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Prosper Mérimée

 

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Une brillante jeunesse
Portrait de Prosper Mérimée à l'âge de cinq ans peint par sa mère en 1808 © Bibliothèque nationale de France (Estampes) Acte de naissance reconstitué de Prosper Mérimée, 28 septembre 1803 © Archives de Paris V2E 1095
       
 

Portrait de Prosper Mérimée à l'âge de cinq ans peint par sa mère en 1808 © Bibliothèque nationale de France (Estampes)

 

Acte de naissance reconstitué de Prosper Mérimée, 28 septembre 1803 © Archives de Paris V2E 1095

Prosper Mérimée est né le 23 septembre 1803 dans une famille d'artistes bourgeois installée près du Panthéon. Il n'est pas baptisé, et restera fidèle, sa vie durant, aux convictions athées de ses parents. Son père, Léonor Mérimée est professeur de dessin à l'École polytechnique, et sera plus tard secrétaire perpétuel de l'École des Beaux-Arts. Sa mère, Anne Moreau est portraitiste, et enseigne, elle aussi, le dessin.
Le couple a un solide bagage intellectuel et artistique datant du XVIIIe siècle, mais ne s'engage guère dans les courants culturels naissants. De l'éducation parentale, Mérimée retiendra, sur les plans esthétique et affectif, l'horreur de l'emphase. C'est de sa mère qu'il tient la devise "Souviens-toi de te défier".
Réunion d'artistes dans l'atelier d'Isabey, par Louis Léopold Boilly. Musée du Louvre. © RMN Églises Sainte-Geneviève et  Saint-Étienne du Mont par D. Duchâteau, 1807. Plume, lavis et aquarelle. Musée Carnavalet © PMVP / L. Degrâces
       

Réunion d'artistes dans l'atelier d'Isabey, par Louis Léopold Boilly. Musée du Louvre. © RMN
Une trentaine d'amis de Léonor Mérimée sont ici réunis : l'acteur Talma, les architectes Fontaine et Percier, le compositeur Méhul...

 

Églises Sainte-Geneviève et Saint-Étienne du Mont par D. Duchâteau, 1807. Plume, lavis et aquarelle. Musée Carnavalet © PMVP / L. Degrâces

 
La famille n'est pas aisée mais mène une vie intéressante et calme. On reçoit de nombreux artistes, français et anglais. À quinze ans, Prosper maîtrise l'anglais qu'il pratique avec les élèves de sa mère venues d'outre-Manche ; parmi elles, les sœurs Lagden, Fanny et Emma, qui tiendront sa maison pendant les dernières années de sa vie.
Distribution des prix du collège royal Henri IV, du 19 août 1818 © Bibliothèque nationale de France (Imprimés) Extrait du tableau de recensement militaire de 1823, Mérimée est recensé sous le numéro 306 © Archives de Paris, D1R1 19
       
 

Distribution des prix du collège royal Henri IV, du 19 août 1818 © Bibliothèque nationale de France (Imprimés)

 

Extrait du tableau de recensement militaire de 1823, Mérimée est recensé sous le numéro 306 © Archives de Paris, D1R1 19

Ses études au Lycée Napoléon (qui deviendra le Lycée Henri IV) le mettent en contact avec les fils de l'élite parisienne ; entre eux, Adrien de Jussieu, Charles Lenormant et Jean-Jacques Ampère avec qui il traduit Ossian. En 1819, il s'inscrit à la faculté de droit, marchant ainsi dans les pas de son grand-père François Mérimée, éminent avocat du Parlement de Rouen et intendant du maréchal de Broglie. Il obtient sa licence en 1823. La même année, il est exempté du service militaire, pour faiblesse de constitution. Néanmoins, il sera incorporé en 1830 à la Garde nationale.
Vertumne et Pomone,  peinture par Jean-François-Léonor Mérimée. © Musée Fabre de Montpellier, Cl. F. Jaulmes
   

Vertumne et Pomone, peinture par Jean-François-Léonor Mérimée. © Musée Fabre de Montpellier, Cl. F. Jaulmes

 
Jusqu'à son entrée dans la fonction publique en 1831, Mérimée n'exerce aucun métier hormis celui d'écrivain. En 1825, le Théâtre de Clara Gazul, son premier livre, marque ses débuts brillants. En 1827 paraît La Guzla ou choix de poésies illyriques, prétendues productions populaires inventées par lui, mais qui passeront pour authentiques auprès des poètes et des savants. 1828 : La Jacquerie, scènes féodales, et La Famille Carvajal, drame. 1829 : Chronique du temps de Charles IX, roman historique, important succès de librairie. La même année, il publie Mateo Falcone, sa première nouvelle. C'est dans le cadre de ce genre qu'il écrira ses chefs-d'œuvre.

