l Inde

 

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L’Inde est un pays unique, qui vous promet un voyage vers des espaces inconnus. L’Inde remue, l’Inde secoue. Un premier voyage au pays de Gandhi déboussole au sens propre. On y perd ses codes, ses repères.
Quelle grâce dans les sourires, quelle élégance dans les mouvements d’un sari, dans l’enroulement d’un turban, quel naturel dans la spiritualité, quelle majesté dans son architecture et quelle ferveur dans ses prières !


La dureté de la vie, on la ren de rue. La beauté aussi. C’est cette permanente dualité qui déconcerte. Le mélange des contraires. L’Inde, la plus grande démocratie du monde, accepte ses contradictions.

C’est une leçon d’énergie.
Rien n’y est facile. Elle s’est officiellement (et légalement) débarrassée des castes, mais elle continue à appliquer la ségrégation dans les pratiques sociales et culturelles. La liberté d’expression est entière, mais la corruption dévore l’administration et la police. La tolérance religieuse est la règle, mais les extrémistes sont à l’affût. L’égalité entre les sexes est inscrite dans la loi, mais la situation des femmes dans les campagnes est souvent déplorable.
On vient en Inde pour les temples, les sites archéologiques et les splendeurs de l'Himalaya, mais l'on gardera en mémoire la magie des rencontres, les couleurs, les instants de grâce offerts par une population affable et curieuse.

 

Bibliothèque

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L’Inde demeure un continent littéraire mal connu, malgré la percée internationale exceptionnelle de ses écrivains de langue anglaise au cours des deux dernières décennies. Certes, tout le monde ou presque a entendu parler de Salman Rushdie, de Narayan, d’Anita Desai, d’Amitav Ghosh et d’Arundhati Roy, pour ne citer que les écrivains anglophones indiens les plus connus. "Les enfants de minuit "de Rushdie, "Le Dieu des petits riens" de Roy sont devenus des classiques de la littérature mondiale, après avoir longtemps figuré dans les listes des « best-sellers » internationaux. Mais peu de gens savent que l’essentiel des productions littéraires indiennes se fait dans les 21 grandes langues régionales. Les plus importantes en terme de locuteurs sont le hindi (300 millions de locuteurs), le télougou (60), le bengali (55), le tamoul (50), le marathi (45), l’ourdou (36), le goujerati (36), le kannada (30), le malayalam (29), le punjabi (25), l’oriya (20) et l’assamais (15). Beaucoup de ces langues sont dépositaires de riches et anciennes traditions littéraires, notamment la littérature tamoule dont les premières oeuvres datent du début de l’ère chrétienne

 

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE INDIENNE MODERNE ET LES GRANDS COURANTS LITTÉRAIRES


Dérivées pour la plupart du sanskrit (langue de culture de l’Inde antique), les langues et les littératures vernaculaires indiennes ont connu des périodes fastes tout au long de l’époque médiévale( XIIe-XVIIe siècles) et ont donné des chefs d’oeuvre inspirés du mysticisme et de la spiritualité. Il s’agissait essentiellement de la poésie dévotionnelle et religieuse(Bhakti) qui, si elle était souvent écrite, a été perpétuée par la mémoire collective qui la transmettait oralement de génération en génération.
C’est au contact avec l’Europe, avec ses penseurs et ses livres, qu’est né le courant moderne dans les lettres indiennes au tournant du 19e siècle.
Cette modernité se manifeste d’abord dans la littérature bengalie dont les auteurs ont été exposés très tôt à l’influence occidentale du fait du choix du Bengale par les Anglais comme centre administratif de leur empire naissant. La ville de Calcutta, qui sera la capitale de l’Inde britannique jusqu’en 1912, accueillera les premiers établissements scolaires dispensant un enseignement de type occidental. Ceux-ci forment une nouvelle élite indienne dont sont issus les écrivains qui vont renouveler la littérature bengalie en y injectant de nouvelles idées, mais aussi en important des formes telles que l’ode, le sonnet, le vers libre, et surtout le roman et la nouvelle.

A la fin du 19e siècle déjà, le Bengale possédait une littérature de premier plan avec ses romanciers, ses nouvellistes et ses poètes qui avaient su domestiquer les formes d’essence occidentale et en avaient fait le support éloquent du bouillonnement social et intellectuel que connaissait alors leur vieux pays aux prises avec les forces de la modernité. L’œuvre multidimensionnelle de Tagore qui se situe aux confluents de l’Inde et de l’Universel, du séculier et du spirituel et qui sera couronnée par le prix Nobel de littérature en 1913, est le produit emblématique de ce qu’il est convenu d’appeler la « renaissance bengalie ».

 

LA RENAISSANCE BENGALIE


Cette interaction constante et profonde entre les différents imaginaires linguistiques constitue une dimension capitale de l'environnement intellectuel dans lequel évolue l'écrivain indien contemporain. La grande visibilité internationale des auteurs anglophones, leur renommée grandissante, a pour effet d'occulter cette réalité-là, en laissant entendre que seule la production littéraire indienne de langue anglaise serait moderne et les littératures régionales indiennes, ne l’étant pas, serait une donc irrecevables. Rien n'est moins vrai. Sur un plan chronologique déjà, la modernisation du langage et des formes littéraires dans les lettres régionales a précédé l'émergence d'une littérature indienne originale en anglais. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, alors que l'anglophonie indienne n'en était encore qu'à ses premiers balbutiements, la première littérature moderne est apparue au Bengale sous l'effet d'un formidable mouvement de réforme sociale et de renouveau culturel.

Ce mouvement né de la rencontre des lettrés bengalis avec les idées occidentales du progrès, de la liberté de l'individu et de l'humanisme a profondément transformé la société bengalie et renouvelé sa littérature. Composée jusqu'alors d'un corpus de chants dévotionnels et religieux, celle-ci est devenue au contact des chefs-d'œuvre occidentaux une littérature laïque, délicieusement subversive, à l'image de la bourgeoisie bengalie naissante, éduquée dans des écoles et des universités de type occidental et engagée dans une interrogation créatrice des bases religieuses et féodales de sa société.

Les écrivains bengalis importent et domestiquent avec brio le vers libre, le roman, la nouvelle. TAGORE, issu de la haute bourgeoisie de Calcutta de la fin du XIXe siècle, est la figure emblématique de cette renaissance bengalie. Poète, romancier, dramaturge, essayiste, il a exprimé en bengali une vision du monde profondément ancrée dans sa culture, mais aussi étonnamment ouverte sur l'universel, «en dialogue avec le monde», critère que Rushdie et West ont érigé à juste titre en condition sine qua non de la modernité en littérature. Prix Nobel de littérature 1913, le poète de GITANJALI fut sans doute la première star d'une «world literature» avant la lettre.

A la suite du Bengale, les vents du renouveau ont soufflé sur toute l'Inde, vivifiant les esprits, modernisant ses principales langues et littératures. Celles-ci se sont affirmées et diversifiées depuis l'indépendance. Elles ont produit des écrivains brillants dont les œuvres ont profondément marqué les esprits au cours des cinquante dernières années. Certains de ces auteurs (Ananthamurthy, Kamala Das, Mahasweta Devi, Nirmal Verma) seront présents aux Belles Etrangères aux côtés des anglophones (Shashi Tharoor, Upamanyu Chatterjee). Ils ont en partage une fidélité profonde à la tradition du métissage entre l'Inde et le monde moderne qu'a incarnée la renaissance bengalie.

 

LE TRIOMPHE DE LA FICTION


Si le courant moderniste est né au sein des lettres bengalies, il n’est pas resté confiné au Bengale. Au contraire, il s’est très vite répandu dans les autres centres culturels et intellectuels de l’Inde et a donné une impulsion décisive à la création littéraire dans les grandes langues indiennes.

