Francois Fabiè
François Fabié (Né à Durenque, Aveyron, 1846 - Mort à La Valette-du-Var, 1928), poête sans doute trop peu connu si ce n'est par des générations d'écoliers aveyronnais ayant appris et apprécié de leur temps: "La Chatte noire", "L'Automne" ou "Les Genêts".
Fils d'une mère paysanne et d'un père à la fois meunier et bûcheron, son œuvre restera tout au long de sa vie inspirée du berceau de son enfance qui sera baptisé plus tard « Moulin de Roupeyrac ».
Inspiré par la nature et le pays natal, il a publié huit recueils chez Lemerre, l'éditeur des Parnassiens.
« Après les bouleversements du XXème siècle, la voix du poète nous arrive avec plus de force, car elle évoque, avec sensibilité, un monde blotti au creux de nos souvenirs et nous renvoie à notre simple humanité.
Alain Bitossi
et quelques uns de ses plus beaux poèmes.
A MON PÈRE, FRANÇOIS FABIÉ (La poésie des bêtes)
C'est à toi que je veux offrir mes premiers vers,Père! J'en ai cueilli les strophes un peu rudes
Là-haut, dans ton Rouergue aux âpres solitudes,
Parmi les bois touffus et les genêts amers (...)
(...) Je dirai que c'est là mon destin et ma tâche,
De chanter la forêt qui nous a tous nourris,
Et de me souvenir, chaque fois que j'écris,
Que ma plume rustique est fille de ta hache.
A MA MÈRE, ROSE SÉGURET (La poésie des bêtes)
J'ai mis le nom de mon vieux pèreEn tête de mes premiers vers :
Mais à ta mémoire, ô ma mère,
Je veux aussi qu'ils soient offerts.
Car cette poésie agreste
Me vient encor bien plus de toi ;
C'est de toi tout ce qui me reste,
Ce qui te fait revivre en moi (...)

François Joseph Fabié est né le 3 Novembre 1846 au moulin familial dans la commune de Durenque (Aveyron).
Il est l'ainé de quatre enfants, deux garçons et deux filles.
Si la nostalgie est l’essence même de la verve poétique, l’écriture de François Fabié n’en est pas moins porteuse de valeurs philosophiques fortes, illustrées par un sens profond et détaillé d’éléments picturaux, et rythmées par un chant lyrique aux cadences et modulations intimement figuratives. Chaque personnage, qu’il soit d’appartenance familiale ou plus largement paysanne, se fond ainsi dans une harmonie admirablement composée.
Ma MaisonDans un étroit vallon blottie,
(...) Je revois notre maison, le Moulin-Haut, la scierie, le grand jardin, en contre-bas de la chaussée, avec sa longue rangée de ruches, ses vieux poiriers dont deux frôlaient de leurs branches les vitres de notre chambre et dépassaient de leur cime la toiture d'ardoise rousse...
TOULON : DÉBUT DE CARRIÈRE (1872-1883)En 1872 François Fabié est nommé professeur d'enseignement spécial au Lycée de Toulon. Il assure jusqu'en 1883 les cours de littérature, d'histoire, de géographie, de comptabilité et de langue française.![]() LA BÛCHE DE NOËL Dans les arsenaux maritimes La veille de Noël on fend, FRANÇOIS FABIÉ ÉPOUX ET PÈRELa poésie de François Fabié obtient un succès grandissant notamment en raison des séances publiques de l'Académie du Var. C'est lors de l'une de ces réunions qu'il rencontre Madeleine Gabert. Il lui adresse un poème et en retour elle l'invite à prendre le thé chez sa mère. Leur mariage est célébré le 30 juillet 1877 à Toulon. Et le voyage de noces a lieu à Durenque en Aveyron, au moulin.
NOTRE NID, (La Poésie des Bêtes)A Madelaine F.
