Minerve village cathare
Avant tout situons Minerve ;
Nous trouvons le village cathare dans le département de l’Hérault en région Occitanie. Elle tire son nom de Menèrba, forme occitane de Minerve, déesse romaine des arts et des sciences. Ancré à 25 km de Narbonne au voisinage des Corbières et du Parc Naturel du Haut Languedoc, Minerve est un petit village typique de cette région de la France célèbre pour l’hospitalité de ses habitants.
Situé à la convergence des rivières Cesse et Brian, Minerve est perché au-dessus de gorges abruptes et semble fièrement défier les forces de la nature. Cette promiscuité aura également permis aux Minervois de survivre aux différents massacres qui ont ensanglanté leur histoire plus que millénaire. Un des épisodes les plus marquants se déroula en 1210 quand Simon de Montfort attaqua le village, alors place forte Cathare. Se sentant investi de Dieu et avec la bénédiction du Pape, Simon de Montfort pris la tête une forte armée dotée de quatre catapultes et tint le petit village fortifié en siège. Afin d’accélérer le dénouement du siège, il prit à partie le puit du village, approvisionnement principal en eau des habitants. Le Vicomte Guilhem de Minerve ayant pris conscience de la gravité de la situation, il négocia la reddition, sauvant par la même la vie des villageois ainsi que sa propre vie, mais scellant le destin des 140 Parfaits qui avaient pris refuge au sein du village. Il reste peu de vestiges du village fortifié de cette époque guerrière à l’exception de la candela, une tour octogonale. Un dédale de ruelles, le village possède en son centre une charmante église du XIIe siècle jouxtant un petit musée ouvert à ceux qui veulent en apprendre davantage sur l’histoire du village et des Cathares.
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Le pagus minerbensis apparaît dans les textes à l'époque carolingienne. Nous connaissons « les noms de certains féodaux carolingiens et des vicomtes qui leur succèderont »14. La première mention écrite de Minerve, castrum menerba, se trouve à l'occasion d'une assemblée de justice tenue en 873 « devant le lieu fortifié de Minerve et à l'autel de Saint-Nazaire dont l'église était située dans les environs du village15 sous la présidence de Bérald, vicomte de Minerve et en présence de Salomon, délégué du roi... »16.
Bas Moyen Âge
En 1209, des milliers de chevaliers du nord de la France et de toute l'Europe franchissent le Rhône pour rappeler les seigneurs occitans au respect de la foi de Rome et éradiquer le Catharisme. L'armée croisée s'attaque d'abord à la tête de la région, le puissant vicomte Raimond-Roger Trencavel, qui domine une grande part du comté de Toulouse : les vicomtés d'Albi, de Béziers et Carcassonne. Les croisés mettent Béziers à sac puis Carcassonne tombe. Raimond-Roger Trencavel est enfermé dans ses propres prisons. Simon de Montfort, à la tête de l'armée croisée, sait que pour être maître du pays, il doit faire tomber les châteaux vassaux, qui parsèment l'intérieur hostile de la région (Corbières et Minervois). Commence alors la « guerre de châteaux ».
Pont de Minerve
Minerve est alors un castrum, un village fortifié associé à un château. Le castrum et le pagus minerbensis (pays minervois) relèvent du seigneur de Minerve, le vicomte Guilhem. Entouré des profondes vallées de la Cesse et du Brian, perché sur son rocher, le castrum de Minerve semble imprenable. Au milieu du mois de juin 1210 les Croisés, avec l'appui des Narbonnais, installent leur siège devant Minerve. Les barons du nord vont exploiter la technique militaire la plus avancée de l'époque, les machines de siège. Quatre trébuchets (mangonneaux et catapultes), construits sur place, entourent et pilonnent les murs de Minerve.
Reproduction d'un trébuchet, à proximité de la commune de Minerve (Hérault)
On est au début de l'été sur les causses arides du Minervois. Les deux rivières sont, comme chaque année en cette saison, complètement à sec. Le talon d'Achille de Minerve est l'accès à l'eau. Son unique puits est situé au pied de la cité à laquelle il est relié par une rampe fortifiée ; il est probablement à l'emplacement de celui qui est encore visible aujourd'hui (puits Saint-Rustique). Simon de Montfort réussit à détruire rapidement l'accès au puits grâce à la Malvoisine (la mauvaise voisine), une catapulte située au-dessus du puits qui permettait de lancer, non seulement des boulets de pierre, mais aussi, sans doute, des animaux morts qui au bout de plusieurs jours provoquaient des maladies en pourrissant. Nous sommes autour du 20 juillet, et Minerve qui résiste depuis cinq semaines, à bout de vivres n'a plus alors qu'à capituler. Guilhem de Minerve sort négocier pour sauver sa population et sa cité. Finalement il est conduit à céder et à se rendre sans condition. Néanmoins Simon de Montfort promit de laisser la vie sauve à la population et même aux parfaits cathares (s'appelant bonshommes on Bons-Chrétiens), qui s'étaient réfugiés dans la cité avec la prise du bas-pays, s'ils abjuraient leur foi. Malgré de fortes pressions, pendant que l'on préparait à leur intention un bûcher, tous sauf trois femmes sauvées de justesse par Mathilde de Garlande, refusent de se renier Ainsi, ce sont environ 140 parfaits qui périssent sur ce bûcher. Selon Pierre des Vaux de Cernay, « on les y jette tous, à vrai dire les nôtres n'eurent pas besoin de les y jeter, tous obstinés qu'ils étaient dans le mal, se précipitèrent dans le feu ». Les autres cathares qui ne sont pas « parfaits », terrorisés, abjurent et ont la vie sauve. Guilhem reçoit alors de Simon de Montfort des terres du côté de Béziers ; Simon, lui, laisse sur place une petite garnison et repart poursuivre son œuvre dans les Corbières. On sait que par la suite, Guilhem puis son fils vont reprendre la lutte aux côtés contre les croisés.
Il est assez facile d'imaginer l'état dans lequel devait se trouver le château et les remparts après cinq semaines de siège agrémentées de bombardements. Toujours est-il qu'il ne reste presque rien de ce Minerve de 1210, sinon quelques éléments de maçonnerie des soubassements des remparts et du château. Les éléments actuellement les plus visibles datent, dans le cadre d'un mouvement de reconstruction des forteresses occitanes, de la fin du xiiie siècle. En 1271, Philippe le Hardi réunit définitivement le Languedoc à la couronne de France et Minerve devient alors une châtellenie avec un gouverneur.
En 1355, le fils du roi d'Angleterre, le Prince Noir, débarque à Bordeaux. À la tête d'une troupe considérable, il sème la terreur jusque dans le Minervois. En 1363, des bandes armées venant d'Espagne qui ravagent la région et s'emparent du château de Peyriac ; en 1364, elles s'emparent de celui de Minerve avant d'être délogées assez rapidement de ces deux places-fortes par des milices venues de Toulouse, de Carcassonne et de Beaucaire.
sources: merci à Wilkipèdia
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Historien des CatharesMichel Roquebert