les Vestales Reinach
Année
: 1905
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Il n'y a d'intéressant sur la terre que les religions ", notait Baudelaire dans ses journaux intimes
. Salomon Reinach (1858-1932) fut de son avis, puisqu'il consacra sa vie entière à l'étude des cultes, des mythes, des croyances, des superstitions. De l'Antiquité gréco-latine à la Gaule gallo-romaine, rien n'échappait à sa curiosité. Et si les frères Goncourt, avec leurs manies de " bibeloteurs " furent à l'origine du musée Carnavalet, Salomon Reinach fut l'un des promoteurs du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, le musée qui nous renseigne le mieux sur nos origines lointaines, sur nos sources païennes et sur le début du christianisme en France. Salomon Reinach n'étudie pas seulement la manière dont ont été domestiqués nos animaux, il s'intéresse également aux coutumes de mariage de nos ancêtres, au totémisme druidique et à Vercingétorix, à la figure d'Orphée et aux vestales romaines, aux cathares et à Gilles de Rais, à Jeanne d'Arc et à l'Inquisition. Tous les aspects de la vie religieuse le fascinent. Durant des années, il a donné, à des revues plus ou moins savantes, des études extrêmement précises sur des points qui paraissent de détail mais qui sont révélateurs des grands problèmes fondamentaux.
Les trente-cinq mémoires ou articles qu'on trouvera dans ce volume ont déjà, pour la plupart, été imprimés ailleurs; j'ai saisi volontiers l'occasion de les réunir pour les corriger et les mettre au point. Un certain nombre d'entre eux touchent à des problèmes de mythologie ou d'histoire religieuse qui peuvent être étudiés et résolus indépendamment de tout système d'exégèse; il serait d'autant plus inutile de les résumer dans cette lntroduction qu'on en trouvera, à la table des matières, une analyse assez détaillée. En revanche, je crois devoir dire ici quelques mots sur les principes qui m'ont guidé dans la composition des essais relatifs aux phénomènes essentiels de la vie religieuse et aux conséquences que l'on en peut logiquement déduire pour l'explication des cultes et des mythes. L'humanité, aux yeux de l'évolutioniste - et qui n'est pas évolutioniste aujourd'hui ? - est sortie de l'animalité.
Mais l'homme, partout et à quelque époque qu'on l'observe, est un animal religieux; la religiosité, comme disent les positivistes, est le plus essentiel de ses attributs et personne ne croit plus, avec Gabriel de Mortillet et HoveJacque, que l'homme quaternaire ait ignoré la religion. A moins d'admettre l'hypothèse gratuite et puérile d'une révélation primitive, il faut donc chercher l'origine des religions dans la psychologie de l'homme, non pas de l'homme civilisé, mais de celui qui s'en éloigne le plus.
De cet homme antérieur à toute histoire, nous ne possédons de connaissance directe que par les produits industriels et artistiques des temps quaternaires, qui nous apprennent bien quelque chose, comme j'ai essayé de le montrer (p. 125 et suiv.), mais beaucoup moins que nous voudrions savoir. Il faut, pour s'éclairer davantage à ce sujet, recourir à trois autres sources d'information : la psychologie des sauvages actuels, celle des enfants et celle des animaux supérieurs. ...
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Il nait le à Saint-Germain-en-Laye, dans l'actuel département des Yvelines, et mort le à Boulogne-sur-Seine, aujourd'hui Boulogne-Billancourt, dans l'actuel département des Hauts-de-Seine, est un archéologue1 français, conservateur du musée de Saint-Germain et professeur d'histoire de l'art à l'École du Louvre. C'est l'une des figures de l'intellectuel de la Belle Époque et de l'Entre-deux-guerres engagé dans la cause dreyfusarde.
Une génération après le sanskritiste luthérien et antidarwinien Max Müller, il a « laïcisé » l'étude scientifique des religions en la dégageant des préjugés confessionnels.
