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le choix des libraires une librairie 20000jeuxsousleslivres

 

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Ca  s'est passé  à la librairie

#dedicace 

le

1 er juillet 

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Fabrice a remporté le prix Chambery du premier roman, un des prix les plus prestigieux en France qui a déjà récompensé par le passé des écrivains comme Michel Houellebecq, Amélie Nothomb, Mathias Enard, Laurent Gaudé, Christine ANGOT.En plus d'être lauréat du prix Chambery, Fabrice Sluys est artiguais : il est surtout l'auteur d'un beau livre, initiatique, onirique, poétique et littéraire.Il faut absolument venir découvir cet auteur : on vous attend, il vous attend.Editions Passiflore, Morandouna, le Pays d'en haut - Fabrice Sluys#20000jeuxsousleslivres #librairieindependante#comitedelecture #bookstragram #bookaddict #livresque #artiguespresbordeaux #bookseller#fabricesluys #morandounalepaysdenhaut#editionspassiflore #prixchambery ##prixlireentursan#prixardua #roman #livre

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Les dernières actualités

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La librairie

20000 jeux sous les livres

vous recommande 

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:CENTURY - LA ROUTE DES EPICES

qui est arrivé dans les boutiques avec une réputation de "splendorlike"

. Abordons l'épine en début de chronique, pas plus que Yamataï est un Five tribeslike Century est un jeu différent....

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Après la fille du train,

le très attendu nouveau roman

de

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Paula Hawkins

disponible à la librairie :

Au fond de l'eau.

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Addictif ! Nous adorons tout

simplement. 

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Les coups de cœur

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2015

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  • Benoît Coquant
  • Mr Gwyn - 
  • Alessandro Baricco -
  •  Gallimard,
  • Paris, France - 
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Alessandro Baricco est un écrivain italien.
Mr Gwyn est un écrivain anglais.

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Mr Gwyn n'a écrit que quelques livres, dont le retentissement dépasse légèrement le périmètre de sa rue. Il écrit un jour au Guardian pour faire la liste des 52 choses qu'il ne voulait plus faire, la 52ème étant "ne plus écrire de livres".

Mr Gwyn cherche donc une activité qui pourrait rompre cette longue lassitude d'avoir été, et comme Claudel derrière un pilier de notre Dame, il découvre sa nouvelle vocation dans une galerie d'art. Il décide d'écrire des portraits. Moins enthousiaste, son agent tente bien de l'en dissuader mais Mr Gwyn dilapidera sa légère fortune à mettre en action son plan éphémère, au moyen d'un local, d'une musique et d'un modèle, chacun dans son rôle ayant la lourde tâche de contribuer à façonner l'oeuvre : un portrait écrit qui ne sera ni descriptif, ni contemplatif, mais tout autre chose.

Ce livre est un livre heureux. Il est le renoncement au temps et aux heures de l'argent, celles qui nous gaspillent, nous font faire des écarts entre les passerelles de nos émerveillements. Alessandro Baricco a écrit un long poème en prose, une ode à l4arrêt, au regard intemporel sur le voisin, cette chose étrange, là, à côté, qu'on ne décrit jamais. Ses formulations de l'abandon, sa façon de dire ce que Mr Gwyn ne fait plus et comment il devient, translatif de sa liste de refus, a la prodigieuse élégance de l'Écrivain. Un homme qui dit de ses personnages "on pouvait penser qu'ils attendaient de se déposer au fond d'un énorme verre" : on perçoit autant l'écorce du soulagement que l'attente de se dissoudre.

Absolument envoûtant, son récit évite naturellement ce qu'il faut, c'est à dire "décrire" ces portraits scripturaux. Son histoire n'est faite que d'air et de frôlements, la poésie du vent immobile qui semble souffler dans chacun des gestes de Mr Gwyn. Il n'y a pas cette année encore de livre qui repose autant l'âme et le corps, littéralement, que ce grand oiseau flottant qu'a dessiné Alessandro Baricco. Il n'y a pas de moment plus solennel ou la chose que vous lisez est exactement la chose qui est écrite, que l'évidence du mot n'est en rien altéré par le principe de la lecture, ce petit temps retardé ou dans notre hémisphère s'articule l'image.