 

Dans les salons de la Restauration
Prosper Mérimée en 1829, lithographie par Achille Devéria  © Bibliothèque nationale de France (Estampes)
   
 

Prosper Mérimée en 1829, lithographie par Achille Devéria © Bibliothèque nationale de France (Estampes)

Toute sa vie, Prosper Mérimée sera un mondain. Il commence à fréquenter l'élite parisienne dès les années 1820. Il n'a pas de nom, ni de fortune, mais dispose de nombreuses relations, par son père et ses camarades de lycée. Spirituel, détaché, de très bonne compagnie, il est recherché. Il prend ses marques dans les milieux ouverts aux idées libérales ou acquis aux tendances artistiques nouvelles. S'il reste discret dans la manifestation de ses préférences politiques, il refuse néanmoins toute "compromission" avec le pouvoir sous la Restauration, allant jusqu'à décliner un poste diplomatique à Londres en 1829 : "accepter des fonctions quelques peu importantes qu'elles soient, sous l'Administration actuelle, serait n'être pas d'accord avec moi-même." (Lettre à Madame Récamier, 25 octobre 1829).
Le café de la Rotonde au Palais Royal, par H. Senillon. Musée Carnavalet © PMVP
   

Le café de la Rotonde au Palais Royal, par H. Senillon. Musée Carnavalet © PMVP

 
Il fréquente de nombreux salons : Jean-Jacques Ampère l'introduit chez Mme Récamier ; par Albert Stapfer, il accède au cercle du père de celui-ci où il rencontre Victor Cousin ; chez le baron Gérard, le peintre, il côtoie Ingres et Delacroix ; avec son ami Henry Beyle (Stendhal), de vingt ans son aîné, on le retrouve chez Emmanuel Viollet-le-Duc (père de l'architecte), ou chez Cuvier, où il goûte la compagnie de la belle-fille de l'hôte, Sophie Duvaucel, jeune femme cultivée et spirituelle, avec laquelle son ami Sutton Sharpe sera lié au point de parler mariage.
Mme Ducrest de Villeneuve née  Sophie  Duvaucel, dessin par Sir Thomas Lawrence. Musée du Louvre © RMN Portrait présumé de Delacroix jeune. Musée Eugène Delacroix  © RMN Portrait d'Ingres à mi-corps, dédié à des élèves, dessin par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1835.  Musée du Louvre © RMN
         

Mme Ducrest de Villeneuve née Sophie Duvaucel, dessin par Sir Thomas Lawrence. Musée du Louvre © RMN

 

Portrait présumé de Delacroix jeune. Musée Eugène Delacroix © RMN

 

Portrait d'Ingres à mi-corps, dédié à des élèves, dessin par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1835. Musée du Louvre © RMN

Mais c'est au "grenier" d'Étienne Delécluze, que l'écrivain se révèle. Courier, Stendhal, Sainte-Beuve, Vitet et d'autres y élaborent ce que la postérité appellera quelquefois le "romantisme réaliste", et le jeune Mérimée y lit les premières pièces du Théâtre de Clara Gazul. Delécluze le décrit à dix-neuf ans : "son regard furtif et pénétrant attirait d'autant plus l'attention que le jeune écrivain, au lieu d'avoir le laisser aller et cette hilarité confiante propres à son âge, aussi sobre de mouvement que de paroles, ne laissait guère pénétrer sa pensée par l'expression fréquemment ironique de son regard et de ses lèvres".
Mon cher, il faut se faire un état dans le monde (café de la Rotonde). Musée Carnavalet © PMVP / L. Degrâces
   

Mon cher, il faut se faire un état dans le monde (café de la Rotonde). Musée Carnavalet © PMVP / L. Degrâces

 
Ce sont les plumes acérées du grenier de Delécluze, intervenant avec vigueur dans les querelles autour du classicisme que réunit Le Globe, revue à laquelle Mérimée collabore aussi.
Delacroix, Musset, David d'Angers, Stendhal, les amis de Mérimée sont les initiateurs du romantisme libéral. Son amitié avec Hugo ne dure pas : il prendra une distance critique par rapport à un romantisme dont il n'apprécie pas la dimension emphatique.

