les Gargouilles de Notre Dame
Edifice gothique érigé au Moyen-âge, la cathédrale Notre-Dame-de-Paris possède de nombreuses sculptures et, parmi celles-ci, un grand nombre de gargouilles. Découvrez les étonnantes, fabuleuses voire légendaires gargouilles de Notre-Dame-de-Paris lors de votre visite ! Vous suivrez alors autant la trace des maîtres bâtisseurs et tailleurs du Moyen-âge que l'extraordinaire talent d'écrivain de Victor Hugo.
LES GARGOUILLES DE NOTRE-DAME VEILLENT SUR LE BÂTIMENT
Si vous vous êtes déjà approché de la cathédrale Notre-Dame de Paris, vous avez sûrement remarqué, parmi le décor très riche de ses différentes façades, entre arcs-boutants et pinacles, de drôles de scupltures aux allures fantastiques. Les gargouilles et autres chimères font pleinement partie de l'histoire de la cathédrale et participent à l'âme du lieu.
Les gargouilles ont en premier lieu une utilité pratique. L'eau de pluie, ruisselant sur les toits de Notre-Dame de Paris, doit être évacuée sans ruisseler sur les murs, au risque de les dégrader. En rejetant l'eau de pluie dans le vide, les gargouilles protègent la cathédrale et évitent qu'un ruissellement excessif ne finisse par abîmer la pierre. C'est d'ailleurs la principale différence entre les gargouilles et les chimères. Les premières servent à évacuer l'eau de pluie, les secondes ont une finalité décorative.
Nous oublions qu'elles sont là, nous ne les voyons pas pourtant elles nous observent .Les gargouilles et autres chimères de Notre-Dame de Paris .
Quand elles apparaisent vers 1240, les gargouilles dont le nom peut évoquer le glou-glou de l’eau, ont d’abord un rôle technique et pratique : il s’agissait d’évacuer les eaux de pluie en les faisant retomber à bonne distance des murs. Mais bientôt, les gargouilles qui, à l’origine étaient peu nombreuses et évacuaient donc chacune de grandes quantités d’eau vont se multiplier. Les quantités d’eau passant par chacune d’elle étant moins importantes, leur structure va vite évoluer vers quelque chose de plus fin de plus léger. Et les sculpteurs vont leur donner cet aspect d’animaux ou de personnages fantastiques.
Au XIXe siècle naît une fascination nouvelle pour les gargouilles et les chimères des cathédrales. On considère généralement que Victor Hugo en est à l’origine ; après avoir chanté dans La bande noire l’architecture médiévale15, il fait des gargouilles des personnages centraux de son roman Notre-Dame de Paris, publié en 1831. Ainsi la laideur monstrueuse de Quasimodo fait écho aux gargouilles grotesques avec lesquels il vit16. Pourtant les gargouilles de Notre-Dame ont presque toutes été déposées au cours des siècles précédents et notamment lors de la campagne de restauration de 1792, car ne convenant pas au goût néoclassique du temps4. Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste-Antoine Lassus les fait participer de sa restauration du monument, remplaçant les gargouilles détruites au siècle précédent et en ajoutant de nouvelles ainsi que cinquante-six chimères, dont le fameux stryge ornant la galerie ; ces sculptures sont réalisées par l’équipe de Victor-Joseph Pyanet. Ces réalisations découlent de l’observation d’autres monuments et d’une campagne de moulage orchestrée par Viollet-le-Duc pour le Musée de sculpture comparée, actuelle Cité de l’architecture et du patrimoine, notamment une série de gargouilles de Notre-Dame de Laon et une autre de Saint-Urbain-de-Troyes, mais lui et Lassus s’inspirent aussi dans leurs dessins de l’œuvre d’Hugo.
Figures récurrentes du romantisme les gargouilles sont encore aujourd’hui des emblèmes du Moyen Âge ; on retrouve ainsi les gargouilles de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans l’adaptation par Disney du roman d’Hugo, Le bossu de Notre-Dame.
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Quasimodo et les gargouilles,
illustration par Luc-Olivier Merson
pour l'édition de 1882 du roman
Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.
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Mais comme dans tout édifice gothique ou rien n’est dû au hasard et où chaque sculpture renferme un sens caché ou ésotérique, les gargouilles vont elles aussi se voir attribuer un rôle. Placées au bord des toits des cathédrales et donc en contact avec l’extérieur, elles auront pour mission symbolique de rappeler que le Bien se trouve à l’intérieur de l’Eglise, leur aspect peu engageant ayant pour but de maintenir éloigné de ces lieux consacrés le Mal, les non-chrétiens ou plus généralement les ennemis de Dieu. Elles étaient en quelque sorte les Gardiens du Temple rappelant aux fidèles que rien ne les menacerait à l’intérieur puisque l’esprit du Malin serait énergiquement maintenu à l’extérieur.
Enfin, elles pouvaient avoir un rôle purificateur donc associé au Bien en laissant passer au travers de leur corps, en les digérant, les eaux usées, sales de la pluie pour les éloigner des murs.
Frappantes par leur expressivité mais mal renseignées par les textes, les gargouilles ont fait l'objet de très nombreuses interprétations. Ainsi au xixe siècle on a pu en proposer plusieurs aujourd'hui dépassées ; Charles-Auguste Aubert les donne pour des diables vaincus, tandis que selon Joris-Karl Huysmans elles ont pour fonction de vomir les vices hors de l'Église7, enfin pour Emile Mâle elles ne sont que des fantaisies de sculpteurs, reflet d'une culture populaire8.
