Le Boudoir de Georges Sand
Sand vous raconte l'histoire de sa vie
Je ne pense pas qu'il y ait de l'orgueil et de l'impertinence à écrire l'histoire de sa propre vie encor moins à choisir dans les souvenirs,que cette vie à laissé en nous,ceux qui nous paraissent valoir la peine d'être conservé.Pour ma part,je crois accomplir un devoir,assez pénible même,car je ne connais rien de plus malaisé que se définir et de se résumer en personne.L'étude du coeur humain est de tellenature que plus on s'y absorbe,moins on y voit clair; et pour certains esprits actifs se connaître est une étude fastifieuse et toujours incomplète .Pourtant l'accomplirai;ce devoir je l'ai toujours eu devant les yeux;je me suis toujours promis de ne pas mourrir sans avoir fait ce que j'ai toujours conseillé aux autres de faire pour eux-mêmes:une étude sincère de ma propre nature et un examen attentif de ma propre existence.
Une insurmontable paresse ( c'est la maladie trops occupés et celle de la jeunesse par conséquent) m'a fait différer jusqu'à ce jour d'accomplir cette tâche;
et coupable peut-être envers moi-même j'ai laissé publier sur mon compte un assez grand nombre de biographies pleines d'erreurs dans la louange comme dans le blâme.Il n'est pas jusqu'à mon nom qui ne soit une fable dans certaines de ces biographies publiées d'abord à l'étranger et reproduite s en France avec des modifications de fantaisie.Quéstionnée par les auteurs de ces récits,appelée à donner les renseignements qui me plairait de fournir,j'ai poussée l'apathie jusqu'a refuser à des personnes bienveillantes le plus simple indice.
J'éprouvais,je l'avoue,un dégôut mortel à occuper le public de ma personnalité qui n'a rien de saillant,lorsque le je me sentais le coeur et la tête remplis de personnalités plus fortes,plus logiques,plus idéales,des types supérieurs à moi-même,de personnage de roman en un mot.Je sentais qu'il ne faut parler de soi au public qu'une fois en sa vie,très sérieusement et n'y plus revenir.
Quand on s'habitue à parler de soi on en vient facilement à se vanter,et cela trés involontairement sans doute par une loi naturelle de l'esprit humain,qui ne peut s'empêcher d'embellir et d'elever l'objet de sa contemplation.Il y a même de ces vanteries naïves dont on ne doit pas s'effrayer lorsqu'elles sont revêtues de formes du lyrisme,comme celles des poètes,qui ont sur le point un privilège sacré et consacré.
Mais l'enthousiasme de soi même qui inspire ces audacieux élan vers le ciel n'est pas le milieu où l'âme puisse se poser pour parler longtemps d'elle-même aux hommes.Dans cette excitation,le sentiment de ses propres faiblesses lui échappe.Elle s'identifie avec la Divinité,avec l'idéal qu'elle embrasse;s'il se trouve en elle quelque retour vers le regret et le repentir,elle l'exagère jusqu'à la poésie du désespoir et du remords;elle devient Werther,ou Mandred,ou Faust,ou Hamlet,types sublimes au point de vue de l'art.mais qui sans le secours de l'intelligence philosophiques