 

Un jeune homme qui aime les femmes
Prosper Mérimée vers 1830, aquarelle par un artiste anonyme de l'école anglaise. Musée Carnavalet © PMVP / Ladet
   
 

Prosper Mérimée vers 1830, aquarelle par un artiste anonyme de l'école anglaise. Musée Carnavalet © PMVP / Ladet

 

À sept ans, apprenant le mariage de mademoiselle Dubost, une élève de sa mère, il vit son premier chagrin d'amour.

Ses années de jeunesse se passent dans une intense recherche de plaisir, souvent auprès de femmes légères. Dans des lettres adressées à ses amis Stendhal ou Sutton Sharpe, il commente ses expériences, plus d'une fois faites en compagnie, celle de Musset, Delacroix et d'autres, avec une liberté d'expression qui ne manquera pas de choquer la postérité. Lui-même résumera ainsi cette période de sa vie : "Étant devenu un très grand vaurien, j'ai vécu sur mon ancienne bonne réputation… Après être redevenu très normal, je passe encore pour vaurien. En vérité, je ne crois pas l'avoir été plus de trois ans et je l'étais non de cœur, mais uniquement par tristesse, et un peu peut-être par curiosité."
Deux femmes, debout, tournées vers la gauche dans un lieu de rencontre, dessin par Constantin Guys. Musée du Louvre © RMN
   

Deux femmes, debout, tournées vers la gauche dans un lieu de rencontre, dessin par Constantin Guys. Musée du Louvre © RMN

 

 
On lui connaît à cette époque deux liaisons importantes. De 1827 à 1832, il a été l'amant d'Émilie Lacoste, à qui son mari avait bien voulu passer Joseph Bonaparte, mais non pas Mérimée qu'il provoqua en duel. De 1831 à 1836, il entretient une liaison assez constante avec Céline Cayot, une actrice des Variétés, "personne très singulière, ayant de la vertu à sa façon" (Lettre à Lise Przezdziecka, 27 octobre 1866).
Parmi les rencontres éphémères, la postérité retient son "fiasco" en avril 1833 avec George Sand, qui les laissera l'un et l'autre amers.
Parallèlement à ces amours, débute une liaison sentimentale majeure. Une admiratrice inconnue, s'annonçant sous le nom de lady Algernon Seymour, lui adresse des lettres. Sous ce pseudonyme se cache la fille d'un notaire de Boulogne, Jenny Dacquin.
George Sand, Marie d'Agoult,  dessin aquarellé de  Mathilde Odier dans son album © Bibliothèque de l'Institut de France, Ms. 4339 Jenny Dacquin. Tous droits réservés
       

George Sand, Marie d'Agoult, dessin aquarellé de Mathilde Odier dans son album © Bibliothèque de l'Institut de France, Ms. 4339

 

Jenny Dacquin. Tous droits réservés

 

Ils se voient en 1832, et désormais, jusqu'à la mort de Mérimée, ils entretiendront une relation stable et profonde, du genre de l'"amitié amoureuse". En 1874, sous le titre de Lettres à une inconnue, la destinataire publiera deux volumes de correspondance de son illustre ami, permettant ainsi à la postérité de découvrir un Mérimée "sensible".

