Paul Claudel
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Repères chronologiques
Événements biographiques |
Événements littéraires |
Œuvres et représentations |
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1862 - 2 février : Mariage à Villeneuve-sur-Fère, en Tardenois, de Louis-Prosper Claudel et de Louise Cerveaux. Né le 26 octobre 1826, Louis Claudel était originaire de La Bresse, dans les Vosges ; il avait été nommé en 1860 receveur de l'enregistrement à Villeneuve. Louise Cerveaux était née en 1840 à Villeneuve où son père, le docteur Athanase Cerveaux, exerçait et où son oncle, l'abbé Cerveaux, était curé . |
Les parents de Claudel |
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1863 - Naissance et mort d'Henri Claudel. | ||||
1864 - 8 décembre : Naissance de Camille Claudel. | 8 décembre : Naissance de Camille Claudel. | |||
1866 - 26 février : Naissance de Louise Claudel. | ||||
1868 - 6 août : Naissance de Paul-Louis-Charles-Marie Claudel. 11 octobre : Baptême de Paul Claudel. |
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1869 - À la mort de l'abbé Cerveaux, la famille Claudel quitte l'ancien presbytère, où était né Paul Claudel, pour s'installer dans sa maison toute proche dont elle vient d'hériter. | ||||
1870 - Juillet- septembre : guerre entre la France et la Prusse Août : Louis-Prosper Claudel est nommé à Bar-le-Duc et s'y 'installe avec sa famille. |
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1871 - Paul Claudel entre à l'école des Sœurs de la Doctrine Chrétienne à Bar-le-Duc. | ||||
1875 - Paul Claudel entre au lycée de Bar-le-Duc. | ||||
1876 - Août : Louis-Prosper Claudel est nommé conservateur des hypothèques à Nogent-sur-Seine. Paul Claudel poursuit ses études sous la direction d'un précepteur, nommé Colin. | ||||
1879 - Septembre : Louis-Prosper Claudel est nommé à Wassy-sur-Blaise ; Paul Claudel reprend ses études au collège de cette ville. | ||||
1880 - 23 mai : Paul Claudel fait sa première communion " qui fut à la fois le couronnement et le terme de [ses] pratiques religieuses " écrira-t-il. | ||||
1881 - 5 septembre : Mort d' Athanase Cerveaux. Paul Claudel est présent au moment du décès de son grand-père . | ||||
1882 - Tandis que Louis-Prosper Claudel reste à Wassy, la famille s'installe à Paris, boulevard du Montparnasse. Camille travaille à l'atelier de sculpture de Colarossi. Paul entre en rhétorique au lycée Louis-le-Grand. | ||||
1883 - Juin : Louis-Prosper Claudel est nommé à Rambouillet. Paul Claudel échoue au baccalauréat. Renan préside la distribution des prix au lycée Louis-le-Grand. | ||||
1884 - Paul Claudel est reçu au baccalauréat ; il entre en philosophie où il est l'élève de Burdeau ; il a pour condisciples Marcel Schwob, Léon Daudet, Romain Rolland. Avec ce dernier il assiste à des concerts (Beethoven, Wagner). | ||||
1885 - Paul Claudel est reçu au baccalauréat philosophie. Il commence une licence en droit. | 1er juin : Funérailles de Victor Hugo auxquelles Claudel assiste. | |||
1886 - Les Claudel s'installent boulevard de Port-Royal. Juin : Lecture des Illuminations de Rimbaud dans La Vogue. Quelques mois plus tard, dans la même revue, Claudel lira Une Saison en enfer. 25 décembre : Conversion à Notre-Dame |
Paul Claudel à 18 ans dessin de Camille Claudel-DR |
" Pour la messe des hommes " Premiers Vers. " Le Printemps " |
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1887 - Louis-Prosper Claudel est nommé à Compiègne. | Paul Claudel fréquente les mardis de Mallarmé. | "Le sombre Mai", "Ce qui n'est plus" (Corona Benignitatis Anni Dei). "Larmes sur la joue vieille" (Premiers Vers). L'Endormie. |
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1888 - Mariage de Louise Claudel avec Ferdinand de Massary. | Une mort prématurée (détruit ensuite et dont il ne reste que Fragment d'un drame). Chant à cinq heures (Dédicace). |
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1889 - Claudel poursuit ses études à l'Institut des Sciences Politiques. Décembre : Tentative de confession. Claudel n'avoue pas sa conversion à sa famille. |
"Dans l'île de Wight"in "Revue Illustrée" Tête d'Or (1ère v). Début de Contacts et circonstances. |
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1890 - Février : Paul Claudel est reçu premier au concours des Affaires Etrangères. Il est nommé attaché au Ministère, sous-direction des Affaires Commerciales. Décembre : Confession. Retour à la pratique religieuse. |
Dès la fin de cette année, ou au début de 1891, se constitue un groupe qui comprend, outre Claudel, Marcel Schwob, Léon Daudet, Maurice Pottecher, Jules Renard, Camille Mauclair, Bijvanck. | La Ville (1ère v, actes I et II) Tête d'Or |
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1891 | Achèvement de La Ville. | |||
1892 - Paul Claudel quitte l'appartement familial et s'installe quai Bourbon, dans l'île Saint-Louis. | "Morceau d'un drame" in "Revue Indépendante". "Larmes sur la joue vieille" in "L'Idée Libre". La Jeune Fille Violaine (1ère v). Début de la traductiond'Agamemnon. |
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1893 - Février : Paul Claudel est nommé vice-consul. Mars : Départ pour les États-Unis. 2 avril : Arrivée à New York. Décembre : il devient gérant au consulat de Boston. |
L'Échange (1ère v ). La Ville "Chant à cinq heures" in"Entretiens" |
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1894 - Octobre : Paul Claudel devient consul suppléant . Novembre : Nomination à Shanghai. |
Achèvement deL'Échange, de Tête d'or (2ème version) et de la traduction d'Agamemnond'Eschyle. Décembre : Première reprise de La Ville. |
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1895 - Février : Retour en France. Février à mai : séjours à Paris et à Villeneuve où Claudel travaille au premier acte de La Ville. Mai ou juin : Départ pour la Chine. Juillet : Arrivée à Shanghai. |
"Le Cocotier", "Le Banyan", "Pagode", "Jardins", "Ville la nuit" Connaissance de l'Est. Vers d'Exil (certains poèmes sont un peu postérieurs mais seuls I et X peuvent être clairement datés). "Les Veilleurs" in"Revue Blanche", "Le Cocotier" in"Nouvelle Revue" |
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1896 - Mars : Départ pour Fou-Tchéou. Claudel est chargé de la gérance du vice-consulat jusqu'au retour du vice-consul.. Octobre : Signature de la Convention pour l'Arsenal de Pagoda-Anchorage, à la suite des négociations menées par Claudel. Décembre : Retour à Shanghai. |
Textes de Connaissance de l'Est. Achèvement de Le Repos du Septième Jour. "Pagode", "Jardins", "Ville la Nuit" in"Revue de Paris" Agamemnon. |
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1897 - Mars : Nomination à Hank'éou. Claudel est chargé de la gérance du vice-consulat. Négociations pour le chemin de fer Hank'éou-Pékin. Septembre :voyages, retour à Shanghai |
La Ville ( 2ème v) Textes de Connaissance de l'Est. "Ville", "Théâtre", "Tourbe", "Rumeur", "Fête des Morts le 7ème mois", "L'Entrée de la Terre", "Religion du Signe", "Le Banyan" in "Revue Blanche"en juillet. "La Dérivation", "Portes", "Le Fleuve" ibid. en août. |
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1898 - Juin : Voyage au Japon. Octobre : Paul Claudel est consul à Fou-Tchéou. |
Reprise de La Jeune Fille Violaine (2ème v). "La Pluie", "La Nuit à la Véranda", "Splendeur de la Lune", "Rêves" in"Revue Blanche". |
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1899 - 25 octobre : départ de Chine par la mer. Novembre -décembre : Syrie et palestine Décembre : Noël à Bethléem. |
"Bouddha", "Le Sédentaire", "Proposition sur la Lumière" in"Mercure de France". | |||
1900 - Janvier : Arrivée en France. Octobre : départ pour la Chine sur l'Ernest-Simons. Rencontre de Rosalie Vetch (Ysé) . |
"Développement de l'Église" L'Échange (v 1) dans"L'Ermitage". Début des Muses. Connaissance de l'Est. |
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1901 - Claudel reprend son poste à Fou-Tchéou. | Achèvement des Muses ( ?) Textes de la 2ème partie de Connaissance de l'Est. La Ville (2ème v) in"Mercure de France". L'Arbre ( L'Échange (1ère v), Tête d'Or (2ème v), Le Repos du 7ème Jour, La Ville (2ème v), La Jeune Fille Violaine(2ème v). Traduction de Patmore ("Arbor Vitae", "De Natura Deorum", "Le Départ", "Éros et Psyché", "Legem tuam dilexi"). |
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1902 - Nommé consul à Hong-Kong, Claudel reste à Fou-Tchéou . | Connaissance du temps. | |||
1903 - Claudel se lie d'amitié avec Philippe et Hélène Berthelot. | Développement de l'Église in "Mercure de France". "Le Riz", "Le Point", "Libation au jour futur", "Le Jour de la Fête de tous les Fleuves" in"L'Occident". |
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1904 - Août : départ de Rosalie Vetch. 9 octobre : Mort de l'abbé Villaume, confesseur de Claudel. |
"De la co-naissance au monde et de soi-même" (Art Poétique). Connaissance du Temps. |
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1905 - Avril : Arrivée en France. Séjours à Ligugé, à Villeneuve, à Paris. Juillet-août : Séjour dans les Pyrénées avec Francqui et Camille Claudel. Septembre : Voyage en Alsace et en Lorraine. Retour à Villeneuve.. 28 décembre : Fiançailles avec Reine Sainte-Marie-Perrin |
"Poèmes de la Sexagésime". "L'Heure Jaune", "Dissolution" (Connaissance de l'Est). Traduction deLeonainie de Poe. "Ténèbres", "Obsession" (Connaissance de l'Est), Partage de Midi. Les Muses in "Vers et Prose", Vers (Vers d'exil) in"L'Ermitage". "Camille Claudel statuaire" in "l'Occident". "Le Sombre Mai", "Ce qui n'est plus", "Le Sommeil dans le chagrin" in"L'Occident". Les Muses. |
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1906 - 15 mars : Mariage à Lyon. 18 mars : Départ pour la Chine sur le Polynésien. Mai : Arrivée en Chine.P. Claudel est Premier Secrétaire à la Légation de Pékin. Juillet : consul à Tien-Tsin. |
