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Bibliothèque de Strahov à Prague.

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Le monastère de Strahov se trouve sur les hauteurs de Prague au dessus de la colline de Petrin.

Il fut un ensemble architecturale roman, puis gothique. En partie détruit pendant la révolte hussite contre l’église catholique, il fut reconstruit en style baroque, symbole de la pacification de Prague. Plus sur l’architecture de Prague.

Une vue exceptionnelle de Prague

Construite sur plusieurs collines, Prague offre plusieurs magnifiques points de vue à ses visiteurs sur ses monuments, ses toits, ses ponts et son fleuve. La vue depuis la colline de strahov est l’une des plus belles.

Des vergers de pommiers recouvrent un flanc important de la colline de Petrin. Au dessus des arbres aux branches courtes et tordues, les tours baroques de l’église du monastère de Strahov marque l’horizon.

 

Du haut de la colline s’étendent les vergers, la cathédrale Saint Guy du château royal, le quartier de Mala Strana avec l’église Saint Nicolas, le pont Charles et les ponts sur la Vlatava, les clochers de la Vieille ville, l’opéra… Prague dans son ensemble et l’antenne de Télévision de Zizkov bien sûr.

 

Les célèbres bibliothèques de Strahov

Passez l’entrée principale qui mène au musée, passez l’église et vous accèderez aux bibliothèques.Dans la salle d’accueil, des bibles dont une recouverte de nacre, des manuscrits et des enluminures.

Quelques cartes de Strahov et réprésentations de Bohème en coeur de l’Europe chrétienne.

Puis un cabinet de curiosité précède les salles philosophique et théologique : quelques armes, quelques cadavres d’animaux terrestres et marins, des insectes épinglés.

 

Crocodile dans le cabinet de curiosité du monastère de Strahov à Prague.

> Crocodile dans le cabinet de curiosité du monastère de Strahov à Prague.

 

Un côté vieillot pas du goût de tout le monde, et un côté ésotérique tout de suite plus excitant. Vous n’êtes pas non plus dans une confrérie de sorcier mais il y a quelques choses de magique. Ou d’inquiétant.

Les anciennes bibliothèques du monastère peuvent être uniquement observées du pas de la porte.

La salle théologique est plus ancienne (1720) de style baroque. Plus basse et voutée, elle rappelle l’intérieur de la basilique de l’annonciation de Strahov. Des vieux globes et des fresques ornent la salle. Dommage qu’ils soient peu visibles du pas de la porte…

 

Salle théologique du monastère de Strahov à Prague.

> Salle théologique de la bibliothèque du monastère de Strahov à Prague.

 

La salle philosophique (1780) est haute de deux étages, meublée de bois et de style classique. Elle est coiffée d’une fresque représentant l’histoire de la connaissance. Beaucoup d’hommes. Le regard vers le ciel, ou le coude sous le menton, ou alors d’autres pointant du doigt dans une direction. La connaissance quoi.

Anecdote : Pendant que j’observai les salles, une des gardiennes poussait des grognements bizarres dans le genre possédée par un démon – Prague est la ville de Faust, des alchimistes, du roi Rodolphe II après tout. Et à chaque fois que je regardai intrigué dans sa direction, elle me fusillai du regard. Oups. Je me suis fait petit en passant devant elle plusieurs fois. Avant de quitter les lieux, je découvris qu’elle avait un chiot dans un sac et qu’elle s’amusait avec lui (les grognements) dès que les touristes étaient hors de vue.

A noter, pour prendre des photos, il est demandé d’acheter un billet spécial. A noter qu’il est possible de photographier les salles sans que l’on vous demande quoique ce soit.

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    Lire, c’est faire coïncider deux présents, celui du lecteur avec celui du livre. Selon qu’on se place du point de vue de l’un ou de l’autre, une bibliothèque, et a fortiori une ancienne bibliothèque, peut paraître tout-à-fait vaine ou absolument paradisiaque. 


     La Bibliothèque de Théologie du Monastère de Strahov, visitée à l’occasion de la 39ème Assemblée Générale des Bibliothèques Européennes de Théologie qui s’est tenue à Prague du 19 au 23 septembre 2009, est exemplaire de ce paradoxe temporel.

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(c) D.R


     L’amoncellement des seize milliers de monographies anciennes, peu consultées, la plupart en latin, pourrait d’abord donner raison à Diogène cité par Jacques Bonnet dans ses Bibliothèques pleines de fantômes : « avoir des livres sans les lire c’est avoir des fruits en peinture » (p.55). Elégant cimetière de ce début de vingt-et-unième siècle, que les Lettres Théologiques de la Bibliothèque nationale de France figurent elles aussi dans la Tour des Temps. Capiteux mouroir du latin et du grec : on se dit que c’en est fini, que les livres ont pris toute la place, ils ont évacué le présent humain et la possibilité même de la lecture, nous naviguons en plein passé et ils sont égarés à jamais dans l’actualité. Il n’est plus question d’accoster mais seulement de traverser, d’un œil nostalgique et distant.
     Heureusement, privilège rare dont nous ne saurions trop remercier le conservateur des lieux, il nous fut donné de nous asseoir, ce mardi 22 septembre 2009, sur les banquettes, près des étagères, et de consulter quelques exemplaires à portée de main. 
     C’est alors que le miracle de la coïncidence a pu se produire. De même que l’œil s’habitue lentement à la pénombre, il faut à l’esprit un certain temps pour parvenir à rejoindre le corps. La visite ne devient opératoire qu’en cet instant où, dans un souffle, nous nous mettons à voir les hauts murs couverts de livres.

