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Histoire d'une Expedition .Fram route du Pôle

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Atteindre les pôles : un défi de toujours dans l’imaginaire des hommes. La véritable course commence au XIXe siècle. Scientifiques, navigateurs, aventuriers… tous ont une seule idée en tête : aller planter le drapeau de leur pays sur ces territoires encore vierges.

Mais ces terres gelées ne sont pas de celles qui se laissent apprivoiser facilement et nombreux verront leur rêve brisé.

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Ce texte de  Chantal Edel

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est issu de la revue trimestrielle Reliefs.

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Au milieu de l’océan glacial Arctique, 700 kilomètres de la terre la plus proche, c’est le point géographique situé à 90° de latitude nord et réunissant toutes les longitudes.

Qu’ils soient du nord ou du sud, depuis des millénaires, les pôles ont suscité de spectaculaires expéditions, qui ont donné lieu à une illustration fantasmagorique montrant les rudes conditions d’exploration. Les livres présentant les voyages apparaissent. Ils sont vecteurs de rêves, surtout lorsqu’ils sont illustrés de gravures. Vers le milieu du XIXe siècle, les premiers magazines illustrés sont publiés - en particulier Le Tour du Monde, dont le fondateur, Edouard Charton, avait créé et dirigé le premier illustré français, Le Magasin pittoresque.

Tout est à conquérir aux extrémités de la terre. Fascination des pôles qui, depuis des millénaires, ont attiré navigateurs, aventuriers et scientifiques, où beaucoup laissèrent leur vie. Comme l’a écrit Paul-Emile Victor : ils y avaient trouvé « la graine de leurs rêves ».

Ces explorateurs pugnaces partis dans les parages de l’océan Arctique et baptisant de leurs noms chenaux, bassins, montagnes, pics ou terres, ayant tout quitté sans savoir s’ils reviendraient, ont préparé la voie. Peary et Cook qui se disputèrent en 1909 la paternité de la première conquête du pôle. L’affaire fait grand bruit puis se politise. Par 4 voix contre 3 le Congrès déclare finalement Peary vainqueur.

Premières tentatives pour atteindre les pôles et premiers échecs

7 juillet 1881, Saint-Jean de Terre-Neuve (dans la baie d’Hudson, située dans l’océan Atlantique), le navire Proteus quitte le port. A son bord : le major Adolphus Greely et vingt-cinq hommes, partant pour une mission scientifique américaine. Le bateau parvenu au Groenland, embarque un médecin français, le Dr Octave Pavy et deux Groenlandais.

En août 1881, les membres de l’expédition s’installent au nord-est du Groenland, dans la station la plus septentrionale de l’Île d’Ellesmere, Fort Conger, afin d’entreprendre des observations météorologiques et magnétiques, et d’atteindre le pôle Nord. Au printemps 1882, le DR Pavy, parti avec deux hommes, atteint 82° 51’N.

Le 29 juillet 1883, l’expédition s’embarque sur une chaloupe à vapeur. Mais les choses se gâtent et les hommes meurent les uns après les autres.

Les sept derniers survivants, dont Greely, sont recueillis sur un phoquier et parviennent épuisés en Amérique en 1884. Lorsque seront découverts les corps rapatriés des victimes de la mission, la presse américaine relatera avec horreur que, pour assurer leur survie, se glissant comme des hyènes au milieu des tombeaux de leurs compagnons, les « affamés du pôle » s’en seraient nourris clandestinement au milieu des ombres les plus noires de la nuit. Quant à Greely, il fut violemment critiqué pour son formalisme et son inexpérience.

 

Adolphus Washington Greely (1844-1935) était un officier militaire américain et un explorateur. Il a dirigé une expédition américaine pour établir une station météorologique au Pôle Nord en 1881.  CORBIS/Corbis via Getty Images

Le directeur du New York Herald, sir Allen Young, décide lui aussi d’envoyer une expédition, confiée au capitaine George De Long, qui serait la première à franchir le passage du Nord-Est et à toucher le pôle Nord. Quittant le port de San Francisco le 8 juillet 1879, embarquent à bord de La Jeannette, en plus de De Long, trente-trois hommes d’équipage. Le bateau prend ensuite la direction de l’océan Pacifique ; De Long voulait atteindre le pôle Nord en empruntant le détroit de Béring. En septembre 1879, l’équipage doit hiverner, le bateau étant pris par les glaces.

En juin 1881, le bateau est broyé sur la banquise qui dérive depuis les îles De Long dans l’océan glacial Arctique. Le 7 septembre, les membres de l’équipage se répartissent sur trois canots dont l’un, avec huit hommes, disparaît corps et biens. En octobre 1881, les deux autres canots, sur lesquels quatorze hommes avaient pu embarquer, accostent dans l’embouchure de la Léna, avec à peine cinq jours de vivres ; commence alors une longue errance qui sépara les deux équipages alors rescapés.

Parmi le premier d’entre eux tous moururent, l’exception de deux matelots, les plus valides, envoyés par De Long en éclaireurs. A l’automne 1881, restaient seuls en vie le Dr Ambler, le cuisinier chinois et De Long. Celui-ci mourra le dernier, après avoir mangé ses souliers guêtres.

Le terrible calvaire qu’ils ont enduré sera connu par le carnet de bord retrouvé intact avec les corps, un an plus tard. Quant aux hommes du second canot, Melville et ses compagnons, rejoints par les deux hommes envoyés par De Long en éclaireurs, ils furent sauvés par des Yakoutes. Tragédie parmi les plus terribles de l’histoire polaire.

Peary ou Cook ? Ni l’un, ni l’autre

La controverse qui reparaît régulièrement reste toujours ouverte par manque de preuves concluantes, depuis le mois de septembre 1909. A New York, à cette époque, pleuvent les dépêches les plus contradictoires, rivalisent les médias et se déchaînent les passions.

« J’ai atteint le pôle Nord le 21 avril 1908 » décrète le docteur américain Frédérick Cook dans un message envoyé au New-York Herald, son mécène. Il a embarqué pour le pôle grâce au financement d’un riche Américain et au patronage de l’Explorer’s Club.

Parti le 3 juillet 1907 du port de New York avec son co-équipier, Franke, il arrive au Groenland et hiverne à Annoatok en août 1907. Les deux compagnons préparent eux-mêmes leur nourriture (en particulier du pemmican, une recette typiquement amérindienne à base de graisse animale et de viande séchée réduite en poudre) et leur équipement (léger et résistant ; pour le couchage, des sacs fabriqués avec des peaux de boeuf musqué ou de phoque). Cook et Franke embarquent avec eux 11 Esquimaux, 11 traîneaux et 103 chiens, ainsi que des piolets, des instruments scientifiques et des vivres pour les hommes et pour les chiens : lait, thé, chocolat, fruits secs.

Le 19 février 1908, le voyage démarre. Ils parviennent dans l’océan glacial Arctique le 18 mars 1908. Frederick Cook se sépare de son compagnon et continue avec deux Esquimaux, qu’il précède à skis, à vive allure. Peu avant la dernière ligne droite, le 21 avril 1908, des photos sont prises et des documents sont glissés dans un tube fiché dans la glace. Un dernier point les situe à 89° 57′ N. Puis Cook retourne à New York où il est fêté comme un héros. Il est donné vainqueur à 90 %, et ses conférences sont très suivies. C’est un des plus prodigieux exploits de l’histoire polaire. Coordonnées et itinéraires susceptibles d’accréditer sa pseudo réussite sont pourtant bien vagues pour une prétendue découverte, la plus attendue depuis des lustres.

Enfin, démesurément lyriques, ses écrits ne sont guère précis. La puissante Société américaine de Géographie et l’université de Copenhague, n’ayant jamais reçu les documents de son expédition, le discréditent d’un « Not proved ».

Le 6 juillet 1908 sur le Roosevelt, avec, entre autres, son précieux et fidèle domestique, Henson, qui l’a suivi dans toutes ses aventures depuis le Nicaragua, Robert Edwin Peary embarque, au Groenland, 40 Esquimaux et autant de traîneaux, ainsi que 236 chiens. Parvenus sur la banquise, il leur faut tirer les traîneaux sur les hummocks (reliefs de quelques dizaines de cm de hauteur) et éviter les crevasses et les chenaux d’eau douce.

Le 1er mars 1909, c’est le départ pour le pôle. 4 mars :89° N, le rythme s’accélère sur une glace quasiment lisse, par -40 °C, avec un air « brûlant le visage à le faire craquer. »

Même les Esquimaux se plaignaient. Arrivés dans l’océan glacial Arctique, il ne reste plus, seuls en lice pour atteindre le pôle, que Peary, Henson et quatre Esquimaux.

Le 6 avril 1909, ils atteignent le 89° 57’N. Les notes se font rares et peu précises en ces moments décisifs. Petites pauses et rations doubles pour les hommes et les bêtes. Le drapeau américain est fiché dans la glace, indiquant leur position. Cinq drapeaux américains sont hissés et, dans une bouteille enfouie dans la neige, un message confirme ce succès : « Le Pôle enfin ! Mon rêve, mon but de 20 ans, planter la bannière étoilée sur le sommet du monde, être le vainqueur du dernier grand trophée géographique, j’ai l’honneur de mettre le pôle Nord à votre disposition ».

Il écrit également cela dans un télégramme adressé au futur président des Etats-Unis, William Taft, pour le New York Times et le National Geographic Magazine et d’ajouter : « Cook n’est jamais allé au Pôle, ni le 21 avril ni à une autre date.

Il a simplement escroqué le public ». Alors que ce dernier avait demandé au New York Herald de « transmettre à Peary [mes] chaleureuses félicitations pour sa réussite ». Si le Congrès décrète finalement Peary vainqueur, en raison d’un dossier autrement plus conséquent, lequel croire des deux?

 

Polémique au pôle Nord, les explorateurs américains Frederick Cook (1865-1940) et Robert Edwin Peary (1856-1920) se disputent le mérite de la découverte du pôle Nord, Illustration du journal français Le Petit Journal, 19 septembre 1909 Leemage/UIG via Getty Images

Moustache givrée, regard d’acier, tel est le portrait de Peary, le protagoniste favori du pôle. La National Geographic Society, soutint que « le plus sévère de ses critiques ne peut nier que Peary toucha de près son but » ; alors que, réévalué dans les années 1980, compte tenu du témoignage négatif d’un Esquimau, du renvoi trop rapide du capitaine Bartlett et de Marvin, seuls aptes à faire un point et de la rapidité de son voyage, son exploit est considéré comme impossible. Hergé, lui, dans L’Étoile mystérieuse baptise Peary le navire d’une autre rivalité (le professeur Calys envoie en effet une expédition scientifique sur le Peary qui fomente plusieurs coups bas contre L’Aurore, le bateau dans lequel Tintin part en expédition pour l’Arctique).

