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la Jument verte film 1959

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Marcel Aymé 
Œuvres romanesques complètes 
La Pléiade I (pp.827-1031)

 Contexte :

Marcel Aymé a probablement écrit La Jument verte durant l’année 1932 et au début de 1933. Le roman paraît au mois de juin 1933. Il remporte un vif succès et suscite de violentes réactions de la part des bien-pensants et des ligues de vertus scandalisés par la liberté de ton de ce livre. 

Synopsis :

A Claquebue, village du Jura franc-comtois, nait une jument verte, couleur de jade, qui fera la fortune de son propriétaire, le maquignon Jules Haudouin. Cela se passe vers 1860 et l’action se déroule sur une trentaine d’années.
Le roman comporte 16 chapitres et des intermèdes constitués des propos de la jument qui se substitue au narrateur.
C’est l’histoire de la famille Haudouin et de ses rapports avec les autres familles du village de Claquebue, qui se déroule sous le regard et les commentaires de la jument verte immortalisée dans un tableau accroché au mur de la salle à manger.
On assiste aux ébats amoureux, aux luttes politiques, aux haines entre familles, aux rivalités entre frères, etc.
Mais avant tout : La Jument verte est un véritable hymne à la vie (M. Dzunic-Drinjakovic)

 Les thèmes :

Chronique amoureuse et familiale : l’amour y est décliné sous toutes ses formes (l’érotisme sans complexe, l’amour familial, l’amour de la nature, l'amour de la vie).
L’opposition entre la vie au village ouverte sur la nature (Honoré à Claquebue) et la vie citadine repliée sur elle-même (Ferdinand à Saint-Magelon).
L’opposition entre l’insouciance, la spontanéité, la joie de vivre (Honoré) et l’hypocrisie, l’ambition et les calculs mesquins (son frère Ferdinand).
Le refus de se laisser manipuler par des discours idéologiques.


La description de la vie rurale en Franche-Comté sous le second Empire, la troisième République et le mouvement du général Boulanger.
L’affrontement des cléricaux et des anticléricaux dans la lutte pour la mairie du village.
Les vieilles haines entre familles qui se transmettent de génération en génération.

Marcel Aymé est un des rares écrivains à avoir parlé de l'hygiène intime des femmes. Il cite dans La Jument verte le cas du curé de Claquebue qui « Le curé de Claquebue (…) sachant que le bidet ou la Gyraldose ont des effets plus subversifs qu'un banquet anti-clérical, il en préservait ses ouaille

 

Les personnages :

Ce roman est particulièrement riche en personnages, une centaine, dont la plupart ne participent pas directement à l’action et sont simplement évoqués au cours de conversations. Parmi les noms cités, figurent ceux des familles de Claquebue et les prénoms des enfants des principales d’entre elles (Les Haudouin, Maloret, Messelon, etc.) Outre la jument verte, personnage principal, une dizaine d’animaux (chien, chevaux, vaches) sont également cités par leur nom.

 

La Jument verte naît dans la ferme des Haudouin (p.829)

Jules Haudouin : cultivateur et maquignon à Claquebue, chez qui nait la jument verte (p.829)

Les Maloret : famille ennemie des Haudouin (p.829)

28 centenaires dans le village où rien ne se passe (p.830)

Le vieux Rousselier : un des centenaires qui meurent comme des mouches lors de la naissance de la jument verte (p.830)

La femme de Jules Haudoin : mère d’Alphonse, Honoré et Ferdinand (p.831)

Le curé de Claquebue : qui assiste les moribonds (p.831)

Le vieux père de Jules Haudouin : décède vers la fin de soirée (p.831)

Un professeur du collège impérial, un savant (73 ans) illustre et décoré et un autre savant polémiquent sur la naissance de la jument (p.831)

 

L’Empereur Napoléon III, de passage à Saint-Margelon vient voir la jument verte (p.832)

Le Préfet qui accompagne l’Empereur à Claquebue (p.832)

La servante de Mme Haudouin (p.833)

Alphonse Haudouin : l’aîné des fils de Jules, a fait 7 ans de service militaire dans un régiment de chasseurs à cheval (p.833) – blessé en 1870, il sera surnommé le « Boiteux »

Honoré Haudoin (45 ans): le cadet, a épousé contre la volonté de son père, Adélaïde Mouchet (40 ans au moment de l’action), une fille mince aux yeux noirs (p.833)

Ferdinand Haudouin : le plus jeune qui a fait ses études au collège impérial de Saint-Margelon, surnommé « Cul d’oignon » - et qui deviendra vétérinaire (p.834)

Le jeune  peintre Murdoire: qui fera un portrait de La Jument verte, et qui sera chassé pour avoir séduit la servante (p.834) – il s’agit du célèbre Murdoire (p.837)

Le portrait de Canrobert : qui trône au dessus de la cheminée dans la salle à manger aux côtés de ceux de l’Empereur et de la Jument verte (p.835) – il s’agit de François Marcellin Certain de Canrobert (1809-1895), Maréchal du second empire.

