La littérature au XVIème siècle
Le XVIeme siècle français est le siècle de la Renaissance,de la Réforme et des guerres de Religion,pèriode de vie débordante d'activité intense dans tous les domaines de la pensée et de l'action,qui conduit notre art,notre littérature,et notre langue du Moyen-âge au Classicisme.
Les Renaissance des Lettres et des arts
Du Moyen-âge à la Renaissance, le passage ne s'est pas fait brusquement.On se plaît aujourd'hui à reconnaître,tout au long du Moyen-âge des renaissances successives,aprés des périodes de décadence et d'assoupissement;ces mouvements annoncent et préparent la Renaissance proprement dite.Le XVIeme siècle apparaît à bien des égards comme une époque de transition.D'ailleurs les façons de penser,les goûts,les tendances du Moyen-âge n'ont pas disparu.en un jour: à lire Marot et Rabelais lui-même,on le constate aisément.
Et pourtant dés le début du XVI eme ssiècle, ou en tout cas dés l'avènement de François Ier apparaît tout un courant d'aspirations nouvelles,en réaction contre l'ascétisme,le mystique austère,les idées et les moeurs du Moyen-âge.
Les voyages de Colomb,de Vasco de Gama,de Magellen, offrent à la ereflexion et à l'imagination des horizons nouveaux.Les découvertes scientifiques ou techniques entraînent peu à peu une révolution dans les idées: l'imprimerie,"soeur des Muses et dixième d'elles".Du Bellay permet une plus large diffusion des oeuvres littéraires;autonomie et chirurgie sortent de l'enfance avec Ambroise Paré,le système de Copernic,en s'imposant lentement, ouvre une ère nouvelle de la pensée humaine. A science nouvelle,littérature et esprit nouveaux.
l'exemple italien
Aux esprits éclairés qui veulent rompre avec des traditions périmées,l'Italie offre un modèle aussi proche que séduisant.La Renaissance y fleurit depuis un siècle,et la chute de Constantinople (1453) y a fait affluer érudits grecs et manuscrits anciens.D'ailleurs la terre de Virgile est toujours restée plus près que la France des sources latines.A son école,les humanistes français vont chercher l'aspiration antique. Les contacts sont nombreux entre les deux pays depuis le début des guerres d'italie (1494).
En Italie les seigneurs français apprenent à goûter la douceur de vivre;de retour en France,ils s'éfforcent autour d'eux un cadre lixueux et raffiné.L'Italie n'est pas moins chère au coeur des lettrés, qui voient en elle la patrie du savoir et des Muses.
L e besoin d'idées nouvelles,l'appétit de savoir sont d'autant plus vifs que l'enseignement des Universités s'est sclérosé,devenant une routine étroite et stérile.On enseigne aux jeunes gens selon la méthode d'autorité,la philosophie scolastique,la logique formelle et la réthorique.On encombre leur mémoire sans développer vraiment leur intelligence ni surtout leur sens critique.
Le retour aux textes originaux est exceptionnel:on commente des commentaires,le latin d'école devient un jargon, et la formation intellectuelle dégènère trop souvent en vaines acrobaties qui n'ont plus rien à voir avec l'art,la pensée créatrice,et la vie.
Des maîtres veulent réagire contre ces abus par la lecture des chefs-d'oeuvre de la littérature latine.
Le mot humanitas désignant en latin la culture,ils appellent leurs enseignements lettres d'humanité et bientôt on les nommera eux-m^rme les humanistes
Mais ce beau terme d'humanitas évoque aussi une élégance morale,une politesse,une courtoisie,inséparables de toute culture accomplie,bref, tout ce qui fait un homme vraiment homme;ainsi le mot Humanisme en viendra à désigner outre la formation à l'école de la pensée gréco-latine,un idéal de sagesse et toute une philosophie de la vie.
L'humanisme,c'est un acte de foi dans la nature humaine,et la conviction pour reprendre la formule d'André Gide "qu'il n'y a d'art qu'à l'échelle de l'homme".
Pour puiser au trésor antique, il fallait commencer par la tâche la plus austère,réservée d'abord à des savants;il fallait apprendre le grec,que presque personne ne savait au Moyen-âge;renouveler l'étude du latin;éditer les grandes oeuvres grecques elt latines dans un texte aussi sûr que possible.
Nos premiers humanistes furent donc des linguistes,des philologues,comme Guillaume Fichet,puis Lefèvre d'Etaples et Guillaume Budé.Trés vite ils sont suivis à Paris et en Province,par de petits groupes d'enthousiastes,gens de robe le plus souvent,moine comme Rabelais,ou officiers de la couronne:Budé lui-même n'était pas professeur,mais maître de requêtes de François Ier.
Dès le début du siècle,Erasme offre l'exemple d'un humaniste philosophe en même temps qu'érudit.Né à Rotterdam,il mourrut à Bâle aprés avois séjourné longtemps en France,où son inffluence fut considérable;sa vie même est un peu le symbole de cet esprit nouveau qui souffle à travers l'Europe par dessus les frontières.