Courut longtemps cette boutade : « Cook était un gentleman et un menteur, Peary n’était ni l’un ni l’autre ». Etait écrit sur un dessin montrant l’oncle Sam, jumelles pointées vers le nord : « Après tout que ce soit Peary ou Cook, le vainqueur est Américain » . Et donc, Peary ou Cook ? Ni l’un ni l’autre.

Cet article est extrait de la revue RELIEFS. Ce deuxième numéro est consacré aux "Pôles" avec un entretien de Reinhold Messner, la conquête des territoires polaires, les expéditions scientifiques mythiques, Jean-Louis Étienne et l'appel des blancs déserts, l'avenir des peuples polaires ainsi qu'une rencontre avec Jean Malaurie. 192 pages, prix : 19,99 €, disponible actuellement chez les marchands de journaux.

Reliefs tient à rendre hommage à Chantal Edel, l'auteure de cet article, décédée le 9 avril 2018

 

DR

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En Arctique, des paysages enfouis depuis plus de 40 000 ans ont refait surface

 

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Javier Cacho
Scientifique et écrivain.

Auteur d’un essai sur Fridtjof Nansen

siècle, de nombreux explorateurs s’aventurent au-delà du cercle polaire arctique, en quête du point le plus septentrional de la planète. L’Américain Robert Peary affirma l’avoir atteint en 1909.

Le caractère inhospitalier des régions polaires constitua pendant des millénaires un obstacle quasi infranchissable à tout être humain. Seule une petite communauté esquimaude était établie en lisière du pôle Nord géographique, mais l’extrême pauvreté de leur mode de vie ne présentait que peu d’attraits pour les négociants vivant sous d’autres latitudes.

C’est ainsi que toutes ces régions se retrouvent isolées et ignorées pendant des siècles, jusqu’à ce que la présence d’un grand nombre de cétacés dans les mers autour de l’Arctique suscite la convoitise de l’industrie baleinière. Cependant, si les baleiniers en quête de proies s’approchaient des confins de ce monde glacé, aucun n’allait vers le nord. Cela n’aurait eu aucun sens puisqu’il n’y avait rien là-bas. Le pôle Nord n’était qu’une abstraction géographique, un point – à 90° de latitude – sans réelle valeur, aussi éloigné que l’est la Lune du quotidien des hommes.

Tout change à la fin du XVIIIe siècle. L’intérêt des gouvernements pour l’exploration grandit, et les marchands ne sont plus seuls à fréter des bateaux dans un but strictement commercial. La marine envoie également des navires pour défendre ses intérêts géostratégiques. Et puis la science occupe une place accrue dans ces voyages. Enfin, l’opinion publique commence à s’intéresser aux expéditions à caractère géographique, notamment à celles menées dans l’environnement le plus inhospitalier de la planète : la banquise.

C’est dans ce contexte qu’à la fin des guerres napoléoniennes, la Grande-Bretagne – puissance hégémonique de l’époque – entreprend plusieurs explorations polaires. Certaines prennent la direction du nord, mais sans manifester de grand intérêt pour le pôle. Leur objectif étant simplement d’atteindre le détroit de Béring (qui sépare l’Asie de l’Amérique) en traversant l’Arctique, que l’on pensait être alors une mer ouverte ceinturée de glaces. Quoi qu’il en soit, ces expéditions n’apportent pas d’avancées majeures. La glace bloque les navires, et lorsque les navigateurs décident d’abandonner leurs bateaux et de continuer en tirant leurs traîneaux, ils sont désorientés en découvrant que la banquise, cette masse de glace flottante sur laquelle ils avancent au prix de tant d’efforts, se déplace souvent en sens inverse. De sorte que quand ils font halte pour se reposer, la banquise les fait reculer comme s’ils avançaient dans le sens contraire de la marche sur un tapis roulant.

À la recherche de Franklin

L’objectif de la plupart des expéditions britanniques était de localiser le passage du Nord-Ouest, la voie reliant l’océan Atlantique et l’océan Pacifique par l’Amérique du Nord. En 1845, l’une de ces expéditions dirigée par sir John Franklin disparaît avec deux bateaux et plus d’une centaine d’hommes. La tragédie émeut la société anglo-saxonne et, pendant une dizaine d’années, plus d’une centaine de navires partent à la recherche de l’expédition perdue. Certains navires appartenaient à la marine militaire, d’autres étaient affrétés par des magnats nord-américains ou de riches Anglais, tous sillonnant en vain le labyrinthe d’îles et de canaux de l’Arctique canadien pour retrouver la piste des disparus.

Lorsqu’un navire appartient à la marine, le capitaine doit respecter scrupuleusement les instructions reçues ; de même que s’il remplit une obligation commerciale, il doit veiller aux intérêts des armateurs. Mais lorsque le but est de localiser des naufragés dont personne ne sait où ils se trouvent, le capitaine peut prendre des décisions qui, dans tout autre cas, ne seraient pas autorisées.

C’est ce que fait en 1852 Edward Inglefield, le capitaine de l’un des navires engagés dans la recherche de l’exploration disparue. Au cours du voyage, il décide de mener ses recherches dans le détroit de Smith, qui se trouve sur le versant occidental du -Groenland en direction du nord. Une fois arrivé sur place, il affirme avoir été saisi de « la singulière idée d’atteindre le pôle ». Il ne retrouve pas les navires perdus, il n’atteint pas le pôle, et les glaces ne lui permettent pas d’avancer. Il racontera cependant avoir vu des eaux ouvertes non loin vers le nord.

Le mythe de la mer polaire

L’idée d’accéder à une mer polaire ouverte et d’atteindre le pôle Nord en naviguant par ce détroit prend forme dans l’esprit de nombreux aventuriers nord-américains, qui réussissent à convaincre quelques-unes des grandes fortunes de ce jeune pays prospère de financer leur rêve de gloire. Au cours des deux décennies suivantes, plusieurs expéditions américaines vont essayer de traverser en passant par cette voie.

Toutes doivent livrer une rude bataille contre le froid, la faim et l’épuisement. En dépit d’innombrables dangers et souffrances, ces hommes tentent inlassablement de battre les records de leurs prédécesseurs jusqu’à ce que les glaciers implacables finissent par emprisonner et écraser leurs bateaux, anéantissant leurs espoirs, et qu’ils finissent par rentrer, défaits, sur de fragiles embarcations quand ce n’est pas sur un iceberg. Certains parcourent plus de 2 000 km avant d’être secourus par un baleinier. […]

 

 

Fils d'un armateur, Amundsen naquit près de Christiania (actuelle Oslo) en Norvège en 1872. En 1893, il abandonna ses études de médecine à l'université d'Oslo et s'engagea comme marin sur le phoquier Magdalena pour un voyage dans l'océan Arctique. Après plusieurs voyages, il devint second et quand il n'était pas en mer, il s'entraînait au ski de fond dans le rude environnement du plateau de Hardangervidda en Norvège4. En 1896, inspiré par les exploits polaires de son compatriote Fridtjof Nansen, Amundsen rejoignit l'expédition antarctique belge en tant que second capitaine du Belgica d'Adrien de Gerlache de Gomery.

Au début de l'année 1898, le navire fut pris dans les glaces de la mer de Bellingshausen et resta bloqué durant près d'un an. L'expédition devint ainsi, involontairement, la première à passer un hiver complet dans les eaux de l'Antarctique et la vie de l'équipage fut marquée par la dépression, la malnutrition, la folie et le scorbut. Amundsen nota tout ce qui se passait et exploita cette expérience pour mieux maîtriser les aspects des techniques d'une exploration polaire, en particulier l'habillement, l'alimentation et la médecine7.

Le voyage du Belgica marqua le début de l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique6 et fut rapidement suivi par d'autres expéditions, britanniquessuédoisesallemandes et françaises. Cependant, à son retour en Norvège en 1899, Amundsen tourna son attention vers le nord. Confiant dans ses capacités à mener une expédition, il planifia une traversée du passage du Nord-Ouest, la voie maritime alors non cartographiée reliant l'Atlantique au Pacifique à travers le labyrinthe formé par les îles du nord du Canada.

Après avoir gagné ses galons de capitaine, Amundsen acheta un petit sloop, le Gjøa, qu'il adapta à un voyage dans l'Arctique. Grâce au mécénat du roi Oscar II de Suède et de Norvège et au soutien de Nansen, il rassembla suffisamment d'argent pour prendre la mer en juin 1903 avec un équipage de six marins

 Le voyage dura jusqu'en 1906 et fut couronné de succès ; le passage du Nord-Ouest qui avait attiré les marins depuis des siècles avait finalement été vaincu. À 34 ans, Amundsen devint un héros national et un explorateur polaire de premier plan.

Les expéditions polaires à la fois dans le Nord et le Sud étaient nombreuses à cette époque. En novembre 1906, l'Américain Robert Peary revint de son dernier voyage infructueux vers le pôle Nord et revendiqua avoir atteint le Farthest North de 87° 6′, un record dont la validité fut disputée par les historiens ultérieurs. Il commença immédiatement à rassembler des fonds pour une nouvelle tentative.

En juillet 1907, Frederick Cook, un ancien compagnon d'Amundsen à bord du Belgica, partit vers le Nord, officiellement pour une expédition de chasse, mais les rumeurs disaient qu'il s'agissait d'une tentative pour atteindre le pôle.

Un mois plus tard, l'expédition Nimrod d'Ernest Shackleton prit la mer pour l'Antarctique tandis que Robert Falcon Scott préparait une autre expédition si celle de Shackleton échouait13Amundsen ne voulait pas laisser le champ libre aux Britanniques dans le Sud et il envisagea secrètement de mener une expédition en Antarctique même si son objectif officiel restait le pôle Nord.

Préparatifs

Nansen et le Fram

Fridtjof Nansen, dont la dérive dans l'Arctique entre 1893 et 1896 inspira Amundsen.

En 1893, Fridtjof Nansen avait mené son navire Fram dans la banquise de l'océan Arctique au nord de la côte sibérienne pour qu'il soit bloqué et que sa dérive vers le Groenland le rapproche du pôle Nord.