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2014
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  • Benoît Coquant : Zarbi -
  •  Cathi Unsworth
  •  - Rivages, Paris, France
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Le titre original est Weirdo. On trouve une assez belle définition de ce mot dans "Creep" de Radiohead, et tout est là : ce livre est une ode au rock anglais punk, gothique et indé des années 80. 
Zarbi est un polar Cold case : un détective, engagé par une avocate reprend l'enquête sur Corrine Woodrow une ado marginale condamnée pour un crime sataniste.
Quels sont les personnages principaux ? Sans doute la petite ville d'Ernemouth dans le Norfolk, ou l'atmosphère plombée des docks encrassent les quotidiens fadasses, sans doute aussi, cette fraction de l'adolescence ou avant de voler on reste cloué au sol dans une apathie que ne réveille même pas le meilleur des Sisters of Mercy.
L'allure classique, ce petit trot british que donne Cathi Unsworth est faussement lancinant. Ses querelles de voisinage, ces copines mal dégrossies qui vous poignardent pour une cassette, ces petits boulots électrisants et ces garçons impolis, voilà un panorama typique de l'enfermement provincial, rendu au pinceau fin.
Un peu alourdi, le détective fait son nonchalant, les journalistes locaux savent des choses secrètes et chacun des morceaux cités en en tête de chapitre semble déchirer l'air de riff teigneux : Cathi Unsworth sait, comme personne, faire résonner les chants guerriers de cette sale époque. On se laisse secouer dans cette charette là, chaque chaos de l'existence des ados maléfiques nous parlent un peu. Dans le conte Zarbi il n'y a plus de prince (Charles n'en était déjà plus un et les Smiths disaient "Charles, don't you ever crave / To appear on the front of the Daily Mail / Dressed in your Mother's bridal veil ?») 

Étonnamment classique, formidablement résonnant, zarbi est un ouvrage suffisamment pointilliste pour que les ombres qui s'y traînent en haillons viennent hanter notre lecture.


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Dans les films de Wu Xia Pian (les films de sabres) la Chine est un tapis de coquelicot qui sent bon la soie fraîche. On s'y tue avec élégance et le sang qui coule a la majesté du Yang Tsé Kiang.

Dans le lecteur de cadavres, Antonio Garrido nous emmène dans la Chine des Song, cette Dynastie de l'An mille, et plus précisément au moment du règne des Song du Sud qui avait fait de Lin'an (l'actuelle Hangzhou) leur capitale. Et ça n'est plus du tout le même voyage que dans Tigres et Dragons.

Ci est un jeune chinois à l'intelligence remarquable qui ne rêve que d'études (initié au savoir par un juge Scherlokhomesque) mais qui se retrouve à labourer derrière le boeuf familial. Mais pas que : le début du "voleur de Cadavres" est une sorte de "livre de Job au pays de la grande muraille". C'est incroyable ce que ce jeune Ci peut ramasser comme ennuis majeurs : ses parents meurent, son frère, minable assassin est en prison et il se retrouve seul à traverser les eaux troubles en compagnie de sa petite soeur, de surcroît atteinte d'une maladie grave. C'est carrément pas de bol. Bien sur il rejoindra Li'an et une nouvelle vie commencera pour lui : affecté aux énormes "champs de la mort" ces cimetières à ciel ouverts, dont il devient le fossoyeur le plus zélé et le plus efficace. Fasciné par la façon dont tous ces gens meurent, il développe de formidables facultés à ce qui deviendra la médecine légale. Ses talents remonteront jusqu'aux oreilles de l'Empereur qui lui propose une terrible mission.

Foisonnant, tantôt naïf, parfois violent, documenté sans étalage, "le lecteur de cadavres" est un roman d'aventures formidable : Garrido l'a compris : une immersion au coeur d'une Chine crasse, débridée, franchement sournoise dont la justice est un modèle rugueux qui côtoie les plus sombres cavernes de l'âme humaine, sera le meilleur des décors pour cette traversée sans équivalent. Pleins de doutes sur ce que les Dieux lui font, mais inébranlablement convaincu que le savoir triomphera de l'ignominie, Ci traverse sa vie plus vite qu'elle ne le transperce. On se laisse noyer par l'âpreté de ce monde qui nous parait presque extra terrestre tant il bouscule nos imageries chinoises.