L'Esprit et l'Eau. Léonainie (trad.) in"L'Ermitage". Connaissance du temps in "Vers et Prose". Abrégé de toute la doctrine chrétienne. Partage de Midi. |
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1907 - 20 janvier : Naissance de Marie Claudel à Tientsin. | Magnificat. La Muse qui est la Grâce. Processionnal ; Connaissance de l'Est , édit. augmentée. Art Poétique. |
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1908 - 23 juillet : Naissance de Pierre Claudel. | La Maison fermée. Hymnes : Pentecôte, Saint Paul, Saint-Sacrement, Assomption. Propositions sur les Anges. Achèvement des Cinq Grandes Odes. |
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1909 - Août : Départ de Tien-Tsin ; retour en France par le Transsibérien. Octobre : séjour à Hostel. Décembre : Installation à Prague où il vient d'être nommé consul. |
Mai : funérailles de l'empereur | L'Otage. Hymne au Saint-Sacrement in "N.R.F. N° 3". Hymne de la Pentecôte in"L'Occident". Trois Hymnes ( St Paul, St Pierre,St Jacques) in "N.R.F" |
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1910 - Février : Naissance de Reine Claudel à Prague. Septembre-octobre : Séjour en France. |
Achèvement deL'Otage. Début de L'Annonce faite à Marie. Proposition sur la justice (Positions et propositions II). Le cheval qui apportait le soleil (Œuvres en Prose). Traduction des poèmes de Coventry Patmore. Correspondance avec Charles- Louis Philippe, in N.R.F. Magnificat, in N.R.F. Méditation pour le samedi soir, in "La Phalange". Dédicace, in "L'Art Libre". L'Otage, acte I, inN.R.F. Cinq Grandes Odes. |
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1911 - Mars : À Vienne, Claudel assiste à la représentation de la Tétralogie wagnérienne. Juin : Séjours à Villeneuve et à Hostel. Septembre : Nomination au consulat général de Francfort. |
Hymne aux saints Anges (Corona…). Sous le signe du dragon. Début de La Cantate à Trois Voix. L'Otage actes II et III, in N.R.F. Propositions sur la justice, in"L'Indépendance". Propositions sur les Anges, in "L'Amitié de France". Poèmes de Coventry Patmore, in N.R.F. Deux Apôtres (St Philippe, St Jude). Images saintes de Bohême, in"L'Indépendance". L'Annonce faite à Marie, acte I, inN.R.F. Le Chemin de la Croix. L'Otage. Théâtre, Première Série (vol. I, II, III). |
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1912 - Août : Naissance d'Henri Claudel à Francfort. | Juillet : Voyage à Roche et Charleville rencontre avec Isabelle Rimbaud. |
L'Annonce faite à Marie, actes II, III et IV, in N.R.F. Décembre 1912: représentation de L'Annonce faite à Marie au Théâtre de l'Œuvre. |
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1913 - Mars : Mort de Louis-Prosper Claudel. - Internement de Camille. Avril : Voyage à Strasbourg. Juillet-août : Hostel, Paris, Villeneuve. Septembre :à Hellerau, représentations de L'Annonce faite à Marie en allemand. Octobre : Nomination à Hambourg. Novembre : Début du Pain dur. Protée. Traduction des Choéphores d'Eschyle. |
Protée. Claudel travaille aux Choéphores et aux Euménides. Début de Le pain Dur. Cantique de la Pologne, in N.R.F, (fragment de la Cantate). Entre le printemps et l'été, in "Revue de Paris", (fragment de La Cantate). La Physique de l'Eucharistie, in"Revue de la Jeunesse", (Positions et Prop. II). Strasbourg, inN.R.F., (Corona…). Ma conversion, in"Revue de la Jeunesse", (Contacts et Circonstances). Cette Heure qui est entre le Printemps et l 'Été. |
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1914 - Septembre : Claudel suit le ministère à Bordeaux. | Août : Retour en France. Déclaration de guerre. | Représentations de L'Echange au Vieux Colombier, en janvier. Lettre sur Coventry Patmore, in "Études Franciscaines", (Pos. et Prop. II). Protée, 1ère V, inN.R.F. Représentations deL'Otage au Théâtre de l'Œuvre en juin. Lettre au "Temps" sur l'Otage. D'un théâtre catholique, in"Figaro", (Pos. I). L'Offrande du Temps, in "Les Cahiers I". Commémoration des fidèles défunts, in"L'Amitié de France", (Corona). Deux poèmes d'Été. |
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1915 - Février : La Nuit de Noël 1914. Avril-mai : Conférences en Suisse et en Italie. Juin : Retour à Hostel. Juillet : Affectation au service des prisonniers de guerre. Octobre : Départ pour l'Italie en mission économique. |
Mai : Entrée en guerre de l'Italie. | La Nuit de Noël 1914, in "Correspondant". Sainte Cécile, in "Cahiers Vaudois", (Feuilles de Saints). Sainte Thérèse, in "Correspondant ", (Feuilles de Saints). Rome, in "Revue des Jeunes", (Poèmes de Guerre). La Nuit de Noël 1914. Trois Poèmes de Guerre. Corona Benignitatis Anni Dei. Début de Le Père Humilié. |
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1916 - Juillet : Retour en France, après un voyage dans le nord de l'Italie. Novembre : Nomination au Brésil. |
Achèvement de Les Euménides. Début de Sainte Geneviève, (Feuilles de Saints) À la mémoire de Georges Dumesnil, in "L'Amitié de France". Sainte Thérèse. Autres Poèmes Durant la Guerre. |
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1917 - 10 janvier : Départ pour le Brésil. Darius Milhaud accompagne Claudel en qualité de secrétaire. Février : Arrivée à Rio-de-Janeiro. Juillet-août : Voyage dans le Rio Grande. Août : Naissance de Renée Claudel à Paris. Première lettre de Rosalie Vetch après treize ans Décembre : voyage dans le Sud. |
L'Ours et la Lune. |
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1918 - 15 novembre : Départ de Rio avec Darius Milhaud par mer. Voyage mouvementé par la Martinique, Porto-Rico, New-York. | Fin de Sainte Geneviève, (Feuilles de Saints). Divers poèmes de Feuilles de Saints. Ballade, in "Mercure de France", ( F. de S.). L'Architecte, in"Correspondant", (F. de S.). Le Pain Dur. Sainte Cécile. |
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1919 - Janvier : Washington Retour en France. Juillet : Nomination à Copenhague . Août : Départ pour le Danemark. |
Commence le Soulier de Satin, (4ème journée). La Messe là-bas (fragments), in N.R.F. Verlaine, in"Mercure de France", ( F. de S.). Lettre sur Saint Joseph, in "La Rose Rouge", (Pos. et Prop. II). Lettre à A. Cingria, in "Revue des Jeunes", (Pos. et Prop. II). Le Père Humilié, inN.R.F. L'Otage, avec variante. L'Ours et la Lune. La Messe là-bas. |
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1920 - P. Claudel est le représentant français à la Commission Internationale du Schlesvig ; Mai : Voyage en France. |
Ode jubilaire pour le 6ème centenaire de Dante. St Louis, in N.R.F., (F. de S.). St Martin, in N.R.F., (F. de S.). Corymbe de l'Automne, traduction de Thomson. Sainte Colette. Introduction à quelques œuvres. Le Père Humilié. Les Choéphores , Les Euménides. |
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1921 - Janvier :Paul Claudel nommé ambassadeur. Mars : Retour en France. Août : Hostel, la Grande-Chartreuse. Septembre : Départ pour Tokyo. Octobre-novembre : Voyage en Indochine (SaÏgon, Angkor) . Arrivée à Tokyo. |
Reprise du Soulier de Satin. À la mémoire de l'abbé Fontaine, in"Mercure de France", ( F. de S.). Ode jubilaire, in"Bulletin du Jubilé", ( F. de S.). Introduction à un poème sur Dante, in "Correspondant", ( Pos. et Prop. I). St Joseph, in N.R.F., (F.de S.). Ode Jubilaire pour le six-centième anniversaire de la mort de Dante. Représentation de L'Homme et son Désir, au Théâtre des Champs Elysées. |
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1922 - Juillet-août : Séjour à Chuzenji. | La Femme et son Ombre, (v. I). Un coup d'œil sur l'âme japonaise, (L'Oiseau Noir dans le Soleil Levant). Achèvement de la 2ème Journée du Soulier de Satin. Mon voyage en Indochine, in "Revue du Pacifique". Poèmes de Guerre. Verlaine. |
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1923 - La 3ème journée du Soulier de Satin et divers manuscrits sont détruits | Septembre : Tremblement de terre à Tokyo. | Représentation de La Femme et son Ombreau Théâtre Impérial de Tokyo. 3ème Journée du Soulier de Satin, détruite. Un coup d'œil sur l'âme japonaise, Sainte Geneviève. À travers les villes en flammes, (L'Oiseau Noir…). Le Poète et le Vase d'Encens, (L'Oiseau Noir…) |
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1924 | À travers les villes en flammes, in"Lectures pour Tous", ( L'Oiseau Noir…). Achèvement duSoulier de Satin. La Parabole du Festin. |
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1925 - Janvier : Départ deTokyo pour la France. Mars : Arrivée à Paris. Juillet : Séjour au château de Lutaine. Première Conversation dans le Loir-et-Cher. Octobre : Conférence en Angleterre sur son œuvre. Novembre-Décembre: Conférences à Lyon et en Belgique sur la littérature japonaise. Conférence en Suisse sur son œuvre. |
Cent Phrases pour Eventail. Jeudi des Conversations dans le Loir et Cher. Religion et Poésie, (Pos. et Prop.). La Parabole du Festin, in "Revue des Jeunes", Le Vieillard sur le Mont Omi, in "Commerce", (L'Oiseau Noir…I). La Poésie japonaise, in "Le Navire d'Argent", (Œuvres en Prose) La Philosophie du Livre, (Pos. et Prop. I). Correspondance avec Jacques Rivière, in N.R.F. À la Trace de Dieu, préface, in"Correspondant", (Pos. et Prop. II). Réflexions et Propositions sur le vers français, inN.R.F. (Pos. et Prop. I). Ecce sto ad ostium et pulso, in "Revue des Jeunes", (Pos. et Prop. II). Le Soulier de Satin, première journée, in"Le Roseau d'Or". Feuilles de Saints. L'Endormie, (fac-similé d'autographe). |
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1926 - 16 janvier : Départ pour le Japon. Juillet-août : Chuzenji. Décembre : Nomination à Washington. |