Voyages en Angleterre et Espagne
Vue de la chapelle de Saint-Paul, Westminster Abbey, par William  Turner. Musée du Louvre © RMN / J.G Berizzi Mérimée séjourna à Londres en 1851 pour visiter l'Exposition universelle de l'industrie. Crystal Palace, photographie par Joseph Warren Negretti. Musée d'Orsay © RMN / Michèle Bellot
       
 

Vue de la chapelle de Saint-Paul, Westminster Abbey, par William Turner. Musée du Louvre © RMN / J.G Berizzi

 

Mérimée séjourna à Londres en 1851 pour visiter l'Exposition universelle de l'industrie. Crystal Palace, photographie par Joseph Warren Negretti. Musée d'Orsay © RMN / Michèle Bellot

L'anglophilie de Mérimée est un héritage : sa grand-mère avait vécu dix-sept ans en Angleterre, ses parents sont versés dans la culture anglaise. Lui-même fera de nombreux séjours outre-Manche. Le premier a lieu en 1826. Il lui permet de revoir à Londres Jacques-Simon Rochard, ami de son père et son initiateur à la pratique de la peinture. Par la suite, il retrouvera à chaque voyage ses amis intimes, Sutton Sharpe, et, plus tard, Panizzi, conservateur au British Museum.
À chaque voyage, il prend la "température" du pays, expérience qui lui importe parce que, tout au long de sa vie, il continue à souhaiter un rapprochement franco-britannique qui lui paraît être la garantie de l'équilibre européen.
Il critique la cuisine insipide, les femmes qui manquent de beauté, l'absence de conversation qui oblige les convives, aussitôt le dîner fini, à se réfugier dans les journaux. Mais il s'habille à Londres et ses contemporains comparent ses manières à celles d'un Anglais. Taine le décrit ainsi : "Un homme grand, droit, pâle et qui, sauf le sourire, avait l'apparence d'un Anglais. Il avait cet air froid, distant, écartant toute familiarité." Toutefois, l'essentiel reste qu'il attribue souvent la valeur de modèles aux institutions culturelles anglaises.
       

Course de taureaux ou Novillada à l'Escurial, huile sur toile par Alfred Dehodencq, 1850. Musée de Picardie © RMN / Hervé Lewandowski


 

 

Les cigarières de Séville ou "Las Cigarreras", huile sur toile par Walter Gay. Musée d'Orsay © RMN / Arnaudet

 
L'Espagne l'attirait avant qu'il ne la connût, le Théâtre de Clara Gazul, paru en 1825, en fait foi. Il part pour l'Espagne la première fois en juin 1830, pour oublier, dit-il, un amour impossible. Son père finance ce voyage, en échange de comptes rendus détaillés d'anciens traités de peinture. Parti pour trois mois, il en passe six dans ce pays qui le séduit.
Portrait de Mme de Montijo avec ses deux filles. © Bibliothèque nationale de France (Estampes)
   
 

Portrait de Mme de Montijo avec ses deux filles. © Bibliothèque nationale de France (Estampes)

Il s'enthousiasme pour les paysages espagnols, les basses classes qu'il côtoie, la corrida, l'architecture mauresque. Dans une diligence, il fait la connaissance du comte de Teba, futur comte de Montijo. Libéraux tous les deux, ils sympathisent, et Mérimée devient bientôt un intime de la famille. Mme de Montijo, esprit large et cultivé, restera jusqu'à sa mort sa grande confidente. C'est d'elle qu'il tiendra le sujet de Carmen, et elle l'aidera à rassembler la documentation pour Don Pèdre Ier, roi de Castille. Les deux fillettes du couple, Paca, six ans, future duchesse d'Albe, et Eugenia, quatre ans, future impératrice des Français, ont tôt fait de le charmer. De retour à Paris fin 1830, il publie des Lettres d'Espagne. Très attaché au pays, il y séjournera cinq fois encore, en 1840, 1845, 1853, 1859, 1864. Des écrivains espagnols de premier rang, comme Azorín ou Unamuno, admirent sa profonde connaissance de l'Espagne.