Après "Je suis Pilgrim", contemporain jusqu'à l'os, "Le lecteur de cadavres" est le grand roman d'aventures lointaines que nous attendions cette année.


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Régulièrement les espagnols repartent à l'assaut du polar. Sans doute une sorte de Sud contre Nord : le bonheur de la chose étant que le foisonnement laisse tomber ici ou la sur les chemins de nos lectures des pépites enthousiasmantes ("je suis le roi d'Espagne", "la tristesse du Samouraï" pour les plus récents de nos émois...).
Qu'en est-il de ce premier ouvrage Madrilène ?

Carlos et Carmen sont divorcés. Lui est un écrivain raté, elle travaille dans une maison d'édition. Ce week-end, le père emmène leur fils, Jorge, quatorze ans, pour une rando en montagne. Il espère ainsi renouer des liens qui se sont distendus, Jorge vivant tout le temps avec sa mère. Au moment de partir il laisse à Carmen un manuscrit, celui du grand roman qu'il a toujours voulu écrire. Stressée de rester et d'être séparée de son fils, Carmen commence à lire, et trouve d'étranges résonnances entre le polar sanglant et malsain écrit par Carlos et leur ancienne vie commune. Incapable de joindre le père et le fils dont les téléphones restent muets, elle commence à craindre pour la vie de Jorge. Alors que sur la montagne le temps se gâte et que les relations père-fils ne sont pas au beau fixe, l'inquiétude de la mère grandit...

"Ce qui n'est pas écrit" est un polar en deux temps permanents. L'historie, père et fils, mère et absence, juxtapose par chapitre le polar un peu sanguinolent qu'a écrit Carlos et qui rappelle plus un Winslow qu'un Salem.. Mais, tour de force, ce voisinage crée l'angoisse, au même titre que l'apparition des similitudes donne cette rumeur diffuse de catastrophe. Rafael Reig réussit à la fois un exercice narratif plus que balaise et une histoire haletante et paranoïaque : j'y vois le talent d'un grand manipulateur, froid peut être mais diablotin dans son rythme, qui sait envahir le lecteur de son suspense sans utiliser accélérateur ou de coup d'éclats trop voyants. Qui plus est, les deux narrations, très différentes dans le style sont toutes aussi bien écrites : on dirait deux livres de deux auteurs différents qui concourent l'un dans une catégorie "suspense psychologique et drame de la décomposition familiale" et l'autre dans "fresque survitaminée sur les malfrats madrilènes". Je trouve, en très minces particules, une forme d'humour noir très distante qui fait le charme de l'ouvrage.

Le final, particulièrement réussi, et au vu du déroulement de l'histoire ça n'était pas évident, confirme la naissance d'un auteur à suivre.


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  • Benoît Coquant : L'oubli -
  •  Emma Healey -
  •  Sonatine éditions
  • , Paris
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"Elisabeth a disparu".

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Maud est vieille, elle a de l'air dans la tête et la mémoire qui s'est enfui, depuis un moment, avec une bande d'Alzheimer farouches. Mais Maud se souvient de son amie, Elisabeth, et Maud se souvient qu'elle a disparu.

Les anglais (et les anglaises) quand ils font un roman au suspense psychologique sur-tendu le prennent souvent par le bras de l'éloge. Ainsi Goddard et son éloge de la lenteur dans "Heather Mallender a disparu" ou Watson et son éloge de la répétition dans le superbe "avant d'aller dormir".

Cette jeune auteur, qui dédie le livre à ses grands mère (on peut alors se douter d'ou vient son champ d'investigation) prend le parti de nous mettre, nous lecteurs à souvenirs, dans la peur de Maud, frappée d'amnésie immédiate et qui reformule sans cesse des pensées hétéroclites ou pointent, par mégarde ou enchantements, des amorces de vérités.

Cette façon premier degré de nous mettre dans l'embarras devient vite un jeu poétique et le suspense réside, d'abord, dans l'attente de voir apparaître un souvenir, même fugace, qui serait un point de départ pour s'engager dans la résolution.

