le masque de fer une affaire dans le grand siècle
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Qui était l’Homme au masque de fer?
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Le , en plein règne de Louis XIV, une gazette manuscrite janséniste, qui se lisait sous le manteau, informait ses lecteurs qu'un officier, monsieur de Saint-Mars, avait conduit « par ordre du roi » un prisonnier d'État au fort de l’île Sainte-Marguerite, en Provence. « Personne ne sait qui il est ; il y a défense de dire son nom et ordre de le tuer s'il l'avait prononcé ; celui-ci était enfermé dans une chaise à porteurs ayant un masque d'acier sur le visage, et tout ce qu'on a pu savoir de Saint-Mars était que ce prisonnier était depuis de longues années à Pignerol, et que les gens, que le public croient mort, ne l'est pas. »
Par la suite, le 29 septembre 1698, une autre gazette annonçait que « M. de Saint-Mars, qui était gouverneur des îles de Saint-Honorat et de Sainte-Marguerite, est arrivé ici depuis quelques jours pour prendre possession du gouvernement de la Bastille, dont il a été pourvu par Sa Majesté. »
Le 3 octobre, la même gazette rajoutait que « M. de Saint-Mars a pris possession du gouvernement de la Bastille, où il a fait mettre un prisonnier qu'il avait avec lui, et il en a laissé un autre à Pierre-en-Cise, en passant à Lyon. »
La seconde mention qui ait été faite du prisonnier au masque de fer se trouve dans un petit livre anonyme : Mémoires secrets pour servir à l'histoire de Perse (Amsterdam, 1745, in-12), qui n'est qu'une satire des intrigues politiques et galantes de la cour de Louis XIV, sous des noms persans. On y raconte une visite du régent à un prisonnier d'État masqué. Ce prisonnier, transféré de la citadelle d'Ormus (îles Sainte-Marguerite) dans celle d'Ispahan (la Bastille), n'est autre que le comte de Vermandois, fils de Louis XIV et Louise de La Vallière, incarcéré pour avoir donné un soufflet au dauphin, et qu'on avait fait passer pour mort de la peste. « Le commandant de la citadelle d'Ormus, disent ces Mémoires, traitait son prisonnier avec le plus profond respect ; il le servait lui-même et prenait les plats à la porte de l'appartement des mains des cuisiniers, dont aucun n'avait jamais vu le visage de Giafer (le comte de Vermandois). Le prince s'avisa un jour de graver son nom sur le dos d'une assiette avec la pointe d'un couteau. Un esclave, entre les mains de qui tomba cette assiette, crut faire sa cour en la portant au commandant, et se flatta d'en être récompensé ; mais ce malheureux fut trompé dans son espérance, et l'on s'en défit sur-le-champ, afin d'ensevelir avec lui un secret d'une si grande importance. Giafer resta plusieurs années dans la citadelle d'Ormus. On ne la lui fit quitter, pour le transférer dans celle d'Is-pahan, que lorsque Cha-Abbas (Louis XIV), en reconnaissance de la fidélité du commandant, lui donna le gouvernement de celle d'Is-pahan qui vint à vaquer. On prenait la précaution, autant à Ormus qu'à Ispahan, de faire mettre un masque au prince lorsque, pour cause de maladie ou pour tout autre sujet, on était obligé de l'exposer à la vue. Plusieurs personnes dignes de foi ont affirmé avoir vu plus d'une fois ce prisonnier masqué, et ont rapporté qu'il tutoyait le gouverneur qui, au contraire, lui rendait des respects infinis. » (extrait de l'article Le masque de fer dans le Grand dictionnaire universel du xixe siècle, tome 10, page 1304).
C'est Voltaire qui va lancer la légende en consacrant à l'« homme au masque de fer » une partie du chapitre XXV du Siècle de Louis XIV publié en 1751. Affirmant que le personnage a été arrêté en 1661, année de la mort de Mazarin, il est le premier à mentionner le détail, propre à exciter l'imagination, du « masque dont la mentonnière avait des ressorts d'acier qui lui laissaient la liberté de manger avec le masque sur le visage » en ajoutant : « On avait ordre de le tuer s'il se découvrait. » Il affirme également que le prisonnier était traité avec des égards extraordinaires, qu'on faisait de la musique dans sa cellule et que : « Son plus grand goût était pour le linge d'une finesse extraordinaire et pour les dentelles. » En 1752, la réédition du Siècle de Louis XIV ajoute l'anecdote de l'assiette d'argent sur laquelle le prisonnier inscrit son nom et qu'il lance par la fenêtre de la prison ; retrouvée par un pêcheur illettré, ce dernier l'aurait rapportée au gouverneur qui lui aurait dit, après s'être assuré qu'il n'avait pu déchiffrer l'inscription : « Allez, vous êtes bien heureux de ne pas savoir lire. »
Le mystère entourant l’existence du prisonnier le plus fameux de l’Histoire de France trouve son origine dans la mort d’un détenu, le 19 novembre 1703 à la Bastille, au terme d’une longue captivité : un inconnu, sans nom et dont nul ne connaissait les motifs d’incarcération. Il semble que l’homme ait été inhumé sous un nom d’emprunt dans le cimetière de l’église Saint-Paul, dans le quartier du Marais. Malgré la mise en ligne par les Archives nationales de France de documents que l’on croyait perdus, la légende lancée en 1751 par Voltaire continue de passionner les foules.
On a tout dit à propos de ce mystérieux prisonnier : un anonyme du 18e siècle prétend qu’il s’agissait du comte de Vermandois, fils de Louis XIV et de Louise de la Vallière, incarcéré pour avoir giflé le Dauphin et qu’on aurait fait passer pour mort. D’autres ont vu en lui le duc de Beaufort, un cousin de Louis XIV qui s’était gravement compromis dans plusieurs conspirations fomentées contre Richelieu et Mazarin ; d’Artagnan, après sa blessure à la bataille de Maastricht en 1673 ; ou carrément Molière en personne ! Selon l’une des théories les plus en vogue, il s’agirait plutôt de Nicolas Fouquet, le surintendant des finances tombé en disgrâce pour avoir osé défier le Roi-Soleil. L’hypothèse la plus célèbre – merci Voltaire ! – reste bien sûr celle d’un frère clandestin de Louis XIV. Et évidemment, Alexandre Dumas n’a pas pu s’empêcher d’y mettre son grain de sel…
De la forteresse de Pignerol à la Bastille en passant par l’île Sainte-Marguerite, les passionnés ont reconstitué l’itinéraire du prisonnier masqué – dont tout indique qu’il ne l’était que lors de ses transferts afin d’éviter qu’on puisse le reconnaître.
En 1769, le père Griffet, dans son Traité des différentes sortes de preuves qui servent à l’histoire, évoque les curieuses précautions prises après le décès du prisonnier : « Dès qu’il fut mort, on avait brûlé généralement tout ce qui était à son usage comme linge, habits, matelas, couvertures ; on avait regratté et blanchi les murailles de sa chambre, changé les carreaux et fait disparaître les traces de son séjour, de peur qu’il n’eût caché quelques billets ou quelque marque qui eût fait connaître son nom ».
Qui était-il donc pour que l’on cherchât à effacer son souvenir avec autant d’acharnement ? Le saura-t-on jamais avec certitude ?
Depuis une première mention dans une gazette de 1687, l’histoire de l’homme au masque de fer est l’une des énigmes les plus célèbres de l’histoire de France. Outre plusieurs dizaines d’ouvrages consacrés à cette affaire, le masque de fer a été popularisé par une douzaine de romans dont le plus connu est Le vicomte de Bragelonne d’Alexandre Dumas, lequel a donné lieu à de nombreuses adaptations au cinéma.
