Victor Hugo

 


Victor Hugo est né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris. Poète et dramaturge, il a imprégné l'histoire du XIXe siècle, non seulement avec son oeuvre littéraire, mais également par son discours politique. 

Dès son plus jeune âge, Victor Hugo témoigne un vif intérêt pour l'écriture. À 14 ans, il écrit ainsi dans son journal : "Je veux être Chateaubriand ou rien". À 19 ans, il publie ses premiers poèmes Odes. Son recueil lui vaut d'être remarqué par Louis XVIII, qui lui verse une pension. Rapidement, le jeune écrivain s'inscrit comme un partisan du "romantisme", dont il deviendra un des chefs de file : dès la préface d'une de ces premières pièces, Cromwell, publiée en 1827, il rompt avec les conventions classiques d'unité de temps et de lieu. En 1829, Victor Hugo publie le recueil de poèmes Les Orientales, puis Le Dernier jour d'un condamné, où il prend partie contre la peine de mort. En 1831, il publie son premier roman historique : Notre-Dame de Paris, qui devient un immense succès.

Victor Hugo produit essentiellement des pièces de théâtre et de la poésie (Les Chants du crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837), Les Rayons et les Ombres (1840)). En 1841, après s'être présenté trois fois sans succès, il est enfin élu à l'Académie française. Deux ans après, en 1843, l'accident de barque qui coûte la vie à sa fille, Léopoldine, l'affecte terriblement et il cessera alors d'écrire jusqu'à son exil. L'écrivain ne reste cependant pas inactif : ses livres témoignaient de véritables idéaux engagés. Il commence alors une carrière politique : d'abord élu maire du 8e arrondissement de Paris en 1848, il est élu en juin de la même année député de la deuxième République. Lors des émeutes des journées de juin, toujours en 1848, il commande des troupes face aux barricades. Il regrettera, par la suite, cette répression sanglante. Élu par la suite à l'Assemblée législative, il y prononce son Discours sur la misère (1849). Mais sa participation à la résistance face au coup d'Etat de Napoléon III, en décembre 1851, lui vaut l'exil, d'abord en Belgique, puis dans les îles anglo-normandes, à Jersey et Guernesey. 

Là, Victor Hugo se remet à écrire, notamment des recueils de poésie, comme Les Châtiments (1853), Les Contemplations (1856), où de nombreux poèmes sont dédiés à sa fille Léopoldine ("Demain dès l'aube..."), et La Légende des siècles (1859). En 1862, il publie un de ses grands chefs d'oeuvre, devenu emblématique de la littérature française : Les Misérables. Il dédie son roman Les Travailleurs de la mer (1866) aux habitants de Guernesey. 

En 1870, Victor Hugo revient en France à l'occasion de la proclamation de la République. Incarnation de la résistance au Second Empire, il est accueilli triomphalement. Il est successivement élu à l'Assemblée nationale (1871) puis au Sénat (1876). Il continue d'écrire et achève La Légende des siècles. Il meurt le 22 mai 1885, à l'âge de 83 ans, des suites d'une congestion pulmonaire. Ses funérailles sont nationales : il est emmené au Panthéon, suivi par un cortège de 2 millions de personnes

______________

_______________

Sur les traces de Victor Hugo l'exilé (1851 à 1870)

20 SEC

1965Sur les traces de Victor Hugo l'exilé (1851 à 1870)

LES NUITS DE FRANCE CULTURE

LE 12/09/2017

En 1965, c'est le Victor Hugo de l'exil qui était analysé dans l’émission de Pierre Sipriot "Analyse spectrale de l'Occident". Au programme également une...

 

Victor Hugo (d')après Victor Hugo

59 MIN

ACTUALITÉS

Victor Hugo (d')après Victor Hugo

L'ESPRIT PUBLIC

LE 25/12/2016

Victor Hugo, personnage politique et littéraire, a imprégné toute l’histoire du XIXe siècle ; mais aussi, et c’est plus rare, son œuvre littéraire semble...

 

Victor Hugo (3/4) : Les Misérables, l'utopie concrète de Victor Hugo

59 MIN

SAVOIRS

Victor Hugo (3/4) : Les Misérables, l'utopie concrète de Victor Hugo

LA COMPAGNIE DES OEUVRES

LE 20/09/2017

Roman "dangereux", roman des révolutionnaires, critique de l'édifice social, mais aussi œuvre proprement littéraire qui fait voir les transformations,...

 

Victor Hugo, le monstre sacré (2/4) : Notre-Dame de Paris : un roman-cathédrale

59 MIN

SAVOIRS

Victor Hugo, le monstre sacré (2/4) : Notre-Dame de Paris : un roman-cathédrale

LA COMPAGNIE DES OEUVRES

LE 19/09/2017

Le roman de Hugo est, sans aucun doute, un monument de la littérature française. "Roman-cathédrale", il a joué un rôle clef dans la rénovation, justement,...

 

Trois artistes de la famille Hugo que vous ne connaissez pas

Trois artistes de la famille Hugo que vous ne connaissez pas

LE 22/04/2016

Poète, écrivain, dessinateur, décorateur : Victor Hugo a touché à tout. Ses successeurs ne lui ont pas fait défaut : certains de ses descendants se sont...

 

L'attente (3/4) : "Le Dernier Jour d'un condamné" de Victor Hugo

58 MIN

SAVOIRS

L'attente (3/4) : "Le Dernier Jour d'un condamné" de Victor Hugo

LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE

LE 19/12/2018

À 26 ans, Victor Hugo rédige "Le Dernier Jour d'un condamné". Au fil des pages, la mort se fait attendre dans un climat d'angoisse saisissante. Comment...


 

Bibliothèque de Victor Hugo


 

Les Misérables : Hugo, VictorNotre Dame de Paris | The Hunchback of Notre Dame (in French) by Victor Hugo (Oeuvres Complètes de Victor Hugo t. 3) par [Victor Hugo, Edition de la France]Hugo : Oeuvres poétiques, tome 2Hugo : Oeuvres poétiques, tome 2Les contemplations, livres 1 à 4, de Victor Hugo ; 1re ; nouveau bac, oeuvre au programmeLes ChâtimentsImage illustrative de l’article L'Homme qui ritQuatrevingt-Treize par Hugo
   Existe en édition audioLe dernier jour d'un condamné par HugoLes Travailleurs de la mer par HugoHan d'Islande par HugoClaude Gueux par Hugo   Existe en édition audio        Odes et ballades par Hugo

Les Orientales - Les Feuilles d'automneOeuvres - Poésie VI : Les voix intérieures par HugoLa fin de Satan par Hugo


 

_______________

_______________

___________

____________

_______________

_____________

_____________

_______________

Analyse d'une oeuvre


Les Misérables : Hugo, Victor


 

Le roman “Les Misérables” est une fresque sociale et philosophique en quatre tomes qui appartient au travail de l'écrivain Victor Hugo. Il raconte l’histoire et le parcours de vie de plusieurs personnages qui se croisent. Certains s’aiment et se marient comme Marius et Cosette. D’autres se poursuivent sans fin comme le commissaire Javert et Jean Valjean. On voyage à travers un roman qui décrit la réalité de la misère, de la réussite sociale et des influences politiques. L’auteur raconte le parcours d’un bagnard, Jean Valjean, qui tentera toute sa vie d'échapper à son passé de bagnard. Une peine de prison de 5 ans dont il a écopé pour le vol d’un pain. Il deviendra successivement ouvrier, chef d’entreprise, maire de Montreuil, jardinier, rentier, héro de la Révolution mais le rôle qu’il a tenu à merveille restera celui du père de Cosette.

Ce roman social qui a pris naissance dans un contexte politique particulier qui était celui de la Restauration (1862). L’auteur a voulu montrer, voire démontrer l’importance de la filiation dans la situation sociale à l'époque. Les valeurs du milieu du XIXe siècle, sont fondées sur une évidence, à savoir que la misère est un héritage familial. Une difficulté qui positionne les pauvres dans une misère éternelle et les riches comme des élus divins par leur filiation préservées. Il aura fallu ce passage obligé de la Restauration et des Ultras pour que s’affirme définitivement les changements sociaux amorcés à la Révolution de 1789. Les personnages suivent donc cette logique pendant toute la durée du parcours de leur vie, racontée dans le texte. Cette histoire sur fond de révolution populaire est une suite d'épisodes romantiques où le sentiment est présent dans l’expression de chaque personnage mais ne triomphe pas systématiquement.

___________________________

Jean Valjean sous l'identité de Monsieur Madeleine (illustration de Gustave Brion)

 

 

 

 

Le bagnard Jean Valjean

Il est le personnage principal de la fresque. Il possède une force herculéenne et un coeur presque aussi imposant. Mais le bagne l’a transformé en homme blasé sur les sentiments humains. Il n’attend plus rien de la vie quand Monseigneur Myriel lui donne la possibilité de se racheter en ne l’accusant pas d’avoir voler deux chandeliers.

En savoir plus avec Wilkipedia

Jean Valjean est né dans une famille de pauvres paysans de la Brie1 en 17692. Il a perdu ses parents quand il était jeune et c'est sa sœur Jeanne qui l'a élevé. Son père s'appelait comme lui, Jean Valjean ou Vlajean, contraction de « Voilà Jean », et était également émondeur. Il s'est tué en tombant d'un arbre3. Sa mère s'appelait Jeanne Mathieu. Elle mourut des suites d'une fièvre de lait mal soignée.

25 ans (en 1794

Après la mort de son beau-frère en 1794, c'est à lui de nourrir la famille. Sa sœur a sept enfants, le plus jeune a un an et le plus âgé, huit. Valjean est doté d'une force herculéenne et il est très adroit au tir, mais il ne sait ni lire, ni écrire. Il ne gagne que 18 sous dans la saison de l'émondage, le reste de l'an il fait ce qu'il peut en travaillant comme garçon de ferme, bouvier, etc...

26 ans (en 1795)

À 26 ans, en 1795, un hiver très froid entraîne la famille Valjean dans la disette : « Un dimanche soir, Maubert Isabeau, boulanger sur la place de l'église, à Faverolles, se disposait à se coucher, lorsqu'il entendit un coup violent dans la devanture grillée et vitrée de sa boutique. Il arriva à temps pour voir un bras passé à travers un trou fait d'un coup de poing dans la grille et dans la vitre. Le bras saisit un pain et l'emporta. Isabeau sortit en hâte ; le voleur s'enfuyait à toutes jambes : Isabeau courut après lui et l'arrêta. Le voleur avait jeté le pain, mais il avait encore le bras ensanglanté. C'était Jean Valjean. »4.

27 ans (en 1796)

En 1796, à 27 ans, Jean Valjean est condamné à cinq ans de bagne pour ce vol. La punition est aussi lourde parce qu'il est connu qu'il était quelque peu braconnier. Sa chaîne est ferrée le  à Bicêtre le jour où « on cria dans Paris la victoire de Montenotte remportée par le général en chef de l'armée d'Italie, que le Directoire aux Cinq-Cents, du 2 floréal an IV, appelle Buona-Parte. »4. 27 jours (donc, le ) plus tard, il arrive à Toulon. Au bagne, il sera le numéro 24601.

