Alain et le Grand Maulne

 

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Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189...

 

Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous appartienne plus.

Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais.

 

Nous habitions les bâtiments du Cours supérieur de Sainte-Agathe.

Mon père, que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen.

 

Ma mère faisait la petite classe...

 

 

 

 

 

« Meaulnes, pour la première fois, regardait en plein jour l'intérieur de la propriété. Les vestiges d'un mur séparaient le jardin délabré de la cour, où l'on avait, depuis peu, versé du sable et passé le râteau. À l'extrémité des dépendances qu'il habitait, c'étaient des écuries bâties dans un amusant désordre, qui multipliait les recoins garnis d'arbrisseaux fous et de vigne vierge. Jusque sur le domaine déferlaient des bois de sapins qui le cachaient à tout le pays plat, sauf vers l'est, où l'on apercevait des collines bleues couvertes de rochers et de sapins encore. »

Le Grand Meaulnes, Première partie, chapitre XV : La Rencontre


 

Saint-Agathe

« Une longue maison rouge avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l'extrémité du bourg (...) cette demeure où s’écoulèrent les plus tourmentés et les plus chers de ma vie – demeure d’où partirent et où revinrent se briser, comme des vagues sur un rocher désert, nos aventures. »

Le Grand Meaulnes, Première partie, chapitre I . Le Pensionnaire

 

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Je vous propose ici Le texte  extrait du résumé que Jacques Rivière a proposé à ses auditeurs, dans la conférence qu’il a prononcée à Genève en 1918 sur Le Grand Meaulnes. 

 

Arrivée du Grand Meaulnes

François, quinze ans, narrateur du récit, est le fils de M. et Mme Seurel, instituteurs de Sainte-Agathe, en Sologne. Il fréquente le Cours Supérieur qui prépare au brevet d’instituteur. Un mois après la rentrée, un nouveau compagnon de dix-sept ans vient habiter chez eux. "L’arrivée d’Augustin Meaulnes fut pour moi le commencement d’une vie nouvelle" écrit François. La personnalité mystérieuse d'Augustin , que les élèves appellent bientôt "le grand Meaulnes", va troubler le rythme monotone de l'établissement scolaire et fasciner tous les élèves.

 

Le départ de Meaulnes

"Environ huit jours avant Noël", un élève doit aller chercher les grands-parents de François Seurel à la gare. M. Seurel désigne l'élève Moucheboeuf. Meaulnes se tait. Une conversation, après l'école, dans l'atelier du maréchal-ferrant le laisse songeur. Le lendemain, on s'aperçoit qu'il a disparu. Il a emprunté la voiture et la jument du père Florentin. Le soir, un homme ramène la carriole de Florentin, mais aucune trace de Meaulnes. Il réapparaît après trois jours, l’air étrange et ne veut dire à personne où il était. Sitôt rentré, il établit un mystérieux petit plan pour retrouver le chemin qu’il a emprunté lors de son escapade. Durant les semaines qui suivent, François est intrigué par l'attitude de Meaulnes qui, la nuit, "arpentait la chambre de long en large", comme s'il voulait repartir. Il remarque aussi le "gilet de marquis" que porte son ami sous ses vêtements d'écolier.

 

Meaulnes raconte son étrange aventure

François obtient enfin que Meaulnes lui fasse le récit de son étrange aventure :

Parti chercher les grands-parents de François à Vierzon, il se perd en chemin. Il trouve asile chez des paysans qui proposent à Meaulnes de mettre sa jument à l’abri. Mais la jument s’enfuit. Il part à sa recherche mais en vain. Fourbu et blessé au genou, il passe la nuit dans une bergerie abandonnée. Au matin, il se remet en marche et approche d'un " domaine mystérieux ", où l'on prépare une fête. Il aperçoit de jolies fillettes en costumes anciens. Pour ne pas les effrayer, il se réfugie dans une chambre abandonnée et ne tarde pas à s’endormir. A son réveil il surprend la conversation d'étranges comédiens qui l'invitent à la fête costumée. Meaulnes se déguise en marquis. Des enfants le conduisent dans une grande salle où un repas de fête a été organisé pour les fiançailles de Frantz de Galais, le fils du château. Il apprend que Frantz est parti à Bourges pour y chercher sa fiancée, mais qu'ils ne sont pas encore arrivés. Meaulnes participe à une farandole conduite par un grand Pierrot "à travers les couloirs du Domaine". Il découvre une pièce paisible, où une jeune femme joue du piano pour des enfants. " Alors ce fut un rêve, comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu'il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, était sa femme…"