En laissant de côté les hypothèses romanesques, dont la plus récurrente (celle de Dumas) évoque un frère jumeau caché de Louis XIV, plusieurs historiens sérieux admettent aujourd’hui les témoignages de l’époque qui signalent que Le Masque de Fer, mort à la Bastille en 1703, après 34 ans de détention dans diverses prisons d’État à partir de 1669 (date de son apparition) était un homme à « la peau un peu brune », aux « cheveux noirs crépés » et au ton de voix « intéressant » (particulier), comme l’atteste son médecin.
Un document de Bénigne Dauvergne de Saint-Mars, geôlier et ami du masque de fer, évoque par ailleurs pour le désigner, lui et un autre prisonnier (La Rivière) deux « merles » (lettre à l’abbé d’Estrade, ambassadeur de France à Turin, du 25 juin 1681).
lignes 4-6 : J’ « aurai en garde [à Exilles]
deux merles que j’ai ici [à Pignerol]
lesquels n’ont point d’autres noms que MM. de la tour d’en bas. »
Le château de Palteau (à Armeau dans l’Yonne) où Le Masque de fer
, venant de la forteresse de Pignerol, et en route pour la Bastille, s’arrêta avec son geôli
er (qui était propriétaire du domaine) à l’automne 1698 pour y passer la nuit.
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Le Masque de Fer était un prisonnier dont on avait intérêt à ne montrer ni le visage ni les mains (gantées même au mois d’août) et que son geôlier, Saint-Mars, traitait avec beaucoup d’égards. Il était l’objet des plus grandes attentions de Louvois, ministre de la Guerre de Louis XIV et par ailleurs cosignataire du Code noir.
Les ordres étaient que toute personne qui lui adresserait la parole soit exécutée sur le champ.
C’est Saint-Mars lui-même qui s’occupait de faire manger son prisonnier.
Bénigne Dauvergne de Saint-Mars (1626-1708)
l’officier de carrière qui garda et donna personnellement à manger au Masque de Fer
pendant 34 ans : à Pignerol (Piémont, Italie) de 1669 à 1681, à Exilles
(Piémont, Italie) de 1681 à 1687, à l’île Sainte-Marguerite
(golfe de Cannes) de 1687 à 1698, enfin à la Bastille de 1698 à 1703.
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Le fort de l’Ile Sainte-Marguerite qui servit de prison au Masque de Fer
Parmi les hypothèses possibles :
1. Le Masque de Fer était un nain africain, offert par le duc de Beaufort et favori de la reine Marie-Thérèse, qui lui aurait obtenu la vie sauve après la naissance d’une petite fille « un peu moresque » en novembre 1664.
La forteresse d’Exilles où fut détenu le Masque de Fer.
L’hypothèse de la reine engrossée par un nain africain qui aurait été de ses familiers a été matière à rumeur, mais elle est difficile à soutenir.
D’abord parce qu’aucune trace archivistique d’un nain africain dans l’entourage de la Reine n’a été trouvée.
Le seul nain mentionné à cette époque à la cour est victime d’une noyade en tentant de traverser la Seine à cheval au Pecq le 13 juillet 1665. Il pourrait bien s’agir d’une exécution. Non pas parce que le nain était coupable, mais parce qu’il était à l’origine de la rumeur.
Ce qui est troublant, c’est que le même jour, Louis XIV, jusque là victime de crises d’angoisse qui lui occasionnaient des « tournoiements de tête », est miraculeusement soulagé (journal de son médecin Dangeau).
Or ces crises, dont Dangeau nous décrit les symptômes -« des allarmes et des appréhensions si terribles et si considérables qu’il na jamais eu ny repos ny satisfaction » – ont commencé en janvier 1665, c’est à dire dans les jours qui ont suivi la mort de la princesse Marie-Anne, dont il est attesté que les traits rappelaient ceux d’une mauresque, mais aussi au moment où la rumeur d’une infidélité de la Reine avec un nain de la cour a commencé à circuler.
Le manuscrit du médecin de Louis XIV attestant qu’il est l’objet de crises d’angoisse de janvier à mi-juillet 1665.
2. Le Masque de Fer était un jeune « Maure » au service du duc de Beaufort (le cousin du roi) et ce Maure aurait assisté à l’assassinat de son protecteur. Sa couleur de peau justifie qu’on ait fini par lui mettre un masque (après qu’il eut fait des confidences à Pignerol). C’était un domestique du duc de Beaufort : l’incarcération de d’Eustache Danger, futur prisonnier au masque de fer, correspond, la plupart des historiens s’accordent sur ce point, à la mort de Beaufort. Une mort imputée aux Turcs, mais qui était sans nul doute un assassinat.
3. La troisième hypothèse est la plus séduisante : Le Masque de fer serait un fils caché (né vers 1654) que le roi aurait eu avec une Africaine ou une Afro-descendante lorsqu’il était très jeune (étant né en septembre 1638, Louis XIV aurait pu l’engendrer alors qu’il avait 15 ans) . cette hypothèse, développée par Serge Aroles en 2014 suite à la découverte de documents probants dans des fonds d’archives jusqu’alors inexploités, est compatible avec la précédente : le fils du roi aurait été confié au duc de Beaufort et, de ce fait, il aurait assisté à sa mort.
On constate qu’à partir de 1665 le duc de Beaufort apparaît dans la comptabilité concernant les sommes accordées par le roi aux enfants royaux. On pourrait en conclure que c’est à partir de cette date que Beaufort s’est vu confier le fils du roi (son cousin). Officiellement cet enfant – d’environ 11 ans – aurait été ramené des campagnes auxquelles Beaufort aurait participé contre les barbaresques sur les côtes du Maghreb en 1662-1662.
En 1669, le duc de Beaufort disparaît en Crète dans des conditions plus que mystérieuses et un jeune homme âgé d’environ 15 ans débarque à Dunkerque sous le nom d’Eustache Danger. Des dispositions sont prises pour le conduire (sous escorte légère) dans la prison d’État de Pignerol. Ce prisonnier – futur homme au masque de fer – sait des choses et il ne doit pas parler. Son geôlier, Saint-Mars, cherche à lui faire peur en le prévenant qu’il sera exécuté sommairement s’il bavarde. Or il bavardera. Et ce seront ceux à qui il fera des confidences qui mourront. Une fois ces confidences faites, le mystérieux prisonnier sera soustrait aux regards et on ne lui donnera même plus de nom.
Il y aurait donc eu deux raisons de le mettre à l’écart : 1. Il a été témoin de l’assassinat de Beaufort. 2. Le geôlier appendra plus tard que Beaufort lui a dit qu’il était le fils du roi. Dès lors, sa couleur de peau devient embarrassante. La rumeur de métissage dans la famille royale a valu à un autre enfant illégitime de Louis XIV – celle qu’on appellera la Mauresse de Moret – d’être conduite, l’été 1665, à Moret par Bontemps, l’homme de confiance du monarque.
Le masque de fer sait d’une part qu’il est le fils du roi, d’autre part que le roi a fait assassiner le duc de Beaufort (protecteur de l’adolescent et cousin de Louis XIV). Nul doute qu’un témoin aussi gênant aurait été éliminé s’il n’était de sang royal.
Louis XIV, sur ordre de sa mère, fut éduqué sexuellement dès l’âge de 14 ans (à partir de 1652) par Catherine Bellière, duchesse de Beauvais, dite Cateau la Borgnesse (alors âgée de 38 ans).
Or Catherine Bellière a pu engager des sous-traitantes. Tout laisse penser que le jeune Louis XIV a eu, dès son plus jeune âge, des relations sexuelles avec des Africaines et des Afro-descendantes.
Un manuscrit de Michelet évoque explicitement une « négresse » mise sexuellement à la disposition du roi en 1661 (peu avant la naissance du Dauphin) par sa mère, Anne d’Autriche, pour le détourner de Louis de La Vallière, dont il était amoureux.