On ne saura presque plus rien de sa sœur. Seulement, dans la quatrième année de son emprisonnement, Valjean apprend que sa sœur vit à Parisrue de Geindre. Elle travaille dans une imprimerie, rue du Sabot, et n'a plus avec elle que le garçon le plus jeune. Cet enfant a la chance de pouvoir aller à l'école mais sa mère commence à travailler à six heures et l'école n'ouvre qu'à sept heures. Par conséquent, l'enfant doit attendre une heure sur la rue. C'est la dernière chose qu'on saura de la famille de Jean Valjean.

Au bout de quatre ans (alors dans les premiers mois de 1800), Valjean tente de s'évader, mais on le capture deux jours plus tard. Il est condamné à trois ans de plus. Lors de sa deuxième tentative d'évasion, en 1802, il essaie de résister, en conséquence de quoi il est condamné à cinq ans de plus, dont deux à la double chaîne. Il essaye de s'évader encore deux fois dans sa dixième (1806) et sa treizième (1809) année mais ne réussit pas son évasion et reçoit, les deux fois, une prolongation de peine de trois ans. À quarante ans, donc en 1809, il apprend à lire dans l'école du bagne.

46 ans (1815)

Jean Valjean à sa sortie du bagne en 1815.
Illustration de Gustave Brion, 1862.

Après dix-neuf ans enfermé au bagne de Toulon, il est enfin libéré dans les premiers jours d'octobre 1815. Il sort du bagne hardi et l'esprit plein de rancune envers la société qui lui a causé tant de mal. Il a compris ce qu'il a fait de mal mais, pour un crime si petit, il trouvait la punition exagérée. Il n'aspire qu'à se venger de cette société.

Son chandelier de fer aiguisé à la main, Jean Valjean se trouble devant l'expression sereine de l'évêque Myriel endormi.
Illustration d'Émile Bayard.

On lui remet le passeport jaune des forçats libérés et son salaire pour dix-neuf ans : avec un demi-sou, après 19 ans, ça devrait faire 171 francs, mais à cause de diverses retenues locales on ne lui donne que 109 francs et 15 sous. Il se sent volé. Le passeport jaune ne facilite pas les choses, car il le discrédite aux yeux des autres.

Ainsi, il n'est payé que la moitié quand il travaille et on l'expulse des auberges où il demande à passer la nuit. Quatre jours après sa libération, il s'arrête à Digne. Après avoir été chassé de partout et erré toute la journée, il trouve asile le soir chez l'évêque Myriel, surnommé Monseigneur Bienvenu. Celui-ci l'accueille charitablement, malgré sa condition d'ancien forçat, en lui offrant le souper et un bon lit. Mais Valjean s'éveille au milieu de la nuit, cède à ses mauvais instincts et s'enfuit en volant des couverts en argent, non sans avoir été troublé par l'expression douce et sereine de son hôte endormi.

Le lendemain matin, Valjean est arrêté par les gendarmes qui le ramènent chez l'évêque. Celui-ci, pour le sauver, assure aux gendarmes qu'il lui a fait cadeau de ces couverts. On relâche donc Valjean. L'évêque lui donne également deux chandeliers en argent, puis l'adjure de se rédimer : « N'oubliez pas, n'oubliez jamais que vous m'avez promis d'employer cet argent à devenir un honnête homme. Jean Valjean qui n'avait aucun souvenir d'avoir rien promis, resta interdit. »5.

Perturbé, Valjean quitte Digne. Il sent en lui un changement provoqué par l'acte et les paroles de l'évêque mais il n'est pas tout à fait prêt à renoncer à se venger de la société. Dans une plaine, assis et perdu dans ses pensées, il recouvre de son pied une pièce de 40 sous que Petit-Gervais, un jeune ramoneur savoyard qui passait à ce moment, venait de faire tomber. Irrité par l'enfant qui lui demande de lui rendre sa pièce, il le fait fuir. Quand il voit la pièce et réalise ce qu'il vient de faire, il se désespère et se perçoit comme un voleur. Pour la première fois après dix-neuf ans, l'ancien bagnard se met à pleurer. Ce sera son dernier forfait et il décide de devenir un homme honnête. Mais, aux yeux de la justice, ce vol en fait un récidiviste.

Au mois de décembre de la même année 1815, un homme arrive à Montreuil-sur-Mer et sauve deux enfants d'un incendie. Il est alors très respecté et, de ce fait, on ne pense pas à lui demander ses papiers d'identité. Cet homme, qui dit s'appeler « le père Madeleine », crée une fabrique de verroteries en 1816 et devient un industriel apprécié (sa production est remarquée à l'exposition de l'industrie de 1819 et on lui décerne la Légion d'honneur qu'il refuse).

Il accepte enfin de devenir maire de la ville en 1820 après avoir refusé cette fonction une première fois en 1819. On nous raconte beaucoup sur cet homme très charitable, il s'enrichit avec sa manufacture, mais n'oublie jamais les pauvres : « Il avait toujours ses poches pleines de monnaie en sortant et vides en rentrant. »6. Il fait construire deux écoles, il en sait beaucoup sur les plantes et sur les animaux, quand on a besoin d'aide, il donne volontiers un coup de main, il est très adroit au tir et invite les petits ramoneurs savoyards de passage à Montreuil.

52 ans (1821)

Bientôt, il est l'objet de toutes les rumeurs de la ville, encore plus dans l'année 1821, après que le journal a annoncé la mort de « Monseigneur Bienvenu ». Deux filles, cédant à leur curiosité, lui demandent enfin de voir sa chambre (objet de toutes sortes de spéculations) pour finalement être déçues ; la chambre est bien laide, à l'exception de deux magnifiques chandeliers d'argent.

54 ans (1823)

Muté à Montreuil, l'inspecteur de police Javert, qui : « avait dans sa jeunesse été employé dans les chiourmes du midi »7, commence à avoir des soupçons. Il remarque une certaine ressemblance physique entre monsieur le maire et Jean Valjean. Il note que personne ne sait d'où il vient et, que monsieur Madeleine a fait des recherches à Faverolles, le village natal de Jean Valjean. Il remarque aussi qu'il traîne la jambe droite, jambe à laquelle on attache la chaîne de pied des forçats. Ses soupçons se confirment quand, un jour, il voit M. Madeleine soulever une charrette renversée sur son conducteur, le père Fauchelevent. Javert ne connaît qu'un seul homme disposant d'une telle force, Jean Valjean. À la suite de cet accident, Fauchelevent reste handicapé, mais le maire lui trouve un emploi de jardinier au couvent du Petit-Picpus à Paris

À la suite d'une querelle avec le maire qui prend la défense de la fille publique Fantine, Javert, vaincu et indigné, dénonce aux autorités le maire comme étant Jean Valjean.

Parallèlement, on apprend que Jean Valjean vient d'être arrêté. Javert demande alors un entretien au maire et lui dit l'avoir dénoncé comme étant le forçat Jean Valjean, à tort, puisqu'il vient d'identifier le vrai Jean Valjean qui se fait appeler Champmathieu. Celui-ci va d'ailleurs bientôt être jugé à Arras. Javert demande à M. Madeleine d'être destitué de ses fonctions à cause de son erreur, mais Madeleine refuse.

Ce n'est que maintenant que Hugo dévoile enfin le personnage de Madeleine : « Le lecteur a sans doute deviné que M. Madeleine n'est autre que Jean Valjean. »9

En même temps, il lui faut s'occuper de Fantine, qu'il fait soigner dans son hôpital. Il écrit plusieurs fois aux Thénardier, chez lesquels se trouve Cosette, pour les pousser à l'amener à Montreuil. Mais Thénardier, espérant d'avoir encore plus d'argent, la retient. Madeleine venait de décider d'aller chercher lui-même Cosette au moment où Javert se présentait à son bureau au sujet de l'affaire Champmathieu.

« Monsieur Madeleine » dévoile son identité devant la cour d'assises d'Arras afin de sauver Champmathieu du bagne.
Toile d'André Devambezmaison de Victor Hugo, vers 1903.

Alors qu'il est pressé de ramener Cosette à Fantine, Valjean se trouve face à un dilemme : laisser condamner un innocent à sa place ou se dénoncer et être condamné au moins à perpétuité. À l'issue d'une longue nuit d'insomnie (« Une tempête sous un crâne »9) sa conscience le pousse à se rendre au tribunal d'Arras sans avoir décidé quoi faire. Son parcours est entravé et ralenti par plusieurs difficultés, il semble qu'il n'arrivera jamais à temps à Arras, et c'est aussi ce qu'il espère, mais il n'aura pas cette chance. Lorsqu'il entre au tribunal, on est en train de prononcer le jugement et il décide enfin de se dénoncer. Il rencontre d'abord la difficulté de faire admettre qu'un maire a été un bagnard : il lui faut fournir un grand nombre d'explications avant qu'on le croie enfin. Dans la confusion qui s'ensuit, Valjean part pour Montreuil sans être empêché. Champmathieu, le faux Valjean, est relâché.

Jean Valjean murmure avec douceur des paroles inaudibles au cadavre de Fantine tandis que Javert et la sœur Simplice assistent à la scène.
Illustration de Pierre Georges Jeanniot, 1891.

Valjean se rend à l'hôpital pour prendre des nouvelles de la santé de Fantine. C'est la sœur Simplice qui, effarée, constate que les cheveux de Valjean sont devenus tout blancs durant sa nuit de crise de conscience. Mais, considérant le mensonge comme un péché, elle refuse de raconter à Fantine, comme il le lui demande, qu'il lui a ramené Cosette. C'est donc lui-même qui se charge de dire à Fantine que sa fille est là, mais qu'elle ne peut pas la voir pour l'instant à cause de sa santé. C'est à ce moment que Javert fait irruption pour arrêter Valjean.

Fantine, à demi délirante, ne comprend rien à la situation. Javert, énervé, lui révèle l'identité de Valjean pour la faire taire. Fantine meurt sous le choc des révélations, surtout d'apprendre que sa fille est toujours loin d'elle. Valjean demande alors à Javert trois jours pour aller chercher Cosette. Mais le policier, étranger à tout humanisme, refuse et l'arrête. Valjean, après avoir promis devant le lit de la morte de s'occuper de Cosette, se laisse appréhender, mais grâce à son expérience de l'évasion du temps où il était bagnard, il s'enfuit de la prison de Montreuil le soir même. Il devra cependant la liberté à la sœur Simplice qui ment spontanément deux fois de suite à Javert lancé à sa poursuite.

Trois ou quatre jours plus tard, après avoir réussi à cacher sa fortune qui s'élève à 630 000 francs, il est de nouveau capturé et condamné à mort. Mais sa peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité compte tenu de la fonction de maire qu'il a exercée et aux bienfaits prodigués à la ville de Montreuil.

Il est donc ramené au bagne de Toulon, cette fois écroué sous le numéro 9430.

Deux mois plus tard, le , travaillant sur le vaisseau l'Orion en rade de Toulon et après avoir sauvé un matelot, Valjean tombe à la mer. Comme on ne retrouve pas son corps, on le croit mort et on ne le recherche plus.

Jean Valjean aide Cosette à porter son seau dans la forêt de Montfermeil.
Toile de Jean Geoffroymaison de Victor Hugo, vers 1879-1882.