 

Au petit matin, a lieu la merveilleuse rencontre : près de l'étang, Meaulnes aperçoit deux femmes, " l'une très vieille et courbée; l'autre, une jeune fille blonde, élancée". Il les suit jusque dans une promenade en bateau. En débarquant, il échange avec la jeune fille quelques mots. Elle lui dit son nom : " je suis mademoiselle Yvonne de Galais" mais lui demande de ne plus le suivre. Au retour de la promenade, la fête s'arrête prématurément. Frantz est arrivé seul et annonce à Meaulnes que sa fiancée ne viendra pas. Il s'enfuit, laissant ces quelques mots " Ma fiancée a disparu, me faisant dire qu'elle ne pouvait pas être ma femme... Je n'ai plus envie de vivre". Tandis qu’une voiture ramène Augustin à Sainte-Agathe, il entend un coup de feu et aperçoit le " grand Pierrot de la fête " qui porte dans ses bras un corps humain.

 

Le Bohémien

François et Augustin essayent de localiser le château, mais n'y parviennent pas. Un soir du mois de février, intrigués par des cris et des coups de sifflet, ils sortent dans la rue mais tombent dans une embuscade. Un jeune bohémien au front bandé et des garçons du village leur dérobent alors la carte qu'ils ont commencé à reconstituer. Le lendemain, ce bohémien devient élève de l'école et s'impose bientôt comme un nouveau chef de bande. Le bohémien restitue à Meaulnes le précieux plan, complété par ses soins. François, Meaulnes et le "jeune homme au front bandé" se jurent amitié. " Soyez mes amis pour le jour où je serais encore à deux doigts de l'enfer comme une fois déjà… Jurez-moi que vous répondrez quand je vous appellerai …Vous Meaulnes, jurez d'abord ". Et les trois amis jurèrent. Le "jeune bohémien au front bandé" donne alors à Meaulnes l’adresse d’Yvonne à Paris.

 

Le départ vers Paris

Le bourg de Sainte-Agathe est troublé par une série de vols, commis probablement par le bohémien Ganache, le compagnon du "jeune homme au front bandé". Aux premiers jours du printemps, les deux saltimbanques donnent une représentation sur la place du village. A la fin de celle-ci, le jeune bohémien révèle à François et à Augustin sa véritable identité, en retirant son bandeau. Il s'agit de Frantz, "le fiancé du Domaine inconnu". Le lendemain matin, Frantz et Ganache disparaissent avant l’arrivée des gendarmes. Meaulnes perd ainsi le seul espoir qu'il avait de retrouver le sentier perdu.

Meaulnes part alors pour Paris, où il espère revoir Yvonne de Galais. François Seurel resté à Sainte-Agathe livre à ses camarades le secret de Meaulnes. Il reçoit trois lettres de son ami, dont l'une lui apprend qu’Yvonne s’est mariée.

 

Le domaine retrouvé

Plus d'un an après le départ de Meaulnes, François découvre, par hasard, l'adresse du "Domaine sans nom" : il s'agit du domaine des Sablonnières, un dédale de batiments ruinés" tout près du village du Vieux-Nançay, où François passe, chaque année, la fin de ses vacances chez son oncle Florentin : celui-ci lui apprend qu’Yvonne de Galais n’est pas mariée. François rencontre Yvonne et il comprend que la jeune fille n'a pas oublié Meaulnes. L'oncle Florentin décide d'organiser une "partie de plaisir" à laquelle sont conviés Augustin, François et la jeune fille. François rend visite à la tante Moinel avant d’annoncer la grande nouvelle à Augustin. Cette tante lui raconte une étrange histoire. Un soir d'hiver revenant d'une fête, elle a secouru puis hébergé une jeune fille. Puis celle-ci est partie à Paris. Trop préoccupé de réunir Meaulnes et Yvonne de Galais, François prête peu attention à ce récit.