Comme cela s’est passé pour la littérature bengalie, l’avènement de la modernité s’est caractérisé par la montée en puissance de la prose et par le triomphe de la fiction. Les premiers romans en hindi, en ourdou, en telougou, en tamoul, en malayalam, en goujerati ou en oriya datent tous de la seconde moitié du 19e siècle. Le genre de la nouvelle a connu une fortune extraordinaire dans toutes les littératures vernaculaires, c'est à dire avec leur dialecte, leurs langues originales.

Sous l’influence de Tagore qui l’avait empruntée aux Français à la fin du 19e siècle et l’avait popularisée au Bengale avant même que le genre ne s’impose en Angleterre, les écrivains indiens se sont emparés de cette forme de narration brève si contraire aux souffles longs du discours indien et l’ont adaptée avec brio aux urgences de la réforme sociale et de la résistance nationaliste contre le colonisateur qui ont été pendant la première moitié du 20e siècle les deux principales sources d’inspiration des littératures indiennes. C’est sans doute sous la plume des écrivains de l’école progressiste tels que Premchand (hindiphone), Manto (ourdouphone) et Ismat Chughtai (ourdouphone) qui ont dominé la scène littéraire indienne jusqu’à l’indépendance survenue en 1947, avec des thèmes tels que la misère sociale et l’oppression des femmes, que la nouvelle a atteint un sommet de perfection et d’expressivité jamais égalé depuis.

Avec l’indépendance, les littératures indiennes sont entrées dans une période de démocratisation et de désenbourgeoisement, comme le confirment la prise de parole par les femmes au cours des dernières décennies ou l’irruption des écrivains « dalits » ou « opprimés », terme par lequel ces écrivains d’origine intouchable aiment se désigner. La subversion est entrée dans les moeurs. br>
Rien n’illustre mieux cette tendance à la subversion, à la parodie que le mouvement des « digambara kavulu » (poètes nus) dont la poésie érotique, riche en images sexuelles et rythmée de vocables obscènes a profondément secoué, au tournant des années 70, l’élitisme ambiant de l’Inde profonde. La provocation des poètes « digambara » allait jusqu’à faire lancer leurs premiers recueils par des tireurs de pousse-pousse, des plongeurs de bouis-bouis et... des prostitués. Imaginez un peu la tête des brahmanes comme il faut de Hyderabad , de Bombay ou de Delhi...!

 

UNE LITTÉRATURE VIVANTE EN ANGLAIS


Mais, en Inde, l'anglais est aussi devenu le support d'une tradition littéraire riche qui a donné des romanciers et des poètes de grande envergure tels que R.K. NARAYAN, Anita DESAI et A.K. RAMANUJAM, et puis bien sûr le grand Rabindranath TAGORE. Cette littérature indo-anglaise connaît surtout depuis deux décennies une véritable explosion avec l'émergence d'une nouvelle génération d'écrivains particulièrement talentueux, conduite par le bouillant et dynamique Salman RUSHDIE. La vitalité de l'imagination de l'auteur des "Enfants de minuit" et sa pratique décomplexée de l'anglais ont ouvert les vannes d'une créativité littéraire aussi puissante qu'originale qui explique le succès que rencontrent aujourd'hui en Occident un Vikram SETH ("Un garçon Convenable"), un Rohinton MISTRY ("L'équilibre du Monde") ou une Arundhati ROY ("Le Dieu des Petits Riens") ou plus récemment encore Tarun Tejpal et son célébre "Loin de Chandigarth" veritable best-seller en 2006.

Le magazine Lire se posait la question suivante en 2002 : peut-on pour autant affirmer, comme l'ont écrit Salman RUSHDIE et Elizabeth WEST dans la préface de leur anthologie de la littérature indienne moderne, que «la littérature indienne de langue anglaise est sans doute la contribution la plus précieuse de l'Inde au monde des livres» et que c'est dans la langue du colonisateur qu'a été écrite «la littérature la plus authentiquement indienne au cours des cinquante premières années de l'ère postcoloniale»? La réponse que fait "Lire" est bien sûr que non! Cette affirmation, pour le moins péremptoire, en rappelle une autre. Celle de lord MACAULAY qui est passé à la postérite pour avoir déclaré qu' «une seule étagère de livres européens vaut toute la littérature de l'Inde et de l'Arabie». La loi de 1835 remplaçant le persan par l'anglais comme langue de scolarisation des petits Indiens porte d'ailleurs le nom de cet aristocrate britannique qui fut un haut fonctionnaire influent de l'administration coloniale de l'époque. Comme lui, par ses termes, Rushdie supprime d'un trait de plume des traditions littéraires souvent très anciennes, mais toujours vibrantes et dynamiques. -N'oublions pas par exemple que la littérature en langue tamoule est une des plus anciennes au monde avec 2000 ans d'âge. Les textes étaient souvent des récits apparentés à ce qu'on appelle actuellement des nouvelles- Ces traditions littéraires servent aussi d'une sorte de base arrière où se ressource l'imagination des écrivains anglophones qui, comme la plupart de leurs compatriotes, pratiquent au moins deux langues.

Ainsi, si on devait retracer la généalogie du « Dieu des Petits Riens » d'Arundhati ROY - récit d'amour interdit et tragique entre un intouchable et une femme «bien née» qui a ému des millions de lecteurs dans le monde -, on verrait que ce roman a partie liée avec Faulkner et avec Joyce, comme tant de critiques l'ont souligné, mais peut-être plus encore avec la déferlante, dans les littératures régionales, de récits autobiographiques par des auteurs d'origine intouchable ou «dalit», « paria ».

Salman Rushdie lui-même a raconté comment il a découvert, après la publication de son livre culte Les enfants de minuit, qu'au moins trois écrivains, tous non-anglophones, avaient dans leur tiroir des projets de romans semblables, mettant en scène les tribulations magico-réalistes d'un enfant né à minuit tapant, le 15 août 1947.

 

LA LITTÉRATURE DHALIT


Les Dhalits, c'est ainsi qu'on appelle les intouchables dans le sud de l'Inde.

C’est sous l’impulsion donnée par ces intellectuels, dont B.R. Ambedkar, qui avait participé à la rédaction de la Constitution de l’Inde et que j'évoquais plus haut, que naquit dans la région de Bombay, dans les années soixante, la grande poésie dhalit en langue marathi (langue de la région de Bombay).



Par sa véhémence, son ton combatif, son recours systématique à un langage obscène, elle rompt avec la langue académique de la poésie indienne.
" Toi, fils de pute, parle comme nous/
Parle, je te dis/ (...)
Toi, l’imbécile, parle la langue correcte ",
écrit le poète dhalit, parodiant son maître brahmane qui interdit à l’élève intouchable de le toucher ou de boire de l’eau dans le même puits que ses camarades " bien nés ".

Cette poésie saisissante, sous la plume de ses écrivains les plus talentueux, tels que Namdeo Dhasal, célèbre la déchéance, la souillure et la mort :

Le soleil avait des fuites
Il s’éteignit dans l’étreinte de la nuit
alors je naquis, moi, sur le trottoir
Dans des guenilles des souillures de vermine
et orphelin je devins
Celle qui me donna naissance partit chez le père des cieux
Sous les passes des brutes rois du trottoir éreinté
Pour laver les ténèbres de son sari...
Conscients de la nécessité de créer un véritable dialogue poétique des opprimés à la manière des écrivains noirs américains, dont ils se sont beaucoup inspirés, les poètes dhalits ne se contentent pas de raconter ou proclamer leurs malheurs, mais utilisent la poésie pour marquer leur dissidence par rapport aux formes et aux canons de la littérature institutionnelle, opposant la liberté de leurs paroles aux contraintes de la tradition dominante.