 

Premiers postes dans l'administration
Prosper Mérimée en 1830, dessin par Louis-Pierre Henriquel-Dupont © Musée national du château de Compiègne
   
 

Prosper Mérimée en 1830, dessin par Louis-Pierre Henriquel-Dupont © Musée national du château de Compiègne

Pendant le voyage de Mérimée en Espagne, eut lieu la Révolution de Juillet. Son libéralisme étant en accord avec le régime de Louis-Philippe, dès son retour en France, il sollicite un poste. Ses amis font de même : Vitet est nommé inspecteur général des Monuments historiques, poste qui vient d'être créé, Stendhal entre dans le corps diplomatique, le baron de Mareste monte en grade à la préfecture de Police de Paris… Grâce aux relations de son père, Mérimée est nommé, le 5 février 1831, chef du bureau du secrétariat général de la Marine, puis, le 13 mars, chef du cabinet du comte d'Argout, ministre du Commerce, qui n'est autre que le cousin de Stendhal. En mai, il est fait chevalier de la Légion d'honneur. En avril 1832, il est chargé de la mise en œuvre des mesures prises pour lutter contre l'épidémie de choléra.
Lettre de Mérimée à Barthe du 6 novembre 1832. Réponse à la nomination comme maître des requêtes © Centre historique des archives nationales, BB17 a 154. Comte d'Argout (Antoine Maurice Apollinaire), par Jules Porreau / Mauzaisse. Musée Carnavalet © PMVP / L. Degrâces
       

Lettre de Mérimée à Barthe du 6 novembre 1832. Réponse à la nomination comme maître des requêtes © Centre historique des archives nationales, BB17 a 154.

 

Comte d'Argout (Antoine Maurice Apollinaire), par Jules Porreau / Mauzaisse. Musée Carnavalet © PMVP / L. Degrâces

 
En novembre, il est nommé maître de requêtes, et le 31 décembre, chef de cabinet du comte d'Argout toujours, désormais ministre de l'Intérieur. Tout en fustigeant, devant ses amis, la bêtise et les bassesses des fonctionnaires, il se révélera très efficace dans ses différents postes. Durant toute sa vie, il fera preuve d'une force de travail exceptionnelle.
En 1833, il publie Mosaïque, son premier recueil de nouvelles. Pour leur majorité, celles-ci ont paru d'abord dans la presse périodique en 1829 et 1830. Les plus importantes resteront Mateo FalconeL'Enlèvement de la redouteVision de Charles IXTamangoLe Vase étrusqueLa Partie de trictrac.
Louis-Philippe, duc d'Orléans, nommé lieutenant général du royaume, quitte à cheval le Palais Royal, pour se rendre à l'hôtel de ville de Paris, le 31 juillet 1830 - épisode de la Révolution de 1830, par  Horace Vernet, 1832. Châteaux de Versailles et de Trianon © RMN Portrait de Prosper Mérimée par David d'Angers.© Musée David d'Angers
     

Louis-Philippe, duc d'Orléans, nommé lieutenant général du royaume, quitte à cheval le Palais Royal, pour se rendre à l'hôtel de ville de Paris, le 31 juillet 1830 - épisode de la Révolution de 1830, par Horace Vernet, 1832. Châteaux de Versailles et de Trianon © RMN

 

Portrait en pied de Prosper Mérimée en 1825, par David d'Angers. © Musée David d'Angers

 
 

 

 

 

 

 

L'inspecteur général des Monuments historiques
et des Antiquités nationales
Prosper Mérimée en 1834, dessin aquarellé de Mathilde Odier dans son album  © Bibliothèque de l'Institut de France
   
 

Prosper Mérimée en 1834, dessin aquarellé de Mathilde Odier dans son album © Bibliothèque de l'Institut de France

Le 27 mai 1834, Thiers, ministre de l'Intérieur, nomme Prosper Mérimée au poste d'inspecteur général des Monuments historiques laissé vacant par le départ de Ludovic Vitet. Cette nomination, dit Mérimée, "convient fort à mes goûts, à ma paresse et à mes idées de voyages". Dès le 31 juillet suivant, il quitte Paris pour une tournée dans le midi de la France ; première d'une longue série vouée à la découverte des monuments en péril. Chaque mission, effectuée dans des conditions difficiles de transport et d'hébergement qu'il évoque avec humour - "J'ai fait vingt lieues aujourd'hui en changeant sept fois de voiture dans d'horribles machines sans ressort. Je suis roué, moulu" - donne lieu à des rapports au ministre dans lesquels Mérimée décrit l'état, souvent alarmant, des édifices, dénonce les affectations nuisibles et le vandalisme de certaines restaurations.
Mérimée en tournée d'inspection, dessin par Eugène Viollet-le-Duc © Archives photographiques (Médiathèque de l'architecture et du patrimoine) © CMN
   