La dérive ne permit pas cela et une autre tentative aux côtés de Hjalmar Johansen pour l'atteindre à pied échoua également Néanmoins, la stratégie de Nansen servit de base pour les plans d'Amundsen. Il raisonna que s'il entrait dans l'océan Arctique via le détroit de Béring, bien à l'ouest du point de départ de Nansen, son navire dériverait plus au nord et passerait au-dessus ou à proximité du pôle

Amundsen consulta Nansen qui insista sur le fait que le Fram était le seul à convenir pour une telle entreprise. Ce navire avait été conçu et construit entre 1891 et 1893 par Colin Archer, un fameux architecte naval, qui avait suivi les instructions de Nansen pour qu'il résiste de manière prolongée aux conditions extrêmes du climat arctique. S

a caractéristique la plus distinctive était sa coque ronde qui, selon Nansen, permettait au vaisseau de « glisser comme une anguille hors de l'étreinte de la glace». Pour accroitre la résistance, la coque était gainée avec du chlorocardium d'Amérique du Sud, le bois disponible le plus dur et des poutres de renforts étaient placée sur toute sa longueur. Le navire avait une largeur de 11 mètres pour une longueur totale de 39 mètres ce qui lui donnait une apparence trapue très marquée.

Cette forme améliorait la résistance à la glace mais dégradait ses performances en mer où il avançait lentement et avait tendance au roulis. Cependant, son apparence, sa vitesse et ses qualités maritimes étaient accessoires par rapport à son objectif de fournir un abri sûr à l'équipage durant un périple pouvant se prolonger plusieurs années

Le Fram était ainsi sorti quasiment intact de son expédition de trois ans dans les glaces polaires. À son retour, il avait été rééquipé avant d'être utilisé sous le commandement d'Otto Sverdrup durant quatre années pour cartographier 260 000 km2 de territoires inhabités dans les îles du Nord du Canada. Après la fin du périple de Sverdrup en 1902, le Fram fut mis en réserve à Christiana.

Bien que le navire fût officiellement la propriété de l'État norvégien, il était tacitement reconnu que Nansen gardait la priorité sur son utilisation. Après son retour de l'Arctique en 1896, il avait envisagé de mener le Fram dans une expédition en Antarctique mais en 1907 il avait abandonné ce projet. En septembre 1907, il convoqua Amundsen chez lui et l'autorisa à utiliser le navire.

Plans initiaux

Roald Amundsen rendit publics ses plans dans une réunion de la société norvégienne de géographie le 10 novembre 1908. Il prendrait le Fram, contournerait le cap Horn, se ravitaillerait à San Francisco avant de rejoindre Point Barrow en Alaska en traversant le détroit de Béring.

De là il entamerait une dérive qui se prolongerait sur quatre ans. L'exploration se devait d'être géographique mais aussi scientifique et des observations continues devaient permettre, espérait Amundsen, d'expliquer plusieurs problèmes irrésolus

 Le plan fut reçu avec enthousiasme et, le lendemain, le roi Haakon VII de Norvège ouvrit une souscription avec un apport de 20 000 couronnes. Le 6 février 1909, le parlement norvégien approuva une subvention de 75 000 couronnes pour rééquiper le navire. La levée de fonds et la gestion de l'expédition étaient placées dans les mains du frère d'Amundsen, Leon, de façon que l'explorateur puisse se concentrer sur les aspects techniques de l'expédition

En mars 1909, il fut annoncé qu'Ernest Shackleton avait atteint la latitude sud de 88° 23′, à moins de 150 kilomètres du pôle, avant de faire demi-tour ; Amundsen remarqua qu'il « restait un petit coin » au Sud. Il fut sans réserves dans ses félicitations concernant la réussite de Shackleton et il écrivit qu'il le considérait comme l'équivalent au Sud de ce qu'avait été Fridtjof Nansen au Nord. À la suite de cette tentative manquée, Robert Scott confirma immédiatement son intention de mener une expédition (baptisée Terra Nova) qui explorerait ce « petit coin » et revendiquerait le trophée au nom de l'Empire britannique.

Équipe

Roald Amundsen, le chef de l'expédition.

Amundsen choisit trois lieutenants de vaisseau comme officiers de son expédition : Thorvald Nilsen, un navigateur qui serait commandant en second, Hjalmar Fredrik Gjertsen et Kristian Prestrud. Gjertsen, malgré son manque d'expérience en ce domaine, devint le médecin du groupe et fut envoyé en « apprentissage éclair » de chirurgie et de dentisterie.

Un artilleur de marine, Oscar Wisting, fut accepté sur les recommandations de Prestrud qui louait ses capacités à s'adapter à de nombreuses situations. Même s'il avait peu d'expérience avec les chiens de traîneaux, Amundsen écrivit que Wisting avait développé « sa propre méthode » avec eux et il devint un vétérinaire amateur efficace.

L'un des premiers choix pour l'équipe était Olav Bjaaland, un champion de ski et un charpentier et fabricant de skis expérimenté

 Bjaaland était de Morgedal dans le comté de Telemark en Norvège, une région renommée pour les prouesses de ses skieurs et pour avoir accueilli le pionnier des techniques modernes, Sondre Norheim35. Amundsen partageait avec Nansen la conviction selon laquelle les chiens de traineaux étaient le moyen de transport le plus adapté dans l'Arctique et il était déterminé à recruter les meilleurs conducteurs de traîneaux. Helmer Hanssen, qui avait prouvé sa valeur lors de l'expédition Gjøa, accepta de repartir avec Amundsen

 Il fut ensuite rejoint par Sverre Hassel, un expert cynophile et un vétéran du voyage de Sverdrup à bord du Fram entre 1898 et 1902, qui prévoyait initialement de ne voyager avec Amundsen que jusqu'à San Francisco37. Conscient de la valeur d'un cuisinier compétent, Amundsen s'assura les services d'Adolf Lindstrøm, un autre vétéran de Sverdrup qui avait cuisiné à bord du Gjøa

De son expérience à bord du Belgica et du Gjøa, Amundsen avait appris l'importance d'avoir des compagnons stables et conciliables lors de périples prolongés et avec ces personnes expérimentées, il pensait qu'il avait le cœur de son expédition. Il continua de recruter tout au long de l'année 1909 ; l'équipage du Fram compterait finalement 19 personnes. Toutes étaient des choix personnels d'Amundsen sauf Hjalmar Johansen qui avait été pris à la demande de Nansen.

Depuis sa marche épique avec Nansen, Johansen avait été incapable de se stabiliser. Malgré les efforts de Nansen et d'autres pour l'aider, sa vie était devenue une spirale infernale marquée par l'alcoolisme et les dettes.Nansen voulait offrir une dernière chance à son camarade de prouver qu'il était efficace sur le terrain ; Amundsen accepta Johansen à contre-cœur.

Parmi les autres membres de l'équipage du Fram figurait Alexandre Koutchine, un élève de l'océanographe Bjørn Helland-Hansen. Il devint le premier Russe à poser le pied en Antarctique (Bellingshausen et Lazarev avaient découvert le continent en 1820 mais n'avaient jamais accosté).

Alors que l'expédition d'Amundsen se rendait vers le pôle Sud, Kuchin resta à bord du navire et réalisa une étude océanographique de l'océan Austral. Il rentra en Norvège avec un autre navire depuis Buenos Aires pour rapporter ces informations à Helland-Hansen et peu après il périt lors d'une tentative pour franchir le passage du Nord-Est avec Vladimir Roussanov.

Changements de plan

Robert Falcon Scott, le rival involontaire d'Amundsen dans la conquête du pôle Sud.

En septembre 1909, les journaux rapportèrent que Frederick Cook et Robert Peary revendiquaient chacun d'avoir atteint le pôle Nord, Cook en avril 1908 et Peary un an plus tard. une querelle déclarée entre les deux ne s'éteignit jamais. Interrogé, Amundsen évita de se prononcer en faveur de l'un ou de l'autre des explorateurs mais présuma que « quelque chose resterait à faire ».

Même s'il évitait la controverse sur l'une ou l'autre des revendications, il comprit immédiatement que ses propres plans étaient sérieusement affectés. Sans le charme de la « conquête » du pôle, il était difficile de conserver l'intérêt du public ou ses financements et il écrivit : « Si l'expédition devait être sauvée… il ne me restait plus d'autres choix que d'essayer de résoudre le dernier grand problème, le pôle Sud ». La dérive dans l'Arctique pouvait attendre « un an ou deux » après que le pôle Sud aurait été atteint.

Roald Amundsen ne rendit pas public son changement de plan. Comme le biographe de Scott l'écrivit, le financement public et privé était destiné à des travaux de recherche dans l'Arctique et il n'y avait aucune garantie que les soutiens comprennent ou acceptent la volte-face proposée

. De plus, le changement d'objectif pouvait pousser Nansen à annuler l'emploi du Fram ou le parlement norvégien à mettre un terme à l'expédition par peur d'offenser les Britanniques. Amundsen ne présenta ses intentions qu'à son frère, Leon, et à son commandant en second, Nilsen. Ce secret entraina des situations gênantes ; Scott avait envoyé des instruments à Amundsen pour que les deux expéditions puissent réaliser des mesures comparatives aux deux pôles. Lorsque Scott, alors en Norvège pour tester ses traineaux motorisées, téléphona à la maison d'Amundsen pour discuter d'une coopération, le Norvégien ne répondit pas.

Le calendrier de l'expédition secrètement modifié imposait au Fram de quitter la Norvège en août 1910 et de faire sa seule escale sur l'île de Madère. De là le navire se rendrait directement vers la mer de Ross en Antarctique avant de se diriger dans la baie des Baleines, un port naturel de la barrière de Ross (alors appelé la « Grande Barrière de Glace ») où Amundsen avait prévu d'installer son camp de base. La baie des Baleines était le point le plus au sud de la mer de Ross que le navire pouvait atteindre, 110 kilomètres plus proche du pôle que la base de départ de Scott dans le détroit de McMurdo, 800 km plus à l'ouest.

En 1907-1909, Shackleton avait considéré que la glace de la baie des Baleines était instable mais en étudiant ses documents, Amundsen conclut que la barrière était posée sur des bancs de sable et de récifs. Elle pouvait donc accueillir une base sûre et sécurisée. Après avoir déposé l'équipe réduite à quelques hommes seulement sur la glace où ils allaient installer leur base, le Fram devait réaliser des travaux océanographiques dans l'océan Atlantique avant de revenir la récupérer au printemps suivant

Transport, équipement et ravitaillement

Amundsen habillé pour l'Antarctique : « Une tenue sans beaucoup de panache mais chaude et résistante».

