Récit d'une Découverte de l'Antiquité
- Par frederique Roustant
- Le 27/11/2023
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A travers des decouvertes nous allons vous faire decouvrir une histoire
Aujourd'hui 27 Novembre
Sorcellerie Gauloise le plus long texte retrouvé une malédiction d'y il a 2000 ans
Ci dessous un article de décryptage :
"Le plomb magique du Larzac
Severa Tertionicna, la druidesse, la magicienne du Larzac est morte. Voilà presque 2000 ans, elle est partie vers le pays d’Atsagsona, déesse des enfers. Et sera incinérée, suivant les règles romaine de la Duodecim Tabulae.
Pendant que le bucher s’éteint lentement dans l’enceinte funéraire et que le vent disperse les cendres sur le causse, quelques femmes remplissent un vase en poterie sigillée de Condatomago, avec les restes calcinés de ce qui fut Severa. Réunies autour de la modeste fosse, creusée à même le sol, elles déposent l’urne cinéraire, des offrandes et des vases lacrymatoires remplis de larmes. Les chants s’élèvent, brisant le silence. L’une d’elles s’avance pour déposer une dernière prière – magique celle là – inscrite sur une mince feuille de plomb.
Le temps et les saisons sont passés. Sous les coups des invasions barbares, le champ funéraire et la petite ville antique toute proche ont disparu, ils sont devenus labour. En août 1983, une équipe d’archéologues locaux, s’active à dégager une nécropole du début de notre ère, à la Vayssière, près de l’Hospitalet du Larzac. La récolte en objets est déjà riche, prometteuse en précieuses informations. Mais la fouille de la tombe 71, retentira internationalement dans le monde scientifique de l’archéologie, en livrant le message de plomb, confié à Severa Tertionicna et envoyé vers l’au-delà par les femmes de ce bourg gallo-romain, situé au nord du Larzac.
Le mystère de la tombe 71
L’ouverture de cette tombe, datée autour de 100 ap. J-C., qui traversa intacte, dix-neuf siècles d’histoire, livrera plus de 30 vases en céramique ou en verre, une lampe, une bague féminine, un harnachement en bronze décoré et une tablette de plomb : un defixio, une incantation magique, reliant le monde d’en haut, celui des vivants, à l’univers des divinités chtoniennes du monde d’en bas. Un texte de 57 lignes et 180 mots environ. Jamais il n’avait été trouvé un document aussi long en langue gauloise, écrit en cursives latines. Sur l’ensemble des défixiones tabellae qui ont été découverts en France, seuls les plombs du Larzac (1983) de Chamalières (1971) et plus récemment de Chartres (2 tablettes découvertes en 2010) présentent des caractéristiques linguistiques similaires, à savoir l’utilisation exclusive de la langue gauloise. Une langue que longtemps, on a pensé uniquement orale et sur laquelle on ne savait presque rien.
Le defixio tabella
C’est un document énigmatique, exceptionnel, presque 60 lignes d’incantations et d’envoûtements en gaulois, qui commencent ainsi «…insinde se bnanom brictom anuana san-anderna uidlu uidluias ligontias eianom brictom so Adsagsona uo-lunget uo dunoderce Seuerim Tertionicnim lissalim liciatim eianom uto-nid ponc ni-lixintor sies dus-celi-natia internonanuana esi…». Ceci est un charme de femmes magiciennes, ensorcelant des sorcières. Adsagsona, regarde par deux fois au fond de la tombe de Severa Tertionicna, la magicienne de fil et d’écriture et renvoie leurs maléfices à celles qui sont nommées, libère ceux qu’elles ont frappé d’envoutement (traduction adaptée , pour la compréhension homogène du texte, à partir de l’analyse sémantique originale). L’étude du texte a duré de nombreuses années notamment dans les laboratoires du Musée du Louvre et améliora la connaissance linguistique du gaulois, mais aussi relança le débat sur les pratiques magiques de la Gaule romanisée des premiers siècles.
Adsagsona une déesse des enfers, vénérée sur le Larzac
A l’époque antique, dans l’Empire romain, la magie et la religion sont étroitement liées. Les habitants du Larzac, eux aussi avaient leurs dieux à cette époque, sans doute un panthéon peuplé de divinités celtes, romaines, grecques ou égyptiennes auquel ils demandaient d’exaucer leurs prières, en promettant de les honorer. Le plomb du Larzac s’adresse à Adsagsona, qui pour certains chercheurs est à rapprocher d’Adsagonda une déesse infernale, invoquée dans le domaine judiciaire et que l’on implorait pour être réhabilité en justice. Compte tenu de cette découverte, il est vraisemblable que de nouvelles campagnes de fouilles sur ce site permettraient d’identifier, d’autres cultes locaux.
