Arthur Rimbaud

Un sieur Rimbaud, dit "Négociant" ou Rimbaud en Abyssinie - le ...

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Telechargement 2020 04 16t171156 802Images 2020 04 16t171811 910Rimbaud : une adolescence violée de Maurice Corcos | Œdipe

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Jean-Nicolas Arthur Rimbaud, deuxième enfant du capitaine Frédéric Rimbaud et de l'agricultrice Marie-Catherine-Vitalie Rimbaud naît le 20 octobre 1854 à Charleville dans les Ardennes.

Le père : Frédéric Rimbaud naît en 1814 à Dôle, dans le Jura. Militaire de carrière, il devient capitaine du 47ed’infanterie de ligne après son arrivée à Mézières. Il a fait la campagne d’Algérie. C’est un lettré, il parle l’arabe, a travaillé sur une grammaire arabe, et même traduit le Coran. Un père dont Arthur ne parlera jamais (aucun des enfants ne s’en souviendra) mais dont il suivra toujours l’ombre, inconsciemment. Il disparaît quand il a 6 ans.

La mère : Vitalie Cuif naît en 1825 à Roche, tout petit village du sud des Ardennes, vers Attigny.  Elle a 5 ans à la mort de sa mère. Ce sera vers elle, encore petite, que son père se tournera pour faire fonctionner la maison. Félix l'aîné aide le père à la ferme mais suite à une affaire louche qui pourrait finir en correctionnelle, il s'engage à 17 ans dans l'armée. On l’appellera « l’Africain ». Le père Jean-Nicolas Cuif se retrouve seul avec une gamine de 16 ans et un gamin de 11 ans. En grandissant, Charles-Auguste, le plus jeune fils, rechigne de plus en plus aux travaux de la ferme, préférant les cabarets. A 21 ans, il se marie, et fait bien comprendre à Vitalie et au père qu'ils doivent déguerpir… D’où leur installation à Charleville.

Vitalie et Frédéric se rencontrent en 1852 à l’occasion d’un concert de musique militaire au square de la nouvelle gare. Il a 11 ans de plus qu’elle qui en a 28 et vit avec son père. Ils se marient très vite en février 1853. Mariage d’amour ou d’intérêt ? Lui n’apporte dans le contrat de mariage que ses effets personnels et elle de l’argent, des terres d’une valeur de 140 000Frs, fortune qui lui donne l’indépendance. Maîtresse femme qui sait  gérer un ménage. En novembre, 9 mois après, naît déjà le premier enfant : Frédéric. Ils n’auront que sept années de vie commune. Six ans seulement si l'on  enlève la campagne de Crimée, le temps que Vitalie donne le jour à cinq enfants.

Son frère aîné s'appelle Frédéric, né en 1853, ses deux soeurs cadettes: Vitalie, née en 1858 et Isabelle, la dernière, née en 1860;  je devrais dire et ses trois soeurs: en 1857 naît une fille qui ne vit que trois mois. Arthur a trois ans.

 

 En 1862,  à 8 ans, Arthur Rimbaud est inscrit à l'institut Rossat.

ne enfance sans père mais avec une mère aussi autoritaire que « 73 administrations à casquette de plomb »
Le 20 octobre 1854 : naissance d’Arthur – il a six mois en mars 55 quand Frédéric Rimbaud part faire la guerre de Crimée jusque juin 56 et ne le reconnaît même pas quand il revient à Charleville. Il repart pour suivre son régiment à Grenoble, Dieppe et en Alsace. 8 jours avant la naissance de la petite Vitalie, le grand-père Cuif meurt, laissant Vitalie, la mère, vraiment seule. Arthur aura quelques vagues souvenirs des spectaculaires et bruyantes disputes avec sa mère. D’après Françoise Lalande (« Madame Rimbaud »)   Vitalie tente de sauver son couple en rejoignant Frédéric à Sélestat où il est avec son régiment mais celui-ci repart bientôt à Wissenbourg. Vitalie rentre à Charleville et comprend qu’elle devra désormais faire face seule.  Elle durcit sa carapace et a désormais une seule obsession : donner la meilleure éducation à ses enfants... à sa façon. En 1860, enceinte d’Isabelle, elle doit déménager car le propriétaire s’alarme du nombre croissant d’enfants. Cette famille est une « nichée de chiens » dit Rimbaud dans un poème d’ « Une saison en enfer » – dans l’urgence elle emmène sa « nichée » à l’Hôtel du Lion d’Argent puis s’installe rue Bourbon, un quartier ouvrier où règne une certaine misère sociale.

Isabelle naît en juin 1860. Arthur a 6 ans et après quelques mois passés à Charleville, Frédéric disparaît définitivement. Il abandonne sa famille. On sait que son propre père et son grand père ont eux aussi abandonné la leur. Dès lors, Vitalie fait courir le bruit qu’elle est veuve, ce statut étant plus honorable que celui de femme abandonnée dans cette petite ville où règne  le commérage. Elle signe ses courriers « Veuve Rimbaud », elle  se replie sur elle-même et ses  fils tournent mal, comme ses frères. Jamais un rire, jamais un sourire, d’après les souvenirs des copains d’Arthur, Ernest Delahaye ou Louis Pierquin.