« elle lui avait passé sa vieille femme de chambre, une négresse et autres. Elle lui en passa par Madame… »
Si -à en croire l’historien Michelet – la reine met à la disposition du roi des « négresses » pour lui changer les idées quand il a 23 ans, c’est qu’elle avait l’habitude de le faire. Peut-être même savait-elle que le roi avait un goût particulier pour les femmes africaines ou afro-descendantes.
Il est d’ailleurs assez piquant de constater qu’en 1667, Louis XIV, à l’occasion de la Saint-Valentin, se travestit pour danser dans le ballet d’une pièce de Molière en « maure de qualité » et demande à sa maîtresse – toujours Mlle de La Vallière – de sa travestir en « mauresse ».
Il n’est guère étonnant que le fantasme nègre du roi lui ait valu une descendance, dont une ou deux filles mises de ce fait au couvent. S’il y a eu des filles, il y a pu aussi y avoir des fils, en tout cas au moins un : le Masque de fer.
Un fils métis du roi était beaucoup plus difficile à cacher qu’une fille. Le mettre au monastère ? Les religieux étaient beaucoup moins discrets que les femmes et ils laissaient beaucoup de traces écrites. Mieux valait placer le garçon comme « valet » dans la famille royale, ce qui laissait la possibilité de le voir de temps en temps. Le duc de Beaufort, qui avait traîné ses bottes en Méditerranée, était un parfait alibi.
Dans cette hypothèse, le Masque de fer, né vers 1654, aurait été enfermé dès l’âge de 15 ans et aurait passé toute sa vie en détention – du fait de sa couleur de peau, de son origine royale (il ressemblait peut-être au roi) et de ce qu’il savait sur la mort du duc de Beaufort – pour mourir à la Bastille à 49 ans et être enterré sous un nom d’emprunt.
sources:une autre histoire http://www.une-autre-histoire.org/
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Bibliothèque
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Vidéothèque
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un Poème
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, La Prison, 1823
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Pièce de Thèâtre
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- Victor Hugo
- Les Jumeaux,
- drame inachevé,
- écrit en 1839
- publié posthume en 1933
- Maurice Rostand,
- Le Masque de fer,
- pièce en 4 actes en vers
- créée à Paris, t
- héâtre Cora-Laparcerie,
- le 1er octobre 1923
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- Le siècle de Louis XIV chapitre 25 — Particularité et anecdotes du règne de Louis XIV
- par Voltaire où il est question du masque de fer.
- Molière à Bordeaux vers 1647 et en 1656 avec des considérations nouvelles
- sur ses fins dernières à Paris en 1673. . .
- ou peut-être en 1703 Tome 1 [archive] et tome 2 [archive]
- par Anatole Loquin,
- livre publié dans les Actes de l'Académie nationale des sciences
- , belles-lettres et arts de Bordeaux en 1895 et 1896.
- L'Énigme du Masque de fer par Marcel Pagnol
- Entretien sur le masque de fer de Jean-Christian Petitfils sur canalacademie.
- Qui était le Masque de fer ?
- par Émile Laloy
- paru dans le Mercure de France
- du 15 août 1932.
- Le Masque de Fer
- - Une enquête historique de Claude Dabos
- qui retranscrit les faits puis présente la version
- personnelle du chercheur Claude Dabos.
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une emission
Qui se cachait derrière l'homme au masque de fer ? "
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Présenté par Stéphane Bern, à partir d’extraits de films, de documentaires et de riches archives qui illustrent les propos tenus par les intervenants tant à travers les reportages qu’en plateau, grâce aussi à l’intervention de Philippe Charlier et Clémentine Portier-Kaltenbach qui apportent leurs points de vue de scientifique et de journaliste," Secrets d'histoire" met en lumière certains mystères non élucidés de l’histoire .
Nous sommes le 19 novembre 1703. L’homme au masque de fer vient de s’éteindre. Son enterrement au cimetière Saint Paul met fin à 34 années de détention. 34 ans durant lesquels ordre est donné à son geôlier, Saint-Mars, de taire son identité, de cacher son visage et de le contraindre au silence. Qu’est-ce qui justifie tant d’acharnement sur ce prisonnier ? Qui se cachait derrière l’homme au masque de fer ?
Il est celui « dont le nom ne se dit pas ». Quel est son secret ? Quel est son crime ? Certains prétendent que ce n’est qu’un mythe. Quels mystères entourent le masque de fer ?
Sujet 1 : L’homme au masque de fer a-t-il existé ?
C’est Voltaire qui lance le mythe dans le Siècle de Louis XIV
Nous partons à la recherche des traces de l’existence de l’homme au masque de fer. Plusieurs documents mentionnent la présence d’un homme portant un masque dans les prisons. Mais aucun ne livre son nom, on parle de lui par périphrase « l’homme dont le nom se tait », « l’homme de la tour d’en bas »
Les ordres le concernant sont donnés directement par le roi. Il est enterré au cimetière Sain Paul en 1703 sous le nom de Marchioli
Plateau 1 :
Les conditions sanitaires des prisonniers et la justice de l’époque
Pouvait-on vivre avec un masque ?
Pouvait-on maquiller un décès à l’époque ?
Le roi pouvait-il faire mourir qui il voulait ou devait-il se plier à une justice ?
- Avec la participation des chroniqueurs :
Sujet 2 : Qui pouvait être le prisonnier masqué ?
Les principales théories :
Selon Alexandre Dumas, ce serait le frère jumeau de Louis XIV. Beaucoup d’auteurs développent la théorie d’un frère adultérin du Roi Soleil, théorie rendue possible par les relations entre Anne d’Autriche et Louis XIII
Sinon quel personnage connu par tous a disparu a cette époque ? Nicolas Fouquet, l’homme qui faisait de l’ombre au Roi Soleil, aurait pu être ce prisonnier de haut rang dont personne ne pouvait voir le visage. Enfin, il est écrit que le prisonnier avait la peau brune. Ce pourrait donc être le page noir de la reine Marie Thérèse, Nabo, avec qui elle eu une fille, qu’on plaça dans un couvent.
Plateau 2 :
Les autres théories. D’autres théories ont été envisagées : l’homme au masque de fer serait Molière, ou un ancêtre de Napoléon…
Sujet 3 : Le masque de fer serait une supercherie
Le prisonnier masqué est gardé pendant toute sa longue captivité par le même geôlier : Saint Mars.
Si on procède à un décompte des registres d’écrous, on arrive au nom d’Eustache Danger.
Qui était-il ? En fait, c’est un valet quelconque.
Saint Mars n’ayant plus de prisonnier important à garder après la mort de Fouquet, il va mettre en scène son dernier prisonnier. Mais ce prisonnier meurt tard, et Saint Mars, devenu très riche entre temps, ne lui survivra que 2 ans.
Plateau 3 :
Le secret du masque de fer. Débat autour du secret d’Eustache Danger et de la raison de son arrestation
Réalisatrice : Florence Nicol
Journaliste : Mia Sfeir
- Clémentine Portier-Kaltenbach, journaliste d’histoire et chroniqueuse
- Philippe Charlier, médecin légiste
- Isabelle Heullant-Donnat, Historienne
Invités en plateau : - Hervé Drevillon, historien spécialiste de Louis XIV - Jean-Christian Petitfils, historien spécialiste du Grand siècle (Masque de Fer, Fouquet, Louis XIV) - Le masque de fer – Ed. Perrin |
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Le Masque de fer
(The Iron Mask)
avec effets sonores
américain, réalisé
par Allan Dwan,
sorti en 1929.