Cet artefact à été confié en dépôt au Musée de Millau, et le Musée du Louvre à offert à l’Hospitalet du Larzac une reproduction d’étude, identique à l’original, conservée actuellement dans les vitrines du Musée local, avec une grande partie des objets trouvés sur le site de la Vayssière."
Quand les gaulois ecrivaient en latin et en Etrusque
"Exemples d’écritures
[.]αρταρ/ος ι/λλανουιακος δεδε ματρεβο ναμαυσικαβο βρατουδε[
" (?)artaros fils d'Illanus (l')a offert aux Mères Nîmoises, (?) par reconnaissance, avec la dîme/pour réalisation du voeux" (trad. P.-Y. Lambert).
Il s'agit d'un socle portant une inscription qui accompagnait une statue offerte (aujourd'hui disparue).L'écriture est régulière et soignée et c’est l’une des inscriptions gallo-grecques que l’on peut qualifier des plus élégantes. Elle livre une formule de dédicace complète formée d’un verbe au parfait δεδε (racine : *di, "offrir, donner") suivi d’un terme encore discuté et que l’on peut compléter sur la base d’autres occurrences : βρατουδε[καντεμ (bratou-dekantem).Le nom du dédicant est endommagé (Martaros ?) mais il est identifié à la gauloise avec la mention du nom de son père suivi d’un suffixe : Illanu(s) + iako(s). L'ensemble (statue + inscription) est offert à des divinités mentionnées au datif pluriel (en -bo) : ματρεβο ναμαυσικαβο, les Mères Nîmoises, ναμαυσικαβο est une épiclèse dérivée en -iko- sur le nom gaulois de Nîmes.
Gallo-latin : Inscription sur pierre (Alise-Sainte-Reine)
Gallo-latin : Inscription sur pierre (Alise-Sainte-Reine)
Source: RIG II 1 L-13 (RIIG CDO-01-19)
Cette inscription monumentale est une des rares inscriptions sur pierre de l'épigraphie gallo-latine. Bloc de pierre (49 x 74 x 13 cm) retrouvé en 1839 sur le Mont Auxois et conservée au MuséoParc d’Alise-Sainte-Reine.
MARTIALIS • DANNOTALI IEVRV • VCVETE • SOSIN CELICNON ETIC GEBEDBI . DUGIIONTIIO VCVETIN IN ALISIIA
"Martialis, fils de Dannotalos, a offert à Ucuetis ce bâtiment, et cela avec les forgerons qui honnorent Ucuetis à Alise" (trad. P.-Y. Lambert).
On retrouve après le nom du dédicant le même verbe que sur l'inscription de Vaison-la-Romaine IEVRV, cette fois en écriture latine.
Le théonyme est au datif VCVETE (thème en *i. Il s'agirait, selon P.-Y. Lambert d'un nom d'agent en -ti, sur un dénominatif du thème *okuo- "aigu, aiguisé" (cf. latin : acuus) "l'aiguiseur", ce qui correspond bien au champ lexical des forgerons.
L'objet offert le CELICNON (ici à l'accusatif, précédé d’un démonstratif SOSIN également présent à Vaison-la-Romaine) est vraisemblablement un lieu de culte. Un tel bâtiment a été fouillé à Alise-Sainte-Reine, au début du XXe siècle, peu après la découverte de cette pierre. Il s'agit d'une construction sur deux niveaux (sans doute un magasin et une salle de réunion). Ce lieu de culte recevait notamment des offrandes métalliques, ce qui corrobore la présence de forgerons dans l'inscription.
Une deuxième partie de l'inscription est introduite par ETIC (eti cf. latin et, grec ἔτι et la particule enclitique -kwe apocopée).
gobedbi, le nom du forgeron, est un instrumental au pluriel en -bi. dugiIontiIo serait une forme verbale relative à la 3e personnel du pluriel dont le thème est encore non identifié.
Enfin, le locatif AlisiIa a rendu célèbre cette inscription car on y a vu pour la première fois le nom célèbre d'Alésia, dernier combat de Vercingétorix et bataille finale de la Guerre des Gaules.
Gallo-latin : Inscription magique sur plomb (L'Hospitalet-du-Larzac)
Gallo-latin : Inscription magique sur plomb (L'Hospitalet-du-Larzac)
Source: P.-Y. Lambert, La langue gauloise, 1994 (20183), p. 162-165.