Leurs textes sont aussi des récits de vie, des témoignages qui ont pris le relais de la première génération de poètes dhalits, qui se sont tus à la fin des années soixante-dix. À ce jour, plus d’une centaine de témoignages ont été publiés en marathi, en gujerati, en kannada et en tamoul.

En ce qui concerne la prose et le récit, deux oeuvres fondamentales sont à retenir.

L’œuvre la plus poignante est sans doute "Intouchable" de Narendra Jadhav (Fayard 2002), :
Cet ouvrage bouleversant que je viens de terminer de lire raconte l'histoire d' une famille de parias (intouchables) dans l’Inde contemporaine, celle de l'écrivain le maharashtrien Narendra Jadhav (de l'état du Maharastra, état de Bombay). Il y narre la vie de son père, y exprime sa révolte contre les hautes castes de son village, qui, de mèche avec la police, oppriment et affament les intouchables, relate sa fuite vers Bombay dans l’espoir de pouvoir y vivre dignement.
Il y parviendra grâce à sa rencontre avec le charismatique docteur Ambedkar, qui, tel un Moïse des temps modernes, tente de guider son peuple de persécutés et d’affamés - affamés surtout de reconnaissance de leur humanité - vers une société réellement démocratique et sans discrimination.
Il faut lire ce livre à la fois comme un document historique et comme le récit bouleversant du combat exemplaire et inégal d’un homme contre son destin, et les cruautés de la vie. Il ne peut laisser indifférent aucun lecteur.


Narendra Jadhav est le sixième enfant d'une famille 'dhalit' établie à Bombay au début des années 1950. Ecrivain de langue maternelle marathi, il est économiste de formation, a longtemps travaillé comme cadre dirigeant au FMI. Il est actuellement haut fonctionnaire au ministère des Finances du gouvernement indien.
Son récit, fondé sur une exceptionnelle documentation familiale, raconte une histoire vraie, celle d'une famille d'intouchables vivant dans l'ouest de l'Inde au XXe siècle. La famille d'intouchables dont il est question dans ce livre, comme je vous le disais plus haut c'est la sienne.

Un autre livre évoque la condition des intouchables, mais du point féminin, c'est "Sangati (l'assemblée), écrit par Bama Faustina.

Ce livre est un témoignage fort, puissant et déchirant sur la condition terrible de la femme dhalit. Bama s'est d'ailleurs imposée au cours de la dernière décennie comme une voix authentique de l'oppression que subissent les femmes appartenant à la communauté des intouchables. (voir un petit descriptif du livre dans la rubrique " livres coup de Coeur")


Il existe aussi un formidable documentaire de 50 minutes, paru en 2001, et qui s'intitule "Amazons in saris" et qui raconte la douloureuse condition des dhalits.
Dans quelques films Bollywood très peu du reste), comme "Lagaan" (La prime), on évoque les intouchables comme membres de la communauté indienne à part entière, qu'il faut respecter en tant que tel, à travers un personnage secondaire qui dans le film tient une place importante dans l'équipe de joueurs de cricket indienne opposée à l'équipe des colons anglais, mais ceci n'est qu'une tentative très timide...Bollywood, n'est pas tant intéressée par leur sort.

 

LE RIZ ET LA MOUSSON DE KAMALA MARKANDAYA

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


C'est le premier roman que j'ai lu sur l'Inde, j'avais 10 ou 11 ans et il m'avait déjà marquée. J'avais conscience que c'était dans mon pays d'origine que l'histoire se déroulait mais ça me semblait si lointain et totalement étranger à moi...Malgré cela j'ai adoré l'histoire qui m'avait aussi bouleversée.

Toute paysanne indienne le sait : la pluie, c'est la vie. C'est le riz qui pousse, les enfants bien nourris qui rient et jouent dans la cour, quelques roupies qu'on peut mettre de côté en prévision d'un mariage, le spectre de la peur qu'on chasse pour un temps de sa cabane. Une année sans pluie, c'est la terre qui se fissure, les plants de riz qui s'étiolent, les enfants aux ventres ballonnés qui n'ont même plus la force de pleurer, la peur qui revient s'installer à demeure. A qui faut-il s'en prendre ? Au vent ? Au soleil ? Aux dieux indifférents ? Au soir de sa vie, Rukmani se remémore avec dignité et résignation sa vie de labeur et de courage et nous raconte tout cela, de manière poignante et réelle. C'est l'histoire d'une femme forte et courageuse, vivante malgré les drames et la misère. Un très beau roman que je vous conseille.

Kamala Purnaiya Taylor (1924 à Mysore - 16 mai 2004 à Londres) est une écrivaine et journaliste indienne qui écrivit sous le pseudonyme Kamala Markandaya. Elle a étudié l'histoire à l'université de Madras.

Entre 1940 et 1947, elle travaille comme journaliste dans certains journaux indiens dans lesquels elle publie également quelques nouvelles.

Pendant la guerre, elle travaille pour l'armée et a ensuite émigré en Angleterre en 1948 après l'indépendance de l'Inde. Elle y rencontre son mari qui lui a donné une fille et y a passé le reste de sa vie. Son œuvre majeure, Le Riz et la moisson (Nectar in a sieve), un best seller, lui fit connaître le succès en 1954. Elle est morte à l'âge de 80 ans, le 16 mai 2004 à son domicile de Londres. Tous ses livres n'ont pas été traduits en français.

1954 : Le Riz et la mousson (Nectar In A Sieve)
1955 : Quelque secrète fureur (Some Inner Fury)
1960 : A Silence of Desire
1963 : Possession (Possession)
1966 : Une poignée de riz (A Handful of Rice)
1969 : The Coffer Dams
1972 : The Nowhere Man
1973 : Two Virgins
1977 : The Golden Honeycomb
1982 : Pleasure City

 

LA NUIT RETIENT SES FANTÔMES DE SASHI DESHPANDE

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


L'histoire.

Bien des années plus tard, Sarita songe encore souvent aux terribles paroles de sa mère, lorsque, enfant, elle n'a pas su sauver son petit frère de la noyade. Et si la fière Sarita, qui a bravé famille et traditions pour épouser Manohar, ce jeune poète charismatique, était tout simplement rattrapée par un très vieux cauchemar qu'elle ne pourra plus, désormais, circonscrire à la nuit et sa cohorte de fantômes ? Et comment Manohar, l'époux et père aimant, cultivé, attentionné, est-il devenu un étranger qui se transforme, dans le lit conjugal, en un monstre sadique ? A travers le personnage de Sarita, Shashi Deshpande fait le récit sans complaisance de l'Inde moderne.

Shashi Deshpande, qui vit à Bangalore, est née en 1938 à Dharwar (Karnataka). Après avoir suivi des études d’économie et de droit, elle s’installe à Bombay avec son mari, suit des cours de journalisme avant de travailler pour le magazine "Onlooker" et commence à écrire des nouvelles. Son premier roman, "La Nuit retient ses fantômes", est publié en 1980. Dix ans plus tard, elle se voit décerner le prix de la Sahitya Akademi du roman de langue anglaise pour "That Long Silence". Shashi Deshpande s’intéresse de très près à la situation des femmes et de la famille indienne et traite ses personnages féminins avec une grande subtilité. Ses deux derniers romans, "Small Remedies" et "Moving On" ont été traduits dans de nombreuses langues européennes.

Œuvres traduites :

Question de temps, traduit par Simone Manceau, éd. Philippe Picquier 2007
La Nuit retient ses fantômes, traduit par Simone Manceau, Ramsay/ J’ai lu 2004

Résumé de "Question de temps"

Quand Gopal quitte sa femme, pour des raisons qu'il est incapable d'expliquer, Sumi retourne vivre chez sa mère, emmenant avec elle ses trois filles. Elle trouve asile dans la Grande Maison où elle a été élevée et où ses propres parents ont toujours vécu, dans un silence oppressant. Peu à peu, Sumi va planter les graines de sa prise de conscience, reprendre intérêt pour le théâtre, délaissé pour la vie de famille, trouver un travail, une chambre à soi, et ne plus jamais envisager de comprendre l'inexplicable.