Protée, (2ème v). Hang-Tchéou, (L'Oiseau Noir…). Nô, (L'Oiseau Noir…). Mies, (L'Oiseau Noir…). Jules ou l'Homme aux deux cravates, (L'oiseau Noir…). Richard Wagner, rêverie d'un poète français, (Figures et Paraboles). Léon Bloy, in "Le Taudis". Tendre la joue gauche, in "Les Lettres", (Pos. et Prop.II). Le Poète et le Shamisen, in"Commerce" ,( L'Oiseau Noir…). La Catastrophe d'Igitur, in N.R.F., ( Pos. et Prop. I). Idéogrammes occidentaux. Poèmes du Pont des Faisans. La Jeune Fille Violaine, (1ère v.). La Parabole du Festin. Correspondance avec Jacques Rivière. |
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1927 - 17 février : Départ du Japon. 4 mars : Arrivée à San Francisco. Avril :Washington, New-york. Départ pour la France. Juin : Achat du château de Brangues. 14 juillet : Installation à Brangues. Août : Départ pour Washington. |
7 février : Claudel représente la France aux funérailles de l'Empereur. | Sous le Rempart d'Athènes. "Dimanche", des Conversations dans le Loir et Cher . Le Livre de Christophe Colomb. Et toi, que penses-tu du Christ ?, in "Revue des Jeunes", ( Pos. et Prop. II). Les Funérailles du Mikado, in "L'Illustration",(écrits divers sur l'Extrême-Orient). Lettre à l'abbé Bremond sur l'inspiration poétique, in"Nouvelles Littéraires", (Pos. et Prop. I). Deux Farces Lyriques. L'Oiseau Noir dans le Soleil Levant. Cent Phrases pour Eventail. |
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1928 - Juillet : Retour en France. Séjour à Brangues. Octobre : Retour aux Etats-Unis par la Guadeloupe. Novembre : voyages à travers les U.S.A. et au Canada. |
Août: Signature du Pacte Briand-Kellog à Paris. | Achèvement desConversations dans le Loir et Cher. "Dimanche" des Conversations dans le Loir et Cher, in "Feuilles Libres", (fragment). À propos du pacte de la guerre hors-la-loi, La valeur morale du pacte, in "L'Europe Nouvelle". Les invités à l'attention, in "Vers la Vie", (Pos. et Prop. II). Sous le Rempart d'Athènes. Positions et Propositions I. |
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1929 - Juin : Mort de la mère de Claudel. | Au milieu des vitraux de l'Apocalypse. Jeudi des Conversations dans le Loir et Cher, in "Chantecler". Dimanche des Conversations dans le Loir et Cher, in"Commerce". Le voleur volé, in"Nouvelle Revue des Jeunes", ( Figures et Paraboles). Le Livre de Christophe Colomb Colomb a été publié dans Commerce, en automne 1929, dans un tiré à part en 1930, puis chez Gallimard en 1933 et 1935. Jeudi des Conversations dans le Loir et Cher, in "Le Roseau d'Or". Le Livre de Christophe Colomb. L'Oiseau Noir dans le Soleil Levant. Le Soulier de Satin. |
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1930 - Mai : Retour en France. Juin- juillet : Brangues. Septembre : Retour aux U.S.A. À une grappe de raisin, traduction de Beddoes |
Au milieu des vitraux de l'Apocalypse. Samedi desConversations dans le Loir et Cher, in "Vigile" n° 1. Le Drame et la Musique, in "Revue de Paris". Sur la grammaire, in "Nouvelles Littéraires". Mardi des Conversations dans le Loir et Cher, in"Alm. des Champs". Le Voleur Volé suivi du Bon Samaritain. Représentation du Livre de Christophe Colomb, à Berlin en présence de Paul Claudel (mai). |
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1931 - Août -Septembre : Paris et Brangues. Octobre : Départ pour les U.S.A. |
21-26 octobre : Arrivée de Laval, Président du Conseil, à New York. Conversations à la Maison Blanche sur le problème des dettes françaises. |
Au Milieu des Vitraux de l'Apocalypse. Discours aux acteurs catholiques de New-York, in "Nouvelle Revue des Jeunes", (Pos. et Prop. II). Les Plaies d'Egypte, in "Commerce". Le Départ de Lao-Tzeu, in "Vie Intellectuelle", (Fig. et Par.). La Troisième Rencontre, in"Vigile", (Pos. et Prop. II ). Du mal et de la liberté, in "Roseau d'Or", (Pos. et Prop. II). La Cantate à Trois Voix suivie de Sous le Rempart d'Athènes. |
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1932 - Août- septembre : Paris et Brangues. Octobre : Retour aux U.S.A. |
Oct., Élection de Roosevelt. | Commentaire sur le psaume 28, (Les Aventures de Sophie). Les Dix Commandements, (Avent. de Sophie). Sinara, (Fig. et Par.). La Pérégrination nocturne, in"Nouvelles Littéraire" (Fig. et Par.). Sur la présence de Dieu, in "Vie intellectuelle", (Présence et Prophétie). Note sur l'art chrétien, in "Vigile", (Pos. et Prop. II). Religion et Poésie. |
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1933 - Février : Entrevue avec Roosevelt à propos des dettes françaises. Mars: Nomination en Belgique. Avril :Retour en France. Mai : Voyage en Belgique. Juillet : voyage en Hollande. Août : Pan et Syrinx, cantate pour Darius Milhaud. Août-Septembre : Séjour à Brangues. Septembre : Retour en Belgique. |
Pan et Syrinx. L'Harmonie imitative, (Œuvres Complètes XVIII). Début de Un poète regarde la Croix. La Salle d'attente, in "Nouvelles Littéraires", (Fig. et Par.). Psichari, in "Nouvelles Littéraires". Le point de vue de Ponce-Pilate, inN.R.F. , (Fig. et Par.). Mort de Judas, inN.R.F., (Fig. et Par.). Quelques principes d'exégèse, in N.R.F. , (Fig. et Par.). La Légende de Prâkriti, in N.R.F. , (Fig. et Par.). |
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1934 - Juin : Séjour à Brangues. Juillet : Retour en Belgique. . |
Obsèques de Philippe Berthelot. | Représentation de L'Annonce faite à Marie à Bruxelles. Le Festin de la Sagesse. Introduction à la peinture hollandaise. Jeanne d'Arc au bûcher. Le Jardin aride , in N.R.F. , (Fig. et Par.). Les Instruments mystiques, in "Revue Musicale", (Un poète regarde la Croix). La Nuit de Pâques, in "Revue Générale Belge", (Visages radieux). La Voix humaine, in "Revue Musicale", (Un poète regarde la Croix). Richard Wagner, in "Revue de Paris", (Fig. et Par.). La Légende de Prâkriti. Positions et Propositions II. Représentation de l'Otage à la Comédie Française. |
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1935 - Mars : Échec à l'Académie française. Mai : fin de la carrière diplomatique. Juin- octobre : Brangues. Octobre : Paris où Claudel résidera jusqu'en 1940. |
Paul Verlaine, (Accompagnements). Le livre de Tobie, (Av. de Sophie). Victor Hugo, (O. Complètes). Commentaire sur le psaume 147, (Av. de Sophie). Aux confluents de la musique, (Contacts et Circonstances). Début de L'Épée et le Miroir. Judith, in "Mesures ", (Av. de Sophie). Le Marchand de colombes, in N.R.F., (Fig. et Par.). Introduction à la peinture hollandaise, in "Revue de Paris". Avril en Hollande, in"Revue de Paris", (L'Œil écoute). Poèmes, in "Revue de Paris" . Trois Poèmes mystiques, in"Mesures", (Vis. Rad.). Les dix commandements, in"Vie Intellectuelle", (Av. de Sophie). La Science chrétienne, in "Vie Catholique", (Av. de Sophie). Le livre d'Esther, in N.R.F., (Av. de Sophie). Un poète regarde la Croix. Introduction à la Peinture Hollandaise. Conversations dans le Loir-et-Cher. Représentation des Choéphores au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. |
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1936 - Voyages à Berne, Lyon, Marseille. Courts séjours à Brangues. À la fin de l'année, Claudel souffre d'une anémie dont il se remettra lentement en 1937. |
Opinion pour l'éther, (O. en Prose). Le Nom, (Cont. et Circ.). Le Monastère In Corde Maris, (Cont. et Circ.). La Papouasie, (Cont. et Circ.). Non Impedias Musicam, (Av. de Sophie). Ossements, (L'O. Ec.). La Motocyclette, (Cont. et Circ.). La Mort du Lion.. Ecce Virgo concipiet, (Présence et prophétie). Consolation à une mère, (Cont. et Circ.). L'Avion et la Diplomatie, (Cont. et Circ.). La Bible devant la Science, "Choisir". Le Livre de Tobie, in"Vie Intellectuelle", (Av. de Sophie). Choses de Chine, in "Nouvelles Littéraires", (Ec. Divers). Le chat noir et la douzaine du boulanger, in"Nouvelles Littéraires", (O. en Prose). Connaissance du Japon, in "Nouvelles Littéraires", (Ec. Divers). Suite de printemps et d'été (poèmes), in "Revue de Paris". Petits Poèmes japonais, in "Revue de Paris", (Dodoitzu). Commentaire sur le psaume 28, in "Vie Intellectuelle", (Av. de Sophie). Commentaire sur le psaume 147, inN.R.F., (Av. de Sophie). Toi, qui es-tu ? Figures et Paraboles. |
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1937 - Février : Séjour à Gstaad. Mai : Retour à Paris. |
Aegri somnia, (l'O. Ec.). Vitraux, (L'O. Ec.). Cantate de la Paix. Aux martyrs espagnols, (Poèmes et paroles durant la guerre de trente ans). Cantate des deux Cités. Vision de la route, (L'O. Ec.). Du sens figuré de l'Écriture Sainte, introduction au Livre de Ruth. Salut à Francis Jammes, (Cont. et Circ.). Le Sauvetage d'un continent, (Cont. et Circ.). Mon pays, (Cont. et Circ.). L'Étoile collective, ( Cont. et Circ.). Le Plaidoyer pour le corps, (Cont. et Circ.). Le goût du fade, (Cont. et Circ.). L'Anarchie dirigée, (Cont. et Circ.). Paul Verlaine, in"Revue de Paris", (Accomp.). Aegri somnia, in "Mercure de France", (L'O. Ec.). Vitraux, in N.R.F., (L'O. Ec.). Souvenirs de Pékin, in "Figaro", ( Ec. Divers). Vision de la route, in"Figaro", ( l'O. Éc.). Virgo paritura, in "Vie Intellectuelle", (Ecce Virgo concipiet, Prés. et proph.). Le Triomphe de F. Jammes, in "Echo de Paris", (Cont. et Circ.). Il n'y a rien, in"Figaro". Vitraux des Cathédrales de France. Les Aventures de Sophie. |
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1938 | Saint Jean Bosco, (Cont. et Circ.). Le Jet de pierre, (Théâtre II). Aux jeunes gens de 1938, (Cont. et Circ.). Aux lépreux de l'hôpital St-Louis, (Cont. et Circ.). Le Poison wagnérien, (Cont. et Circ.). Une visite à Bâle, (Cont. et Circ.). L'Enfant Jésus de Prague, (Cont. et Circ.). Histoire de Tobie et de Sara. La Mort de Francis Jammes, (Cont. et Circ.). Nouvel acte IV deL'Annonce. Le Chant religieux, (Cont. et Circ.). Une saison en enfer, (Cont. et Circ.). Les Bienfaits de la contradiction, (Cont. et Circ.). Le Régime du bouchon, (Cont. et Circ.). Les Rubens d'Anvers, in "Mesures" (Un poète regarde la Croix). Le Vieux Quai d'Orsay, in "Figaro". L'Absent professionnel, in "Figaro", (O. en Prose). La Poésie française et l'Extrême-Orient, in "Conférencia", (E. divers). Le Visage du Christ, in "Figaro", (Cont. et Circ.). Une saison en enfer, in N.R.F. , (Cont. et Circ.). Le Régime du bouchon, in N.R.F., (Cont. et Circ.). La mort de Francis Jammes, in "Figaro" (Cont. et Circ.). Introduction au Livre de Ruth. La Mystique des Pierres Précieuses. Jeanne d'Arc au Bûcher. |
