Scènes de la vie de bohème de Murger
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Fils d'un concierge-tailleur et d'une ouvrière, Louis Henry Murger passe sa jeunesse parmi les « Buveurs d'Eau » (car n'ayant pas assez d'argent pour s'offrir une autre boisson au comptoir), un groupe d'artistes-bohémiens du Quartier latin que fréquentera notamment le photographe Nadar.
Ami avec les grands noms de la littérature, il connaîtra la célébrité en publiant les Scènes de la vie de bohème, un feuilleton de l'école réaliste dans lequel il met en scène ses amis, comme Schanne, sous des noms les masquant à peine.
Ami des frères Goncourt, ceux-ci en font un portrait dans leur Journal le 27 décembre 1857 : « C'est merveilleux, la maladie utérine de Murger pour la femme, le besoin qu'il éprouve de se frotter à une de ses peaux, de coucher sa muse erotico-lymphatique dans le giron d'une salope. Ne trouvant personne pour aller au bordel, il s'enfuit au foyer des Variétés. C'est étonnant comme cette intelligence n'est faite pour aucun des plaisirs sérieux de l'intelligence, ni les goûte ni les sent et est depaysée dans une conversation un peu haute, comme une convive de goguette dans un dîner diplomatique. »
Le compositeur italien Giacomo Puccini en a tiré son opéra, La Bohème, en 1896, ainsi que Ruggiero Leoncavallo. Marcel L'Herbier et Aki Kaurismaki l'ont porté au cinéma.
Secrétaire du comte Tolstoï, collaborateur de différentes revues littéraires dont la Revue des deux Mondes, il fut auteur dramatique à succès.
Ballades et fantaisies (1854) et Les Nuits d'hiver (1864) sont ses deux recueils de poésie. L'un de ses compères, Théodore de Banville, célèbre les héroïnes de Murger par un poème tout simplement intitulé À Henri Murger(Odelettes, 1856).
Il est mort à la maison de santé municipale à Paris, 10e (Hôpital Fernand Widal), dite Maison Dubois le 29 janvier 1861.
Œuvres
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- Scènes de la vie de bohème
- (1847-49)
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- Scènes de la vie de jeunesse
- (1851)
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- Le Pays latin
- (1851)
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- Propos de ville et propos de théâtre
- (1853)
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- Scènes de campagne
- (1854)
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- Le Roman de toutes les femmes
- (1854)
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- Ballades et Fantaisies
- (1854)
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- Les Buveurs d'eau
- (1854)
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- Le Dessous du panier
- (1855)
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- Le Dernier rendez-vous
- (1856)
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- Les Nuits d’hiver
- (1856)
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- Les Vacances de Camille
- (1857)
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- Le Sabot rouge
- (1860)
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- Madame Olympe
- (1860)
Scènes de la vie de bohème
est une œuvre littéraire de Henry Murger publiée en 1851 qui a donné lieu à de nombreuses adaptations au théâtre, à l'opéra et au cinéma et constitue un document majeur concernant la vie de bohème à Paris au xixe siècle.
Murger définit la bohème comme constituée par des artistes, essentiellement pauvres, dont les antécédents se trouvent jusque dans l’Antiquité grecque et dont l’histoire comprend les noms les plus illustres. Ce sont des artistes vagabonds (en ce sens des bohémiens). Murger exclut les filous et les assassins de la bohème. Est bohème « tout homme qui entre dans les arts sans autre moyen d’existence que l’art lui-même ». La bohème est un état social transitoire qui peut déboucher aussi bien sur la reconnaissance (« l’Académie ») que sur la maladie (« l’Hôtel-Dieu ») ou la mort (« la Morgue »). La bohème n’est possible, pour Murger, qu’à Paris (elle n’est pas possible en province).