 

L'EMEUTE DE SASHI THAROOR

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


A un lecteur qui souhaiterait découvrir l'Inde dans son identité, son foisonnement et ses contradictions, je lui dirai : lisez "l'Emeute" et vous appréhenderez les mille facettes de la réalité indienne. Une jeune américaine, Priscilla Hart, venue travailler au sein d'une organisation humanitaire dans une petite ville du Nord de l'Inde, est violemment assassinée lors d'une émeute. Plusieurs personnes qui l'ont côtoyée de près ou de loin au cours des derniers mois de sa vie témoignent. Une mosaïque indienne se profile de leurs confessions et des extraits du journal de Priscilla. En même temps ce pays extraordinaire, polyglotte, polychrome et pluriconfessionnel nous apparait plus familier. Un étranger, en visite dans un pays, croit toujours en saisir sa réalité profonde, mais n'en capte qu'une infime parcelle, c'est aussi ce qu'essaie de raconter Sashi Tharoor. Pourtant, à l'instar de Priscilla, même si le danger guette, on ne refuse jamais l'expérience.

Shashi Tharoor est également auteur du "Grand roman indien" et de "Show Business" Né à Londres en 1956, Shashi Tharoor a passé sa jeunesse à Bombay et Calcutta. Il fait ses études à St. Stephen’s College (Delhi) et obtient un doctorat de sciences politiques à Tufts University (États-Unis). Haut fonctionnaire aux Nations Unies depuis 1978, il occupe actuellement des fonctions importantes au siège de l’Organisation à New York. Shashi Tharoor est l’auteur de beaucoup d’éditoriaux, commentaires, et nouvelles publiés en Inde et en occident. Son « Grand Roman indien », grande fresque retraçant l’histoire de l’Inde moderne, suit la trame du mythique Mahabaratah. Unanimement salué par les critiques, son roman a été couronné par trois prix littéraires. Suivront de « Show Business » et « L’Emeute », ainsi que de deux essais sur l’Inde. Son dernier livre paru en France, Un Sourire à cinq dollar, rassemble une quinzaine de nouvelles écrites lorsqu’il avait entre quinze et vingt ans.

Résumé du "Grand Roman Indien"

Voilà un livre qui porte bien son titre !
Ce roman de Shashi Tharoor est, en vérité, immédiatement, un grand roman indien. Mais il pourrait bien être « LE » grand roman de l'Inde moderne.

Tout en y injectant de bonnes doses, réjouissantes, de l'humour et de la dérision qu'on lui connaît (si on a lu le flamboyant et trépidant Show Business), l'auteur reconstruit en effet l'Histoire contemporaine de l'Inde sur les structures narratives de l'épique et mythique Mahabharata.

De ce fait, ce grand roman indien peut être considéré, et peut se lire, et se lira sans doute un jour, universellement, comme le nouveau Mahabharata, c'est-à-dire comme le Verbe fondateur de la nouvelle Inde. Cela n'augure pas, a priori, me direz-vous, une lecture facile.

Disons que cela oblige le lecteur à en faire plusieurs lectures.

Mais ne rebutons pas les lecteurs potentiels (c'est-à-dire toute personne qui sait lire, car dans un premier temps, tout quidam peut et doit lire ce livre !).

Certes, le premier parcours sera celui de la lecture de plaisir. En effet, en surface, l'auteur vous offre une « histoire » passionnante, romanesque, voire rocambolesque, nourrie d'aventures et d'exploits physiques, politiques, amoureux, dont l'intrigue haletante aux mille rebondissements vous entraîne de la première à la dernière de ses 500 pages avec ce pouvoir propre aux bons romans, qui vous fait regretter d'avoir à arrêter votre lecture pour satisfaire vos besoins de la vie quotidienne (manger, boire, dormir, quand on a en mains cette merveille... !!!???).

Mais il serait dommage de ne pas aller plus loin.

Il faut donc prévoir les étapes, nécessaires, qui suivent :

1- se promettre de partir vite à la découverte du Mahabharata.
2- s'engager à se mettre, incessamment, en quête de savoir sur l'Histoire de l'Inde au 20e siècle
3- relire Le grand roman indien à la lumière des connaissances acquises
4- repasser par l'étape 1
5- continuer, ad vitam aeternam, car ce livre, ce pays, ce peuple le méritent

Alors Le grand roman indien prendra, soyons-en persuadés, toute sa saveur. Alors nous comprendrons la saga politico-familiale qui illustre l'Histoire indienne récente. Alors nous apparaîtra tout le non-dit, l'allusif, le goût subtil, le discret parfum des affaires de famille, tout ce qui fait que l'univers verbal, scriptural d'un auteur de l'ampleur de Shashi Tharoor, dont tout le discours est Inde, n'est pas, ne peut pas être, d'entrée de chapitre, accessible dans sa globalité aux incultes non initiés que nous sommes, nous, Occidentaux, devant cette civilisation monumentale.

Patryck Froissart, le 1er juin 2006 (article tire de l'Express)

 

LE PAYS DES MARÉES D'AMITAV GOSH

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Né en 1956 à Calcutta, Amitav Gosh a passé son enfance au Bangladesh, au Sri Lanka, en Iran et en Inde. Il vit actuellement à New-York après avoir enseigné à l’Université de Delhi.

Sa littérature brasse donc plusieurs cultures et regorge d’aventures et de voyages.

Le pays des marées est son dernier roman. Il nous plonge dans la région marécageuse du golfe du Bengale, à la frontière de l’Inde et du Bangladesh, à la confluence du Gange et du Bramahpoutre. A travers le destin de personnages attachants, Ghosh nous retrace l’Histoire de la colonisation d’une région de mangroves, d’îles luttant contre l’eau et les intempéries. Il y a de magnifiques descriptions de paysages insulaires entre mer et forêts. Les tigres, les crocodiles et les dauphins viennent enchanter cette contrée.

Kanaï, un traducteur sophistiqué de Calcutta, débarque dans le pays des marées pour recevoir le cadeau de son oncle défunt : un manuscrit écrit peu avant sa mort, une sorte de testament spirituel. Il y croise la route de Piya, une cétologue américaine venue étudier le comportement des dauphins d’eau douce. Cette dernière va être aidée par Fokir, un pêcheur illettré, qui va la conduire sur la route des dauphins. Le cœur de Piya va bien sûr osciller entre l’illettré Fokier et le raffiné Kanaï. …

Alors que Kanaï va découvrir les derniers jours de son oncle, un ex-révolutionnaire qui décide de s’engager pour la cause de réfugiées bengalis au crépuscule de sa vie ainsi que la lutte des hommes pour conquérir un territoire hostile, Piya va lutter pour la protection de l’environnement et des espèces animales menacées par la colonisation humaine.

Amitav Ghosh évite tout manichéisme entre une colonisation qui serait à condamner et l’écologie sans prise en compte du facteur humain en évitant de prendre partie pour l’un ou pour l’autre : ainsi, il met en scène la répression dans le sang de la colonie des réfugiés bengalis par les autorités indiennes.

L’oncle de Kanaï incarne l’idéalisme révolutionnaire qui rêve d’une utopie où tout être humain aurait sa propre terre ; il trouvera la mort au côté des réfugiés bengalis luttant pour leurs terres. Amitav Ghosh nous raconte l’humanisation progressive des îles du pays des marées grâce à l’action de David Hamilton, un lord anglais du début du siècle, qui distribua des terres aux pauvres paysans et installa des infrastructures sociales et culturelles au service de la population. Piya incarne une autre utopie, celle du respect de la nature.