Mais surtout, la mémoire de Maud se mélange et la disparition de son amie finit par se juxtaposer à la disparition de sa soeur il y a très longtemps. C'est très bien vu, subtil et riche en fourvoiements divers.
L'oubli n'est donc pas un récit d'enquête au sens policier du terme : c'est un voyage à l'intérieur de la tête de Maud, un récit de bobinages en tout sens : défaire, refaire, croiser démêler ; la chose se fait avec plaisir et sans l'impression de redondance que pourrait donner le fait d'être dans la tête de quelqu'un qui se dit en permanence qu'il faut acheter des courgettes.

Riche de cette intrusion, l'oubli devient l'archétype du suspense psy, un livre parfait pour susciter un peu d'angoisse au cours d'un été qu'on voudra langoureux.


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  • Benoît Coquant :
  •  Un vent de cendres 
  • - Sandrine Collette 
  • - Denoël
  • , Paris
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Sandrine Collette n'a pas peur du saignant. Précédemment dans "des noeuds d'acier" elle avait fait montre de sa fascination pour l'hémoglobine dans son état liquide et abondant.

Dans "un vent de cendres", elle choisit d'ouvrir par un accident de voiture. C'est un point commun avec Maylis de Kerangal, mais qu'on le sache, ici aucun vivant ne sera restauré. Au contraire.

Fracas de tôle et d'os, l'ouverture bien que champêtre vire au cauchemar. C'est une excellente mise en place ou Sandrine Collette, déjà, nous laisse entendre que cette nature toute bucolique est aussi une source de suffocation.

De l'accident ne subsistent apparemment que deux personnages, l'un reclus dans le chagrin des amours perdus, l'autre défiguré. Quelques années plus tard, Malo et Camille, frère et soeur, viennent faire les vendanges au domaine de Vaux, justement administré par les survivants.
Mais Malo ressent le malaise du regard d'Octave sur sa soeur. Le climat s'alourdit au fur et à mesure que les dos se courbent sous le poids du raisin.

Sandrine Collette gère l'angoisse comme un trader se ruerait sur un junk bond : on la sent se complaire à nous distiller du silence et du glacial, du pressenti, du caché enfoui. Dans cette orchestration magistrale de dissonance, elle réussit, tout en révélant assez rapidement ce que pourrait être la nature du malaise, à nous confiner dans ses têtes apeurées. Elle se sert de la communauté des vendangeurs pour faire monter l'angoisse jusqu'au final, carrément estampillé boucherie surprenante, qu'elle déroule avec un aplomb réjouissant.

Cette littérature de l'angoisse, pourtant réservée à d'autres cieux habituellement, fait d' "un vent de cendres" autre chose qu'un polar brutal. On se promène facilement du coté de chez Stephen King, remarque qu'on a déjà placée à propos de son premier roman.

Théâtral, mis en scène jusqu'au bout, le spectacle d'ombres de Sandrine Collette réussit sa mission : dans cette campagne de raisins gracieux, le fonds de l'air effraie. (Copyright Gotlieb pour le jeu de mot).

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  • Benoît Coquant : 
  • 7 années de bonheur -
  •  Etgar Keret - 
  • Ed. de l'Olivier,
  • Paris, France - 
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Qu'est ce qu'un récit de voyage ? C'est une dynamique du déplacement. En cela, Etgar Keret nous livre un récit de voyage, car de bouger, il s'agit bien : dans sa ville, Tel Aviv, il voit le monde tournoyer et lui même s'envoler puis revenir, de conférence en dédicaces aux quatre coins du bout du monde.

Etgar Keret est un excellent photographe. Il a le sens du bruit, du son, du détail qui confine à l'instantané. Tel Aviv est pour nous une ville assez méconnue. On ne s'en imagine que les problématiques de géopolitique planétaire. Ce qui étonne c'est qu'évidemment ces géo politiques influent considérablement sur le quotidien et les humeurs de nuit de ces habitants. Leur pays est menaçant, ils sont menacés. Keret rend admirablement compte de ce sentiment délicat d'être un occupant de ses voisins et de s'occuper à passer à travers les sirènes d'alertes.

