le dormeur Duval

 

 

Le Dormeur du val est un sonnet en alexandrins d'Arthur Rimbaud. Ce poème est le premier du second Cahier de Douai (ou Recueil Demeny). Le poème est composé de rimes croisées (ABAB) pour les 8 premiers vers, d'une rime plate (AA) aux vers 9-10 et d'une rime embrassée (ABBA) aux vers 11-14. Il est daté sur le manuscrit « octobre 1870 ». Premières publications : Anthologie des poètes français, tome IV, Lemerre, 1888 ; Reliquaire, Genonceaux, 1891 ; Poésies complètes, Vanier, 1895.

Au xixe siècle, Arthur Rimbaud utilise comme locus amoenus dans son poème Le Dormeur du val la Nature verdoyante, fraîche et protectrice, dans une stratégie rhétorique pour produire un effet communicatif frappant et inattendu

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C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

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Ce poème, le Dormeur du Val, est un des plus connus du poète, bien qu'il présente une esthétique encore peu innovante : utilisation du sonnet, de l'alexandrin, de la rime. On est de fait encore loin de la modernité d'Une Saison en enfer ou des Illuminations, dernières œuvres du poète, et de l'audace des images qu'il offre dans Le Bateau ivre, composé seulement un an plus tard. Le Dormeur du val n'en demeure pas moins un poème très abouti, et qui montre chez l'auteur une grande maîtrise des règles de versification - ce qui peut étonner à seize ans à peine 

Ce poème est sans doute inspiré au jeune Rimbaud, 16 ans à l'époque, par la guerre franco-prussienne de 1870, et plus particulièrement par la bataille de Sedanscellant la défaite française le 3 septembre 1870 à moins de 20 kilomètres de Charleville, son lieu de résidence à l'époque. Cette scène, un soldat mort au milieu d'une nature omniprésente et accueillante, suscite effectivement l'indignation de Rimbaud. Il est cependant peu probable que celui-ci ait réellement assisté à ce qu'il décrit2.

Dans ce contexte, Rimbaud a pu vouloir évoquer un déserteur qui a été exécuté ou un soldat grièvement blessé dans les combats qui est venu dans ce lieu idyllique pour mourir tranquillement La nature est une entité extrêmement présente dans ce poème, c'est ce que traduit la récurrence du champ lexical correspondant (« verdure », « rivière », « montagne », « rayon »...). Mais cette nature apparaît bien particulière, très vive et active, comme le traduisent les nombreux verbes d'action utilisés (« chante » renforcé par l'allitération de consonnes dentales au vers 1 [t]/[d], « accrochant », « mousse »...) qui contribuent à personnifier les différents éléments naturels : la « rivière », la « montagne », le « val ». Cette impression de foisonnement et de complexité est encore accentuée par l'utilisation de subordonnées (« où chante... », « qui mousse... »), l'adverbe d'intensité « follement », mais passe aussi par des rythmes accélérés. Par exemple, au vers 3, les accents délimitent trois groupes de syllabes : 2 (« D'argent ») - 4 (« où le soleil ») - 6 (« de la montagne fière ») ; cela donne un élan au vers, une vivacitè.

C'est une nature bienfaisante et harmonieuse : elle réunit l'eau, le soleil et la végétation. Rimbaud décrit la fluidité de l'eau par l'enjambement du vers 1 au vers 2. À cet égard, « la Nature » du vers 11 se change en allégorie maternelle et protectrice, comme le montrent les lexiques de la maternité (« berce-le chaudement ») et plus généralement de la douceur (« lit », « baignant »). La périphrase « trou de verdure » du vers 1 évoque de plus un refuge. L'emploi de l'adjectif « petit » traduit dans la même ligne d'idée une certaine familiarité.

Cette description fait appel à plusieurs sens, principalement la vue (présente par exemple à travers les adjectifs de couleur : « bleu », « vert », « pâle ») sur laquelle on insiste par des rejets aux vers 2/3 (« D'argent ») et 3/4 (« Luit »), l'odorat (« sa narine »), le toucher (qui passe par des prépositions marquant des positions : « dans son lit vert », « étendu dans... », « la main sur la poitrine »), l'ouïe (« chante »). Rimbaud met ici en place des synesthésies, comme Baudelaire avant lui dans son poème Correspondances, qui conduisent parfois à des situations des images paradoxales, liant de façons inhabituelle les sensations : « un petit val qui mousse de rayons » (reliant éléments solide, liquide à des radiations), « la lumière pleut » (liquide et radiation encore ici). Finalement, bien qu'agréable et vigoureuse, cette nature familière revêt aussi des aspects plus mystérieux et étranges L'auteur évoque, au vers 5, un « soldat » étendu dans l'herbe. C'est cependant sa jeunesse qui frappa le poète, on le voit au déplacement de l'adjectif « jeune », juste avant la virgule, et à la place faite au lexique de l'enfance même, plus que de la jeunesse (« berce », « enfant »), et ce militaire est d'ailleurs comparé à un « enfant » aux vers 9 et 10 (« comme / Sourirait un enfant malade »