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1939 - Juin : Voyage à Cambridge où il est fait Docteur Honoris Causa Juin-septembre : Voyage à Genève pour visiter l'exposition des tableaux du Prado. Octobre : Retour à Paris. |
Mars : Claudel représente la France au couronnement de Pie XII à Rome. Septembre : Déclaration de guerre. |
Charles Péguy, (Cont. et Circ.). La Prophétie des oiseaux, (Cont. et Circ.). Les Fossiles, in"Mesures", (L'Épée et le Miroir). Nicolas Maës, inN.R.F., (L'Œil écoute). Le Pape Pie XI, inN.R.F., (Cont. et Circ.). Jean Steen, in N.R.F., (L'O. Éc.). Un après-midi à Cambridge, in"Figaro", (Cont. et Circ.). Attendez que l'ivraie ait mûri, in "Figaro littéraire", (Qui ne souffre pas…). La Cathédrale de Strasbourg, inN.R.F., (L'O. Éc). La Peinture espagnole, I,in"Revue de Paris" ; (L'O. Éc.). La Sagesse ou la Parabole du Festin, L'Épée et le Miroir. |
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1940 - Avril : Séjour à Vézelay auprès de Romain Rolland. Juin : Brangues est occupé par les Allemands. Juin : voyage à Alger , rencontre avec Saint-Exupéry. À partir de juillet, Paul Claudel réside à Brangues, il y demeurera jusqu'à la fin de la guerre. |
Assise et qui regarde le feu, (La Rose et le Rosaire). Noël 1940, (La Rose et le Rosaire). Début de Paul Claudel interroge l'Apocalypse. Début de La Rose et le Rosaire. La Peinture espagnole, II, in"Revue de Paris", (L'O. Éc.). Contacts et Circonstances. L'Annonce faite à Marie avec un nouvel acte IV. Ainsi Donc Encore Une Fois. |
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1941 - À Brangues, projets avec J.L. Barrault pour la mise en scène de Tête d'Or, du Soulier de Satin et deChristophe Colomb. | Quelques réflexions sur le métier diplomatique. Lettre au Grand Rabbin Schwartz. (24 Décembre). |
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1942 - Brangues | Le 25 décembre 1886, (Vis. Ra.). Sur la musique, (L'O. Éc.). La Dame en rouge, in "Fig. Litt.", (Œuvres en Prose). Présence et Prophétie. Cent Phrases pour Eventail. Seigneur, apprenez-nous à prier. L'Histoire de Tobie et de Sara. |
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1943 - Octobre : décès de Camille Claudel . | Octobre : décès de Camille Claudel . |
Début de Paul Claudel interroge le Cantique des Cantiques. Création du Soulier de Satin à la Comédie Française. |
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1944 - Brangues Février : entretiens avec Schaeffer et Madaule. Septembre : Voyage à Londres. Octobre : Voyage à Paris. |
Quelques réflexions sur le métier diplomatique, in"Figaro", (O. en Prose). Prière pour les paralysés suivie de Quinze Psaumes Graduels. Le Soulier de Satin, édition de scène. |
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1945 | Janvier : Mort de Romain Rolland. | Arthur Honegger, (L'O. Éc.). Préface au Père Paternot,(Accomp.). L'Agneau mystique, (Accomp.). Paris , drame et théâtre, in "Théâtre". Les Sept Psaumes de la Pénitence. Poèmes et Paroles durant la Guerre de Trente Ans. Dodoitzu. Le Père Humilié (2ème V.). Visages Radieux. Représentations du Soulier de Satin à Bruxelles. |
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1946 - Brangues Octobre : Installation boulevard Lannes à Paris. |
Avril : Claudel est élu à l'Académie française, sans avoir posé sa candidature. | Ils n'ont point de vin, (La Rose et le Rosaire). Discours à la réunion des publicistes chrétiens, (Discours et Remerciements). Les mots ont une âme, (O. en Prose). Préface à Chine d'Hélène Hoppenot, (O. complètes). Le Monument de Victor Hugo. Emmaüs. Première du Père Humilié au Théâtre des Champs-Elysées. L'Agneau mystique, in "Formes et Couleurs", n°1, (Accomp.). Le Beethoven de Romain Rolland, in"Figaro Littéraire", (Accomp.). Les mots ont une âme, in"Labyrinthe", n° 21, (O. en Prose). Contacts et Circonstances. Les Révélations de la Salette. L'Œil écoute. Le Livre de Job. Introduction à l'Apocalypse. La Rose et le Rosaire. Représentations à Paris de L'Annonce faite à Marie donnée par Louis Jouvet. |
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1947 - Février : "Remerciement pour le degré de docteur honoris causa de l'Université de Louvain". | 12 mars : Réception à l'Académie française. | Discours à la Radio vaticane, (Disc. et Rem.). L'Illiade, (Accomp.). L'Odyssée, (Accomp.). La Lune à la recherche d'elle-même. Préface à Cosmos et Gloire, (Accomp.). Le Monument de Victor Hugo, in"Figaro Litt.". Lecture de l'Odyssée, in "Fig. Litt.", (Accomp.). En relisant l'Illiade, in "Revue de Paris", (Accomp.). Visages Radieux. Du Côté de chez Ramuz. L'Endormie. Discours et Remerciements. |
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1948 |
Préface à Partage de Midi (1ère v.). Création de Partage de Midi (2e version) par J.L. Barrault au Théâtre Marigny. |
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1949 | Préface aux Oeuvres Complètes. Préface à une réédition de Tête d'Or. Ébauche de Tête d'Or, 3ème v. Première du Pain Dur au théâtre de l'Atelier. La Lune à la recherche d'elle mêlme, in "Cahiers de la Pléiade n°1948". La Pinacothèque de Munich, in "France-Amérique", (O. en Prose). L'Art et la Foi, in"Fig. Litt.", (O. en Prose). Lettres au Père Maydieu sur l'exégèse biblique, in"Dieu Vivant", (J'aime la Bible). Le Bestiaire Spirituel. Partage de Midi, 2ème v. Accompagnements. Correspondance avec Gide. Paul Claudel répond les Psaumes. Emmaüs. |
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1950 | Tête d'Or ( préface à la réédition), in "Fig. Litt.", (O. complètes VI). La Prophétie d'Isaïe, in "Revue de Paris". Une voix sur Israël. Jeanne d'Arc au Bûcher à l'Opéra. |
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1951 - Avril : Première série d' entretiens radiophoniques avec Jean Amrouche. Août : Paul Claudel reçoit la grand-croix de la Légion d'honneur. Octobre : Deuxième série d' entretiens radiophoniques avec Jean Amrouche. |
L'Échange, 2ème V. Camille Claudel. Les Deux Témoins de l'Apocalypse, in "Revue de Paris". Ma sœur Camille, inCatalogue de l'exposition, (O. en Prose). L'Annonce faite à Marie, édition pour la scène. L'Évangile d'Isaïe. Correspondance avec Suarès. |
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1952 | Le Double Abîme de Victor Hugo. L'Échange 2ème v. et Préface, in "Mercure de France". J'aime la Bible, in"Revue de Paris", (J'aime la Bible). Le Cor d'Hernani, in"Fig. Litt.", (O. en Prose). Le Ravissement de Scapin, in "Opéra". Paul Claudel interroge l'Apocalypse. Le Symbolisme de La Salette. Correspondance avec Jammes et Frizeau. |
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1953 | Nouvelle version de L'Histoire de Tobie et de Sara. Le Retable Portugais. Création du Livre de Christophe Colomb par J.L. Barrault à Bordeaux. L'Enthousiasme, in "Cahiers Barrault". L'Esprit de Prophétie, in "Revue de Paris", (J'aime la Bible). Le Dernier Quart d'Heure, in "Arts". Un Chemin de la Croix (mimodrame), in "Fig. Litt.". |
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1954 | Conversation sur Jean Racine. Le Retable Portugais, in"Plaisirs de France". L'Échange, 2ème v . Mémoires Improvisés. |
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1955 23 février : Mort de Paul Claudel. |
Répétitions de Protée par la Comédie de Paris et de L'Annonce faite à Marie à la Comédie Française. Entrée de L'Annonce faite à Marie au répertoire de la Comédie-française. |
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1956 | Conversation sur Jean Racine. | |||
1958 | Qui ne souffre pas. | |||
1966 | Au Milieu des Vitraux de l'Apocalypse. Psaumes. |
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1968 | Journal, I (1904-1932). | |||
1969 | Journal, II (1933- 1955). |
Le diplomate
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Extrait : BRIAND
[…] Cet art de sentir et d'écouter, plus encore que ce timbre incomparable, c'était le don de Briand, et c'est à lui que pendant de longues années il dut sa maîtrise dans les conversations diplomatiques. Son interlocuteur savait qu'il avait devant lui, non pas quelqu'un comme Poincaré, étroitement emprisonné dans une attitude légale et dans un texte écrit, mais un esprit ouvert et capable d'apprécier en amateur compétent l'opinion même qu'il ne pouvait partager. Devant un artiste de cette classe il n'y avait pas autre chose à faire, comme on dit, que de "jouer vrai" et de fournir le meilleur de son petit talent.
*Cet art de sentir et d'écouter, plus encore que ce timbre incomparable, c'était le don de Briand, et c'est à lui que pendant de longues années il dut sa maîtrise dans les conversations diplomatiques. Son interlocuteur savait qu'il avait devant lui, non pas quelqu'un comme Poincaré, étroitement emprisonné dans une attitude légale et dans un texte écrit, mais un esprit ouvert et capable d'apprécier en amateur compétent l'opinion même qu'il ne pouvait partager. Devant un artiste de cette classe il n'y avait pas autre chose à faire, comme on dit, que de "jouer vrai" et de fournir le meilleur de son petit talent. Si l'on essayait de s'égarer dans le mensonge et dans le pathos, si l'on se permettait auprès de ce virtuose quelques fantaisies de ménétrier, aussitôt un mot de gavroche, un éclair de cet œil ironique et affectueux, un mouvement de cette grosse lèvre toujours occupée à soupeser la cigarette absente, suffisait à ramener l'imprudent à la clé de sol. Briand constituait à lui tout seul tout un auditoire dont il était flatteur de mériter l'assentiment, un assentiment qu'il n'était pas trop cher de payer à son prix.
