la littérature au 17 eme siecle
Pour nos grands classiques comme pour Montaigne ,le veritable objet de la littérature est l'analyse et la peinture de l'homme,telle est aussi la leçon qu'il tirent de l'étude des anciens.Lorsqu'ils parlent de la nature,c'est de la nature humaine qu'il s'agit.Ainsi leur esthetique est inseparable d'une étique;pour pénétrer vraiment leurs oeuvres,il faut discerner les principaux courants moraux qui traverse le siecle.
De la conception de l'homme particuliere à leur génération dépendront,,dans une large mesure,l'art et l'idéal psychologique des génies créateurs.
Le XVII siécle naissant hérite du XVIeme siecle une ardeur conquérant,optimiste et fougueuse,un idéal de vie romanesque et héroïque.Mais la sagesse sans illusions de Montaigne est venue tempérer l'enthousiasme débordant de la Renaissance.Le stoïcisme se fait moins impulsif,plus reflechi.Descartes affirme la primauté de la raison.La grandeur de l'homme sera désormais fondée sur d'autres bases ,mais en définitive ,elles s'en trouve accrue et affermie.
L'déal de cette génération sera le généreux de Descartes,le héros cornélien et aussi le seigneur chevaleresque,galant et téméraire de la Fronde.Les passions sont dominées par la raison,mais non point humiliées par elle:Corneille croit aux passions nobles comme il croit en l'homme.
Dans ce siècle chrétien une doctrine théologique autorise la foi dans la liberté et la grandeur de l'homme;c'est le molinisme conçu par le Jésuite espagnol Molina (1535-1600).En dépit de la faute originelle,l'homme peut quelque chose pour son salut.Il n'y a pas lieu,par conséquent de desespérer de l'homme;le stoïcisme est conciliable avec la foi chrétienne.
A cet optimisme va succéder,vers le milieu du siècle,une attitude morale bien différente.La Fontaine et Molière ne croient plus au stïcisme,sans tomber pour autant dans le pessimisme:ils ne pensent pas qu'on puisse beaucoup compter sur l'homme,ni beaucoup lui demander.Ce serait naïveté de croire qu'il est naturellement bon ou raisonnable :"la raison du plus fort est toujours la meilleure" constate La Fontaine;à la fin de la Comédie,les maniaques mis en scène par Molière ne sont pas guéris de leur folie.Au lieu de rêver d'héroïsme pratiquons une sagesse modeste;"la parfaite raison fuit toute extrémité,et veut que l'on soit sage avec sobriété" Molière.
Ces deux écrivains ont subi l'influence du courant libertin qui aprés des audaces durement réprimées devient en quelque sorte souterrain mais demeure important et agissant.Ils ont tenté chacun selon son tempérament une conciliation de la philosophie sceptique et d'un chistianisme modain indulgent aux faiblesses humaines.
Chez La Fontaine,le goût de l'indépendance,lépicurisme moral et intellectuel finirent par rejoindre le thème chrètien de la méditation dans la solitude (le Juge arbitre,l'Hospitalier, et le Solitaire).
La vertu trop austère ne déplait pas moins à Molière que la fausse dévotion.Tous les deux sont plus sensibles aux travers ou aux vices des hommes qu'a leurs vertus;ils ne croient pas cependant que l'éspèce humaine soit foncèrement corrompue.