Amundsen ne comprenait pas l'apparente aversion des explorateurs britanniques envers les chiens ; il écrivit plus tard : « Est-ce le chien qui n'a pas compris son maître ? Ou est-ce le maître qui n'a pas compris le chien? » 

Après avoir décidé d'aller vers le Sud, il acheta 100 chiens d'attelage du Nord du Groenland, les meilleurs et les plus résistants disponibles. En plus de leur durabilité en tant que bêtes de somme, les chiens pouvaient être abattus pour nourrir les autres chiens ou les membres de l'expédition. Contrairement à Scott qui misait sur ses poneys de Mandchourie, il refusa de se servir de chevaux.

Les chaussures de ski de l'expédition, conçues spécialement par Amundsen, étaient le résultat de deux années d'essais Une partie des vêtements étaient fabriqués en peau de phoque du Nord du Groenland et conçus selon le style des Inuits Netsilik avec des peaux de rennes, de loup et des tissus Burberry ainsi que des gabardines. Les traîneaux étaient construits avec du frêne norvégien et du caryer américain.

Les skis, également réalisés en caryer, étaient particulièrement longs pour éviter de glisser dans des crevasses. Les tentes, « les plus résistantes et les plus pratiques à avoir jamais été utilisées», avaient des planchers intégrés et ne nécessitaient qu'un seul mât. Pour faire la cuisine durant le périple, Amundsen choisit le réchaud suédois Primus plutôt que le réchaud spécial inventé par Fridtjof Nansen car il considérait que ce dernier prenait trop de place

À bord du Belgica, Amundsen avait appris les dangers du scorbut. Même si la véritable cause de la maladie, une déficience en vitamine C, n'était pas connue à l'époque, on savait qu'une consommation régulière de viande fraîche permettait de l'éviter. Pour neutraliser le danger, Amundsen planifiait d'associer les rations avec de la viande de phoque.

Il commanda également un pemmican spécial contenant des légumes et de la farine d'avoine, « il serait impossible de trouver une nourriture plus stimulante, appétissante et nourrissante ». L'expédition emportait également une bonne quantité de vins et de spiritueux, pour un usage médical et festif. Conscient de la baisse de moral et la perte de confiance à bord du Belgica, Amundsen prévit une bibliothèque d'environ 3 000 livres, un gramophone avec de nombreux enregistrements et plusieurs instruments de musique

Départ

Le Fram en Antarctique.

Dans les mois précédant le départ, les financements devinrent difficiles à trouver. L'affaire ne semblait pas susciter l'intérêt du public, les accords avec les journaux furent annulés et le parlement refusa une demande de 25 000 couronnes supplémentaires. Amundsen dut mettre une hypothèque sur sa maison ; lourdement endetté, il dépendait complètement de la réussite de l'expédition pour éviter une faillite personnelle.

Après une croisière d'essai d'un mois dans l'Atlantique Nord, le Fram se rendit à Kristiansand à la fin du mois de juillet 1910 pour embarquer les chiens et achever les préparatifs. Il y reçut une offre d'aide de Peter « Don Pedro » Christopherson, un expatrié norvégien vivant en Argentine dont le frère était ambassadeur à Buenos Aires : du carburant et des provisions pour le Fram à Montevideo ou à Buenos Aires, offre qu'Amundsen accepta avec gratitude.

Juste avant le départ le 9 août, Amundsen révéla la véritable destination de l'expédition aux deux officiers subalternes, Prestrud et Gjertsen. Lors de la traversée de quatre semaines vers Funchal sur l'île de Madère, un sentiment de doute se développa au sein de l'équipage qui ne comprenait pas certains préparatifs et dont les questions recevaient des réponses évasives de la part des officiers. Le biographe d'Amundsen Roland Huntford écrivit que cela était « suffisant pour générer de la suspicion et affaiblir le moral».

Le Fram arriva à Funchal le 6 septembre. Trois jours plus tard, Amundsen informa l'équipage de son nouveau plan. Il leur dit qu'il voulait réaliser « un détour » par le pôle Sud sur le chemin du pôle Nord, qui était toujours sa destination ultime, mais qui devrait attendre un peu.

Après cette présentation, chaque homme d'équipage eut la possibilité de quitter le navire mais aucun ne partit Amundsen écrivit une longue lettre d'explications à Nansen en mettant l'accent sur le fait que les revendications de Cook et de Peary sur le pôle Nord avaient été un « coup mortel » à ses plans initiaux. Il demandait son pardon et exprimait l'espoir que sa réussite ferait oublier ses indélicatesse.

Avant de quitter Funchal le 9 septembre, Amundsen avait envoyé un message à Scott pour l'informer de son changement de plan. Le navire de celui-ci, le Terra Nova, avait quitté Cardiff avec beaucoup de publicité et devait arriver en Australie au début du mois d'octobre ;

Amundsen envoya donc son télégramme à Melbourne Aucune information n'était donnée quant aux plans du Norvégien ou de sa destination en Antarctique ; Scott écrivit au secrétaire de la Royal Geographical SocietyJohn Scott Keltie, « Je suppose que nous le saurons en temps voulu ». Les nouvelles du changement de destination d'Amundsen arrivèrent en Norvège au début du mois d'octobre et furent mal accueillies. Bien que Nansen ait donné sa bénédiction et sa totale approbation

 les actions d'Amundsen furent, à quelques exceptions, condamnées par la presse et le public et les financements furent officiellement suspendus. Les réactions britanniques furent évidemment négatives ; l'incrédulité initialement exprimée par Keltie se transforma rapidement en colère et en mépris. Clements Markham, l'influent ancien président de la Royal Geographical Society, écrivit : « J'ai envoyé tous les détails de la conduite sournoise d'Amundsen à Scott…

Si j'étais Scott, je ne les laisserais pas débarquer ». Ignorant des réactions internationales, le Fram navigua vers le sud durant quatre mois. Les premiers icebergs furent aperçus au jour de l'an 1911 ; la barrière de Ross devint visible le 11 janvier et le Fram entra dans la baie des Baleines le 14 janvier.

Première saison, 1910–1911

Framheim

Après que le Fram eut accosté dans un port naturel du sud-est de la baie, Amundsen sélectionna un site pour établir le camp de base à 4,1 kilomètres du navire Six équipes de chiens furent utilisées pour transporter le ravitaillement jusqu'au site pendant que l'érection de l'abri principal commençait. Bjaaland et Stubberud posèrent les fondations profondément dans la glace et aplanirent le terrain alentour.

Comme les vents dominants soufflaient d'est en ouest, la cabane fut érigée suivant un axe est-ouest avec l'entrée orientée vers l'ouest. Le toit fut installé le 21 janvier et six jours plus tard, la cabane était construite.

 À ce moment, un important ravitaillement de viande, dont 200 phoques, avait été acheminé à la base pour approvisionner l'équipe restant sur la côte et pour être répartie sur le chemin du pôle La base fut surnommée Framheim, « la Maison du Fram ».

Au matin du 3 février, le Terra Nova entra à l'improviste dans la baie des Baleines. Il avait quitté la Nouvelle-Zélande le 29 novembre 1910 et était arrivé dans le détroit de McMurdo au début du mois de janvier. Après avoir déposé Scott et son équipe sur place, le Terra Nova et six hommes menés par Victor Campbell étaient partis vers l'est en direction de la terre du Roi-Édouard-VII.

Ce groupe devait explorer ce territoire encore inconnu mais la glace l'avait empêché d'approcher de la côte. Le navire faisait voile vers l'ouest le long de la barrière de Ross pour trouver un endroit où débarquer lorsqu'il rencontra le Fram

 Scott avait auparavant envisagé qu'Amundsen établirait sa base de départ dans la zone de la mer de Weddell, de l'autre côté du continent ; cette preuve que les Norvégiens pourraient commencer la course vers le pôle avec 100 kilomètres d'avance était une perspective alarmante pour les Britanniques. Les deux groupes se comportèrent civilement ; Campbell et ses officiers Harry Pennell et George Murray Levick petit-déjeunèrent à bord du Fram et réciproquement avec un déjeuner sur le Terra Nova.

Amundsen fut rassuré d'apprendre que le Terra Nova n'avait pas de radio car cela aurait mis en péril sa stratégie d'être le premier avec les nouvelles d'une victoire polaire Il fut cependant inquiet quand Campbell lui assura que les traineaux motorisés de Scott donnaient satisfaction. Néanmoins il offrit aux Britanniques d'installer leur base à côté de Framheim pour explorer la terre du Roi-Édouard-VII. Campbell déclina l'offre et retourna au détroit de McMurdo pour informer Scott de la localisation d'Amundsen.

Dépôts de ravitaillement

Des hommes du Fram capturent des phoques.

Au début du mois de février, Amundsen commença à réaliser des voyages à travers la barrière de Ross pour construire des dépôts de ravitaillement en préparation de l'assaut estival sur le pôle Sud. Ces dépôts placés à intervalles réguliers devaient permettre de réduire la quantité de ravitaillement que l'expédition aurait à transporter.

Ces trajets permirent également de tester en conditions réelles le matériel, les chiens et les hommes. Pour le premier voyage, qui commença le 10 février, Amundsen choisit Prestrud, Hanssen et Johansen pour l'accompagner ; 18 chiens tireraient trois traîneaux.

Amundsen laissa des instructions concernant le Fram à Nilsen : le navire devait rejoindre Buenos Aires pour se ravitailler avant d'entamer ses travaux océanographiques dans l'océan Austral puis revenir aussitôt que possible à Framheim en 1912.

Lorsque les quatre hommes commencèrent leur périple vers le sud, leurs seules connaissances de la barrière de Ross étaient tirées des ouvrages des anciens explorateurs et ils anticipaient des conditions difficiles. Ils furent surpris de voir que la surface de la barrière ressemblait beaucoup à celle d'un glacier conventionnel ; ils couvrirent 28 kilomètres le premier jour.

Amundsen nota l'excellent comportement de ses chiens dans ces conditions et s'étonna des réticences britanniques à leur usage. Le groupe atteignit le 80e parallèle sud le 14 février, déposèrent un dépôt de ravitaillement et retournèrent à Framheim le 16 février.

La deuxième expédition de construction de dépôts quitta Framheim le 22 février avec huit hommes, sept traîneaux et 42 chiens.

Les conditions s'étaient fortement dégradées ; les températures moyennes avaient baissé de 9 °C et de la neige épaisse s'était déposée sur la surface de glace. Dans des températures atteignant les −40 °C, l'expédition atteignit le 81e parallèle sud le 3 mars et y établit un deuxième dépôt. Amundsen, Hanssen, Prestrud, Johansen et Wisting continuèrent alors avec les chiens les plus résistants dans l'espoir d'atteindre le 83e parallèle sud mais ils s'arrêtèrent au 82e parallèle sud le 8 mars du fait des conditions climatiques

. Amundsen pouvait voir que les chiens étaient épuisés et avec les traîneaux allégés, les hommes rallièrent rapidement Framheim où ils arrivèrent le 22 mars.