La « Satinée » : fille de joie que Jules Haudouin visite régulièrement à Valbuisson (p.835)

Les portraits de Thiers, Mac-Mahon, puis Jules Grévy et Gambetta se succèdent aux côtés de celui de la Jument verte (p.836)

Jules Grévy (1807-1891) : portrait du Président de la République (1879-1887) que Jules Haudoin considère dans la salle à manger. Propos de la jument (p.839)

Les époux Brochard : les beaux-parents de Ferdinand Haudouin (p.844)

Hélène Brochard : épouse de Ferdinand Haudouin (p.844)

Les demoiselles Hermeline : directrices de la pension où Hélène Brochard a reçu une éducation soignée (p.844)

Frédéric (l’aîné), Antoine (le plus jeune) et Lucienne : enfants de Ferdinand & Hélène Haudouin (p.844)

Valtier : député radical de Saint-Margelon (p.844)

Tine Maloret : qui a eu deux fils naturels et passée la cinquantaine s’est fait coucher sur le testament d’un ancien huissier (p.845)

Rousselier : républicain recommandé par Jules Haudouin à son fils Honoré qui le considère comme une crapule (p.846)

Juliette Haudoin : fille, deuxième née des cinq enfants d’Honoré et petite-fille préférée de Jules Haudoin (p.847)

Une fille de belle jambe et de peu de principe : épousée par Alphonse dont elle acheva de dévorer le meuble et l’immeuble (p.848)

Casimir Delavigne (1793-1843) : poète dont Hélène Haudoin a étudié les œuvres chez les demoiselles Hermeline et dont elle lit les poèmes à ses enfants (p.849) 

Déodat : le facteur est prêt pour partir (p.853)

Clotilde et Gustave : les deux plus jeunes enfants d’Honoré Haudoin rentrant de l’école en flânant par les chemins (p.858)

Alexis : fils d’Honoré Haudoin garde les vaches sur les prés communaux (p.858)

Ernest : le fils aîné d’Honoré Haudoin, fait son service militaire à Epinal (p.858)

Philibert Messelon (72 ans) : le maire de Claquebue (p.859)

Zèphe (Joseph) Maloret : du parti des cléricaux, candidat à la mairie de Claquebue, proposé par Valtier et Ferdinand Haudoin (p.860)

Le général Georges Boulanger (1837-1891) : évoqué par Ferdinand Haudoin (p.860)

Marguerite Maloret : fille de Zèphe évoquée par Honoré Haudouin. Amie de Valtier qui pour lui plaire tente de pousser Zéphe à la mairie de Claquebue (p.861)

Toucheur : jeune franc-tireur, compagnon d’Honoré Haudouin pendant la guerre de 1870 (p.862)

Le chef bavarois : qui viole la mère d’Honoré Haudouin, alors que ce dernier est caché sous le lit en compagnie de Toucheur (p.864)

Un vagabond d’une quarantaine d’année : avec lequel Adelaïde trompera son mari, une seule fois. Propos de la jument (p.872) 

Tintin Maloret (14 ans) : qui a déchiré les vêtements d’Alexis Haudouin en se battant avec lui (p.878)

Isabelle Dur : que Tintin Maloret entraine derrière la haie du Desclos pour lui retrousser les jupons (p.878)

Anaïs Maloret (la quarantaine) : épouse de Zéphe Maloret, à laquelle Adélaïde veut demander raison de la chemise déchirée par son garçon (p.879)

Léon Dur, Baptiste Rugnon et Noël Maloret : trois soupirants de Juliette Haudouin (p.880)

Les Messelon : dix à dîner autour d’une longue table et la vieille qui mange debout comme c’est l’usage (p.881)

Mainehal : qui doit de l’argent à Ferdinand Haudouin, conduit la famille de ce dernier à Claquebue. Cité dans la lettre de Ferdinand à son frère Honoré (p.887)

Les Alboches : nom couramment utilisé en langue familière pour désigner les Allemands entre 1870 et 1914. Mentionnés dans la lettre de Ferdinand à son frère Honoré (p.887)

Maxime Trousquet : républicain modéré cité dans la lettre de Ferdinand à son frère Honoré (p.888)

Louise Bœuf : qui eut à subir l’assaut de onze bavarois en 1870. Citée dans la lettre de Ferdinand à Honoré (p.888)

La Veuve Justine Dominé : qui habite la troisième maison de Claquebue sur le chemin du facteur Déodat (p.891). C’est le facteur Déodat qui lit la lettre  (p.891)

Les écoliers qui se chamaillent en rentrant de l’école : Gustave et Clotilde Haudouin, les trois Messelon, le tintin Maloret, Narcisse Rugnon, Alaine Dur et d’autres (p.892)

Jude, l’aîné des Messelon : qui se moque de Tintin Maloret (p.893)

Léon Bœuf et Nestor Rousselier, parmi d’autres prennent fait et cause pour Jude Messelon,  (p.893)

Léon Corenpot : cité par une paroissienne de Claquebue, qui confesse au curé avoir trompé son homme avec lui (p.902)

Le pion de la petite étude : Antoine, fils de Ferdinand, dit à son frère Frédéric que le pion a vu ses notes et qu’il n’aura qu’un accessit de gymnastique (p.904)

La petite Jasmin : Antoine dit à son frère Frédéric qu’elle est jolie (p.904)

La nièce du curé de Claquebue : elle tenait l’harmonium, mais depuis qu’elle est mariée les paroissiens ne l’entendent qu’n dimanche sur cinq (p.905)

