litterature en Occitanie
La littérature occitane rassemble l'ensemble du corpus littéraire composé en langue d'oc. Chronologiquement ce corpus s'étend sur plus de mille ans depuis le Moyen Âge jusqu'à l'époque contemporaine et rassemble géographiquement des écrivains originaires de plusieurs pays de langue d'oc (tels que le Limousin, l'Auvergne, la Guyenne, la Gascogne, le Languedoc, le Rouergue, le Béarn, la Provence, le Vivarais, Nice, les Vallées Occitanes d'Italie) mais également (et ce depuis le Moyen Âge) des écrivains d'outre-mer ou issus d'une diaspora occitane ; de plus, certains écrivains totalement étrangers de naissance à la langue d'oc l'ont adoptée par la suite.
La littérature en langue d'oc, souvent et largement méconnue, couvre un grand nombre de genres de styles et de registres ; d'une manière non exhaustive on peut souligner l’existence en occitan de théâtre médiéval, Renaissance, baroque, de livrets d'opéra, de chansons de gestes, de romans philosophiques, burlesques, romantiques, de poésies lyriques, d'églogues, de textes sacrés, de textes scientifiques, légaux, de recueils épistolaires.
L'histoire de la littérature occitane nous a légué des œuvres sur une étendue de plus de mille ans. Un des premiers grands textes est la Chanson de Sainte Foy (Cançon de Santa Fe) du xie siècle.
À partir du xiie siècle, Guillaume IX d'Aquitaine (Guilhem IX) ouvrit l'ère des troubadours et trobairitz qui vit briller la langue d'oc à travers toute l'Europe et jusqu'au Comté de Tripoli (territoire d'outre-mer associés en littérature à l'« hagiographie » du troubadour et seigneur de Blaye Jaufré Rudel).
Parmi les trobairitz, le nom de la comtesse de Beatritz de Diá (autrement dit, de Die) reste parmi les plus célèbres. Parmi les autres troubadours plus célèbres on peut citer : Marcabru, Bernard de Ventadour, Bertran de Born, Cercamon, Pèire Cardenal et Raimbaut de Vaqueiràs. Les troubadours écrivaient dans une langue d'oc commune que l'on désigne sous le nom de « koiné » (en référence à son équivalent grec) qu'il désignaient par les termes de « provençal », « limosin » (sans référence directe à ces régions et à leur parlers occitans locaux) ou « langue romane » (« provençal », « lemosin », « lenga romana »), néanmoins Raimbaut de Vaqueiras composa un poème en plusieurs langues dans lequel deux paragraphes séparés revendiquent respectivement le gascon et le provençal (le second incluant théoriquement le premier, du moins pour les troubadours gascons) ; il est, de fait, le premier écrivain connu ayant écrit en gascon. Il est à souligner également qu'en tant que souverain de langue normande et maître de l'Aquitaine occitane, le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion a écrit des vers en langue d'oc (Martín de Riquer le compte ainsi parmi les troubadours1).
À côté de leur poésie lyrique, certains troubadours nous ont légué de nombreuses œuvres narratives telles que le roman de Flamenca le chef-d'œuvre apparenté au topos qui doit son nom au Castia gilos (le Jaloux châtié) de Raimon Vidal de Besalú ; à ce topos appartient également Las novas del papagay (Les nouvelles du perroquet) d'Arnaut de Carcassés.
Le Moyen Âge fut également une période durant laquelle la langue occitane fut pourvue d'une des toutes premières académies modernes (le Consistoire du Gai Savoir - Consistori del Gay saber) ainsi que d'un concours littéraire (les Jeux Floraux - Jocs Florals) et d'une grammaire (les Lois d'Amours - Leys d'Amors).
Cette période se conclut néanmoins par la conquête d'une grande partie du sud de langue d'oc lors de la Croisade des albigeois, faits curieusement et successivement contés dans la grande Chanson de la croisade (Canso de la crosada) par deux narrateurs aux partialités adverses (initiée par Guillaume de Tudèle - Guilhem de Tudela - favorable aux croisés, puis poursuivis par un anonyme pro méridionaux). Dans l'Occitanie conquise, l'emploi administratif et littéraire du français commença alors lentement à s'imposer sur celui de l'occitan (en Béarn, néanmoins, l'emploi administratif se maintiendra partiellement jusqu'à la Révolution).
Le premier livre imprimé en occitan fut un traité de mathématiques (Lo Compendion de l'Abaco) en Niçard en 1492 de Francés Pellos à Turin. Il sera suivi presque un siècle plus tard par l'impression de la Cisterna Fulconicra de Joan Francés Fulcònis.