En 1862, pour éloigner ses enfants de la "populace ouvrière", Veuve Rimbaud s’installe 13 cours d’Orléans (sous les allées), quartier bourgeois où la bonne société aime flâner et se montrer le dimanche. En octobre, elle inscrit ses fils à l’Institut Rossat, institution respectable très en vogue dans la bonne société. Si Frédéric est un vrai cancre, Arthur, lui, obtient de nombreux prix, fait la fierté de sa « mother ». C’est un « surdoué » docile en apparence.

Classe de l'institut Rossat

L' INSTITUTION ROSSAT

L' Institution Rossat a une excellente réputation, de cette école sont sortis de nombreux patrons de l’industrie locale (Despas, Corneau, Jubert, Lefort...) – Arthur y obtient de nombreux prix et nominations - Est-ce parce que l’enseignement s’avère  trop « moderne » avec trop peu d’enseignement classique et religieux au goût de Vitalie ou pour des problèmes financiers, elle retire ses fils de l’Institut Rossat en cours d’année 1865 et s’installe rue Forest jusqu’en 1869,  pensant que Rossat n’est plus aussi fréquentable, mais elle oublie de surveiller d’autres « mauvaises fréquentations !… Elle  inscrit ses fils au collège communal qui vient d’ouvrir, persuadée qu’il est mieux fréquenté et mieux encadré ! C’est un établissement encore semi-religieux où y étudient un bon nombre de séminaristes. Sur les mêmes bancs d’école se côtoient séminaristes et élèves « laïques ». Les filles sont quant à elles, placées chez les Sépulcrines.

LES RENCONTRES DÉTERMINANTES

Au 22 rue Forest vivait un personnage : Emile Jacoby, vieux républicain de 1848, chauve à barbe blanche qui vivait alors de photographie (c’est lui qui prend la photo de Frédéric et Arthur à leur première communion). C’est le fondateur du journal  "Le Progrès des Ardennes"qu’ Arthur retrouvera plus tard pour essayer de publier ses poèmes fin 1870. La guerre est aux portes de la ville et Emile Jacoby lui répond que (« le temps n’est pas aux pipeaux »). Pas démonté pour un sou, Arthur et Delahaye prennent des pseudonymes et se font passer pour journalistes (« Le Rêve de Bismarck » signé Jean Baudry, héros d'une pièce de théâtre d'Auguste Vacquerie). Selon Delahaye, Rimbaud admirait ce personnage de révolté qui revendiquait l'identité de "vagabond". On a retrouvé très récemment un exemplaire de ce texte incroyable de maturité pour un si jeune garçon (16 ans). L’imprimerie de Jacoby, basée à Mézières, est détruite sous le bombardement de décembre 1870

Au moment de la commune de Paris, Jacoby affiche son soutien aux insurgés et son journal est interdit. Dommage pour Arthur qui avait finalement réussi à s’y faire embaucher (5 jours)... Il y dépouille la correspondance le temps d’ « apaiser la bouche d’ombre » qui lui ordonne de travailler s’il ne veut pas reprendre ses études, arrêtées par la guerre (« c’est ça ou travailler ! »)
 
Charles-Auguste Bretagne, dit « le père Bretagne »

Personnage truculent, artiste et provocateur qui va se prendre d’amitié pour le jeune Arthur – C’est un anarchiste qui recommande Arthur à Paul Verlaine qu’il connaît bien – il exercera une influence marquante sur Arthur – lui paie des bocks et du tabac, lui prête des livres (Arthur se sert peut-être de la fascination qu’il exerce sur lui). Auprès de lui, il se libère de l’emprise de la « bouche d’ombre ». 

Georges Izanbar, professeur de réthorique

En 1865, c’est dans son nouveau collège, place Jacques Félix, à l’époque place du Sépulcre, qu’Arthur naît une seconde fois.  Dès son arrivée,  il se fait remarquer par ses résultats exceptionnels, des prix d’excellence en réthorique, littérature, version, thème, mais aussi par une personnalité « hors normes » qui en inquiète plus d’un et qui fascine les quelques amis qu’il va se faire au collège : Ernest Delahaye, qui lui restera toujours fidèle, Ernest Millot, Louis Pierquin.

Dès la première année, le principal, Jules Desdouets, dit de cet élève que « Rien de banal ne germera dans cette tête ; ce sera le génie du Mal ou celui du Bien ». Lui aussi, le jeune professeur de réthorique Georges Izambard distingue immédiatement cet élève et le prend en affection. Il sera le « passeur », au sens qu’il le révèlera à lui-même, lui ouvrira la porte de la poésie.

Né à Douai, il est lui aussi un être à part : il est orphelin de mère (morte du choléra), élevé par ses « tantes », les sœurs Gindre. C’est un jeune professeur de 21 ans licencié en lettres, nommé à l’école publique de Charleville, il se prend d’amitié pour Arthur. Il l’encourage fortement, lui prête ses livres, lui donne du travail supplémentaire. Il s’adresse à lui comme à un homme. Peu à peu Izambard, que ses élèves surnomment Zanzibar (!!!), devient presque un père pour Arthur. Mais Vitalie met le holà par une féroce intervention quand il prête à Arthur des livres de Victor Hugo, un républicain doublé d’un anticlérical ! Arthur lui fait lire ses poèmes et Izambard l’encourage à publier (Cahiers de Douai)–  Il veut rencontrer les écrivains du Parnasse Contemporain, les poètes les plus modernes de l’époque à Paris. Pour cela, il écrit à Théodore de Banville, qui lui répond gentiment d’aller jouer ailleurs.