A la "partie de plaisir" au bord du Cher, Augustin retrouve Yvonne. Mais malgré le bonheur de ces retrouvailles, il réalise que" le passé ne peut renaître". Durant cette journée de fête, il presse de questions Yvonne de Galais et apprend que l'ancien château a été abattu. Pour payer les dettes de Frantz, la famille a dû vendre les bateaux et les poneys de la fête. Meaulnes semble s'enfermer dans une nostalgie destructrice. A la fin de la journée, il reproche même à M. de Galais d'utiliser leur vieux cheval fatigué. Mais le soir venu, "c'est avec des sanglots qu'il demande en mariage Mlle de Galais".

 

Fuir le bonheur...

C'est "au commencement de février de l'année suivante " qu'est célébré le mariage d'Augustin Meaulnes et d'Yvonne de Galais dans " l'ancienne chapelle des Sablonnières". Le jour même des Noces, aux abords de la maison des jeunes mariés, "un appel "déjà entendu jadis" retentit "dans la grande sapinière". Il s'agit de Frantz, malheureux, de n'être pas parvenu à retrouver sa fiancée Valentine. Il vient rappeler à Meaulnes sa promesse. François essaye d'éloigner Frantz, mais Augustin Meaulnes a entendu l'appel de son ami et malgré son amour pour Yvonne, il décide de partir en quête de la fiancée disparue. Yvonne reste seule à la maison. François, nommé instituteur dans une école voisine, devient son confident et tente de la réconforter.

Au mois d'octobre Yvonne met au monde une petite fille. Mais elle meurt le lendemain d'une embolie sans avoir revu Augustin. François s'installe aux Sablonnières. Il découvre quelques mois plus tard, le journal de Meaulnes qui lui fournit des renseignements sur sa vie passée à Paris : en cherchant Yvonne, son ami a rencontré et séduit Valentine Blondeau. Lorsqu’il découvre que celle-ci n’est autre que la fiancée de Frantz, il éprouve le sentiment d'avoir trahi son ami en lui prenant celle qu'il aimait. Meaulnes chasse Valentine sans ménagement. Pris de remords, il a ensuite désiré la revoir, mais la belle s’était enfuie. Meaulnes, pour expier ce qu'il considérait comme sa faute, a quitté Yvonne et répondu à "l’appel de Frantz". C'est pourquoi il est parti dès le lendemain de ces noces en laissant dans son journal ces derniers mots " je ne reviendrai près d'Yvonne que si je puis ramener … Frantz et Valentine mariés".

 

Epilogue

Un an plus tard, Meaulnes ramène Frantz et Valentine mariés, prend sa fille et disparaît avec elle laissant François seul, qui termine ainsi son récit et le livre "Et déjà je l’imaginais, la nuit, enveloppant sa fille dans un manteau, et partant avec elle pour de nouvelles aventures".

 

 