Murger distingue trois types de bohème :
- la bohème ignorée : les « artistes pauvres » condamnés à l'incognito parce qu’ils ne savent pas ou ne peuvent pas trouver un coin de publicité pour attester leur existence dans l’art. L'art est pour eux une foi et non un métier. Ce sont les disciples de « l'art pour l'art ». Ils sont « naïfs » pour Murger et condamnés à la misère et à la mort précoce. Ils laissent quelquefois une œuvre que le monde admire seulement plus tard ;
- les amateurs : ils trouvent dans la vie de bohème une forme de séduction. Ils choisissent volontairement la misère alors qu'ils ont un avenir honorable, par opposition à leur famille. Certains finissent par devenir notaires en province, d'autres meurent dans l'obscurité. Ils n'ont rien de commun avec l'art. C'est une fausse bohème ;
- la vraie bohème : elle est composée des artistes qui ont des chances de réussir et qui sont déjà connus dans le monde littéraire ou artistique. La misère n'est pour eux qu'un moment transitoire. Ces artistes sont ambitieux et savent résoudre les problèmes posés par le quotidien : « leur existence de chaque jour est une œuvre de génie ». Ils parlent un langage particulier où se côtoient tous les styles, de l'argot populaire à la rhétorique la plus audacieuse. Tels sont les héros du livre.
La fin de la vie de bohème correspond à la fin de la jeunesse. Elle peut se terminer par la mort ou par la réussite. La réussite (la bourgeoisie) est une façon de continuer sa vie dans l'apostasie de l'idéal de jeunesse suivant le principe : plutôt renier la bohème qu'y mourir. Telle serait en définitive la morale du livre.
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Les personnages sont de jeunes artistes ou intellectuels démunis qui vivent à Paris.
Ils ont entre vingt et trente ans en 1845 :
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- Henri Murger
- lui-même devient
- le poète Rodolphe ;
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- Alexandre Schanne
- devient le musicien
- Schaunard ;
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- François Tabar
- devient le peintre Marcel ;
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- Joseph Desbrosses
- devient le sculpteur Jacques ;
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- Charles Barbara
- devient le journaliste Carolus Barbemuche ;
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- Jean Wallon
- devient le philosophe Gustave Colline
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MURGER, Henry – Scènes De La Vie De Bohême (Extrait)
Livre audio gratuit publié le 28 janvier 2011.
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 50min | Genre : Nouvelles
Le feuilleton réaliste Les Scènes de la vie de Bohèmea donné la célébrité à Henry Murger. Le compositeur italien Giacomo Puccini en tirera l’opéra La Bohèmeen 1896. Les amours tourmentées des deux héros Rodolphe et Mimi sont racontées dans Mademoiselle Mimi (chapitre 14) et lues ici pour marquer le cent-cinquantième anniversaire de la mort de Murger, exactement le 28 janvier 1861.
« Rodolphe rencontra donc la jeune Mimi qu’il avait jadis connue, alors qu’elle était la maîtresse d’un de ses amis. Et il en fit la sienne. Ce fut d’abord un grand haro parmi les amis de Rodolphe lorsqu’ils apprirent son mariage ; mais comme Mademoiselle Mimi était fort avenante, point du tout bégueule, et supportait sans maux de tête la fumée de la pipe et les conversations littéraires, on s’accoutuma à elle et on la traita comme une camarade. »
Mademoiselle Mimi.
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Roman
La popularité de la pièce de théâtre suscita une demande pour la publication des histoires. Murger réalisa une compilation de la plupart des scènes en un seul recueil. Pour aider à la continuité de l'ensemble, il ajouta également du matériau nouveau. Une préface discute la signification du concept de « bohémien » et un nouveau premier chapitre sert d'introduction pour le cadre et les principaux personnages. Deux chapitres supplémentaires sont ajoutés à la fin qui offre des pensées conclusives sur la vie de bohème. C'est ce qui devint le roman paru en janvier 1851 sous le titre Scènes de la bohême (sic). Une nouvelle édition parut l'année suivante dans laquelle Murger ajouta encore une histoire
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Lieux
- Le Café Momus,
- 17, rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois,
- près du Louvre, où se retrouvent Rodolphe, Marcel, Schaunard et Colline
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Le café était situé au no 191,2,3, rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, sur le côté de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, entre le palais du Louvre et le pont Neuf. Il s'étendait au rez-de-chaussée et au premier étage de cette maison. Le Journal des débats, l'un des principaux quotidiens de l'époque, de tendance libérale, était son voisin au no 174.