Ce panorama d'angoisse serait à lui même une intéressante analyse des ressentis d'un pays frénétique. Mais Keret voyage et dans les avions, il étend son récit à sa condition d'écrivain israélien, ses rencontres avec toute la rudesse antisémite des lieux communs qu'on lui balance parfois autour d'un cocktail de bienvenu. Il a, en le racontant, souvent l'impression d'une paranoïa qu'il confesse mais on sent que malgré sa célébrité et sa reconnaissance internationale il est encore victime des déglutissements salaces des vieilles phobies.

Mais surtout, ce voyage est beau tant il est drôle. Keret marque son passage de blagues détournées, de fouilles comiques dans des dialogues apparemment insignifiants. A l'inverse d'un humour britannique fait de pointillés discrets, sa drôlerie descend en profondeur : quand il tient une formule il la tripote et son récit évolue en des moments d'absurdité (sa description de son fils, bébé, ou ses dialogues avec les démarcheurs commerciaux...).

Keret traverse ses sept années, marqués par la paternité, la relative célébrité et la peur des missiles du Hezbollah. Le découpage qu'il fait de sa vie en fait un récit fluide, très romanesque malgré le peu de péripéties qu'on pourrait y entrevoir de prime abord. Comme un talent russe en somme : parler de soi pour embrasser tout un monde en mouvement, tantôt fascinant, tantôt effrayant.


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  • Benoît Coquant :
  •  Je suis Pilgrim -
  •  Terry Hayes - Lattès, Paris,
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New York : un corps retrouvé plongé dans l'acide, dans un hôtel miteux. Le policier appelle un ami, ancien super super agent d'un service super super secret. Il en résulte que le crime a été commis en utilisant toutes les techniques données dans un livre confidentiel tiré à quelques exemplaires pour des spécialistes qu'a écrit le super super agent.

Dans un village abandonné du fin fond de l'Afghanistan, on retrouve sur les restes calcinés d'un otage une étrange composition chimique.

Pourquoi "je suis Pilgrim" est le meilleur thriller que j'ai lu cette année ? Parce que de l'hypertrophie du genre, il a fait la force d'un grand récit épique. La narration, tantôt expression personnelle, tantôt reportage de guerre au coeur des méandres terroristes est un bijou de rythmes et de synthèses. Parce que le personnage, agent cérébral au sang glacial est un homme parmi les hommes, qu'il voit les choses que nous n'observons jamais et qu'il est impitoyable de rigueur.
Parce que la géopolitique de l'oeuvre, arc-boutée sur nos réseaux d'infos, prises en tenailles documentées au coeur des actualités, dessine un contexte flamboyant pour faire évoluer les rancoeurs, les services d'écoutes, les shadow cabinets, les barbouzes d'élite et toute sorte d'hommes pris dans le vacarme de l'urgence d'une fin de monde.

Terry Hayes est un scénariste de séries ce qui n'est pas une qualité pour faire un bon roman : la série a le temps, le déploiement d'asseoir le récit. J'ai donc eu peur, en préambule, que l'affaire ne s'hystérise au fil de son déroulement. Mais non. Terry Hayes est aussi un romancier avec un sens du rythme imparable, une qualité d'écriture assez rare dans ce genre d'ouvrage et une capacité à nous faire entrer sur les scènes de crime qui relève de la photographie d'art.

Haletant de part en part mais sans suffocation, "Je suis Pilgrim" est un fleuve remuant, navigable, ou les ports d'attaches font panorama planétaire. Embelli par un sens du décor assez invraisemblable, c'est un livre facile qu'on recommandera à tous : son universalité, lecteurs exigeants ou visiteurs à la recherche d'aventures en fait un des ouvrages incontournables de cette année.

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Son entrée à la Pléiade, saluée ici, laissait péssimistement augurer d'une période silencieuse de Kundera. Mais non ! le revoilà au chevet de son oeuvre, de sa quête éternelle, une certaine forme de légèreté ou l'insignifiant aurait la valeur universelle de l'Anecdote littéraire.

S'y étant déjà frotté dans "le livre du rire et de l'oubli" 'la magnifique scène ou Dbcek disparait de la photo...), bâton de pèlerin à la main, Kundera repart à l'assaut de ces historiettes qui disent le fin fond du monde.