En nous emmenant au cœur de ces deux idéalismes (la société humaniste et la nature inviolée), Ghosh nous fait découvrir également les légendes et mythes de cette région du Bengale : les dauphins messagers de Bon Bibi, la déesse protectrice qui lutte contre Dokkhin Rai, un puissant souverain démon qui commande à tout être vivant dans la forêt. Au lendemain d’un conflit entre le bien et le mal, Bon Bibi prend sous sa protection le marais désormais habitable alors que la jungle sera pour toujours soumise à l’emprise des démons. Mais parfois l’avidité humaine peut passer outre cette frontière…

A travers cette légende, Ghosh fait s’entrecroiser avec talent la culture musulmane et hindoue. Une bonne occasion de découvrir cette région peu connue du Bengale….

Je vous conseille de dévorer rapidement ce roman hors norme : le romanesque (l’amour, l’aventure, le suspens) se mêle habilement à l’étude anthropologique et écologique de la région (milieu climatique, zoologie, contes et légendes…) Un pur régal !

L'autre grand roman d'Amitav Ghosh, c'est "Le Palais des Miroirs"

Dans Le Palais des Miroirs, Amitav Ghosh raconte l’épopée des ouvriers agricoles indiens enrôlés dans les plantations de caoutchouc de la Birmanie. Il a découvert le côté sordide d’une colonisation que les Britanniques ont encore du mal à nommer et il nous la raconte dans ce roman.

Le Palais des miroirs est son cinquième roman. Sur fond des événements historiques majeurs qui ont transformé le visage de l’Asie méridionale au XXe siècle, ce livre raconte le destin tragique et grandiose d’une famille indo-birmane sur trois générations. Le roman s’ouvre sur le départ en exil en 1886 du dernier roi birman dont les soldats ont été mis en déroute par une armée britannique surpuissante. Le livre se clôt sur une réunion publique devant la maison de la résistante birmane Aung San Suu Kyi. Ces deux événements encadrent les drames et les tourments individuels de protagonistes hors du commun, balayés par les forces de l’histoire. Aucun n'est ni tout blanc, ni tout noir...étant toujours profondément et cruellement humain. C’est avec un vrai talent de conteur que Ghosh raconte l’évolution de ses personnages, leurs victoires, leurs échecs et leurs dilemmes. L’art de l'écrivain réside aussi dans la qualité évocatrice issue de son imagination foisonnante, dans la précision de ses descriptions et dans sa vision subversive et très réaliste de la marche de l’histoire...

Un roman passionnant à lire absolument.

Le Palais des miroirs, d’Amitav Ghosh, Éditions du Seuil, 563 pages

LE DIEU DES PETITS RIENS D'ARUNDHATI ROY

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Arundhati Roy est la plus célèbre écrivaine indienne de langue anglaise avec Anita Desaï. Elle est également connue pour ses engagements politiques contre le nucléaire et pour la défense de l'environnement (Le coût de la vie).

Dans son premier roman, grand succès international traduit en plus de 30 langues, elle dénonce l'injustice de la société indienne fondée sur le système des castes.

Rahel et Estha Kochamma sont jumeaux de sexes opposés. Leurs retrouvailles après 23 ans de séparation douloureuse est l'occasion pour Estha, la fille, de se souvenir. Réminiscence de leur enfance, de leur profond et mutuel attachement encore amplifié par l'amour qu'ils éprouvent pour leur mère divorcée.
Les souvenirs s'enchaînent non par ordre chronologique mais plutôt comme dans les rêves, au gré d'associations d'idées et viennent tous achopper sur le souvenir d'un drame. Ce drame est ébauché par petites touches que la mémoire essaie d'esquiver mais qui finit par se construire, grossir et exploser dans toute sa poignante horreur.

Un récit émouvant et poétique qui nous entraîne dans l'univers de deux enfants trop sensibles et plein d'imagination. Leur vision du monde est décrite avec beaucoup d'humour et de drôlerie, mais le drame, les coups durs ne sont jamais loin...et on les perçoit à travers leurs yeux.

"Se taire est un acte politique, de même que protester. Quiconque prend conscience des désastres de la mondialisation n'est plus innocent, il est contraint de s'engager, constate l'Indienne Arundhati Roy"

Arundhati Roy, après des études d'architecture, s'est consacrée au cinéma en tant que décoratrice et scénariste. Elle vit à Delhi. Le Dieu des Petits Riens, son premier roman, a été salué comme un événement littéraire dans tout le monde anglophone, et s'est vu décerner le Booker Prize en 1997.

Romancière lauréate du Booker Prize en 1997, Arundhati Roy est célèbre aussi pour son combat pacifiste contre l'armement nucléaire de son pays et pour sa récente prise de position contre l'offensive américaine en Afghanistan. Son militantisme écologiste contre la construction de gigantesques barrages dans la vallée de la Narmada en Inde lui a valu, au début du mois de mars, une peine symbolique d'une journée de prison et une amende de 2 000 roupies (50 euros) pour avoir dénoncé la décision de justice d'autoriser les travaux d'un barrage. Né en 1961 au Bengale-Occidental, Arundhati Roy a passé son enfance dans un petit village du Kerala, au sud du pays, où cohabitent paisiblement l'hindouisme, l'islam et le christianisme. Elle a aussi écrit "Le Coût de la vie" (édité chez Gallimard).

 

L'INTERPRÈTE DES MALADIES DE JHUMPA LAHIRI

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Jhumpa Lahiri est indienne, mais elle est née et vit à Londres depuis 1968. Ce recueil de nouvelles est son premier ouvrage, couronné par le prix Pulitzer 2000.

Ce livre est une compilation de 9 courtes histoires en rapport avec l'Inde ou les indiens, mais on a aucun besoin d'avoir une connaissance de cette culture pour apprecier ces histoires, car leurs histoires sont universels et traduisent les réflexions de tout le monde. Le style exceptionel de l'auteur ne vous donne pas envie de reposer ce livre, il n'y a aucune nouvelle meilleure qu'une autre, elles sont toutes excellentes. Et ce que j'ai le plus apprecie c'est que l'auteur vous raconte vraiment des histoires, des histoires toutes simples et touchantes, par petites touches. Ne vous attendez à rien de dramatique. J'ai beaucoup apprecie ce livre, j'espere que vous aussi.

Lorsqu'elle a obtenu le prix Pulitzer de littérature 2000, Jhumpa Lahiri, trente-trois ans, est restée sous le choc. C'est quelque chose, aurait-elle dit, qui aurait dû lui arriver dans vingt-cinq ans, pas pour un premier livre. Ce qui a surtout épaté les critiques américains, c'est qu'il s'agit non seulement d'un premier livre, mais d'un livre de nouvelles et qu'il lui avait été difficile de trouver un éditeur, la plupart des maisons d'édition préférant - erreur largement répandue - les romans. Toujours est-il que le jury du Pulitzer ne s'est pas posé ce genre de questions, et à juste titre. Il n'est pas fréquent de trouver un auteur, jeune ou pas, qui s'impose ainsi rapidement, avec quelques textes courts, par son originalité et son talent. L'originalité provient, en partie, de la double culture de l'auteur, Indienne de la diaspora, née à Londres en 1967, élevée à Rhode Island et vivant à New York, mais qui est souvent retournée à Calcutta avec ses parents, quitte à manquer l'école parfois plusieurs mois d'affilée. Mais ce "parfum" exotique n'est pas tout...et ne serait rien d'ailleurs sans une vraie maîtrise de l'écriture - relayée pour le lecteur français par la traduction de Jean-Pierre Aoustin - et de construction littéraire ... Ces nouvelles fourmillent de détails bien réels et quotidiens, mais toujours empreints de grâce et de délicatesse et d'un souci de la gestuelle plus encore que des faits ou des dialogues. Ce sont les histoires qui se passent aux Etats-Unis qui sont les plus frappantes. Celles qui ont l'Inde pour cadre, et plus particulièrement Calcutta, tiennent plus de la fable ou de la parabole, à l'exception de la nouvelle qui donne son titre au recueil, "L'interprète des maladies", qui se situe justement entre le Nouveau et l'Ancien Monde.