Quand on relit Le Grand Meaulnes au delà de la surface du récit, on ne peut manquer d’être frappé par la parenté de ses personnages adolescents avec les chevaliers des romans arthuriens. Le réel que décrit le livre d’Alain-Fournier « est une réalité chiffrée, un monde de symboles et de signes qui rappelle le réel simplifié, signifiant des allégories médiévales », écrit Dominique Barbéris dans sa « Présentation » du Grand Meaulnes au début de l’édition de l’Imprimerie Nationale de 1996. Comme dans La Quête du Graal, on peut lire, derrière les combats de Bohort, Perceval, ou Galaad, « ceux de l’âme en quête de perfection, (…) ainsi en va-t-il d’Augustin, de Frantz » et même de Jasmin Delouche, poursuit-elle. « Les adolescents du Grand Meaulnes semblent sortir d’un jeu de dédoublement infini qui évoque les figures jumelles, incertaines du rêve. (…) Ils tiennent l’un à l’autre par un réseau complexe d’identités, de symétries. Frantz est pour Augustin ce que lui-même est pour François : une aspiration incarnée, un avatar imaginaire. Augustin tient de Frantz par son goût des chimères, mais il tient aussi de Jasmin par son crâne rasé de paysan, sa blouse et sa rudesse. Il occupe un milieu entre ces deux figures antagonistes en qui s’incarnent avec un certain schématisme deux conditions ou plutôt deux tentations contradictoires : l’acceptation de la médiocrité du monde comme il est, et le désir d’idéal. »

Robert Baudry, dans une série de six articles écrits de 1971 à 1996 et rassemblés en 2006 dans Le Grand Meaulnes, un roman initiatique, a longuement étudié les diverses facettes de l’aventure de Meaulnes : au long des chemins berrichons vers le Domaine mystérieux et Yvonne de Galais, sa « fée », sa « princesse », puis des boulevards parisiens et des faubourgs de Bourges à la recherche de Valentine, en les comparant à la quête mystique de Perceval le Galois, le chercheur du Graal. On peut cependant regretter qu’il ne se soit guère soucié d’en rechercher les sources, se contentant d’invoquer des archétypes collectifs.

Comme le pense Francine Mora-Lebrun, le personnage d’Augustin Meaulnes semble construit sur l’archétype du chevalier errant – tel « le chevalier Galois, fidèle à son Dieu, à son Roi, à sa Belle » dont Jasmin Delouche évoque le gisant dans la chapelle en ruines des Sablonnières. La fin du roman où le narrateur l’imagine « enveloppant sa fille dans un manteau et partant avec elle pour de nouvelles aventures » semble le prouver. C'est un être de quête et de mouvement qui rétablit l’ordre là où il avait été perturbé, et repart vers de nouveaux travaux. Et c'est pourquoi Yvonne de Galais, la Damoiselle élue, doit mourir : elle ne saurait le retenir, alors qu'il est toujours en quête d'un dépassement, d’un idéal, qu'elle a incarné pendant un moment, mais qu’elle ne peut plus assumer dès lors qu’elle a été identifiée, conquise et possédée.

Frantz apparaît lui aussi comme un héritier de cette quête des chevaliers, lui qui organise dans la cour de l’école « une espèce de tournoi », un tournoi qui pourrait lui donner l'occasion d’affronter le grand Meaulnes si Delage, sa « monture » ne se dérobait pas au dernier moment. Ne peut-on supposer qu’Alain-Fournier a introduit ces indices discrets au cours de son récit pour nous mettre sur la piste d’une de ses sources d’inspiration, l’imaginaire chevaleresque médiéval ? Il a dû le découvrir, d’abord à travers ses lectures d’enfant, puis à Londres en contemplant les tableaux des Préraphaélites et en lisant, en traduisant même le poème de Dante Gabriel Rossetti, The Blessed Damozel.

Quant à François Seurel, le chapitre « À la recherche du sentier perdu » le mène à son tour sur « le chemin de l’aventure (…) l’ancien chemin obstrué, celui dont le prince harassé de fatigue n’a pu trouver l’entrée. » Et sa fréquentation assidue d’Yvonne – « jeune femme tant cherchée - tant aimée » – après le départ de Meaulnes, dont il lui parle « sans se lasser avec une amitié profonde » et au-delà même de la mort de la jeune mère, n’évoque-t-elle pas les élans les plus passionnés de l’amour courtois ?

Certes il est difficile de déterminer quelle connaissance directe Alain-Fournier a pu avoir des romans de la Table Ronde, même s’il a dû en entendre parler durant ses études supérieures. Toujours est-il qu’il n’y fait guère allusion dans ses correspondances ou dans ses chroniques de Paris-Journal, sinon pour déplorer en mars 1912 que Perceval ou Tristan soient « des livres plus fameux que connus », ou pour citer une anecdote à propos de Tennyson cherchant à dépeindre la « figure ravagée » de Lancelot dans ses Idylles du Roi. Il est cependant fort probable que son imaginaire en a été nourri, au moins de façon diffuse.

