Atelier Vincent Cagliardi
Vincent Cagliardi
Enfant d’immigrés venus de Simbario en Calabre, fils de Fortunato mineur de fer sur le site de Bassompierre, Vincent naît dans le Pays Haut.Il fait ses études à l’Ecole des Beaux Arts de Metz où il découvre le monde de la gravure. Dès lors sa vie prend une tournure artistique décisive.
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Vincent Cagliardi
La gravure n’est jamais appréhendée comme une fin en soi. Peu importe que la technique utilisée ne change pas. Si la presse fonctionne de manière mécanique et répétitive comme un laminoir d’usine sidérurgique, grâce au geste, la production elle, demeure infinie, et sans cesse renouvelée… puisqu’il convient d’inventer, de prendre des risques, d’aller toujours plus avant pour aboutir à une création.
Sur la route de Verdun à Toul, en plaine de Woëvre, un clocher fortifié en bois signale l’arrivée à Woël, village meusien de 194 âmes dont les racines remontent à l’ère médiévale et sans doute bien au-delà. Un petit monde paisible, à échelle d’homme. Un point d’ancrage et d’encrage idéal pour le graveur et sculpteur Vincent Gagliardi, venu depuis Metz dénicher ici un atelier spacieux mais discret pour donner jour et sens à son univers créatif. Ici l’artiste se sent en accord avec ce paysage de plaine grasse, sans chichis, de ciels de traîne, de vent malin, de forêts toutes proches qu’il arpente de préférence de manière nocturne, traquant l’inspiration, pour en cueillir le mystère à l’heure de la sensation vraie. Dans son espace de travail pas de télé, pas de radio, aucun bruit extérieur qui vienne troubler cette modeste Thélème si ce n’est le chant des oiseaux annonciateurs du printemps ou quelques cassettes et cd bien choisis pour accompagner en travaillant les humeurs créatives d’un voyageur au long cours. Dans son rafiot immobile, où trône sur le pont, souveraine, une presse à graver, les cales sont remplies de trésors : papier chiffon, encre, bois, caoutchouc, bouts de fils de toutes les couleurs, morceaux de bois et fragments de balatum arrachés à une disparition certaine dans de vieilles demeures désormais sans vie et dont Vincent a fait la matière première, combien modeste pourtant, de son art, dans un esprit de recyclage inspiré. L’atelier de Vincent s’avère plutôt encombré à la perspective d’une nouvelle exposition. Les matériaux destinés à plusieurs projets s’amoncellent : morceaux de bois débités en différentes sections, chambres à air, forcément, boîtes entières remplies de lunettes de soleils, silhouettes d’arbres empilées dans un coin, travaux photographiques contre un autre mur. Chaque série avance à sa propre vitesse, seule l’échéance de l’accrochage demeure la même. Dans l’atelier fleurant bon la colle et l’encre prennent naissance les nouvelles pièces d’un grand puzzle qui deviendra bientôt exposition, confrontation, révélation. Concentré, apaisé, inspiré, Vincent Gagliardi peint, colle, scie, rabote, grave, découpe, accumule les objets auxquels, tel Gepetto, il insuffle avec patience et malice une âme. Poète des formes, des signes, des traces, il n’en finit décidément pas de bricoler des bribes et des morceaux, de questionner amoureusement le monde des signes. Mais résolument toujours au plus près de la vie… Extrait de Francis Kochert. |
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