La comtesse de Bombrion : tient l’harmonium quand elle vient à la messe à Claquebue (p.905)

Mademoiselle Bertrande : la cadette des sœurs Hermeline, professeur d’examen de conscience dans la classe de première année (p.907)

De Burgard de Montesson : officiers de cavalerie qui jouaient du piano à queue quand ce n’était pas de la harpe (p.910)

Colonel de Prébord de la Chastelaine : colonel de hussard assis à côté de Ferdinand sur l’estrade lors de la distribution des prix du collège (p.911)

Lieutenant Galais : avec qui Ferdinand, appelé en consultation au quartier des hussards, a une controverse sur la castration des poulains (p.911)

Les Berthier : cités dans les propos de la jument à propos de leur façon de caresser leurs femmes de quatre à cinq manières différentes (p.923)

Le garde champêtre : gardien de la propriété et des bonnes mœurs, surgissait parfois au milieu des jeux sexuels des jeunes bergers (p.925)

La femme de Déodat, le facteur, décédée depuis Dix ans  et qui est au cimetière de Claquebue (p.930)

Les Puget : mentionnés par Honoré lors de la dispute avec Ferdinand (p.935)

Les Rouquet et les Viard : habitants de Claquebue, mentionnés par Déodat le facteur (p.936)

L’homme à la mère Dominé : qui était mort après s’être purgé de trois cuillerées d’huile de ricin un 14 juillet – selon les souvenirs d’Adelaïde (p.944)

Un agent de police et sa femme : voisins du vétérinaire Ferdinand Haudouin à Saint-Margelon (p.949)

La femme du général Meuble (53 ans) : Ernest, le fils d’Honoré, annonce à son père le décès de celle-ci survenu la veille dans la matinée (p.958)

Les Vinard : habitants de Claquebue, leur fille Germaine correspond avec Ernest Haudouin (p.959)

Berthier, Corenpot, Dur, Rousselier : rencontrés par Honoré et son fils Ernest (p.961)

Les époux Journier : devenus si pauvres pour avoir abusé du plaisir de la chair, selon le curé, qu’ils n’osaient plus paraître à la messe (p.967)

Les Rossigneux, les Bonbol : parmi d’autres accourus à l’annonce de la mort du maire, Philibert Messelon (p.971)

Guste Berthier : un républicain de Claquebue (p.974)

Un garçon de Zèphe : décédé dans sa cinquième année – sa tombe au cimetière (p.976)

Les Coutant : qui, avec quelques autres, ont été rencontrés au Paradis par Philibert Messelon (p.978)

Prosper Messelon : un des bergers (p.981)

Les Quatre-vingt-quinze familles de Claquebue évoquées dans les propos de la jument (p.987)

La fille cadette des Dur (14 ans) : donne des rendez-vous au vieux Berthier (septuagénaire) qui n’entreprenait rien de profond (p.988)

L’homme de la Léonie Bardon : enterré du printemps, qui criait qu’il en avait assez d’être à côté de son frère Maxime (p.1015)

La Marie Dur : devant les clameurs et protestations des morts du cimetière, la Marie Dur coure chercher le curé qui s’entêtait à ne pas entendre (p.1016)

Les Rugeart, les Coutant, les Bœufs, les Trousquets, les Pignon, les Caroche, les Clergeron, les Dubuclar, parmi d’autres déjà cités, accouraient pour entendre Jules Haudoin d’en dessous dire du mal de la Tine Maloret (p.1017)

Clovis Berthier : rapporte à Honoré et Ferdinand l’algarade entre l’Adélaïde et les Maloret (p.1020)

Sans oublier les animaux :

L’alezan brûlé de Ferdinand, trop lourd au gré d’Honoré pour être attelé à un cabriolet (p.858)

« Noiraud » : le chien noir des Haudouin, qui entre dans la cuisine et se couche sous la table (p.874)

« Bismark » : les deux chiens prédécesseurs de Noiraud, ainsi baptisés en souvenir de la guerre de 1870 (p.874)

« La Rougette » : une des vaches d’Honoré qui est allée dans les luzernes pendant qu’Alexis était occupé à jouer (p.879)

Le cheval noir : qui a été pris de coliques au commencement de la semaine. Lettre de Ferdinand à Honoré Haudouin (p.886)

« La Fidèle » : une des vaches d’Honoré à qui son frère Ferdinand, le vétérinaire, annonce qu’elle est chaude (p.922)

Les bœufs qu’Honoré est en train d’atteler (p.963)

Etendard : le taureau occupé à saillir une vache dans la cour des Haudouin, entouré par tous les enfants (p.966)

La chienne de Zèphe Maloret : qui portait d’au moins six semaines après s’être fait couvrir par un corniaud (p.974)

Les lieux :

Le roman se déroule dans le périmètre limité de la commune de Claquebue et la plupart des lieux cités sont des lieux dits désignant des champs, des bois ou des collines.