Cette fois, c'est un extrait de la bio de Kroutchev qui fait tourner sa plume : Staline y raconte son impossible chasse aux 24 perdrix. Fil commun aux quatre personnages que Kundera met en scène, l'anecdote va surtout faire émerger la vraie dramaturgie : sous Staline, tout le monde avait perdu le sens de l'humour...

Alain, Charles, Ramon, Caliban sont quatre amis. Certains disent du mal des autres, mais sans méchanceté, juste par conversation interposée. L'un s'invente un cancer, l'autre se demande qui peut bien être ce Kroutchev, tous traversent des parcs et marchent dans les rues et paradoxalement, rien ici n'est une éloge de la lenteur : au contraire : cette pièce de théâtre du mouvement pratique l'art hautement classe de la conversation. Échangeant par tête de chapitre, par petites marches le longs des rues et du Luxembourg, Kundera excelle en tout point dans ces promenades bavardes ou le silence a aussi sa place.

Il trouve par instant le vrai ressort de l'insignifiance (peut être pas autant que Kafka qu'il admire tant...) et sait les partager. C'est la magie assez souvent renouvelée de Kundera, d'ouvrir les portes de son laboratoire et de nous laisser entrer. On sait qu'il n'ira pas hurler si on lui pique, subrepticement quelques particules de sa légèreté.


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Spécialisé dans les sagas spatiales gigantesques, Peter Hamilton s'est fixé un challenge inédit pour lui : faire tenir dans UN volume toutes ses aspirations de mondes inconnus et sa phobie du détail technico-pratique qui fait de ces mêmes mondes des hypothèses d'un réalisme sidérant (sidéral ?).

Las, les éditeurs français ne nous croient pas capable de porter des gros livres avec nos petits bras de lecteurs/libraires. Ils ont donc découpé l'opus en deux volumes dont le tome 2 est sorti en Mars...

La Grande route du Nord est la double historie d'un meurtre non élucidé. Un personnage dont l'influence est mondiale est retrouvé assassiné dans les rues de Newcastle, devenue ville lumière avec la présence d'un portail vers les exo-mondes qui permet le transfert d'une nouvelle énergie qui fait tourner la terre. J'ai bien conscience que rien qu'avec cette phrase d'introduction je donne à mesurer l'épais foisonnement de l'imagination d'Hamilton. C'est pas fini.
Le cadavre en question est un clone d'une famille qui dirige à peu près tout : il est mort dans des conditions atroces qui rappellent le meurtre d'un autre clone 20 ans plus tôt, sur une planète lointaine. On a longtemps soupçonné une escort girl, qui, elle, assure avoir vu une créature extra terrestre faire le coup. Compte tenu de la puissance des coups, l'hypothèse est finalement envisagée.

Parallèle incessant entre une enquête terre à terre dans le nouveau Newcastle et une expédition spatiale pour trouver la trace de l'extra terrestre, "la grande route du Nord" infléchit quelque peu la littérature habituelle d'Hamilton, moins habitué à la réalité de la Police, fut elle du futur. Mais c'est une excellente nouvelle : cette poudre de polar répartie au dessus de ses voyages en vaisseaux fédéraux, donne un ton différent à son roman : plus proche d'une humanité palpable et finalement tout aussi angoissant : cette longue quête extraterrestre, à laquelle tous ne croient pas, oscille pour nous même entre fantasme et réalité potentielle. C'est un tour de force quand on parle d'une chose qui n'existe pas...

Sans doute plus abordable pour nos amis réfractaires, La grande route du Nord et la fantastique planète St Libra sont l'exceptionnelle occasion de découvrir un auteur prolifique, imaginatif comme peu le sont, moins douteux que Simmons et plus abordable que Mieville.

PS : La grande route du Nord est le nom que donnaient les romains à la voie qui conduisait au mur d'Hadrien et que devait protéger l'empire des affreuses créatures du Nord...On retrouve ce concept dans le Trône Fer, ou Le Mur doit empêcher les morts d'envahir le territoire des vivants...

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Depuis le succès florissant et mérité de "la reine des lectrices" et de "so shocking", Alan Bennett est devenu l'archétype de la blagounette anglaise, le porte parole du c'est-léger-mais-pas-tant-que-ça qui fut longtemps l'apanage de la littérature britannique.