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Le Masque de Fer (1929) - Film entier
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- Réalisateur
- : Allan Dwan
- Assistant-réalisateur :
- Bruce Humberstone
- Scénario
- : Elton Thomas et Jack Cunningham
- (non crédité),
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- d'après les romans
- Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après
- et Le Vicomte de Bragelonne
- d'Alexandre Dumas
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- Musique
- : Hugo Riesenfeld
- Photographie :
- Warren Lynch et Henry Sharp
- Directeur artistique
- : William Cameron Menzies
- Décors : Maurice Leloir
- Costumes : Paul Burns
- Producteur
- : Douglas Fairbanks
- , pour Elton Corporation
- Distributeur : United Artists
- Genre : Film de cape et d'épée / Film d'aventure
- Film muet (avec musique et effets sonores, ainsi que deux séquences
- parlantes de Douglas Fairbanks), en noir et blanc
Distribution 1929
- Douglas Fairbanks :
- D'Artagnan
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- Belle Bennett :
- Anne d'Autriche,
- la reine-mère
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- Marguerite De La Motte
- : Constance Bonacieux
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- Dorothy Revier
- : Milady de Winter
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- Vera Lewis :
- Madame Péronne
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- Rolfe Sedan
- : Louis XIII
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- William Bakewell
- : Louis XIV
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- Gordon Thorpe :
- Le Jeune Prince,
- son frère jumeau
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- Nigel De Brulier :
- Le Cardinal Richelieu
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- Ullrich Haupt Sr. :
- Le Comte de Rochefort
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- Lon Poff
- : Le Père Joseph,
- confesseur de la reine
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- Charles Stevens
- : Planchet
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- Henry Otto
- : Le Valet du roi
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- Leon Barry :
- Athos
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- Stanley J. Sandford :
- Porthos
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- Gino Corrado :
- Aramis
Et, parmi les acteurs non crédités :
- Robert Parrish : Un page
la suite de l'enquête
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Le prisonnier a enflammé les imaginations. En réalité, rien ne permet de penser que le prisonnier était constamment masqué. Il semble plus probable qu'il n'a été astreint à porter un masque que pendant les transferts, pour éviter qu'un passant puisse le reconnaître. L'hypothèse d'une prothèse a même été évoquée8. Des scientifiques ont par ailleurs expliqué qu'il n'a pas pu porter ce masque constamment pour la bonne et simple raison qu'il aurait entraîné des maladies, comme une septicémie9. De plus il s'agissait d'un homme, donc la repousse des poils aurait eu lieu dans de mauvaises conditions.
Encore le port d'un masque n'est-il véritablement avéré qu'en 1698, lors du transfert à la Bastille : il est mentionné dans le registre de Du Junca (voir ci-dessus) ainsi que dans un récit (publié dans l’Année littéraire le 30 juin 1778) de l'étape de Saint-Mars dans son château de Palteau, faite par son petit-neveu :
« En 1698, écrit M. de Palteau, M. de Saint-Mars passa du gouvernement des Isles Sainte-Marguerite à celui de la Bastille. En venant en prendre possession, il séjourna avec son prisonnier à sa terre de Palteau. L'homme au masque arriva dans une litière qui précédait celle de M. de Saint-Mars ; ils étoient accompagnés de plusieurs gens à cheval. Les paysans allèrent au-devant de leur seigneur ; M. de Saint-Mars mangea avec son prisonnier, qui avait le dos opposé aux croisées de la salle à manger qui donnent sur la cour ; les paysans que j'ai interrogés ne purent voir s'il mangeait avec son masque ; mais ils observèrent très bien que M. de Saint-Mars, qui était à table vis-à-vis de lui, avoit deux pistolets à côté de son assiette. Ils n'avaient pour les servir qu'un seul valet-de-chambre, qui allait chercher les plats qu'on lui apportait dans l'anti-chambre, fermant soigneusement sur lui la porte de la salle à manger. Lorsque le prisonnier traversait la cour, il avoit toujours son masque noir sur le visage ; les paysans remarquèrent qu'on lui voyait les dents et les lèvres, qu'il était grand et avait les cheveux blancs. M. de Saint-Mars coucha dans un lit qu'on lui avait dressé auprès de celui de l'homme au masque. »
Qui connaissait le secret du masque de fer après 1703 ?
Selon Émile Laloy, auteur du livre Le Masque de fer : Jacques Stuart de la Cloche, l'Abbe Prignani ; Roux de Marsilly (1913), Louis XV est le dernier roi connaissant ce secret.
« Louis XV est le dernier roi auquel la légende attribue la connaissance de ce grand secret : Louis XVI l'ignorait complètement ; son premier ministre, Malesherbes, fit faire des recherches dans les archives de la Bastille pour l'élucider ; Chevalier, major de cette prison, en envoya le 19 novembre 1775 le résultat au ministre : il n'avait rien trouvé au-delà de ce qu'on savait déjà.
D'après une tradition communiquée par Mme d'Abrantès à Paul Lacroix, Napoléon aurait désiré vivement connaître le secret de l'énigme. Il ordonna des recherches qui restèrent sans résultat ; ce fut en vain que pendant plusieurs années le secrétaire de M. de Talleyrand fureta dans les archives des Affaires étrangères et que M. le duc de Bassano appliqua toutes les lumières de son esprit judicieux à éclaircir les abords de ce ténébreux mystère historique. »
Michel Chamillart, ministre de la guerre en 1703, connaissait aussi ce secret. Son gendre, le duc de La Feuillade, essaya de découvrir ce secret comme l'explique Voltaire.
« M. de Chamillart fut le dernier ministre qui eut cet étrange secret. Le second maréchal de La Feuillade, son gendre, m’a dit qu’à la mort de son beau-père, il le conjura à genoux de lui apprendre ce que c’était que cet homme, qu’on ne connut jamais que sous le nom de l’homme au masque de fer. Chamillart lui répondit que c’était le secret de l’État, et qu’il avait fait serment de ne le révéler jamais. »
Selon l'historien Emmanuel Pénicaut, auteur d'une biographie de Michel Chamillart, « une tradition familiale veut que le secret ait été transmis de père en fils dans la famille Chamillart jusqu'à la mort du dernier porteur du nom, Lionel Chamillart, en 1926. »
Les interprétations
Des dizaines d'identifications ont été proposées depuis le xviie siècle (Francis Lacassin en a compté 48). Le Masque de fer était-il le frère jumeau de Louis XIV, ce qui aurait expliqué qu'on cache son visage autant que son nom ? Le fils de Louis XIV et de Louise de La Vallière ? Un fils indésirable d'Anne d'Autriche ? Le duc de Beaufort, si l'on en croit le poète dramatique Lagrange-Chancel, qui avait lui-même été incarcéré aux îles de Lérins, dans une lettre qu'il écrivit à Fréron ? James de la Cloche, fils illégitime de Charles II d'Angleterre ? Voire Molière, comme le soutint l'érudit bordelais Anatole Loquin ? Le bel Henri II de Guise, prince de Joinville et frère de Marie de Lorraine dite « Mlle de Guise » ? Le mystère excita l'imagination des hommes, dont le romancier Alexandre Dumas.
Un frère jumeau de Louis XIV
La thèse de Voltaire, progressivement complétée et dévoilée, des éditions successives du Siècle de Louis XIV et de son Supplément (1751, 1752, 1753) à la Suite de l'Essai sur l'Histoire générale (1763) et aux Questions sur l'Encyclopédie (1770 et 1771) est que l'homme au masque de fer aurait été un frère jumeau de Louis XIV et, pour ajouter encore au piment de l'histoire, un frère aîné10, que, pour une raison mal élucidée, Anne d'Autriche et Mazarin auraient écarté du trône et élevé dans un lieu secret jusqu'à ce qu'à la mort de Mazarin, Louis XIV découvre le pot-aux-roses et décide de prendre des précautions supplémentaires pour que l'affaire ne puisse être découverte.