Il était l'homme qui ne s'emporte pas, qui ne se passionne pas, qui comprend tout, qui s'intéresse à tout, qui ouvre à toutes les confidences et à toutes les difficultés la tentation d'une oreille indulgente et expérimentée de confesseur. Comme un excellent metteur en scène, il donnait à son partenaire l'occasion, ou du moins le désir, d'avoir été "bon", d'avoir parlé comme il faut, on était fier de se sentir en sa compagnie si supérieur, si raisonnable, le thème adroitement manipulé par ses mains parisiennes, de conciliation et de bon sens, prenait un attrait tout nouveau, les difficultés s'amenuisaient, sinon jusqu'à la solution, au moins jusqu'à la transparence. Et dans ce sceptique il y avait une sincérité incontestable et émouvante, une horreur de la violence et du gâchis. C'est vrai, il aimait la paix et il la faisait aimer. "Tant que je serai là, disait notre vieux chef, il n'y aura pas de guerre." Il n'y est plus. Le temps ne marche pas toujours à la même allure et au cours de ces dernières années, le courant a filé si raide et si vite qu'on a peine à distinguer dans la brume rétrospective cette anse lumineuse où jadis deux hommes d'État sous la tonnelle, le verre en main et la fumée aux lèvres échangeaient des propos alternés. L'Europe a subi en un instant une transformation si profonde qu'elle fait songer à ce que la géologie nous apprend des élaborations métamorphiques.
On croyait que la facilité et l'accélération des communications allaient dilater les nations, elle n'a fait dans un resserrement général que leur donner une conscience plus jalouse et plus exclusive de leurs différences et de leurs intérêts. Nous avons vu les blocs voisins du nôtre procéder à un phénomène de fusion intérieure et de durcissement périphérique qui les rend de plus en plus homogènes et de plus en plus impénétrables. C'est fini des conversations diplomatiques à mi-voix et de cette négociation diffuse et multiforme qui poursuivaient entre elles et comme d'elles-mêmes à travers des frontières complaisantes toutes sortes d'idées, de propositions et d'intérêts entrecroisés. Il n'y a plus que des pontons cuirassés et hermétiques qui oscillent dangereusement côte à côte dans un port sinistre et les communications de bord à bord se font par le truchement des haut-parleurs, sous un ciel exploré par les oiseaux de guerre. C'est la situation prévue par un certain évangile qui nous parle de la pressura gentium, de la compression des nations et de ces temps où les hommes se dessècheront, moins de terreur encore que d'attente. D'une situation aussi étrange on ne peut dire, semble-t-il, qu'une chose sûre, et, si l'on veut, consolante, c'est qu'elle ne peut durer.
Et alors on se met à songer avec une sympathie mêlée d'attendrissement à ce vieil homme qui croyait obstinément que, oui, dans cette Europe hagarde et terrifiée, il y avait quelque chose de commun, une tradition, un héritage, le souvenir d'une culture libérale et chrétienne, une certaine habitude civilisée de vivre ensemble, un devoir de ménagement, un devoir au-dessus des biens immédiats à l'entente. En présence de ces performances grotesques et forcenées auxquelles se livrent devant des auditoires solidifiés par l'abrutissement et par la peur des solistes monstrueux, on recherche dans sa mémoire ce regard ironique et attristé qui traversait de part en part le clinquant et la baudruche. Car, encore plus que la guerre, il y avait une chose que détestait par-dessus tout ce vieux Français, ce Français aussi typique et autochtone qu'une dame de Nogent-le Rotrou et qu'un ouvrier du faubourg Saint-Antoine, c'était le faux. Quand l'Europe a pris congé du bon sens, Briand a pris congé de la vie. (P. 7 mars 1936)
Proses Diverses. Œuvre en Prose. Gallimard, Pléiade, p. 269.
Présentation des
lettres de créances
de Paul Claudel au
palais impérial
de Tokyo
"Un point c'est tout. Point diplomatique". Ainsi parle un personnage de Partage de Midi (deuxième version): Claudel prend maintes fois plaisir à faire soudain surgir dans son œuvre littéraire l'évocation de ce qu'il appelle son "second métier", la Diplomatie, qui fit de lui, comme il s'en vante "un virtuose de la longitude".
"J'ai soif de l'énormité de la mer", s'écriait Anne Vercors. Partout se posera au poète la question que lui avait suggérée Mallarmé: "Qu'est-ce que cela veut dire?". "Mon affaire serait surtout de regarder, connaître, comprendre", écrit-il dans les Conversations dans le Loir et Cher. Le fils poète d'un modeste fonctionnaire devait en même temps gagner sa vie: il entra au ministère des Affaires étrangères, conciliant ainsi deux vocations, la Littérature et la Diplomatie.
L'écrivain Jules Renard s'étonnait dans son Journal: "Claudel… qui passe pour un homme de génie… reste au bureau par devoir, fait des rapports par devoir… au point même qu'il en fait qu'on ne lui demande pas". "Je suis payé", répondait simplement Claudel et "je tâche de gagner mon argent" (Pléiade, Journal de Jules Renard). Il ne permettait pas qu'on plaisante sur ses fonctions et sur ce qu'il considérait son "devoir d'état".
Claudel et Roosevelt en 1933
Ainsi se poursuivit durant 46 ans un long parcours commencé le 6 janvier 1890, date du concours d'admission aux carrières diplomatique et consulaire, auquel il fut reçu premier, pour se terminer le 30 mai 1935, départ de Bruxelles, son dernier poste. Le concours d'entrée ouvrait les deux carrières, celle des consulats et celle des ambassades, son peu de goût pour la vie mondaine et un souci d'indépendance l'amenèrent à opter d'abord pour les consulats après un stage préalable à l'administration centrale, au quai d'Orsay, à la sous-direction des Affaires commerciales, jusqu'à son départ pour l'étranger au mois de mars 1893: nommé vice-consul à New York, il exercera ensuite la gérance du consulat de Boston, avant de commencer un long séjour de 15 ans en Chine, le pays dont il rêvait depuis l'enfance. On le voit consul suppléant à Shangaï, où il arrive le 14 juillet 1895, puis gérant des consulats d'Hankeou et de Fou-tcheou avant d'être nommé consul à Fou-tcheou au mois de septembre 1898: il y demeurera jusqu'en 1905.
Il se signale durant ce premier séjour chinois par une intervention active en faveur des missions catholiques, par les négociations et la signature d'une convention pour la restauration de l'Arsenal de Fou-tcheou.
Il avait reçu pour ses activités les félicitations réitérées de son ambassadeur à Pékin. Rentrant en France en 1905 après le drame de Partage de Midi, il avait, avant son retour, fait la connaissance de Philippe Berthelot alors chargé de mission en Chine, rencontre décisive pour la future carrière de Paul Claudel aux Affaires étrangères.
"Et puis", écrit-il (Pr, 369), "après je ne sais combien de saisons sous les soleils de Chine, une inspiration du Personnel me planta tout à coup en plein cœur du continent européen" (Pr, 369).
C'est la première guerre mondiale qui marquera le grand tournant de sa carrière: son passage du corps consulaire dans le corps diplomatique avec la nomination en 1917 de ministre plénipotentiaire au Brésil.
Il avait auparavant rempli en Italie en 1916 une mission d'attaché commercial, évoquée par le diplomate François Charles-Roux, alors en poste à Rome, dans ses Souvenirs Diplomatiques: "attaché commercial hors-série", précise-t-il.
C'est l'occasion de signaler l'attrait exercé sur Claudel par les questions économiques (publication d'une longue étude concernant l'impôt sur le thé en Angleterre, renouveau d'intérêt à l'époque pour les questions commerciales en raison des développements de la politique coloniale. A ces intérêts de l'administrateur correspondait la fascination du poète pour les métaux précieux, l'argent et l'argenterie. Il arrive aux États-Unis avec en tête une "Dramaturgie de l'Or". Ses compétences dans le domaine commercial furent utilisées dans son premier poste diplomatique après sa nomination (février 1917) de ministre plénipotentiaire à Rio.
C'est aussi l'époque où la situation politique de la Pologne appelle particulièrement son attention. Le poste suivant ne sera pas pourtant Varsovie mais le Danemark (août-septembre 1919), où il représente la France à la commission internationale chargée de statuer sur le Schlesvig-Holstein. Il se signale par son hostilité à Litvinov, le ministre russe présent alors à Copenhague.
Il occupera ensuite jusqu'à sa retraite trois postes d'ambassadeur :
- au Japon, 11 janvier 1921-17 février 1927 (il y fut profondément marqué par le NÔ japonais, subit le tremblement de terre de Tokyo, joua un rôle culturel important. Rédaction définitive du Soulier de satin). Création de la Maison franco-japonaise.
- aux États-Unis, 7-8 février 1927-1933.
- le 6 février 1928 : traité de conciliation et d'arbitrage franco-américain.
- 28 août 1928 : signature à Paris du pacte multilatéral contre la guerre (Pacte Briand-Kellog).
- 1931 : Visite à Washington du président du Conseil Pierre Laval.
- 1933 : Entretiens avec Roosevelt sur la question des dettes. Voyages en Louisiane et en Nouvelle Angleterre.
- en Belgique.
- mars 1933 : nomination d'ambassadeur. 18 mars, arrivée à Bruxelles, Voyages à Liège, Anvers, aux Pays-Bas.
- novembre 1934 : Conférence à La Haye sur la peinture hollandaise.
- 9 mai 1935 : Fin de la carrière diplomatique.
Chacun de ces postes a suscité de sa part une abondante correspondance diplomatique qui reflète une expérience étendue de la politique internationale.
Il s'était donné une philosophie politique de grand bon sens, de sagesse teintée de scepticisme mais où dominait l'espoir (lettre à André Gide, 15 janvier 1910).
Il n'abandonna jamais dans ses écrits officiels le sens de l'humour qui le caractérisait et que révèlent ses Souvenirs de carrière (Pr, 1247).
Sans s'attribuer un rôle diplomatique de premier plan, il écrit le 16 mai 1935 dans une lettre à l'ambassadeur Wladimir d'Ormesson: "Je puis me rendre cette justice que j'ai toujours fait du mieux que je pouvais avec tout le sérieux possible" (Bulletin de la Société Paul Claudel, n°158, 2ème trimestre 2000). Il se félicite de la compréhension du Ministère à son égard.
Paulette Enjalran
Bibliographie : Une petite partie de la Correspondance diplomatique de Paul Claudel a été publiée dans la collection des Cahiers Paul Claudel (Éditions de la N.R.F.).