Le soir de Noël, un homme dans un manteau jaune arrive à Paris. Il semble chercher un logement. Plus tard, on le voit à Montfermeil où il disparaît dans la forêt. La petite Cosette, envoyée en pleine nuit par la Thénardier pour chercher de l'eau à la source au fond des bois, le rencontre. Il l'aide à porter son seau jusqu'à l'auberge où il s'arrête pour passer la nuit. Toute la soirée, il ne quitte pas Cosette des yeux. Il achète le temps de travail de Cosette aux Thénardier pour qu'ils la laissent jouer. Tout en la protégeant des coups de la Thénardier, il offre à Cosette une magnifique poupée. Le matin suivant, il persuade les Thénardier de lui laisser emmener Cosette en la leur rachetant 1 500 francs. L'homme et la fillette partent pour Paris. Bien sûr, « l'homme jaune » n'est autre que Jean Valjean. Il s'était volontairement laissé tomber du vaisseau l'Orion à la mer pour qu'on le croie mort et pour pouvoir ensuite regagner Paris.

Valjean et Cosette se réfugient dans l'un des quartiers alors les plus déserts de Parisboulevard de l'Hôpital, où ils vivent cachés dans la masure Gorbeau, tout ce qu'il y a de plus pauvre afin de passer inaperçus. Cosette ne sait toujours rien de son identité. Ils y vivent heureux : Cosette joue, Valjean lui apprend à lire et, par sécurité, ils ne sortent qu'au crépuscule pour faire de longues promenades dans Paris.

Javert, qu'on a rappelé à Paris après l'évasion de Valjean à Montreuil, découvre la piste de Valjean : les Thénardier ont raconté une histoire qu'ils appellent « l'enlèvement » de Cosette et Javert entend parler d'un « Mendiant, qui fait l'aumône ». C'est en se déguisant lui-même en mendiant qu'il vérifie que ce mendiant est bien Valjean lorsque celui-ci lui fait l'aumône.

Valjean reconnaît Javert s'introduisant un soir dans la maison en se faisant passer pour un nouveau locataire. Valjean et Cosette s'enfuient la même nuit, avec Javert et toute une équipe de policiers à leurs trousses. Javert croit finalement tenir Jean Valjean qui a fait l'erreur de s'engager dans un cul-de-sac. Mais Valjean, grâce à sa force et son savoir-faire d'évadé, réussit à franchir un haut mur tout en soulevant Cosette, et Javert perd leur trace. Ce mur abrite le couvent du Petit-Picpus8 où Valjean retrouve Fauchelevent qu'il prie de les aider. Ils décident de faire passer Valjean pour « Ultime Fauchelevent », le frère du vieux Fauchelevent.

Mais un problème se pose : pour être admis dans le couvent, il faut y entrer par la porte et Valjean ne peut pas sortir, car Javert surveille le quartier. La nuit, une sœur vient de mourir et les religieuses veulent l'enterrer dans le caveau sous l'autel, ce qui est interdit par le gouvernement. Fauchelevent négocie l'opération avec la mère supérieure en échange de l'admission de « son frère » comme second jardinier.

La bière du gouvernement sort du couvent pour être ensevelie au cimetière de Vaugirard ; elle est censée contenir la dépouille de la religieuse décédée alors que Valjean a pris sa place, tandis que Fauchelevent sort avec Cosette cachée dans sa hotte. « Ultime Fauchelevent et sa fille Cosette » peuvent donc ensuite se présenter au couvent où ils sont officiellement admis : lui comme second jardinier et elle comme élève de l'école religieuse.

60, 61 ans (1829, 1830)

Jean Valjean, Cosette et Marius Pontmercy au jardin du Luxembourg.
Illustration de Pierre Georges Jeanniot, 1891.

Ils ne quittent le couvent8 qu'à la mort du vieux Fauchelevent, en octobre 1829. Cosette vient d'avoir 14 ans.

Jean Valjean loue plusieurs maisons dans Paris pour pouvoir rapidement déménager en cas de problème. Il s'installe d'abord dans sa maison de la rue de l'Ouest10 parce que, située à proximité du jardin du Luxembourg, elle offre l'agrément de pouvoir faire des promenades quotidiennes avec Cosette dans ce jardin, surtout dans ses allées les moins fréquentées, Valjean se sachant toujours recherché par Javert.

On est au début de l'an 1830. Cosette rencontre souvent un jeune étudiant, Marius, lors de ses promenades avec Valjean au jardin du Luxembourg. Mais ce n'est qu'un jour de juin 1831 que Cosette et Marius vont croiser leurs regards amoureux. Ils ne pensent plus que l'un à l'autre. Valjean l'ignore d'abord, mais Marius est assez maladroit pour les suivre afin de découvrir où ils habitent. C'est là que Valjean commence à comprendre que Marius est amoureux de Cosette. Il lui tend des pièges auxquels Marius se laisse prendre. Valjean décide de déménager et de ne plus retourner au Luxembourg. Mais il ne se doute pas que Cosette est aussi amoureuse, parce qu'elle sait le cacher bien mieux que Marius.

62 ans (1831)

Valjean et Marius, plus que Cosette, vont vivre de nombreux événements. En octobre 1831, lors d'une promenade, Cosette et Valjean sont les témoins d'une scène horrible. Ils voient passer la Cadène, le départ pour Toulon des forçats enchaînés par le cou. Valjean, effrayé et pétrifié, n'arrive pas à répondre aux questions de Cosette, il l'entend seulement dire qu'elle mourrait de peur si elle rencontrait l'un de ces hommes sur son chemin.

On retrouve Thénardier qui a fait faillite à Montfermeil en 1828 et qui demeure déjà depuis plusieurs mois avec sa famille à Paris. Un jour de février 1832, Thénardier reconnaît dans « le monsieur bienfaisant de l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas » conduit par sa fille Éponine jusque dans son taudis pour lui faire la charité, l'homme qui était venu chercher Cosette à Montfermeil. Il prépare un guet-apens avec la bande Patron-Minette pour forcer Valjean à lui donner de l'argent. À la faveur de la bousculade générale provoquée par l'irruption de Javert et de ses policiers dans le bouge, Valjean réussit à s'enfuir sans être aperçu par ce dernier. Celui-ci, qui avait été alerté par Marius, voisin des Thénardier, se dit que le meilleur lui a peut-être échappé. Ces dramatiques circonstances ont néanmoins permis à Marius de retrouver la trace de Cosette avec l'aide d'Éponine, l'aînée des enfants Thénardier qui est amoureuse de lui.

63 ans (1832)

Au début du mois de , Valjean, de plus en plus inquiet en raison d'étranges évènements, songe à partir pour l'Angleterre avec Cosette. Le 5 juin, il découvre que Cosette est amoureuse en déchiffrant, grâce à un buvard qui en a gardé l'empreinte, les mots d'une lettre désespérée qu'elle a écrite à Marius.

Ce 5 juin 1832, des émeutes ont éclaté dans Paris lors des obsèques du Général Lamarque. Marius est sans nouvelle de Cosette car la lettre de celle-ci a été interceptée par Éponine, jalouse. C'est pourquoi Marius, attiré par Éponine, a rejoint ses amis insurgés sur une barricade. Mais il devra néanmoins la vie à Éponine, qui se sacrifiera en recevant à sa place la balle qui lui était destinée. Avant d'expirer, Éponine lui remet la lettre de Cosette.

C'est en décachetant la réponse de Marius à Cosette qui dort, que Valjean, d'abord jaloux, décide d'aller à la barricade pour découvrir qui est ce Marius. Là-bas, il se rend utile sans blesser qui que ce soit. Il y retrouve Javert, prisonnier des insurgés, qui était là pour les espionner mais qui a été démasqué par un gamin, Gavroche, le fils cadet des Thénardier. Quand vient le moment d'exécuter Javert, Valjean se propose de le faire. Il l'entraîne à l'écart et lui sauve la vie en le laissant s'enfuir et lui donnant son adresse, puis tire en l'air pour que les insurgés croient qu'il l'a abattu.

Lors de l'assaut final de la barricade, Marius est gravement blessé, et Valjean le transporte inconscient sur son dos en s'échappant par les égouts. Arrivé à l'une des sorties malheureusement cadenassée, Valjean rencontre Thénardier qui se cache dans ce tunnel car la police est en faction dehors. Thénardier, utilisant encore l'un de ses stratagèmes, échange la clé du cadenas contre un peu d'argent tout en déchirant subrepticement un morceau du manteau de Marius qu'il prend pour un cadavre détroussé par Valjean. Comme Thénardier l'avait prévu, Valjean est arrêté par Javert qui a repris son service au petit matin.

  

 

Valjean demande à Javert de lui permettre de déposer le blessé à l'adresse inscrite sur le bout de papier trouvé dans la poche de Marius. Javert le lui accorde. Enfin, Valjean lui demande aussi de pouvoir faire ses adieux à Cosette, ce à quoi Javert consent encore.

En attendant Valjean devant son domicile, Javert est confronté pour la première fois de sa vie à un terrible dilemme. Il est écartelé entre le crime de laisser libre le forçat Valjean et le crime d'arrêter cet homme qui n'est plus à ses yeux le criminel qu'il pourchasse depuis longtemps. En plein conflit intérieur et incapable de décider, Javert quitte le domicile de Valjean et se suicide en se jetant dans la Seine. Lorsque Valjean sort de chez lui, il est stupéfait de ne plus y retrouver Javert.

Valjean, libéré de Javert, fait passer le bonheur de Cosette avant le sien et ne peut rien faire de mieux que de consentir à ce qu'elle épouse Marius. Mais, il est évident que sans elle, il n'est pas heureux. Il va quand même chercher ses 600 000 francs qui constitueront la dot de Cosette. Il s'invente une nouvelle vie aux yeux de Cosette, et il s'abstient d'aller à son mariage, à l'aide d'une blessure inventée, pour ne pas commettre un faux en écriture en signant l'acte de mariage. La nuit qui suit la cérémonie est une horreur pour Valjean.

Dans sa logique de rédemption, il se doit de révéler sa véritable identité à Marius, mais il ne veut quand même pas perdre Cosette à tout jamais. Le lendemain des noces, Valjean, maintenant qu'il a confié celle qui était sa raison de vivre à un autre homme, dévoile à Marius qui il est réellement. D'abord stupéfait, celui-ci, sachant combien Cosette aime « son père », permet à Valjean de rendre visite à Cosette chaque soir, puis il commence à douter. Il fait alors une association entre « le forçat évadé » et celui qu'il se rappelle s'être proposé pour abattre le policier Javert, dont il a eu la confirmation du décès lors de l'insurrection.

En faisant des recherches sur la vie passée de Valjean, il trouve le fait que Valjean a été maire à Montreuil, mais, faisant des fausses conclusions, il croit comprendre que Valjean a tué «  le vrai Monsieur Madeleine » pour s'emparer de sa fortune. D'où il conclut que la dot de Cosette est d'argent malhonnête, bien que Valjean lui eût juré le contraire, et n'y touche pas. Marius décide qu'il est préférable que Cosette et lui n'aient plus de contact avec Valjean et commence lentement à le faire comprendre à Valjean sans lui parler directement. Cependant, Marius s'interroge toujours sur l'identité de celui qui lui a sauvé la vie sur la barricade.

64 ans (1833)

La mort de Jean Valjean.
Illustration de Pierre Georges Jeanniot, 1891.

En juin 1833, Thénardier se présente sous un faux nom (Thénard) au domicile de Marius et de Cosette. Il vient pour vendre « un secret » à celui qui est à présent « Monsieur le baron de Pontmercy », car Marius a pris le titre de noblesse légué par son père. Marius, croyant tout savoir sur Valjean, n'est pas intéressé. Mais, quand Thénardier lui prouve que toutes ses conclusions sur Valjean sont fausses (notamment que « Monsieur Madeleine » et Valjean sont une seule et même personne et que Valjean n'a donc pas assassiné « Monsieur Madeleine »), il consent à l'écouter.