Là se retrouvaient des personnalités comme Chateaubriand, Sainte-Beuve, Nadar, Gustave Courbet, Charles Baudelaire, Hippolyte Taine, Ernest Renan, Henry Murger.
L’origine du l’établissement est méconnue mais remonte au moins aux années 1810. Il était installé dans une maison à pignon paraissant dater du xvie siècle, comme le montrent de nombreux dessins et plus tard, quelques photographies.
En novembre-décembre 1845, la café fait passer des annonces dans le journal Le Tintamarre : « Café Momus, rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, 19, près l'Église. Ouverture de nouveaux salons, estaminet, 5 billards à tables d'ardoise. Cet établissement est connu par la modicité des prix et la qualité des objets fournis en consommation. On y lit tous les journaux français et étrangers ainsi que les revues. »
Le café Momus était effectivement réputé pour ses prix raisonnables. Dans son livre Histoire anecdotique des cafés et cabarets de Paris6, Alfred Delvau raconte que l'hiver, pour se réchauffer, « on allait au café Momus, où la demi-tasse ne coûtait que cinq sous », et on pouvait se partager une demi-tasse à plusieurs « pour passer la journée à l'estaminet ». Ainsi, dans les années 1838-1848, dans le sillage d’Henry Murger, le café va attirer une clientèle de jeunes artistes désargentés, surnommée la Bohème.
Le café fait faillite et ferme définitivement en 18567. La même année, la maison échappe de peu aux démolitions pour l'agrandissement de la place du Louvre, comme on peut le voir sur une célèbre photographie de Baldus8. Un marchand de couleurs9 prit sa place en 1860, ou peu après. L'étroit immeuble, qui a perdu son célèbre pignon au gré d'un remaniement ultérieur (vraisemblablement dans les années 1870), est aujourd'hui occupé par un hôtel.
Le marchand de couleurs Colin a remplacé le café Momus sur cette photographie de Marville qui date du milieu des années 1860.
Dans le roman de Murger comme dans l'opéra de Puccini, c'est là que se retrouvent le poète Rodolphe (Henry Murger),
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le peintre Marcel (François Tabar), le musicien Schaunard (Alexandre Schanne), le philosophe Colline (Jean Wallon) et leurs amis.
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- Le Prado,
- bal public
- sur l’île de la Cité aujourd’hui démoli où Rodolphe rencontre Louise.
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L’île de la Cité est une île située sur la Seine, en plein cœur de Paris. Elle est considérée comme l'antique berceau de la ville de Paris, autrefois Lutèce. Elle appartient aux 1er et 4e arrondissements. Le chroniqueur Gui de Bazoches l'évoquait en 1190 comme étant « la tête, le cœur et la moelle de Paris ».
La superficie de l'île de la Cité est d'environ 22,5 ha. Au 1er janvier 2013, sa population est de 981 habitants.
Ce site est desservi par les stations de métro Cité et Saint-Michel.
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- Rodolphe habite
- rue de la Tour-d’Auvergne,
- près de Montmartre,
- comme Henry Murger lui-même.
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La rue de la Tour-d'Auvergne est une voie publique située dans le 9e arrondissement de Paris.
Elle débute au 35 rue de Maubeuge et se termine au 52 bis rue des Martyrs. Sa longueur est de 418 mètres.
Elle est située sur le territoire de l'abbaye de Montmartre, et porte le nom d'un de ses abbesses, Louise-Émilie de la Tour d’Auvergne (1667-1737).
La partie située entre la rue de Rochechouart et la rue Rodier s'appelait rue de Bellefond. En 1714,
une autre partie porte le nom de chemin de la Nouvelle-France et devient une rue en 1760, prenant son nom actuel.