Paris, du Lycée Charlemagne À L'ENSEIGNE DE L'HOMME QUI BÊCHEC'est lorsqu'il est professeur à Toulon que la librairie des bibliophiles édite à Paris, en 1879, le premier recueil de François Fabié : "La Poésie des Bêtes"; puis en 1881 "La Nouvelle Poésie des Bêtes". Nommé au lycée Charlemagne à Paris, il trouve un éditeur à sa dimension : Alphonse Lemerre qui publie à l'enseigne de l'homme qui bêche, la plupart des Parnassiens et des auteurs régionalistes comme Auguste Brizeux. Des liens d'estime et d'amitié unissent dès lors François Fabié aux poètes du Parnasse qui se rencontrent régulièrement aux repas mensuels organisés par Alphonse Lemerre, au cours desquels se côtoient Leconte de Liste, Banville, Jean Marie de Hërédia, Sully Prudhomme, François Coppée, Paul Arène et tant d'autres.Alphonse Lemerre publie l'essentiel de l'œuvre poétique de François Fabié soit huit recueils de poèmes : - La Poésie des Bêtes (1886), - Le Clocher (1887),
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La Maison d'Écrivain
LE MOULIN DE ROUPEYRAC : UNE MAISON D'ÉCRIVAIN
Nul ne conteste au Moulin de Roupeyrac sa valeur patrimoniale. Témoin de l'ingéniosité et du savoir-faire d'antan, ce moulin garde aussi, pratiquement inchangé, un local d'habitation typique de la civilisation de l'oustal, masure sommaire et sombre qui abritait autrefois une famille nombreuse et unie, où bêtes et gens partageaient des travaux rythmés par les saisons * . Tout un monde aujourd'hui disparu, conservé dans les archives, dans les musées et peut-être aussi dans quelques mémoires.
* Alexandrine Pessayre, Le Rouergue de François Fabié, mémoire de maîtrise d'histoire moderne, sous la direction de Joël Fouilheron, université Paul-Valéry, Montpellier, 1994, exemplaire dactylographié, 125 p. et annexes.
Un lieu d'inspiration poétique
Mais voici que ce moulin reprend chair, animé par une voix, celle du poète. Voici que ces pierres noircies par le feu de l'âtre, ce lit grossièrement taillé, cette table, ce galetas, cet escalier, cette chute d'eau, tous ces éléments revivent et nous parlent de notre humanité, du temps béni de notre enfance, de nos joies, de nos espérances, de nos rêves d'adulte et des figures chères à jamais disparues. Ce retour dans le passé collectif s'accompagne d'une remémoration individuelle et d'une méditation contemplative sur le temps retrouvé. Et cela par le miracle de la poésie, car le Moulin de Roupeyrac, blotti au coeur de l'Aveyron, n'est pas seulement un moulin, il est aussi - et d'une façon primordiale - la maison du poète.
Dans le cadre du projet de maison d’écrivain, ce moulin est aujourd’hui restauré en musée, et garantit la valeur du souvenir du poète et de sa maison natale.
HORAIRES D'OUVERTURE DU MUSÉE :
- Du 1er mai au 14 juin et du 5 octobre au 18 octobre :
tous les dimanches et jours fériés de 14h30 à 18h30.
- Du 15 juin au 4 octobre :
tous les jours de 14h30 à 18h30
- Fermé le mardi.
D'avril à octobre : accueil de groupes et ateliers pédagogiques sur réservation. Tel : 05 65 78 18 85
TARIFS :
Tarif adulte:5€ | Enfant:2€ | Groupe:4€
QUELQUES LIVRES ÉCRITS PAR FRANÇOIS FABIÉ
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Découvrez également le livre "les Poèmes des Troënes" d'Alain Bitossi, sur des poèmes encore inédits de François Fabié:
Ouvrages en vente au Musée du Moulin de Roupeyrac à Durenque
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- La Poésie des bêtes.,
- Paris, Librairie des bibliophiles, ,
- La poésie des bêtes.sur Gallica
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- Molière et Montespan,
- comédie en 1 acte,
- en vers. : Paris
- 3e théâtre français,
- 15 janvier 1879.,
- Toulon
- R. Pharisier,
- ,
- 40 p.,
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- Placet au roi,
- comédie en 1 acte, en vers.
- Paris, Odéon, 15 janvier 1884.,
- Paris, Tresse,
- ,
- ______________
- Le Clocher, poèmes de Rouergue.,
- Paris,
- A. Lemerre,
- ,
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- La Bonne terre.,
- Paris,
- A. Lemerre,
- ,
- _________________
- Œuvres de François Fabié.