Marius a bien sûr reconnu Thénardier, dont le « secret » consiste en un ramassis de ce que ce scélérat considère comme des « preuves » monnayables pouvant discréditer Jean Valjean. Contrairement aux attentes de Thénardier, ces « preuves » vont être autant d'éléments qui vont non seulement disculper Jean Valjean, mais le révéler comme le saint qu'il est devenu. Lorsque Thénardier montre à Marius le morceau de tissu prélevé sur le manteau de « l'homme assassiné par Valjean », toute la lumière se fait alors dans l'esprit du jeune homme. Plus que la découverte de l'identité de son sauveur, Marius mesure la dimension humaine de Valjean et comprend qu'il se sacrifie pour ne pas troubler le bonheur de Cosette tout en expiant ses fautes.

Marius se précipite avec Cosette chez Valjean, mais celui-ci est au seuil de l'agonie. Jean Valjean retrouve le sourire avec Cosette à ses genoux et Marius auprès de lui. Contemplant les deux chandeliers qui symbolisent sa promesse faite à l'évêque de Digne, il meurt heureux près de celle qui a été toute sa vie et sa rédemption. Juste avant sa mort, il demande à Cosette et Marius de réaliser sa dernière volonté : l'enterrer dans un endroit sans nom sur sa tombe, et si Cosette lui rend de temps en temps une visite, cela lui fera plaisir, de même pour monsieur Pontmercy (Marius). Après cela il expire. Victor a même évoqué quelque ange qui est prêt à accueillir l'âme dudit Valjean :

« La nuit était sans étoiles et profondément obscure. Sans doute, dans l'ombre, quelque ange immense, était debout, les ailes déployées, attendant l'âme. »

Le dernier chapitre du livre nous relate l'inhumation de Valjean au cimetière du Père-Lachaise dans un tombeau sans nom et loin de tous les autres. Seulement, quelqu'un a écrit ces quatre lignes sur la pierre. Voici l'ultime texte intégral pour boucler ce livre (Tome V. Jean Valjean – Livre neuvième : Suprême ombre, suprême aurore – Chapitre 6. L'herbe cache et la pluie efface) :

Il y a, au cimetière du Père-Lachaise, aux environs de la fosse commune, loin du quartier élégant de cette ville des sépulcres, loin de tous ces tombeaux de fantaisie qui étalent en présence de l'éternité les hideuses modes de la mort, dans un angle désert, le long d'un vieux mur, sous un grand if auquel grimpent les liserons, parmi les chiendents et les mousses, une pierre.

Cette pierre n'est pas plus exempte que les autres des lèpres du temps, de la moisissure du lichen, et des fientes d'oiseaux. L'eau la verdit, l'air la noircit. Elle n'est voisine d'aucun sentier, et l'on n'aime pas à aller de ce côté-là, parce que l'herbe est haute et qu'on a tout de suite les pieds mouillés. Quand il y a un peu de soleil, les lézards y viennent. Il y a, tout autour, un frémissement de folles avoines. Au printemps, les fauvettes chantent dans l'arbre. Cette pierre est toute nue.

On n'a songé en la taillant qu'au nécessaire de la tombe, et l'on n'a pris d'autre soin que de faire cette pierre assez longue et assez étroite pour couvrir un homme. On n'y lit aucun nom. Seulement, voilà de cela des années déjà, une main y a écrit au crayon ces quatre vers qui sont devenus peu à peu illisibles sous la pluie et la poussière, et qui probablement sont aujourd'hui effacés :

Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange ;
La chose simplement d'elle-même arriva,
Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va.

Le modèle du personnage

En 1845, Victor Hugo entreprend une grande fresque épique qu'il intitule d'abord Les Misères, dans laquelle le personnage principal se nomme Jean Tréjean. Un autre nom qu'il avait considéré avant était Jean Sous ou Sou. Il interrompt sa tâche en , puis, durant son exil, il se remet à l'écriture des Misérables de 1860 à 1862 à Guernesey, et Jean Tréjean est devenu Jean Valjean.

Pierre Maurin (le vol du pain)

Victor Hugo n'a pas totalement inventé le personnage. Il s'est largement inspiré de situations et de personnages réels. Le modèle de départ de Jean Valjean s'appelait Pierre Maurin et fut condamné en 1801 à cinq années de bagne pour vol d'un pain, ce qu'il avait fait pour nourrir les sept enfants affamés de sa sœur : « Puis, tout en sanglotant, il élevait sa main droite et l'abaissait graduellement sept fois, et par ce geste on devinait que la chose quelconque qu'il avait faite, il l'avait faite pour vêtir et nourrir sept petits enfants »4. Dans le roman, Jean Valjean ne fait pas cinq ans de bagne mais dix-neuf ans par le jeu des différentes prolongations de peine pour tentatives d'évasion.

Dans les années 1840, Hugo assista à l'arrestation d'un autre voleur de pain. La vue de ce pauvre homme, qui allait pieds nus en hiver, l'avait vivement ému.

Le sauvetage du matelot

Aussi, le sauvetage du matelot dans le chapitre 3, « Qu'il fallait que la chaîne de la manille eût subi un certain travail préparatoire pour être ainsi brisée d'un seul coup de marteau » du livre II. (Le vaisseau l'Orion) du tome II. (Cosette), n'est pas inventé. Hugo se réfère au récit qu'il a reçu relatant le sauvetage d'un matelot par un forçat et qui est pratiquement écrit avec les mêmes mots employés par Hugo. Seulement, le forçat ne s'était pas évadé.

Eugène-François Vidocq

Le physique de Jean Valjean a été inspiré par Eugène-François Vidocq. Comme celui-ci, Valjean est extrêmement fort. Encore une autre caractéristique qui lie les deux hommes : Vidocq, comme Valjean, a toujours essayé de redevenir honnête homme et c'était seulement son passé de forçat qui l'en empêchait. Quand il était libre, il se conduisait à merveille (du moins, d'après ses propres affirmations). Son seul problème était de devoir vivre sous un faux nom.

Le sauvetage du vieux Fauchelevent est aussi une action faite par Vidocq : en janvier 1828, quand il était manufacturier à Saint-Mandé, il sauva un de ses ouvriers en soulevant la charrette qui était tombée sur lui.

Napoléon Bonaparte

Ces liens se trouvent le plus dans les dates : les deux sont nés en 1769 ; les dates de l'emprisonnement et de la libération de Valjean sont celles de l'ascension et de la chute de Napoléon Bonaparte (1796, première campagne d’Italie-1815, Waterloo). Le , quand Valjean part pour Toulon, c'est la date de la première victoire de Napoléon. Les années des tentatives d'évasion de Valjean sont aussi des dates importantes pour Napoléon : 1800 (Marengo), 1802 (Consulat à vie), 1806 (Iéna) et 1809 (Wagram). Napoléon meurt en 1821, quand Valjean vit encore. Mais l'évêque de Digne meurt en 1821. Valjean prend le même chemin pour aller de la Méditerranée à Digne que Napoléon ; ce dernier est souvent mentionné dans le premier chapitre du second livre (Le soir d'un jour de marche).

 

ean Valjean porte successivement au bagne les matricules 24601 et 9430. Victor Hugo attache beaucoup d'importance au fait que le bagne et la société détruisent l'identité sociale des individus qui ne sont plus que des numéros13, 14. Il en fait même un titre de chapitre «Le numéro 24601 devient le numéro 9430 »15.

Des hypothèses ont été émises concernant la signification des deux numéros de bagnard de Jean Valjean :

  • 24601 serait le , date où Victor Hugo aurait été conçu. Hugo est certes né 8 mois plus tard, mais il était prématuré
  • 9430 peut être traduit comme septembre/1843/abîme17,16. C'est en  que Hugo a perdu sa fille aînée Léopoldine, qui s'est noyée dans un accident. Et dans le roman, en , Jean Valjean fait semblant de se noyer en tombant depuis le vaisseau L'Orion.

Le matricule 24601 est suffisamment célèbre pour être repris plusieurs fois.

Théâtre

Jean Valjean a été interprété au cinéma et à la télévision par les plus grands acteurs français et étrangers :


L'évêque Myriel représenté par Gustave Brion, 1862.

Monseigneur Myriel

Les Misérables 1982 Jean Valjean chez Monseigneur Myriel ..

Il représente la bonté divine par ses actes à toujours aider les plus nécessiteux. Il est la sauvegarde de Jean Valjean au moment où il risque d'être reconduit au bagne. Il déclare avoir donné les chandeliers en cadeau au forçat. Jean Valjean ne se séparera jamais d’eux.

Évêque catholique du diocèse de Digne, il héberge Jean Valjean à la fin de l'année 1815, peu après que ce dernier est sorti du bagne de Toulon. Lorsque Valjean le dépouille de son argenterie puis est repris par les forces de l'ordre, il déclare qu'il s'agissait d'un don et, ce faisant, sauvegarde la liberté nouvellement retrouvée de l'ancien forçat. Ce geste enclenche la rédemption de celui-ci, qui se poursuit dans le reste de l'œuvre. À l'annonce de la mort de l'évêque, Jean Valjean devenu notable sous le nom de Monsieur Madeleine prendra le deuil.

Un passage fort du livre est sa rencontre avec le « Conventionnel G. », ancien député de la Convention nationale à l'agonie, qu'il va visiter dans le cadre de son devoir de prêtre et dans l'intention de le ramener à des sentiments plus conformes à l'esprit de la Restauration. C'est pourtant lui qui en reviendra transformé après avoir entendu la confession du Républicain, à l'issue de laquelle il lui demande même sa bénédiction, inversant ainsi les rôles et attestant de son fort ébranlement intérieur.

La mise en situation de Mgr Myriel occupe les cent premières pages des Misérables, avant même que ne soient mentionnés Jean ValjeanJavert ou Fantine.

Mgr Bienvenu est en partie inspiré de Mgr de Miollis, qui fut évêque de Digne de 1805 à 1838.


Père Fauchelevant

Il est l’ami fidèle de Jean Valjean. Il était un riche fermier, ruiné dans la ville de M. Madeleine (Jean Valjean). Il lui voue une haine féroce jusqu’au jour où il le sauve sans rien attendre en retour. Jean Valjean lui sauve la vie en le débloquant de dessous une charrette. Il devient jardiner dans une couvent. Des années plus tard, après une course folle à travers paris avec Jabert, Jean Valjean et Cosette trouvent refuge auprès du père Fauchelevent. Il leur donne un nom et un toit en retour du passé.


Le commissaire Javert

 

1:19

Les Misérables : la chanson de Javert et de Jean Valjean ...

FilmsActu

YouTube - 24 janv. 2013

 

4:16

Le Suicide de Javert Les Miserables 1991 Paris Revival Lyrics

Abigail Bloomfield

YouTube - 28 juil. 2014

 

APERÇU

0:23

LES MISERABLES - la racaille et les honnêtes gens selon ...