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(c) D.R

     La bibliothèque communique sa vie propre : aisance et sécurité, abondance et curiosité, repos et silence. Elle couronne une vie d’efforts. Elle justifie notre métier de conservateur. Elle anéantit toute fatigue. L’harmonieuse contemplation se révèle entre ces deux écueils, l’ardeur polémique et l’euphorie érudite, que la bibliothèque seule sait contenir et ordonner. Comme le lieu clos de l’alchimie qui permet la métamorphose définitive, elle tourne l’esprit vers l’au-delà. Elle l’échauffe, l’excite – ne serait-ce que par les portillons dorés, en hauteur au-dessus de l’entrée, où sont conservés les Libri prohibiti...


     Tout d’abord, une impression lumineuse, donc, et paisible, un ordre tranquille, le sentiment d’une plénitude, nous saisit physiquement. Nous avons tout notre temps. Chaque chose se découvrira à nous au moment voulu. L’être décante dans le temps, ce qui permettra de distinguer pour unir.
     Sur la porte, le psaume 110, verset 9, nous accueille : Initium Sapientiae Timor Domini, le mystérieux ISTP qu’on trouve sur le frontispice de nombre de livres de théologie, la Sagesse commence par la "crainte" du Seigneur.


     Puis les rayonnages réguliers se succèdent, folios en bas, in-16° en haut, peints et surmontés des mots Classis Scripturistica, Theologica, Canonistica, Civilistica, Historica et Politica, Medica et Mathematica. Le cœur s’éveille à la lecture de ces cartouches colorés qui déclinent le classement. Comme une invite à la curiosité, à la gradation des savoirs, une promesse de les embrasser tous. Cette hiérarchie de la connaissance dégage un parfum agréable, l’esprit se découvre capable et clair, il entre en résonance avec l’acte de lire, encore futur mais déjà sensible.


      Les plafonds peints en 1721-1727 par Siard Nosecky déclinent toute sorte de citations bibliques, vita mortuis, consolatio vivis, l’art de vivre en bibliothèque. Il ne nous étonne nullement d’apprendre que ce peintre était chanoine prémontré. La délicatesse de son art qui joue avec l’allégorie pour prolonger le plaisir intellectuel et le tenir en suspension dans la lumière, consiste à illustrer les Proverbes, Psaumes, Livre de la Sagesse en s’inspirant de l’œuvre de l’abbé Hirnheim. C’est à ce dernier qu’on doit l’acquisition en 1678 d’une « roue de compilation », petit bijou de théologie synoptique qui permet de disposer en regard jusqu’à dix livres à la fois ! - véritable Windows mécanique.

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(c) D.R


     Tant de difficultés traversent l’étude, tant d’obstacles ralentissent l’effort du clerc, qu’une fois n’est pas coutume, la peinture ne distrait pas le lecteur mais le dispose : l’art n’est pas sacré, nous ne foulons pas le sol d’une église, il est pourtant au service de la bibliothèque sacrée. Il crée le cadre qui félicite les persévérants, donne leur respiration aux laborieux, leur répétant par tout un jeu de couleurs et de matières chaudes le rythme binaire du cœur secret : ora et labora. Oraison et labeur. Ce n’est pas un petit mystère que son outil de travail revigore à lui seul celui qui s’en sert.


     Le dur labeur intellectuel reçoit donc dans cette bibliothèque douce et heureuse récompense : ce paysan harassé qu’on voit choir en bordure de son champ reçoit l’hommage d’une nymphe qui lui tend la corne d’abondance. La bibliothèque est enfin conçue comme le terme d’un voyage. Il ne suffit plus de chercher, il est possible aussi de trouver. C’est en elle que se légitime une vie de privations. La Sagesse mène la Religion qui se laisse faire de bonne grâce. Et la vérité contemplée donne à l’âme cet élan immobile symbolisé par le livre : « si Dieu existait, écrit Umberto Eco, il serait une bibliothèque »
     Ce à quoi elle répond, de sa voix rêveuse : « c’est vous qui êtes morts, moi je suis vivante ».

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Le Cabinet de curiositè

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Le cabinet de curiosités Strahov a été acheté pour Strahov de la succession du baron Karel Jan Eben en 1798.

Les prétendus Cabinets de Curiositès (Wunderkammer) sont les ancêtres directs des musées modernes. 

Leurs collections reflètent la période Rudolfine Renaissance avec son intérêt pour le mystère et les curiosités et les débuts d'une approche systématique de la science. 

Le cabinet des curiosités du monastère de Strahov rassemble des fouilles archéologiques, des collections d'histoire naturelle, du verre, de la porcelaine, des objets artisanaux, des armes et même un modèle de navire de guerre du XVIe siècle.

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