Izambard repart à l’été à Douai et laisse à Arthur la clé de sa chambre et l’accès à ses livres… qu’il dévore en quelques mois. Puis c’est l’ennui. Arthur sait que sa vie est ailleurs. Il continue à écrire à Izambard. C’est l’époque des fameuses « Lettres du voyant ». Dans la première (mai 1871), Arthur annonce à Izambard qu’il veut être poète et que pour cela il faut se faire voyant. 

« Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de mots. — Je est un autre »

PAUL DEMENY, POÈTE DE DOUAI

Plus tard, dans une lettre envoyée à Paul Demeny, un poète de Douai que lui a présenté Izambard, il explique comment se faire voyant 

« Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée » « Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences ».

En août 1870, Arthur fait sa première fugue, pour rejoindre Paris via Charleroi. Comme il se fait arrêter sans billet, il appelle au secours Izambard qui vient le délivrer. C’est Izambard, missionné par Vitalie Rimbaud, qui ira le rechercher à la prison de Mazas, l’accueille quelque temps à Douai puis le ramène à la mère Rimb’. Les bruits de guerre approchent et Arthur se moque de ses compatriotes qui « patrouillotent ». Il vagabonde avec Delahaye. Survient la guerre de 1870, le collège ferme. Il voit partir son frère qui suit un régiment sans crier gare. Le 31 décembre, Mézières est bombardé, le domicile d’Ernest aussi et Arthur part à sa recherche. Vitalie, quant à elle, erre dans les décombres à la recherche de son fils. Il écrit « Le Dormeur du Val ».

Arthur finit par prendre de la distance avec son ancien professeur et refuse de retourner au collège. Il reproche à son professeur de l’avoir abandonné et trahi en le rendant à sa mère. Izambard lui a pourtant présenté des poètes et des amis : Léon Deverrière, Paul Demeny, Charles-Auguste Bretagne. Mais il est dépassé, comme tous ceux qui croiseront la route d’Arthur.

Il avait pressenti le génie d’Arthur. Il finira par quitter l’enseignement pour devenir journaliste puis s’intéresser à la science des rayons X et au cinéma ! Il gardera très longtemps le silence sur son ancien élève et ami mais finira par publier ses simples souvenirs : « Arthur Rimbaud, tel que je l’ai connu », sûrement pour rétablir certaines vérités.

En 1864, à 10 ans,  il est déjà  un élève brillantissime, mais indiscipliné, contrecoup d'une éducation catholique sévère donnée par sa mère qui a été abandonnée par son mari. A la même époque de sa communion, Arthur écrit dans un devoir: "Passons au grec... cette sale langue n'est parlée par personne, personne au monde!... Ah! Saperlipotte de saperlipopette! sapristi, moi je serai rentier; il ne fait pas si bon d'user ses culottes sur les bancs... saperlipopettouille!"

En 1865, à 11 ans, Arthur entre au collège municipal. Marque de sa précocité, il fera en une seule année ses classes de 6ème et 7ème.

Durant son année de 3ème entre 1867 et 1868, l'un de ses professeurs répond aux éloges du proviseur: "Oui, bien sûr, il est intelligent, mais il finira mal." Le 6 novembre, il rend à son professeur une composition sur Horace où se trouvent ces mots en lettres capitales: "TU VATES ERIS": ce qui veut dire à la fois "tu seras poète" mais le mot "vates" veut dire aussi "devin".

En 1869, à 15 ans, Arthur entré en classe de rhétorique a l'audace d'apporter des corrections à des vers de Invocation à Vénus de Sully Prudhomme tels que: "le jour immense éclate aux jours pacifiés!"

 Nous ne possédons aucune image de Rimbaud de 1870, l'année de ses 16 ans, et qui est pourtant la date de naissance officielle du poète, - mis à part celles posthumes dues à son ami Delahaye (respectivement de  1905 et 1923 et qui le représentent deux fois en 1870 et une en 1871:

Dès le 2 janvier son premier poème, Les Etrennes des orphelins est publié dans La Revue pour tous, une publication locale. Peu de temps après, il a comme professeur le jeune Georges Izambard qui est une rencontre déterminante dans sa formation de poète.

Après un récit sous forme de journal intitulé Un coeur sous une soutane (intimités d'un séminariste) où il se montre aussi irrévérencieux et critique envers l'institution religieuse que traversé par "le souffle de l'esprit sacré", il chante dans de beaux vers sa sensation éprouvée en marchant dans la campagne; de fait, il intitule son court poème Sensation et est daté de mars. En mai, sa mère reproche à son professeur de l'avoir fait lire Les Misérables de Victor Hugo.

Arthur enthousiaste écrit une lettre à un poète reconnu de l'école du Parnasse et écrit: "Nous sommes aux mois d'amour, j'ai dix-sept ans. l'âge des espérances et des chimères"; il s'y proclame "enfant touché par le doigt de la Muse" et y joint trois poèmes. Peu de temps après la distribution des prix au collège du 6 août, où il a raflé nombres de prix,

Arthur fait sa première fugue le 29 août pour rejoindre en train son professeur en vacances. Il est arrêté, n'ayant pas de ticket, puis libéré de la prison de Madras au bout de cinq jours,  il passera à Douai quelques uns des jours les plus exaltants de sa vie sous le protectorat de son professeur et les soeurs Gindre.  Il compose Ma Bohème.