 

Le village de Claquebue : représente Villers-Robert dans le département du Jura, village où Marcel Aymé passa son enfance (p.829) 

Saint-Margelon : chef lieu du canton – il pourrait s’agir d’une transposition de Chaussin, chef lieu du canton dont Villers-Robert est une des 17 communes (p.831)

Le Champ-Brûlé : lieu où la population de Claquebue jeta ses derniers centenaires dans un feu de joie – depuis le blé y pousse bien (p.833 et 852)

Valbuisson : où Jules Haudouin va régulièrement rend hommage à « La Satinée » pour cinquante-cinq sous (p.835) – probablement inspiré du nom de Malbuisson, village franc-comtois situé à 80 Km de Villers-Robert.

Lyon : où vont s’installer Alphonse Haudouin et sa femme après avoir dilapidé l’héritage des Haudoin (p.849)

Le bois du Raicart : près duquel Honoré Haudoin fauche par un après-midi de grand soleil (p.852)

Le 17 de la rue des Oiseaux, à Saint-Margelon : maison de tolérance où Honoré se rendait deux à trois fois l’an du temps où il était maquignon (p.855)

L’auberge de Rouilleux : où Honoré raconte s’être soulé lors de l’invasion prussienne en 1870 (p.862)

Les hauteurs de Bellechaume : où se tenaient les « lignards » soldats de l’infanterie de ligne (p.862)

La Montée-Rouge : au-dessus de laquelle débouchent les casques à pointe (p.862)

Le coin des Trois-Vernes : où Alexis Haudouin jouait à la gaille enterrée (p.877)

La haie du Desclos : derrière laquelle Tintin Maloret entraîne Isabelle Dur (p.878)

Les près à Rugnon : où la « Rougette » s’est échappée pendant qu’Alexis se battait avec Tintin Maloret (p.879)

Les près de la Flize : où Honoré et sa fille Juliette sont en train de faner (p.899)

Au coin de la rue de l’Ogre : où la famille de Ferdinand croise la petite Jasmin (p.904)

L’étang du Char-Bleu : évoqué dans une rêverie de Gustave Haudoin (p.938)

Le Champ-Dieu : où Zéphe Maloret moissonne avec ses fils (p.955)

La caserne d’Epinal : où Ernest Haudoin effectue son service militaire (p.960)

Chassenay : où selon Zèphe Maloret, les franc-tireurs de 1870 avaient passé trois jours à mener la vie dans l’église avec des garces de Saint-Margelon (p.995)

Chez Rusillon : maison sur le chemin de la tournée du facteur Déodat (p.999)

Presse et travaux :

Aubry, Mathilde : « L'amour et la haine dans Brûlebois, La Table-aux-Crevés, La Jument verte ». Mémoire.  Dir.:Catherine Mayaux. Université de Franche-Comté, année 2000-2001. …. Présenté in: Cahier Marcel Aymé n°19-20 (2002) : p. 237

Bedner, Jules : « Le jeu des fantasmes dans La Jument verte ». Cahier Marcel Aymé n°8 (1991) : pp.126-140

Bélisle, Mathieu: « Le-drôle-de-roman de Marcel Aymé ». Cahier Marcel Aymé n°21 (2003) : pp.107-145

Blanzat, Jean : « La Jument verte ». Europe XXXIV (15 févr. 1934)

Bost, Pierre : « La Jument verte ». Europe nouvelle (29 juill. 1933)

Bourgeois, André : « La Jument verte » http://andrebourgeois.fr/marcel_ayme.htm#Jument(mise à jour : 22 août 2007)

Desforges, Laure : « La Vouivre et la Jument verte: deux héroïnes éponymes ». Mémoire de maîtrise. Dir. Pr Godard, Sorbonne. Cahier Marcel Aymé n°22 (2004) : pp.76-159

Dumont, S. : « Bataille de La Jument verte ». Les Dépêches-Le Progrès (18-19 mai), p. 10

Dzunic-Drinjakovic, Marija : « La Jument verte ou l'Apogée de la joie de vivre ». Presses Univ. Bordeaux (2005) : pp. 375-387

Dzunic-Drinjakovic Marija : « La Jument verte ou l’apogée de la joie de vivre ». In Polyphonies narratives, Novi Sad (2007) : pp. 5-23.

Fernandez, Ramon : « La Jument verte ». Marianne (12 juill. 1933)

J.L.K. : « Les heureux scandales d’antan. De La Jument verte à Catherine Millet. Chronique de l'an 2005... ». Les Carnets de J.L.K. (3 octobre 2008) http://carnetsdejlk.hautetfort.com/archive/2005/07/11/les_heureux_scandales_d%E2%80%99antan.html

Lalou René : « Un bain de santé et de bonne humeur. » En 4e couverture de l’édition du Livre de Poche (1956)

Lécureur, Michel : « Claude Autan-Lara nous a parlé de Marcel Aymé ».  Cahier Marcel Aymé n°1 (1982) : pp. 134-135

Matignon, Renaud : « Le Temps d'Aymé ». Le Figaro n°12657 (13 mai 1985): p. 31 

Mayaux, Catherine : "La mort dans trois romans de Marcel Aymé : Brûlebois, La Table-aux-Crevés, La Jument verte". Littératures contemporaines n°5: 151-166. Editions Klincksieck (1998)

Rousselot, Jean : « Cahier d'études, étude préliminaire de La Jument verte ». Culture. Arts. Loisirs. Paris (1968), 286 pages.