Frédéric Gobert

YouTube - 28 déc. 2014

APERÇU

3:55

Extraits du téléfilm Les Misérables - Javert

Il est le représentant de la loi pour tous les personnages ayant volés, escroqués, mentis. Il poursuit Jean Valjean toute sa vie. Il veut prouver qu’un bagnard ne peut pas devenir un homme honnête. Il est le digne représentant de la mentalité bourgeoise de l'époque. Celle justement que désirent changer Marius et ses amis.

ils d’une tireuse de cartes, dont le mari est aux galères, Javert est né dans une prison. Son année de naissance n’est pas précisée par Victor Hugo, mais il pourrait être né entre 1775 et 1780 selon les recoupements faits grâce à l’indication de son âge à différents stades du roman1.

« En grandissant, il pensa qu'il était en dehors de la société et désespéra d'y entrer à jamais. […] En même temps, il se sentait je ne sais quel fond de rigidité, de régularité et de probité, compliqué d'une inexprimable haine pour cette race de bohèmes dont il était. Il entra dans la police. Il y réussit. À quarante ans il était inspecteur. Il avait dans sa jeunesse été employé dans les chiourmes du midi »2.

Hugo complète ainsi le portrait de Javert : « Les paysans asturiens sont convaincus que dans toute portée de louve il y a un chien, lequel est tué par la mère, sans quoi en grandissant il dévorerait les autres petits. Donnez une face humaine à ce chien fils d'une louve, et ce sera Javert ».

Javert ne vit que pour faire respecter les lois. Il a deux maximes auxquelles il n'admet pas d'exceptions : « Le fonctionnaire ne peut se tromper » et « Ceux-ci [les criminels] sont irrémédiablement perdus. Rien de bon ne peut en sortir »2.

En 1820, il est affecté à Montreuil-sur-Mer. Il est le seul dans la ville à suspecter le respectable manufacturier M. Madeleine d'être l'ancien forçat Jean Valjean. Il remarque, outre la force exceptionnelle de M. Madeleine et sa ressemblance physique avec Valjean, son adresse au tir, et le fait qu’il traîne sa jambe droite (à laquelle étaient fixées les lourdes chaînes du bagne) et qu’il fait des recherches à Faverolles (lieu de naissance de Valjean). Ses soupçons se confirment lorsque, témoin de l’accident survenu au vieux charretier Fauchelevent, et voyant M. Madeleine s’apprêter à soulever avec son dos la charrette qui écrase le malheureux, il lui dit : « Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric, c'était ce forçat [du bagne de Toulon] »

En 1821, lorsque M. Madeleine est nommé maire et « la première fois que Javert vit M. Madeleine revêtu de l'écharpe qui lui donnait toute autorité sur la ville, il éprouva cette sorte de frémissement qu'éprouverait un dogue qui flairerait un loup sous les habits de son maître ».

Fantine implorant Javert.
Illustration de Gustave Brion, 1862.

Un jour, au début de l’année 1823, Javert appréhende Fantine, une fille publique qu’il accuse, à tort, d’avoir troublé l’ordre public. M. Madeleine exige qu’il la remette en liberté. Javert, enragé et humilié, dénonce Madeleine comme étant Jean Valjean. Quelques jours plus tard, il reçoit une réponse lui disant qu’il était fou, car on a déjà arrêté Valjean à Arras. Javert, pensant avoir manqué de respect à un supérieur, demande à Valjean de le révoquer et lui explique l’histoire.

Le même jour, il part pour Arras, pour témoigner dans l’affaire. Le lendemain, il reçoit l’ordre de la cour d’assises d’arrêter M. Madeleine qui a été identifié comme étant l’ancien forçat Jean Valjean, car il est venu se dénoncer au tribunal afin de disculper un innocent. Javert part à la recherche de Valjean et il le retrouve au chevet de Fantine dans l’infirmerie où Jean Valjean l’a fait hospitaliser, car elle en est au dernier stade de la phtisie pulmonaire. Valjean demande à Javert trois jours pour chercher l’enfant de Fantine, mais il le lui refuse.

Impatient, Javert dit toute la vérité à Fantine ; l’émotion est si forte pour celle-ci qu’elle meurt sur le coup. Après avoir juré devant le lit de la morte de s’occuper de son enfant (ce que Javert ignore), Valjean est incarcéré dans la prison de Montreuil, mais réussit rapidement à s’en évader. Javert le recherche jusqu’à l’infirmerie où la sœur Simplice, qui veille Fantine, lui répond qu’elle n’a pas vu Valjean (alors qu’il se dissimule à deux pas). Javert, qui sait que cette religieuse considère le mensonge comme un péché, la croit et se retire.

En poste à Paris où il a été affecté en 1824, il entend parler, dans le courant du mois de mars de la même année, « d'un mendiant, qui fait l'aumône », surnom que les pauvres d'un quartier ont donné à Valjean. Javert retrouve sa trace, mais Valjean, alerté, s'enfuit avec Cosette dans la nuit. Javert le pourchasse et il croit le tenir à sa merci, car Valjean s'est engagé dans un cul-de-sac, mais quand Javert y fait irruption, Valjean a disparu. Il surveille le quartier pendant plus d'un mois, sans résultat.

Nous ne le rencontrons que quelques années plus tard, en 1832, lorsque Marius, un étudiant parisien, vient le prévenir d'un guet-apens planifié par un certain « Jondrette » (alias Thénardier), dans la masure Gorbeau où Marius est le voisin de ce Jondrette et de sa famille. Javert réussit à arrêter les Jondrette ainsi que la bande Patron-Minette, de dangereux bandits qui participaient au guet-apens, mais quand il se tourne vers la victime, celle-ci a disparu.

Le , une insurrection éclate lors des funérailles du Général Lamarque. Javert se déguise en révolutionnaire pour espionner les insurgés, mais il est démasqué par le petit Gavroche. Quand on lui dit qu'il sera exécuté dix minutes avant que la barricade tombe, sa seule réponse est : « Pourquoi pas maintenant ? »

 On le lie à un poteau auquel il reste attaché toute la nuit. Le lendemain, Javert voit apparaître un homme qu'il connaît bien : c'est Valjean. Celui-ci demande à Enjolras, chef des insurgés, la faveur d'exécuter Javert, ce à quoi celui-ci consent. Mais Valjean ne tue pas Javert, il le libère après lui avoir communiqué le nom sous lequel il vit ainsi que son adresse. À partir de ce moment, on remarque un important changement chez Javert, car, avant de partir, il dit à Valjean : « Vous m'ennuyez. Tuez-moi plutôt »5. Hugo écrit : « Javert ne s'apercevait pas lui-même qu'il ne tutoyait plus Jean Valjean. »

Jean Valjean et Marius inconscient devant Javert.
Illustration de Gustave Brion, 1862.

Javert se suicide.
Illustration de François Flamengxixe siècle.

Par la suite, après avoir fait son rapport au préfet de police, Javert poursuit Thénardier qui s'est évadé de prison. Mais celui-ci lui échappe en pénétrant dans les égouts dont il possède la clé d'un accès. Javert se poste devant la porte grillagée des égouts et c'est Valjean qui en sort portant sur ses épaules Marius blessé et inconscient. Valjean demande à Javert de pouvoir transporter Marius chez sa famille. Javert acquiesce, de la même façon qu'il consent à ce que Valjean aille faire ses adieux à Cosette. Javert accompagne Valjean jusqu'à sa demeure, mais au lieu d'attendre son retour comme convenu, il s'en va.

Il se rend dans un bureau de police. Il y écrit une lettre au préfet de police dans laquelle il liste plusieurs défauts dans les prisons. Plus tard, cette lettre sera tenue comme une preuve de démence. Javert est confronté pour la première fois de sa vie à un dilemme : le crime de laisser le récidiviste Valjean en liberté et le crime d'arrêter celui qui lui paraît s'être racheté à ses yeux de policier réputé pour son inflexibilité...

Javert est abasourdi par ce qu'il vient de faire : il a laissé en liberté un homme qui a franchi la loi, celui qu'il traquait sans relâche depuis des années. Cela remet en cause toutes ses convictions. Toute sa vie, Javert a pensé que lorsqu'un homme devient un criminel, c'est pour toujours et qu'il n'existe pas de réhabilitation : il avait pris la loi pour un droit divin. Valjean, en lui montrant que la pitié, la clémence et la réhabilitation peuvent exister, a brisé tout ce en quoi il avait toujours cru. Il n'a jamais vu qu'un seul droit chemin et, maintenant, il en voit deux directement opposés. Désespéré, le  vers 1 heure du matin, Javert se précipite du haut du pont Notre-Dame dans la Seine où il se noie. On retrouve son corps le lendemain, pris sous un bateau.

Portrait et personnalité de Javert

Illustration de Gustave Brion, 1862.

Claudine Cohen souligne que Victor Hugo s'inspire vraisemblablement des conceptions de Johann Kaspar Lavater relatives à la physiognomonie pour décrire les traits d'un visage en recourant parfois à des comparaisons animales. Javert est ainsi dépeint « comme un « chien fils de louve » ou encore comme une sorte de bête fauve7 ».

Description de son portrait dans le tome I. Fantine – Livre cinquième : la descendante – Chapitre 5. Vagues éclairs à l’horizon :

Un homme de haute taille vêtu d'une redingote gris de fer, armé d'une grosse canne et coiffé d'un chapeau rabattu, [...] croisant les bras, secouant lentement la tête, et haussant sa lèvre supérieure avec sa lèvre inférieure jusqu'à son nez, sorte de grimace significative qui pourrait se traduire par : – Mais qu'est-ce que c'est que cet homme-là? – Pour sûr je l'ai vu quelque part. – En tout cas, je ne suis toujours pas sa dupe. Ce personnage, grave d'une gravité presque menaçante, était de ceux qui, même rapidement entrevus, préoccupent l'observateur. Il se nommait Javert, et il était de la police. [...] Certains officiers de police ont une physionomie à part et qui se complique d'un air de bassesse mêlé à un air d'autorité. Javert avait cette physionomie, moins la bassesse. [...]

Maintenant, si l'on admet un moment avec nous que dans tout homme il y a une des espèces animales de la création, il nous sera facile de dire ce que c'était que l'officier de paix Javert. Les paysans asturiens sont convaincus que dans toute portée de louve il y a un chien, lequel est tué par la mère, sans quoi en grandissant il dévorerait les autres petits. Donnez une face humaine à ce chien fils d'une louve, et ce sera Javert. [...] Avant d'aller plus loin, entendons-nous sur ce mot face humaine que nous appliquions tout à l'heure à Javert. La face humaine de Javert consistait en un nez camard, avec deux profondes narines vers lesquelles montaient sur ses deux joues d'énormes favoris. On se sentait mal à l'aise la première fois qu'on voyait ces deux forêts et ces deux cavernes. Quand Javert riait, ce qui était rare et terrible, ses lèvres minces s'écartaient, et laissaient voir, non seulement ses dents, mais ses gencives, et il se faisait autour de son nez un plissement épaté et sauvage comme sur un mufle de bête fauve. Javert sérieux était un dogue; lorsqu'il riait, c'était un tigre.

Du reste, peu de crâne, beaucoup de mâchoire, les cheveux cachant le front et tombant sur les sourcils, entre les deux yeux un froncement central permanent comme une étoile de colère, le regard obscur, la bouche pincée et redoutable, l'air du commandement féroce. [...] On ne voyait pas son front qui disparaissait sous son chapeau, on ne voyait pas ses yeux qui se perdaient sous ses sourcils, on ne voyait pas son menton qui plongeait dans sa cravate, on ne voyait pas ses mains qui rentraient dans ses manches, on ne voyait pas sa canne qu'il portait sous sa redingote. Mais l'occasion venue, on voyait tout à coup sortir de toute cette ombre, comme d'une embuscade, un front anguleux et étroit, un regard funeste, un menton menaçant, des mains énormes et un gourdin monstrueux.