Marcel Pagnol, s'appuyant notamment sur les circonstances de la naissance de Louis XIV, affirme que le Masque de fer serait bien un jumeau mais né en second, soit le cadet, et qui aurait été dissimulé pour éviter toute contestation sur le titulaire du trône11. Les historiens qui rejettent cette thèse (dont Jean-Christian Petitfils), mettent en avant les conditions de l'accouchement de la reine. Celui-ci avait lieu en public, devant les principaux personnages de la cour. Or, selon Marcel Pagnol, juste après la naissance du futur Louis XIV, Louis XIII entraîne toute la cour à la chapelle du château de Saint-Germain pour célébrer en grande pompe un Te Deum, ce qui est contraire aux usages qui veut que cette cérémonie se déroule plusieurs jours après les couches. Cela aurait permis à la reine de rester seule avec sa sage-femme qui aurait mis au monde le second enfant.
Pour éclaircir le contexte, il faut rappeler qu'il y avait à l'époque controverse sur le fait de savoir quel était l'« aîné » de deux jumeaux : celui ayant vu le jour en premier ou celui qui, voyant le jour en second, avait, pensait-on, « été conçu » en premier. Si un tel cas s'était présenté, le jumeau régnant aurait eu un grave problème de légitimité.
À l'appui également de la thèse d'un jumeau de Louis XIV, l'examen attentif de la généalogie des rois de France fait apparaître de multiples naissances gémellaires, tant chez les Capétiens, que les Valois, les Bourbons et enfin les Orléans13.
Cette thèse inspire Alexandre Dumas dans Le Vicomte de Bragelonne et Victor Hugo dans Les Jumeaux (drame inachevé, 1861).
Selon d'autres hypothèses, le Masque de fer aurait été un fils bâtard d'Anne d'Autriche, né pour les uns du duc de Buckingham (Luchet), pour d'autres d'un moine du nom de Fiacre (avec une naissance en 1636), pour d'autres encore du cardinal Mazarin (avec une naissance en 1644, soit longtemps après Louis XIV qui n'avait dès lors aucune raison d'emprisonner l'intéressé).
Nicolas Fouquet
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Selon Pierre-Jacques Arrèse (1970)14, reprenant une thèse de Paul Lacroix (1836), le Masque de fer ne serait autre que le surintendant Nicolas Fouquet, incarcéré à Pignerol en 1665. Se sont ralliés à cette thèse l'écrivain Jean Markale (1989) 15, l'historien de Pignerol Mauro Maria Perrot (1998) [archive]16, Madeleine Tiollais (2000)17 et le chercheur Claude Dabos (2006)18.
Officiellement Fouquet est mort d'une attaque d'apoplexie à Pignerol à 65 ans le 23 mars 1680, sept ans avant l'arrivée du Masque de fer sur l'île Sainte-Marguerite. Mais, selon les tenants de cette thèse, cette date serait fausse et le corps d'un codétenu, Eustache Danger, qui servait de valet à Fouquet (voir ci-dessous), aurait été donné pour celui du surintendant. Une lettre de Louvois évoquant le décès d'un valet19 de Fouquet, onze jours avant que celui-ci ne meure officiellement, étaye cette hypothèse. Cette mise en scène aurait été organisée par Colbert et Louvois afin d'empêcher la libération de Fouquet, qui était sur le point d'obtenir sa grâce et dont ils redoutaient l'habileté et l'influence. Colbert, Louvois et son père Michel Le Telllier avaient œuvré jadis à sa perte, ils pouvaient donc à juste titre redouter sa vengeance.
La mort de Fouquet demeure entourée d'un halo de mystère. Les historiens sont unanimes à reconnaître qu'aucune recherche n’a permis de retrouver sa dépouille, que ce soit à Pignerol ou dans la crypte familiale des Fouquet au Couvent des dames de Sainte-Marie, rue Saint-Antoine à Paris. Les documents qui accréditent cette mort, entre autres un remboursement de frais d'obsèques20, émanent unilatéralement de Louvois. Quant à Saint-Mars, l’homme le mieux placé pour savoir ce qu’il en était, non seulement il n'a jamais confirmé la mort de Fouquet mais il a par deux fois suggéré sa survie. La première fois en 1687, lorsqu'il déclare que son prisonnier est quelqu'un que "le public croit mort et qui ne l'est pas "21 ; la seconde fois le 6 janvier 1688 lorsque, vantant à Louvois la prison aménagée spécialement pour son prisonnier comme étant sans doute "la plus sûre en Europe", Saint-Mars ajoute : "mêmement pour tout ce qui peut regarder les nouvelles de vive voix de près ou de loin, ce qui ne peut se trouver dans tous les lieux où j'ai été à la garde de M. Fouquet depuis le moment qu'il fut arrêté."22.
Il a été longtemps objecté que si Fouquet avait été le Masque de fer, il aurait eu 88 ans au moment de sa mort à la Bastille en 1703, ce qui est beaucoup pour l'époque, même pour un prisonnier bénéficiant d'un traitement de faveur. Cet argument longtemps utilisé comme fer de lance à l'encontre de la thèse Fouquet a perdu de son poids depuis que plusieurs historiens, dont Stanislas Brugnon au Colloque de Cannes 1987, ont dit leur conviction que le Masque de fer n'est pas mort à la Bastille mais dans sa prison de Sainte-Marguerite. Dans ce cas, le prisonnier de la Bastille mort en 1703 "à l'âge de 45 ans ou environ" selon l'acte de décès et enterré dans le cimetière de l'église Saint-Paul sous le nom de "Marchioli" pourrait avoir été un leurre. Interrogé sur son âge peu avant sa mort celui-ci aurait en effet déclaré avoir une soixantaine d'années !
Autre objection classique à la thèse Fouquet : aucun membre de sa famille n'a mis sa mort en doute. C'est oublier de préciser que ses proches étaient placés sous haute surveillance, et notamment l'évêque janséniste Louis Fouquet, auteur dans sa gazette "Les nouvelles ecclésiastiques"23 de ce commentaire après l'arrivée du Masque sur l'île Sainte-Marguerite " Tout ce qu'on a pu savoir de Saint-Mars est que son prisonnier avait vécu de longues années à Pignerol et que tous les gens que le public croit morts ne le sont pas."
Mais, objecte-t-on encore, pourquoi aurait-on masqué Fouquet du jour au lendemain ? Sa présence à Pignerol n'était-elle pas connue de l'Europe entière ?
Il n'y avait en effet aucune raison de cacher la présence de Fouquet à Pignerol avant sa mort officielle en1680. Ce n’est qu’ensuite qu’il a été nécessaire de faire en sorte que personne ne puisse découvrir sa survie, notamment lors de son transfert d'Exilles à Sainte-Marguerite. En effet, certains soldats qui l’avaient approché à Pignerol en 1679, alors qu'il était déjà en semi-liberté, n’aurait pas manqué de le reconnaître. Cette année-là Fouquet avait même été autorisé à jouer aux cartes avec les officiers de Saint-Mars ! Son apparence physique leur était donc familière. Si certains d'entre eux l'ont reconnu en dépit de son masque, ils ne s’en sont apparemment pas vanté.
Enfin il a été déclaré sans l'ombre d'une preuve, lors de l'émission télévisée "Secrets d'histoire" consacrée au Masque de fer, que la famille Fouquet avait assisté à sa mort à Pignerol. Une question reste posée : pourquoi la thèse Fouquet dérange-t-elle autant ?
Le lieutenant-général de Bulonde
En 1890, un commandant, qui étudiait les campagnes de Catinat, confia au commandant Étienne Bazeries, expert en cryptanalyse pour l'armée française un ensemble de papiers chiffrés. Après trois années d'effort, le chiffre se révélant particulièrement rebelle face aux techniques modernes de déchiffrement, Bazeries affirma avoir « cassé » le code et trouvé, dans une lettre de Louvois à Catinat datée du 8 juillet 1691, la clé de l'énigme du Masque de fer. Le chiffre en question est parfois appelé « Grand Chiffre de Louis XIV » ou, plus simplement, Grand Chiffre.