Mérimée en tournée d'inspection, dessin par Eugène Viollet-le-Duc © Archives photographiques (Médiathèque de l'architecture et du patrimoine) © CMN

 
Il se bat sur le terrain pour sauvegarder les édifices, rencontre les préfets, les érudits locaux, les propriétaires et affectataires des monuments menacés et demande toujours plus de moyens pour "ses chers monuments".
Arrêté de nomination de Prosper Mérimée au poste d'inspecteur général des monuments historiques  © Centre historique des archives nationales, F1a 1976 5 1 Arrêté du 4 septembre 1836 nommant Mérimée membre honoraire du conseil des bâtiments civils  © Centre historique des archives nationales, F1a 1977 2
       
 

Arrêté de nomination de Prosper Mérimée au poste d'inspecteur général des monuments historiques © Centre historique des archives nationales, F1a 1976 5 1

 

Arrêté du 4 septembre 1836 nommant Mérimée membre honoraire du conseil des bâtiments civils © Centre historique des archives nationales, F1a 1977 2

En acceptant ses nouvelles fonctions, Mérimée a conscience de ses lacunes et s'efforce de les combler "Au moment de commencer ma tournée d'inspection, j'éprouve plus que jamais le besoin de réclamer les conseils des personnes, qui par de longues études, ont acquis la connaissance parfaite des monuments du moyen âge." Il se fait conseiller par Vitet, lit Arcisse de Caumont et surtout se forme sur le terrain. S'il a une attirance particulière pour la Préhistoire et l'Antiquité classique, il s'intéresse aussi bien à l'architecture militaire que religieuse ou civile, avec une prédilection pour les édifices "byzantins" c'est-à-dire romans et gothiques. Il n'oublie jamais ni le décor (vitrail, peintures murales) ni les objets d'art qui figurent en bonne place sur la liste de 1840. En homme de son temps, il est peu sensible aux œuvres de l'Époque classique.
Lettre de Mérimée à Guizot du 3 septembre 1834 l'informant de l'état des archives et des bibliothèques des villes d'Autun, Tournus, Mâcon, Cluny et Lyon © Bibliothèque de l'Institut de France
   

Lettre de Mérimée à Guizot du 3 septembre 1834 l'informant de l'état des archives et des bibliothèques des villes d'Autun, Tournus, Mâcon, Cluny et Lyon © Bibliothèque de l'Institut de France

 
Cet infatigable voyageur met progressivement en place une administration. Il rédige les circulaires fondatrices du service de 1841 et 1842, participe à la création, en 1837, de la commission des Monuments historiques qui est alors dotée d'un embryon de bureau, s'entoure d'architectes spécialisés dans la restauration d'édifices anciens et élabore, avec ses collaborateurs, au fil des chantiers et des problèmes rencontrés, une doctrine de restauration.

 

La consécration
Portrait de Charles Nodier © Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque de l'Arsenal
   
 

Portrait de Charles Nodier © Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque de l'Arsenal

 

Avec sa nomination au poste d'inspecteur général des Monuments historiques, une nouvelle vocation s'ouvre devant Mérimée. Désormais, ses publications littéraires s'espacent, mais ses nouvelles les plus célèbres n'en datent pas moins de cette époque : La Vénus d'Ille (1837), son récit le plus lu, peut-être, de nos jours ; Colomba (1840), sacrée par Sainte-Beuve "classique", son plus grand succès de son vivant ; Carmen (1845), à la nombreuse descendance. Parallèlement, il engage des recherches historiques, publie deux volumes d'Études sur l'histoire romaine Essai sur la guerre sociale, 1841 ; Conjuration de Catilina, 1844), et une monumentale monographie, Don Pèdre Ier, roi de Castille (1847-1848). En 1846, l'écrivain se tait pour vingt ans ; il expliquera ce silence par l'éloignement de Valentine Delessert, sa maîtresse depuis 1836 :"Ce qui m'a empêché de travailler est un motif un peu bête. Lorsque j'écrivais, c'était pour l'amour d'une belle dame. Lorsqu'elle ne s'est plus amusée de moi, je n'ai plus rien fait." (Lettre à Tourgueniev, 27 janvier 1855).
Lettre de Mérimée à Thiers l'informant de sa candidature © Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, N.a.fr 20616 Fol. 32, 32v, 33
   