Ce plomb (RIG II.2, L-98) est le plus long document en langue gauloise connu à ce jour. Trouvé en 1983, il s'agit d'un plomb dit "magique", qui entre dans la famille des defixiones, tablettes d’exécration fréquemment utilisés dans la tradition magique gauloise.
Le document est composé de 2 plaquettes reposant l'une sur l'autre sur l'orifice d'une urne funéraire. Il compte environ 60 lignes et 170 mots (ou fragments de mots).
Il a été écrit par deux mains différentes. Le premier texte semble mettre en scène une bataille de sorcières. Le second emploi de la plaque semble avoir voulu tirer parti de la force magique du précédent mais la seconde main aurait été moins latinisée que la première.
Traduction de P.-Y. Lambert :
1a, 1-7 : « Envoie le charme de ces femmes contre leurs noms (qui sont) ci-dessous ; cela (est) un charme de sorcière ensorcelant des sorcières. Ô Adsagsona, regarde deux fois Severa Tertionicna, leur sorcière de fil et leur sorcière d’écriture, qu’elle relâche celui qu’elles auront frappé de defixio; avec un mauvais sort contre leur noms, effectue l’ensorcellement du groupe ci-dessous [+ une douzaine de noms féminins]. »
1b, 6-7 : « que ces femmes ci-dessus nommées, enchantées, soient pour lui réduites à l’impuissance »
2a, 3-10 : « tout homme en fonction de juge, qu’elles auraient frappé de defixio, qu’elle (Severa Tertionicna) annule la defixio de cet homme ; qu’il ne puisse y avoir de sorcière par l’écriture, de sorcière par le fil, de sorcière donneuse, parmi ces femmes, qui sollicitent Severa, la sorcière par l’écriture, la sorcière par le fil, l’étrangère. »
Gallo-latin : Calendrier de Coligny (Ain)
Gallo-latin : Calendrier de Coligny (Ain)
Source: Wikimedia Commons
Cette plaque de bronze conservée au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière a été trouvée en 1897 dans l'Ain.
Elle porte un calendrier gaulois écrit en écriture latine daté du IIe. ap. J.-C.. Il s'agit vraisemblablement de la copie tardive d'un calendrier plus ancien.
Le calendrier compte 5 années consécutives. Les mois sont des mois lunaires faisant alterner les mois de 30 jours (MAT "bon") et les mois de 29 jours (ANMAT ("néfaste"). Le calendrier lunaire étant décalé par rapport au rythme de l'année solaire, le calendrier compte également des mois intercalaires (un au début de la première année et un autre au milieu de la troisième année).
Disposé sur 16 colonnes, il comprend 4 mois par colonnes. Il n'y a pas de phrases (sauf une peut-être dans l'en-tête du premier intercalaire).
On peut ainsi lire (avec de nombreuses variantes graphiques) les noms des mois suivants :
I-SAMON,II-DVMAN,III-RIVROS,IV-ANAGAN,V-OGRONN,VI-CVT-,VII-GIAMON,VIII-SIMIVIS,IX-EQVOSX-ELEMBIV,XI-AEDRINI,X-CANTLOS Gallo-latin : Compte de potier (La Graufesenque) Gallo-latin : Compte de potier (La Graufesenque) Source: RIG II.2, L-20 Musée Fenaille
Le site de La Graufesenque (Millau, Aveyron, France) est un site exceptionnel pour l'épigraphie gauloise. On y a trouvé au tout début du XXe siècle des milliers de tessons de céramique sigillée provenant de fours de potiers. Pour des raisons d'économie, les fours étaient mutualisés entre plusieurs potiers, qui faisaient ainsi cuire leur production ensemble. Au moment de la cuisson, on ajoutait ainsi un "bordereau" qui récapitulait les différents lots disposés dans le four. Le "bordereau" (un simple fond d'assiette en terre glaise) cuisait avec le reste de la fournée.
Ces documents sont précieux pour nous. Ils livrent de nombreux éléments anthroponymiques mais aussi des données chiffrées sur le fonctionnement des ateliers.En revanche, il n’y a pas de phrases longues, et les noms communs qu’on peut y lire sont très techniques relevant de la comptabilité et de la technologie potière. Gallo-étrusque : Inscription bilingue de Vercelli
Gallo-étrusque : Inscription bilingue de Vercelli Source: RIG II 1, E-2. Musée Camillo Leone (Vercelli)
Cette borne bilingue en schiste a été découverte en 1960 dans le Piemont. Elle pourrait être datée du IIe s. av. J.-C. (hauteur : 149 cm ; largeur : 70 cm).
