
_______________________________
Honoré de Balzac est né à Tours en 1799 où son père,qui s'appelait en réalité Balzac sans particule était administrateur de l'hospice.Le romancier a peut être héritè de lui son goût prononcé pour les idées et les systèmes.Ainé de quatre enfants,sa soeur nous confie à ce sujet: " Mon frère est né à Tours le 16 mai 1799, jour de Saint-Honoré. Ce nom plut à mon père, et quoiqu'il fût sans précédents dans les familles paternelle et maternelle, il le donna à son fils.Ma mère avait perdu son premier enfant en voulant l'allaiter. On choisit, pour le petit Honoré, une belle nourrice qui demeurait à la porte..." Honoré marquera pour sa soeur Laure une prédilection partagée".
De 1807 à 1813 il est pensionnaire chez les oratoriens de Vendôme, "Quand il eut sept ans, il passa d'un externat de Tours au collège de Vendôme, fort célèbre alors. Nous allions régulièrement le
voir chaque année à Pâques et à la distribution des prix; mais fort peu couronné aux concours, il recevait plus de reproches que de louanges pendant ces jours qu'il attendait si impatiemment, et dont il se faisait à l'avance tant de joie .....poursuit sa soeur Laure
Il resta sept années dans ce collège, où il n'y avait jamais de vacances. Le souvenir de ce temps lui inspira la première partie du livre de Louis Lambert. Dans cette première partie, Louis Lambert-et lui ne font qu'un, c'est Balzac en deux personnes. La vie de collège, les petits événements de ses ours, ce qu'il y souffrit et y pensa, tout est vrai, jusqu'à 'ce traité de la volonté, qu'un
de ses professeurs (qu'il nomme) brûla sans le lire, dans sa colère de le trouver au lieu du devoir qu'il demandait. Mon frère regretta toujours cet écrit comme un monument de son intelligence à cet âge. Il avait quatorze ans quand M. Mareschal, le directeur du collège, écrivit à notre mère, entre Pâques et les prix, de venir en toute hâte chercher son fils. Il était atteint d'une espèce de coma qui inquiétait d'autant plus ses maîtres, qu'ils n'en voyaient"
puis son père étant nommé à Paris dans l'administration des vivres.Il fréquente deux institutions parisienne."que de louanges pendant ces jours qu'il attendait si impatiemment, et dont il se faisait à l'avance tant de joie "Mon père voulut qu'Honoré fit son droit, subît tous ses examens, et passât les trois années de son cours chez l'avoué et le notaire, afin d'y apprendre les détails de la
procédure, et la forme et la teneur de tous les actes. L'éducation d'un homme n'était pas complète, selon mon père, s'il ne connaissait pas les législations anciennes et modernes et surtout les lois de son pays. Honoré entra dans l'étude de M. de Merville, notre ami. M. Scribe venait de la quitter. Après dix-huit mois de séjour chez cet avoué, il fut reçu chez M. Passez, notaire, où
il resta le même temps. M. Passez habitait la maison où nous demeurions et était aussi l'un de nos intimes. "Clerc chez un avoué,il commence son droit ,suit des cours à la Sorbonne en se passionnant pour la philosophie.Comme il affirme une vocation littéraire,sa famille l'installe dans une mansarde" et lui laisse tenter une expèrience d'un an.