Lettre de Mérimée à Thiers l'informant de sa candidature © Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, N.a.fr 20616 Fol. 32, 32v, 33

 
C'est pour plaire à Valentine qu'il brigue, a-t-on suggéré, une place à l'Académie. En 1843, la mort de Fortia d'Urban libère un siège à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Mérimée hésite à se présenter, craignant de compromettre ses chances pour une future élection à l'Académie française. Mais il finit par se lancer, fait la tournée des académiciens pour obtenir des voix, et sera élu le 17 novembre 1843. Quatre mois plus tard, le 14 mars 1844, il est élu à l'Académie française. Le lendemain paraît Arsène Guillot, nouvelle qui fait crier à l'immoralité certains de ses confrères, au point qu'ils regrettent d'avoir voté pour lui. Comme il n'apprécie guère Nodier à qui il succède, dans l'éloge qu'il doit faire de lui lors de sa réception, les compliments cachent souvent des piques : "Qu'il s'agisse de lui, qu'il s'agisse des autres, qu'importe à M. Nodier, l'exactitude rigoureuse des faits. Pour lui tout est drame ou roman." Des séances de la rédaction du Dictionnaire historique de la langue française et de la révision du Dictionnaire de l'Académie, où il s'ennuyait souvent, il nous a laissé des caricatures perspicaces. Aux jeux des élections, il se fera un devoir de se montrer aimable aux candidats, et il encouragera toujours ses amis, Vitet, Rémusat, etc., de tenter leur chance. Le 1er décembre 1848, il sera élu, en reconnaissance de ses travaux sur don Pèdre Ier, à la Real Academia de Historia de Madrid.
Caricature de Mignot et de Victor Cousin, dessin à la plume de Prosper Mérimée pendant les séances de l'Académie française © Bibliothèque Mazarine Caricature de Michel Chevalier, dessin à la plume de Prosper Mérimée pendant les séances de l'Académie française © Bibliothèque Mazarine
     

Caricature de Mignot et de Victor Cousin, dessin à la plume de Prosper Mérimée pendant les séances de l'Académie française © Bibliothèque Mazarine

 

Caricature de Michel Chevalier, dessin à la plume de Prosper Mérimée pendant les séances de l'Académie française © Bibliothèque Mazarine

 

 

Un grand amour
   
 

Mme Gabriel Delessert, née Valentine de Laborde, aquarelle de Mme Odier

 

Pendant dix-huit ans, et peut-être au delà, Mérimée aime Valentine Delessert. Il confie à Esprit Requien (12 janvier 1836) : "Je suis fou amoureux de la perle des femmes, heureux parce que je suis amoureux fou, très malheureux parce que je ne puis prouver mon amour aussi souvent que je le voudrais."Jenny Dacquin et Valentine Delessert, l'amie amoureuse et l'amante amie, sont les deux grandes fidélités Mérimée.
Marquis de Laborde, sénateur, photographie par Ch. Reutlinger. Musée d'Orsay © RMN /  Hervé Lewandowski
   

Marquis de Laborde, sénateur, photographie par Ch. Reutlinger. Musée d'Orsay © RMN / Hervé Lewandowski