Le Centre Jacques-Petit, Bibliothèque de l'Âge d'homme, a entrepris sous la direction de Lucile Garbagnati une publication des Œuvres diplomatiques dont les deux premiers volumes sont consacrés aux États-Unis.
- Les mémoires improvisés recueillis par Jean Amrouche, Gallimard, NRF, 2001, font une large part à la vie diplomatique.
- "Souvenirs de la Carrière L'Absent professionnel" in Œuvres en prose, pléiade, Gallimard, 1965, p. 1247-1251.
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Sont présentés dans cette section les principaux pays où le diplomate a été en poste.
Pour les autres pays, voir Réception de Claudel hors de France.
L'homme de foi
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Extrait :
Ma coversion
(1913)
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[…] J'avais complètement oublié la religion et j'étais à son égard d'une ignorance de sauvage. La première lueur de vérité me fut donnée par la rencontre des livres d'un grand poète, à qui je dois une éternelle reconnaissance, et qui a eu dans la formation de ma pensée une part prépondérante, Arthur Rimbaud. La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d' Une saison en enfer , fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel. Mais mon état habituel d'asphyxie et de désespoir restait le même. J'avais complètement oublié la religion et j'étais à son égard d'une ignorance de sauvage. La première lueur de vérité me fut donnée par la rencontre des livres d'un grand poète, à qui je dois une éternelle reconnaissance, et qui a eu dans la formation de ma pensée une part prépondérante, Arthur Rimbaud. La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d'Une saison en enfer, fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel.
Mais mon état habituel d'asphyxie et de désespoir restait le même. Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverais un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents.
C'est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j'assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand'messe. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J'étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l'entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J'avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l'innocence, l'éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. […]
Contacts et circonstances,
Œuvres en Prose,
Gallimard, La Pléiade, pp.1009-1010.
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Dans l'église
de Brangues
La foi de Claudel n'est pas seulement une composante de sa vie, elle l'enveloppe tout entier, elle est son milieu nourricier. Sans elle l'œuvre est incompréhensible, du moins en profondeur. Il faut revenir à l'événement fulgurant de la conversion, à Notre-Dame, le jour de Noël 1886, qu'il a raconté lui-même en termes inoubliables: "En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute que depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi ni, à vrai dire, la toucher" À quoi fait écho le cri des Grandes Odes :"Et voici que vous êtes Quelqu'un tout à coup!" Le récit de la conversion a été plusieurs fois et très bien commenté, par exemple par Charles du Bos et par François Varillon; les quelques doutes semés par Henri Guillemin sur la reconstitution des faits n'en entament pas la substance.
Cette foi conquise d'un seul coup et qui crée dans le jeune homme taciturne "un être nouveau et formidable" à la Rimbaud, n'est pas une foi retrouvée, la "jolie foi de l'enfance" invoquée par le cuistre Paul Souday. Mais elle est le point de départ d'une œuvre gigantesque, en même temps que d'un incessant travail sur soi, sur un tempérament indocile et tumultueux. Claudel en " constante évangélisation de soi-même " s'astreint à une discipline rigoureuse, multiplie les pratiques régulières, malgré les hasards d'une vie mouvementée : messes quotidiennes, chapelet, longues visites au Saint-Sacrement, bonnes œuvres et, dans la mesure du possible, une action caritative. Les lendemains immédiats de la conversion ont été difficiles, la présence divine s'est obscurcie. On trouve des traces d'interrogation et d'inquiétude dans les premiers drames (Tête d'Or, La Ville, L'Échange), jusqu'à ce que la lutte s'apaise et l'horizon s'éclaircisse avec le " mystère " médiéval La jeune fille Violaine. Alors que s'amorce la carrière consulaire, sur la vocation chrétienne indubitable se greffe une vocation religieuse et monastique, que l'énergique bénédictin Dom Martial Besse, maître des novices à Ligugé, étouffe dans l'œuf. Claudel gardera tout le long de son existence la nostalgie du sacerdoce. Prêtre manqué, il substituera au ministère une activité d'apôtre et de zélateur parfois intempestive et confinant au prosélytisme, faisant office de directeur spirituel pour un Jacques Rivière, échouant comme convertisseur auprès de Gide et d'André Suarès, par exemple. Il a subi maints déboires et maintes trahisons, il ne s'est pas découragé, et il a entretenu de multiples correspondances avec des familiers comme avec des inconnus. L'apostolat qu'est son œuvre entière est ainsi prolongé par un courrier dont on est loin encore d'avoir évalué la richesse. De plus ses poèmes, ses hymnes, ses prières, ses traductions de psaumes, ont enrichi la patrimoine spirituel de l'époque.
La crise de Fou-Tchéou (1901-1905), qui a bouleversé sa vie privée, sans pour autant porter la moindre atteinte à sa foi, a laissé sur l'œuvre un long sillon de douleur et de nostalgie, où l'on discerne aisément l'Etiam peccata augustinien. Moins l'histoire personnelle que les schématismes religieux et sacramentels gravent leur empreinte sur un théâtre tout entier inspiré par le christianisme : le sacrifice et l'oblation (L'Annonce faite à Marie, L'Otage, Le Soulier de satin), la Papauté et l'Église (L'Otage, Le Père Humilié), le mystère d'Israël (Le Pain dur), pour ne citer que les thèmes les plus voyants. Parallèlement les oratorios et les poèmes accentuent la teneur quasi exclusivement religieuse de la poésie depuis les Grandes Odes : Corona Benignitatis, Feuilles de Saints, Visages radieux, et surtout la poignante liturgie de La Messe là-bas. Il n'y a pour ainsi dire pas d'œuvre profane de Paul Claudel.
La foi de Claudel est totale, intransigeante, voire intolérante, mais il faut tenir compte de son tempérament impulsif et impétueux. C'est la foi infaillible de l'Église, ce qui la rend anachronique aux yeux de certains. Claudel, comme Bloy, déteste les changements. Sa foi est fortement doctrinale et théologique, ce qui ne l'empêche pas de rêver, voire de divaguer et de hanter les parages de la gnose, d'où il revient rapidement, armé de ce thomisme foncier dont on (Dominique Millet) a pu démontrer la latence dans le théâtre et les écrits philosophiques. La pensée de Claudel est pétrie de surnaturel. Enfin la foi de Claudel est profondément catholique.
Catholicisme est son maître-mot comme orthodoxie pour Chesterton. Or catholique veut dire universel, qu'on se rappelle la Deuxième Ode : O Credo entier des choses visibles et invisibles, je vous accepte avec un cœur catholique ! Mais catholique désigne d'abord l'Église catholique, la Grande Mère sur les genoux de laquelle le poète a tout appris. C'est là que s'amorce le malentendu qui persiste encore, que le philosophe Merleau-Ponty a traduit dans la coïncidence paradoxale du poète le plus ouvert et de l'homme le plus fermé. C'est méconnaître l'identité de l'homme et du poète, la source religieuse du chant. Le malentendu entraîne un contresens, à savoir qu'on peut se passer de la référence croyante pour lire et comprendre Claudel, qu'on peut faire un tri et admirer sans plus le poète cosmique, le visionnaire, le créateur de figures, l'inventeur de rêves.
Certes il n'est pas question de réserver Claudel aux seuls pratiquants, ni pour l'Église d'accaparer ce fils fidèle entre tous. De plus tout chrétien est un " païen converti " (G. Fessard), et Claudel plus que tout autre. Mais il manquera toujours une ultime intelligence à ceux qui ne partagent pas sa foi ou qui l'ont perdue, ce regard surnaturel qui donne à tous les événements une singulière transparence et en même temps pénètre le cœur d'une douloureuse et intraitable nostalgie. Il n'est pas nécessaire d'être chrétien et catholique pour communier avec Claudel à la beauté du monde, il faut l'être pour en éprouver l'exil, pour y entendre la " note édénique " et le chant d'une " parfaite privation ". C'est cette extraordinaire perception du mystère de Dieu, éclatant et caché, avec le pouvoir de l'exprimer, c'est le mysticisme qui fait de lui assurément le plus grand poète catholique depuis Dante.
Xavier TILLIETTE
Claudel à Villeneuve
"On loue à grand prix sur les plages à la mode ces villas qui vous assurent "une belle vue sur la mer". Et moi aussi la Providence, dès mon berceau, m'a assuré un poste sur un promontoire. Une vue sur la mer. Non point une mer liquide, mais un océan céréal prolongeant sa houle d'émeraude et de feu jusqu'aux extrémités de l'horizon. Une plaine d'or mûrissant sur laquelle l'été promène l'ombre des grands nuages empourprés. Dès mon enfance, je n'ai cessé de recevoir sur mon visage cette haleine de solennité et de tempête. Tout à l'infini était libre et ouvert devant moi. Elle était grande ouverte devant moi, et je la contemplais d'un œil avide, cette porte immense par laquelle il ne cesse d'arriver quelque chose !
"Par derrière il y a la forêt, cette sombre forêt de Beuvardes et de la Tournelle sur le seuil de qui jaillit cette fontaine, accompagnée d'un lavoir désert, qu'on appelle la fontaine de la Sibylle.
"Quel beau pays ! quel rude et sévère pays à l'écart de tout ! quel vieux pays, un des plus vieux de notre Gaule immémoriale ! Un coin de ce Tardenois gallo-romain, dont le sol livre encore des fragments de poterie, des monnaies barbares et des lames d'épées. On voit près de Fère ce rocher isolé appelé le Grès-qui-va-boire parce qu'au coucher du soleil son ombre essaie d'atteindre l'Ourcq et qui, au dire de M. Etienne Moreau-Nélaton, qui a consacré à toute cette région un admirable ouvrage, n'a cessé longtemps d'être dans le pays l'objet d'une révérence secrète.
"C'est là que je suis né, dans un vieux village dont Pintrel, l'ami de La Fontaine, fut longtemps le Seigneur, et où ce conservateur des Eaux et Forêts a dû passer plus d'une fois.Une vieille peinture endommagée de l'église conserve, paraît-il, ses traits. Aussi près que possible de la vieille mère ogivale, dans un antique bâtiment qui ne s'interrompit que pour peu de temps d'être le presbytère, c'est là où j'ai appris le français, le vrai français, un français tout près de sa source, le parler tout frais de l'Ile-de-France. C'est là où, quelque pomme à la main, je lisais avidement parmi les tomes délabrés de la " librairie " de mon grand-oncle, au chant désolé de tout ce que la pluie d'automne a de plus noir et de plus glacé, L'Énéide et la Vie des Saintsd'Alban Butler. C'est là où la prosodie me fut enseignée, et ce n'est aucun Dictionnaire des Rimes que j'eus besoin d'acheter, mais la grande voix catholique des psaumes, ce grand psaume 113 des vêpres en particulier, In exitu Israël de Aegypto, qui m'emportait comme une Marseillaise. C'est là où le soir, au retour de promenades interminables, dans le passage ténébreux des chars et des animaux qui retournent à l'écurie, je reçus le commandement d'armées imaginaires et de quelles expéditions fabuleuses !