Amundsen voulait déposer plus de ravitaillement au sud avant que l'imminente nuit polaire rende les trajets impossibles et, le 31 mars, un groupe de sept hommes menés par Johansen quitta Framheim pour rejoindre le dépôt du 80e parallèle sud avec six phoques abattus représentant 1 100 kg de viande. Le groupe revint le 11 avril, trois jours après la date prévue, car ils avaient été bloqués par des crevasses.

Dans l'ensemble, les trois dépôts contenaient 3 400 kg de ravitaillement dont 1 400 kg de viande de phoque et 180 L d'huile de paraffine

 Amundsen apprit beaucoup de ces voyages, en particulier du deuxième, lorsque les chiens luttèrent pour tirer les traîneaux lourdement chargés. Il décida d'accroître le nombre de chiens pour l'expédition finale, si nécessaire aux dépens du nombre d'hommes.

Les voyages révélèrent également des tensions entre les hommes, particulièrement entre Johansen et Amundsen. Durant le deuxième trajet, Johansen se plaignit ouvertement de l'équipement ; Amundsen considérait que son autorité avait été attaquée.

Hiver

Sverre Hassel dans le dépôt d'huile de Framheim durant l'hiver 1911.

Le soleil qui se couchait sur Framheim le 21 avril ne reviendrait pas avant quatre mois101Roald Amundsen était conscient de l'ennui et de la perte de moral qui avait marqué l'expédition hivernale du Belgica et, même s'il n'était pas possible de faire du traîneau, il s'assura que le groupe restait actif.

L'une des tâches urgentes était d'améliorer les traîneaux qui ne s'étaient pas très bien comportés durant les voyages pour déposer du ravitaillement. En plus de ceux choisis spécifiquement pour l'expédition, Amundsen avait apporté plusieurs traîneaux utilisés par Otto Sverdrup en 1898-1902 qu'il considérait maintenant comme plus adaptés aux épreuves à venir. Olav Bjaaland réduisit leurs poids d'un tiers en rabotant le bois et en construisant ses propres traîneaux avec des pièces de caryer de rechange.

Les traîneaux adaptés seraient utilisés pour franchir la barrière de Ross tandis que ceux améliorés par Bjaaland seraient utilisés pour les dernières étapes de l'expédition sur le plateau Antarctique.

Johansen prépara les rations (42 000 biscuits, 1 320 conserves de pemmican et environ 100 kg de chocolat) tandis que les autres hommes amélioraient les bottes, les réchauds, les lunettes, les skis et les tentes Pour lutter contre le scorbut, les hommes mangeaient deux fois par jour de la viande de phoque qui avait été congelée en quantité avant l'hiver. Le cuisinier, Lindstrøm, augmentait l'apport en vitamine C avec de la plaquebière et des myrtilles en bouteille et fournissait du pain complet avec de la levure fraîche riche en vitamine B.

Si Amundsen était confiant dans ses hommes et son équipement, il était, selon Hassel, tourmenté par les traîneaux motorisés de Scott et par l'idée que ces derniers emmènent les Britanniques à la victoire.

Avec ce doute en tête, il commença à planifier le périple vers le pôle Sud dès que le Soleil commença à réapparaître à la fin du mois d'août. Johansen l'avertit qu'il ferait trop froid sur la barrière si tôt dans la saison mais Amundsen l'ignora et, au matin du 24 août, sept traîneaux furent préparés. Les inquiétudes de Johansen se révélèrent justifiées car les conditions extrêmes des deux semaines suivantes avec des températures de −58 °C empêchèrent tout départ Le 8 septembre 1911, lorsque les températures remontèrent à −27 °C, Amundsen décida qu'il ne pouvait pas attendre plus longtemps et huit hommes commencèrent le périple tandis que Lindstrøm restait seul à Framheim.

Seconde saison, 1911–1912

Faux départ

L'expédition commença bien avec environ 28 kilomètres parcourus chaque jour. Les chiens tiraient si fort que certains des plus entreprenants furent détachés des attelages et placés sur les traîneaux pour servir de lest[pas clair]111 et ainsi homogénéiser la conduite. Dans leurs vêtements en peaux de renne et de loup, les hommes pouvaient résister aux températures glaciales tant qu'ils étaient en mouvement mais les arrêts étaient pénibles et ils dormaient à peine pendant la nuit.

Les pattes des chiens commencèrent à présenter des engelures. Le 12 septembre, par des températures de 56 °C, l'expédition s'arrêta après seulement 7,4 kilomètres et les hommes construisirent des igloos pour se protéger du froid. Roald Amundsen reconnaissait à présent qu'il était parti trop tôt dans la saison et décida de retourner à Framheim pour ne pas risquer les vies des hommes et des chiens dans une tentative téméraire Hjalmar Johansen évoqua dans son journal la folie d'être parti aussi tôt dans un périple aussi long et historique et des dangers de l'obsession de vaincre les Britanniques.

Le 14 septembre, sur le chemin du retour, ils laissèrent la plus grande partie de leur équipement au dépôt du 80e parallèle sud pour alléger les traîneaux. Le lendemain, dans des températures glaciales et un fort vent de face, plusieurs chiens moururent de froid et d'autres, trop faibles pour continuer, furent placés sur les traîneaux Le 16 septembre, à 74 kilomètres de Framheim,

Amundsen demanda à ses hommes de rentrer aussi vite que possible à la base. N'ayant pas de traîneau à lui, il monta sur celui de Wisting et avec Hanssen, son groupe accéléra et laissa le reste de l'expédition en arrière. Les trois hommes arrivèrent à Framheim après neuf heures, suivis par Olav Bjaaland et Jørgen Stubberud deux heures plus tard et Sverre Hassel peu après115Hjalmar Johansen et Kristian Prestrud se trouvaient toujours sur la glace sans nourriture ni carburant ; les chiens de Prestrud étaient épuisés et ses talons souffraient de graves engelures. Ils atteignirent Framheim après minuit, plus de 17 heures après qu'ils eurent fait demi-tour

Le lendemain, Amundsen demanda à Johansen pourquoi il était tellement en retard et celui-ci lui répondit rageusement qu'il avait l'impression d'avoir été abandonné et accusa le chef d'avoir laissé ses hommes en arrière.

Amundsen informera plus tard Nansen que Johansen avait fait preuve d'une « violente insubordination » ; en conséquence, il fut exclu de l'expédition polaire qu'Amundsen réduisit à cinq hommes. Il fut encore plus humilié lorsqu'il fut placé sous le commandement de Prestrud, bien moins expérimenté, pour le groupe chargé d'explorer la terre du Roi-Édouard-VII. Stubberud fut persuadé de partir avec eux et Amundsen, Hanssen, Bjaaland, Hassel et Wisting restaient pour l'expédition vers le pôle

Voyage vers le pôle

Barrière et montagnes

Le glacier Axel Heiberg qu'Amundsen emprunta pour accéder au plateau Antarctique.

Malgré sa hâte de repartir, Roald Amundsen attendit jusqu'au milieu du mois d'octobre et les premiers signes du printemps. Il était prêt le 15 octobre mais le mauvais temps le retarda quelques jours.

Le 19 octobre, les cinq hommes avec quatre traîneaux et 52 chiens commencèrent leur périple. Le temps se dégrada rapidement et dans un épais brouillard, le groupe se retrouva bloqué dans le champ de crevasses que Johansen avait découvert à l'automne précédent. Wisting rappellera ensuite comment son traineau avec Amundsen à bord avait presque entièrement disparu dans une crevasse lorsque le pont de glace sur lequel ils se trouvaient s'était brisé.

Malgré ce contretemps, ils couvraient plus de 28 kilomètres par jour et ils atteignirent le dépôt du 82e parallèle sud le 5 novembre. Ils marquaient leur route avec des cairns formés de blocs de glace tous les 5 kilomètres.

Le 17 novembre, ils atteignirent la fin de la barrière de Ross et arrivèrent en face de la chaîne Transantarctique. À la différence de Robert Falcon Scott qui suivait la route tracée par Ernest Shackleton le long du glacier Beardmore, Amundsen devait trouver son propre passage à travers les montagnes. Après avoir testé les contreforts durant plusieurs jours et être monté à environ 460 mètres d’altitude, le groupe découvrit ce qui semblait être une voie possible, un glacier escarpé long de 56 kilomètres jusqu'au plateau.

Amundsen le nomma le glacier Axel Heiberg du nom de l'un de ses principaux soutiens financiers. L'ascension fut plus difficile que prévu et les nombreux détours et la neige épaisse et profonde ralentirent la progression. Après trois jours d'efforts, le groupe atteignit le sommet du glacier. Amundsen fit à nouveau l'éloge de ses chiens ; le 21 novembre, l'expédition parcourut 27 kilomètres à une altitude de 1 500 mètres.

Arrivée au pôle Sud[

Photographie d'un camp sur le chemin du pôle.

Ayant atteint 3 200 mètres au sommet du glacier, à 85° 36′ S, Amundsen se prépara pour la dernière partie du voyage. Sur les 45 chiens qui avaient réalisé l'ascension (7 étaient morts durant le trajet sur la barrière de glace), seuls 18 furent conservés, les autres étant tués pour leur viande. Chacun des conducteurs de traîneaux tua les chiens de son attelage, les dépeça et divisa la viande entre les hommes et les chiens.

Amundsen se rappela « Nous avons appelé cet endroit la Boucherie… Il y avait de la tristesse dans l'air ; nous nous étions profondément attachés à nos chiens ». Les regrets n'empêchèrent pas l'expédition d'apprécier la profusion de nourriture et Wisting se révéla particulièrement doué dans sa préparation et sa présentation de la viande.