Guillaume de Saluste Du Bartas
Aux xvie et xviie siècles, la Gascogne en premier, puis Toulouse connurent une renaissance littéraire ; un des principaux auteurs de cette « renaissance » fut Pey de Garros, huguenot gascon, grand poète et érudit au faîte des connaissances classiques de son époque qui voulut rendre à la langue son éclat avec ses Poesias gasconas ses Eglògas et surtout sa traduction de Psaumes de David en gasconcommanditée par la reine Jeanne d'Albret ; cette dernière, souveraine de Béarn commanda également une autre version en béarnais à Arnaud de Salette ; ses Psaumes de David metuts en rima bearnesaconstitue d'après Robèrt Lafont le premier texte en langue béarnaise (les textes plus anciens étant écrits dans une langue d'oc géographiquement plus neutre). Il faut souligner que le roi Henri III de Navarre (futur Henri IV de France) avait le béarnais comme langue maternelle et correspondait entre autres en langue d'oc, en particulier pour ce qui concernait premier royaume dont la langue administrative était le béarnais des Fors.
À la même époque, la Provence, de son côté vit fleurir, entre autres, les œuvres de Louis Bellaud ainsi que de Claude Brueys.
Le xviie siècle à Toulouse vit briller et pour longtemps la poésie de Pèire Godolin).
Malgré ces auteurs, la langue d'oc continua de perdre du terrain au xviiie siècle malgré des œuvres prestigieuses comme l'opéra en occitan de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville Daphnis et Alcimadure (Dafnís e Alcimadura), l'œuvre de l'abbé Jean-Baptiste Fabre (en particulier son roman philosophique Histoire de Jean-l'on-pris (Istòria de Joan-l’an-pres), la poésie du Béarnais Cyprien Despourrins et le très grand succès de la pièce de théâtre Manicla du Toulonnais Étienne Pélabon.
Avant le Félibrige
Au xixe siècle, malgré le fait que la langue fût chaque fois davantage menacée par l'avance du français, plusieurs auteurs préparèrent sa renaissance. Parmi eux, Jasmin connut un très grand prestige sur le plan international ; à l'origine barbier d'Agen, il fut le protégé de Charles Nodier
l'ami et le frère maçon de Franz Liszt, loué par Sainte-Beuve et également par le poète nord-américain Henry Longfellow, source d'inspiration pour George Sand et prisé aussi bien par le peuple méridional que par les salons parisiens de son temps. Il est l'auteur d'un grand recueil lyrique Las papilhòtas ainsi que du poème narratif au ton dramatique L'avugle de Castelculher. Une station du métro parisien lui rend hommage.
À Marseille fleurit à la même époque l’œuvre de Victor Gélu. En Béarn on chante la poésie politique et progressiste de Xavier Navarrot.
Mistral et les félibres
Frédéric Mistral, de son côté brilla internationalement tant sur le plan littéraire (il reçut le prix Nobel de littérature) (avec Mirelha, Calendal e Lo poema dau Ròse) que par sa participation à la fondation du Félibrige et par son immense dictionnaire qui demeure la grande référence de la langue occitane : Lo Tresòr dau Felibitge -Lou Tresor dou Felibritge, dans la graphie originelle -).
Autour de Mistral et du Félibrige vont surgir un nombre impressionnant d'écrivains tels que Joseph Roumanille ou Théodore Aubanel. Un grand nombre d'écrivains surgiront dans le sillon du Félibrige. L'écrivain aristocrate Joseph d'Arbaud, par exemple (pour qui l'occitan était la langue maternelle), avec son roman La Bèstia dau Vacarés (La Bête du Vaccarès) se fait le chantre de la Camargue et des gardians tout en poussant la langue au plus haut niveau de qualité
En plus de leur réception internationale, sur leur pas se joignent des écrivains « étrangers » qui adoptent le provençal, tel que l'irlandais William Bonaparte-Wyse ou des « exilés » qui éditent outre-mer en langue d'oc (c'est le cas du Béarno-argentin Alexis Peyret).
Le XXe, entre Félibrige et occitanisme
Enfin, le xxe siècle fut paradoxalement marqué par une accentuation du recul de la langue et la multiplication des œuvres, collections et maisons d'éditions en occitan.
Après la Seconde Guerre mondiale, un groupe d'intellectuels et d'anciens résistants (comptant entre autres, Tristan Tzara, Max Rouquette et Robert Lafont) crée l'Institut d'études occitanes et initie la période connue comme étant celle de l'occitanisme qui parfois oscille entre érudition universitaire et activisme sur le terrain social.
Plusieurs noms se détachent, la limousine
le Rouergat Joan Bodon,
le Languedocien Max Rouquette,
le Gascon Bernard Manciet,
le provençal Robert Lafont.
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Sources Wilkipèdia