La position allongée de cet homme l'assimile à un simple « dormeur », comme veut nous le faire croire le titre du poème. Son aspect est peu règlementaire : il est la tête nue, sans casque ou képi. Il y a donc l'idée d'un certain relâchement dû à la sieste du soldat. Notons la rime de « comme » et « somme » (vers 9 et 10). Cette atmosphère d'inactivité est particulièrement travaillée. Les champs lexicaux du sommeil et de la passivité sont bien développés (« bouche ouverte », « étendu », « berce »...), et on peut même parler de béatitude lorsque Rimbaud répète aux vers 9 et 10 le verbe sourire. Les métaphores (« dans son lit vert », « baignant dans le frais cresson... »), la répétition de termes de même étymon que le verbe dormir (« dort » aux vers 7, 9 et 13, « dormeur » dans le titre), ainsi que les rejets (« dort » au vers 7, « tranquille » au vers 14, qui est en plus mis en valeur par l'apposition). Toutefois, ce calme est trompeur.

Même si la nature semble être accueillante, ce soldat y occupe une place difficile à qualifier. D'un côté ce jeune homme apparaît très différent de la nature qui l'entoure, lui est « pâle » et inactif, au contraire de la nature qui est animée, vivace. Et pourtant, il semble y avoir trouvé sa place, entouré de toute part (« dans son lit vert », « sous la nue »), et on remarquera essentiellement la répétition de la préposition « dans » (aux vers 6, 8, 9, 13), qui peut montrer que ce soldat s'intègre finalement au paysage qui l'a accueilli, mais aussi suggérer l'inhumation de sa dépouille, renforcée par les termes nue et la lumière qui luit, évoquant le drap mortuaire qui couvre son corps.

Nous pouvons de même remarquer la manière singulière qu'a choisie l'auteur de présenter le personnage. En effet, celui-ci utilise un « zoom » comparable à celui d'une caméra. On commence ainsi sur le paysage « c'est un trou de verdure », puis sur le soldat dans son ensemble « un soldat jeune », puis on se rapproche de lui encore « souriant », pour ainsi se focaliser sur les « deux trous rouges au côté droit ». On peut remarquer que cette structure est dévoilée selon les strophes du sonnet.

Ce n'est qu'au dernier vers que Rimbaud évoque explicitement le décès du soldat : les deux trous rouges, qui sont les marques de la baïonnette ou de l'arme à feu, rappellent le « trou de verdure » du vers 1, au sens où celui-ci serait un tombeau, on peut donc dire que dès le début du poème, il y a une préparation à cette triste réalité. À ce propos on remarque que certaines expressions contribuent à amorcer cette thématique de la mort (vers 6) « la nuque baignant dans le frais cresson bleu ». C'est un sommeil éternel. La description du visage annonce la morbidité. « il a froid », le corps est déjà sans vie. Au fil du poème se crée une impression de malaise comme au vers 12 « Les parfums ne font pas frissonner sa narine » qui montre qu'il ne respire plus. Enfin, Rimbaud a placé un rejet au dernier vers du mot « Tranquille ». L'Allitération en « r » suggère initialement le rêve, le ronflement du dormeur mais finalement le râle et la mor


 

 

L'homme blesséL'homme bléssè de CourbetRésultat de recherche d'images pour "musée et demeure de gustave courbet"

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http://www.musee-orsay.fr

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Ce tableau est divisé visuellement en deux parties. Dans la moitié supérieure, un homme qui n'est autre que Gustave Courbet (lui-même) est couché, la tête appuyé sur un arbre, les yeux clos (comme dans La Sieste champêtre qui lui aurait servi de modèle), la main gauche tenant un pli du manteau qui lui recouvre les jambes. Il est plongé dans une rêverie intermédiaire entre la conscience éveillée et l'évanouissement. Derrière lui, on voit encore l'épée qui l'a blessé. Dans la partie inférieure se déploie un manteau brun. On peut imaginer que le bas du corps continue au-delà de la surface du tableau, "de notre côté", comme si le bord inférieur n'était pas imperméable, comme s'il n'était plus capable d'assigner au spectateur une position fixe, une distance. Ce trait n'est pas particulier à ce tableau : souvent, dans l'oeuvre de Courbet, le statut du bord inférieur est problématique. C'est le cas dans La Source, dans La Source de la Loue , dans le Petit portrait de l'artiste au chien noir - et aussi dans L'origine du mondede 1865 - dont la disposition en diagonale évoque celle-ci.

 

Ce tableau n'a été achevé qu'en 1854 mais, comme dans le Sculpteur de 1844, l'homme est placé en diagonale, dans une position qui donne l'impression que nous le voyons d'en-bas.

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