"C'est là aussi, à ce flux enseveli qu'on a bien tort, puisqu'il est toujours là, d'appeler le passé, qu'est revenu, une fois encore, ces jours-ci, s'abreuver, aux rayons du soleil déclinant, l'ombre tournante du Grès-qui-va-boire. J'ai revécu toute cette histoire des deux sœurs et de la lépreuse parmi ces monstres farouches du Géyn qui épouvantaient mon enfance, que m'ont contée je ne sais quelles bouches d'où La Bruyère, Chinchy, Cramail, Saponay, de nouveau ces noms poignants et chéris, ont retenti aux oreilles silencieuses de ma mémoire. Où est-ce que j'ai été la chercher cette grande histoire que commémoraient trois fois par jour aux différentes étapes de la journée les trois coups au-dessus de ma tête de la Salutation angélique ? Cette relation déchirante de quelque chose qui ne fut jamais et qui à jamais ne cessera plus d'arriver !
"C'est moi, le Grès-qui-va-boire !"
Paul CLAUDEL.
Paris, le 12 mars 1948.
Article paru dans L'illustration et reproduit dans Théâtre Gallimard, coll. Pléiade, tome II, p. 1 397
Le pays de L'Annonce faite à Marie
La maison familiale
à Villeneuve-sur-Fère
en Tardenois
Le 6 août 1868, Paul Claudel a vu le jour dans l’ancien presbytère de Villeneuve-sur-Fère. Par les Thierry - ses ancêtres du côté maternel – sa mère Louise-Athénaïse Cerveaux (qui épousa en 1862 un Lorrain : Louis-Prosper Claudel), est originaire de ce petit village du Tardenois, situé dans l’Aisne.
A partir de 1870, les Claudel passent leurs vacances dans la maison plus vaste et confortable héritée du curé Nicolas Cerveaux, face au presbytère. Né au sein d’une famille que son tempérament orgueilleux et ses ambitions bourgeoises isolent, Paul grandit à l’ombre de l’église, dans une campagne rude, au contact des paysans, au rythme des fêtes liturgiques et des travaux agricoles. A Villeneuve, en 1881, Paul, alors âge de 12 ans, assiste à l’agonie de son grand-père Athanase Cerveaux. Cette expérience terrifiante fonde son horreur et son refus de la mort.
P. Claudel à 13 ans,
Buste de Camille Claudel
DR
Habité très tôt par sa vocation créatrice, le poète partage avec sa sœur Camille la passion des balades. Le futur poète rêve de conquêtes fabuleuses, chantées tout bas, tandis que sa sœur ébauche en pensée les groupes à tirer de l’argile trouvé en chemin. La Hottée du diable et ses rochers de grès monstrueux est le terrain de jeu des deux jeunes artistes. Leur imagination puissante se nourrit des légendes, histoires et rumeurs que leur bonne Victoire, la fille du garde chasse du duc de Coigny et ancienne bonne du curé, brode à l’infini. D’elles naîtront plus tard Tête d’Or, la Jeune Fille Violaine, l’Annonce faite à Marie, l’Otage, le Pain dur, ces drames enracinés en Tardenois et qui en restituent l’atmosphère pluvieuse, le climat sacré, l’élan mystique, si bien décrits par le poète dans sa conférence de 1937 : « Mon Pays ».
Bibliographie
Marie-Victoire Nantet et Madeleine Rondin dir., Origine d’une œuvre. Mémoire d’un pays. Camille et Paul Claudel en Tardenois, CRDP Amiens, 2003.
MV. Nantet, MD. Porcheron, A. Rivière dir., textes présentés par S. Gauthier, Sur les traces de Camille et Paul Claudel, archives et presse, Poussière d’Or, 2009.
Marie-Victoire Nantet
Éditions Bleulefit, 2011.
Claudel à Brangues
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« Brangues, c'est sans doute cette syllabe de bronze monnayée trois fois le jour par l'Angélus, à laquelle mon oreille, à travers ce présent qui est déjà l'avenir, était préparée, pour que, après cette longue enquête poursuivie à travers toute la terre, j'y associe le repos de mes dernières années. Ce fleuve à quoi la rhétorique a bien raison d'assimiler la vie humaine, j'ai maintenant position sur sa berge, et si je suis trop loin pour qu'il m'entraîne de ce courant plein de tourbillons, du moins, tandis que j'arpente d'un pas méditatif cette terrasse ombragée d'une rangée de tilleuls vénérables, on m'a donné un autre Rhône dans le ciel pour que j'en accompagne depuis l'entrée jusqu'à la sortie la mélodie intarissable. Je parle de cette exposition raisonnable, de cette puissante ondulation de collines prosodiques, se relevant et s'abaissant comme une phrase, comme un vers de Virgile, comme une période de Bossuet, que ponctuent çà et là la tache blanche d'un mur de ferme, l'humble feu maintenu à travers bien des siècles d'un groupe de foyers.
Ce mouvement immobile, cette ligne en pèlerinage vers l'infini, comme elle parle à mes yeux, comme elle chante ! Que de souvenirs elle amène, et vers quelles promesses encore elle m'entraînerait, s'il n'y avait derrière moi ce gros château plein d'enfants et de petits-enfants qui me dit : C'est fini, maintenant, voyageur ! et vois la forte maison pour toujours avec qui tu as choisi de te marier par-devant notaire !
Cela ne m'empêche pas, quelques enjambées suffisent, d'aller vérifier de temps en temps le fleuve dont la présence invisible et la mélopée diffuse emplit l'heure diaprée du matin et solennelle de l'après-midi, et boire une gorgée vivifiante à son onde glacée. Le psaume nous dit, et l'on m'a posté ici pour témoigner que c'est vrai, que sa source est " dans les montagnes saintes ", dans le pays de la pierre éternelle et des neiges immaculées ! et quand le soir vient, quel azur ineffable charrie vers mon attention béante cette froide nymphe, quelle nacre, quelle dissolution de rose et de safran, quel torrent de pivoines écarlates et de sombre cuivre !
Chante, rossignol de juin ! et que l'aile coupante de l'hirondelle, que le chant nostalgique du coucou se mêle à ces îles de gravier, à ces saules décolorés auxquels le vieux poète pour toujours a suspendu sa harpe ! Il fait semblant de rester immobile aujourd'hui, mais il est content de voir que tout marche joyeusement et triomphalement autour de lui, non seulement le fleuve, dont il est écrit que la poussée irrésistible ne cesse de réjouir la cité de Dieu, mais la vallée tout entière avec ses villes, ses villages et ses cultures, comme une partition pompeuse !
Tout cela vient de l'orient et s'en va à grand étalage de silence vers l'horizon. Et, doublant la montagne et le fleuve, il y a pour leur indiquer le chemin d'une procession à l'infini, des peupliers. Vieux Pan ! tu auras beau courir, tu n'en auras jamais fini d'épuiser cette Syrinx en fuite ; cette ribambelle à l'infini de tuyaux dont les groupes et les indications verticales donnent repère et rythme aux avancements calculés du regard et qui sont comme la perspective des barres et des notes sur les parallèles de la portée. Je n'ai plus besoin comme aux jours de ma jeunesse de dépouiller mes vêtements pour me mettre à la nage au milieu de cette magnificence symphonique et pour ajouter ma brasse à ce courant à la fois comme le bonheur invincible et persuasif. J'ai épousé pour toujours ce bienheureux andante ! J'ai besoin de cet allègement, de ce recommencement sous mon corps, liquide, de l'éternité, j'ai besoin de cette invitation inépuisable à partir pour constater que je n'ai pas cessé d'être bienheureusement à la même place.
Alors salut, étoile du soir ! Il y a pour t'indiquer pensivement dans le ciel, au fond du parc, dans le coin le plus reculé de mon jardin, un long peuplier mince, comme un cierge, comme un acte de foi, comme un acte d'amour ! C'est là, sous un vieux mur tapissé de mousses et de capillaires, que j'ai marqué ma place. C'est là, à peine séparé de la campagne et de ses travaux, que je reposerai, à côté de ce petit enfant innocent que j'ai perdu, et sur la tombe de qui je viens souvent égrener mon chapelet. Et le Rhône aussi, il ne s'interrompt pas de dire son chapelet, son glauque rosaire, d'où s'échappe de temps en temps l'exclamation lyrique d'un gros poisson, et n'est-ce pas Marie dans le ciel, cette étoile resplendissante ? cette planète, victorieuse de la mort, que je ne cesse pas de contempler ? »
Paul Claudel , 3 février 1940
Œuvres en Prose
Gallimard, coll. Pléiade, p. 1339
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Rencontres de Brangues
>> Accueil au château de Brangues
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Le clocher de l'Église de Brangues vu du Château
Le château et son parc de dix-sept hectares sont situés sur une hauteur, à l’orée du village de Brangues, non loin du Rhône, au Nord de l’Isère et à distance égale de Grenoble, Lyon et Genève. L’ancienne place forte s’est développée au cours du temps en une demeure à deux tours et quatre corps de bâtiment harmonieusement ajustés. Une ferme, des écuries et une orangerie la complètent. Terre du Dauphiné, son histoire est marquée par les guerres contre la Savoie. Au XVIIIe siècle, le trésorier général du Dauphiné, qui fut un de ses propriétaires les plus fastueux, fixe l’aspect actuel du domaine par l’ajout ultime d’une aile orientée au sud.
Claudel à Brangues (1952)
Le château a souvent changé de main. Paul Claudel l’acquiert en 1927. Il a cinquante-neuf ans et cette maison répond au désir du diplomate d’avoir un lieu à soi. Il choisit de s’installer dans la région de Reine Sainte-Marie Perrin sa femme. « Le Dauphiné n’est pas ma terre natale, mais il est ma patrie d’élection ». En 1935, après quarante-cinq ans de vie à l’étranger, « l’absent professionnel » (comme le poète se nomme) prend enfin sa retraite. Il passera désormais de longs étés dans sa campagne, et les quatre années de la guerre. « Devant les pas de l’éternel voyageur, quelque chose s’était dressé de désormais intransgressible, dans l’établissement définitif à la fois d’une entente et d’une distance. »
A Brangues, le patriarche joue son rôle, l’homme de lettres reçoit, le chrétien prie, l’épistolier tient à jour sa correspondance, le poète compose, le dramaturge monte des plans, le diplomate déchiffre l’actualité, le polémiste bataille, le citoyen accablé d’un pays envahi s’engage. Autant d’activités consignées dans un Journal qui constitue le document le plus complet sur la vie de Claudel à Brangues, ses lectures, ses travaux exégétiques et ses créations poétiques et dramatiques en cours (Le Livre de Christophe Colomb, Le Festin de la Sagesse, Pan et Syrinx, Au milieu des vitraux de l’Apocalypse, …). Au fil des pages apparaissent des visiteurs illustres, Edouard Herriot, Philippe Berthelot, Darius et Madeleine Milhaud, Ida Rubinstein, la Reine Elisabeth de Belgique, François Mauriac, le très jeune Jean-Louis Barrault. Tous ont disparu, ainsi que leur hôte. Perdurent à Brangues le bureau, la bibliothèque et la tombe de l’écrivain qui porte l’épitaphe : « Ici reposent les Restes et la Semence de Paul Claudel ».