Mais le climat de la France change vite, et Arthur aussi. La chute de l'Empire a lieu et la IIIème république est proclamée. Le 20 septembre, il se mêle de politique à Douai en publiant un article de protestation sous le nom F. Petit. Il compose aussi des poèmes marqués par la guerre dont un magnifique sonnet Le dormeur du val daté d'octobre. Le 25 novembre sous le pseudonyme de Jean Baudry, paraît dans le journal Le Progrès des Ardennes un pamphlet anti-prussien intitulé Le Rêve de Bismarck. Au réveillon, Mézières, ville militaire jouxtant Charleville et où vit son ami Ernest Delahaye est bombardé. Son ami est sauf, mais le 1er janvier les allemands occupent Mézières et Charleville.

L'année 1871 est celle d'une grande transformation intérieure qui révolutionne radicalement Rimbaud et sa poésie.  Après l'armistice signé le 28, le 25 février 1871, Rimbaud part pour Paris. Expérience de la misère sous un temps d'automne qu'il évoquera dans la dernière section d' Une Saison en enfer: " Ah! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse; mes mille amours qui m'ont crucifié!" Ces derniers mots sont hyperboliques et n'embrassent que le souvenir d'une jeune fille qui le suivit à Paris et l'y abandonna d'après le témoignage concordant de Delahaye.

C'est aussi de cette plus grande blessure sentimentale que découlera quelques mois après le poème âcre et inventif Mes petites amoureuses. Les textes en prose intitulés Les déserts de l'Amour seront un rejeton tardif de cet amour sous forme de rêves transcrits. Enfin cette expérience à Paris lui fait dire dans Une Saison en enfer: "j'éxècre la misère".  Le poème  Le coeur du pitre exprime aussi un écoeurement: "Mon triste coeur bave à la poupe/ Mon coeur est plein de caporal/ Ityphalliques et poupiesques/ Leurs insultes l'ont dépravé!/O flots abracadabrantesques/ Prenez mon coeur qu'il soit sauvé" Une autre version est "Prenez mon coeur qu'il soit lavé"

Le 18 mars, c'est le début de la Commune. Rimbaud essaye en vain d'intégrer la garde nationale. En mai, une dizaine de jours avant la Semaine sanglante, Rimbaud écrit deux lettres où il se proclame "Voyant" et expose ses idées sur la poésie: "Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens" . Une formule devenue célèbre: "Je est un autre". En septembre, il rencontre Verlaine, dont il avait découvert la poésie l'année précédante,

par l'intermédiaire d'un personnage haut en couleurs versé dans l'illuminisme et peut-être l'alchimie: Charles Auguste Bretagne chez qui Rimbaud va loger à Charleville.

C'est sous son influence qu'il va écrire le poème Ce que dit le poète à propos des fleurs qui se moque des académiciens et qu'il envoie ironiquement à un poète académique, Théodore de Banville dans une lettre du 15 aôut signée Alcide bava. Alcide qui signifie "force" étant l'autre nom d'Hercule, il s'agit peut-être une manière de dire "Hercule en bava; pas comme toi." Rimbaud doit en effet être fort comme Hercule pour se faire Voyant. Il doit se faire l'âme monstrueuse pour trouver de l'inconnu. Bretagne, anticonformiste est là pour l'encourager dans sa voie.

En septembre, Arthur rêve de célébrité en partant pour Paris avec des poèmes tels que Le Bateau ivre:

 

et Voyelles , sans doute influencé par des lectures alchimiques et illuministes à la bibliothèque de Charleville ou celle de son mentor Bretagne:

Dépenaillé et impoli, il est mal accueilli par la famille de la femme de Verlaine. Il compte impressionner les poètes, mais il fait scandale dans le groupe des Vilains Bonhommes, son rêve s'écroule.  C'est le grand amour à tous les niveaux entre Verlaine âgé de 27 ans Rimbaud âgé de 17 ans: "On est pas sérieux quand on a 17 ans, écrit-il peu après cette rencontre autant stimulante que déchirante. En octobre, Rimbaud est pris en photo par Carjat, dont l'une restée célèbre

fait de l'ombre à l'autre moins attreyante, où on perçoit plus un enfant boudeur qu'un poète plein d'idéal:

Loin aussi de la vision idéale, rêveuse du génie de la poésie dans Un coin de Table de Fantin-Latour, peint en 1872 après le mémorable passage chez les Vilains-Bonhommes. L'un d'eux, Léon Valade, dira de lui qu'il est "le plus effrayant exemple de précocité mûre que nous avons jamais vu" et il ajoute: "Arthur Rimbaud, retenez ce nom (à moins que la destinée lui fasse tomber une pierre sur la tête), sera celui d'un grand poète. - Jésus parmi les docteurs" a dit d'Hervilly. Un autre dit; "C'est le diable!" - ce qui m'a conduit à cette formule meilleure et nouvelle: le diable au milieu des docteurs.. ."

Verlaine aussi idéalise Rimbaud dans un dessin de 1872 qui illustre davantage le Rimbaud qu'il avait connu au début de leur lien qui avait écrit en août 1871: "je suis un piéton, rien de plus"

ce dessin de 1886 n'est guère plus ressemblant, mais la pipe et le chapeau sont toujours présents.