- Poésies.,
- Paris,
- A. Lemerre,
- 1891-1905,
- 3 vol portrait de l'auteur
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- Voix rustiques.,
- Paris,
- A. Lemerre,
- ,
- Vers la maison.,
- Paris,
- A. Lemerre,
- ,
- 146 p.,
Vers la maison. sur Gallica
- Ronces et lierres, poésies.
- Paris, A. Lemerre, ,
- 125 p.,
- Moulins d'autrefois, roman.,
- Paris, P. Ollendorff
- , s.d., 327 p.
Moulins d’autrefois sur Wikisource - _______________________
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extrait
- Fleurs de genêts., Paris, A. Lemerre, coll.
- « Petite collection rose », , 116 p.
Fleurs de genêts sur Wikisource
Fleurs de genêts.sur Gallica
Ce que Brizeux fut pour la Bretagne, ce qu’est André Theuriet pour la Lorraine, François Fabié le sera pour son cher pays, le Rouergue.
Il convient de prononcer le mot « chef-d’œuvre » en recommandant à tous les lecteurs les admirables strophes que le poète a dédiées à son père « qui ne sait pas lire ». Rarement le sentiment de la famille et l’amour du sol natal se sont exprimés avec tant d’émotion et de profondeur.
On doit à François Fabié, outre une paysannerie scénique jouée en 1879 au théâtre de Ballande, plusieurs recueils de vers : la Poésie des Bêtes, couronnée par l’Académie française, le Clocher, la Bonne Terre, Voix Rustiques, Vers la Maison, Par les Vieux Chemins et Ronces et Lierres ; plus un court poème, Amende honorable à la Terre, éloquente réponse au fameux roman d’Émile Zola sur les paysans, Placet au Roi, à l’Odéon, Sous un Chêne, au théâtre des Poètes, et, à la distribution des Prix du Concours général à la Sorbonne, un discours en vers qui fit alors beaucoup de bruit.
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- La terre et les paysans. :
- (poèmes choisis),
- Paris,
- A. Lemerre,
- ,
- 263 p.,
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- Souvenirs d'enfance et d'études.,
- Rodez, P. Carrère, , 265 p.,
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- Choix de poèmes,
- Rodez,
- Les Amis de François Fabié,
- 1971,
- 208 p.
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- Les poèmes des troënes. :
- poèmes choisis par Alain Bitossi ;
- présentés et annotés par Michèle Gorenc,
- Aix-en-Provence, Édisud, ,
- 164 p.,
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Poèsies vers la Maison par les vieux chemins
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Interview de Rémi Soulié, vice-président de l’amitié François Fabié.
Vous parlez pour le passage à Paris de François Fabié d’un poète à “Babylone sur Seine” ?
François Fabié n’a guère aimé Paris et la plupart des images qu’il en donne sont négatives : la capitale est un lieu d’oppression physique et spirituelle où les êtres sont parqués comme du bétail. Babylone-sur-Seine ressemble à un maelström tourbillonnant qui ne laisse jamais les êtres en repos. C’est une ville destructrice, sans silence ni espace. Les Parisiens ressemblent à des morts-vivants !
Sa vie, son œuvre est donc celle d’un déraciné ?
Son enfance a été la seule période vraiment heureuse de sa vie. Il a vécu au sein du Moulin de Roupeyrac, à Durenque, avec tous les siens : son père, sa mère, son oncle braconnier qui lui a appris à dénicher les oiseaux. La première rupture survient avec le départ pour Rodez, afin de poursuivre ses études. C’est là le paradigme, en quelque sorte, des exils à venir à Toulon puis Paris. Il songera alors au bonheur perdu, au Rouergue qu’il idéalise sans doute mais qui lui inspire des poèmes d’une grande nostalgie. Elève doué, il a le sentiment d’avoir trahi les siens : s’il n’avait pas fait d’études, il n’aurait pas été « dénaturé » et il aurait vécu sa vie à la place qu’il n’aurait pas dû quitter. Du moins c’est ainsi qu’il analyse son itinéraire.