Bibliographie
Marie-Victoire Nantet,
Brangues en Dauphiné avec Paul Claudel,
2010.
Oeuvres de Claudel
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- Premiers essais dramatiques
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- L'arbre
- Partage de Midi
- L'Annonce faite à Marie
- La trilogie des Coûfontaine
- Protée & L'Ours et la Lune
- Le Soulier de satin
- Le Livre de Christophe Colomb
- Jeanne d'Arc au bûcher
- L'Histoire de Tobie et de Sara
- La Lune à la recherche d'elle-même
- On répète Tête d'Or
- Le Ravissement de Scapin
- Oratorios et Ballets
- Les réécritures théâtrales
- Claudel traducteur
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Le Soulier d
de satin
VERSION POUR LA SCÈNE
LE VICE-ROI. — Officiers, compagnons d'armes, hommes assemblés ici qui respirez vaguement autour de moi dans l'obscurité,
Et qui tous avez entendu parler de la lettre à Rodrigue et de ce long désir entre cette femme et moi qui est un proverbe depuis dix ans entre les deux Mondes,
… Regardez-là qui à la fin est apparue à mon bord et qui vient me demander compte de ce monde qu'elle m'a obligé à créer !
Bien des femmes sont venues au monde pour la ruine des villes et des empires, pour la honte et l'extermination des âmes d'hommes.
Mais j'accuse celle-ci qui a été pour moi plus cruelle et plus impitoyable.
Non point par sa présence et par ce lit qu'elle a partagé avec moi.
Mais par sa continuelle absence depuis dix ans, et par ce lit, par ce lit, par ce lit de sa continuelle absence depuis dix ans qu'elle n'a cessé de partager avec moi !
Et maintenant je vous prends tous à témoin que j'ai fait mon œuvre et qu'elle n'a plus rien à me demander.
Vous m'avez trouvé dur, violent, cruel, exigeant et parfois injuste ; mais moi-même est-ce que je me suis épargné?
Je vous prends à témoin que j'ai fait mon œuvre, et qu'un nouveau monde est sorti de la mer et que ces mains lui ont donné une forme !
La forme de cette femme en ce monde qu'il m'a été à jamais refusé de posséder !
Le plus humble artisan reçoit son salaire, et moi, je prends le ciel et la terre à témoin que je n'ai pas eu ma récompense !
J'accuse cette femme qui n'est apparue à mon bord que pour se moquer de moi
Et pour me montrer une dernière fois ce visage qu'elle a décidé à jamais de me refuser !
Ce visage, ce visage cruel, qu'elle a décidé à jamais de me refuser !
Ce visage pour que j'en aie possession qu'elle a décidé à jamais de me refuser.
Mais viens maintenant, je vais te prendre par la main, Madame, viens avec moi, viens, mon amour, viens, mes délices, viens, iniquité.
Prends ma main !
Je vais te montrer ce chemin, cet amer chemin que j'ai cheminé seul bien des nuits en ton amère compagnie, en ta détestable compagnie.
D'un bout à l'autre de cette horrible véranda, renvoyé d'un bout à l'autre de cette horrible véranda comme la navette aux mains des noires tisseuses !
Le chemin n'est pas long, que nous avons à faire ensemble, toi et moi, en cette vie.
Quelques pas seulement ensemble, mon amour, mais il y tient toute une vie, la vie d'un cœur trop aimant, trop fidèle mon amour, la vie d'un homme misérable. (…)
Le Soulier de Satin,
Théâtre II. Gallimard
Pléiade, p. 1096-1097 - D.R.
"Testament sentimental et dramatique", à la fois "somme" et "reflet" des drames antérieurs, Le Soulier de satin est l'opus mirandum, l'œuvre majeure où l'auteur affirmait qu'était rassemblé l'essentiel de sa vie, de son art et de sa pensée. Commencé en 1918, au retour de l'ambassade au Brésil, poursuivi au Danemark et au Japon, où le 3e acte a été perdu lors du tremblement de terre du 1er septembre 1923, le drame est achevé en 1925.
Le Soulier de satin est d'abord un drame d'amour où Claudel, à l'issue de ses "retrouvailles" avec l'inspiratrice de Partage de Midi, tentait de trouver "l'apaisement", "la résolution", "l'explication" et "la conclusion" de sa propre aventure. Comme Mesa dans Partage de Midi, Rodrigue, le héros du Soulier de satin, est passionnément amoureux d'une femme mariée, Prouhèze, à laquelle il devra renoncer. Celle-ci, après la mort de son mari, épousera Don Camille, un officier qui la tient à sa merci, et refusera de se donner à Rodrigue, à la fois pour ne pas être infidèle au sacrement du mariage et pour ne pas décevoir la passion d'un amant dont le désir infini ne saurait tolérer de limites humaines. Ne pouvant être "son paradis", elle sera "sa croix"; ne pouvant "lui donner le ciel", elle saura "l'arracher à la terre" (IIe Journée, scène 14)
. Son sacrifice et sa mort contribueront, par la vertu de la Communion des Saints et de la réversibilité des mérites, au salut de Camille et de Rodrigue, auquel il sera donné de connaître, au prix d'un dénuement complet, la "délivrance" et la joie surnaturelle (IVe Journée, sc. dernière). Ainsi une passion adultère aura servi au salut des âmes, conformément au sous-titre de l'œuvre, emprunté à Calderon - "le pire n'est pas toujours sûr" - et au mot de saint Augustin, "etiam peccata", placé en exergue et repris par l'Ange gardien de Prouhèze: "Même le péché ! Le péché aussi sert" (IIIe Journée, sc. 8). Le drame sentimental s'approfondit en un drame mystique.
"La scène de ce drame est le monde", écrivait superbement l'auteur, "et plus spécialement l'Espagne à la fin du XVIe siècle, à moins que ce ne soit le commencement du XVIIe siècle". L'action se déroule en effet pendant la Renaissance, au temps des Conquistadors, lorsque l'Espagne est le champion du catholicisme en Europe, en Afrique, au Nouveau Monde et jusqu'en Extrême-Orient. On assiste alors au combat des armées espagnoles au service du Dieu chrétien contre toutes les hérésies, en Amérique où Rodrigue est Vice-Roi des Indes, à Mogador où Prouhèze impose son autorité au renégat Don Camille, en Bohème où les Protestants sont défaits à la Montagne Blanche, en Flandre, en Espagne, où se préparent une désastreuse expédition de la Grande Armada contre l'Angleterre et la victorieuse bataille de Jean d'Autriche à Lépante. Le Soulier de satin apparaît alors, en dépit de quelques anachronismes intentionnels, comme une "vaste fresque" et une parabole
historique illustrant l'esprit d'une époque et d'une civilisation animées d'une foi conquérante.
La gravité du sujet ne laisse pas de comporter cependant une grande part de gaieté, de fantaisie dans la mise en scène et le dialogue, ainsi que de nombreuses scènes ouvertement comiques, parodiques ou burlesques. Un Annoncier, sorte de régisseur chargé de présenter et de commenter la pièce, au besoin de houspiller les acteurs, confère au drame une allure de jeu dramatique. L'intervention des machinistes et la volontaire exhibition des ficelles du théâtre accentuent l'artifice et créent une distance ironique. Divers personnages épisodiques, pêcheurs, pédants, courtisans, serviteurs, soldats, une négresse, un Chinois, tourbillonnent autour des protagonistes et introduisent ainsi non seulement des épisodes ou intermèdes divertissants, mais une dimension ironique et critique qui contribue à dédramatiser la souffrance et à créer le climat de joie, d'enthousiasme et de libération conforme au sentiment dominant qu'éprouvait et voulait suggérer l'auteur.
La diversité des lieux, le contraste des tons, la multiplicité des personnages et la complexité d'une action combinant plusieurs intrigues entraînent une composition originale, où l'apparent désordre occulte une réelle unité dramatique et symbolique
. La pièce, expliquait l'auteur, est construite à la façon d'une tapisserie, où le dessin est formé d'une multitude de fils de diverses couleurs entrecroisés de manière à faire apparaître un motif unique. Au drame amoureux, sombre et sacrificiel, de Rodrigue et Prouhèze est en effet entrelacé, comme un fil blanc à un fil noir, celui, idyllique et souriant, de Dona Musique et du Vice-Roi de Naples, auquel succédera, dans le même registre, celui de leur fils, Jean d'Autriche, et de Dona Sept-Epées, fille spirituelle de Rodrigue et Prouhèze. Des personnages surnaturels, Saint Jacques ou l'Ange gardien, se mêlent aux héros humains. La scène est ainsi constamment variée, transportée d'un continent à l'autre et de la terre au ciel. Mais la diversité des composants ne saurait masquer la profonde unité du sujet, qui est la "délivrance aux âmes captives", obtenue sur le plan à la fois sentimental, historique et mystique
. A cette composition, fondée sur le mouvement, la variété, les effets de contraste et de couleur, elle-même accordée à une époque, et à des personnages animés par l'esprit de la Contre-Réforme, l'on a souvent et à juste titre attribué la qualité de baroque.
Les caractères et les dimensions du drame, "action espagnole en quatre Journées" à la manière des dramaturges du Siècle d'or, indifférent aux unités de temps, de lieu et de ton, ont longtemps interdit sa représentation. Créé par Jean-Louis Barrault à la Comédie-Française en 1943, dans une version réduite, il a été représenté dans sa version intégrale au théâtre d'Orsay en 1980, puis repris par Antoine Vitez en 1987, au festival d'Avignon, dans la cour d'honneur du Palais des Papes.
Tour à tour dramatique et mystique, poétique et comique, lyrique et familier, Le Soulier de satin constitue bien, comme l'entendait Claudel, une "somme" ou, selon le mot de Jean-Louis Barrault, sa "synthèse".
bibliographie:
Bibliographie pour Le Soulier de Satin
Mises en scène:
mise en scène de Jean-Louis Barrault
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Le Soulier de satin, 1949, 1958, 1963, 1978 et 1980,
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Le Soulier de satin, 2003 et 2009,
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mise en scène de Stefan Bachmann
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Festival d’Athènes et d’Epidaure
, mise en scène d'Effi Theodorou
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Adaptations cinématographiques:
Manoel de Oliveira tourne Le Soulier de satin
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- Le Soulier de satin, résumé
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