"On- allait faire perdre à mon frère un temps précieux; l'état de littérateur, pou- vait-il, en aucun cas, mener à la fortune? Honoré avait-il l'étoffe d'un homme de génie ? Tous en doutaient. »
Qu'eût-on dit à mon père, s'il eût mis ses amis dans la confidence des offres qui lui avaient été faites? déclara que, pour lui, Honoré n'était bon'qu'à faire un expéditionnaire! Le malheureux
avait une belle main, selon l'expression du maître d'écriture qu'on lui avait donné à sa sortie du collège. R – A votre place, ajouta cet ami, je n'hésiterais pas à mettre Honoré dans quelque
administration o(ù, avec votre protection, il arriverait promptement à se suffire.Mon père jugeait alors son fils autrement* que cet intime, et, ses théories aidant,'il croyait à l'intelligence de ses enfants il se contenta donc de sourire à cette sortie, tint bon et passa outre. Il est à présumer que ses amis se sépa- rèrent, ce soir-là, en déplorant entre eux
'aveuglement paternel. Ma mère, moins confiante que son mari, pensa qu'un peu de misère ramènerait promptement Honoré à la soumission.Elle l'installa donc, avant notre départ de
Paris, dans une mansarde qu'il choisit près de la bibliothèque de l'Arsenal, la seule qu'il ne connût pas et où il se proposait d'aller travailler; elle meubla .strictement, sa chambre d'un lit, d'une table et de quelques chaises, et la pension qu'elle lui alloua pour y vivre n'eût certainement pas suffi à ses besoins les plus rigoureux, si notre mère n'eût pas laissé à Paris une vieille femme, at-
tachée depuis vingt ans au service de la famille, qu'elle chargea de veiller sur lui. C'est cette femme qu'il appelle, dans ses lettres, Vins messagère.Passer subitement de l'intérieur d'une
maison ou il trouvait l'abondance, à la solitude d'un grenier où tout bien-être lui manquait, certes la transition était dure Il ne se plaignit pas toutefois dans ce réduit, où il trouvait la liberté et portait de belles espérances que ses premières déceptions littéraires ne purent éteindre"
le résultat est un Cromwell manqué en 1821; en s'acharnant à écrire une tragédie en vers,Balzac fait fausse route." Après bien des hésitations, c'est la tragédie de Cromwell qu'il choisit pour son
œuvre de'début (tragédie classique, comme on le verra ci-après)
« J'ai choisi le sujet de Cromwell, parce qu'il est le plus beau de l'histoire moderne. Depuis que j'ai soulevé et pesé, ce sujet, je m'y suis jeté, à corps perdu. Les idées m'accablent, mais je suis
sans cesse arrêté par mon peu de génie pour la versification. Je me mangerai plus d'une fois les ongles, avant d'avoir achevé mon premier monument.avant d'avoir achevé mon premier monument. Si tu connaissais les difficultés de pareilles deux ans! y penses-tu?. deux ans! » Mais qu'il m'est doux, en me consumant nuit et jour, d'associer me$ travaux aux personnes qui
me sont chères! Ah sœur, si le ciel m'a doué de quelque talent, ma plus grande joie sera de voir ma gloire rejaillir sur vous tous!.Quel bonheur de
vaincre l'oubli, d'illustrer encore le nom de Balzac .A ces pensées, mon sang bouillonne Lorsque je tiens une belle idée, il me semble entendre ta~voix
qui me dit « Allons, courage »
Je me délasse en croquignolant Stella, un gentil petit roman. » J'ai décidément abandonné mon opéra-comique. Je ne puis trouver un compositeur dans mon trou, je ne dois pas d'ailleurs écrire pour le goût actuel, mais faire comme ont fait les Racine et les Corneille, travailler comme eux pour la postérité Le second acte, au surplus, était faible, et le premier trop brillant de musique
lant de musique le caractère de l'homme est dans ces quatre mots; il voyait, il entendait cet opéra!) Et reflechir pour rflechir, j'aime mieux réfléchir sur Cromwell. Mais il entre ordinairement deux mille vers dans une tragédie, juge que de réflexions! Plains-moi. Que dis-je? Non, ne me plains pas, car je suis heureux; envie-moi plutôt, et pense a moi souvent. Ses espérances étaient parfois mêlées.d'inquiétude. Voici une de ses lettres où il les exprime
Il n'oublie pas celui qui s'est si étrangement mépris sur son compte! Les amis arrivent, l'épreuve solennelle commence. L'enthousiasme du lecteur va toujours se refroidissant en remarquant le
peu d'impression qu'il produit et les visages glacés ou atterrés de ceux qui l'entourent.J'étais du nombre des atterrés. Ce que je souffris pendant cette lecture était un avant- goût des terreurs que les premières représentations deVautrin et Quinola devaient me donner.Cromwell n'était pas encore une vengeance contre M* celui-ci, brusque comme à l'ordinaire, dit son opinion sur la tragédie sans aucun ménagement. Honoré se récrie, décline le juge mais les autres auditeurs, quoique plus doux, s'accordent aussi à 'trouver l'oeuvre fort imparfaite.
Mon père réunit toutes les opinions en proposant de faire lire Cromwell a une autorité compétente et impartiale. M. Surville, ingénieur du canal de l'Ourcq, qui deviendra son beau-frère, propose son ancien professeur a l'Ecole polytechnique.
En 1822,il rencontre une femme beaucoup plus âgée que lui,Mme de Berry qui l'encourage de son affection,de ses conseils, et l'initie aux moeurs et au goût de l'ancien régime.
Comme le succés tarde à venir Balzac se lance dans les affaires:il s'associe à un libraire,puis achète une imprimerie,rue Visconti.Il a ainsi l'occasion de fréquenter libraires-éditeurs,journalistes et écrivains.son experience personnelle lui inspirera une satyre impitoyable des milieux de la presse et des lettres.Mais ses affaires aboutissent à un désastre financier:prés de cent mille francs de dettes qui resteront pendant de longues années une lourde charges et un souci constant.De cet echec retentissant il se consolera en édifiant dans ses romans des fortunes prodigieuses,d'ailleurs aussi fragiles,que rapidement acquises.

