pendule à la negresse
Marie-Antoinette » Catalogue de l’exposition à Paris en 2008
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« Pendule à la Négresse »
Paris, vers 1784
Bronze patiné, doré et verni
Jean-Baptiste André Furet –
Maître horloger en 1746,
François Louis Godon –
Maître horloger en 1787
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Paris, collection particulière
Le 4 juillet 1784, les curieux se pressaient rue Saint Honoré chez l’horloger Furet pour voir trois pendules très originales dont la première représentait « une Négresse en buste dont la tête est supérieurement faite. Elle est historiée très élégamment et avec beaucoup de richesses et d’ornements. Elle a, suivant le costume, deux pendeloques d’or aux oreilles. En tirant l’une, l’heure se peint dans l’œil droit et les minutes dans l’œil gauche.
En tirant l’autre pendeloque, il se forme une sonnerie en airs différents, qui se succèdent ». Aussitôt, le directeur général du Garde-Meuble de la Couronne, Thierry de Ville-d’Avray, faisait acquérir pour le service du roi, au prix de 4000 livres, pris sur les dépenses extraordinaires. En fait, Thierry pensait surtout à son amusement personnel, car la pendule fut placée dans le salon de son appartement de fonction, place Louis XV (l’actuel ministère de la Marine).
Il devait s’en amuser beaucoup car, au cours du premier semestre 1787, l’horloger Robert Robin fut chargé de déposer et reposer le « jeu de flute de la Négresse » , pour le confier à un facteur d’orque chargé de le réparer. La même opération dut avoir lieu quatre ans plus tard et, en juin 1791, Richard, mécanicien demeurant cloître Saint-Germain-l’Auxerrois, demanda 96 livres pour « avoir rétabli et livré au Thierry une mécanique à jeu de flute adaptée dans le buste d’une Négresse ».
Quoique satisfait, Thierry demanda alors à Richard d’y ajouter de nouveaux airs beaucoup plus étendus « qu’il indiqua » et même « à double partie, afin de donner à cette pièce tout l’agrément, l’intérêt et la perfection dont Richard s’y engagea pour le prix de 500 livres et promis d’avoir fini ce travail pour la fin décembre. Thierry avait imposé cette date car il présenta la pendule dans les étrennes de la famille royale au 1er janvier 1792. Le destinataire en aurait dû être Marie-Antoinette, ou le dauphin – on disait alors le « le prince royal » -, mais la reine, « qui la vit et l’entendit, ne jugea pas à propos qu’un objet aussi précieux, fut entre les mains (de son fils) qui auraient pu le gâter ». La conserva-t-elle dans ses appartements ? La pendule est citée ensuite au Garde-Meuble, d’où elle ressortit peu après pour être à nouveau réparée, sous la direction de Richard, par un horloger du nom de Volant, lequel ne put s’en acquitter, défendant alors la France à ses frontières ; c’est donc sa femme qui fut chargée de restituer la pendule le 1er décembre 1792, au « Garde-Meuble National ».