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- Colline habite l’île Saint-Louis.
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L’île Saint-Louis tire son nom actuel (depuis 1725) du roi Louis IX, surnommé Saint Louis, saint patron et ancêtre de Louis XIII.
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Selon la légende, il avait l’habitude de venir prier sur l’île aux Vaches et y aurait pris la croix avec ses chevaliers en 1269 avant de partir pour la huitième croisade (expédition qui lui sera fatale : Louis IX meurt de dysenterie sous les murs de Tunis un an plus tard).
Après son urbanisation, le centre de gravité de la capitale se déplace en aval du fleuve et l’île Saint-Louis ne connaît que peu de transformations.
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Le pont Louis-Philippe relie l’île à la rive droite en 1862 Le pont de Sully est construit à l’est de l’île en 1876 en remplacement de deux passerelles
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Musette déménage de la rue de la Harpe pour la rue de la Bruyère lorsqu’elle devient une lorette.
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- Marcel a son atelier sur le quai aux Fleurs.
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- Le quai aux Fleurs est un quai situé le long de la Seine sur l'île de la Cité dans le 4e arrondissement de Paris.
- Il débute au pont Saint-Louis, qui permet d'assurer une liaison avec l'île Saint-Louis, et se termine au pont d’Arcole qui mène place de l'Hôtel-de-Ville, rive droite.
- Le quai porte ce nom en raison de la proximité du marché aux fleurs.
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Genèse
Bien que les Scènes de la vie de bohème soient communément considérées comme un roman, elles n'en suivent pas la forme. Elles sont une suite d'histoires publiées sous forme de feuilleton. Le cadre en est le Quartier latin de Paris dans les années 1840. La plupart des scènes furent publiées de façon indépendante par Murger dans la revue littéraire Le Corsaire. Leur forme est en partie autobiographique. Elles mettent en scène des individus ayant réellement existé et qui pouvaient être familiers des lecteurs de cette revue.
Feuilleton
- La première des histoires fut publiée en mars 1845 sous la signature de « Henri Mu..ez ».
- La seconde histoire suivit l'année suivante au mois de mai 1846 sous la signature de « Henry Murger ».
- La troisième histoire fut publiée en juillet avec le sous-titre Scènes de la bohème
- Le sous-titre fut utilisé pour dix-huit histoires supplémentaires qui continuèrent de paraître de façon plus ou moins régulières jusqu'en 1849 (avec une période de latence en 1848 à cause de la Révolution à Paris)
Pièce de théâtre
Bien que les histoires fussent populaires à l'intérieur de la petite communauté littéraire, elles ne parvinrent pas à générer une audience plus large et des revenus confortables à Murger. Tout changea en 1849, lorsque celui-ci fut approché par Théodore Barrière, un jeune dramaturge, qui lui proposa d'adapter ses histoires au théâtre. Murger accepta cette collaboration et le résultat — intitulé La Vie de la bohème, de Barrière et Murger — fut représenté avec un grand succès au théâtre des Variétés à Paris le . La particularité de la pièce est de concentrer l'intérêt dramatique autour de la maladie et de la mort de Mimi qui constitue l'épisode final et pathétique. Rodolphe s'écrie alors : « O ma jeunesse, c'est toi qu'on enterre ». Félix Nadar demande à Murger de supprimer cette phrase à la première, mais l'auteur n'en fait rien. En revanche, elle n'apparaît pas dans l'opéra de Giacomo Puccini (Rodolphe s'écrie seulement, lorsqu'il est séparé de Mimì au début du 4e acte : « Mimì, mia breve gioventù »). Il est à noter que la représentation théâtrale contient déjà de la musique et du chant.
Adaptations
Deux opéras furent adaptés de la pièce : La Bohème de Giacomo Puccini en 1896
et La Bohème de Ruggero Leoncavallo en 1897. L'opéra de Puccini devint l'un des opéras les plus populaires de tous les temps.
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