____________
Le maître du roman réaliste
___________
Aprés sa faillite,Balzac reprend la plume,cette fois avec succés.Il donne en 1829,ses premières oeuvres réussies La Physiologie du mariage qualifiée plus tzrd d'étude analytique"et les Chouans,roman historiques où se mêlent une histoire d'amour et une intrigue policière.Dés lors les titres se multiplient à un rythme incroyable.En vingt ans Balzac va publier quelques 90 romans et nouvelles,30 contes,5 pièces de théâtre.Et il trouve encore le temps de fréquenter les salons, de voyager, et d'echafauder cent moyens infaillible de faire fortune.
En 1832,il songe à une carrière politique,attiré un moment par les idées libérales,il professe maintenant des opinions monarchistes et catholiques et fonde sa doctrine sa doctrine sociale sur l'autorité politique et religieuse.En Janvier 1833 commence sa corréspondance avec une admiratrice polonaise Madame Hanska;à plusieurs reprises il ira retrouvé son amie à l'étranger,en Suisse,en Saxe, et en Russie.
De Grobseck au Père Goriot la production de Balzac se présente sous quatre aspects:
a) la Peau de chagrin1831;Louis Lambert1832;Séraphita,la Recherche de l'absolu1834 sont des romans philosophiques
b) Le Médecin de campagne,présenté également par l'auteur comme une oeuvre philosophique,expose en fait un système Economique et Social (le roman figurera plus tard dans les Scènes de la vie de campagne).
c) Dans les Contes drolatiques (1832-1837) Balzac tente de faire revivre la verve Rabelaisienne
d) Le Roman des moeurs est représenté par de nombreuses scènes de la vie privée,telle que Gobseck (1830),la Femme de trnte ans (1831),le Colonel Chabert,le Curé de Tours (1832).C'est dans cette veine que Balzac approfondissant sont réalisme et créant des types humains puissamment dessinés,donne coup sur coup deux chefs-d'oeuvre:Eugénie Grandet (1833) et le Père Goriot (1834-1835).
2) Création d'un monde balzacien:




Dans le Père Goriot reparaissent pour la prremière fois des figures déjà connues du lecteur;ce retour des pêrsonnages d'un roman à l'autre va permettre la composition d'une oeuvre cyclique faisant concurrence à l'état civil.
Balzac songe aussi à grouper ses scènes et études en un ensemble organisé qui serait une réplique de la société tout entière,en 1837 il envisage le titre général d'Etudes sociales.





Cependant il continue à accumuler les materiaux de cet édifice grandiose dont il entrevoit maintenant l'ordonnance:il publie le Lys dans la vallée(1835-1836)




,Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau (1837);


la Maison de Nacingen (1838),




le Curé du Village,




Béatrix (1839),



Ursule Mirouet (1841).





L'élaboration d'Illusions perdues s'étend de 1837 à 1843.

L'organisation méthodique:La Comédie Humaine (1842-1850):En 1842 Balzac choisit pour son titre d'ensemble la Comédie Humaine; il expose ses idées sur le roman et les principes directeurs de son oeuvre dans un important Avant propos.Ses romans sont le rèpartis en Etudes de moeurs,de beaucoup les plus nombreuses (Scènes de la vie privées,de provinces, parisiennes,politiques,militaires et de campagne),Etudes philosophiques et Etudes.
Dans ces cadres viendront encore s'inserer




les Paysans (1844,Vie de campagne),





Modeste Mignon (1844,Vie Privée).




Le Cousin Pons en 1846 et




la cousine Bette en 1847 ( les Parents pauvres subdivision de la vie parisienne).




Splendeurs et misères des courtisanes (1838-1847) .

n mars 1850 Balzac,désormais riche et célèbre peut enfin épouser Mme Hanska veuve depuis 1841. Mais épuisé par une prodigieuse activité cétébrale,il meurt trois mois aprés son retour à Parisà cinquante et un ans le 19 Août 1850.Le romancier avait vécu si intensémment dans l'univers créé par son imagination qu'il appela,dit-on à son chevet d'agonisant Horace Bianchon,le grand médecin de la Comédie Humaine.