le village : la tour cylindrique de gauche est une construction médiévale, et sa situation sur un éperon rocheux est typique des sites des fortifications moyenâgeuses.
En 1245, Charles Ier d’Anjou, frère du roi Louis IX, devient comte de Provence. Jusqu’en 1253, il rencontre de violentes oppositions et il est contraint de conquérir la région. A cette occasion, il crée des châteaux neufs, mais surtout il en confisque de nombreux autres. Dans les édifices nouvellement entrés dans le domaine comtal, le comte Charles Ier, à l’imitation des rois capétiens de France depuis Philippe-Auguste, plante des donjons cylindriques. Cette forme, non usitée avant lui dans la région, devient le symbole désignant les édifices depuis lesquels est exercé le pouvoir souverain.
Au cours du XIVe siècle, le domaine est dispersé par des souverains lointains qui résident le plus souvent à Naples dont ils sont rois. Depuis 1282, ils y sont contraints de soutenir une lutte permanente contre la maison de Barcelone-Aragon à qui avait appartenu la Provence jusqu’en 1245 et qui de surcroît prétend hériter du royaume de Sicile en tant que descendant cognatique des Hohenstaufen. Des invasions de Routiers et des querelles de succession créent d’importants désordres dans le dernier tiers du XIVe siècle, entraînant l’annexion d’une partie de la Provence orientale (avec Nice) par le comte de Savoie et l’élimination des descendants de Charles Ier en faveur d’une branche des Valois.
En 1388, le château de Guillaumes est investi d’un rôle de premier plan à cause des circonstances. Pour cette raison, il est remodelé et agrandi. On constate alors avec étonnement que les nouveaux comtes utilisent encore le vieux principe capétien du donjon cylindrique, alors même qu’en France les Valois ont adopté un autre modèle de château qui n’est introduit en Provence qu’au début du XVe siècle à Tarascon semble-t-il.
Il incarne la grandeur de Guillaumes à l’époque où Guillaumes devint Chef-lieu de Viguerie. En 1562, Charles IX, roi de France, consacre l’intérêt militaire de la place forte de Guillaumes en y affectant une garnison permanente.
Puis, de 1700 à 1706, Vauban dresse de nouveaux plans du château ainsi que de nouvelles fortifications. Ces dernières seront malheureusement détruites quelques 60 années plus tard, du fait de la rectification des frontières imposées par le traité de Turin du 24 Mars 1760 entre Louis XV et Charles Emmanuel III. La place est cédée à la Maison de Savoie et le château démantelé.