Durant l'hiver 1871-1872, il loge chez Forain, surnommé "Gavroche"; celui-ci fait ce portrait suivi de cette légende: "Qui s'y frotte s'y pique."

1872 est marqué par l'apparition du vers libre dans sa poésie. Un ensemble de poèmes sera recueilli sous le titre de Vers nouveaux et chansons.  Il en parlera l'année suivante en disant: "je fixais des vertiges" et les jugera de "parfums faux". Ses vers boitent en chantent sur un mode mineur et secret. Dans la Chanson de la plus haute tour, il reprend un air populaire qu'il modifie: "Ah! Que le temps vienne/où les coeurs s'éprennent". Dans l'Eternité, il se fait élégiaque: "Elle est retrouvée./ Quoi? - l'Eternité.

/ C'est la mer allée/ Avec le soleil" . Dans Age d'or il prie: "Environnez-moi de gloire pudique" Dans l'un d'eux non titré il exprime avec force émotion en un langage aussi simple qu'hermétique, à l'image de l'Alchimie qu'il évoque et qu'il reprendra à son compte par la formule "Alchimie du verbe": "ô saisons, ô châteaux/ Quelle âme est sans défaut?/ ô saisons, ô châteaux/ J'ai fait la magique étude/ Du bonheur que nul n'élude" . Ces poèmes ont été pour la plupart composés au printemps, certains en février comme Les Corbeaux qui a été par erreur mis dans ses Poésies de 1870-1871; il est publié en septembre. La seconde moitié de l'année est celle des voyages avec Verlaine, à Bruxelles en juillet-août, à Londres de septembre à novembre.

Au milieu des réfugiés français, Rimbaud est malheureux et s'avachit

Rimbaud laisse son aîné à Londres et retourne à Charleville en décembre. Ils vivront à nouveau à Londres ensemble entre janvier et mars 1873. Rimbaud prend une carte de lecteur au British Muséum le 25 mars, mais dès le 4 avril il s'embarque avec Verlaine vers Ostende.

1873 est l'année de l'écriture de ce qui est considéré par beaucoup comme le chef-d'oeuvre de Rimbaud: Une Saison en enfer. Le 12  avril il est dans le domaine de sa mère à Roche. Il écrit à son ami Delahaye: "Je n'ai rien de plus à te dire, la contemplostate de la Nature m'absorculant tout entier. Je suis à toi, ô Nature, ô ma mère!" Ces mots se trouvent illustrés avec force évocation de son esprit d'alors par le dessin en marge.

 

 Dans la lettre il disait à propos de sa mère: "La mother m'a mis là dans un drôle de trou" en parlant de la campagne de Roche. Quand il n'est pas dans la nature, il est enfermé dans le grenier à travailler comme un forcené à ce qu'il appelle son "Livre nègre ou Livre païen." Il a déjà écrit trois de ces "histoires atroces" dont il reste une douzaine à inventer. Il se pourrait que ces trois soient les Proses évangéliques qui ont trois parties et se trouvent écrites au dos de manuscrits d'Une Saison en enfer.

Il parle aussi de fragments en prose que possède Verlaine: peut-être s'agit-il de quelques poèmes de ceux qui composeront Les Illuminations. Bref, sa soeur Vitalie témoigna dans son journal de l'intensité de son travail d'écriture: "Mon frère Arthur ne partageait point nos travaux agricoles; la plume trouvait auprès de lui une occupation assez sérieuse pour qu'elle ne lui permit pas de se mêler aux travaux manuels"

Il écrit sans doute ses brouillons d'Une Saison en enfer, correspondant aux douze histoires qu'il a projeté et qui s'achèvent par ses mots qui ne figureront pas dans la version finale: "Maintenant je puis dire que l'art est une sottise. Nos grands poètes aussi facile: l'art est une sottise. Salut à la bont."

Pourtant, il va rejoindre Verlaine vers la fin mai. Auparavant, le 18 mai, Verlaine qui, "un peu soûl", se qualifie de "vieux con au bois dormant" et de "vieille truie" lui avait envoyé une lettre où il disait espérer une nouvelle entrevue: "A bientôt, n'est-ce pas? Ecris vite.  Envoie explanade. Tu auras bientôt tes fragments" ( Est-ce qu'il lui demande d'envoyer un poème intitulé Esplanade? Ou est-ce qu'il dit qu'il envoie un poème à lui intitulé ainsi? Quant aux "fragments", ne s'agit-il pas de certains poèmes des Illuminations?) Rimbaud reçevant cette lettre annonce à sa famille qu'il va bientôt les quitter. Il rejoint Verlaine à Bouillon (en Belgique, à 30 km à l'est de Charlevillele) le 24 mai. 

Le 27, ils sont à Londres. En juin, ils mettent des annonces dans un journal pour donner des leçons de français. Le 3  juillet, scène de ménage, Verlaine quitte Rimbaud qui en a marre de son tiraillement entre son amour pour lui et celui pour sa femme, et s'embarquant pour Ostende il écrit en mer: "Je ne sais si tu seras encore à Londres quand ceci t'arrivera.