Buchet Chastel, l'éditeur joli, a pris l'initiative de publier un texte ancien de Bennett où son talent de feuilletoniste trouve tout son épanouissement.

"La dame à la camionnette" raconte le quotidien d'une dame qui vit dans une camionnette.
Garée devant chez Bennett, qui petit à petit apprivoise l'animal, non sans mesurer le caractère totalement absurde de la dame, ce qui pour un anglais est comme tremper un scone dans le thé, une sorte de déviance naturelle. Il dit d'ailleurs d'elle "il était rare qu'on lui rende service sans avoir en même temps envie de l'étrangler".

Ce personnage indolent, ce petit miroir des échecs d'un Londres en pleine transformation architecturale (j'ai connu l'époque ou nos profs nous interdisaient d'aller dans Notting Hill ou Portobello...ce qu'on s'empressait de faire...). Bennett raconte son quotidien en voisinage de cet obscur objet et de 1969 à 1990 on voit cette ville protéiforme subir le choc des révolutions culturelles diverses et des choix politique désastreux de la dame en fer rouillé.

Ce récit, qu'on dirait délicieux si on écrivait au Figaro, est léger et mouvementé. Son établissement singulièrement chronologique, passant par les saisons et les flux circulatoires, est un joli panorama de ces manières un peu tordues qu'on les gens de là bas pour dire aux autres qu'ils ne les détestent pas. Cette litote permanente d'amitié distante possède le charme des chroniques journalières qu'on trouverait dans un Guardian d'époque et qu'on relirait avec tendresse, après avoir fouillé un grenier qui sentirait la gomme arabique.

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  • Benoît Coquant :
  •  Expo 58 -
  •  Jonathan Coe - Gallimard,
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Nous avons longtemps été orphelins de "testament à l'anglaise" et de "la maison du sommeil". La fluidité picaresque, et cette construction toute britannique des récits ou s'entremêlent le vrai du faux nous manquaient, depuis que Jonathan Coe avait tenté d'aborder la falaise son oeuvre par la face cohérente.

Nulle coïncidence fortuite, pensons nous : la sortie de "expo 58" est corrélative à celle de "opération sweet tooth" de Ian Mc Ewan : les anglais explorent le minéral historique de leur île, sous relent d'empire, avec des bruits de John Mayall dedans. (J'ai, pour l'anecdote, accompagné la lecture de ce roman du dernier album de Nick Waterhouse....ça sentait l'huile de ricin)

"Expo 58" parle de Bruxelles, période Atomium quand la capitale belge organisait le pavillon mondial. Chaque pays, en ces heures glorieuses de la guerre froide, doit y construire un pavillon à effigie de lui même. Les anglais menant une réflexion fort pragmatique ont bien conscience qu'à côté de leurs emblèmes commerciaux, de leur notoire diplomatie et des restes de l'empire il n'y a qu'un bâtiment qui pourra parler d'eux : un pub.
Ils confient la mission d'administration de ce lieu hautement culturel à Thomas Foley, fonctionnaire zélé du ministère de l'information, tout engoncé de Britannisme à l'ancienne. Le voilà donc plongé dans le monde, le grand, avec la visite des russes, d'une garde belge, d'un scientifique qui va révolutionner le nucléaire, bref le voilà en immersion. Nous ne sommes pas sur qu'il sache nager.

Le retour : voilà comme nos soirs de lecture sont à nouveau bercé d'élégance : la classe de Coe, toute sa classe, dans le récit malin d'une certaine appréhension du changement. Car Jonathan Coe le sait, ce qui fait l'Angleterre qu'il aime, c'est sa paradoxale hésitation, sa réticence même à se quitter pour s'épouser à nouveau. Courir au monde neuf, clinquant, vulgaire, quitter les ors des raffinements séculaires, savoir se baigner plein de maintien dans la modernité politique d'un état de l'ordre qu'ils ont eux aussi contribué à créer.
"Expo 58" excelle dans la description drôle et tendre de ces atermoiements : Thomas Foley est le fruit de l'appréhension et de l'adaptation de sa génération. C'est une tendance lourde outre manche que de s'interroger (outre Ian Mc Ewan, John le Carré dans son dernier livre (une vérité si délicate) avait une approche similaire du conflit politique) mais Jonathan Coe a une façon de poser les questions qui nous donne envie de tout sauf d'y répondre : de le relire, de courir boire une bière dans ce pub en plein Bruxelles, de lire en cachette le courrier de Foley à sa femme, de suivre, caché derrière un journal, les deux agents secrets dont les savoureux dialogues viennent en opposition de cette légère mélancolie qu'on sent toujours chez Coe quand il secoue ses personnages.