Selon lui, la missive se traduisait ainsi : « Il n'est pas nécessaire que je vous explique avec quel déplaisir Sa Majesté a appris le désordre avec lequel contre votre ordre et sans nécessité Monsieur de Bulonde a pris le parti de lever le siège de Coni puisque Sa Majesté en connaissant mieux que personne les conséquences connait aussi combien est grand le préjudice que l'on recevra de n'avoir pas pris cette place dont il faudra tâcher de se rendre maître pendant l'hiver. Elle désire que vous fassiez arrêter Monsieur de Bulonde et le fassiez conduire à la citadelle de Pignerol où Sa Majesté veut qu'il soit gardé enfermé pendant la nuit dans une chambre de ladite citadelle et le jour ayant la liberté de se promener sur les remparts avec un 330 309 »24. Bazeries conjectura que la séquence 330 309, qui ne se trouvait nulle part ailleurs dans les papiers de Catinat, signifiait « masque » et publia en 1893 un livre détaillant son hypothèse.
Selon lui, le fameux prisonnier aurait donc été Vivien l'Abbé de Bulonde, lieutenant-général de l'armée française. Les faits rapportés sur Bulonde et son insubordination à Coni (en italien Cuneo) sont véridiques. Reste à savoir pourquoi chiffrer un tel ordre, alors que Bulonde était coupable de désobéissance ? Pourquoi le garder au secret, alors que le motif de son arrestation était parfaitement légitime ? Des historiens démontrèrent au demeurant que Bulonde était encore vivant en 1708, cinq ans après la mort du Masque de fer. Des experts militaires du chiffre, sans entrer dans la polémique au sujet du prisonnier, saluèrent le travail de cryptologue de Bazeries25 (V. Emile-Arthur Soudart et André Lange, Traité de cryptographie, 2e édition, 1935). Enfin, si c'est bien en 1691 que Bulonde a été emprisonné à Pignerol, cela fait longtemps que Saint-Mars et le masque de fer n'y étaient plus.
Henri II de Guise
Camille Bartoli (1977) identifie le masque de fer à Henri II de Guise, Don Juan, aventurier, qui n'hésitait pas devant un duel ou une expédition militaire et rivalisait avec le Roi Soleil par sa démesure et sa splendeur.
Molière
- Dans son livre Molière à Bordeaux vers 1647 et en 1656 avec des considérations nouvelles sur ses fins dernières à Paris en 1673... ou peut-être en 1703, l'écrivain Anatole Loquin émet l'hypothèse invraisemblable que l'homme au masque de fer était en réalité Molière qui ne serait pas mort à la suite de la représentation du Malade imaginaire mais aurait été arrêté à la demande des jésuites qui ne lui avaient pas pardonné Tartuffe
Le principal argument pour Anatole Loquin est que la première biographie concernant Molière date de 1705 soit deux ans après la mort du masque de fer. Il s'agit de La Vie de M. de Molière (1705) par Grimarest. Ainsi Louis XIV aurait attendu que Molière soit réellement mort en 1703 (et non en 1673) pour autoriser la publication d'une biographie de celui-ci. Mais cette thèse est peu probable, les circonstances de la mort de Molière en 1673 n'ayant jamais été remises en cause.
- Le cas Molière est aussi la thèse défendue par Marcel Diamant-Berger dans C'était l'homme au masque de fer, publié en 1971.
D’Artagnan
Pour l'historien anglais Roger MacDonald (The Man in the Iron Mask, 2005) le masque de fer serait le mousquetaire d’Artagnan. Blessé à Maastricht en 1673, il aurait été envoyé à Pignerol, le masque de fer lui permettant de ne pas être reconnu par les mousquetaires qui gardaient les prisons.
La preuve serait la qualité du livre Mémoires de M. d'Artagnan écrit par Gatien de Courtilz de Sandras (1644-1712). Celui-ci a passé neuf ans à la bastille entre 1702 et 1711. Selon Roger MacDonald, d’Artagnan aurait lui-même inspiré ce livre ce qui prouverait qu'il était avec Courtilz de Sandras à la Bastille.
Un amant de la reine
P.-M. Dijol a émis en 1978 la thèse suivante : Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683) aurait eu une fille adultérine avec un esclave noir, le nain Nabo. Cette fille serait la Mauresse de Moret, une bénédictine qui eut sur le tard la conviction d'être de sang royal, tant elle reçut pendant des années la visite de membres de la famille royale. Saint-Simon parle dans ses mémoires de la Mauresse de Moret, ne donne pas d'explication de ces royales visites mais elles étaient fréquentes à cette époque dans les couvents proches du Louvre27.
Le nain Nabo a ensuite disparu de la cour royale. P.-M. Dijol en fait le masque de fer
C'est la Princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV, qui, dans une lettre écrite le à sa tante Sophie de Hanovre, mais publiée seulement en 1896, affirme : « Je viens d'apprendre quel était l'homme masqué qui est mort à la Bastille. S'il a porté un masque, ce n'était point par barbarie : c'était un mylord anglais qui avait été mêlé à l'affaire du duc de Berwick contre le roi Guillaume. Il est mort ainsi afin que ce roi ne pût jamais apprendre ce qu'il était devenu. »
La Princesse Palatine veut sans doute se référer à la conspiration de Fenwick pour assassiner Guillaume III en 1696, car on ne connaît aucun complot impliquant le duc de Berwick contre ce monarque. L'hypothèse est peu vraisemblable, mais il n'en fallut pas davantage pour laisser entrevoir à certains chercheurs une piste anglaise.
Barnes (1908) affirma que le Masque de fer était James de la Cloche, fils illégitime mais reconnu de Charles II d'Angleterre, qui aurait servi d'intermédiaire secret entre son père et la cour de France et que Louis XIV aurait fait emprisonner. D'autres ont évoqué un fils naturel de Cromwell ou encore le duc de Monmouth.
Le comte Ercole Mattioli (ou Antoine-Hercule Matthioli)
À Madame de Pompadour, qui l'interrogeait sur les révélations de Voltaire, Louis XV répondit que le Masque de fer était « un ministre d'un prince d'Italie ». Louis XVI, pour satisfaire la curiosité de Marie-Antoinette, avait, ne trouvant rien dans les papiers secrets, interrogé le plus âgé de ses ministres, Maurepas, qui lui dit que c'était « un prisonnier très dangereux par son esprit d'intrigue et sujet du duc de Mantoue ».
Cette indication a été à l'origine de la thèse identifiant le Masque de fer au comte Ercole Mattioli (ou Antoine-Hercule Matthioli), ancien Secrétaire d'État du duc de Mantoue Charles II. Le nom du prisonnier porté sur le registre d'écrou de la Bastille et sur le registre paroissial de Saint-Paul aurait donc été exact, quoique légèrement déformé. Cette thèse, devenue classique, a été défendue par Marius Topin et par l'historien Frantz Funck-Brentano.
Matthioli a effectivement été détenu à Pignerol sous la garde de Saint-Mars. Son incarcération résultait, au surplus, d'un ordre personnel de Louis XIV. En effet, circonvenu par l'abbé d'Estrades, ambassadeur de France à Venise, Matthioli avait persuadé le duc de Mantoue de vendre secrètement à la France la place-forte de Casal, à quinze lieues de Turin. L'affaire échoua au dernier moment devant l'hostilité des cours de Turin, Venise, Madrid et Vienne, qui avaient été prévenues par le même Matthioli. Le double jeu de celui-ci avait ridiculisé Louis XIV qui lui avait écrit en personne, le , pour le remercier de son entremise. L'abbé d'Estrades, qui avait été nommé ambassadeur à Turin, parvint à attirer Matthioli dans une maisonnette des environs où un commando dirigé par le capitaine Catinatl'enleva le pour le conduire dans la forteresse voisine de Pignerol.