Description de sa personnalité (toujours dans le même chapitre) : Cet homme était composé de deux sentiments très simples et relativement très bons, mais qu'il faisait presque mauvais à force de les exagérer : le respect de l'autorité, la haine de la rébellion; et à ses yeux le vol, le meurtre, tous les crimes, n'étaient que des formes de la rébellion. Il enveloppait dans une sorte de foi aveugle et profonde tout ce qui a une fonction dans l'état, depuis le premier ministre jusqu'au garde-champêtre. Il couvrait de mépris, d'aversion et de dégoût tout ce qui avait franchi une fois le seuil légal du mal. Il était absolu et n'admettait pas d'exceptions.

D'une part il disait : – Le fonctionnaire ne peut se tromper; le magistrat n'a jamais tort. – D'autre part il disait : – Ceux-ci sont irrémédiablement perdus. Rien de bon n'en peut sortir. – Il partageait pleinement l'opinion de ces esprits extrêmes qui attribuent à la loi humaine je ne sais quel pouvoir de faire ou, si l'on veut, de constater des damnés, et qui mettent un Styx au bas de la société. Il était stoïque, sérieux, austère ; rêveur triste ; humble et hautain comme les fanatiques. Son regard était une vrille, cela était froid et cela perçait.

Toute sa vie tenait dans ces deux mots : veiller et surveiller. Il avait introduit la ligne droite dans ce qu'il y a de plus tortueux au monde ; il avait la conscience de son utilité, la religion de ses fonctions, et il était espion comme on est prêtre. Malheur à qui tombait sous sa main! Il eût arrêté son père s'évadant du bagne et dénoncé sa mère en rupture de ban. Et il l'eût fait avec cette sorte de satisfaction intérieure que donne la vertu. Avec cela une vie de privations, l'isolement, l'abnégation, la chasteté, jamais une distraction. C'était le devoir implacable, la police comprise, [...] Toute la personne de Javert exprimait l'homme qui épie et qui se dérobe. [...]

Javert était un symbole. À ses moments de loisir, qui étaient peu fréquents, tout en haïssant les livres, il lisait ; ce qui fait qu'il n'était pas complètement illettré. Cela se reconnaissait à quelque emphase dans la parole. Il n'avait aucun vice, nous l'avons dit. Quand il était content de lui, il s'accordait une prise de tabac. Il tenait à l'humanité par là. On comprendra sans peine que Javert était l'effroi de toute cette classe que la statistique annuelle du ministère de la justice désigne sous la rubrique : Gens sans aveu. Le nom de Javert prononcé les mettait en déroute ; la face de Javert apparaissant les pétrifiait. Tel était cet homme formidable.

Javert était comme un œil toujours fixé sur M. Madeleine (Jean Valjean). Œil plein de soupçon et de conjectures. [...] Une fois il lui arriva de dire, se parlant à lui-même : – Je crois que je le (Jean Valjen) tiens ! – Puis il resta trois jours pensif sans prononcer une parole. Javert était évidemment quelque peu déconcerté par le complet naturel et la tranquillité de M. Madeleine.

Plus tard dans le livre Hugo décrit de nouveau sa personnalité dans le tome V. Jean Valjean – Livre troisième : la boue, mais l'âme – Chapitre 9. Marius fait l'effet d'être mort à quelqu'un qui s'y connaît :

Un homme de haute stature, enveloppé d'une longue redingote, les bras croisés et portant dans son poing droit un casse-tête dont on voyait la pomme de plomb [...] Jean Valjean reconnut Javert.

Enfin la fin de ce chapitre décrit Javert comme une STATUE qui arrête le spectre, c'est-à-dire Jean Valjean.

Citations

  • « [...] Le fonctionnaire ne peut se tromper ; le magistrat n'a jamais tort. [...] Ceux-ci sont irrémédiablement perdus. Rien de bon n'en peut sortir. »8
  • « [...] J'ai souvent été sévère dans ma vie. Pour les autres. C'était juste. Je faisais bien. Maintenant, si je n'étais pas sévère pour moi, tout ce que j'ai fait de juste deviendrait injuste. Est-ce que je dois m'épargner plus que les autres ? [...] »
  •  
  • « [...] Gredin de pays, où les galériens sont magistrats et où les filles publiques sont soignées comme des comtesses ! Ah mais ! tout ça va changer, il était temps ! »
  •  
  • « [...] Vous ne passerez pas par la fenêtre, vous passerez par la porte. C'est moins malsain. Vous êtes sept, nous sommes quinze. Ne nous colletons pas comme les Auvergnats. Soyons gentils. »11
  • « [...] Pourquoi pas tout de suite ? [...] Alors, finissons-en d'un coup de couteau. »
  • « [...] Quand me tuerez-vous ? [...] Alors, donnez-moi à boire, […] Liez-moi comme il vous plaira, [...] »
  • « [...] Prends ta revanche. […] Un surin. Tu as raison. Cela te convient mieux. [...] Vous m'ennuyez. Tuez-moi plutôt. »

En littérature étrangère

L'écrivain russe Fiodor Dostoïevski, qui admirait beaucoup Victor Hugo, a repris la figure de Javert pour composer certains aspects du personnage de Pavel Smerdiakov dans le roman Les Frères Karamazov15.

Au cinéma et à la télévision

Javert a notamment été incarné au cinéma et à la télévision par :

La femme abandonnée Fantine et sa fille Cosette

Fantine est une femme abandonnée, seule avec sa fille Cosette. Elle doit donner en pension sa fille au Thénardier pour travailler en ville. Elle finit morte dans les bras de Jeanvaljean qui est alors, le Maire de Montreuil. Elle est la victime de l’ordre social, de l’amour, de la machine infernale de la non reconnaissance des convenances sociales. Une femme qui n’est pas mariée avec un enfant ne peut pas survivre.

Fantine est née à Montreuil-sur-Mer, mais on ne connaît rien de ses parents ni de son enfance et elle n'a d'ailleurs pas de patronyme, anomalie due au fait d'être née en 1796 à l'époque troublée du Directoire. À 10 ans, elle va travailler dans une ferme des environs de Montreuil.

En 1811, elle s'en va chercher fortune à Paris. Victor Hugo dresse alors son portrait : « Fantine, c'était la joie. Ses dents splendides avaient évidemment reçu de Dieu une fonction, le rire. […] Ses épais cheveux blonds, enclins à flotter et facilement dénoués et qu'il fallait rattacher sans cesse, semblaient faits pour la fuite de Galatée sous les saules. […] Éclatante de face, délicate de profil, les yeux d'un bleu profond, les paupières grasses, les pieds cambrés et petits, les poignets et les chevilles admirablement emboîtés, la peau blanche laissant voir çà et là les arborescences azurées des veines, la joue puérile et fraîche, le cou robuste des Junons éginétiques

, la nuque forte et souple, les épaules modelées comme par Coustou. […] Sculpturale et exquise. […] Fantine était belle, sans trop le savoir »3. Fantine, petite ouvrière, « avait de la race », mais pour son malheur ne saura rien refuser à Tholomyès, son aîné de 9 ans, dont elle devient profondément amoureuse sans discerner qu'elle n'est pour lui qu'une aventure.

Victor Hugo donne de Tholomyès une image peu flatteuse : « L'antique étudiant vieux ; il était riche. […] Tholomyès était un viveur de trente ans, mal conservé. Il était ridé et édenté ; et il ébauchait une calvitie. […] Il digérait médiocrement, et il lui était venu un larmoiement à un œil. […] Il était délabré, mais tout en fleurs »3. C'est ainsi que Tholomyès abandonne Fantine un beau jour d'août 1817 à la suite d'un pari stupide avec ses copains en goguette alors qu'elle élève une enfant qu'elle a eue de lui à la fin de l'année 1815, une fillette nommée Euphrasie, mais qu'elle surnomme Cosette. Fantine reste très désemparée par cet abandon et sa fille devient le centre de son univers.

En mai 1818, elle décide de refaire sa vie en retournant dans sa ville natale. Mais, avant d'arriver à Montreuil, elle doit rapidement trouver une pension pour Cosette afin d'obtenir un emploi, car, à cette époque, une mère célibataire était rejetée par la société. Un couple d'aubergistes de Montfermeil, les Thénardier, accepte de garder Cosette moyennant un versement mensuel de 7 francs et, séparée de sa fille, Fantine arrive la mort dans l'âme à Montreuil. Elle est immédiatement embauchée comme ouvrière à la fabrique de verroterie créée l'année précédente par Monsieur Madeleine.

Les Thénardier s'avèrent être des individus peu recommandables et ils vont utiliser les moyens les plus sordides pour soutirer toujours plus d'argent à Fantine. Dès la fin de l'année 1818, ils exigent qu'elle leur verse 12 francs par mois. Ils exercent un chantage permanent pour augmenter le prix de la pension : mettre Cosette à la rue pour différents prétextes, comme celui de devoir fréquemment débourser des sommes importantes à cause des maladies de la fillette, censées nécessiter des soins et des médicaments coûteux. Dans la réalité, ils ont fait de Cosette leur servante et la brutalisent. Fantine en arrive à ne vivre que pour subvenir aux besoins de sa fille et, lorsqu'elle est renvoyée de la fabrique au début de l'année 1821 à cause de commères qui ont découvert qu'elle était mère célibataire, elle doit vendre tout ce qu'elle possède, jusqu'à ses dents et ses cheveux. En 1822, à bout de ressources, elle n'a d'autre choix que de se prostituer pour envoyer les sommes exorbitantes réclamées par les Thénardier.

En janvier 1823, à la suite d'un incident dont elle n'est pas responsable, l'intransigeant inspecteur de police Javert l'arrête et veut l'incarcérer. Monsieur Madeleine (alias Jean Valjean), devenu maire de Montreuil, s'oppose à son emprisonnement et la prend sous sa protection, car elle est gravement malade. Il la fait hospitaliser dans son infirmerie et la confie aux bons soins des religieuses de l'établissement. Monsieur Madeleine lui promet de lui ramener Cosette, mais, en février 1823, il dévoile sa véritable identité à la justice pour innocenter un indigent accusé d'être Jean Valjean. Javert vient l'arrêter alors qu'il se trouve auprès de Fantine alitée et elle meurt de saisissement sans avoir revu sa fille. Devant le lit où Fantine expire en février 1823, Jean Valjean fait la promesse à la morte de s'occuper de Cosette4.

Origine de Fantine

Origine de Fantine, dessin de Georges-Antoine Rochegrosse illustrant le recueil Choses vues de Victor Hugo.
Maison de Victor Hugo, vers 1888.