Je tiens pourtant à te dire que tu dois, au fond, comprendre, enfin, quil me fallait absolument partir, que cette vie violente et toute de scènes sans motif autre que ta fantaisie ne pouvait m'aller foutre plus!" Il assure aussi de se "brûler la gueule" si il n'est pas à nouveau avec sa femme dans des conditions parfaites d'ici trois jours. "Ma dernière pensée sera pour toi", ajoute t-il. Le 4 juillet, Rimbaud  n'a pas encore reçu la lettre de Verlaine qu'il lui écrit de Londres: "Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. Je te jure que je serai bon.

Si j'étais maussade avec toi, c'est une plaisanterie où je me suis entêté, je m'en repens plus qu'on ne peut dire. Reviens, ce sera oublié. Quel malheur que tu aies cru à cette plaisanterie. Voilà deux jours que je ne cesse de pleurer. " A un endroit, il dit "je t'aime bien", à un autre "je t'aime" Mais, recevant la lettre de Verlaine, il écrit: "Tu as tort, cette fois, et très tort [...]: ta femme ne viendra pas ou viendra dans trois mois, trois ans, que sais-je?  Il lui dit qu'avec lui seul il peut être libre et qu'il sera très gentil à l'avenir. "Resonge à ce que tu étais avant de me connaître." renchérit t-il.

Le 5 juillet, Verlaine qui n'a pas encore reçu cette lettre demande à un ami d'aller chercher pour lui ses vêtements et manuscrits restés au logement et lui demande des nouvelles de Rimbaud. Le 6, la mer d'Arthur à qui Paul a écrit une lettre désespérée lui répond dans une assez longue lettre: "Monsieur, j'ignore quelles sont vos disgrâces avec Arthur, mais j'ai toujours prévu que le dénouement de votre liaison ne devait pas être heureux". On découvre une femme sensible, équilibrée, pleine de foi et ayant une plume aussi.

Le 7 juillet, Rimbaud toujours à Londres écrit à Verlaine: il craint l'accueil de ses amis en les revoyant ensemble. "Néanmoins, je serai très courageux." assure t-il. Il veut savoir aussi si c'est vraiment pour lui qu'il veut revenir ou pour récupérer ses affaires. Le même jour, Verlaine écrit de Bruxelles un télégramme à Rimbaud où il lui demande de venir si possible avec ses manuscrits. Le 8 juillet, Rimbaud rejoint Verlaine à Bruxelles. Le 10 juillet, Rimbaud annonce à Verlaine qu'il le quitte. Ce dernier paniqué sort un révolver et tire. Rimbaud atteint au poignet, il entre à l'hôpital Saint-Jean. Après plusieurs interrogatoires, après que Rimbaud ait signé "un acte de renonciation", Verlaine est jugé coupable: il perd son amant et gagne la prison. Rimbaud rentre à Roche où il achève Une Saison en enfer. Aidé financièrement par sa mère, il se met en quête d'éditeur et parvient à faire imprimer son livre, mais pour x raisons, il n'est pas publié. Rimbaud se désintéresse de celui-ci. Sa soeur Isabelle dira plus tard qu'il voulait l'anéantir complètement avant sa mise en vente et qu'il brûla "très gaiement" tout ses manuscrits, vers et prose dont il se moquait et plaisantait. Il était métamorphosé. Et, interroge t-elle: "en lisant attentivement la Saison en enfer, n'y trouve t-on pas l'aveu qu'il s'est trompé, et qu'il est bien revenu, après expérience acquise, de toutes les illusions passées?" On repense aussi à ces vers du Bateau ivre: "Mais vrai, j'ai trop pleuré! Les Aubes sont navrantes. /Toute lune est atroce et tout soleil amer:/L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. O que ma quille éclate! O que j'aille à la mer!"

 De fait, Une Saison en enfer est son carnet de damné et de rédemption: ses phrases ont la force d'un oracle: "c'est oracle ce que je dis". Travail de lucidité sur lui-même, ce qu'il est, il fait le procès de sa culture et de son éducation religieuse. Il ironise souvent, amèrement. Il évoque et regrette la folie de ses délires poétiques accompagnés d'hallucinations qui menacèrent sa santé et l'emplirent de terreur. Le Voyant vit les limites à l'application de son programme de "dérèglement de tous les sens". Humilié, il imagine aussi son avenir: "je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons; les climats perdus me tanneront." Comme des prémonitions, bien qu'il ne sera jamais "oisif et brutal" et qu'il n'aura pas tant d'or qu'il rêve. Il tape plus juste lorsqu'il s'exclame: "Allons! La marche, le fardeau, le désert, l'ennuie et la colère". Rimbaud à l'issue de déchirement et de tortures de l'esprit se rend donc: " Je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre! Paysan" et il conclut: "j'ai vu l'enfer des femmes là-bas; t - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps."

Désormais, ses rapports avec sa mère sont pacifiés et il est bien décidé à trouver du travail.

En 1874, Rimbaud part à Londres en compagnie d'un autre poète: Germain Nouveau.  Il poursuit un travail de poèmes en prose commencés en 1873,  recueillis et titrés par Verlaine d'après une note de Rimbaud en marge: Les Illuminations. Il fréquente beaucoup le British Muséum. Sa mère et Vitalie arrivent à Londres en juillet.  Sa mère s'impatiente de ses recherches de travail. Un matin enfin, il part sans un mot en bateau pour une ville inconnue, peut-être Scarborough. Vers la fin de l'année il retourne à Charleville où il prend ses premiers cours de piano.

