On trouve dans la poésie et les romans de Victor Hugo une étrange correspondance : regarder une femme - en la désirant - équivaut à sombrer dans la profondeur d'un océan. Voir la femme ? «Voir le dedans de la mer». Voir une tempête se lever ? Sentir monter les effluves du désir. Comment l'écriture va-telle rendre sensibles les tourments psychiques pour autant qu'ils sont faits aussi de tourmentes physiques et, même, atmosphériques ?
Nous voici alors convoqués, au-delà de l'exégèse littéraire, sur le plan d'une vaste phénoménologie du monde visible : c'est bien matériellement, en quelque sorte, que cette équivalence se manifestera sur chaque feuille de papier dans l'immanence même des images admirables inventées par Victor Hugo – façon de découvrir, dans les chimères hypocondriaques du peintre-poète, un grand art lucrétien capable de donner à chaque organe l'immensité d'une tempête et à chaque milieu l'intensité d'un geste corporel animé de passion. Sur le site de l'éditeur
C'était hier... une exposition terminée il y a peu à la Maison de Victor Hugo, Hôtel de Rohan-Guémenée, 6 Place des Vosges, 75004 Paris : "La Pente de la rêverie. Un poème, une exposition" (17 novembre 2016 au 23 avril 2017).
Les textes sont lus par Georges Claisse
Textes (extraits) : Victor Hugo à Charles Baudelaire en réponse à l'hommage de ce dernier au Salon de 1869 - Victor Hugo dans L'homme qui rit (1869) - A propos des dessins de Victor Hugo : Charles Baudelaire (1861), Théophile Gauthier (1862), Henri Focillon (1919).
… Je suis tout heureux et très fier de ce que vous voulez bien penser des choses que j'appelle mes dessins à la plume. J'ai fini par y mêler du crayon, du fusain, de la sépia, du charbon, de la suie et toutes sortes de mixtures bizarres qui arrivent à rendre à peu près ce que j'ai dans l'œil et surtout dans l'esprit. Cela m'amuse entre deux strophes. Ainsi s'adressait Victor Hugo à Charles Baudelaire, en réponse à l'hommage de ce dernier au Salon de 1869
Musique (extraits) : Chihei Hatakeyama pour Too Much Sadness - Brussel pour l'album Härskeri (label 33revpemi. 2013) - Symphonie n°5 d’Erkki-Sven Tüür par Olari Elts - Prophecy d’Erkki-Sven Tüür par Olari Elts
Prise de son : Delphine Baudet
Intervenants
- Georges Didi-Huberman : Historien de l’art et philosophe, maître de conférences à l’EHESS
Bibliographie
Ninfa profunda. Essai sur le drapé-tourmenteGeorges Didi-HubermanGallimard, 2017
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