Il s'agit d'une borne qui délimitait, avec quatre autres bornes disparues, le terrain d'un certain Acisius "Argantomaterecus".Elle comporte un premier texte en langue et alphabet latin et un second, en écriture gallo-étrusque et langue gauloise.
Le texte latin se lit comme suit :
Finis / campo . quem / dedit . Acisius / argantomater / ecus . communem / deis . et . hominib / us . ita . uti . lapides / II II . statuti sunt
trad. P.-Y. Lambert : "Fin du terrain qu'Acisius Arganto-materecus a donné pour être en commun aux dieux et aux hommes, dans la limite où quatre pierres ont été érigées."
Le texte gaulois se lit comme suit :
aKisios. arKaToKo{K} / maTereKos . To[ś]o / KoT[e (.) a]Tom/ś Teuoχ / Toni[o]n EV
trad. P.-Y. Lambert : "Acisios Argantomaterekos (a donné) l'ATOS appartenant aux dieux et aux hommes."
Le nom du propriétaire (au nominatif, Akisios) est suivi d'un terme controversé aux composés multiples. Lambert propose la construction suivante : préposition kom- “avec” + ater-, “père” + un suffixe -eko-. Ce syntagme -atereko- serait, selon P.-Y. Lambert, l'équivalent du lat. patricius “patricien”. De ce fait, la séquence komatereko- doit être comparée à “patres conscripti”. Arganto-komatereko indiquerait ainsi la charge d'un trésorier (le questeur à Rome). Comme on le constate, le texte latin est plus précis et semble plus détaillé que le texte gaulois.
Le terme ATOŠ ou ATOM ne peut être traduit dans la version gauloise du texte. Il est expliqué dans la version latine par le terme campus. Ce qui semble être le verbe de la phrase gauloise, TO[.]O / KOT[..] pourrait être lu TOŠOKOTE et serait le prétérit du verbe "donner", peut être avec un infixe -so-.
L’adjectif TEUOXTONION, “commun aux dieux et aux hommes” est un composé analysé par M. Lejeune (“divin” (*deiwo- ) et “terrestre, mortel” (*gdhon-io-).
Les deux dernières lettres pourraient être une abréviation latine pour EX VOTO, car la romanisation de la zone était déjà bien avancée, comme le prouve la nécessité d'une inscription bilingue.
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Gallo-étrusque : Inscription bilingue de Briona
Gallo-étrusque : Inscription bilingue de Briona
Source: RIG II 1, E-1.
Ce bloc de pierre irrégulier (140 x 95 cm) a été trouvé en 1859 à 10 km au nord-est de Briona. L'inscription serait datée du IIe-Ier s. av. J.-C. On y voit quatre roues dessinées verticalement. Le texte principal (9 lignes) est presque exclusivement constituée de noms propres. Un texte secondaire (a) est gravé sur la tranche supérieure, dans le sens du texte principal.
Enfin, un second texte (b) se lit verticalement, à côté des roues. L'ordre de lecture général est controversé.
a) ]n[.]k[..]esasoioikan[
tanotaliknoi,kuitos,lekatos,anokopokios,setupokios,esanekoti,anareuišeos,tanotalos;karnitus
b) takos·toutas·[
" a) ?" "Les fils de Dannotalos, Quintos, légat, Andocombogios, Setubogios, et (les fils) d'Essandecot(t)os, Andareuiseos, Dannotalos, ont élevé ce tumulus" "b) ? décision de la tribu" (trad. P.-Y. Lambert).
TANOTALIKNOI (inséparable de TANOTALOS) présente le suffixe patronymique -ikno-. Il est suivi de trois noms au nominatif : KUITOS = Quintos, emprunt au latin tout comme l'est l'épithète LEKATOS = legatus.
Les anthroponymes ANOKOPOKIOS et SETUPOKIOS, sont des composés celtiques en -bogios = "qui frappe".
Un deuxième ensemble est composé par (les fils d')ESANEKOTI, au génitif : il s'agit de ANNAREUISEOS et TANOTALOS.
Le verbe final KARNITUS dérivé de *karno "le tas de pierre" est la seule indacation de la fonction de l'inscription à savoir une dédicace de tumulus.
Le texte b est également controversé. On y repèrera toutefois le terme TAKOS (peut-être "ordre, décision", par parallèle au vieux gallois et à l'osque) et le terme TOUTAS qui est le nom de l'unité politique gauloise.
SOURCE :Mnamon
Antiche scritture del Mediterraneo
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