 
C'est une liaison admise dans les cercles familiaux et sociaux, seul le mari semble l'ignorer. Valentine Delessert est une femme charmante, cultivée, son salon de la rue Basse de Passy est parmi les plus distingués de Paris. Mérimée y est toujours présent. Il y introduit Mme de Montijo et ses filles ; une intimité s'établit rapidement. En 1836, il entre au Cercle des Arts (12, rue de Choiseul), dont il sera le vice-président. Il fréquente aussi les salons de la duchesse de Decazes, du comte de Broglie… L'amant de Madame Delessert est un mondain, obligatoirement.
Mais, peu à peu, elle s'éloignera de lui pour vivre d'autres amours, avec Charles de Rémusat, Maxime du Camp. Celui-ci l'oblige à renvoyer à Mérimée les lettres qu'il lui a écrites : la rupture est consommée. Mérimée est désespéré. À Mme de Montijo, sa confidente. "J'ai éprouvé ces derniers mois toutes les misères de cœur qu'il est donné à un être humain de souffrir." (25 décembre 1848). Quelques années avant sa mort, il reprend des rapports amicaux avec Valentine Delessert.
Dans ses activités professionnelles, Mérimée croise souvent le frère de Madame Delessert, Léon de Laborde, membre de la Commission des monuments historiques, puis directeur général des archives de l'Empire. Il est aussi en bons rapports avec le fils de sa maîtresse, Édouard Delessert, qu'il initie ainsi à l'amour : "A mon avis les femmes se divisent en deux classes : 1° celles qui méritent le sacrifice de la vie ; il n'y en a guère à la vérité, mais en cherchant on en trouve ; 2° celles qui valent de 5 à 40 francs. Dans cette dernière classe, il y a d'excellents morceaux."

 

Une fidélité aveugle en amitié…
Palais de Justice, la cour des anciennes cuisines de la Conciergerie. Lithographie de Engelmann d'après un dessin de Schmit (prisons). Musée de l'histoire de France © Centre historique des archives nationales.
   
 

Palais de Justice, la cour des anciennes cuisines de la Conciergerie. Lithographie de Engelmann d'après un dessin de Schmit (prisons). Musée de l'histoire de France © Centre historique des archives nationales.

"Mérimée eût été un homme de premier ordre s'il n'eût pas eu d'amis. Ses amis se l'approprièrent." (Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, Œuvres complètes).

Mérimée fait preuve, en effet, d'une fidélité absolue, aveugle, en amitié. L'affaire Libri en est l'exemple éloquent. En 1852, Guillaume Libri (mathématicien, professeur au Collège de France, membre de l'Académie des sciences, inspecteur général de l'Instruction publique et des Bibliothèques), est accusé d'avoir volé des livres dans les bibliothèques qu'il était chargé d'inspecter.
Un rapport de 1848, retrouvé dans le bureau de Guizot en 1850, est à l'origine de l'affaire. Libri a fui à Londres. Il sera condamné par contumace à dix ans de réclusion. En dépit de l'évidence de la culpabilité de son ami, Mérimée prend sa défense avec vigueur. À la suite d'un article qu'il publie dans la Revue des Deux Mondes, le 15 avril 1852, il est condamné pour outrage à la magistrature à quinze jours de prison et 1000 F d'amende. La femme de Libri, que Mérimée a connue dans sa jeunesse, n'a certainement pas été étrangère à cet engagement irraisonné.
Lettre de Libri au doyen de la faculté des sciences, 10 octobre 1849  © Centre historique des archives nationales, F17 21184 34 Arrêté par contumace condamnant Libri à 10 ans de réclusion, 22 juin 1850  © Centre historique des archives nationales, F17 21184  22
       

Lettre de Libri au doyen de la faculté des sciences, 10 octobre 1849 © Centre historique des archives nationales,
F17 21184 34

 

Arrêté par contumace condamnant Libri à 10 ans de réclusion, 22 juin 1850 © Centre historique des archives nationales, F17 21184 22

 

Son emprisonnement à la conciergerie laisse de bons souvenirs à Mérimée. Il partage sa réclusion avec son ami Édouard Bocher. "Je ne me suis pas ennuyé en prison. C'est un endroit très frais et excellent dans les grandes chaleurs. J'y ai passé quinze jours à travailler et sans un moment d'ennui." (À Joly-Leterme, 5 juillet 1852). "M. Bocher et moi nous recevons tant de visites que nous avons bonne envie de demander qu'on nous mette au secret." (Au chancelier Pasquier, 15 juillet 1852.) La prison ne calme pas son ardeur à défendre Libri. Sénateur, il interviendra en assemblée plénière pour plaider la cause de la pétition présentée par la femme de son ami.

http://www.merimee.culture.fr/

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