Le secrétaire d'État des Affaires étrangères, Pomponne, en donnant l'agrément de Louis XIV à l'opération, avait pris soin de préciser : « Il faudra que personne ne sache ce que cet homme sera devenu. » Il était en effet peu conforme aux usages diplomatiques de faire ainsi enlever et emprisonner un ministre d'un prince étranger. Cette raison pouvait rendre compte du secret sévère auquel fut astreint le prisonnier.
Pour autant, plusieurs éléments paraissent démentir cette identification :
- La correspondance entre Louvois et Saint-Mars conservée aux archives du ministère de la Guerre — où Matthioli est d'abord désigné sous le nom de Lestang — montre qu'il ne fut pas traité avec les égards attribués au Masque de fer : « L'intention du roi n'est pas que le sieur de Lestang soit bien traité » (25 mai 1679). Si Matthioli était servi à Pignerol par son valet, c'est parce que ce dernier, qui avait été chargé de récupérer ses papiers, avait dû être emprisonné avec lui pour qu'il ne puisse pas révéler le secret de son incarcération.
- Après la cession de Casal à la France en 1682, le duc de Mantoue fut informé de l'arrestation de Matthioli. Le secret n'avait donc plus de raison d'être maintenu, et le prisonnier fut d'ailleurs désigné sous son vrai nom dans la correspondance de Louvois et Saint-Mars.
- Matthioli n'a pas suivi Saint-Mars à Exilles en 1681, mais il est resté à Pignerol jusqu'en avril 1694, date à laquelle il fut transféré à Sainte-Marguerite à la suite de la cession de Pignerol à la Savoie. Ceci est attesté par une lettre de Saint-Mars à l'abbé d'Estrades du 25 juin 1681 (« Matthioli restera ici avec deux autres prisonniers ») et par plusieurs lettres de Louvois aux successeurs de Saint-Mars à Pignerol.
- Matthioli est mort peu après son transfert à Sainte-Marguerite, sans doute le 29 avril 1694. On sait en effet qu'à cette date est décédé un prisonnier qui était servi par son valet. Or Matthioli était le seul détenu qui, à Sainte-Marguerite, pouvait alors jouir de ce privilège.
Il semble donc que le prisonnier mort à la Bastille en 1703 n'était pas Matthioli et que ce n'est que dans l'intention de brouiller les pistes que le nom de ce dernier (ou un nom proche) a été porté sur les registres
Eustache Dauger ou Danger
Eustache Dauger (ou Danger) est arrêté près de Dunkerque en juillet 1669 et enfermé à Pignerol, au secret absolu. Saint-Mars avait songé à le donner comme valet au Marquis de Puyguilhem, interné dans la forteresse de 1671 à 1681, mais s'était heurté au refus catégorique de Louvois. Ce dernier accepta néanmoins qu'il soit employé comme domestique de Nicolas Fouquet, après la mort d'un de ses deux valets, Champagne, mais en donnant cette consigne : « Vous devez vous abstenir de le mettre avec M. de Puyguilhem, ni avec qui que ce soit autre que M. Fouquet. » Par la suite, Louvois multiplia les précautions dans le même sens, allant jusqu'à écrire directement à Fouquet, le 23 novembre 1679, en lui promettant un assouplissement de son régime de détention si Fouquet lui indiquait : « Si le nommé Eustache que l'on vous a donné pour vous servir n'a point parlé devant l'autre valet qui vous sert de ce à quoi il a été employé avant que d'être à Pignerol. »
À la mort de Fouquet, en 1680, Saint-Mars découvre qu'une galerie, creusée par Puyguilhem, a permis aux deux prisonniers de se rencontrer comme ils le voulaient sans que les gardes de la prison en sachent rien et qu'ainsi, il n'est pas possible d'assurer que Puyguilhem et Dauger n'ont pas été en contact. Louvois ordonne alors à Saint-Mars de faire croire à Puyguilhem que Dauger et l'autre valet de Fouquet, La Rivière, ont été libérés, mais de « les referm[er] tous deux dans une chambre où vous puissiez répondre à Sa Majesté qu'ils n'auront communication avec qui que ce soit, de vive voix ou par écrit et que M. de Puyguilhem ne pourra point s'apercevoir qu'ils sont renfermés. »
Le Marquis de Puyguilhem est libéré le 22 avril 1681, mais Danger et La Rivière — alors même que ce dernier n'était pas à Pignerol comme prisonnier mais comme domestique, y étant entré volontairement en 1667 — demeureront enfermés au secret absolu. Dans la correspondance entre Louvois et Saint-Mars, ils ne seront désignés que par la périphrase : « Messieurs de la tour d'en bas ». La Rivière ne pouvait se voir reprocher qu'une chose : avoir appris les antécédents de Dauger, que Fouquet connaissait également. Puyguilhem les avait également appris, mais Louvois n'avait pas le moyen d'empêcher sa libération, que la Grande Mademoiselle avait obtenue de Louis XIV.
Dauger avait été arrêté près de Dunkerque en juillet 1669 sur la base d'une lettre de cachet, dont Jean-Christian Petitfils a montré qu'elle était entachée de nombreuses irrégularités. Tout montre que son arrestation a été minutieusement organisée par Louvois, alors secrétaire d'État de son père, Michel Le Tellier.
On ne sait rien de ce Dauger. Dans la lettre qu'il envoie à Saint-Mars pour faire préparer son cachot à Pignerol, Louvois indique : « ce n'est qu'un valet ». L'intéressé savait pourtant lire, puisqu'il fut autorisé à recevoir des livres de piété. Dès lors, si l'identification entre le Masque de fer et Dauger est désormais la plus généralement admise, les spéculations se sont portées sur l'identité véritable de Dauger et sur le secret qu'il détenait.
Eustache de Cavoye
- Selon Maurice Duvivier, Dauger serait Eustache de Cavoye, incarcéré pour avoir été le chirurgien Auger, l'un des acteurs de l'affaire des poisons.
- Selon Rupert Furneaux (The man behind the mask, 1954), Louis XIII serait le père de Louis et Eustache Oger de Cavoye. Rupert Furneaux a retrouvé un tableau représentant Louis Oger de Cavoye. La ressemblance entre Louis XIV et Louis Oger de Cavoye serait la preuve d'un lien de sang entre Louis XIV et les frères de Cavoye.
- Selon Marie-Madeleine Mast (Le Masque de fer, une solution révolutionnaire, 1974), François de Cavoye, mari d'une dame d'honneur de la reine (Marie de Lort de Sérignan), et capitaine des mousquetaires de Richelieu, était l'amant occasionnel d'Anne d'Autriche et serait le vrai père de Louis XIV. Ainsi Eustache Dauger de Cavoye (né le 30 août 1637) serait le demi-frère de Louis XIV (les deux ayant le même père, qui n'était pas le roi, mais non pas la même mère), et lui ressemblait beaucoup, ce qui expliquerait sa mise au secret.
- Selon Jean d'Aillon (Le Dernier Secret de Richelieu, éditions du Masque, 1998), Anne d'Autriche aurait été enceinte deux fois des œuvres de François Dauger de Cavoye avec la complicité de Richelieu face à un risque de répudiation, mettant enfin au monde Louis XIV et Philippe d'Orléans, des fils « Cavoye » et non des Bourbon
- . Or, François de Cavoye avait déjà une progéniture dont deux fils, Louis et Eustache, qui ressemblaient étrangement au roi. Une confidence de leur père aurait tout déclenché. La question, selon Jean d'Aillon, est donc de savoir si Eustache Dauger était Eustache Dauger de Cavoye, le frère de « l'Ami du Roy », Louis de Cavoye, qui avait disparu justement en juillet 1669. Pour Jean d'Aillon, Eustache fut probablement emprisonné pour avoir essayé de menacer le roi Louis XIV en révélant qu'il était son demi-frère, et non le fils de Louis XIII. Le masque de fer était alors nécessaire pour que personne ne découvre la ressemblance, car Eustache ressemblait encore plus au roi que son frère. Louis XIV ne l'aurait pas fait tuer car ils étaient frères. Pour la même raison, il couvrit de faveurs son second demi-frère, Louis de Cavoye.