En 1875, il poursuit ses voyages, toujours en quête d'un travail ou pour apprendre une langue (ex: en Allemagne). Il écrit à Delahaye de Stuttgart:l"je fouaille la langue avec frénésie.  Le 14 octobre, il écrit à Delahaye pour lui demander des renseignements précis sur un ""bachot" ès sciences actuel". Quelques jours après avoir reçu la dernière lettre qu'il recevra de Verlaine essayant de le convertir au catholicisme, il apprend la mort de sa chère soeur Vitalie.  Rimbaud apparaîtra à l'enterrement au grand étonnement de tous comme ceci, moins la cigarette, sans doute...

 

En juin, ses amis le disent parti à Java. C'est l'occasion pour eux de fantasmé et rire sur ses périples, à travers des dessins. Ici un dessin de Delahaye au sein d'une lettre à Verlaine en juillet 1876:

 

Delahaye imagine même Rimbaud comme un roi adulé, servi, protégé par les indigènes.

L'un des plus intéressants dessins de Delahaye date de novembre 1876:

 

À gauche du dessin : un profil de "Rimbe"  glisse à travers les flots. Au dessus de lui : "La lune qui rigole et qui sert de chapeau à Rimbe", dit une des inscriptions fléchées du dessin. À droite du dessin : Verlaine fume une pipe ("Toi et ta pipe") dont le couvercle est "Un vapeur épatant qui l'emporte vers des horizons inconnus". Armé d'une longue-vue, Delahaye ("moi") observe les événements et, sur un nuage, "Nouve qui s'en fiche".
  Ils comblent leur manque de Rimbaud par l'ironie: ils l'appellent "le voyageur toqué", "le nouveau juif-errant", "le nègre- blanc","Machin", "Chose", etc.

 Le 9 août 1877, ils le savent dans les pays nordiques, nouvelle occasion de plaisanter.

 

En fait, 1876 est l'année la plus silencieuse: ni lettre de Rimbaud, ni lettres de ses proches. Il est en deuil de sa grande soeur, comme sa famille. Depuis le 12 février 1875, environ deux mois après la mort de Vitalie, Rimbaud ne cesse de voyager et de revenir une fois l'an soit à Charleville, soit à Roche où il participe aux travaux des champs. Cela dure jusqu'à jusqu'à mars 1880, où il part définitivement pour ne revenir malgré lui qu'en 1891.

Parlons de deux évènements majeurs avant son aventure africaine:

En octobre 1878, Rimbaud traverse le Saint-Gothard en Suisse: rude et longue marche dans la neige en montagne. Cette expérience nous vaudra une très belle lettre qui montre qu'il n'a pas perdu sa plume: "Sans l'ombre qu'on est soi-même, et sans les poteaux du télégraphe, qui suivent la route supposée, on serait aussi embarrassé qu'un pierrot dans un four." Rimbaud gardera toujours une plume, mais plus jamais il n'écrira comme cela, d'une qualité poétique digne des Illuminations.

Le deuxième évènement est l'expérience de travail à Chypre dans une carrière où il dirige une soixantaine d'hommes. Il écrit en aux siens en février 79: "Tous les Européens ont été malades, excepté moi." , mais après un passage à Charleville, il réécrit de Chypre en mai 1880 et cette fois dit qu'il se porte mal. Il semble faire de la tachicardie cependant que l'air y est très sain.

En août, il débarque à Aden, ville enclavée du Yémen, mais il a pour projet de travailler à Zanzibar. Il n'y mettra jamais les pieds.

En août 1870, la France entre en guerre contre la Prusse et Arthur fait ses premières fugues à Paris. Il est attiré par l’esprit révolutionnaire qui empreigne la capitale. A Paris, ayant quitté ses études, il fréquente le café Dutherme où il connait l’homme qui le recommande à Paul Verlaine. Verlaine reçoit avec enthousiasme ses poèmes et il devient son ami. Rimbaud s’installe alors dans le cercle familial de Verlaine.

A partir de 1871, la relation entre les deux poètes devient de plus en plus intime. Verlaine abandonne femme et enfants et ils commencent ensemble une vie d’errance et de bohème entre drogue et alcool. Pendant cette période, il écrit « Les Illuminations » et « Une saison enfer ». Leur relation tumultueuse a une issue tragique. Le 10 juillet 1873 Verlaine achète un pistolet et tire sur Rimbaud, le blessant au poignet. Verlaine est emprisonné et leur histoire se termine.

Rimbaud décide par la suite d’abandonner la poésie. Il commence à voyager d’abord en Europe en vivant de petits boulots, puis, insatisfait de cette vie, il va en Afrique où il gagne sa vie en faisant du commerce. En mai 1891 son retour en France est précipité par une synovite au genou qui obligera les médecins à lui amputer la jambe droite. Il meurt à Marseille le 10 novembre 1891 à l’âge de 37 ans.

Son œuvre poétique est profondément marquée par sa vie surprenante et pleine d’aventures. Ses vers découlent de son expérience de vie. Ils sont imprégnés d’idées anti-bourgeoises et libertaires.

 

 

 

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C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

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On a tous appris par cœur à l'école le célèbre sonnet encore bien sage de Rimbaud. Mais derrière ce poème se murmure un cri de révolte contre l'horreur de la guerre, l'assassinat des jeunes soldats, le massacre de toute une jeunesse. Une lente approche dans un vallon ensoleillé conduit peu à peu le lecteur devant une découverte macabre qu'on assimilerait à un sommeil paisible.