Véniel, Jean-Claude : « La figure du père dans La Jument verte ». Klincksieck Ed. Littératures contemporaines n°5 (1998): pp. 121-126

Citations :

« Il y eut un commencement de bagarre, le maire reçut un coup de pied dans les reins qui lui fit monter un discours à la gorge. Les jeunes femmes se plaignaient d’être pincées, les vieilles de n’être pas pincées, et les gamins hurlaient sous les gifles. » (p.830)

«Mais j’ai vu que les belles familles ont des traditions érotiques qu’elles se transmettent d’une génération à l’autre tout comme des règles de bien-vivre et des recettes de cuisine » » Propos de la jument (p.838) 

« Il n’y a que les riches qui font l’amour au milieu de la journée. » Honoré Haudoin (p.856)

« Quand Honoré caressait sa femme, il invitait les blés de la plaine, la rivière, et les bois du Raicart » Propos de la jument (p.867)

« Il (Honoré) sifflait sur la plaine en poussant sa charrue, puis s’arrêtait pour pisser, reprenait, crachait à gauche, chantait, parlait à ses bœufs, les caressait à lisse et à contre-poil, riait tout haut, taillait dans le bois vert un quinet pour ses garçons, dans l’écorce un sifflet, riait encore, tirait droit son sillon et s’émerveillait qu’il fît aussi bon vivre. » (p.869)

« Au fond, les gens de Claquebue ne craignaient guère que les vicissitudes de ce bas monde ; la peur de l’enfer ne les gardait pas du péché, mais ils fussent demeurés chastes une année entière si la prospérité de la récolte en avait dépendu, et c’était justement ce genre d’équivalences que leur proposait le curé. Pour maintenir les âmes en puissance de béatitude éternelle, il fallait d’abord qu’elles craignissent pour le bétail et la récolte. C’était humiliant, mais s’était ainsi, et après tout, le résultat comptait seul. » Propos de la jument (p.869)

« Il (Honoré Haudouin) avait observé que les mâles sont surtout hardis avec les filles pauvres » (p.876)

« Dans l’esprit d’Honoré, un mâle généreux ne pouvait être calotin, non plus royaliste ou bonapartiste ; il fallait bien peu de tempéraent pour rester insensible à une République large du bassin et si bien en chair. » (p.879)

« Sur ses épaules, il (Déodat le facteur) porte sa grosse tête ronde qui lui est bien utile pour son métier. A vrai dire, il ne pourrait pas s’en passer, justement parce qu’il est facteur. Et puis, s’il n’avait pas sa tête, qu’est-ce qu’il ferait de son képi. » (p.892)

« Honoré aimait encore sa femme à cause des enfants qu’elle lui donnait. Quand il la voyait enceinte, il s’émerveillait déjà que son plaisir fît autant de volume. Il regardait ses enfants comme des désirs anciens qu’il se réjouissait de retrouver si chauds, avec des yeux vifs et des peaux colorées. » (p.897-898)

« … pour la majorité des hommes de Claquebue ; à l’âge de l’adolescence poussée, ils se séparaient de leurs habitude d’amours ingénues, turbulentes, impudiques, et prenaient le chemin de choisir une femme et de se limiter en toutes façons. » Les propos de la jument (p.924)

« Il n’y a de mauvaises mœurs que celles qui attentent à la propriété ou la déprécient. » (p.925) 

« Les enfants jouent, pensait-il (le curé), quand ils seront grands, ils ne joueront plus ; ils mêleront les plaisirs de la chair à la peine de vivre et alors seulement, on pourra utilement leur en faire un épouvantail. » (p.928)

« On travaille pour gagner sa vie, oui, et puis on travaille pour travailler, parce que c’est tout ce qu’on sait faire. Moi, je ne me plains pas. J’aime de travailler et je suis servi pour longtemps. » Honoré (p.946)

« Les périls qui menaçaient des enfants bien élevés étaient innombrables sur cette plaine tendre comme une femme en attente ; et au bord de la plaine, dans ces grands bois qui bordaient tout un côté de l’horizon : denses et sans fond, recélant des ténèbres humides, il y tiédissait des rêves lascifs dont la brise apportait le murmure sur les champs. »  (p.965)

« Un mort qui ressuscite déçoit toujours un peu son monde. » (p.972-973)

« Les romanciers sont des gens à la tête légère, ils racontent des histoires, et la morale y va comme elle peut. Je le dis sans orgueil : il est bien heureux qu’une jument verte se soit trouvée là pour tirer de ce roman un robuste et honnête enseignement, à savoir qu’il n’y a point d’amour durable, partant point de bonheur, en dehors de la famille. Les propos de la jument (p.1013).

« Une histoire qui court sous le manteau n’est qu’une légende, et les opinions qu’on tait sont du vent » (p.1019

 

 

 

 

A Claquebue, les Haudouin et les Maloret sont depuis longtemps en rivalité. Si le père Haudouin a reçu de la Providence une jument verte qui a fait son bonheur et sa fortune, les Maloret n’ont jamais eu cette chance et jalousent leur voisin. Quand éclate la guerre de 1870, Zèphe Maloret se venge de son infortune en indiquant aux Prussiens où se trouve la maison des Haudouin, dans laquelle se terre Honoré qui est franc-tireur. Caché sous le lit parental, il assistera en silence au viol de sa mère. Humilié, il n’est toujours pas en mesure, quelques années plus tard, d’accepter la liaison de sa fille qu’il adore avec le fils Maloret.

