vie de jules verne
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Parler de ma vie c'est avant tout entrer dans un monde imaginaire...
mon histoire commence
à
Nantes
Pierre Verne, mon père originaire de Provins, acheta en 1826 une charge d'avoué à Nantes, et épousa l'année suivante Sophie Allotte de la Fuÿe. ma mère De cette union naquirent cinq enfants :moi: Jules (le 8 février 1828), puis vinrent ensuite Paul, mon frère, et Anna, Mathilde et Marie. mes soeurs.
L'île Feydeau, où se trouve ma maison natale , était alors vraiment une île, enserrée entre deux bras de Loire. L'immeuble du 2, quai Jean-Bart, où je passai mes quatorze premières années de ma vie, dominait le confluent de la Loire et de l'Erdre. De la maison de campagne de Chantenay, on voyait l'activité du port se déployer jusqu'au cœur de la ville.
Sachez que je n'ai vu la mer pour la première fois qu'à l'âge de douze ans, mais les îles, les ports et les bateaux, qui seront mes thèmes favoris de tant de mes œuvres, étaient depuis longtemps déjà dans ma vie et dans mes rêves.
Il faut vous dire que dans la famille Verne, on pratiquait volontiers la poésie de circonstance : naissances et mariages étaient l'occasion de célébrer en vers les joies de l'amour et de la famille. Pour ma part j'ai commencé à versifier très jeune : "Dès l'âge de douze ou quatorze ans", je crois "j'avais toujours un crayon sur moi et du temps où j'allais à l'école, je n'arrêtais pas d'écrire, travaillant surtout la poésie".
à l'adolescence, je commençai de remplir les deux cahiers de poésies qui m'accompagnront toute ma vie et qui, restés inédits à ma mort, ne furent publiés qu'en 1989 à votre siècle. Poésie lyrique ou satirique, émois amoureux ou rimes de chansonnier, les genres les plus divers s'y côtoient. Plus tard, je dois ajoutè que je fus aussi parolier, fournissant à mon ami le compositeur Aristide Hignard des poèmes à mettre en musique. D'ailleurs Ces chansons, réunies en recueil, parurent en 1857, sous le titre de Rimes et mélodies.
Au début des années 1850, Je, "monte" à Paris pour y terminer mes études de droit, à cette époque je ne sais pas encore que je serai romancier, mais je sais une chose je ne serai pas juriste. L'étude d'avoué de mon père attendra vainement que j' en prenne la succession. En attendant que mes œuvres m' apportent gloire et fortune, je dévore avec appétit les joies de la vie parisienne. dans la mesure où une modeste pension paternelle et quelques travaux alimentaires me le permettent.
Un correspondance entre moi et mes parent va s'établir ;Les lettres qu'e je leur envoie témoignent de ma vie quotidienne et de mes difficultés : Dites moi franchement comment un jeune homme qui envisage une carrière littéraire peut-il fréquenter les salons avec des chemises en lambeaux ? Comment pourrait-je résister à la tentation d'acheter (à crédit bien entendu ) un piano ou une collection de livres en parfait état ?
Cependant, je commence enfin à publier mes premiers textes dans le Musée des familles, que dirige mon compatriote Pitre-Chevalier.
C'est vrai que je me suis toujours considéré comme un auteur dramatique. A 17 ans, j' écrivais des drames romantiques imités de Victor Hugo, mais c'est plutôt je dois l'avouer que c'est avec le vaudeville et l'opérette que j'obtins mes premiers succès. Grâce à mon ami Alexandre Dumas, je pus faire jouer au Théâtre-Lyrique, dont je deviendrai ensuite secrétaire, Les pailles rompues (pièce reprise ensuite à Nantes au Théâtre Graslin) et Le colin-maillard dont le fidèle Artistide Hignard écrivit la musique.
Bien des années plus tard, les modestes succès deviendront triomphes quand j adapterai pour la scène, en collaboration avec D'Ennery, Le tour du monde en quatre-vingt jours, Michel Strogoff et Les enfants du capitaine Grant.
Le savoir-faire du dramaturge uni au faste des mises en scène à grand spectacle remplissent chaque soir, pendant des mois, les théâtres du Châtelet et de la Porte Saint-Martin. C'est donc bien au théâtre, ma première vocation, autant qu'à mes romans, que Je devrai gloire et fortune.
C'est la date je peux le dire à laquelle je deviens un romancier. Le 31 janvier 1863, l'éditeur Jules Hetzel met en vente le premier roman d'un écrivain inconnu : Cinq semaines en ballon, par Jules Verne. Vous imaginez!
Le premier tirage est de 2 000 exemplaires ; de mon vivant , il s'en vendra 76 000 (seul Le tour du monde en quatre-vingt jours fera mieux avec 108 000 exemplaires).
L'année suivante, Je signe avec Hetzel un contrat aux termes duquel je m'engage à fournir deux volumes par an. à partir de 1865 , ce sont trois volumes annuels qui naissent de notre collaboration. à la mort de Hetzel, en 1886, son fils prend sa succession et continue la publication des Voyages extraordinaires, qui représentent au total 62 titres regroupés en 47 volumes. Au sein de la maison d'édition, Je ne suis pas seulement un auteur prolifique : je suis également codirecteur du Magasin d'éducation et de récréation, périodique fondé par Hetzel et Jean Macé notre but est de proposer aux familles "un enseignement sérieux et attrayant à la fois, qui plaise aux parents et profite aux enfants".
Avant d'installer sa maison d'édition au 18 rue Jacob, Hetzel connut une première vie d'éditeur et d'homme politique. Républicain convaincu, il participa à la révolution de février 1848 et servit le gouvernement provisoire comme chef de cabinet de Lamartine, ministre des Affaires étrangères.