Dans son recueil posthume Choses vues, Victor Hugo rapporte une anecdote intitulée l'« origine de Fantine », qu'il date du 9 janvier 1841. Sortant d'un dîner parisien chez le couple Girardin, l'auteur témoigne avoir assisté à l'altercation entre un jeune bourgeois et une prostituée conséquemment à une mauvaise plaisanterie du malotru qui appliqua par surprise une poignée de neige dans le dos de la femme. Celle-ci fut emmenée au poste de police par deux sergents de ville et menacée de six mois de prison par le commissaire pour voies de faits sur la place publique. Grâce à sa déposition, Victor Hugo parvint à faire relâcher la malheureuse. L'épisode inspirera les chapitres « Le désœuvrement de M. Bamatabois » et « Solution de quelques questions de police municipale » des Misérables

Au cinéma et à la télévision[

Fantine a été notamment incarnée au cinéma et à la télévision par :

Sur scène

Fantine a été incarnée sur scène dans la comédie musicale Les Misérables par :

  • Rose Laurens, 1980, version de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil (Rose Laurens chante aussi sur l'album de la comédie musicale)
  • Patti Lupone, 1985, version de Trevor Nunn et John Caird à Londres
  • Randy Graff, 1987, version de Trevor Nunn et John Caird à Broadway
  • Louise Pitre, 1991, version de Trevor Nunn et John Caird à Paris
  • Daphne Rubin Vega, 2006, reprise de la version de Trevor Nunn et John Caird à Broadwa
  • ____________________
  • De son vrai nom Euphrasie1, Cosette est la fille naturelle de Fantine et de Félix Tholomyès « l'antique étudiant vieux ; il était riche. […] Un viveur de trente ans, mal conservé »2, issu d'une famille provinciale. Fantine est abandonnée par Tholomyès à Paris en août 1817.

  • Pour subvenir aux besoins de son enfant, elle doit travailler et, pour cela, décide de regagner sa ville natale, Montreuil-sur-Mer, en mai 1818. Mais, pour trouver du travail, elle doit se séparer de Cosette, car, à l'époque, une mère célibataire était rejetée par la société. Sur son chemin en direction de Montreuil, et dans l'urgence, elle confie naïvement Cosette à un couple d'aubergistes du village de Montfermeil, les Thénardier, qui s'avéraient être des individus de la pire espèce. Ils vont être odieux avec l'enfant, qu'ils traitent comme leur domestique, tout en exigeant toujours plus d'argent de Fantine qui a été embauchée comme ouvrière dans la fabrique de verroterie créée par Monsieur Madeleine (alias Jean Valjean) à Montreuil en 1817.

    Devant le lit où Fantine expire en février 1823Jean Valjean, devenu maire de Montreuil, fait la promesse à la morte de s'occuper de Cosette : « Que pouvait dire cet homme qui était réprouvé, à cette femme qui était morte ? »3. Mais, après avoir été emprisonné le même mois pour s'être dénoncé afin de disculper un innocent en lequel le policier Javert croit reconnaître Jean Valjean, il s'évade en novembre 1823 et n'arrive chez les Thénardier à Montfermeil que dans la soirée du . Il ne peut soustraire Cosette à leurs griffes qu'en la leur achetant. La vie de la fillette se trouve transformée et elle passe paisiblement le reste de son enfance dans un couvent de Paris où Jean Valjean devient jardinier au début de l'année 1824.

    Cosette et Jean Valjean quittent le couvent en octobre 1829 et emménagent dans l'une des trois maisons que Jean Valjean a louées dans Paris4, celle située rue de l'Ouest, près du Jardin du Luxembourg. Cosette, âgée de quinze ans en 1831, est devenue très jolie : « C'étaient d'admirables cheveux châtains nuancés de veines dorées, un front qui semblait fait de marbre, des joues qui semblaient faites d'une feuille de rose, un incarnat pâle, une blancheur émue, une bouche exquise d'où le sourire sortait comme une clarté et la parole comme une musique, une tête que Raphaël eût donnée à Marie posée sur un cou que Jean Goujon eût donné à Vénus.

  • Et, afin que rien ne manquât à cette ravissante figure, le nez n'était pas beau, il était joli ; ni droit ni courbe, ni italien ni grec ; c'était le nez parisien ; c'est-à-dire quelque chose de spirituel, de fin, d'irrégulier et de pur, qui désespère les peintres et qui charme les poètes. […] Ses yeux étaient d'un bleu céleste et profond, mais dans cet azur voilé il n'y avait encore que le regard d'un enfant ».

    Lors de ses promenades quotidiennes avec Jean Valjean au Luxembourg, Cosette remarque un beau jeune homme d'une vingtaine d'années, Marius, et ils tombent amoureux un beau jour de juin 1831 sans s'être dit un mot et sans rien connaître l'un de l'autre.

  • Alors Marius s'enhardit jusqu'à les suivre à leur domicile pour découvrir l'identité de sa belle inconnue qu'il présume se nommer « Ursule » après avoir récupéré, un jour, sur le banc du jardin qu'elle venait de quitter, un mouchoir oublié « qui lui parut exhaler des senteurs ineffables »6, comportant les initiales « U. F. »7. Ce qui n'échappe pas à Jean Valjean qui déménage pour aller s'installer dans sa maison de la rue Plumet dans le quartier des Invalides, ce qui fait que Marius perd la trace de Cosette.

    C'est grâce à Éponine, la fille aînée des Thénardier, à laquelle il demande en  de chercher l'adresse de Cosette que Marius retrouve enfin celle-ci à la mi-avril 1832 dans le jardin de la maison de la rue Plumet.

    Ce n'est qu'après de nombreuses péripéties (notamment celles, très mouvementées, de juin 1832), que Cosette et Marius se marient en février 1833 au prix du sacrifice de Valjean. Cosette ne découvre la véritable identité de Jean Valjean ainsi que le nom de sa mère que dans les ultimes pages du roman, juste avant que Jean Valjean expire en juin 1833.

    Au cinéma et à la télévision

    Cosette a notamment été incarnée au cinéma et à la télévision par :

  • ?, 1909, version de James Stuart Blackton
  • Maria Fromet, 1913, version d'Albert Capellani
  • Jewel Carmen, 1917, version de Frank Lloyd
  • Sandra Milowanoff, 1925, version d'Henri Fescourt
  • Josseline Gaël, 1934, version de Raymond Bernard
  • Rochelle Hudson, 1935, version de Richard Boleslawski
  • Valentina Cortese, 1947, version de Riccardo Freda
  • Debra Paget, 1952, version de Lewis Milestone
  • Béatrice Altariba, 1958, version de Jean-Paul Le Chanois

La famille misérable, les Téhénardier, Eponine et Enjolras

Ils sont une famille de voleur, d’escrocs et de malandrins. Ils soutirent jusqu’aux derniers centimes à Fantine. Ils maltraitent Cosette en la traitant comme une servante. Ils tentent d’attaquer Jean Valjean et Cosette qui les visitent pour leur apporter des vivres. Ils finiront en prison après le cambriolage de la maison de Jean Valjean.

« Ces êtres appartenaient à cette classe bâtarde composée de gens grossiers parvenus et de gens intelligents déchus, qui est entre la classe dite moyenne et la classe dite inférieure, et qui combine quelques-uns des défauts de la seconde avec presque tous les vices de la première, sans avoir le généreux élan de l'ouvrier ni l'ordre honnête du bourgeois. C'étaient de ces natures naines qui, si quelque feu sombre les chauffe par hasard, deviennent facilement monstrueuses. Il y avait dans la femme le fond d'une brute et dans l'homme l'étoffe d'un gueux. Tous deux étaient au plus haut degré susceptibles de l'espèce de hideux progrès qui se fait dans le sens du mal. Il existe des âmes écrevisses reculant continuellement vers les ténèbres, rétrogradant dans la vie plutôt qu'elles n'y avancent, employant l'expérience à augmenter leur difformité, empirant sans cesse, et s'empreignant de plus en plus d'une noirceur croissante. Cet homme et cette femme étaient de ces âmes-là. »

— Tome I. Fantine — Livre IV : Confier c'est quelquefois livrer — Chapitre 2. Première esquisse de deux figures louches.

Cette famille occupe un rôle clé dans le roman. En effet, on fait leur connaissance assez vite (en mai 1818 dans le Tome I, Livre IV) lorsque Fantine, la mère de Cosette, passe devant leur auberge « Au sergent de Waterloo » à Montfermeil.

La famille est composée du père (né en 1773Note 1), de la mère (sans doute née entre 1783 et 17891,Note 2, décédée en 1832 en prison), des deux filles Éponine et Azelma, du petit Gavroche et de deux autres garçons encore plus jeunes (on ignorera toujours leurs prénoms) dont le couple s'est « débarrassé » lors d'une sordide transaction (la mère n'aime que ses filles, d'où son désintérêt pour Gavroche qui se trouve livré à lui-même dans la rue). Le père est un ancien soldat devenu sergent et médaillé à la bataille de Waterloo grâce à la méprise du colonel Pontmercy qui, revenu à lui alors que Thénardier était occupé à le dépouiller (comme il le faisait sur tous les cadavres du champ de bataille), a cru que celui-ci le secourait. De ce fait, Thénardier se fait passer pour un bon samaritain (ayant échappé au risque d'être pris et fusillé comme pilleur), d'où le nom de son auberge qu'il affiche comme une gloire.

Fantine ne peut pas garder son enfant, car elle retourne à Montreuil-sur-Mer, sa ville natale, pour y chercher du travail et, en 1818, une mère célibataire était rejetée par la société. Les Thénardier acceptent de prendre Cosette en pension moyennant le paiement de 7 francs par mois. Fantine « confie » un peu trop rapidement2 Cosette aux Thénardier après avoir aperçu la mère Thénardier attentionnée avec ses fillettes. Contrairement à la promesse qu'ils ont faite à Fantine de bien s'occuper de Cosette, ils jalousent cette jolie enfant, l'asservissent et la maltraitent. Cosette ne vit plus que dans la crainte et la tristesse tandis que le couple Thénardier réclame des sommes de plus en plus élevées à Fantine qui, pour continuer à leur verser une pension mensuelle devenue exorbitante, et après avoir perdu son emploi, vend ses cheveux et ses dents de devant, puis, à bout de ressources, va jusqu'à se faire fille publique avant de mourir en février 1823.

Leur auberge fait faillite en 1828 après que Jean Valjean a réussi à arracher Cosette à leurs griffes (en la leur achetant) pour se réfugier à Paris à la fin de l'année 1823. Les Thénardier réapparaissent à Paris (année 1830), s'étant défaits, moyennant finances, de leurs deux plus jeunes fils, et ont changé de nom, ils sont désormais la « famille Jondrette » avec leurs enfants Azelma, Éponine et Gavroche. Ils vivent d'expédients avant de devenir les pires des malfrats en s'acoquinant avec la bande Patron-Minette.

Dès le début, le couple Thénardier est décrit comme fourbe et sans scrupules, mais on peut penser que c'est un effet de la misère. Victor Hugo rend le ménage Thénardier antipathique alors qu'il s'apitoie sur leurs enfants exploités sans vergogne. Pour survivre, le couple n’hésite pas à recourir à toutes sortes de moyens criminels, du plus léger au rédhibitoire (exploitation éhontée de la pauvreté, vols, cambriolages, agressions, voire assassinat). De ce fait, la famille côtoie différents milieux interlopes (banditisme, prostitution), ce qui permet à Hugo de se pencher sur les causes sociales de ces comportements, de faire réfléchir le lecteur et de l'inciter à ne pas condamner systématiquement certains agissements (digression Le Mauvais Pauvre

). Thénardier et sa fille Azelma, survivant à leur famille en  (on ignore ce que sont devenus les deux plus jeunes fils perdus de vue durant l'insurrection de juin 1832), quittent la France pour s'expatrier aux États-Unis. L'injustice et le crime n'étant pas spécifiquement français, avec l'argent donné par Marius pour qu'ils disparaissent de leur vie (la vie de Cosette et Marius), homme de bien, l'ancien exploiteur de Fantine et de Cosette y devient trafiquant d'esclaves.