 

Les romans anglais

En revanche, il a passionnément aimé les auteurs britanniques, qu’il a lu très tôt dans leur langue : de David Copperfield et de Robinson Crusoë, dans ses années d’enfance à Tess d’Urberville et Jude l’obscur de Thomas Hardy, qu’il découvre à 18 ans. Mais les livres qui ont sans doute le plus influencé son écriture, surtout après son séjour londonien de l’été 1905, sont ceux d’Emily Brontë – Wutheringh Heights –, de H.G. Wells – La Guerre des mondes –, de Ruyard Kipling – Kim, en particulier – , de Robert-Louis Stevenson – L’Île au trésor – et de J.M. Barrie – Peter Pan. Il y a fait, comme l’a montré Robert Gibson, l’apprentissage des règles du roman d’aventure, mais il a mis longtemps à « l’exprimer avec ses propres mots », comme il le désirait dès 1906 : il lui fallut quatre ou cinq ans encore pour « trouver son chemin de Damas », pour « écrire simplement, directement, comme une de mes lettres, par petits paragraphes serrés et voluptueux, une histoire assez simple qui pourrait être la mienne ». Mais, en juillet 1913, il revendiquera auprès de Péguy en faveur de son roman « le peu (…) d’aventure anglaise (…) racheté par un si long regret, une si étroite peine ».

 

On distingue cinq personnages principaux : trois adolescents, qui vont se lier par un serment d’amitié et deux jeunes filles qu’ils recherchent.

 

Par ordre d’entrée en scène dans le roman :

 

François Seurel

C’est le narrateur du roman, mais aucunement son héros. Enfant unique, il a quinze ans au début du livre et a été longtemps handicapé par une coxalgie . Ses parents sont instituteurs et il est encore l’élève de son père au Cours supérieur. Il devient l’ami, presque le frère d’Augustin Meaulnes, puis l'accompagne dans sa quête du Domaine mystérieux ; mais il est bien moins audacieux. Pourtant, c’est lui qui va trouver Yvonne de Galais et ménagera la rencontre entre les deux jeunes gens. Après le départ de Meaulnes, au lendemain des noces, il deviendra le confident d’Yvonne ; devenu légataire universel, il élèvera leur petite fille, jusqu’au retour de son ami dont il aura découvert le secret.

 

Augustin Meaulnes

Quand il arrive à Sainte-Agathe, il a dix-sept ans : grand, rude et silencieux, les cheveux ras comme un paysan, il aime la chasse et l'aventure et devient aussitôt l’entraîneur de ses camarades, car auprès de lui « tout est possible ». Orphelin de père, admiré par sa mère, il est en quête d’amour absolu et de perfection et ne peut s’accommoder de la vie de tout le monde. Pourtant il est poursuivi par le sentiment de la faute et sait que la joie n’est pas de ce monde. Il ne sent pas digne de sa jeune épouse qu’il abandonne au lendemain de ses noces.

 

Yvonne de Galais

La belle jeune fille du Domaine des Sablonnières, rencontrée au bord de l’étang et au cours de la promenade en bateau, est l’image même de la pureté inaccessible et l’objet d’un désir impossible. Sa présence est toujours mystérieuse et fugitive ; toutefois cette princesse lointaine est tout à fait raisonnable, bien ancrée dans la réalité, soumise à l’anxiété, à la maladie, à l’agonie ; elle meurt en donnant la vie. Son souhait serait d’enseigner les petits garçons et de se faire aimer d’eux. Elle est toujours prête à se sacrifier pour ceux qu’elle aime.