D'esprit trés hardi,Erasme critique l'ensemble des institutions médiévales.Pour lui les deux sources de la sagesse sont la littérature antique et la Bible;à la Bible il applique le principe du retour aux textes et de leur interprétation libre et directe.C'est dans son oeuvre qu'on discerne le mieux comment l'humanisme et Réforme sont liés à l'origine.Tandis que se développe avec les poètes de la Pléïade un humanisme créateur,d'autres esprit poursuivent la tâche entreprise par les premiers érudits
.Aprés du Bellay,Henri Estienne (1531-1598) va militer par les arguments et par l'exemple,en faveur de la langue française;fils de Robert Estienne,imprimeur humaniste,il complète le Thesaurus linguae latinae (Trésor de la Langue latine) par un dictionnaire grec,le Thésaurus linguae graecae,et montre la parenté du français avec la belle langue grecque;dans la Precellence du langage français (1579),il proteste contre l'étrange jargon mi italien à la mode sous Henri III.
Le juriste Estienne Pasquier (1529-1615) exalte dans ses Recherchesde la France,le prestige de notre pays et de notre littérature.Enfin Jacques Aymot (1513-1593) marque profondément toute la seconde moitié du siècle par sa traduction des oeuvres de Plutarque,des Vies parallèles en particulier (1599).
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Le rôle de François Ier
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Il s'est trouvé un prince pour coordonner tous les élans enthousiaste et faciliter leur réalisation.François Ier a joué,pour la Renaissance française, le rôle d'Auguste au temps de Virgile,de Léon X pour l'Italie du XVIeme siècle,le rôle que jouera Louis XIV pour le clacissisme.
Favorable à l'sprit nouveau ce roi, dont l'instruction avait été pourtant si négligée qu'il ne savait pas le latin,se fit le producteurs des savants,des écrivains et des artistes,méritant ainsi le titre de Père des Lettres.
Dans ce rôle il fut secondé par sa soeur Marguerite d'Angoulême ,duchesse d'Alençon,puis reine de Navarre protectrice de Marot et auteur elle-même de l'Héptaméron,recueil de nouvelles à la manière de l'italien Boccace.
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Le Collège des lecteurs royaux
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En 1530,accédant au souhait depuis longtemps exprimé par Guillaume Budé,François Ier fonde le Collège des Lecteurs royaux,notre actuel Collège de France.Il s'agit d'un groupe de professeurs payés sur la cassette royale et échappant grâce à la protection directe du souverain,à la tutelle de la Sorbonne (Faculté de Théologie de Paris)
Ils sont chargés d'enseigner le latin,le grec et le l'hebreu.D'autre part le roi ouvre sa bibliothèque aux humanistes et l'enrichit de manuscrits grecs et d'un exemplaire de chaque nouveau livre publié
Du côté maternel, François Ier hérite d'une grande partie de la collection de plusieurs centaines de volumes de Louise de Savoie (1476-1531). Elle-même recueille des œuvres provenant de ses ancêtres, par exemple sa grand-mère, Anne de Lusignan (1418-1462), qui possédait un exemplaire enluminé du Roman de Fauvel. Par ailleurs, Louise commande ou reçoit des manuscrits ou imprimés prestigieux. Enfin, à partir de 1523, elle succède à la tête du duché de Bourbon au connétable Charles de Bourbon. À la suite de la traîtrise de celui-ci, elle recueille plusieurs centaines de livres des Bourbons, rassemblés notamment par les grands mécènes que furent Anne de France, fille de Louis XI, et Pierre de Bourbon.
Gervais du Bus et Chaillou de Pesscain, Le Roman de Fauvel, Paris, vers 1318-1320, dessins à l'encre rehaussés de lavis par le Maître de Fauvel, parchemin, BnF, Manuscrits, Français 146, f. 34. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Enfin, François Ier hérite d'une partie de la bibliothèque de son épouse, Claude de France, fille d'Anne de Bretagne. Les splendides Grandes Heures d'Anne de Bretagne, enluminées par Jean Bourdichon, sont l'un des fleurons de la collection royale.
Des livres sont aussi réalisés spécialement pour François Ier. Lorsqu'il devient roi, de nombreux ouvrages lui sont offerts par des donateurs qui cherchent à obtenir la protection du souverain. Les commandes ou achats directement décidés par le roi restent difficiles à identifier. D'une manière générale, il n'est pas aisé de déterminer l'influence des préférences personnelles de François Ier. On suppose cependant que les donateurs se renseignaient auprès de l'entourage du roi afin de lui offrir des livres conformes à ses goûts.