"Expo 58" est à la fois un roman drôle, conscient, écrit avec force et maîtrise : il est un magnifique point d'entrée dans la littérature anglaise contemporaine, sa facilité n'a d'égale que sa richesse.

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Plutôt que de s'éternellement poser la question du Nobel, d'Erri de Luca il vaut mieux lire les livres. La plupart des écrivains qui parlent de mémoires sont des écrivains de la nuit. Erri de Luca est un écrivain de l'aube. Il renaît, par vagues de mots et d'affleurements de sa conscience, cette si belle chose quasi universelle qui manque tant au matériel dont nous abusons le jour.

Alors quand vient la nuit et son cortège d'oublis, son fracas de peurs et d'abandon, on ouvre un livre de Erri de Luca et l'humanité voit le jour poindre avec des virgules et des feuilles au vent.

Chaque pierre que sème cet homme au jardin de nos manquements est une rocaille d'où naîtra d'autres fleurs, robustes, pliantes, nervurées. Erri De Luca écrit des livres minces dont en sent bien que l'épaisseur est ailleurs. Il refuse toute perte, toute renonciation aux mots et c'est dans ce cadre qu'il accepte, explique t-il, de traduire les écrits de Israël Joshua Singer, le frère d'Issac Bashevis, (ci devant marotte de votre serviteur, à pas d'âge, alors qu'il ignorait les toupies Beyblade mon fils entendait déjà les contes de Zlateh la chèvre...), écrivain flamboyant drôle et absurde, orphelin d'un peuple ghettoïsé, gazé, arraché aux oeuvres de leurs mots.

Mais pourquoi De Luca serait il le traducteur de cet écrivain Yiddish ? La réponse figure en partie dans l'épilogue de son précédent récit "et il dit" dont toute la grandeur fut ressassée ici.

Encore une fois, il récite en deux parties : la première, fruit gracieux de ses marches et de ses visites dans les domaines de l'indicible : Dachau, Treblinka, Auschwitz. Au delà des exterminations, De Luca refuse que les mots se perdent. Il refusera certainement toute sa vie de romancer ces drames mais il faut qu'il dise les mots en traduisant cette langue anéantie. Ce qu'il dit des endroits dans lesquels il a marché, les pas dans les ghettos sont des poésies bouleversantes, d'une extrême simplicité, naturelle comme l'eau des sommets qu'il gravit.

Puis à la fin de ce premier récit, fatigué de tant de corps décharnés, il s'assoit et son esprit glisse jusqu'à la table d'à coté, dans ce petit restaurant aux nappes en papier. La fille qui est sa voisine prend le relais, parle de son père, le vieux militaire SS avec qui elle passe ce repas, qui ne comprend pas l'Histoire et qui s'en veut. Il ne s'en veut pas du nazisme, pourquoi donc, non, il s'en veut d'avoir perdu la guerre : c'est le tort du soldat. Par ces deux points de vue (chouette du roshomon ! ! !) une liaison gracieuse et classe se fait entre les deux récits et la fin pleine d'envie de compréhension et de curiosité.

A travers la survivance de mots Yiddish, par la curiosité de cette divinité qui ne se nomme jamais, dans les mystères de la kabbale, "le tort du soldat" est un transport fantastique, alerte, chatoyant malgré le sujet, dans les torpeurs de la mémoire et dans la responsabilité de tous de devenir au moins des lecteurs pour que rien de ce qui est écrit ne se perde plus.

De son enfance sans jouet, De Luca raconte comment les livres l'ont extirpé : "les livres me confirmaient ma taille minuscule". A l'échelle de De Luca, alors même que j'écris ces lignes après avoir refermé les siennes, personne ne me voit.

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