Tout au long du roman, les destins de Jean Valjean, de Cosette, de Marius, ne cessent de croiser ceux des Thénardier qui joueront, en bien et en mal, un rôle essentiel dans la vie des trois protagonistes.

Description physique

Thénardier dessiné par Victor Hugo
(maison de Victor Hugo, vers 1861-1862).

La Thénardier est décrite comme « une femme rousse, charnue, anguleuse ; le type femme-à-soldat dans toute sa disgrâce. […] C'était une minaudière hommasse. […] Sa haute taille et sa carrure de colosse ambulant propre aux foires »2, « Grande, blonde, grasse, charnue, carrée, énorme et agile ; elle tenait, nous l'avons dit, de la race de ces sauvagesses colosses qui se cambrent dans les foires avec des pavés pendus à leur chevelure. […] Son large visage, criblé de taches de rousseur, avait l'aspect d'une écumoire. Elle avait de la barbe »3Marius en a plus tard une vision qui explique la variation de couleur de cheveux faite par Hugo dans les tomes I et II : « C'était une espèce de géante à côté de son mari. Elle avait d'affreux cheveux d'un blond roux grisonnants qu'elle remuait de temps en temps avec ses énormes mains luisantes à ongles plats »

Le Thénardier est décrit comme « un homme petit, maigre, blême, anguleux, osseux, chétif, qui avait l'air malade et qui se portait à merveille ; sa fourberie commençait là. […] Il avait le regard d'une fouine et la mine d'un homme de lettres »3. Le portrait est complété plus tard dans le roman par l'intermédiaire de Marius qui voit « un homme d'environ soixante ans, petit, maigre, livide, hagard, l'air fin, cruel et inquiet ; un gredin hideux »4. Plus loin Victor Hugo précise : « Lavater, s’il eût considéré ce visage, y eût trouvé le vautour mêlé au procureur ; l’oiseau de proie et l’homme de chicane s’enlaidissant et se complétant l’un par l’autre, l’homme de chicane faisant l’oiseau de proie ignoble, l’oiseau de proie faisant l’homme de chicane horrible. »

Origine

Ce nom aurait été inspiré à Victor Hugo par Louis Jacques Thénard, son contemporain et chimiste renommé, qui était opposé à la réduction du temps de travail des enfants proposée par Hugo5.


Montparnasse et Gavroche

L’un est un délinquant et l’autre un enfant de la rue. Ils sont les conséquence de la misère mais ils incarnent aussi les mentalités sociales de demain. Le peuple prend la parole au prix d’en mourir pour Gavroche. La délinquance est une manière de vivre pour Montparnasse. Même les sermons de Jean Valjean ne suffiront pas à convaincre ce nouveau bagnard des faubourgs.

 

« Paris a un enfant et la forêt a un oiseau ; l'oiseau s'appelle le moineau ; l'enfant s'appelle le gamin.
Accouplez ces deux idées qui contiennent, l'une toute la fournaise, l'autre toute l'aurore, choquez ces étincelles, Paris, l'enfance ; il en jaillit un petit être. Homuncio, dirait Plaute.
Ce petit être est joyeux. Il ne mange pas tous les jours et il va au spectacle, si bon lui semble, tous les soirs. Il n'a pas de chemise sur le corps, pas de souliers aux pieds, pas de toit sur la tête ; il est comme les mouches du ciel qui n'ont rien de tout cela. Il a de sept à treize ans, vit par bandes, bat le pavé, loge en plein air, porte un vieux pantalon de son père qui lui descend plus bas que les talons, un vieux chapeau de quelque autre père qui lui descend plus bas que les oreilles, une seule bretelle en lisière jaune, court, guette, quête, perd le temps, culotte des pipes, jure comme un damné, hante les cabarets, connaît des voleurs, tutoie des filles, parle argot, chante des chansons obscènes, et n'a rien de mauvais dans le cœur. C'est qu'il a dans l'âme une perle, l'innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue. Tant que l'homme est enfant, Dieu veut qu'il soit innocent.
Si l'on demandait à la grande et énorme ville : Qu'est-ce que c'est que cela ? elle répondrait : C'est mon petit. »

— Victor Hugo, Les Misérables (Tome III. Marius – Livre Premier : Paris étudié dans son atome – Chapitre 1. Parvulus).

Biographie du personnage[modifier | modifier le code]

Gavroche.
Illustration d'Émile Bayard.

Éléphant de la Bastille servant d'abri à Gavroche,
illustration de Gustave Brion.

Les Gavroches
(Les Garçons de la rue, 1907).
Œuvre d'Antonio Sciortino,
jardin public Il-Barrakka ta' Fuq (« Barrakka du Haut »)
La Valette (Malte).

Il Birichino ou Gavroche, bronze de Medardo Rosso, 1881.

Gavroche récupérant des cartouches.
Illustration de Pierre Georges Jeanniot (1891).

L'enfant qui figure sur La Liberté guidant le peuple a sans doute inspiré à Victor Hugo le personnage de Gavroche.

« Navet, l'ami à Gavroche »3
Dessin de Victor Hugo (encre et lavis)

Né en 1820, il est le fils des Thénardier qui ne l'aiment pas, ne veulent pas de lui et c'est pour cela qu'il vit dans la rue (il a l'habitude de dire « Je rentre dans la rue » quand il sort d'une maison). Il ne les voit que de temps à autre, mais il aidera tout de même son père à s'évader de prison. Gavroche connaît ses sœurs aînées, Éponine et Azelma, mais pas ses deux frères cadets qui ont été abandonnés pour être adoptés en très bas âge à la suite d'une sordide tractation de leurs parents. Après l'arrestation de leur mère adoptive, alors que les deux enfants se retrouvent à la rue, Gavroche les recueille sans savoir que ce sont ses frères. Mais ils s'égarent dans Paris le lendemain et on ne les revoit qu'une seule fois, cherchant à manger. Le lecteur ne sait pas ce qu'ils sont devenus.

Gavroche connaît bien la bande « Patron-Minette », des malfaiteurs que Thénardier sollicite pour ses mauvais coups.

Gavroche meurt le , peu après Éponine, près de la même barricade de la rue de la Chanvrerie, pendant l'Insurrection républicaine à Paris en juin 1832, en tentant de récupérer des cartouches non brûlées pour ses camarades insurgés et en chantant une célèbre chanson qu'il n'a pas le temps d'achever (Tome V. Jean Valjean – Livre Premier : La Guerre entre quatre murs – Chapitre 15. Gavroche dehors) :

«  [...] Gavroche avait pris un panier à bouteilles dans le cabaret, était sorti par la coupure, et était paisiblement occupé à vider dans son panier les gibernes pleines de cartouches des gardes nationaux tués sur talus de la redoute. [...] Et d'un bond, il s'enfonça dans la rue. [...] Une vingtaine de morts gisaient çà et là dans toute la longueur de la rue sur le pavé. Une vingtaine de gibernes pour Gavroche, une provision de cartouches pour la barricade. La fumée était dans la rue comme un brouillard. [...] ; de là un obscurcissement graduel qui blêmissait même le plein jour. Cet obscurcissement, probablement voulu et calculé par les chefs qui devaient diriger l'assaut de la barricade, fut utile à Gavroche. Sous les plis de ce voile de fumée, et grâce à sa petitesse, il put s'avancer assez loin dans la rue sans être vu. Il dévalisa les sept ou huit premières gibernes sans grand danger. Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d'un mort à l'autre, et vidait la giberne ou la cartouchière comme un singe ouvre une noix. [...] Sur un cadavre, qui était un caporal, il trouva une poire à poudre. [...] À force d'aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait transparent. […] Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d’une borne, une balle frappa le cadavre. […] Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier. Gavroche regarda, et vit que cela venait de la banlieue. Il dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l’œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta :

On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta :

Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Une cinquième balle ne réussit qu’à tirer de lui un troisième couplet :

Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.

Cela continua ainsi quelque temps. Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l’air de s’amuser beaucoup. C’était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l’ajustant. Il se couchait, puis se dressait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraillette par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, visait les gibernes et remplissait son panier. […

] La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme, c’était un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu’elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait une pichenette. Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n'était tombé que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...

Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler. »

Le Genevois Jean-François Chaponnière (1769-1856) est le père du refrain de cette chanson : il se moque du mandement écrit par le clergé le , qui devait dissuader les fidèles d'écouter les philosophes des Lumières comme Voltaire et Rousseau.

C'est en 1832 qu'apparaît la deuxième version de cette chanson écrite par le chansonnier Béranger s'intitulant Mandement des vicaires généraux de Paris. C'est un signe de ralliement entre révolutionnaires, gens du peuple et libéraux. Dans Les Misérables Hugo reprend le refrain « C'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau » lors de la manifestation révolutionnaire des 5 et  ; Gavroche sort de la barricade pour récupérer les cartouches des morts5 tout en chantant le refrain pour narguer les gardes nationaux jusqu'à ce qu'il expire, atteint par les tirs des soldats.

Sens commun

Depuis, par antonomase, « Gavroche » se dit d'une personne ressemblant au personnage de Victor Hugo : un gamin parisien gouailleur, débrouillard, à la vulgarité attachante.

Voir aussi

La Liberté guidant le peuple, peinture d'Eugène Delacroix (1830).

Le héros et acteur romantique de l’histoire, Marius

Il représente l’amoureux galant qui est prêt à abandonner sa cause révolutionnaire pour rejoindre sa belle qui est Cosette. Il est le jeune homme de bonne éducation qui s’encanaille auprès des anarchistes et les révolutionnaires. Il possède l’amour de son grand-père M. Luc Esprit Gillenormand, l’amour de Cosette et l’attachement de ses amis. Eponine (une des filles Thénardier) l’aime en secret. Jean Valjean finira par le laisser épouser Cosette après lui avoir sauver la vie en traversant les égouts de Paris pendant l’insurection.


puis.....

M. Luc Esprit Gillenormand

Il est l’homme d’esprit de la troupe des personnages et il est aussi le grand-père de Marius. Il aime son petit-fils mais il combat ses idées avec véracité. Il est le digne représentant des membres de la Restauration et des Ultras de l'époque. La royauté doit revenir au pouvoir et ses valeurs de hiérarchie sociale aussi.

M. Mabeuf Marguillier

Il est un homme ruiné par la faillite de son notaire. Il aide Marius a mieux connaître sa famille. Il lui révèle qui était son père. Il meurt en martyr sur les barricades de l’insurrection.


_____________________

_____________

 

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Logo lade 600x3981 1

Bonjour et Bienvenue dans 

notre Magazine  

 

Bienvenus aux Auteurs

 

Nous proposons  aux auteurs un espace gratuit pour présenter des romans,des actualités et une inscription dans notre annuaire

 

 

 

Nous developpons un Service d'Aide aux auteurs

Ecrire:

un service de correction et  de traduction professionnels.  est à disposition. nous mettons en place  une mise en relation et un suivi  avec nos correcteurs littéraires.

Publier

Nous mettons à votre disposition un annuaire de Maisons d'Edition pour présenter vos manuscrits

Vendre

Nous vous présentons nos librairies pour présenter vos romans.

Enfin pour progresser dans votre démarche d'écriture

notre service d'Ateliers d'écriture vous ai proposé.Notre annuaire vous informe sur des ateliers d'écriture 

 

annuaire de professionnels de l'écriture

 

 

 

Contacter notre Magazine