L'ensemble de ces œuvres forme la bibliothèque personnelle du roi, que François Ier installe en 1515 au château de Blois. Elle y coexiste alors avec la bibliothèque, ou librairie, royale proprement dite. Cette dernière, recréée par Louis XI après la guerre de Cent Ans, a été enrichie par Charles VIII et Louis XII, grâce aux saisies effectuées durant les guerres d'Italie.
Certains documents font des allers-retours entre la bibliothèque personnelle de François Ier et la bibliothèque royale. Ainsi, le roi prélève plusieurs manuscrits de la bibliothèque royale vers sa collection personnelle, comme le somptueux Romuleon enluminé par Jean Colombe. Inversement, François Ier verse aussi à plusieurs reprises des livres de sa bibliothèque personnelle dans la librairie royale.
Benvenuto d'Imola, Romuleon, Bourges, vers 1485-1490 ; enluminé par Jean Colombe et son atelier, BnF, Manuscrits, Français 364, f. 33. Source : Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
En 1544, le roi décide le déménagement et la réunion à Fontainebleau des deux bibliothèques. Avant le déménagement, la bibliothèque royale totalise 1896 livres. François Ier se constitue alors une nouvelle bibliothèque personnelle réunie dans un cabinet privé décoré par Primatice. Plus moderne, cette bibliothèque est riche en ouvrages italiens et en traductions françaises, parmi lesquelles un Vitruve illustré par Jean Goujon. Pour la première fois, une distinction claire est faite entre la bibliothèque officielle de la monarchie, inaliénable et transmise de roi en roi, et la bibliothèque privée. Ce processus est parachevé à la fin du siècle par le transfert de la bibliothèque royale de Fontainebleau à Paris, où elle constitue le socle de l'actuelle Bibliothèque nationale de France.
Vitruve, Premier livre d'architecture, France, vers 1540-1545 ; dessins de Jean Goujon, BnF, Manuscrits, Français 12338, f. 5-6. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
L'art de la reliure
L'exposition a été l'occasion de restaurer plusieurs reliures de la collection de François Ier. Celles-ci diffèrent selon les provenances et les fonctions des ouvrages. Ainsi, de nombreuses reliures sont couvertes de textiles luxueux, dont certains sont brodés. Elles correspondent à un idéal aristocratique : les livres les plus prestigieux de Charles d'Angoulême et de Louise de Savoie sont reliés en tissus d'origine italienne – drap d'or, velours ou satin de soie damassé. En revanche, les ouvrages plus modestes, à vocation didactique, sont souvent couverts de cartonnages peints.
Par ailleurs, les reliures de cuir sont de plusieurs types : les premières reliures italiennes à décors dorés de la fin du XVe siècle sont fortement influencées par les arts de l'Islam ; puis les reliures françaises réalisées pour le souverain, en particulier celles de l'atelier d'Étienne Roffet tendent à s'uniformiser.
Ainsi les Lettres d'humanité trouvent,avec une consécration officielle,de précieu moyen de diffusion..
En outre,François Ier attire en France les artistes italiens les plus illustres;Léonard de Vinci;qui meurt prés d'Amboise en 1519,Benvenuto Cellini,le Primatice qui décore le château de Fontainebleau.La cour de France y gagne en faste,et en prestige,et bientôt l'art français produit à son tour des chefs-d'oeuvres.
Les gentilhommes qui reviennent d'Italie songent d'abord à transformer leurs châteaux:au gothique flamboyant du XVe siècle succède le style Renaissance, qui s'inspire de l'architecture italienne et des monuments antiques.Somptuosité des materiaux,gaîté,clareté,élégance déjà classiques des lignes,telles sont les principales caractéristiques des châteaux de la Loire Chenonceaux,Chambord et tant d'autres."plus nombreux,plus nerveux,plus fins que des palais "dira Peguy.
En 1546,Pierre Lescot commence le nouveau Louvre;sous Charles IX,Philibert Delorme entreprend la construction des Tuileries.
Avec Jean Goujon (Nymphes de la fontaine des Innocents) et Germain Pilon (Grâces;tombeau d'Henri II) la sculpture devient un hymne païen à la gloire du corps humain.
Mais le "transi" de Ligier Richier (un squelette élevant son coeur vers le ciel) perpétue en pleine Renaissance la tradition médiévale de la danse macabre.
En peinture,Jean Clouet et son fils créent une école française du portrait.Bernard Palissy inaugure l'art de la céramique. Des musiciensr Roland de Lassus ,Jannequin,complètent cette pléiade d'artistes.
La Réforme,puis les guerres de Religion ont profondément marqué notre littérature.On traite désormais en français les questions théologiques.L'inspiration biblique est un des traits frappants de la poésie du XVIe siècle.Des genres nouveaux apparaissent,pamphlets,discours,violents ou graves,ou l'ironie et le sarcasme voisinent avec l'éloquence et le mysticisme.Face à cette littérature militante, Montaigne incarne la mesure,l'horreur de l'intolérence et du fanatisme.