 

Une jument verte fait la fortune de son propriétaire, le maquignon Haudouin. Peu après la mort de ce dernier, la guerre de 1870 éclate. Un jour son voisin Zèphe Maloret dénonce Honoré, le fils Haudouin, franc-tireur, aux Prussiens. À la suite de cette dénonciation, leur capitaine entre chez les Haudouin et viole la mère alors qu'Honoré est caché sous le lit.

Le ressentiment déjà existant entre les familles Haudouin et Maloret devient alors de la haine… Une lettre rappelant les faits est perdue, ce qui n'arrange rien…

La Jument verte sort en 1959 ; soit l’année où Truffaut, Godard, Rohmer et compagnie font leurs premières armes et désarçonnent cette Qualité Française dont ils se sont faits dans les pages des Cahiers du Cinéma les ennemis les plus virulents. Redécouvrir le film aujourd’hui permet de mesurer ce à quoi ressemblait encore le cinéma de papa au moment même où sortaient Les 400 coups et À bout de souffle. Il y a en effet quelque chose de vraiment étrange à revisiter désormais ce film paillard qui provoqua à sa sortie un vrai scandale et qui compile, pour le meilleur et parfois pour le pire, tout ce que Truffaut reprochait au carcan industriel français de l’après-guerre. La Jument verte paraît vraiment d’un autre temps, d’une autre époque que peut être même nos parents n’auraient pas connue. Comme si le film, avec ses calembours et ses blagues paillardes de dortoir, nous revenait directement du Second Empire dont il dresse un portrait très (trop) succinct. Comme si Gaumont avait paré, de sa superbe copie, un maquignon de 1870 d’un costume neuf pour pouvoir le présenter aujourd’hui.

Il y a eu une scène qui aurait eu du mal à passer avec la censure de la fin des années 50 : celle de la saillie du taureau que l’on voit bien et nettement. Rien n’est caché, on peut juger joyeusement du désir de la bête. Une séquence où l’on peut s’imaginer le trio Aurenche / Bost / Autant-Lara en train de se gausser, comme des gamins qui viendraient de faire une connerie, à l’idée que des enfants assistent béatement à la prouesse animale et demandent à leurs parents d’être un peu instruits sur le sens de la chose. Dans La Jument verte, les stars de la Qualité Française n’y vont donc pas par quatre chemins : ils foncent dans le tas, lancent des vannes que l’on sortirait généralement en fin de nuit, autour d’une table, avec quelques vieux copains, en train de descendre tout le placard à dijo. Attention, La Jument verte, ce n’est pas Calmos de Blier non plus. Il y manque peut être l’originalité qui fait la différence. Mais on peut y apprécier l’absence absolue de complexe d’auteurs qui se marrent grassement et exécutent tous leurs personnages en n’exposant que leurs petites ou grandes bassesses honteuses. A propos de ce film, on pourrait parler d’un certain comique paillard assez spectaculaire.

A l’origine, il y a pourtant un fameux roman de Marcel Aymé de 1934, auteur que les trois larrons ont déjà adapté. La dernière fois, c’était La Traversée de Paris que d’aucun jugent peut être comme ce qu’ils commirent de mieux. La Jument verte est bel et bien un roman paillard, gaulois, rabelaisien puisque l’auteur de Pantagruel comptait parmi les références absolues d’Aymé. Mais c’est beaucoup plus que cela, c’est une étude minutieuse et joviale, complexe et vivante de la sexualité dans les campagnes, des mœurs provinciales sous le Second Empire. Aurenche et Bost choisissent d’en garder les épisodes les plus importants mais aussi de s’affranchir de ce qui faisait le prix du roman : le point de vue de la dite Jument, témoin muet, objectif des "salaceries" auxquelles s’adonnent ses héros.

François Truffaut reprochait à Aurenche et Bost de trahir l’esprit des auteurs qu’ils adaptaient. Selon lui, ils gardaient ce qu’il y avait de plus choquant pour toujours pouvoir surenchérir dans la profanation et le blasphème. Et l’on peut remarquer effectivement que le film enchaîne les séquences salaces et volontairement choquantes. Ainsi, on s’engueule devant un cadavre, on viole de père en fils comme si c’était la seule chose à transmettre. On suggère aussi assez vilainement la sensualité entre le père en sueur et la fille en décolleté. Et l’on voudrait que l’amour du géniteur pour sa cadette soit toujours  plus complexe qu’il en a l’air. C’est le ton choisi par ses auteurs : celui de la farce grivoise où la plupart des protagonistes en prennent sérieusement pour leur grade sans grand approfondissement psychologique. Celui de l’étude succincte où la moindre nuance dissimule un abîme de dégoût à l’encontre des gens et des choses. Prenons la caractérisation des personnages : il s’agit juste de les typer sans vraiment chercher à en savoir plus. Mais le moindre petit détail semble dévoiler la part honteuse de leurs vies. Ainsi cette séquence faussement tendre entre le père et la fille Haudouin. Séquence où Autant-Lara insista pour que Valérie Lagrange portât bien son décolleté.