Le groupe chargea trois traîneaux avec du ravitaillement pour un voyage de 60 jours et laissa le reste des provisions et des carcasses dans un dépôt. Le mauvais temps retarda leur départ jusqu'au 25 novembre lorsqu'ils se remirent prudemment en marche dans un brouillard persistant et sur un terrain inconnu

. Ils avançaient sur une surface gelée parsemée de crevasses et le manque de visibilité les ralentissait. Amundsen appela cette zone « le glacier du Diable ». Le 4 décembre, ils arrivèrent dans une zone où les crevasses étaient dissimulées par des couches de glace et de neige séparées par de l'air, ce qui provoquait, selon Amundsen, un son « creux déplaisant » lorsqu'ils passaient au-dessus. Il baptisa cet endroit « la Salle de Danse du Diable ». Lorsqu'ils atteignirent un sol plus solide plus tard dans la journée, ils se trouvaient au 87e parallèle sud

Le 8 décembre, les Norvégiens dépassèrent le record du Farthest South de Shackleton à 88° 23′ S

. Alors qu'ils approchaient du pôle Sud, ils cherchaient tout élément du paysage qui pourrait indiquer qu'une autre expédition les avait précédés. Alors qu'ils campaient le 12 décembre, ils furent momentanément alarmés par un objet noir apparaissant à l'horizon mais il s'agissait uniquement de leurs propres chiens s'étant endormis à l'écart qui avaient été agrandis par un mirage Le lendemain, ils campèrent à 89° 45′ S à 28 kilomètres du pôle133. Le 14 décembre 1911, Amundsen et ses camarades se lancèrent dans la dernière ligne droite et ils arrivèrent aux alentours du pôle vers 15 h

. Ils plantèrent le drapeau norvégien et nommèrent le plateau polaire, le « plateau du Roi-Haakon-VII ». Amundsen ironisa ensuite sur sa réussite : « Jamais aucun homme n'a réalisé un objectif aussi diamétralement opposé à ses souhaits. La zone autour du pôle Nord, que diable, me fascine depuis mon enfance et je me trouve maintenant au pôle Sud. Peut-on imaginer quelque chose de plus fou ? »

Durant les trois jours qui suivirent, les hommes travaillèrent à marquer l'emplacement exact du pôle Sud ; après les revendications controversées de Frederick Cook et de Robert Peary au nord, Amundsen voulait laisser des preuves irréfutables à Scott. Après avoir réalisé plusieurs mesures de latitudes à différents moments de la journée, Bjaaland, Wisting et Hassel skièrent dans des directions opposées pour « encadrer » le pôle ;

Amundsen raisonna qu'au moins l'un d'entre eux franchirait le point exact. Finalement l'expédition dressa une tente qu'ils appelèrent Polheim (« Maison du Pôle ») aussi près que possible du pôle véritable que leurs observations le permettaient. Dans la tente, Amundsen laissait des équipements à Scott et une lettre adressée au roi Haakon VII qu'il demandait à Scott de livrer.

Retour à Framheim

Le 18 décembre, l'expédition entama son retour vers Framheim. Amundsen était déterminé à retourner à la civilisation avant Scott et à être le premier avec les nouvelles. Néanmoins, il limita la distance journalière à 28 kilomètres pour ne pas épuiser les chiens. Dans le jour polaire où le Soleil ne se couche pas, le groupe ne se déplaçait que lorsqu'il l'avait dans le dos pour réduire le risque de cécité des neiges.

Guidé par les cairns de glace qu'ils avaient construits lors de l'aller, ils arrivèrent à la Boucherie le 4 janvier 1912 et commencèrent leur descente vers la barrière de Ross Les hommes à skis « descendaient à tout allure » mais pour les conducteurs de traîneaux, Hanssen et Wisting, la descente était plus difficile ; les traîneaux étaient difficiles à manœuvrer et on ajouta des freins pour éviter de tomber dans des crevasses

Le 7 janvier, ils atteignirent le premier de leurs dépôts sur la barrière de Ross. Amundsen considéra qu'ils pouvaient accélérer et les hommes prirent l'habitude de voyager sur 27 kilomètres, de se reposer six heures et de repartir. À ce rythme, ils couvraient environ 57 kilomètres par jour et arrivèrent à Framheim le 25 janvier à 4 h. Sur les 52 chiens au départ, 11 avaient survécu et tiraient deux traîneaux. L'aller-retour jusqu'au pôle Sud avait duré 99 jours, 10 de moins que prévu, et ils avaient parcouru 3 440 kilomètres.

Informer le monde

À son retour, Roald Amundsen ne laissa pas son équipe se reposer. Après un dîner d'adieu dans la cabane, l'expédition embarqua les chiens survivants et les équipements les plus importants dans le Fram qui quitta la baie des Baleines le soir du 30 janvier 1912. La destination était Hobart en Tasmanie. Durant la traversée de cinq semaines, Amundsen prépara ses télégrammes et rédigea le rapport qu'il donnerait à la presse

 Le 7 mars, le navire arriva à Hobart où Amundsen apprit rapidement que l'on n'avait encore aucune nouvelle de Scott. Il envoya immédiatement des télégrammes à son frère Leon, à Fridtjof Nansen et au roi Haakon VII de Norvège pour les informer du succès de l'expédition. Le lendemain, il télégraphia le rapport complet du périple au journal Daily Chronicle de Londres auquel il avait vendu les droits exclusifs. Le Fram resta à Hobart durant deux semaines où il fut rejoint par l’Aurora de Douglas Mawson qui s'y trouvait dans le cadre de l'expédition antarctique australasienne.

Autres réussites de l'expédition

Exploration vers l'est

Le 8 novembre 1911, Prestrud, Stubberud et Johansen étaient partis en direction de la terre du Roi-Édouard-VII. La recherche du point à partir duquel la banquise de la barrière de Ross devenait de la terre recouverte de glace se révéla difficile.

Le 1er décembre, le groupe repéra pour la première fois ce qui était sans équivoque une trace de terre ferme, un nunatak dont la position avait été repérée par Scott lors de l'expédition Discovery en 1902. Après avoir atteint ce point, ils collectèrent des échantillons de roches et de mousses et explorèrent brièvement les alentours avant de retourner à Framheim le 16 décembre. Ils étaient les premiers à poser le pied sur la terre du Roi-Édouard?VII.

Le Fram et le Kainan Maru

Le Kainan Maru des explorateurs japonais.

Après avoir quitté la baie des Baleines le 15 février, le Fram se rendit à Buenos Aires où il arriva le 17 avril. Nilsen apprit alors que les fonds de l'expédition étaient épuisés et qu'une somme mise de côté pour couvrir les besoins du navire n'existait pas. Don Pedro Christopherson, un ami d'Amundsen, remplit alors sa promesse de fournir du ravitaillement et du carburant

 Le Fram partit en juin pour réaliser des travaux océanographiques entre l'Amérique du Sud et l'Afrique qui durèrent trois mois155. Il retourna à Buenos Aires en septembre pour se réapprovisionner avant de partir vers le Sud le 5 octobre. Les forts vents et la mer tempétueuse prolongèrent le trajet mais il arriva dans la baie des Baleines le 9 janvier 1912.

Le 17 janvier, les hommes à Framheim furent surpris de la présence d'un autre navire ; il s'agissait du Kainan Maru, transportant l'expédition antarctique japonaise menée par Shirase Nobu157. La barrière de la langue empêcha une communication efficace mais les Norvégiens déduisirent que les Japonais se rendaient vers la terre du Roi-Édouard?VII

 Le Kainan Maru repartit le lendemain et ils déposèrent un groupe le 26 janvier sur la terre du Roi-Édouard?VII. Il s'agissait du premier débarquement sur cette côte car les tentatives antérieures menées par le Discovery (1902), le Nimrod (1908) et le Terra Nova (1911) avaient toutes échoué.

Conséquences

Réactions contemporaines

Roald Amundsen en 1913.

À Hobart, Amundsen reçut des télégrammes de félicitation de la part, entre autres, de l'ancien président américain Theodore Roosevelt et du roi George V du Royaume-Uni. Le roi exprima sa satisfaction de voir que la première escale d'Amundsen à son retour était le sol de l'Empire britannique. En Norvège, la nouvelle fit les gros titres des journaux et le drapeau national fut levé dans tout le pays. Tous les participants de l'expédition reçurent la médaille norvégienne du pôle Sud (Sydpolsmedaljen) créée par le roi Haakon VII pour commémorer l'exploit

 Cependant le biographe d'Amundsen, Roland Huntford, fit référence au « froid derrière les acclamations » ; il restait un certain malaise concernant les méthodes employées. Un journal norvégien exprima son soulagement quant au fait qu'Amundsen avait découvert une nouvelle voie et n'avait pas empiété sur le chemin de Scott depuis le détroit de McMurdo161.

En Grande-Bretagne, les réactions de la presse à la victoire d'Amundsen furent modérées mais généralement positives. Aux côtés des rapports enthousiastes du Daily Chronicle et de The Illustrated London News, qui portaient un intérêt particulier au succès d'Amundsen, le Manchester Guardian remarqua que tous les reproches avaient été balayés par le courage et la détermination des Norvégiens.

Les lecteurs du Young England Magazine furent invités à ne pas refuser au « brave Norvégien » l'honneur qu'il avait gagné et The Boy's Own Paper suggéra que tous les enfants britanniques devraient lire le compte-rendu de l'expédition d'Amundsen

. Le correspondant du Times reprocha simplement à Amundsen de ne pas avoir informé Scott avant qu'il ne soit trop tard pour ce dernier de répondre, « ce qui était d'autant plus inutile que personne n'aurait mieux accueilli une coopération dans l'exploration du pôle Sud que le capitaine Scott… Pourtant, toute personne qui connaît le capitaine Amundsen ne peut douter de son intégrité et comme il avance avoir atteint le pôle Sud, nous sommes obligés de le croire ».

Des personnages influents de la Royal Geographical Society exprimèrent des sentiments plus hostiles, du moins en privé. À leurs yeux, l'exploit d'Amundsen était le résultat d'un « sale coup ». Clements Markham, son ancien président, laissa entendre que ses revendications pourraient être frauduleuses : « Nous devrons attendre la vérité jusqu'au retour du Terra Nova ».

Plus tard dans l'année 1912, Amundsen interpella la Royal Geographical Society pour exprimer le sentiment qu'il se sentait méprisé après que le président de la société eut plaisanté en demandant « trois hourras pour les chiens ». Ernest Shackleton ne participa pas au dénigrement de la victoire d'Amundsen qu'il qualifia de « peut-être le plus grand explorateur polaire de notre époque ». Avant d'apprendre les nouvelles de la mort de son mari, Kathleen Scott concéda que le voyage d'Amundsen « était un très grand exploit… en dépit de notre irritation, nous devons l'admirer ».

Tragédie de Scott

Amundsen quitta Hobart pour entamer une tournée de conférence en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il se rendit ensuite à Buenos Aires où il acheva le récit de son expédition. De retour en Norvège, il supervisa la publication de son livre, puis il visita la Grande-Bretagne avant de commencer une longue tournée aux États-Unis. En février 1913, alors qu'il se trouvait à Madison dans le Wisconsin, il apprit que Robert Falcon Scott et ses quatre compagnons avaient atteint le pôle Sud le 17 janvier 1912 mais étaient morts le 29 mars lors du voyage de retour.