A lire absolument.

Autre livre de Jhumpa Lahiri Un nom pour un autre (je ne l'ai pas lu).
Roman
Collection « Pavillons »
Robert Laffont
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen

À travers l’histoire d’un jeune Américain d’origine indienne rejetant le prénom bengali qu’on lui a donné, Jumpa Lahiri offre une évocation sensible du déracinement et des conflits intimes liés à la double culture. À la naissance de leur fils, Ashoke et Ashima attendent une lettre de la grand-mère qui doit, c’est la coutume en Inde, choisir son prénom. Mais la lettre n’arrive pas à Cambridge (Massachussets). Ashoke est contraint d’improviser et choisit d’appeler son fils Gogol (auteur qu’il lisait lors d’un accident meurtrier dont il sortit miraculeusement indemne). Grandissant comme un petit Américain, Gogol refusera longtemps qu’on l’appelle par le prénom bengali dont il a finalement été doté : Nikhil. Au risque de se couper de ses racines… L’histoire de sa réconciliation avec ce nom est aussi l’histoire de l’intégration d’une famille aux États-Unis.

Jhumpa Lahiri recueille avec une minutie pleine de tact le mal de vivre, la nostalgie ou l’espoir, les sentiments d’une famille de déracinés. La panique, secrète mais intense, d’Ashima, la mère, la première fois qu’elle entre dans un appartement américain ; les « minutes américaines » qu’elle consulte avec sa montre ; le désarroi de Gogol et de sa sœur arrivant dans leur famille, en Inde, avec laquelle ils ne partagent qu’un nom : autant d’émotions ou de moments concrets que Jhumpa Lahiri capte et interprète, se faisant témoin des souffrances, des déchirures qui habitent ses personnages. Après L’Interprète des maladies, recueil de nouvelles récompensé par le prix Pulitzer en 2000 et traduit en vingt-neuf langues, ce premier roman, plébiscité par la presse anglo-saxonne, était attendu. (www.laffont.fr/cgi-bin/affichagel.asp?code=2-221-10064-6)

 

L'ÉQUILIBRE DU MONDE DE ROHINSTON MISTRY

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


L'histoire de ce roman fleuve se situe en 1975 à Bombay, lorsque Indira Gandhi décrète l'Etat d'urgence. Quatre destinées radicalement différentes se rejoignent contre toute attente dans l'appartement de Dina Dalal. Jolie veuve d'une quarantaine d'années, Dina est la digne fille de son père, médecin parsi qui s'était sacrifié pour soigner les pauvres dans les campagnes. Rejetant l'autorité de son frère Nusswan, Dina avait épousé par amour un homme sans envergure sociale. Sa mort accidentelle l'avait laissée dans la misère. Sa seule ressource: le modeste appartement conjugal. Elle y ferait de la confection avec l'aide de deux tailleurs, y ajouterait un hôte payant, le tout en cachette du redoutable propriétaire et de son pittoresque collecteur de loyers. Les deux tailleurs, Ishvar et son neveu Omprakash, appartiennent à la caste des intouchables Chamaar. Leur effroyable histoire soulève le gravissime problème des castes en Inde: en abandonnant le métier de tanneur de cuir auquel le vouait irrémédiablement sa naissance, le frère d'Ishvar avait dramatiquement bousculé l'ordre des choses. Lorsque Ishvar et son neveu tentèrent leur chance à la ville après le massacre de leur famille, ils se retrouvèrent au chaud dans l'appartement. Le locataire enfin, Maneck Kohlal, quitte une montagne admirable et un père rétrograde pour étudier en ville les techniques de la réfrigération. Voilà un conflit de générations froidement réglé. Quatre personnages apprendront à se connaître, à cohabiter, malgré leurs différences de caste, d'âge, de classe, de religion, pendant qu'au dehors l'Etat d'urgence fait rage avec le massacre des opposants et le scandale des stérilisations forcées. Outre l'étude des caractères, les tragédies personnelles et politiques, une multitude de silhouettes et d'aventures cocasses ou dramatiques animent cette fresque grouillante d'humanité, qui couvre avec humour et tendresse huit ans de vie contemporaine en Inde. Un roman puissant, fort, violent, parfois insoutenable, mais un grand roman, une grande écriture. Un livre qui vous étreint... qui vous bouleverse. Un choc.

Un grand roman de l'Inde où s'incarnent toute la souffrance, l'absurdité, mais aussi la beauté d'un pays. Les deux tailleurs, Ishvar et Omprakash, des " intouchables " et Maneck, descendu de ses lointaines montagnes pour suivre des études sont les trois principaux personnages de cette grande fresque. Rohinton Mistry réussit un portrait bigarré et sensible qui est tout à la fois une parabole de la condition humaine et l'odyssée d'une nation.Scènes de tendresse, épisodes d'une drôlerie pathétique, séquences de violences et d'horreurs, problèmes politiques en arrière-plan.
Nos quatre personnages vivent d'abord entre eux dans un climat de suspicion puis apprennent à se respecter, se considérer, s'aimer et donner un sens à leur vie malgré les difficultés et les malheurs mais tout ne se termine pas comme on le souhaiterait: les pesanteurs familiales et sociales sont là pour rappeler à chacun sa route... Lisez ce livre il ne vous laissera pas indifférent et vous fera réfléchir encore, une fois sa lecture achevée.

Né à Bombay en 1952, Rohinton Mistry immigre au Canada en 1975, et est employé dans une banque de Toronto. Il commence à écrire des nouvelles en 1983, pendant qu'il fréquente l'Université de Toronto, et peu après, il remporte deux prix littéraires Hart House, et le Contributor's Prize de 1985 du Canadian Fiction Magazine.

En 1987, Penguin Books Canada publie son recueil de 11 nouvelles, Tales from Firozsha Baag, qui décrivent la vie quotidienne des locataires d'un immeuble d'appartements de Bombay. L'espoir prévaut dans ces nouvelles, et les personnages de Mistry, composés avec soin et compassion, survivent et travaillent dans des circonstances difficiles vers un avenir meilleur.

Le premier roman de Rohinton Mistry, Such a Long Journey, trace à la fois le portrait vivant de la vie de famille en Inde et raconte une histoire riche sur les plans du contenu, des personnages et du symbolisme. L'histoire se passe à Bombay en 1971, au moment où l'Inde est en guerre au sujet de ce qui allait devenir le Bangladesh. Voilà le contexte politique des événements malheureux qui perturbent les vies d'un bon Parsi, Gustad Noble, de sa famille et de ses amis. Mistry met habilement en parallèle des événements publics -- dont Indira Gandhi fait partie -- avec l'infortune des personnages principaux de roman. «Les aspects intimes de l'histoire ne sont pas simplement mis en balance avec la situation politique; ils se révèlent comme étant les manifestations personnelles de la même réalité, au fur et à mesure que la vie des personnages est entraînée dans la corruption et l'incompétence virulentes des pouvoirs publics.» 2

Quand Such a Long Journey est publié en 1991, il remporte le Prix littéraire du gouverneur général, le Commonwealth Writers Prize du meilleur livre, et le Prix du premier roman de W.H. Smith/Books in Canada. Le roman a été en nomination pour le prestigieux prix Booker et pour le prix Trillium. Le roman a été traduit en allemand, en suédois, en norvégien, en danois et en japonais.

"A Fine Balance", titre original de 'l'Equilibre du Monde" est son roman le plus célèbre.