Au-delà du fort impact de ses brefs travaux menés au sein de l'École française d'Athènes son œuvre de documentation encyclopédique, dont ses Répertoires, dits Clarac de poche, et leurs quelque vingt mille croquis, a été essentielle à la diffusion au sein du monde académique d'une méthode comparative et scientifique. Polygraphe compulsif obsédé de l'indexation, il a publié plus de sept mille titres7, dont une centaine de livres7, parmi lesquels l'étude des civilisations, à travers la représentation figurée et les mythes, a marqué irréversiblement l'histoire des religions en la recentrant sur les questions clef de l'interdit de l'inceste, des règles de la pudeur et du voile de la femme et en l'orientant vers l'analyse anthropologique.
Tout en étant presque unanimement reconnu comme un nouveau Pic de la Mirandole correspondant avec des confrères du monde entier, il a subi plusieurs querelles suscitées par des savants antidreyfusards issus du milieu catholique et conservateur et s'est attiré l'hostilité de la presse antisémite. Malgré son soutien à l'abbé Loisy dans une tentative de moderniser la Doctrine, il faudra attendre l'après-guerre et l'œuvre de Teilhard de Chardin pour que l'Église s'accommode d'une protohistoire en contradiction avec le récit biblique.
Le règlement exigeant un passage préalable à la Villa Médicis, Salomon Reinach débarque à Rome. Il profite de ces deux semaines de mars pour ouvrir son premier chantier de fouilles. Les maigres trouvailles ne lui laisseront pas le temps de découvrir ce qui se révèlera être les abords de la Domus aurea.
Paul Foucart, le directeur de l'École française d'Athènes, ne voulant pas d'archéologue en chambre13, Salomon Reinach est envoyé du 10 juillet au 30 août 1880 s'initier au chantier de Myrina puis, emmené par une mission médicale de la marine française, évaluer et faire des croquis des sites des îles Égéennes. Maniaque de l'indexation, il va jusqu'à faire une liste annotée des personnels du navire. Disposant d'une fortune personnelle, il dépense en un mois et demi presque entièrement sa pension, qui est de trois mille six francs par an, à l'achat de pièces proposées par les autochtones, de sorte que ses campagnes sont exceptionnellement fructueuses
Après une étude à Olympie, il est affecté aux fouilles sur les sites nouvellement découverts en Asie mineure. Ce sont principalement les campagnes de Myrina près de Smyrne, où de janvier à juillet 1881 en compagnie du normalien de la promotion 1874 Edmond Pottier et parfois seul il explore mais aussi analyse cent cinquante tombes, de Cymé, ex capitale de l'Éolide près de laquelle il identifie le palais d'Aigéai où Thémistocle vainqueur s'était retiré, à partir de mars 1882 dans les îles de Thasos, qu'il est un des premiers à reconnaître comme un site important, Delos, où il dirige quatre chantiers et découvre le comptoir des Poséidoniastes de Bérytos qui confirme la vocation religieuse de l'île, Imbros, où il se fait épigraphiste sur les traces d'Alexander Conze, Lesbos. Entretemps, il aura visité sur le continent Kavala, Salonique, où il rédige une apologie des yechivahs qui souligne leur rôle émancipateur et, en compagnie d'Albert Sorlin-Dorigny, Troie.
Nommé depuis le 15 juin 1880 à Constantinople, l'ambassadeur à Athènes et président de l'Association de correspondance hellénique Charles Tissot, qui nourrit une affection paternelle pour un rare spécialiste « désireux d'apprendre ce qu'il ne sait », le fait venir dans la capitale ottomane. Le jeune homme noue entre janvier et février 1882 une amitié avec le directeur du Musée impérial ottoman, Osman Hamdi Bey, qui le met en mesure d'élaborer des publications qui font connaître à la communauté scientifique les pièces recueillies au palais de Tchinli (de) Par une analyse systématique, pour la conduite de laquelle il s'est initié à la photographie auprès de Bernard Haussoullier de passage à Paris durant l'hiver 1880, il donne les clefs permettant d'identifier les pièces archéologiques selon les caractéristiques de leurs ateliers d'origine, et accessoirement de lutter contre le trafic croissant de contrefaçons.
sources wilkipédia