Le jardin de Saint Cloud au XIXe siècle
______________
______________________________________
Au XIXe siècle, Saint Cloud sera un centre important du pouvoir
Napoléon y fera en partie son coup d’état du 18 brumaire. De nombreuses parties importantes de son règne impérial y aura lieu : remise de la couronne mais aussi la fin de l’empire en 1815.
Louis XVIII et Charles X poursuivirent l’aménagement des lieux. Ce dernier abdiquera dans ces lieux en 1830.
Enfin, Napoléon III y vint souvent. A noter que ce fut à Saint Cloud que Napoléon III signa la déclaration de guerre contre la Prusse en 1870. Il y avait également reçu le titre d’empereur en 1852.
L’aménagement du Jardin du Trocadéro
Sur la colline de Montretout, le jardin paysager du Trocadéro a remplacé à partir de 1823 un ancien labyrinthe. À la demande de Louis XVIII, Maximilien-Joseph Hurtault a conçu ce jardin privé, destiné à l’éducation et au divertissement des enfants de France, Louise d’Artois et son frère Henri, duc de Bordeaux. Aux côtés des attractions éphémères installées dans le jardin à l’occasion de fêtes comme la Saint-Henri, le jeune prince profitait d’aménagements permanents : un stand de tir au fusil, à l’emplacement de l’actuelle volière, et des agrès. Pour sa sœur, un pavillon d’études en bois fut construit sur le coteau. Déplacé en 1833 au centre du jardin, ce « pavillon Turc aux couleurs vives constituait un point de vue pittoresque pour le visiteur. Pensé comme un herbier vivant à vocation didactique, le jardin est riche de 240 essences exotiques provenant d’Amérique, de Chine, du Japon ou du Moyen-Orient. Les végétaux offrent également une riche palette chromatique au fil des saisons ou encore des effluves parfumées au cœur des massifs arborés. Le tracé du jardin est caractérisé par un réseau de chemins sinueux bordés de pelouses ou de massifs, qui composent des scènes variées au fil de la promenade. Creusée au sein de la vaste prairie centrale en 1858, la pièce d’eau avait initialement un rôle fonctionnel de réservoir destiné à l’alimentation des pompes à incendie du château.
Au nord du château, Louis XVIII fait planter un jardin à l’anglaise à place du labyrinthe de Montretout. Il s’agit de faire un espace pour la promenade et un lieu de formation à la botanique pour les enfants de France. Le jardin fut en réalité finalisé sous Charles X. Son frère Louis XVIII était en effet mort entre temps.
Les réfections sous Louis Philippe
Pendant la Monarchie de Juillet, Louis Philippe fit faire de nombreux travaux de réaménagement du château de Saint Cloud. Sous son règne, la grande cascade fut également restaurée, en 1835.
Le Trocadéro fut élevé sur une des collines de Paris à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1878. Il s’agissait de la troisième manifestation du genre organisée à Paris au XIXe siècle et dont le but était principalement de nature économique. A cette époque, la France était en grande rivalité avec l’Angleterre, berceau de la Révolution industrielle. Surtout, le pays sortait très affaibli de la guerre franco-prussienne qui lui avait retiré l’Alsace-Lorraine et la capitale était encore meurtrie par les destructions de la Commune de 1870. L’Exposition de 1878 devait relancer la dynamique industrielle et montrer à la face de l’Europe que la France était toujours une grande puissance.
La construction du Trocadéro fut confiée à l’architecte Gabriel Davioud (1824-1881) et à l’ingénieur Jules Bourdais (1835-1915). Le nom de ce palais d’inspiration mauresque rappelait l’expédition et la victoire du duc d’Angoulême en Andalousie en 1827. Le Trocadéro était le seul bâtiment qui devait survivre à l’Exposition Universelle. Très spectaculaire, il abritait la plus grande salle des fêtes jamais construite à cette époque. A l’issue de la manifestation internationale, l’une des ailes du Trocadéro fut réservée à l’accueil du musée des monuments français, créé par l’architecte Viollet-le-Duc sur l’exemple du premier musée d’Alexandre Lenoir. Il regroupait des moulages des plus belles pièces du patrimoine français.
Chef d’œuvre de la commande publique, le décor du Trocadéro avait mobilisé peintres et sculpteurs officiels. De grandes sculptures animalières, dont certaines sont aujourd’hui déposées sur le parvis du Musée d’Orsay, étaient installées sur les terrasses qui ouvraient sur les jardins et cascades en contrebas, face à la Seine. Toujours en place au moment des Expositions universelles de 1889 et de 1900, le Trocadéro fut
partiellement détruit pour permettre l'édification du palais de Chaillot.
Une architecture présente dans la ville
L’architecture du Trocadéro nous est connue par des documents peints et dessinés, des plans d’architecture et des photographies. Elle impressionne par son gigantisme et son éclectisme. Un cliché pris avant 1928 révèle la symétrie parfaite du bâtiment formé d’une demi-rotonde entourée de deux tours carrées. Vu depuis le pont d’Iéna, ce document ne laisse rien deviner des deux ailes qui se déployaient de chaque coté et offraient une promenade avec vue sur les jardins et la Seine.
Comme le révèle la toile du peintre Stanislas Lépine (1835-1892), datant de l’époque de la peinture de plein air, le Trocadéro était devenu un élément familier du décor des bords de Seine à l’issue de l’Exposition Universelle de 1878. Point de repère surélevé, il s’imposait dans un environnement urbain encore naissant et promis à un intense développement dans les années de la Troisième République. Quelques années plus tard, une photographie prouve la place majeure que le Trocadéro occupait toujours dans la cité au moment de l’Exposition universelle de 1900, la plus grande jamais organisée dans la capitale. Ce cliché historique révèle l’interpénétration des époques et des styles. Le Trocadéro, que l’on aperçoit ici au bout du pont d’Iéna élargi, faisait désormais face à la Tour Eiffel élevé en 1889. L’architecture moderne du fer imposait sa modernité face à la silhouette éclectique du Trocadéro encore fortement ancrée dans le XIXe siècle.
Un bâtiment fantôme ?
Les trois documents montrent la place occupée par l’architecture du Trocadéro dans l’espace et l’histoire de Paris à des époques différentes. Du simple cliché photographique à l’œuvre peinte par Stanislas Lépine, chacun invite à comprendre quelle fonction pouvait avoir une telle construction dans le paysage urbain. Ayant l’allure d’un bâtiment fantôme, le Trocadéro fut un ouvrage architectural très critiqué par ses contemporains, souvent mal-aimé, et dont l’histoire demeure finalement mal connue du grand public. S’il fut principalement occupé par le Musée des Monuments français, son utilité ne parut pas suffisante pour qu’il survive à l’Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937. Démoli, il fut remplacé par l’actuel Palais de Chaillot. Cette disparition soulève la question de la perpétuation du patrimoine urbain et de la cohérence des programmes architecturaux monumentaux. En effet, le Trocadéro n’est pas le seul des bâtiments construits pour une exposition universelle à avoir été détruit. Que l’on songe au Palais de l’Industrie de 1855 ou à la Galerie des machines de 1867, leur sort fut identique. Pourtant, même disparu, ce patrimoine architectural éphémère s’inscrit entièrement dans l’héritage de l’histoire socioculturelle du XIXe siècle.
____