 

COMPARTIMENTS POUR DAMES D'ANITA NAIR

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Akhila, la quarantaine, restée célibataire pour s'occuper des siens, décide de partir, seule, à l'extrémité sud de l'Inde, et de faire le point sur une vie qu'elle a l'impression de n'avoir pas vécue. Dans le train, elle fait la connaissance de ses compagnes de voyage. A travers les confidences de ces femmes, Akhila cherche la réponse aux questions qu'elle se pose : une femme a-t-elle vraiment besoin d'un homme pour être heureuse, pour se sentir épanouie. Comment trouver en soi la force de vivre la vie qu'on a choisie, redevenir maîtresse de son destin ? Traduit de l'anglais (Inde).

Un jour, Akhila décide de partir vers l'extrémité sud de l'Inde, là où se rencontrent l'océan Indien, la baie du Bengale et la mer d'Arabie, pour faire le point sur une vie qu'elle a l'impression de n'avoir pas vécue. Dans le train qui la conduit à destination, elle fait la connaissance de ses compagnes de voyage, avec lesquelles elle va partager toute une nuit l'intimité d'un compartiment pour dames. A travers leurs confidences Akhila cherche la réponse aux questions qu'elle se pose : une femme a-t-elle vraiment besoin d'un homme pour être heureuse, pour se sentir épanouie ? Comment trouver en soi la force de vivre la vie qu'on a choisie, de redevenir maîtresse de son destin ? En écoutant les femmes qui l'accompagnent, dont les récits reflètent ses propres contradictions, et en se replongeant dans un passé fait de renoncement, de sacrifices et de frustrations, Akhila comprend qu'elle seule peut trouver une issue à ses interrogations. Ce roman à plusieurs voix où, le temps d'un trajet partagé, s'entrecroisent des destins de femmes proches de nous par leurs forces et leurs faiblesses, est aussi celui d'un voyage à la découverte de soi qui éveillera des résonances en chacun ou chacune de nous.

Anita Nair a trente-six ans et vit en Inde, à Bangalore. Elle est auteur de nouvelles, poète, et éditorialiste. Son premier roman, The Better Man, qui la révéla au grand public comme une voix singulière parmi les grands noms de la littérature indienne d'aujourd'hui, vient d'être publié aux Editions Philippe Picquier.

LES MILLE VISAGES DE LA NUIT (GITHA HARIHARAN)

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Les histoires bien tournées me plaisent infiniment, les commentaires y abondent. Pourtant, je n'ai guère eu l'occasion d'écouter autre chose que des récits qui sont comme la pointe d'un iceberg. Et j'ai toujours eu la sottise de poser des questions. Devi, la narratrice, déclare d'emblée son amour des histoires. Petite fille de l'Inde du Sud, elle a écouté les contes de sa grand-mère sur les déesses guerrières et les nobles épouses prêtes aux plus grands sacrifices - ces légendes fabuleuses qui brillent tout au long du roman. Pourtant, quand elle se retrouve femme, dans un mariage arrangé avec un homme qu'elle n'aime ni ne déteste, dans une vaste demeure vide entourée d'un jardin trop ombragé, elle dérive loin du secours des mythes. Seule la musique saura encore la toucher et l'entraînera vers une vie irrémédiablement hors des normes. Si le monde évoqué ici est exotique, il est en même temps familier, comme si les désirs et le destin de cette jeune femme indienne contenaient les rêves et les cauchemars de toutes les femmes. Avec une grande maîtrise du récit où légendes et événements s'imbriquent, avec un art consommé du dialogue, Githa Hariharan mène brillamment son premier roman. Un bien joli roman d'ailleurs, même si par endroit, on y trouve quelques maladresses...

LA JEUNE FILLE QUI MARCHAIT SUR L'EAU, DE SIDDHART DHANVANT SHANGHVI

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


La jeune fille qui marchait sur l’eau ». C’est un livre plein de force, de lyrisme, de violence, d’amour, avec des personnages d’une humanité et d’une vérité incroyable…En un mot, voici un roman passionnant que j’ai adoré, un véritable coup de coeur que je vous conseille.

L'histoire se passe à Bombay, dans les années 1920, Anuradha et Vardhmaan se marient. De cette union arrangée par les familles naît un amour absolu et total entre les deux époux. «Au début, c'est un conte de fées, explique Shanghvi, puis les démons entreront dans le conte. Mais il y a si peu de différences entre les fées et les démons.»

Pour lire, comprendre et aimer ce roman il faut accepter la logique indienne, l'irréalité du temps qui est «un tissage où la vie s'intègre d'année en année», la puissance du destin, la force du karma. En effet dans ce roman, la mythologie côtoie le réalisme cru et la musique est au cœur de l'histoire, comme un vrai personnage. Après les premières joies du mariage, le plaisir des corps, la découverte de la merveilleuse vie à deux…le bonheur paisible du jeune couple se trouve bouleversé par la mort du premier enfant dans un triste accident puis l'arrivée d'un autre garçon, muet - Shloka - et d'une fille adoptive - Nandini - qui deviendra peu à peu le personnage central du livre. Car Nandini va représenter l'indépendance indienne à travers sa hardiesse, son insolence. Elle est à la fois peintre et modèle, capable de «marcher sur l'eau» et de « s'accoupler » avec un fauve. Ce que j'aime dans ce roman c'est que c'est un conte de fées moderne explore l'amour et la perte, l'amitié et la solitude, les travers humains avec toujours la magie en filigrane. C'est une histoire d'amours, de renoncements, de désirs : la saga d'une famille sur laquelle pèse la fatalité, mais qui ne cède jamais.

Le lecteur ne manquera pas de s'en apercevoir, une jolie paire de fesse croquée par une photo rétro fait la couverture de ce premier roman traduit de Siddhart Dhanvant Shanghvi, jeune star de la littérature indienne âgée de seulement vingt-six ans. Alors vous allez-vous me demander, le sexe est-il la grande affaire de cette chatoyante fresque romanesque de quelque quatre cent cinquante pages ? Ce serait réducteur de penser ça et de s'arrêter uniquement à la couverture du livre. Du sexe, non. Mais de l'érotisme, oui. Voire plus sobrement la sensualité : elle affleure à chaque page de cette saga au doux parfum d'orient. Amour, intrigue sentimentale, bourgeoisie éclairée, pouvoir, émancipation féminine, révolution esthétique et politique, exotisme suranné… tous les ingrédients d'un grand roman d'évasion sont ici réunis pour séduire le lecteur. Et cela marche. De page en page, de chapitre en chapitre, au rythme capiteux du Désir et de l'Histoire en train de se faire, de se vivre.

Passionné de musique, le romancier a construit son livre comme une symphonie, passant de plages fougueuses en moments apaisés. Il a voulu y raconter l'histoire d'une famille, d'une maison, d'une génération, mais aussi d'un monde en perpétuelle métamorphose.

En situant sa fiction dans les années 1920 du côté de Bombay, il peut y évoquer l'indépendance des femmes, le cinéma de Bollywood avec ses producteurs et ses stars impossibles. D'ailleurs l'auteur est le fils d'un grand producteur de films Bollywood...

Si la jeune Anuradha, personnage féminin central du roman (avant de se faire voler la vedette par Nandini la fille qui marche sur l'eau) reste une épouse presque cloîtrée, Nandini est au contraire la femme de tous les dangers. Elle veut s'essayer à toutes les expériences, et apparaît tour à tour séduisante et dangereuse, sensuelle et glaciale selon les moments.

Shanghvi a pris des libertés avec une époque qui n'est qu'un prétexte au fond, tout comme il adore mêler le réalisme le plus brut avec les légendes les plus traditionnelles. Pour son livre, il s'est nourri d'anecdotes pendant quatre ans. «Lorsque j'étais étudiant à Londres, explique-t-il, mes amis me disaient: si tu nous racontes une histoire, nous t'offrons un verre. Au bout d'un an, j'avais assez d'histoires pour écrire un roman. Ensuite, je me suis intéressé aux nuances.»