Pourtant pour un “exilé” à Paris, dans cette Troisième République triomphante, il fait une très belle carrière ?
Fabié a en effet été reconnu par ses pairs. Il est édité par Lemerre, l’éditeur des Parnassiens, de Coppée, Leconte de Lisle, Sully Prud’homme. Ses pièces sont jouées à l’Odéon par de grands comédiens ; il noue en particulier une grande amitié avec Mounet-Sully. Sa carrière professorale est elle aussi tout à fait honorable puisqu’il a été professeur au lycée Charlemagne et qu’il dirigea l’Ecole Colbert. Sa poésie est très « traditionnelle » ; Fabié passe à l’écart des grandes voies (voix) ouvertes par Verlaine, Baudelaire ou Rimbaud. Il veut être compris et aimé des humbles, sans souci d’innovations rythmiques, formelles ou même thématiques. Il garde avec raison une place privilégiée dans le cœur des Rouergats.
C’est donc plus par patriotisme rouergat que vous soutenez le poète même si vous n’êtes pas totalement séduit par son art de la versification ?
Je suis surtout sensible à la valeur symbolique de sa poésie, même si une anthologie mériterait d’être faite uniquement autour de ses vers les plus beaux. J’y inclurai par exemple celui-ci :
« Tes près où gravement ruminent les grands bœufs ».
Je trouve également dommageable que le prosateur soit un peu oblitéré par le poète : ses Souvenirs d’enfance et d’études devraient être étudiés dans tous les collèges, à l’instar des œuvres de Pagnol, par exemple – de même ses deux romans, Moulins d’autrefois et Le Retour de Linou
Vieillir, se l'avouer à soi-même et le dire,
Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
Mais pour y conformer ses goûts et s'interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.
Avec sincérité, dès que l'aube se lève,
Se bien persuader qu'on est plus vieux d'un jour.
À chaque cheveu blanc se séparer d'un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.
Puis un jour s'en aller, sans trop causer d'alarmes,
Discrètement mourir, un peu comme on s'endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu'ils ne sachent pas ce que c'est que la mort.
Aux appétits grossiers, imposer d'âpres jeûnes,
Et nourrir son esprit d'un solide savoir ;
Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l'espoir.
Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu'ils vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d'être importun, sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d'eux.
Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi,
Puis un jour s'en aller, sans trop causer d'alarmes,
Discrètement mourir, un peu comme on s'endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu'ils ne sachent pas ce que c'est que la mort.
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>Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
>Tandis qu'ils vogueront sur les flots hasardeux,
>Craindre d'être importun, sans devenir sauvage,
>Se laisser ignorer tout en restant près d'eux. -
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Comme une marche lente et irrévocable aux confins d'un terroir, dénuée de sensiblerie mais si douce à écouter... une sobriété simple tout à l'opposé du simplisme...
Merci de nous l'avoir fait connaître._______________________
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merci de nous faire connaître ce poète, que je ne connaissais pas; Néanmoins son dernier vers:
"Et qu'ils ne sachent pas ce que c'est que la mort."..
je regrette infiniment ces trois " que", et je trouve que c'est dommage de terminer sur ce vers qui me semble bien faible.
pour ma part j'apprécie plus ce poème pour son fond , belle leçon de sagesse, que pour sa forme.
Néanmoins Damy a été subjugué, si je lis son commentaire, pas moi.
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Belle sagesse dans ce poème de François Fabié poète oublié, chantre de son terroir natal du Rouergue et de la nature, qui se définissait lui même comme un poète « agreste » Merci Thierry !
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Très chouette, mais alors je ne suis pas du tout d'accord avec les deux derniers vers. (Vous me direz : on en n'a rien à fiche que vous soyez d'accord ou pas, et vous aurez certainement bien raison !)
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Belles résolutions, sagement méditées,merveilleusement écrites, poème bouleversant .
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apaisement des sens, contemplation après l'action et quiétude face au temps qui reste... je ne partage pas entièrement la vision du poète. peut-être n'ai-je pas encore assez vécu.
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Splendide !A savourer et à méditer...
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Superbe leçon de vie et de sagesse, qui m'a fait penser au poème "IF" de Rudyard Kipling. Bravo