Vincent Cagliardi
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Enfant d’immigrés venus de Simbario en Calabre, fils de Fortunato mineur de fer sur le site de Bassompierre, Vincent naît dans le Pays Haut.Il fait ses études à l’Ecole des Beaux Arts de Metz où il découvre le monde de la gravure. Dès lors sa vie prend une tournure artistique décisive.
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Il expérimente un travail de graveur à partir de matériaux souples comme le balatum qui lui permettent d’aborder la gravure de manière originale et unique. Le balatum deviendra l’élément essentiel de base de ses créations « la page blanche de ses nuits noires ».
En 1985 il s’installe à Thionville en Moselle où il y vivra plus de dix ans. De cette période prolixe, ceux qui le connaissent se souviennent d’un Vincent, accroupi… Que ce soit dans une rue de Thionville, de Calella en Espagne ou de Verviers en Belgique, sous le regard interrogatif des badauds, il encre la chaussée avant d’y déposer les feuilles de papier chargées de recevoir les traces du passage d’un rouleau compresseur. Au-delà de l’aspect spectaculaire des « ses performances », le travail de Vincent Gagliardi est tout entier lié à un désir constant, celui de révéler la matière.
Comme lorsqu’il utilise la gravure sur bois, une méthode plus archaïque mais chaleureuse, emprunte de lenteur où les textes jouent avec les images, les mots avec les formes, pour produire de belles publications dans le cadre de sa collaboration avec les éditions de jeunesse Grandir.
De la même manière que lorsque invité à réaliser des livres d’artistes il fait écho aux textes du poète Eugène Guillevic ou à celui du philosophe Jacques Colléony.
Il poursuit la réalisation de magnifiques gravures en utilisant les matrices composées de balatum. Mais cela ne suffit pas à satisfaire son besoin de faire surgir la vérité secrète de ses matériaux de prédilection.
À force de les préparer pour la presse, Vincent Gagliardi a appris à mieux les connaître. Il découvre que l’encrage et le polissage permettent d’en dévoiler des qualités inattendues et que son intervention peut amplifier leur matérialité même. Il habille ainsi ses sculptures et comprend que son action les fait apparaître plus vraies que nature. En révélant ainsi la matière, c’est en réalité lui-même que Vincent Gagliardi révèle.
Ce travail acharné et passionné se poursuit près de dix ans sur les bords de Loire à Blois où il vit à partir de 1997.
Il revient s’installer en Lorraine en 2008 à Metz tout en travaillant dans un atelier en Meuse.
En 2010, lors d’une résidence d’artiste, il fait une expérience particulière saisir l’étrangeté qui est en soi et la faire porter par un anonyme, un fantôme. Les enfants d’une école maternelle et d’une école primaire vêtus des costumes confectionnés portent les bas et hauts reliefs de Vincent devenant ainsi des sculptures vivantes puis photographiées. Cette démarche s’est poursuivie avec la publication d’un livre d’artiste « Rien sur l’enfer » en collaboration avec Fernand Joseph Meyer qui clôture son expérience de résidence d’artiste dans un quartier messin.
En 2013 le salon du livre d’artistes de Thionville donne l’occasion à Vincent Gagliardi de renouveler l’expérience du livre ; Il s’attache cette fois à accompagner la poétesse Emilie Dickinson.
Puis d’autres nombreux projets de livres d’artistes se poursuivent en 2015 avec Fernand Joseph Meyer et les Editions belges Alain Régnier.
De très nombreuses expositions personnelles et collectives jalonnent les différentes étapes de son parcours. Les catalogues, collections publiques ou privées en témoignent.
À l’Abbaye de Neumünster et à la Galerie Simoncini à Luxembourg, à l’Arsenal à Metz en 2016 avec l’exposition « Murmures incertains » ou les expositions qui ont jalonnées son séjour en Inde et au Népal puis à Tinos en Grèce en 2017 nous ont permis de découvrir les nouveaux formats de gravures et sculptures et la couleur de la vie notamment des photos gravures.
Au fil du temps, Vincent Gagliardi est passé du noir à la couleur. Petit à petit, la couleur s’est immiscée dans son travail avec pudeur, par petites touches. Du balatum rendu neutre, il a laissé la couleur revenir à la surface. La couleur des origines, de ses origines.
Ces dernières années il a mis à profit ce « temps suspendu » dans la réalisation de livres d’artistes qui mettent en lumière des auteurs comme avec Emily Dickinson ou Henri Michaux ou nouvelles collaborations éditoriales comme avec Fernand Joseph Meyer et Guy Goffette pour les Editions Simoncini aujourd’hui.
Avec le temps, d’autres supports et réflexions sont venus compléter/enrichir et/ou concurrencer ses obsessions premières…
Un travail de sagesse. Un exercice de simplicité.
Gageons que la créativité de Vincent Gagliardi continue de nous étonner longtemps encore.
Patricia Sallusti, sa compagne, Metz, mars 2021.
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