Artisanat Charente
La broderie en or de Rochefort. La broderie d'art est une longue tradition à Rochefort. En 1666, Louis XIV et son ministre Colbert donnent à la manufacture royale de la ville le monopole des activités de confection (soie, dentelles...), de broderie et de tapisserie. Au XIXe siècle, une Rochefortaise se spécialise dans la technique de la broderie en or. Les travaux sont effectués avec du fil d'or appelé cannetille. Ces brins dorés orneront des pièces prestigieuses : les costumes de scène de l'actrice Sarah Bernhardt, des habits d'académicien, les vêtements du mariage de l'impératrice Farah Diba, etc. Outre la haute couture, la broderie en or concerne aussi les drapeaux, les blasons et des objets traditionnels comme la tontine, ce panier qui transportait les bégonias arrivant par bateau d'Amérique à Rochefort. Depuis 1995, Les Ateliers du Bégonia d'Or, les doigts de fée de Sylvie Deschamps (responsable d'atelier) et Samme Shédany (brodeuse main), perpétuent le savoir-faire de cette activité de broderie à la main (broderie or mais aussi broderie blanche, broderie d'ameublement et de décoration), en assurant de nombreuses commandes et en organisant des stages pour tous les niveaux.
Les jours d'Angles. Depuis le milieu du XIXe siècle, le village d'Angles-sur-l'Anglin dans la Vienne est célèbre pour ses " jours ". Rien à voir avec les tranches de 24 heures qui rythment le cours de notre existence ! Les jours sont de fins motifs décoratifs obtenus en retirant dans un tissu (soie, lin, coton...) les fils dans les deux sens (trame et chaîne) avec des petits ciseaux très fins. La réputation de cette technique de broderie artisanale et de très haute précision a vite dépassé les frontières régionales. A la Belle Epoque, les toilettes des jolies Parisiennes étaient parfois ornées de jours d'Angles. Ceux-ci connurent leur apogée dans les années 1920-1950. A cette époque, environ 300 ajoureuses d'Angles travaillaient pour la haute couture et les grands magasins parisiens. On retrouvait ses fameux jours d'Angles sur les trousseaux des princesses et sur le linge des plus luxueux paquebots. Le trousseau de satin noir de Joséphine Baker en est une des pièces les plus prestigieuses. En 1997, la catégorie " jours à fils tirés " a été créée, véritable acte de reconnaissance du travail des jours comme métier. L'ajoureuse Maïté Chevreau a d'ailleurs été lauréate du concours de meilleur ouvrier de France. On peut apprécier ce savoir-faire tout en délicatesse dans l'atelier de la ville basse.
La nacre de l'île d'Aix. La nacre est un mélange de calcaire et de kératine qui recouvre quelques rares variétés de coquillages comme les haliotides, les burgaux, les palourdes du Mississippi ou encore les moules du Japon. Le patient travail de cette matière noble transforme les coquillages en objets d'art de la table ou de décoration, en boucles d'oreilles, en bracelets, en colliers, en pendentifs, en leurres de pêche... La nacre est également utilisée pour la restauration de mobilier marqueté. L'Atelier de la Nacre, sur l'île d'Aix, est le dernier de France. Depuis 1952, année de sa création par Léon Gallet, il importe des coquillages du monde entier, principalement des mers chaudes du globe (océan Indien, océan Pacifique). Pour révéler toute la beauté de la nacre, les artisans nacriers procèdent à plusieurs opérations, du triage à la pose d'apprêts en passant par le calibrage, le meulage, le polissage, les assemblages, etc. L'Atelier crée ainsi ses propres modèles de bijoux et d'objets décoratifs ou plus usuels. D'avril à octobre, des présentations de cette activité artisanale sont réalisées tous les jours pour les groupes. Près de l'atelier de fabrication, une boutique est ouverte au public, qui peut admirer toutes les nuances de couleurs, de profondeur, d'irisation et de lumière des différentes nacres. 2005 a également vu la naissance d'un musée de médiatisation scientifique sur la nacre, se rajoutant à l'atelier et à la boutique.
La charentaise. Cette pantoufle a fait le tour du monde et fait connaître le département de la Charente. On ne trouve le terme de " charentaise " dans les dictionnaires que depuis le début des années 1980. Une reconnaissance tardive pour une institution régionale qui trouve ses origines il y a plusieurs siècles. Quand Colbert, ministre de Louis XIV, crée le port militaire de Rochefort en 1666, il encourage considérablement l'économie locale. La marine de guerre, en effet, a besoin de fournitures. Tout au long du fleuve Charente, les artisans des moulins proposent du feutre foulonné (étoffe obtenue à partir de laine ou de poil) à l'intendance maritime. Mais le feutre, souvent de médiocre qualité, est refusé. Les rebuts sont alors utilisés pour garnir l'intérieur des sabots et les rendre ainsi moins pénibles à l'usage. Et c'est un siècle plus tard qu'intervient l'idée géniale. A la fin du XVIIIe siècle, un cordonnier de La Rochefoucauld décide de coudre directement les pièces de feutre les unes aux autres et de leur adjoindre une semelle d'un feutre plus rigide pour remplacer le sabot. C'est la naissance de la célébrissime charentaise. Au XXe siècle, des industriels vont lui donner ses lettres de noblesse. André Chaignault, originaire de La Rochefoucauld lui aussi, invente les charentaises aux couleurs vives : celles au décor de type écossais sont devenues emblématiques. James Rondinaud, autre industriel de Charente, exporte les divins chaussons dans le monde entier. Autrement dit, depuis sa création, la charentaise n'a pas cessé de soulager les petons endoloris de l'humanité grâce à ses éclatantes vertus. Antirhumatismale et souple, elle est même parfois considérée comme un élément vestimentaire de luxe. Un exemple parmi d'autres : le jour de son sacre, Napoléon Bonaparte portait des charentaises fourrées de laine dorée. Et de nos jours, sur les Champs-Elysées, une paire de charentaises peut atteindre 150 €.
La poterie. La géologie du Pays des Charentes explique l'importance passée et présente de l'activité potière. Le sol est en effet riche en argile. De très nombreux tessons de céramiques de l'époque gallo-romaine ont été découverts lors de fouilles archéologiques. La poterie perdure au Moyen Age avec la production d'objets en terre. Au XVIIIe siècle apparaissent les premières faïences d'Angoumois et d'Aunis. Il faut attendre l'année 1887 pour voir la création de la faïencerie d'art d'Angoulême par Alfred Renoleau. Mais la faïence n'est pas exclusive. Des objets en terre vernissée sont toujours fabriqués. Le travail de la poterie a durablement imprégné la toponymie des lieux : La Chapelle-des-Pots, en Charente-Maritime, en est un des exemples. Au XIIIe siècle, des ateliers de potiers s'activaient déjà dans ce village. Sur place, le musée de la Céramique présente toute l'histoire régionale de cet artisanat. C'est d'ailleurs ici que le fameux Bernard Palissy s'initia à cet art. Selon la légende, notre homme brûla ses meubles et le plancher de sa maison pour retrouver les secrets de fabrication de céramique des maîtres italiens...
Musique – Danses
La Région Poitou-Charentes s'est toujours trouvée à la confluence. C'est aussi le cas dans le domaine des danses et chants traditionnels qui présentent un répertoire très varié ayant absorbé des influences de la Vendée, du Limousin : maraîchines, gatinelles, bourrées sont reprises par quelques groupes folkloriques.