Extraits de livres
- Par frederique Roustant
- Le 03/10/2024
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Extrait Le Poursuivi par Benoit Deville
Hors du Cœur et du Corps, l’Ame flotte au-dessus des affres indociles provoquées par l’impossible retour. Ce vide étreint, cajolé à éteindre toute étincelle dans les prunelles, le Regard finit par endormir toute sensation comme le meilleur des sédatifs. L’immergé baigne dans la fange du Regret où s’éternisent toutes les volontés de rejoindre un jour, une nuit, l’immensité de la plaine vide de toute présence ; où ne subsistent que les émanations des errants avides de l’Envie réprimée, flattée comme une substance qui coule dans les veines, putréfiant la pureté du liquide vital. Et dans cette eau salie, corrompue, s’évide le fil qui attache, le lien qui empêche l’Envol. La saumure des pleurs rejoint la surface mousseuse et rien ne peut arrêter le cours de cette existence qui s’éteint. |
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Extrait de Big Bang Renouveau par Benoit Deville
Que t’importe, à toi l’inconnue que je ne connais pas ? Que t’importe de savoir cela ? Est-ce que cela fait avancer l’intrigue – chère intrigue – de cette histoire – quelle histoire ?- Jamais personne n’est venu prendre ces mots aux pieds de leurs lettres. Jamais personne n’a entendu la complainte du damné. Jamais ces pages ne sont devenues pour être livrées à quelques mains inconnues qui les feuilletteront dans une voiture de train, une rame de métro ou un bus, qu’importe… Ô, mon amie, chère amie, ces mots encensent les disparus, qu’ils soient encore vivants ou non. Ô, ma belle inconnue, jolie inconnue, que ne te lasses-tu de les lire ces mots, assise dans ton fauteuil douillet ? Entends-tu chanter l’oiseau dans l’arbre ? Quel destin, n’est-ce pas ? Il ne sait même pas d’où il vient et ce qu’il fait sur cette planète. Il est juste là, à chanter son chant de l’amour, son chant de l’alerte, son chant du refus. Pourtant, ces doigts ne cessent d’effleurer les touches de mon clavier et les mots se crachent, se jettent – avides – sur cette page blanche virtuelle. Qu’aurais-je encore à dire de si intéressant pour les autres ? Qu’aurais-je encore à exprimer de si génial pour aider les autres ? Qu’aurais-je encore à transcrire ces pensées de si géniales pour mériter les applaudissements des autres ? Ces autres… Ces errants… Ces lassés, ces revenus de tout… Ces envieux parce que jamais rassasiés… Ces mesquins à crochepied toutes les audaces du plus courageux d’entre eux… Pourquoi lire ces mots ? Pour quelle satisfaction personnelle ? La mienne, moi, le vecteur, le transmetteur, le passeur, si oublieux… J’écris et je vis avec. Qu’importe l’environnement, les habitudes, les nécessités, les obligés de. J’écris, que cela ne déplaise ou que cela plaise… J’écris parce que ces mots représentent le sens d’une vie. J’écris parce qu’ils sont le témoignage d’une époque, le regard de l’autre envers l’autre. Parce qu’ils sont les peintures que je n’ai jamais pu peindre, parce qu’ils sont les films que je n’ai jamais pu tourner. Ces mots sont ces entrailles qui se desserrent. |
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