 

Frantz de Galais

Le frère d'Yvonne est tout l’opposé de celle-ci : il est instable et insouciant comme un « royal enfant » gâté, « impérieux et fantasque », exalté comme un « jeune héros romantique » errant « sur les routes d’Allemagne », suicidaire et pourtant vieilli avant l’âge – un âge jamais annoncé, indistinct : seulement « trop jeune pour se marier », selon l’oncle Florentin. Tout lui paraît permis et il vit dans le monde du jeu, d’un « jeu extraordinaire dont (on) ne connaît pas le fin mot » ; c’est un voyageur insaisissable. Avec François et Augustin, il pourrait constituer la troisième facette d’un visage composite où l’auteur du roman s’est sans doute souvent projeté.

 

Valentine Blondeau

Au contraire de l’aristocratique Yvonne, c’est la fille d’un tisserand, rencontrée à Bourges par Frantz qui en tombe amoureux ; mais, plus réaliste et peut-être plus volage que lui, elle le fuit parce qu’elle ne croit pas possible leur mariage et devient modiste à Paris. Elle n’apparaît jamais comme un personnage à part entière, seulement à travers le récit de la tante Moinel ou le journal de Meaulnes, jusqu’à son retour dans la maison de Frantz.


 

Les personnages secondaires

 

M. Seurel

Instituteur et directeur de l’école du village, il ne joue un rôle qu’au début du roman ; pêcheur du dimanche, il est un père souvent absent, mais un pédagogue attentif.

 

Millie

La mère de François prête une grande et tendre attention à son fils, mais c’est surtout une ménagère méthodique et une éducatrice assez rigide.

 

Jasmin Delouche

C’est l’autre grand de l’école, bientôt détrôné par Meaulnes dont il est jaloux, mais qu’il admirera après son départ. C’est lui qui, s’étant rapproché de François, va lui révéler le nom du Domaine mystérieux et retrouver les Bohémiens.

 

Ganache

Le pierrot de la « Fête étrange » est devenu le compagnon d’errance tout dévoué de Frantz de Galais et le clown triste du cirque, gestionnaire un peu voleur de leur duo de « bohémiens ».

 

L’oncle Florentin

Négociant de village, cordial, à la voix sonore de marchand forain, père d’une famille nombreuse et joyeuse ; c’est lui qui organise « la partie de plaisir ».

 

M. de Galais

Le père d'Yvonne et Frantz n’apparaît que dans la Troisième partie : vieux, veuf et ruiné après le mariage raté de son fils, il ne vit plus que pour sa fille et meurt de chagrin après sa mort.

 

La tante Moinel

Vieille paysanne invitée à la « Fête étrange », elle se révèle, dans la Troisième partie, être la grand-tante de François qui a recueilli Valentine de terrifiantes histoires de revenants : c’est le portrait le plus saisissant du roman.

 

Autour du Roman

 

Le Berry

 

Le cadre géographique du roman se situe au coeur de la France, en Berry, dans le départe-ment du Cher. Paysages très divers, de la Sologne et du Pays Fort au Nord jusqu’au Boischaut vallonné et verdoyant au Sud : landes sablonneuses couvertes de bruyère et de forêts, à l’ouest de La Chapelle d’Angillon, montueux vignobles du Sancerrois, à l’est du même chef-lieu de canton, villages de grès rouge au nord-ouest du Bourbonnais, grands horizons proches des puys d’Auvergne qu’on aperçoit par temps clair de la chapelle de Sainte Agathe, c’est tout un univers que le petit Henri Fournier pouvait découvrir du train, en traversant le département pour venir en vacances chez ses grands-parents Barthe à La Chapelle d’Angillon ou chez son oncle Florent à Nançay.

