Marylin Stellini resumé Si je tombe

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Paru:6 Mars 2020

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« Jamais Emma ne se serait autorisée une telle chose. Mais, au final, si ce n’était pas maintenant, quand ? C’est un épuisement au long cours qui l’avait menée à cet échec pile au moment de franchir la ligne d’arrivée après cinq longues années d’études menées avec succès. Peut-être qu’elle devait changer de méthode pour obtenir des résultats différents, cette fois, et obtenir enfin son diplôme. »
 
Emma est étudiante en ostéopathie. Une vocation pour laquelle elle voue corps et âme. Mais voilà, à force d’acharnement, Emma se retrouve proche du « burn-out ». Son médecin est formel : il lui faut du repos et surtout un besoin absolue de « souffler ».
 
Myriam, une de ses meilleures amies, prend les choses en main et décide d’organiser des vacances entre copines. Et c’est parti pour un « road trip » sur la route 66 des Etats-Unis.
Elles embarquent avec elles, une autre de leurs amies, Stéphanie ; et c’est toutes les trois qu’elles partent à l’aventure…
 
Sur place, entre deux routes et deux tentes, Emma fait la connaissance de Eirick. Un DJ connu et reconnu, mais ça, Emma l’ignore. Ce qui les rapproche c’est le mal qui les envahit tout deux dans leur quotidien. Oui, mais pour combien de temps ? Car chacun mène sa route de son côté.
L’amour serait-il au rendez-vous ? Quelle tournure va prendre ce « road trip » ?

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Extrait

 

— Qu’est-ce qui a changé ?

Cette sensation irrationnelle d’avoir trouvé quelqu’un qui pourrait le comprendre ? Il ne connaissait rien d’Emma, et pourtant, peu importait l’issue de cette soirée, il était déjà certain qu’il n’oublierait jamais cette rencontre. Emma n’avait rien des beautés sophistiquées qu’on jetait dans ses bras lorsqu’il avait fini son set, ou des riches héritières hautaines qui se voyaient bien embellir leur pedigree en s’affichant à son bras. Elle était naturelle, candide et vraie. Seulement, comment lui avouer ces pensées sans la faire fuir ? Je ne sais rien de toi mais je suis sous le charme ? Qui achèterait ça ? Les filles étaient bien trop exhortées – et à raison – à se défier des hommes. Non pas que les hommes soient naturellement des monstres, mais exhortés, eux, et depuis l’enfance, à se constituer un tableau de chasse bien garni pour prouver leur virilité. Eirik n’y avait pas échappé, mais n’avait pas trop de remords en sachant que ce que toutes ces filles avaient poursuivi, c’était l’argent et la gloire. Ce ne pouvait pas être le cas d’Emma, elle qui ne connaissait pas son nom. Et pourtant, la façon dont elle le dévorait des yeux, lorsqu’elle ne les baissait pas timidement, faisait naître en lui l’espoir qu’elle le voyait lui, l’homme qu’il était et pas la superstar, et faisait naître également des pulsions qui allaient bien au-delà du simple fait de l’enlacer – ce qui lui avait déjà fait tourner la tête.

— Beaucoup de choses ont changé, répondit-il évasivement pour noyer le poisson. Dis-moi, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? demanda-t-il ensuite pour changer de sujet.

— Je suis en train de terminer mes études d’ostéopathie, lui répondit-elle.

Il l’écouta avec plaisir les minutes suivantes lui parler de ce futur métier qui la passionnait, de la façon dont elle aimait prendre soin des gens et améliorer leur quotidien, et de l’exaltation que la perspective de faire ça le reste de sa vie faisait naître en elle.

— Et tes hobbies ? poursuivit-il.

Il était trop heureux de l’enjoindre à se livrer de la sorte – signe d’une certaine confiance dont il se sentait honoré – et il était aussi tout simplement heureux de l’entendre parler. Sa voix était douce et claire, un peu haut perchée, et était le reflet d’une certaine sagesse qui habitait déjà cette toute jeune personne. Tout comme ses yeux. Ses yeux aussi étaient le reflet de son âme. Il aurait donné beaucoup pour en connaître la couleur, à cet instant, mais le clair-obscur de la nuit ne le lui permettait pas.

Elle parla donc, de son amour de la lecture, retrouvé deux jours plus tôt à l’occasion d’un roman « enivrant », selon ses propres termes, ou de la musique et de sa déception de n’avoir plus touché un piano depuis des années ou de ne plus chanter, de peur de déranger ses voisins avec ses vocalises. Eirik était touché en plein cœur par la sincérité d’Emma, sa façon un peu ampoulée de parler, sa vive intelligence, le feu qui vivait en elle.

Si jamais de sa vie, jusqu’ici, il n’avait cru à ces histoires délirantes qui racontent qu’on sait dès les premiers instants quand une personne est la bonne, il y croyait maintenant. Oh oui, il y croyait.

La clarté de la lune, insuffisante pour déterminer la couleur de ses yeux, lui avait en revanche à loisir permis d’admirer les remarquables courbes dont était dotée Emma. Elle n’était pas sèche comme tous ces mannequins qu’il avait connus. Elle avait une taille fine où s’arrêtait sa si belle chevelure, mais elle avait les cuisses, les fesses et les bras légèrement dodus et des seins épanouis qui complétaient une silhouette de pin-up qu’il n’avait jamais soupçonné avant être à ce point à son goût.

— Parle-moi un peu de toi, maintenant, lui demanda-t-elle.

 

— Il n’y a pas grand-chose à dire...

— Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? tenta-t-elle encore.

— Je compose de la musique.

— Vraiment ? Et tu en vis ?

Elle n’avait pas idée...

— Oui, j’en vis.

— Tu as de la chance, ce n’est pas donné à tout le monde. Quel genre de musique tu composes ? Pour des interprètes, pour le cinéma, pour la pub ?

Comme les chanteurs avec lesquels ils travaillaient sur ses morceaux étaient des interprètes, que sa musique s’était déjà retrouvée dans une bande originale de film, et qu’il s’était même aussi trouvé qu’un de ses sons avait servi pour le spot commercial du dernier smartphone du marché, il ne mentit pas en répondant :

— Tous les trois.

— Génial, commenta-t-elle. Tu as de la chance.

En théorie, de la chance, il en avait, il en était bien conscient. Sauf qu’il ne pouvait pas se défaire de la sensation amère qu’il n’était qu’une pièce sur l’échiquier du capitalisme et que, comme toute pièce, on considérait qu’au fond, s’il cessait de produire de l’argent, il était sacrifiable..."

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