Ma Maison
Dans un étroit vallon blottie,
Vers mil sept cent quatre-vingt-neuf,
Mon aïeul, dit-on, l'a bâtie,
Ou, tout au moins, remise à neuf
Face au midi, bien adossée
A l'ancien étang féodal
Dont elle épaule la chausée,
Elle fût le moulin banal (...)
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(...) Je revois notre maison, le Moulin-Haut, la scierie, le grand jardin, en contre-bas de la chaussée, avec sa longue rangée de ruches, ses vieux poiriers dont deux frôlaient de leurs branches les vitres de notre chambre et dépassaient de leur cime la toiture d'ardoise rousse...
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Durenque
François Fabié va passer trois années scolaires à l 'école de Durenque dans le département de l'Aveyron.
Compte tenu de ses dispositions, son instituteur Monsieur Laval conseille à son père de l'envoyer poursuivre ses études à Rodez.
DURENQUE (Poèmes épars)
Durenque ! C'est le nom du modeste village
Que nourrit le moulin qui berça mon berceau ;
Et c'est aussi le nom du frais et clair ruisseau
Qui fait bondir sa roue et s'enfuit sous l'ombrage
De deux rangs d'aulnes en berceau. (...)

Durenque : Village touristique de l'Aveyron
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La « Durenque »,
ruisseau modeste mais vivace,
Continuera sans fin ses discrètes chansons ;
Au pied de son clocher toujours en oraisons
Sur ma maison muette et les morts de ma race,
Mon village fera semailles et moissons,
Mais de mon oeuvre rien ne gardera la trace :
Qu’importe à ce qui dure un poète qui pass |
CLOCHER
(...) Ô clocher de Rodez, qu'on voit de trente Lieues !
Toi qui, par le ciseau de nos aïeux sculpté,
Au-dessus du sommet où leur foi t'a planté,
Jaillis à trois cents pieds dans les régions bleues !
Comme le roi des monts, tu vibres dans le vent ;
Et lorsque la tempête en rugissant t'assaille,
On sent une âme en toi qui s'agite et tressaille
Et l'arbre de granit comme l'autre est vivant. (...)