- Dans son livre Petites histoires de l'art dentaire d'hier et d'aujourd'hui publié en 2006, Henri Lamendin reprend la thèse de Marie Madeleine Mast. Parlant de la grossesse d'Anne d'Autriche, il écrit que « dans les temps de la venue de cette grossesse vivaient, entre autres, dans l'entourage de la reine, une de ses dames d'honneur et son mari François Dauger de Cavoye, lesquels avaient déjà huit enfants ». Et certains auteurs ont avancé que ce dernier aurait pu être le géniteur opportun de l'enfant que l'on n'attendait plus. Pour étayer cette thèse, parmi beaucoup d'autres éléments sérieux, ils avancent la très grande ressemblance avec Louis XIV (qui en avait pris conscience) de deux des enfants Dauger de Cavoye (Eustache, né en 1637 et Louis, né en 1639), compagnons de jeux du jeune roi dans son enfance. Des portraits de Louis XIV et de Louis Dauger de Cavoye attestent de la frappante ressemblance de l'ensemble de leurs visages, dont « le même dessin de leur bouche et un petit creux identique sous la lèvre inférieure ». A contrario, « on ne peut imaginer visages plus dissemblables que ceux de Louis XIII et de Louis XIV. (…) Par ailleurs, il n'a jamais été retrouvé trace de Eustache Dauger de Cavoye, ayant complètement disparu et dont personne ne sait ce qu'il en advint ».
Les théories de Maurice Duvivier, Rupert Furneaux, Jean d'Aillon et Marie Madeleine Mast ont en commun le fait de considérer qu'Eustache Dauger (ou d'Oger ou Oger) de Cavoye et Eustache Dauger de Pignerol sont la même personne. C'est l'historien Maurice Duvivier qui a découvert l'acte de baptême d'Eustache Dauger de Cavoye.
« Registre de Saint-Eustache. Le 18 février 1639, fut baptisé Eustache, né le 30 août 1637, fils de Francois Dauger, escuier, sieur de Cavouet, capitaine des mousquetons de Monseigneur le Cardinal de Richelieu, et de dame Marie de Sérignan, demeurant rue des Bons-Enfants. »
En 1659, il participe à l'Orgie de Roissy. En 1665, il tue un page et il est alors renié et déshérité par sa famille soit 4 ans avant l'arrivée d'Eustache Dauger à Pignerol. Officiellement Eustache Dauger de Cavoye est mort à la prison de Saint-Lazare en 1680 et Jean-Christian Petitfils affirme que des preuves de sa présence dans cette prison bien après l'apparition du Masque de Fer attestent de l'impossibilité de cette thèse.
Un noble ou un personnage important
- Marcel Pagnol a soutenu que Dauger était un frère jumeau de Louis XIV. Il serait donc né en 1638, et aurait conspiré contre Louis XIV aux côtés d’un certain Roux de Marcilly, puis arrêté en 1669 à la suite de l'exécution de Roux, qui aurait dénoncé son complice sous la torture11. Pour Pagnol, Dauger se trouvait en Angleterre pendant la première partie de sa vie et se faisait appeler James de La Cloche29. Ce ne serait qu'une fois débarqué en France, à Calais, qu'il aurait été arrêté.
- Selon Pierre-Jacques Arrèse, Nicolas Fouquet aurait été substitué au véritable Dauger après sa mort officielle en 1680.
- Selon Jean-Paul Desprat (Le Secret des Bourbons, 1991) et Hubert Monteilhet (Au royaume des ombres, 2003), le prétendu Dauger aurait été en fait François de Vendôme, duc de Beaufort, capturé (et non tué) au siège de Candie en 1669, puis secrètement livré par les Turcs à la demande de Louis XIV. Le duc, de sang royal par Henri IV, aurait en 1637 pallié l'incapacité de Louis XIII à donner un héritier au trône de France, et aurait été le véritable père de Louis XIV. Mis au courant après la mort de sa mère Anne d'Autriche, le Roi Soleil aurait ainsi fait mettre son probable géniteur au secret afin d'étouffer le scandale et d'éviter toute contestation quant à sa légitimité, tout en n'osant se résoudre à un éventuel parricide. Beaufort, très connu et fort populaire, aurait été tenu au port du masque afin d'éviter qu'on le reconnaisse et que la fable de sa mort devant Candie s'effondre. L'usage du nom de « Dauger » serait un habile écran de fumée mis en place par Louvois afin de brouiller les pistes.
Un valet
- Selon Andrew Lang (The Valet's Tragedy and Other Stories, 1903), Dauger était en réalité un certain Martin - valet du huguenot Roux de Marsilly qui fut arrêté et condamné à la roue en 1669 - qu'on aurait mis au secret parce qu'il en savait trop sur la conspiration de son maître.
- Selon John Noone (The Man behind the Iron Mask, 1994) le masque de fer serait une manipulation de Saint-Mars. Ayant perdu dès 1681 ses deux plus importants prisonniers, le Marquis de Puyguilhem (libéré en 1681) et le surintendant Fouquet (mort en 1680), Saint-Mars va faire croire que Dauger est devenu très dangereux car, au contact de Fouquet et Puyguilhem, il aurait appris beaucoup de choses en plus de ses propres secrets.
- Selon l'historien Jean-Christian Petitfils, le Masque de fer ne serait en fait qu'un simple valet que Saint-Mars aurait masqué afin de faire croire à ses troupes qu'il s'occupait d'un prisonnier d'importance. Cette thèse est considérée comme la plus probable par l'historien Diego Venturino30. Le valet aurait certainement été détenteur d'un secret d'État, empêchant les autorités de le juger en public. D'après la théorie de Jean-Christian Petitfils dans son livre Le Masque de Fer, entre histoire et légende, il aurait été emprisonné parce qu'il était au courant des transactions entre Louis XIV et Charles II d'Angleterre sur le fait que le roi d'Angleterre voulait redevenir catholique.
- Des négociations auraient été entreprises dans ce but. Eustache Dauger aurait été chargé de la transmission de la correspondance entre les deux rois et aurait pris connaissance de celle-ci. Louis XIV, informé, aurait ordonné son arrestation et sa mise au secret. L'idée du masque de fer serait du gouverneur de la prison, M. de Saint-Mars : ayant perdu ses deux prisonniers les plus connus, M. de Puyguilhem (libéré) et M. Fouquet (décédé), il chercha à se valoriser en donnant de l'importance à l'un de ceux qui lui restait. La légende commencerait donc grâce à l'orgueil de Saint-Mars et à ce qu'il appelle lui-même ses « contes jaunes ». Selon Jean-Christian Petitfils, cette thèse est corroborée par les faibles dépenses engagées pour l'entretien du prisonnier, bien plus faibles que celles dépensées pour les prisonniers d'importance comme Fouquet, ce qui semble bien impliquer que le prisonnier n'était pas un noble mais bien un simple valet, ce que Louvois et Saint-Mars ne manquent pas de rappeler dans leur correspondance. En revanche, certains auteurs (tel Marcel Pagnol, notamment en ce qui concerne les dépenses) contestent cette théorie et s'étonnent du fait qu'on aurait préservé la vie d'un simple valet (détenteur de secrets d'État) pendant 34 ans alors qu'il aurait été plus facile de le faire purement et simplement disparaître11. Petitfils répond à cela que, contrairement à ce que les néophytes pensent, les meurtres sous l'Ancien Régime n'étaient employés qu'en cas d'extrême nécessité (par exemple, l'assassinat du duc de Guise en 1588). Aucun roi n'aurait fait assassiner un valet ; il est même probable que Louis XIV n'ait jamais appris l'existence de Dauger.
sources Wilkipédia