Les corps de Scott, de Wilson et de Bowers avaient été retrouvés en novembre 1912 après la fin de l'hiver antarctique. Dans sa réponse initiale, Amundsen parla de nouvelles « horribles, horribles ». Dans son hommage plus formel, il déclara : « le capitaine Scott a laissé une réputation d'honnêteté, de sincérité, de bravoure et de tout ce qui fait un homme ».

Selon Huntford, ces nouvelles signifiaient « [qu']Amundsen le vainqueur étaient éclipsées par… Scott le martyr169 ». Dans les pays anglophones, un mythe se développa rapidement dans lequel Scott était représenté comme un homme s'étant comporté de manière noble et ayant joué le jeu de manière honnête.

Par contraste, Amundsen semblait avoir cherché la gloire en dissimulant ses véritables intentions, préférant les chiens au « noble » manhauling puis les abattant pour récupérer leur viande. De plus, il était vu comme un « professionnel », ce qui, aux yeux de la haute société britannique de l'époque, diminuait tout ce qu'il avait accompli

. Le mythe fut largement renforcé par la publication des journaux de Scott. Huntford indiqua que le « talent littéraire [de Scott] était son atout. C'était comme s'il était sorti de sa sépulture et avait pris sa revanch ». Malgré tout, le nom d'Amundsen continua d'être respecté parmi les explorateurs. Dans son récit de l'expédition Terra Nova rédigé quelques années plus tardApsley Cherry-Garrard écrivit que les principales raisons du succès d'Amundsen étaient « les exceptionnelles qualités de l'homme » et en particulier son courage d'avoir choisi de découvrir une nouvelle route plutôt que de suivre le chemin connu.

Perspective historique

Sphère indiquant symboliquement le pôle Sud à la base antarctique Amundsen-Scott.

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 retarda le début de la dérive vers le pôle Nord d'Amundsen jusqu'en juillet 1918. Il prit la mer avec un navire spécialement construit, la Maud, qui resta dans les eaux arctiques durant les sept années suivantes. Le navire ne dériva pas au-dessus du pôle Nord mais il devint le second navire à traverser le passage du Nord-Est

. Amundsen quitta l'expédition en 1923 et consacra le reste de sa vie à l'exploration aérienne des régions polaires. Le 12 mai 1926, il survola le pôle Nord avec Lincoln Ellsworth et Umberto Nobile à bord du dirigeable Norge. Lui et Wisting, également à bord du dirigeable, furent les deux premiers hommes à voir les deux pôles. Le 18 juin 1928, Amundsen périt lors de la disparition de son hydravion dans les eaux entre la Norvège et le Svalbard alors qu'il tentait de porter secours à une expédition menée par Nobile.

Roald Amundsen demanda aux quatre hommes qui l'avaient accompagné dans son expédition au pôle Sud de venir avec lui sur la MaudOlav Bjaaland et Sverre Hassel déclinèrent l'offre et aucun d'entre eux ne participa à d'autres aventures polaires175,176Helmer Hanssen et Oscar Wisting rejoignirent tous deux la Maud ; ce dernier devint le chef de l'expédition quand Amundsen quitta le navire en 1923.

En 1936, Wisting commanda le Fram lors du dernier voyage du navire jusqu'à Oslo où il est depuis exposé au musée du Fram Hjalmar Johansen fut incapable de se stabiliser après son retour d'Antarctique et sombra dans la dépression. Il refusa de discuter de son expérience ou de sa dispute avec Amundsen et se suicida le 4 janvier 1913 dans sa résidence d'Oslo.

Le mythe de Scott continua jusque dans le dernier quart du xxe siècle lorsqu'il fut remplacé par un autre le qualifiant d'« idiot héroïque » dont l'échec avait été en grande partie causé par ses propres erreurs. Selon l'historienne Stephanie Barczewski, ce portrait est aussi faux que le précédent dans lequel il était au-delà de toutes critiques. Au début du xxie siècle, les historiens ont avancé des explications plus rationnelles de l'échec de Scott que sa seule incompétence, et sa réputation a en partie été restaurée.

Le regain d'intérêt pour Scott a également remis en lumière la réussite d'Amundsen ; Barczewski écrit « [qu']Amundsen et ses hommes ont atteint le pôle grâce à la combinaison d'une superbe planification, d'une longue expérience avec les chiens de traîneaux et d'une exceptionnelle endurance »

. Dans son étude de l'expédition de Scott, Diana Preston avance les mêmes raisons pour expliquer le succès d'Amundsen. Il était concentré sur l'objectif unique d'atteindre le pôle Sud tandis que Scott devait concilier les demandes concurrentes de l'exploration géographique et de la connaissance scientifique. « En professionnel adroit et expérimenté, [Amundsen] a soigneusement planifié et appliqué toutes les leçons qu'il avait apprises en Arctique… Il compta exclusivement sur des moyens de transport éprouvés et exploita sans sensiblerie leur potentiel alimentaire.

Il était aussi efficace et sans sentiment dans sa gestion des hommes ». La base scientifique américaine au pôle Sud, fondée en 1957, fut nommée Amundsen-Scott pour honorer la mémoire des deux explorateurs polaires

Sources Wilkipedia

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Nos ancêtres, les anciens Normands, ont été les premiers navigateurs qui aient affronté les glaces polaires. Dès le VIII siècle, tandis que les marins des autres pays n'osaient quitter le voisinage des côtes, eux se lançaient déjà bravement en pleine mer et découvraient l'Islande, puis le Grünland. Au- tour de ces terres ils rencontrèrent des banquises et apprirent bientôt à connaître leurs dangers. Un document du XIII" siècle, le Kongespeil (le Miroir des Rois), renferme une description très exacte de ces nappes cristallines, absolument remarquable pour cette époque, où les phénomènes naturels n'étaient guère observés. 

Aux Normands succédèrent, quelques siècles plus tard, dans la lutte contre les glaces, les Anglais, puis les Hollandais. Croyant à l'existence d'une mer libre au nord des continents, les navigateurs de l'Europe septentrionale cherchèrent longtemps dans cette direction un passage conduisant aux Indes et en Chine.

Partout ils trouvèrent la route fermée, mais, loin d'être découragés par ces insuccès, ils n'en persistèrent pas moins pendant longtemps dans leurs tentatives. Si la mer se trouvait encombrée de glaces à une latitude relative- 
ment méridionale, autour des côtes sud du Gronland, du Spitzberg et de la Nouvelle-Zemble, très certainement elle devait être libre plus au nord, croyaient ces marins, et courageusement ils essayèrent de se frayer un passage vers le Pôle.Si erronée que fût cette hypothèse, elle a été cependant utile au développement de la connaissance du globe. Toutes ces expéditions ont, en effet, rapporté de précieuses observations et rétréci le domaine de l'inconnu.

Par bien des routes différentes et à l'aide de moyens très divers, les explorateurs anciens et modernes ont tenté de pénétrer vers les mystérieuses régions du Pôle. Les premières tentatives furent faites par des navires peu appropriés à de telles entreprises.

Les faibles barques non pontées des Normands et les anciennes caravelles hollandaises ou anglaises ne possédaient ni la rapidité ni la résistance nécessaires pour triompher des glaces. Mais, peu à peu, l'art de la construction navale fit des progrès; les navires devinrent plus appropriés au but auquel ils étaient employés en même temps, avec une ardeur de plus. en plus grande, l'homme se lançait à l'assaut des banquises polaires. 

Longtemps avant le début des expéditions arctiques, les tribus de l'Asie et de l'Amérique boréales se servaient de traîneaux tirés par des chiens pour parcourir les déserts glacés qu'elles habitent. Ce mode de locomotion fut employé en Sibérie pour la première fois par des explorateurs. Dès les XVII" et XVIII" siècles les Russes entreprirent de longs voyages en traîneaux pour relever la côte septentrionale de l'Asie, depuis la frontière d'Europe jusqu'au détroit de Bering.Sur ces véhicules ils traversèrent même une large banquise pour atteindre les îles de la Nouvelle-Sibérie, situées au nord du continent. 



Les deux extrémités furent particulièrement renforcées. L'étrave était formée de trois forts cabrions en chêne, l'un placé en dedans des deux autres, le tout constituant une masse compacte, épaisse de 1 m25. En dedans de l'étrave étaient assujetties de solides guirlandes en chêne et en fer, servant à relier les deux côtés du navire, et de ces guirlandes aboutissaient des entre- toises aux traversins des bittes. De plus, l'avant était protégé par un taille-mer en fer, auquel étaient fixés des barrots qui s'étendaient un peu en arrière sur chaque côté. 

L'arrière avait une construction toute spéciale. De chaque côté des étambots du gouvernail et de l'hélice ayant, chacun 0m',65 de côté, fut fixée une forte allonge de poupe, s'élevant le 
long de la courbure de l'arriére jusqu'au pont supérieur et formant pour ainsi dire un double étambot. Le bordé recouvrait ces pièces et extérieurement de fortes plaques en fer protégeaient en outre l'arrière. Deux puits ménagés entre les deux étambots permettaient de hisser sur le pont l'hélice et le gou- vernail.

A bord des baleiniers une installation permet de rem- placer lepropulseur lorsqu'il vient, à être enlevé par les glaces mais sur ces navires il n'existe aucun puits pour relever le gouvernail. La disposition adoptée sur le /sm. nous permettait, malgré la faiblesse de l'équipage, de remonter le gouvernail sur le pont en quelques minutes à l'aide du cabestan, alors que, sur les baleiniers, plusieurs heures, et même souvent toute une journée est nécesaire à un équipage de soixante hommes pour mettre en place un nouveau gouvernail. L'arrière est le talon d'Achille pour les navires qui naviguent au milieu des banquises.

La glace peut facilement y causer de dangereuses avaries, notamment briser le gouvernail. Pour parer à ce danger, le nôtre était placé si bas qu'il était à peine visible au-dessus de l'eau. Si un gros bloc venait à heurter cette partie du navire, le choc serait paré par l'allonge La coque fut effilée à l'avant et à l'arrière, comme celle de poupe et ne pourrait guère atteindre le gouvernail. Quelque violentes que furent les pressions, nous ne subîmes de ce côté 
aucune avarie. 