Une nature féerique


Le premier quatrain dresse un cadre enchanteur dans une féerie de couleurs et d'illuminations. Le vallon parcouru par un cours d'eau est ici présenté par une périphrase « un "trou de verdure" endroit généralement propice aux idylles, aux rêves. Le mot "trou" du premier vers prépare déjà le dernier pour lui faire écho. La rivière, discrètement personnifiée comme la montagne, chante comme en signe de joie, d'allégresse. La joie de vivre de la rivière se manifeste en accrochant des objets aux herbes comme des guirlandes. L'audacieux rejet, "D'argent" met l'accent sur la richesse des jeux d'eau et de lumière. L'apparition du soleil, symbole avec l'eau de la vie pour la nature métamorphose les lignes et les volumes : la montagne est "fière" d'observer à ses pieds ses bienfaits comme ceux d'une mère nourricière.

Le second rejet "luit" donne une sorte de gros plan, de synesthésie, de vertige des mouvements que la nature personnifiée fait éclater, l'eau mousse sous les rayons de soleil. Les rimes croisées, et non pas embrassées, les nombreux enjambements ou rejets, l'assonance en "ou" participent à ce bouillonnement visuel et sonore.



La position inattendue du soldat


Ce qui surprend dans la position du personnage c'est d'être allongé dans l'herbe avec la tête à fleur d'eau. L'évocation du soldat nous désigne un être jeune, la "bouche ouverte" et la"tête nue" qui lui prête un aspect peu réglementaire, un être libre, insouciant, quelque peu naïf. La posture suggère plus l'oisiveté que le devoir militaire. Mais en y regardant de plus près, il nous est décrit comme un être malade "pale" dans un "lit". Il "dort" mais son sommeil est frappé d'ambiguïté car la bouche ouverte pourrait être autant celle d'un mort que celle d'un agonisant, et cette "nuque baignant" qui marque d'inertie, celle d'un corps abandonné plus qu'un corps qui s'abandonne.

Il y a la même ambiguïté tragique dans la position d'un dormeur ou d'un gisant, dans cette étrange pâleur qu'accentuent la verdure et la lumière. La "nue" ajoute à l'indétermination car il peut s'agir d'un ciel de lit ou d'un drap mortuaire. Le "trou" ajoute encore à la confusion en rappelant le tombeau. La multiplication des couleurs froides (bleu, vert, pale, les rimes plus étouffées, moins vibrantes que dans le premier quatrain atténuent l'élan joyeux des premiers vers.



Une berceuse hésitante


Le premier tercet use de répétitions attentives, pleines de sollicitude, "il dort", "il fait un sonne","il a froid". La comparaison du sourire avec celle d'un enfant malade étonne, voire alerte le lecteur. L'adjectif "malade" détaché par un quasi-rejet à la césure conduit à un surprenant diagnostic "il a froid", La construction parataxique "il dort", "il fait un somme", "il a froid" apparaît pour ce qu'il est ou risque d'être : une litote ou un euphémisme masquant une réalité horrible, se refusant à nommer "l'innommable", c'est à dite La mort. Le mal mystérieux, le froid inexplicable au creux du vallon baigné de soleil, ne relèvent pas en fin de compte d'une inertie passagère mais apparaît être celle d'un être inerte, sans vie.

Le premier vers du second tercet qui frissonne de ses allitérations en "r" et en "f" peut redonner un espoir. La position de la main sur la poitrine qui peut être celle du sommeil ou de l'immobilité cadavérique ne peut pas confirmer le diagnostic funeste et lever le doute. Il faut attendre l'ultime vers pour enfin obtenir la révélation. Le mot fatidique n'est pas prononcé, mais l'image s'impose, avec la présence concrète, d'un corps ensanglanté.

Une mort omniprésente
Par un procédé habile, Rimbaud essaie de nous mettre sur une fausse piste, mais il nous laisse une foule d'indices qui recouvre le thème de la mort. Le "trou" nous l'avons dit peut être assimilé à une tombe creusée, les "glaïeuls" qui ne sont pas des fleurs aquatiques mais celles que l'on dépose dans les cimetières, puis les "haillons" qui sont des vêtements hors d'usage, qui ont fini leur vie, et enfin la nuque qui baigne généralement dans le sang contribuent à nous mettre sur la voie, celle d'un soldat mort.


Conclusion


On relève de nombreuses réminiscences littéraires dans ce poème de Rimbaud. L'essentiel est dans un art consommé du tragique, tout entier agencé en une ascension tragique vers une cassure, une "chute" dramatique. Rimbaud multiplie les effets rythmiques brisés, les rejets pour mieux rendre compte d'une vie interrompue tragiquement. Le pathétique est aussi plus lourd, plus efficace et plus expressif dans une colère assourdie qui hurle.., en se taisant. L'ironie est rendue plus tragique encore avec le dévoilement progressif des périphrases, des litotes, des euphémismes, que rythment les rejets successifs. Le lecteur, admirateur des futurs chefs-d'œuvre, reconnaîtra sans peine dans les audaces de cette versification les prémices d'une langue poétique unissant révolte existentielle et révolte esthétique.

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