Ce qu’il pourrait pourtant y avoir d’intéressant dans le comportement de chacun est traité avec une dérision constante qui en occulte sans cesse la gravité, voire simplement l’intérêt. Il s’agit plus de s’amuser des personnages, de leurs attitudes, de leurs petites bassesses, pour les juger vite et durement plutôt que de les comprendre. Si de Marcel Aymé, les auteurs aiment la manière dont il refuse l’ordre établi et dévoile sous la surface, la vie privée de ses protagonistes, Aurenche et Bost veulent pour leur part surtout regarder derrière le trou de la serrure et sous les jupes des femmes et des filles. C’est plutôt cela qui les retient. Marcel Aymé enfermait pour son infortune une jument merveilleuse chez les Haudouin et retranscrivait ce qu’elle avait observé. Les auteurs du film restent sans cesse à épier, à espionner. Ce n’est pas le même regard. Leur ironie méchante désamorce la vraie critique de l’œuvre initiale. D’ailleurs Aymé, qui avait lu les épreuves du scénario, leur reprochait, alors qu’il n’y va pas dans le roman avec le dos de la cuillère, de multiplier les grossièretés avec complaisance.

Le personnage principal, Honoré Haudouin est campé par Bourvil qui avait déjà joué dans deux précédentes adaptations d’Aymé : Le Passe muraille en 1951 et La Traversée de Paris en 1956. Marcel Aymé avait détesté son interprétation dans le film de Jean Boyer et s’était indigné qu’Autant-Lara veuille le réutiliser pour La Traversée de Paris. Pourtant, après avoir découvert ce film, il reconnut s’être trompé et avoua combien le choix avait été juste. Bourvil avait d’ailleurs reçu un Prix à La Mostra de Venise. De tous les comédiens de cette Jument verte, c’est lui qui donne le plus d’humanité et de nuances à son personnage. Aurenche dira d’ailleurs de Bourvil qu’il avait parfaitement compris qui était Honoré Haudouin. Le comédien tempère le coté frustre de son rôle, y ajoute une vraie douceur non sans ambiguïté. On sent une sensualité joyeuse l’étreindre mais aussi sa tendresse pour sa femme. On devine le déshonneur mal lavé sur son visage et l’héroïsme un peu mutique d’un homme qui garde ses convictions chevillées au corps.

Face à lui, dans le rôle de son frère le vétérinaire, Francis Blanche en rajoute sans cesse dans l’aspect veule et faux bonhomme de son personnage de "Tartuffe" et de "peine à jouir". Valérie Lagrange, dont c’était le premier rôle, tente en vain de s’affranchir de la direction très outrée donnée par le cinéaste. Elle en prit sérieusement pour son grade et Autant-Lara, célèbre pour ses colères et ses crises de nerfs, redoubla d’insultes, la traitant devant tout le monde de « salope » pour la faire marcher droit. Dans un comique de répétition insistant, un personnage campe le rôle de la Providence. C’est celui du facteur Déodat interprété par Achille Zavatta qui ressurgit toujours pour sauver les êtres au moment de leur chute. Il donne surtout à penser une forme de traditionalisme qui ne veut pas mourir, une valeur ancestrale pour veiller sur ses ouailles et les arracher tout à fait, comme un garde-fou, à l’animalité à laquelle chacun s’adonnent. Il est également le héros de la meilleure scène du film : un repas à la limite de l’absurde.

Il est vraiment curieux de regarder aujourd’hui ce film qui ressemble à un vieux canevas dès les premières images. Les teintes sont pisseuses, les contrastes absents. On sent la reconstitution en studio, l’artificialité des décors, le ton est sur-joué, les acteurs exprimant haut et fort leurs avis et leurs pensées. On verse immédiatement dans le graveleux et la gaudriole : alors qu’un jeune peintre s’exécute à immortaliser la bête de foire, il séduit une fille qu’il part culbuter dans les foins. Aurenche et Bost s’intéressent moins à la sexualité de leurs personnages, et donc à leurs frustrations et à leurs désirs, qu’à ce qu’elle pourrait avoir de drôle, de choquant pour le bourgeois. Mais sans cesse Bourvil atténue la lourdeur du calembour. Même quand il contemple lascivement le cul de sa bourgeoise, il apporte une nuance à la blague de régiment : il démontre derrière ses manières grossières une forme d’amour résigné pour elle.