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TOULON : DÉBUT DE CARRIÈRE (1872-1883)
En 1872 François Fabié est nommé professeur d'enseignement spécial au Lycée de Toulon. Il assure jusqu'en 1883 les cours de littérature, d'histoire, de géographie, de comptabilité et de langue française. Sa réussite à l'agrégation le conduit au Lycée Charlemagne à Paris en 1883. C'est à Toulon qu'il commence à publier l'ensemble de ses poésies. Elles obtiennent un très grand succès à l'Académie du Var dont il est membre et secrétaire. La notoriété du poète s'affirme.
LA BÛCHE DE NOËL
Dans les arsenaux maritimes
Où sont, à la fin, relégués
Les vieux navires, fatigués
D'avoir labouré les abîmes,
La veille de Noël on fend,
Pour qu'aux mansardes le feu rie,
La carcasse à moitié pourrie
Qui fut un vaisseau triomphant (...)
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FRANÇOIS FABIÉ ÉPOUX ET PÈRE
La poésie de François Fabié obtient un succès grandissant notamment en raison des séances publiques de l'Académie du Var. C'est lors de l'une de ces réunions qu'il rencontre Madeleine Gabert. Il lui adresse un poème et en retour elle l'invite à prendre le thé chez sa mère. Leur mariage est célébré le 30 juillet 1877 à Toulon. Et le voyage de noces a lieu à Durenque en Aveyron, au moulin.
NOTRE NID, (La Poésie des Bêtes)
A Madelaine F.
Un jardin tout planté de poiriers en plein vent,
Auxquels depuis trente ans le pinson est fidèle,
Une blanche maison où revient l'hirondelle,
Voilà le nid heureux que je rêve souvent. (...)
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Les époux Fabié habitent 11, rue de l'Arsenal, près du port de Toulon.
C'est dans cet appartement que naît Marie-Lucie le 30 mai 1878. Malheureusement, elle décède vingt mois plus tard. L'espoir revient le 24 janvier 1881 et Marguerite devient la joie des siens.
Paris, du Lycée Charlemagne
à la direction de l'École Colbert (1883~1908) :
À L'ENSEIGNE DE L'HOMME QUI BÊCHE
C'est lorsqu'il est professeur à Toulon que la librairie des bibliophiles édite à Paris, en 1879, le premier recueil de François Fabié : "La Poésie des Bêtes"; puis en 1881 "La Nouvelle Poésie des Bêtes". Nommé au lycée Charlemagne à Paris, il trouve un éditeur à sa dimension : Alphonse Lemerre qui publie à l'enseigne de l'homme qui bêche, la plupart des Parnassiens et des auteurs régionalistes comme Auguste Brizeux. Des liens d'estime et d'amitié unissent dès lors François Fabié aux poètes du Parnasse qui se rencontrent régulièrement aux repas mensuels organisés par Alphonse Lemerre, au cours desquels se côtoient Leconte de Liste, Banville, Jean Marie de Hërédia, Sully Prudhomme, François Coppée, Paul Arène et tant d'autres.
Alphonse Lemerre publie l'essentiel de l'œuvre poétique de François Fabié soit huit recueils de poèmes :
- La Poésie des Bêtes (1886), extrait choisi : Les Moineaux
L'ouvrage a été couronné par un prix de l'Académie Française. De nombreuses générations se souviennent encore d'avoir appris ces poèmes à l'école primaire.
- Le Clocher (1887), extrait choisi : L'Automne
- La Bonne Terre (1889),
- Les Voix Rustiques (1892),
- Vers la Maison (1899),
- Par les Vieux Chemins (1904),
- Ronces et Lierres (1912),
- Les Paysans et la Guerre (1921)
ENTRÉE A LA DIRECTION DE L'ÉCOLE COLBERT
Professeur au Lycée Charlemagne, François Fabié connaît une brillante carrière d'enseignant qui le mènera à la prestigieuse direction de l'école Colbert à Paris.
Il est titulaire de nombreuses distinctions honorifiques : Officier d'Académie (le 1er Janvier 1883), Officier de l'Instruction Publique (le 1er Janvier 1888), Légion d'honneur (le 19 Juillet 1892). A la demande de Léon Bourgeois, Ministre de l'Instruction Publique, il est le premier professeur d'enseignement spécial à prononcer le discours de remise des prix du Concours Général, à la Sorbonne le 30 Juillet 1891. Son texte, tout en vers, est intitulé "La Poésie dans l'éducation et dans la Vie".
Lire le discours de Francois Fabié à la Sorbonne
FRANÇOIS FABIÉ ET LE THÉÂTRE
François Fabié, auteur dramatique, écrit tout au long de sa vie de nombreuses pièces de téâtre :
- La Conspiration du Général Malet,
- Les Dantonistes,
- Sous un Chêne,
- Les Employés,
- Valentine de Millau,
- Corneille Vieilli,
- Bernard Palissy,
- L'Impasse,
- La vocation de Racine,
- Les Sabotiers...
"Molière et Montespan " comédie en un acte, est donnée le 15 janvier 1879 au Troisième Théâtre Français, à Paris. Le 1er octobre 1879, le même théâtre joue "Le Moulin de Roupeyrac", drame en vers et en quatre actes. La pièce, appréciée du public, tient l'affiche pendant un mois. Une reprise de "Molière et Montespan " lui succède peu après. "Placet au Roi" joué à Paris en 1884, est interprété en l'honneur du poète pour ses Noces d'Or avec l'Académie du Var, en 1925.
La Valette
Madame Fabié, très attachée à sa terre provençale, achète une bastide à la Valette du Var, près de Toulon. Les hivers étant moins rigoureux en Provence que dans le Rouergue, la famille s'installe dans cette maison de campagne appelée "Les Troènes".
François Fabié, à la retraite en 1908, souhaite y jouir de moments paisibles pour composer des poèmes et écrire ses souvenirs. Le poème "Notre bastide" est dédié "à deux terriennes, Madeleine et Marguerite", sa femme et sa fille.
NOTRE BASTIDE, (Les Troènes)
Tu me reproches quelquefois
D'aimer trop les champs et les bois
Et de toujours chanter la Terre;
Mais ne l'aimes-tu pas un peu,
Toi qui, là-bas, sous ton ciel bleu,
Vas devenir propriétaire?
- Oh ! seulement d'un petit coin
Qu'on pourrait couvrir au besoin
Avec un grand mouchoir de poche.
- D'accord ! - Où rien ne poussera;
Et qui, sans doute, ne vaudra
Que par la mer dont il est proche...
- Tel qu'il est, tu l'aimes pourtant ;
Et ton coeur, en secret content
D'une acquisition pareille,
Rêve déjà d'y voir grandir,
Et tous les printemps reverdir,
Large figuier et blonde treille. (...)
HOMMAGES A FRANÇOIS FABIÉ
Dans l'Aveyron et dans le Var, François Fabié entouré d'amis peintres, artistes et poètes reçoit de nombreux hommages tant de son pays natal que de sa terre d'adoption. C'est ainsi qu'il est fêté en Août 1922 à Millau et en 1924 à Rodez. En Mars 1925 sont célébrées ses Noces d'Or avec l'Académie du Var. A la séance mensuelle qui suivit les manifestations données en son honneur, François Fabié écrit spécialement une poésie pour la circonstance :
SAVOIR VIEILLIR
François Fabié s'éteint dans sa maison des Troènes à La Valette, le 18 juillet 1928. Il repose auprès de sa fille au cimetière de Toulon où son épouse les rejoint onze ans plus tard, le 8 juin 1939.
Aujourd'hui des monuments commémorent sa mémoire à Rodez et à Toulon. Bien des rues et des écoles portent son nom. Le poète est toujours présent.
SAVOIR VIEILLIR, (Ronces et Lierres)
(...) Puis un soir, s'en aller sans trop causer d'alarmes,
Discrètement, mourir un peu comme on s'endort,
Pour que les tout-petits ne versent pas de larmes
Et qu'ils ne sachent que plus tard ce qu'est la mort :
- Voilà l'art merveilleux connu de nos grands-pères
Et qui les faisait bons, tendres et vénérés ;
Ils devenaient très vieux sans être trop austères,
Et partaient souriants, certains d'être pleurés. |
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Roupeyrac:
Lieu de vie de François Fabié


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