Aujourd'hui, le jeune écrivain se rend dans tous les pays où son roman est traduit, heureux de découvrir l'Europe, s'amusant à comparer les réactions des lecteurs. «En Inde, c'est l'histoire qui intéresse avant tout. En Angleterre, on me parle de l'élégance du monde que je décris. En France, c'est l'esthétisme et la sexualité et en Italie, la passion.» Son humour est teinté de réserve mais il reconnaît avoir aimé jouer avec les codes littéraires, glissant du fantastique à la saga familiale. "La fille qui marchait sur l'eau" a le souffle des romans qui embrassent les grands thèmes: l'amour, la perte, la vengeance, l'ambition, la passion. On y trouve la musique, la peinture, le cinéma, la littérature, la sensualité mais aussi cette mélancolie indienne qui accepte son sort, regarde le monde en sachant que le destin ne se contrôle pas et qu'il vaut mieux fermer les yeux, écouter le chant du crépuscule pour retrouver les êtres chers.

 

SANGATI DE BAMA

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Ce soir, dans un village tamoul du sud de l'Inde, l'assemblée des Parias est réunie. Seuls les hommes siègent- les femmes sont juste tolérées, debout et pourvu qu'elles ne fassent pas de commentaires. Or se taire est impossible, quand elles entendent le verdict humiliant qui frappe la jeune et innocente Mariyammâ. Mais comment s'opposer au pouvoir des puissants - les hommes -, et comment faire entendre, au sein même du groupe au plus bas de la hiérarchie sociale, la voix des femmes, en l'occurrence de la justice ?

Dans ce tableau truculent d'un quartier villageois comme tant d'autres, à ceci près que les Parias y sont chrétiens, les femmes tiennent le devant de la scène, de Grand-mère Vellaiyammâ à la Fille-aux-yeux-de-khôl, de la vieille Sammouga, querelleuse patentée, à Pêtchi la divorcée. Elles sont les héroïnes obscures des événements quotidiens qui transforment l'Inde profonde, à l'heure où le vieux système des intouchables craque, mais où persistent les rapports de pouvoirs et les modes de pensée que commandent la caste, l'argent, et la vieille domination masculine. En attaquant l'ordre social, Bama privilégie une langue directe, vive et verte, où les dialogues expriment la violence et la rage, la résignation et le courage, mais aussi la drôlerie, qui animent ces femmes de l'Inde profonde.


 

LES FABULEUSES AVENTURES D'UN INDIEN MALCHANCEUX QUI DEVINT MILLIARDAIRE DE VIKAS SWARUP, ROXANE AZIMI (TRADUCTION)

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Splendeur et misère de l'Inde d'aujourd'hui ou les rocambolesques aventures d'un gamin des rues qui rêve de devenir quelqu'un. Une galerie de portraits colorée, un voyage dans les recoins les plus sombres, d'un pays fascinant, une construction brillante pour une oeuvre originale. Quand le jeune Rani Mohammad Thomas devient le grand vainqueur de " Qui veut gagner un milliard de roupies ? ", la production soupçonne immédiatement une tricherie. Comment un serveur de dix-huit ans, pauvre et inculte, serait-il assez malin pour répondre à douze questions pernicieuses ? Accusé d'escroquerie, sommé de s'expliquer, Ram replonge alors dans l'histoire de sa vie... Du prêtre louche qui laisse trop volontiers venir à lui les petits enfants à la capricieuse diva de Bollywood, du tueur à gages fou de cricket au diplomate australien qui espionne sa propre famille, des petits mendiants des bidonvilles de Bombay aux touristes fortunés du Taj Mahal, au fil de ses rencontres, le jeune homme va apprendre que la fortune sourit aux audacieux...

Biographie de l'auteur

Né en 1963 à Allahabad, en Inde, Vikas Swarup est diplomate. Il a été en poste en Turquie, aux Etats-Unis, en Ethiopie et en Grande-Bretagne. Il travaille actuellement au ministère des Affaires Etrangères à New Delhi. Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, son premier roman, ont connu un succès phénoménal en Inde et vont être traduites en quinze langues. Vikas Swarup est marié et père de deux garçons

Il s'agit d'un superbe livre qui est mené tambour battant. Le héros est très attachant et surtout la construction du livre est faite de manière très intelligente. Un livre, qui une fois commencé, est quasiment impossible à quitter. Cerise sur le gâteau, ce livre est trés riche d'informations sur l'Inde ce qui en rajoute encore à son charme. Au final, un superbe roman émouvant, qui prend aux tripes et qui par moment sait se montrer très drôle. Un petit bémol, la fin peut paraître un peu surfaite pour les lecteurs non amateurs de happy-end. Pour ma part, j'ai adoré ce livre de bout en bout. A ne pas rater !

Ce roman mélange candeur, noirceur, optimisme et humour, l'auteur raconte des histoires parfois terriblement sordides avec un détachement surréaliste et un optimisme forcené. On en apprend beaucoup sur les multiples facettes de la société indienne et il faut souvent se rappeler que tout ceci se passe de nos jours. Le héros est très attachant, le bouquin se dévore avec passion. Je le recommande partout autour de moi !

Un jeune indien quasi inculte vient de gagner un milliard de roupies lors d'un jeu TV mais est accusé de tricherie. Il raconte alors à son avocate sa vie, entre souffrance, malheurs et petits bonheurs au coeur de l'Inde actuelle, avec nombre de rencontres diverses qui lui apporteront plus que prévu. On vibre, on rit, et une fin vraiment surprenante ! Traduit en 28 langues, le livre sera également adapté au cinéma et en comédie musicale... Ainsi les aventures très Bollywoodiennes quelque part de ce jeune homme seront chantées et dansée et bientôt le destin merveilleux de Ram, lauréat jugé indigne de sa récompense, sera un héros de film Bollywood.

 

LE TAPIS ROUGE, LAVANYA SANKARAN

Quelques romans et auteurs indiens à découvrir ou à redécouvrir


Il paraît que neuf éditeurs américains ont bataillé ferme pour acquérir les droits de ce petit bijou, le premier livre de Lavanya Sankaran. Cette jeune femme d'à peinte trente ans a un parcours pour le moins atypique : banquière et conseillère en investissement, d’abord à New York, puis désormais à Bangalore, la « Silicon Valley » de l’Inde.

Elle y est née, y réside et c’est là qu’elle situe les huit nouvelles qui composent Le tapis rouge, au cœur même de la rencontre quotidienne entre une extrême modernité et, toujours sous-jacentes, les vieilles traditions. En minijupes, le nombril à l’air, ses héroïnes écoutent Eminem, boivent sec, gagnet vite et bien beaucoup d’argent, l’œil rivé à leur ordinateur. Mais au fond d’elles-mêmes, que cherchent-elles ?

Les hommes — jeunes ou moins jeunes — les observent. Les premiers, plutôt fascinés — voir Ramu, qui laisse sa mère lui chercher une fiancée « comme il faut » mais n’a en fait d’yeux que pour la pétulante Ashuvini. Et les seconds, carrément choqués, — voir Rangappa, le pauvre chauffeur, épouvanté par les tenues provocantes de sa jolie patronne, ainsi que son goût pour l’alcool.

Lavanya Sankaran écrit très bien, manie la note d’humour et le moment de tendresse quand il le faut. Mais elle a aussi le regard incisif, le trait de plume qui porte. Ses personnages sont criants de vérité et chaque nouvelle est un petit roman en soi. Un joli moment de lecture...ou plusieurs petits bonheurs de lecture. Best-seller en Inde, Le tapis rouge est traduit ou va l’être dans 15 pays.

 

Carnets  de voyage

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