Il y a pour autant dans ce film, qui fut en son temps classé pornographique ou censuré dans certaines villes de province (où il provoqua des manifestations de bourgeois et de chrétiens offusqués), une certaine bonhomie qui ne manque parfois pas de charme. On a souvent l’impression que les trois vainqueurs de la Qualité Française s’adonnent à de bonnes blagues simplement pour s’amuser et tirent dans le tas pour revendiquer la verdeur de leur art. Sans complexes, ils jouent à faire tout ce que bon leur semble sans donner l’impression d’avoir des comptes à rendre. Réalisé cinq ans après le fameux article de Truffaut, "Une Certaine Tendance du Cinéma Français", le film compile toutes les tares dont le jeune critique les paraît. Autant-Lara, qui a toujours revendiqué sa liberté et son désir de n’appartenir à personne, semble se foutre de ces griefs comme de sa première chemise. Il fait son film comme il l’entend, en semblant même renchérir dans le coté odieux et blasphématoire dont parlait Truffaut. Pour exemple, le critique remarquait qu’il y avait toujours un enterrement dans les films d’Aurenche et Bost. Dans La Jument verte, il y en a deux. Cette humeur festive, je-m’en-foutiste et un peu aigre à la fois, apporte au film une violence revendicatrice vaguement anar. Les couleurs violentes du Technicolor à Papa, des décors baignés de soleil, font ressurgir la grossièreté roublarde de l’ensemble où tout est montré sans tricher. Bref, on a l’impression parfois que La Jument verte ressemble à une manière pour ses auteurs de dire à leurs critiques qu’ils les emmerdent. Une façon pour ces auteurs vieillissants de se foutre de ces petits jeunots prétentieux qui se croient capables de faire du cinéma.

Si dans le roman, la jument était le témoin de l’intérieur de tout ce petit théâtre honteux du quotidien, elle n’a que peu d’importance dans le film. Elle l’ouvre en fanfare et sert simplement de prétexte à quelques scènes plus méchantes que choquantes. Ainsi, la manière dont la famille parle de l’animal alors que le cadavre du père repose face à eux sur le lit où la mère sera très vite violée "avec consentement" par un Prussien. On l’utilise pour présenter le sombre Zèphe Maloret qui traite sa vache de « salope » parce qu’elle n’est pas bleue. Elle sert aussi à quelques blagues misogynes quand, par exemple, une fille rit en se faisant culbuter et que ses gloussements se superposent aux hennissements de la bête. Calembour qui sera réutilisé plus tard quand Honoré se fera houspiller par son épouse. Ainsi, les femmes seraient semblables à des juments qui gloussent ou critiquent. On peut aussi regretter une scène qui avait été imaginée et tournée où Bourvil rentrait dans le tableau et voyait la Jument verte se transformer en une femme fort désirable. Plus tard, Autant Lara dira à propos de cette scène qui fut censurée que c’était une « bourde ».

Comme le pensait déjà Truffaut en 1954, si tout est là pour choquer, il y a une forme de convenance de ce qui "choque". La Jument verte est une superproduction de son temps où la grossièreté des jurons et le sens du blasphème visent plutôt le succès facile. La charge aurait été d’autant plus violente si les personnages n’avaient pas été observés d’aussi haut, avec si peu d’estime. Ils évacuent également le tableau de la guerre de 70. Chez Aymé, il y a une peinture complexe du milieu qu’il observe et une vérité psychologique sous chaque personnage. Ici, les trois auteurs se servent de ce roman pour jouer aux anars bileux et injurieux sans jamais donner de vraie cohérence stylistique à l’ensemble. Ils évacuent ce qu’il y avait de fantaisiste dans le roman. La Jument n’a aucun intérêt sinon pour marquer de chance ou d’infortune les personnages. Seule parfois la musique, le fifre prussien, offre quelques moments réussis même si très discutables sur le fond : ainsi la séquence du viol "à la hussarde" de la mère. Voire quelques scènes d’échanges entre les jeunes amants. Mais sans cesse, la paillardise facile et les blagues dignes des Grosses Têtes empêchent que l’on s’attache à quiconque ou que l’on s’interroge sur leurs destins.

Si bien que cette Jument verte paraît aujourd’hui comme un vilain canevas, souvenir de l’agonie d’un carcan français, pourtant parfois si inspiré et si important historiquement. C’est l’œuvre d’auteurs qui s’amusent avec facilité de ce qui les font encore rire et revendiquent en même temps la pérennité de leur art qu’ils sentent peut être en train de disparaitre. Le film n’est pour autant jamais nostalgique, mais il sent l’aigreur et la bile à chaque plan. L’insistance accordée au personnage de Déodat peut faire penser que les trois auteurs continuent de croire qu’il y a des valeurs ancestrales auxquelles il faut encore faire confiance. Mais comme le personnage, à l’instar de tous les autres, n’est que typé et peu exploré, on ne sait même pas à quelles valeurs se réfère Autant-Lara. Le cinéaste ne retrouve que très rarement la joyeuse charge corrosive de L’Auberge rouge et la force de La Traversée de Paris. Et jamais on ne sent une véritable attention portée aux élans du cœur ou des sens qui font encore le prix d’un film comme Le Blé en herbe qui fut pourtant très abîmé par les jeunes Turcs des Cahiers du Cinéma.

© Frédéric Mercier

Source : dvdclassik.com

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Anecdotes

Lors de sa sortie, ce film fait un tel scandale que l'évêque de Tulle obtient son interdiction en Corrèze.
Le film a été interdit aux moins de 21 ans à Tours ; les projections se faisaient lumières de salle allumées.
Le Comité Catholique du Cinéma a classé ce film à la « cote morale 5 », soit la plus élevée, celle d'un film déclaré à proscrire.
Et pourtant, la censure a usé des ciseaux avant sa sortie. Les cinéphiles auraient aimé qu'une sortie du film se fasse plus tard en version intégrale et originale – mais où sont maintenant les extraits coupés ? – On pouvait voir un extrait retiré dans la bande-annonce en 1959.

Source : Wikipedia

 

 

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