Aujourd'hui on s'accorde sur leur efficacité symboliques ; elles sont apotropaïques, elles repoussent le mal, et sont en quelque sorte les gardiens de l'édifice, contre les démons mais aussi contre les pêcheurs. Plusieurs textes médiévaux nous permettent de le penser, ainsi le récit par le prédicateur Étienne de Bourbon de la mort d'un usurier, métier réprouvé par le christianisme, tué par la chute d'une bourse de pierre que portait une gargouille9. La présence récurrente d'animaux effrayants tels que le lion, le dragon, ou encore le chien10 aliment cette interprétations de gargouilles gardiennes.
Les gargouilles obscènes qui ont tant frappé les esprits, animaux aux sexes disproportionnés, hommes et femmes montrant leur sexe ou leurs anus, semblent elles aussi avoir vocation à protéger le bâtiment11. On sait en effet que depuis l'Antiquité les images à caractère sexuel sont utilisées pour faire fuir les démons et le Moyen Âge a produit de nombreuses enseignes profanes figurant des images sexuelles qui devaient protéger leurs porteurs12.
Avec la multiplication des figures humaines et la liberté de plus en plus grande des sculpteurs on pense que les gargouilles ont progressivement joué un rôle moral, visant à moquer les travers de la société, y compris de l'Église ; ainsi un prédicateur Jean Bromyard, compare le clergé fainéant aux gargouilles13. Les figures obscènes visant à faire peur aux démons auraient de plus en plus cherché à faire rire ; on sait aussi que depuis l'Antiquité faire rire le démon est une bonne manière de l'éloigner, et cette dimension morale des gargouilles tardives est donc compatible avec son efficacité symbolique.
sources:Wilkipédia
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- Michael Camille
- Les gargouilles de Notre-Dame,
- médiévalisme et monstre de la modernité,
- Paris, Alma, 2011.
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Evacuer les eaux de pluie
Quand elles apparaisent vers 1240, les gargouilles dont le nom peut évoquer le glou-glou de l’eau, ont d’abord un rôle technique et pratique : il s’agissait d’évacuer les eaux de pluie en les faisant retomber à bonne distance des murs. Mais bientôt, les gargouilles qui, à l’origine étaient peu nombreuses et évacuaient donc chacune de grandes quantités d’eau vont se multiplier. Les quantités d’eau passant par chacune d’elle étant moins importantes, leur structure va vite évoluer vers quelque chose de plus fin de plus léger. Et les sculpteurs vont leur donner cet aspect d’animaux ou de personnages fantastiques.
Un rôle ésotérique
Mais comme dans tout édifice gothique ou rien n’est dû au hasard et où chaque sculpture renferme un sens caché ou ésotérique, les gargouilles vont elles aussi se voir attribuer un rôle. Placées au bord des toits des cathédrales et donc en contact avec l’extérieur, elles auront pour mission symbolique de rappeler que le Bien se trouve à l’intérieur de l’Eglise, leur aspect peu engageant ayant pour but de maintenir éloigné de ces lieux consacrés le Mal, les non-chrétiens ou plus généralement les ennemis de Dieu. Elles étaient en quelque sorte les Gardiens du Temple rappelant aux fidèles que rien ne les menacerait à l’intérieur puisque l’esprit du Malin serait énergiquement maintenu à l’extérieur.
Enfin, elles pouvaient avoir un rôle purificateur donc associé au Bien en laissant passer au travers de leur corps, en les digérant, les eaux usées, sales de la pluie pour les éloigner des murs.
Le Diable a t-il participé à la construction ?
C’est ce que dit une légende. Au temps de la construction de la cathédrale, un apprenti-serrurier, Biscornet, voulait devenir maître. Pour cela, il fallait accomplir un chef-d'œuvre. La corporation des serruriers lui confia fabrication des ferrures de porte.
Enorme travail qui occupa les pensées de ce Biscornet qui ne tarda pas à être découragé par l’ampleur de la tâche. Au point que voyant s’éloigner de lui le chef-d’œuvre qu’il espérait, une nuit, devant le feu de sa forge, il jeta fer et marteau en jurant : « Au Diable !!! »
Aussitôt le Diable apparut qui lui proposa le marché : Les ferrures contre son âme. Bien sûr, Biscornet refusa. Mais au matin, quand il se réveilla, Biscornet trouva sur son enclume les ferrures terminées et aussi parfaites qu’il les avait imaginées.
Le Diable a la clé...
Quand ils virent les ferrures, les Maîtres s‘extasièrent devant le travail de leur apprenti. Bien sûr, il fut aussitôt nommé maître-serrurier. Mais une fois installées, on s’aperçut que seules les ferrures de la porte principale, par où passait le Saint-Sacrement fonctionnait, le Diable n’ayant pas voulu y toucher, tandis que les autres, celles des portes latérales servant aux fidèles restaient bloquées, les empêchant ainsi d’aller prier. On fut obligé de les changer. Ce que voyant, Biscornet perdit sa joie de vivre et finit par mourir…
Emporté en enfer ou sauvé par la Vierge comme certains le disent, la légende confirme bien que le Diable a suivi avec intérêt (et peut-être davantage…) la construction d’un édifice qui avait eu pour but de l’en tenir éloigné...
Notre-Dame de Paris sauve Notre-Dame
Quand il publie en 1831 "Notre-Dame de Paris", Victor Hugo imagine la rencontre amoureuse impossible de Quasimodo, être difforme, et d’Esmeralda, la belle gitane. Le roman est un succès énorme. A cette époque, Notre-Dame de Paris, le bâtiment, est dans un état tellement dégradé que l’on envisage même sa destruction. Mais le roman de Victor Hugo a alors un tel retentissement dans l’imaginaire collectif qu’il va contribuer à accélérer les décisions administratives qui conduiront à la restauration de l’édifice.
Notre-Dame de Paris aura sauvé Notre-Dame…