Il dut donc s'exiler en Belgique sous Napoléon III et ne put rentrer en France qu'en 1859.
En 1844, il avait lancé Le diable à Paris, revue à laquelle collaboraient Balzac, Théophile Gautier, Alfred de Musset, Gérard de Nerval, Charles Nodier, Georges Sand, Stendhal et Eugène Sue, et qu'illustraient Gavarni, Grandville et Bertall. à cette "écurie" déjà prestigieuse se joignirent par la suite Erckmann-Chatrian, Victor Hugo et Jules Sandeau.
À son activité d'éditeur, Hetzel joignait celles de traducteur et d'écrivain. Sous le nom de P.-J. Stahl, il contribuait à remplir les colonnes du Magasin d'éducation et de récréation et se chargeait lui-même d'écrire les textes des albums pour enfants qu'il publiait.
Quand je reflechis ma vie c'est vingt ans à Nantes, vingt-trois ans à Paris, et trente-quatre ans à Amiens, 61 063 habitants, comme je l'écris dans sa Géographie de la France.
Marié en 1857 à l'amiénoise Honorine de Viane, je m'installe en 1871 dans la ville d'origine de ma femme, avec notre fils Michel et les deux filles nées du premier mariage d'Honorine. La maison appartenait à un notaire d’Amiens, Je n’était que locataire.
Je mène une vie de bourgeois bien rangé et reçois la bonne société pour faire plaisir à mon épouse, mais je vous avoue que je préfère aux mondanités du salon la solitude laborieuse de mon cabinet de travail. Meuble imposant, c'est vrai mais il n’est toutefois pas assez grand pour supporter tous mes livres que je consulte .Sur le globe terrestre, que vous voyez Je trace les parcours que je faisais faire à mes personnages. Leurs aventures sont nourries par mes nombreux voyages et par les recherches que je faisais.
Couronnement de ma vie de notable,je suis élu à mon grand etonnement conseiller municipal en 1888. Je suis chargé du théâtre, que je fréquente assidûment ; je prononce des discours pour la distribution des prix au lycée et inaugure le cirque, en 1889.
Sachez que la légende familiale des Verne rapporte qu' âgé de onze ans, je fis une fugue et embarquai clandestinement à bord du trois-mâts La Coralie, en partance pour les Indes.Je dois vous prèciser que l'authenticité de l'incident est loin d'être avéré, mais ma passion pour la mer et les bateaux est une réalité. Quant à l'autre légende, qui veut que les Voyages extraordinaires soient l'œuvre d'un sédentaire endurci, les nombreux romans inspirés des voyages réels de l'auteur suffisent à la démentir.
De mon premier périple, qui me mena en Grande-Bretagne en 1859, je rapportai non seulement Voyage à reculons en Angleterre et en Ecosse (resté inédit jusqu'en 1989), mais encore Les Indes noires et Le Rayon-vert. Une ville flottante est le récit romancé de ma traversée de l'Atlantique à bord du Great-Eastern, le plus grand paquebot du monde.
Je fus propriétaire de trois bateaux successifs, tous les trois baptisés Saint-Michel ; avec le troisième, je fit entre 1878 et 1885 plusieurs grandes croisières en Méditerranée, d'où naquirent Mathias Sandorf et Clovis Dardentor.
Accablé de travail par Hetzel, fraîchement installé en Picardie,je signais plaisamment une lettre à mon éditeur : "Votre bête de Somme". Comme Balzac avec La comédie humaine ou Zola, mes contemporain, avec les Rougon-Macquart, j'ai conçu avec Les voyages extraordinaires, un vaste cycle romanesque qui ne représente toutefois, malgré ses dimensions impressionnantes, qu'une partie de ma production.
Les manuscrits de mes œuvres, dont la plus grande partie est conservée à la Bibliothèque municipale de Nantes, sont le témoignage de presque soixante ans de travail acharné. Des premiers essais de théâtre, écrits sur des cahiers de tous formats et corrigés dans tous les sens, aux romans de la maturité, à la présentation méthodique et immuable, l'examen des manuscrits montre bien que, si les thèmes et la méthode de travail ont évolué, c'est autant à l'inspiration fulgurante d'un visionnaire qu'au labeur quotidien d'un homme que j'ètais rivé à mon bureau que nous devons De la terre à la lune et Le tour du monde en quatre-vingt jours.
Non content de corriger sans cesse et de récrire plusieurs fois chaque œuvre, Jecorrespondais plusieurs fois par semaine avec mon éditeur et terminait souvent mes lettres en réclamant avec insistance de nouveaux jeux d'épreuves qui n'arrivaient jamais assez vite
La visite de ma maison à la tour permet de vous imprégner de l’ambiance d’une maison bourgeoise du XIXe siècle, comme vous l'imaginez tout en découvrant du mobilier et des objets ayant appartenu à ma famille . C’est aussi un musée sur mon œuvre et sur ma postérité. Vous y trouverez ainsi de nombreuses affiches, et une pièce présente de mes ouvrages.
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Notre salle à manger est la seule pièce de la maison à avoir gardé son décor d’origine avec son mobilier de style néo-gothique et son plafond à caissons. Lorsque Jnous y vivions avec ma femme elle était séparée de la cuisine par le vestibule. La cuisine se trouvait à l’emplacement de votre ’actuel guichet d’accueil et entre les deux espaces une petite pièce servait de salle à manger pour chaque jour.
Le mobilier de cette salle à manger d’apparat, qui ne servait je me souviens qu’aux grandes occasions, a été reconstitué dans le style de l’époque
Regardez dans les placards sont présentés de nombreux objets m'appartenant ainsi qu a mon épouse, d'autres proviennent de la famille de mon éditeur ...