 

Épineuil-le Fleuriel

Le village, situé aux confins du Cher et de l’Allier, est le principal lieu d’inspiration du romancier : celui de l’école communale où Henri Fournier a habité et où il fut l’élève de son père de 1891 à 1898 : l’écrivain l’a baptisé « Sainte-Agathe », du nom d’une chapelle romane perchée à 15 km plus à l’ouest. Près de la moitié du récit s’y déroule ; le château de Cornançay voisin a pu même inspirer certains éléments de la « Fête étrange ». Aujourd’hui la « maison-école du Grand Meaulnes » est transformée en musée et se visite tous les jours, sauf le mardi, du 1er avril au 31 octobre, ou même davantage sur rendez-vous (voir site de la maison-école). On y revoit, intactes, les salles de classe et les pièces de l’appartement de fonction décrites dans le roman, ainsi qu’aux environs, tous les lieux évoqués dans les autres chapitres.

 

La Chapelle d’Angillon

Entre Pays Fort et Sologne, la maison natale d’Henri Fournier, qui était celle de ses grands-parents maternels, existe toujours. Ce petit chef-lieu de canton, situé sur la route de Gien à Bourges a inspiré la description du village d’Augustin Meaulnes, La Ferté d’Angillon. La maison reste propriété de la famille d’Alain Rivière qui y a accueilli, après sa mère, de nombreux visiteurs ; bien qu’elle ait été surélevée d’un étage en 1910, les deux pièces du bas et le petit jardin de devant sont restés intacts, tels que Fournier les décrivait à son ami Jacques Rivière, durant l’été qu’il passa à Londres en 1905. La salle du conseil, au premier étage de la Mairie-école n’a pas changé davantage : c’est là que François vient apporter à Augustin « la grande nouvelle » et l’invitation à la « partie de plaisir ».

En revanche, le très beau château médiéval, avec son donjon du XIe siècle, que le petit Henri arrivant en vacances chez ses grands-parents, admirait en descendant de la route de la gare, mais où il ne pénétra sans doute jamais, n’a aucun droit à s’afficher comme un « Musée Alain-Fournier », puisqu’il n’abrite que des reproductions défraîchies datant de 1986.

À 6 km plus au Sud, en lisière de la forêt de Saint-Palais, non loin de Méry-ès-Bois, on peut encore découvrir les ruines de l’église et le beau logis abbatial de l’ancienne abbaye cistercienne de Loroy : ce fut sans doute le lieu d’inspiration du Domaine mystérieux, décor de « la Fête étrange ».

 

Nançay

Le village natal du père de l’écrivain est situé au cœur de la Sologne forestière : c’est le « pays des fins de vacances », qu’aimait particulièrement Alain-Fournier et dont il a fait « le Vieux-Nançay » dans la Troisième partie du roman : « chez Florentin », c’est-à-dire l’oncle Florent Raimbault, dont le magasin subsiste face à l’église : celui-ci préférait « avoir dix enfants » plutôt que de « faire fortune » avec sa clientèle de châtelains et de chasseurs. Dès la sortie du bourg, c’est « le cher pays de Sologne, inutile, taciturne et profond ».

 

Bourges

C’est surtout la cathédrale et les quartiers voisins dont il est question au chapitre 16 de la Troisième partie du roman : c’est là que Frantz de Galais avait rencontré Valentine et que Meaulnes tente de l’y retrouver.

 

 Paris

Alain-Fournier a vécu dans la capitale près de la moitié de sa vie, d’abord entre 1898 et 1901 « dans les quartiers pauvres de Paris » qu’il évoque au chapitre 9 de la Troisième partie du roman, entre la rue de Charonne et le lycée Voltaire, ensuite à partir de 1903 au lycée Lakanal de Sceaux, puis au Quartier Latin, enfin rue Cassini, où il écrivit Le Grand Meaulnes ; il a marché dans la ville douze ans durant, d’abord les dimanches en débarquant à la gare du Luxembourg, puis pour se rendre au lycée Louis-le-Grand, à la caserne de Latour-Maubourg, au fort de Vanves, enfin au siège de Paris-Journal, derrière la Bourse ou chez Claude Casimir-Perier, près du Trocadéro. Il empruntait aussi tramways et autobus, ainsi que le métro naissant, et surtout les bateaux-mouches où il s’embarqua, un soir de juin, juste derrière Yvonne de Quiévrecourt.

 

Alain une vie une oeuvre

Le Grand Maulne au cinema

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