Tous les efforts du constructeur tendirent à rendre les flancs du navire aussi solides que possible. La membrure fut faite de bois de chêne primitivement destiné à la marine norvé- gienne et qui avait été tenu sous un abri pendant plus de trente ans. Les couples furent formés de deux parties travaillées ensemble et reliées par des chevilles dont quelques- unes étaient rivées. Sur chaque joint étaient placés des bandes plates de fer. Ces couples, larges d'environ 0°\S6, n'étaient séparés que par un intervalle de 2 à 3 centi- mètres, rempli d'un mélange de craie et de sciure de bois

depuis la quille jusqu'au-dessus de la flottaison. Cette disposition avait pour but de maintenir le navire à peu près étanche, même dans le cas où le bordé aurait été enlevé.Le bordé extérieur était composé de trois couches celle de l'intérieur, en chêne, était épaisse de 0"075, fixée par des clous et soigneusement calfatée la seconde, épaisse d'un décimètre, était maintenue par des chevilles et également calfatée; en dehors se trouvait le bordé en CreeK-Aesrt contre la glace, qui, comme les autres, descendait jusqu'à la quille. Son épaisseur de 0'1S à la flottaison diminuait graduelle- 
ment vers le fond jusqu'à 0°',07S.

H était fixé par des clous et par des boulons à crochet et non par des chevilles traversant le tout; grâce à cette disposition, si le bordé extérieur (ou chemise de glace) eût été enlevé, la coque du navire n'eût pas subi grand dommage. Le vaigrage intérieur était en bois de pin d'une épaisseur variant de 0"10 à Om,20. Il fut également calfaté avec soin une fois ou deux. 

L'épaisseur totale des murailles du navire était donc de 70 à 80 centimètres. Une telle muraille, avec ses formes arrondies, devait présenter une très grande résistance à la glace. Pour la rendre encore plus solide, l'intérieur fut accoré dans tous les sens, si bien que la cale ressemblait à une toile d'araignée formée d'épontilles, de cabrions et d'arcs-boutants. En premier lieu, il y avait deux rangées de baux le pont supérieur et l'entrepont, principalement en chêne, mais aussi en bois de pin dans quelques parties.

Toutes ces parties étaient, en outre, solidement liées l'une avec l'autre et avec les flancs du navire par de nombreux supports, ainsi que le montre le diagramme de la page précédente. Les entretoises obliques avaient été, bien entendu, placées aussi normalement 


que possible aux côtés du navire, de façon aies renforcer contre les pressions extérieures et à mieux répartir les efforts de ces pressions. Les épontilles entre les deux rangées de baux et entre les baux inférieurs et la carlingue étaient parfaitement établies pour satisfaire à cette dernière condition. 

Toutes les pièces se trouvaient reliées à l'aide de fortes courbes et de chevilles pour que l'ensemble formât une même masse. Sur les navires des précédentes expéditions on avait simplement renforcé un couple de baux de la maîtresse partie; à bord du Fram, au contraire, tous les baux étaient consolidés de la manière qui vient d'être Indiquée. Dans la chambre de -la machine où la place faisait défaut pour les supports, on avait établi des entretoises latérales.

Les baux du pont inférieur étaient placés un peu au-dessous de la ligne de flottaison, c'est-à-dire dans la partie où la pression des glaces était le plus à craindre mais, dans l'arrière-cale, ils avaient dû être surélevés pour ménager l'emplacement de la machine. Le pont supérieur, à l'arrière, était donc un peu plus haut que le pont lui-même; le navire avait ainsi une dunette renfermant les cabines des membres de l'expédition ainsi que la coquerie.

De fortes porques en fer régnaient sur toute la longueur du Fram, dans les espaces compris entre les baux, s'étendant de la banquière du pont presque jusqu'à la carlingue. Celle-ci était formée de deux parties et avait une hauteur d'environ 0"80, saut dans la chambre des machines, où sa hauteur était réduite à celle de la partie inférieure. La quille se composait de deux lourds blocs d'orme d'Amérique de 0'35, et, comme je l'ai dit plus haut, ne laissait passer hors bordée qu'une épaisseur de 0"\075.

Les côtés de la coque étaient arrondis en dessous jusqu'à la quille de telle sorte que la section latérale au maître-couple ressemblait à celle de la moitié d'une noix de coco. Pour éviter une bande trop forte dans le cas où le bâtiment serait soulevé très haut par les pressions de la glace, les fonds étaient plats une excellente disposition, comme le prouva l'expérience. 

Principales dimensions du navire 

Longueur sur quille. 3i°,00 
Longueur à la flottaison. 34,SO 
Longueur sur le pont 39 ,00 
Plus grande largeur. 11,00 
LargeuràIa.Qottaisonendehot'sdeIa.ehemisedeglaee. 10 ,40 
Profondeur. 5 ,20 
Tirant d'eau avec faible chargement. 3 ,81 Déplacement avec faible chargement. 530 tonnes 
Tirant d'eau avec fort chargement. 4m,58 
Déplacement avec fort chargement. 800 tonnes 

Le greement devait être tout à la fois simplé et résistantet en même temps établi de manière à donner le moins de prise possible au vent, lorsque le navire marcherait à la vapeur. En second lieu, notre équipage étant peu nombreux, il était nécessaire qu'il fût facile à manœuvrer du .pont. Pour cette raison, le Fram fut gréé en trois-mâts goélette. Sa voilure avait une superficie de 600 mètres carrés. 

La machine était à triple expansion. Des avaries pouvant se produire dans un cylindre, chacun d'eux fut installé de manière à pouvoir être fermé et à agir indépendamment des autres. Par la simple manœuvre d'un robinet la machine pouvait être ainsi transformée en compound à haute ou à basse pression. Elle était d'une force de 220 chevaux et, par temps calme, donnait une vitesse de 6 à 7 milles à l'heure. Nous emportâmes deux hélices et un gouvernail de rechange.

 Mais, heureusement, nous n'eûmes pas à nous en servir. Le logement fut établi à l'arrière, sous la dunette. Autour 
du salon étaient groupées quatre cabines à une couchette et deux à quatre couchettes. Cette installation avait pour but de protéger la pièce centrale contre le froid extérieur. Le plafond, les murs et le plancher du carré furent recouverts d'une épaisse couche de matières non conductrices de la chaleur, et derrière ces parois fut partout cloué du linoleum pour empêcher l'introduction de l'air phaud et humide dans les cabines, où sa condensation aurait formé des dépôts de glace. 

Le revêtement des parois du navire était formé d'une couche de'feutre, d'un matelas de liège, d'un panneau de sapin, d'une seconde couche de feutre, puis de linoleum et d'un second panneau de bois. En dessous du pont et au-dessus du salon et des cabines existait un revêtement du même genre de près de Q'38. Le plancher était formé d'une nappe de liège recouverte de bois et de linoleum.

Grâce à ces précautions, lorsque le feu fut allumé dans le salon, jamais il n'y eut 'd'humidité, même dans les cabines. neaux, plusieurs sextants de différentes dimensions, quatre chronomètres de navire, des chronomètres de poche; enfin les instruments nécessaires à la mesure de la déclinaison, de l'inclinaison et de l'intensité magnétique. Cette énumération montre l'importance de notre équipement scientifique; toutes les mesures furent prises pour nous permettre de recueillir une riche moisson d'observations. 


OTTO NEUMANN SVERDRUP,

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capitaine du Fram

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Il était de la plus haute importance pour le succès de l'expédition de posséder de vigoureux chiens pour tirer les traîneaux. Le baron de Toll, le célèbre explorateur russe de la Sibérie septentrionale, m'offrit de nous procurer les meutes désirées, au cours du nouveau voyage qu'il allait entre- prendre dans l'Asie arctique. A son passage à Tioumen, en janvier 1893, il chargea le nommé Alexandre Ivanovitch Trontheim d'acheter trente chiens ostiaks et de les conduire à Kabarova, village samoyède situé sur les bords du Yougor 



 Char, à l'entrée de la mer de Kara. Cela fait, M. de Toll ne considéra pas sa mission comme terminée. Comme les chiens de la Sibérie orientale sont de meilleures bêtes de traits que ceux de la Sibérie occidentale, il confia à un Norvégien établi dans le pays le soin de nous conduire une troupe nombreuse de ces animaux à l'embouchure de l'Olonek, sur la côte nord d'Asie. Au printemps 1893, cet explorateur russe visita les îles de la. Nouvelle-Sibérie et, à notre intention, y établit plusieurs dépôts de vivres, pour le cas où un accident serait arrivé à notre expédition. 

Le Lieutenant  SCOTT-HANSEN 

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L'équipage du Fram se composait de treize personnes. Après l'heureux succès de cette expédition, l'ancienne et puérile superstition attachée à ce chiffre n'a plus sa raison d'être. 

 

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Otto Neumann Sverdrup, commandant du Fram,

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Il est né en 1855. Marié et père d'un enfant. Dès qu'il connut mes projets de voyage, il m'offrit ses services, que je m'empressai d'accepter. La direction du navire ne pouvait être placée en de meilleures mains. Sverdrup m'avait accompagné dans ma. précédente expédition au Göenland. 

Sigurd Scott-Hansen,

lieutenant en premier de la marine royale, né en 1868. Il eut à bord la charge des observations météorologiques; astronomiques et magnétiques. 

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LE Docteur GREVE BLESSING



Henrik Greve BIessing, docteur et botaniste, né en 186R. Théodore-Claudius Jacobsen, second du Fram, né en 1855. Depuis l'âge de quinze ans, il avait navigué. De 1868 
à 1890, il avait fait, chaque été, une campagne de chasse et de pêche.dans l'Océan Glacial. Marié et père d'un enfant. 

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Anton Amundsen

premier mécanicien.Au service de la marine royale depuis vingt-cinq ans. Marié et père de sept enfants, 

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Adolf Juell,

cuisinier et commis aux vivres

 Il avait le brevet de maître au cabotage et pendant plusieurs années avait commandé un bâtiment. Né en 1860. Marié et père de quatre enfants. 



Lars Peterson,

second mécanicien. Excellent forgeron et ouvrier. Au service dans la marine royale depuis plusieurs années. Né en 1860. Marié et père de quatre enfants. 

ADOLF JUELL, Cuisinier

Fredrik Hja.Imar Johansen, lieutenant de réserve dans l'armée. Né en 1867. Il avait un tel désir de prendre part à l'expédition qu'il accepta les fonctions de chauffeur, aucun autre poste ne se trouvant libre lors de son admission. Pendant le cours du voyage, il remplit le plus souvent les fonctions d'aide-météorologiste. 

Peter Leonard Henriksen.

Né en 1859. Harponneur. Quatorze campagnes dans l'Océan Glacial. Marié et père de quatre enfants. 
 

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1. Le mille marin vaut 1852 mètres, (Note du traducteur.) 

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